REDESCRIPTION DE IXODES D JARONENSIS NEUMANN, 1907 ...
REDESCRIPTION DE IXODES D JARONENSIS NEUMANN, 1907
(ACARIENS, IXODOIDEA)
PAR
P. C. MOREL l.
RÉSUMÉ.
I. djaronensis constitue une espèce autonome, appartenant au groupe de I. ~ilosus
par ses caractères morphologiques ; méconnue en raison de sa description originale rapide
comme I. ugandanus
djaronensis, l’espèce ne semble pas avoir été retrouvée depuis ;
il est cependant possible que I. arabukiensis Arthur, rg5g en soit un synonyme. I. djaro-
nensis est associé aux petits carnivores, genettes et mangoustes, d’Afrique orientale.
***
DESCRIPTION.
Holotype : I 9, Kibonoto (Kilimandjaro) : Genettapardina (= G. tigrina) (23.~11.05)
(lectotype ex 8 syntypes femelles de la collection Sjostedt).
Allotype : I $, mêmes données que ci-dessus.
Autres exemplaires - 7 $?y, Kibonoto, mêmes données que ci-dessus ; I Q, Meru,
forêt d’altitude (3.500 m) (coll. Sjostedt) ; une femelle de Kibonoto, déposée
par Neumann dans les collections du Muséum national d’histoire naturelle de
l
Paris, en a disparu depuis.
Tous les exemplaires observés sont au Muséum d’histoire naturelle de Stoc-
kholm ; c’est grâce à l’amabilité et à l’obligeance de son conservateur,
M. K. J. Hequist, que nous avons pu en avoir communication et exécuter ce tra-
vail ; nous lui exprimons ici tous nos remerciements.
Femelle (fig. I-Z).
Capitulum - basis capituli à bords latéraux rectilignes ou à peine convexes,
obliques vers l’arrière par rapport à l’axe longitudinal de la basis ; socle de l’hypos-
I. Institut d’Élevage et de Médecine Vétérinaire des Pays Tropicaux et Laboratoire natio-
nal de Recherches Vétérinaires Georges Curasson, Hann (Dakar).
Acnrologia, t. VII, fax. 2, IgUj.

- 27.5 -
FIG. I. - Ixodes djaronensis, femelle ; faces dorsale et ventrale ; détail de l’hypostome.
FIG. 2. - I%odes djaronensis. femelle ; détails du capitulum, du scutum,
des coxae, du stigmate, des tarses 1 et IV, du sillon préanal.

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tome (antérieur au niveau de la base des palpes) en cône large ; cornes basidor-
sales courtes, plus ou moins dégagées par rapport au bord postérieur concave
de la basis ; aires poreuses ovales, distantes entre elles de moins de leur largeur ;
largeur de la basis en vue dorsale : 0,40-0,45 mm ; cornes basiventrales en épines
courbes rétrogrades, à pointe en angle à peine aigu ; collare à bord postérieur courbe
et angles latéro-postérieurs arrondis ; palpes allongés plus de 5 fois plus longs
que larges ; article I à petite épine dorsale interne ; hypostome à I rang basa1
de I]I files de dents, puis 3 rangs de 212 files de dents, puis 6-7 rangs de 414 files
de dents, puis 2-3 rangs de 5/5 files de dents, puis la coronule conique ; longueur
FIG. 3. - Ixodes djaronsnsis, mâle ; faces dorsale et ventrale ;
détail du capitulum en face dorsale.
de l’hypostome : 0,42-0,45 mm (0,44 mm sur l’holotype) ; lame externe des chéli-
cères à 5 dents (2 antérieures, 3 latérales) ; bord postérieur du collare arrondi,
à angles latéro-postérieurs courbes ; longueur capitula-ventrale (entre l’extrémité
de l’hypostome et le bord postérieur du collare) : 0,90-1,oo mm ; longueur du palpe
en vue dorsale : 0,60-0,70 mm.
Face dorsale - scutum ovale plus large que long : longueur : I,OO-1,15 mm ;
largeur : o,So-0,95 mm ; sillons scapulaires faiblement indiqués par une faible
carène, sans rainure ponctuée ; sillons cervicaux bien marqués, longs élargis pos-
térieurement en dépression superficielle ; ponctuations fines et moyennes, peu

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profondes, peu denses, régulièrement dispersées ; soies du scutum et de l’allo-
scutum courtes, éparses.
Face ventrale - gonopore au niveau des coxae IV ; opercule en ellipse trans-
verse ; sillon préanal en raquette, ouvert postérieurement ; stigmate subcirculaire.
c
Pattes - syncoxa 1 a épine interne moyenne, large, sans épine externe ; sub-
coxa 1 petite, à bord antérieur convexe ; processus coxal1 arrondi ; syncoxae II-III
sans épines, à subcoxae petites, à bord antérieur rectiligne, dont la surface corres-
pond environ au tiers de celle de la syncoxa ; coxa IV à épine externe courte, large,
à processus coxal anguleux ; trochanters I-II-III à épine ventrales petites mais
,
nettes ; tarses allongés de proportions normales, sans gibbosités dorsales préter-
minales.
Mâle (fig. 3-4).
Capitulum - basis capituli en vue dorsale à bord postérieur rectiligne ou légè-
rement concave, à bords latéraux convexes ; cornes basidorsales nulles ; largeur
.
FIG. 4. - Ixodes djaronensis, mâle ; détails du capitulum en face ventrale, des coxae,
des tarses 1 et IV et de l’hypostome.
de la basis dorsalement : 0,27 mm ; cornes basiventrales courtes, en angle obtus,
un peu postérieures au niveau de la base des palpes ; saillie médiane basiventrale
en crête arrondie, postérieure au cornes ; collare à bord postérieur concave en vue
.
ventrale, à angles latéro-postérieurs droits à pointe arrondie ; palpes courts, 2 fois
.

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plus longs que larges ; article II plus court que le III, à saillie obtuse sur son bord
interne, sous la suture avec l’article III ; longueur dorsale du palpe : 0,25 mm ;
hypostome à file externe de 6 dents bien développées, la dent basale considérablement
plus grande que les autres, qui vont en décroissant de taille vers l’apex, plus z dents
externes en crêtes sous la grande ; 2-3 files de dents internes sur g-10 rangs, irré-
gulièrement réparties par rapport à la file des dents externes ; longueur de l’hypos-
tome : 0,14 mm ; longueur capitula-ventrale (de l’apex de l’hypostome au bord
postérieur du collare) : 0,35 mm ; lame externe des chélicères à 5 dents (3 antérieures,
2 externes).
Face dorsale - conscutum ovale ; sillons cervicaux prolongés postérieurement
par un élargissement en fosses allongées au niveau du scutum, et par 2 dépressions
circulaires paramédianes antérieures ; ponctuations moyennes, grosses et fines,
assez denses, régulièrement distribuées ; longueur du conscutum : 1,25 mm ; lar-
geur : 0,78 mm.
‘I
Face ventrale - plaque prégénitale à échancrure concave médiane antérieure
et à 2 échancrures latérales au niveau du tiers antérieur ; plaque operculaire et
postgénitale transverse, en lames de volets ; plaque périanale en raquette touchant
le bord postérieur du corps ; plaques adanales, ventrale, prégénitale à soies courtes ;
champ ventro-latéral à nombreuses soies courtes sur sclérites punctiformes ;
une paire de petits sclérites intracoxaux au niveau des syncoxae 1 ; 3 paire de soies
operculaires anales ; stigmate en ovale allongé.
Pattes - syncoxa 1 à épine interne moyenne, large, subcoxa petite ; proces-
sus coxal 1 proéminent ; syncoxae II-III sans épines internes ni externes ; sub-
coxae II-III relativement grandes, à peine moins étendues que la moitié de la sur-
face de la syncoxa, à bord antérieur rectiligne, rejoignant le bord interne de la
syncoxa un peu en arrière de la moitié de sa longueur ; coxae IV à petite épine
externe, ne dépassant pas le bord postérieur de la coxa ; trochanters I-II-III à
épine ventrale rétrograde moyenne ; tarses allongés, de proportions normales, sans
gibbosités dorsales préterminales.
COMPARAISONS AVEC LES ESPÈCES VOISINES.
Femelle.
La femelle de I. djaronensis se place dans le groupe de 1. ~ilosm Koch, 1844
par l’existence de 3 paires de syncoxae, l’absence d’épines externes sur celles-ci
(différence des groupes de I. schillingsi Neumann, Igor ou I. elongatzts Bed-
ford, 1929), le sillon préanal en raquette ouverte postérieurement (et non fermé
comme dans le groupe de 1. raszts Neumann, 1897). La forme des cornes basiventrales
l’éloigne de 1. pilosus Koch, 1844, 1. oldi Nuttall, 1913 (cornes en protubérances
transverses non rétrogrades), de I. nchisiensis Arthur, 1958, 1. ragea& Arthur, 1957
(cornes en épines recourbées à pointe mousse ou en angle droit), de 1. nairobiensis

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Nuttall, 1916 (en épines fortes, en même temps que les syncoxae II-III sont aussi
longues que larges ou plus longues) ; parmi les autres espèces en présence, I. latus
,.
Arthur, 1958 possède des aires poreuses très grandes, ovales, très rapprochées, des
palpes relativement larges, une formule hypostomale différente ; 1. heiwichi Arthur,
*
1962, d’Angola, présente des cornes basiventrales en épines recourbées posté-
rieurement, mais très petites, quoique nettement dessinées et les subcoxae II-III
ont leur bord antérieur convexe qui rejoint la syncoxa sur son angle postéro-interne
et non sur le bord interne ; de plus chez 1. heinricizi l’article palpa1 1 présente une
épine dorsale moyenne ; par rapport à ce dernier, I. djaronensis est caractéristique
*
par ses cornes basiventrales de taille moyenne et non petite, le bord antérieur recti-
ligne des subcoxae II-III et l’existence d’une épine dorsale interne courte sur
l’article palpa1 1 ; en ce qui concerne le scutum, les sillons scapulaires sont présents
chez I. djaronensis, très réduits chez I. heinrichi. Toutes ces particularités carac-
.
térisent donc suffisamment I. djaronensis par rapport aux autres espèces du groupe
énumérées ci-dessus. Il en reste cependant encore une, qu’il n’est pas possible de
séparer à l’aide de ces critères morphologiques, c’est I. arabukiensis Arthur, 1959.
Les deux espèces proviennent d’Afrique orientale ; les données relatives à
I. djaronensis ont été indiquées au début du texte. 1. arabukiensis a été récolté
à Tezo (Kifku, Arabuka forest, Kenya) sur Bdeogale crassicauda (Herpestinae)
(99, 26.v11.48), et à Malindi (Ara u a
b k forest) sur une mangouste indéterminée (1 $2).
Les ressemblances concernant l’origine et les hôtes sont notables. Tous les carac-
tères invoqués dans la description des femelles permettent difficilement la distinc-
tion ; les seules différences concernent les formules hypostomales. Chez 1. arabu-
kiensis,
on observe I rang basa1 de I/I files de dents, puis 6 rangs de 212 files de
.
dents, puis 4 rangs de 313 files de dents, puis 3 rangs de 414 files de dents, puis
une coronule à pointe large ; I. djaronensis posséderait donc une file supplémen-
taire de dents sur au moins les deux tiers de sa longueur ; la différence paraît con-
c
sidérable et s’expliquerait difficilement par une variation individuelle. Par ailleurs
les ressemblances morphologiques et écologiques obligent à réserver le jugement,
jusqu’à ce qu’un plus grand nombre d’exemplaires de l’une et l’autre forme soient
récoltés.
La femelle de Harrar récoltée par E. Brumpt sur Procavia brucei et déterminée
I. ugandanus djaronensis par NUTTALL & WARBURTON (I~II : 233) représente
*
une espèce nouvelle en cours de description.
,
Neumann avait lui-même déterminé 1. ugandanus djaronensis une femelle
de 1. oldi récoltée à Bingerville (Abidjan) sur chien par G. Bouet en rgo8 (collec-
tion de l’Institut Pasteur de Paris).
Il est évident que Neumann avait placé les femelles de Kibonoto en sous-espèce
de 1. ugandanus Neumann, 1906 pour des ressemblances superficielles, en fonction
du manque de renseignement sur la faune génerale des Ixodes d’Afrique au début
du siècle ; il avait d’ailleurs hésité, car ses manuscrits portaient déjà I. djaronensis,
raturé ultérieurement, avant publication, en I. ugandanus djaronensis.
*

- 280 -
Mâle.
Les mâles des Ixodes d’Afrique n’étant pas connus pour toutes les espèces, il
est difficile d’établir des comparaisons définitives ; de plus les caractères distinctifs
sont moins nombreux que chez les femelles, plus délicats à apprécier, ne permet-
e
tant pas de définir des groupes d’une manière aussi tranchée ; alors que les femelles
des groupes de I. schillingsi et I. elongatus peuvent être aisément séparées du groupe
de I. $ilosus, cela n’est pas possible chez les mâles.
Parmi les mâles à plaques périanale en raquette ou en fer-à-cheval, quelques-uns
seulement présentent des cornes basiventrales petites et antérieures à la saillie
médioventrale plus grande de la basis ; ce sont I. djaronensis, I. nchisiensis, 1. pila-
sus (ceux du groupe de 1. yasus présentent également cette disposition) ; chez
1. pilosus, le sillon préanal est en fer-à-cheval, alors qu’il est en raquette chez les
deux autres ; les subcoxae II-III rejoignent le bord interne de la syncoxa un peu
au-dessous de l’angle antéro-interne chez I. pilos~s et I. nchisiensis, au milieu du
bord interne de la syncoxa chez 1. djaronensis ; les trois espèces ont des épines
trochantériennes ventrales ; par contre leurs formules hypostomales sont diffé-
rentes.
Le mâle d’l. arabukiensis n’a pas fait l’objet de description publiée.
BIBLIOGRAPHIE
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tion of the male of Exodes oldi Nuttall, 1913. Para&., 48 (I-Z) : 38-Q.
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NUTTALL (G. H. F.) & WARBURTON (C.), IgII. - The genus I%odes. Ticks, a monograph
of the Ixodoidea, Cambridge (Univ. Press), 2 : I-XIX, 105-348.