Bull. Org. mond. Santé Bull. Wld Hlth Org. ...
Bull. Org. mond. Santé
Bull. Wld Hlth Org.
1964, 30, 421.430
Un appareil pour répandre et distribuer les produits
molluscicides en poudre de faible solubilité
S. GRÉTILLAT 1
Afin de faciliter l’épandage quantitatif d’un molluscicide présenté sous forme de poudre
micronisée de densité voisine de 0,25 (diméthydithiocarbamate de zinc), un appareil
diffuseur de poudre a été conçu, construit et mis au point au Laboratoire national de I’Elevage
et de Recherches vétérinaires de Dakar, puis essayé au cours d’une opération pilote de

prophylaxie antibilharzienne et antidistomienne réalisée en Haute Casamance (République
du Sénégal).

Sur 3 km de bief de rivière, les utilisateurs ont pu déverser en 5 heures, 500 kg de zirame.
Fixé à l’arrière d’une embarcation, ce difluseurpermet
d’accélérer les opérations d’épandage
tout en réalisant une économie appréciable de molluscicide.
Au cours d’une opération pilote de prophylaxie
ment déterminées de manière à atteindre en fin
antibilharzienne et antidistomienne réalisée en
d’opération la concentration correspondant à la
%+yte Casamance (République du Sénégal) en
DL,,, pour les gastéropodes.
*w
:wars 1963, il a été possible de mettre au point et
Cet épandage peut se faire de différentes manières.
d’utiliser un appareil diffuseur de poudre permet-
La plus simple, ne demandant aucun appareillage,
tant de répandre quantitativement de manière pra-
consiste à faire répandre la poudre à la main, G à la
tique les quantités de zirame à déverser dans les
volée H, par un personnel se déplaçant le long du
eaux à traiter.
cours d’eau ou de la mare, ou, quand l’eau n’est
De construction très simple, et relativement léger,
pas trop profonde, parcourant les gîtes, chaussé de
il est constitué essentiellement par une vis sans fin
bottes protectrices.
tournant dans un cylindre horizontal alimenté en
Une mesure correspondant à un poids connu
partie supérieure par une trémie contenant le produit.
suffit à fixer la quantité de produit à épandre.
Monté à l’arrière d’un canot pneumatique se
Cette technique, qui est valable pour des collec-
déplaçant tout le long du cours d’eau, il a un débit
tions d’eau de petite ou de moyenne importance
moyen de 100 kg de poudre à l’heure, pour un pro-
(mares, biefs de marigots de faible longueur), est
duit de densité 0,25 à 0,30 (dans le cas présent une
trop longue et trop pénible quand il s’agit de traiter
poudre micronisée).
de grands volumes d’eau, dépassant en importance
L’utilisation de molluscicides insolubles ou très
plusieurs milliers de mètres cubes.
faiblement solubles dans les campagnes de pro-
Dans ce dernier cas se pose en outre le problème
phylaxie antibilharzienne sur le terrain, aura vrai-
du transport du produit sur les lieux mêmes d’utili-
semblablement tendance à se généraliser en raison
sation, qui sont parfois d’accès très difficile.
du pouvoir rémanent que présentent certains de
Au cours de deux opérations pilotes de prophy-
I ces produits.
laxie antibilharzienne et antidistomienne réalisées
Si le molluscicide est commercialisé sous forme
au Sénégal dans la Région de Tambacounda (traite-
de poudre, il est possible de le disperser à la surface
ment de marigots) et en Haute Casamance (traite-
ment de biefs de la rivière Casamance), nous avons
d
de l’eau, les quantités à répandre étant préalable-
utilisé de gros canots pneumatiques pouvant embar-
quer 6 hommes ou 450 kg de produits, se déplaçant
1 Chef du Service d’Helminthologie du Laboratoire
soit le long des rives, soit le plus souvent suivant la
national de 1’Elevage et de Recherches vétérinaires, Dakar-
Hann, République du Sénégal.
partie axiale du cours d’eau.
1409
- 427 -

428
S. GRÉTILLAT
Le molluscicide utilisé était du zirame, commer-
300 g de zirame permettait de fixer les quantités de
cialisé sous forme de poudre micronisée titrant 90%
poudre à répandre en fonction du volume linéaire
de produit pur, très fine (100% des particules ayant
moyen du bief à traiter.
un diamètre infiirieur à 4O,u, dont 90% d’entre elles
Pour l’opération Casamance, cette technique
ayant un diamètre inférieur à 10 II), et de densité
pouvait difficilement être utilisée en raison du
comprise entre 0,25 et 0,30.
volume relativement élevé des eaux à traiter *
Dans la région de Tambacounda, les quantités
(13,5 km de bief de rivière représentant 830 000
de produit antimollusques à répandre étant relative-
m3 d’eau réclamant l’épandage de 1600 kg de
ment faibles (550 kg), la dispersion de la poudre
zirame) .
à la surface des gîtes fut faite à la main par un aide
En conséquence, il était nécessaire de prévoir
monté à l’arrière d’une embarcation se déplaçant
pour cette intervention un moyen mécanique rendant
le long du milieu du marigot. Un récipient contenant
le travail moins pénible.
F I G . 1
SCHÉMA DE L’APPAREIL
Trémie amovible
capacité
80 Iltres
Pignon
d’entrainement
Carter vis
d’Archimède
transmission
Vis d’Arch!mède
Potence et *upport x

planche arrière du canot
0
i-lgnon axe VIS
opporeil
pne”ma+Lq”e
d’Archimède
LJ
Planche arrière cono+

APPAREIL POUR RÉPANDRE ET DISTRIBUER LES MOLLUSCICIDES PEU SOLUBLES
429
Les caractéristiques essentielles de l’appareil à
F I G . 2
utiliser devaient être les suivantes :
1. Fixation à l’arrière d’une embarcation légère
et à faible tirant d’eau.
.
2. Possibilité de déverser au niveau de l’eau, pour
éviter les pertes de produit par l’action du vent, une
couche régulière de poudre flottante, condition
essentielle pour une bonne diffusion du molluscicide
dans le milieu. En effet, la poudre, malgré sa légèreté,
précipite quand elle est déposée en trop grandes
quantités, le courant très faible en profondeur étant
insuffisant pour la faire diffuser vers l’aval.
3. Posséder un débit connu susceptible d’être
modifié suivant le volume des eaux à traiter.
11 existe de tels appareils dans le commerce, par
exemple les poudreuses de type classique employées
en agriculture dans la lutte contre les insectes nui-
sibles ou contre les champignons parasites des
végétaux. Malheureusement leur débit est faible et
ne correspond pas, même pour des appareils d’im-
portance moyenne, à ce que nous en attendions
d’eux. D’autre part, la poudre fine et légère que
nous désirions répandre, soumise à la turbulence du
ventilateur de la poudreuse, aurait été projetée trop
loin sur le bord des rives du fleuve où elle se serait
déposée en pure perte en dehors des gîtes à traiter,
L’appareillage qu’il nous fallait ressemblait
beaucoup plus à un épandeur d’engrais qu’à une
L’appareil mont8 à l’arrière d’un canot pneumatique ce
dbplaçant
le long d’un bief du fleuve Casamance dans la région
poudreuse.
de Kolda. Les muqueuses oculaire et nasale du personnel
Les dimensions et le poids d’une telle machine
chargé de I’bpandage
du zirame sont protégées par des lunettes
et des masques à poussières.
ne permettant pas de la fixer sur l’arrière d’une
embarcation légère, la fabrication d’un diffuseur
de poudre fut donc étudiée, et après quelques essais
La poudre étant très légère, pour obtenir un débit
sur maquette c’est l’appareil suivant qui fut choisi et
appréciable, l’axe de la vis sans fin est entraîné par
construit dans les ateliers du Laboratoire national
une chaîne, s’engrenant sur un plateau denté muni
de I’Elevage et de Recherches vétérinaires de Dakar.
d’une manivelle, et dont le rapport est de 3/1. Un
tour de manivelle fait accomplir trois tours à la vis.
DESCRIPTION DE L’APPAREIL
Pour éviter le tassement de la poudre par inertie
Construit en tôle galvanisée de 1,50 mm d’épais-
et obtenir une bonne alimentation du carter de
seur, il est constitué essentiellement par une trémie
distribution (tunnelisation possible du produit au
de grandes dimensions pouvant contenir 20 kg de
dessus des spires dans les parties basses de la trémie),
produit de densité 0,25, débouchant à l’une des
un brasseur agitateur est ajouté à l’ensemble. 11 est
extrémités d’un carter cylindrique horizontal de
entraîné par un pignon denté (roue libre) s’engrenant
10 cm de diamètre, largement ouvert du côté opposé,
sur la chaîne de transmission.
et dans lequel tourne une vis sans fin dont le pas est
La roue libre de l’agitateur permet, dans le cas
égal à 5 cm (fig. 1 et 2).
d’engorgement du carter, de faire accomplir quel-
Les spires de cette vis, se déplaçant devant l’orifice
ques révolutions en sens inverse à la vis sans fin,
de la trémie, poussent à chaque tour une quantité
renvoyant la poudre dans la trémie sans que I’agita-
de poudre égale au volume du carter délimité par
teur gêne cette opération puisqu’il est débrayé et ne
chacune d’entre elles, moins le volume de l’axe
peut accélérer la descente des couches supérieures
compris entre deux spires.
de poudre.

430
S. GRÉTILLAT
L’ensemble est monté et fixé à l’arrière d’une
produit par m3 d’eau, soit une concentration de
embarcation par un système de pattes de fixation à 2,33 p.p.m.
vis travaillant à la pression.
Ainsi conçu, ce diffuseur utilisé avec une poudre
Résultats obtenus sur le terrain
de densité 0,25 débite 70 g environ de produit à
Cet appareil fut essayé et utilisé avec succès en ’
chaque tout de manivelle.
Haute Casamance sur 3 km de rivière. Monté à *
l’arrière d’un canot pneumatique se déplaçant soit
au milieu, soit le long des rives du fleuve, il permit
UTILISATION DE L’APPAREIL
d’étendre à la surface de l’eau des quantités connues
Le volume linéaire approximatif du cours d’eau
de zirame variant en fonction du volume linéaire des
étant calculé par sondage au fur et à mesure que
biefs. Déposée régulièrement en petites quantités,
l’embarcation se déplace, il est facile de déterminer
la poudre molluscicide se maintint en surface et
pour une concentration de produit à atteindre, le
diffusa peu à peu dans les gîtes à mollusques situés
nombre de tours de manivelle à imprimer à I’appa-
le long des rives.
reil par unité de longueur de bief de rivière puisque
La rapidité et l’intérêt pratique de l’utilisation de
chaque tour permet de déverser 70 g de poudre
cet appareil sont prouvés par le fait que 3 km de
molluscicide de densité 0,25.
rivière purent être traités en 5 heures avec 500 kg
de zirame. La possibilité de fixer sur place les quan-
Exemple
tités à déverser amena une économie appréciable
Soit un bief de rivière ayant une largeur moyenne
de molluscicide.
de 20 m et une profondeur moyenne de 1,50 m, son
Remarque. L’expérience aidant, une petite modi-
volume linéaire sera égal à : 20 X 1,50= 30 m3 environ
fication est cependant à apporter à l’appareil. La
au mètre. Sans tenir compte de l’indice de correction
longueur du carter et de la vis de distribution peut
à appliquer pour les facteurs courant et débit du
être avantageusement réduite de 15 cm, ceci afin
cours d’eau, on obtiendra en faisant tourner d’un
de diminuer les frottements entre les spires et les
tour la manivelle de l’appareil: 30” = 2,33 g de
parois du cylindre, sans que la régularité de I’étnis-
sion de poudre en soit perturbée pour autant.
SUMMARY
The author describes an apparatus designed at the
It consists essentially of a large hopper, capable of
National Stockbreeding and Veterinary Research Labo-
containing 20 kg of ziram, feeding it into a galvanized-
ratory at Dakar for the accurate dispensing of ziram, a
iron cylinder housing a worm-screw which is rotated
molluscicide prepared in the form of a water-dispersible
through a chain-drive mechanism by a manually operated
powder with a specific gravity of approximately 0.25.
handle. The chain also drives an agitator in the base of
This apparatus, which was mounted on the Stern of an
the hopper which prevents the powder from packing.
inflatable rubber dinghy and field-tested in a bilharziasis
The molluscicide is dispensed at a rate of approximately
and fascioliasis control campaign in Senegal, has proved
10 g for each turn of the handle, and the dosage is there-
valuable both in speeding and simplifying the application
fore regulated by the speed at which the handle is turned.
of ziram and in economizing on the quantities used.
PRINTED IN SWITZERLAND