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##
REPUBLIQUE DU SENEGAL
‘ 1. 1.
4-z:
MINISTERE DU DEVELOPPEMENT
RURAL ET DE L'HYDRAULIQUE
INSTITUT SENEGALAIS DE RECHERCHES
AGRICOLES (I.S.R.A.)
DEPARTEMENT DE RECHERCHES SUR LES
PRODUCTIONS ET LA SANTE ANIMALES
LABORATOIRE NATIONAL DE L'ELEVAGE
ET DE RECHERCHES VETERINAIRES
B.P. 2057
DAKAR-HANN
ETUDE DE LA REPRISE DE L’ACTIVITE SEXUELLE
CYCLIQUE APRES L’AGNELACE CHEZ LES
BREBIS PEUL-PEUL ET TOUABIRE
Par
Mamadou MBAYE
Mamadou Moustapha THIAM
Meïssa NDIAYE
REF. N"0035/ZOOT.
MAI 1991.
RESUME
Cette étude menée au CRZ de Dahra, en zone sylvo-pastorale, se rapporte
à 28 brebis (16 de race Peul-Peu1 et 12 de race touabire) et a couvert la
période allant du mois de mars au mois de juin de l'année 1990. Elle vise à
étudier, pendant la saison sèche chaude, la reprise après l'agnelage de l'ac-
tivité sexuelle par observation des chaleurs et le suivi de l'élevation de la
progestéronémie plasmatique.
Pour la période considérée, le comportement sexuel n'apparaît qu'entre
les 25ème, 40ème jours après l'agnelage, respectivement sur 75 % (12/16) et
50 % (6/12) des brebis Peul-Peu1 etTouabire. Cependant, la seule observation
des chaleurs semble inadéquate pour estimer le délai de la reprise.
En effet, en prenant la progestéronémie comme témoin de la manifestation
spontanée de l'activité ovarienne, il a été noté que cette reprise est effec-
tive au 41ème jour du post-partum, sur 31,2 % (5/16) et 33,3 % (4/12) des
brebis Peul-Peu1 et Touabire ; mais certaines d'entre-elles ont manifesté des
chaleurs silencieuses (1 Peul-Peu1 et 2 Touabire).
La production laitière estimée par le biais de la croissance des agneaux
de la naissance à 1 mois et le facteur tétée semblent exercer une influence
significative sur cette reprise.
MOTS-CLES
Brebis Peul-Peu1 - Touabire - Activité ovarienne - Comportement sexuel -
Progestérone - Chaleur - Post-partum - Saison sèche chaude.
ETUDE DE LA REPRISE DE L'ACTIVITE SEXUELLE
CYCLIQUE APRES L'AGNELAGE CHEZ LES
BREBIS PEUL-PEUL ET TOUABIRE
Par
MBAYE (M.) (l), THIAM (A.M.) (2), NDIAYE (M.) (3)
1. INTRODUCTION
Au Sénégal, les modifications climatiques survenues au cours des années
1970 ont mis en évidence le rôle prépondérant que doivent jouer les espèces
animales domestiques à cycle court dans la réalisation de l'autosuffisance ali-
mentaire.
Ainsi, une place de choix est-elle réservée aux petits ruminants dans
la Nouvelle Politique de 1'Elevage
; l'objet visé étant un acroissement des
effectifs.
La réalisation d'un tel objectif nécessite la mise en place de programmes
de recherches adéquats et pluridisciplinaires incluant la reproductions.
Dans ce domaine, les résultats d'enquêtes et de suivi des élevages tradi-
tionnels d'ovins montrent qu'au niveau de la zone sylvo-pastorale, les nais-
sances ont lieu toute l'année avec toutefois un regroupement plus marqué au
cours des mois de novembre à mars (73 à 75 % des naissances) (4, 14, 22). Mais,
il a été aussi observé que l'intervalle entre ces agnelages et les suivants
sont les plus longs (347,82 + 10,42) (14).
Cependant,
au Sénégal, le comportement sexuel des brebis agnelant en sai-
son sèche chaude est encore mal connu. Or, il a été signalé que l'augmentation
de la température de l'air bloque ou diminue la réceptivité sexuelle de la bre-
bis, allonge le cycle oestral, retarde l'apparition du pic préovulatoire de la
LH (18) et augmente le niveau de prolactine (7).
. . . / . . .
(1) ISRA/LNERV, BP 2057 - DAKAR-HANN
(2) ISRA - CRZ/DAHRA
(3) Direction de 1'Elevage. PNVA 37, Avenue Pasteur - Dakar.
- 2
Dès lors, il nous a paru opportum d'initier une étude sur la reprise de
l'activité sexuelle après l'agnelage en vue de préciser les délais de cette
reprise et de déterminer les facteurs de variation.
II. MATERIEL ET METHODES
2.1 - Le milieu
Les observations ont été menées au niveau du Centre de Recherches zootech-
niques de Dahra en zone sylvo-pastorale ; le climat y est du type sahélo-
continental avec une température moyenne de 28°C. L'alimentation est composée
essentiellement de graminées (Cenchrus, Eragrotis, Schoenefeldia, Pennisetum...)
et de légumineuses (Zornia glochidiata, Alysicarpus...) et d'autres espèces
(Tribulus, Borreria... ) et de ligneux (Acacia, Pterocarpus, Combretum, Bala-
nites...).
L'apparition et le développement de cette végétation sont fortement tribu-
taires des pluies, ce qui permet des niveaux de productivité en matières sèches
variant de 100 kg à 1 500 voire 2 000 kg/ha (3).
Pour l'hivernage de l'année 1989, la pluviométrie enregistrée est de
548,7 mm répartis en 30 jours. La biomasse herbacée produite est de 800 kg
MS/ha.
2.2 - Les animaux
L'étude a porté sur 28 brebis du CRZ de Dahra (16 de race Peul-Peu1 et
12 de race Touabire) réparties comme suit :
.
6 primipares,
. 13 multipares
: 2 à 3 agnelages,
.
9 multipares : 4 agnelages et plus.
Le mode de conduite appliqué est de type extensif amélioré ; l'abreuve-
ment est quotidien.
. . . / . . .
- 3
Au niveau du lot d'étude, un bélier a été introduit trois semaines après
l'agnelage.
2 . 3 - Méthode
Le protocole expérimental appliqué a porté sur :
- un suivi des modifications comportementales par détection des chaleurs,
deux fois par jour (8 h et 18 h), grâce à un bélier entier muni d'un harnais
marqueur,
- un suivi de la progestérone plasmatique par prises de sang hebdomadaires
et dosage de la progestérone par la méthode radio-immunologique (RIA) préco-
nisée par l'Agence Internationale pour 1'Energie Atomique (AIEA).
Les prélèvements ont débuté dès la lère semaine après l'agnelage ; ils
ont duré 4 mois (mars 1990 à juin 1990). Le sang est recueilli au niveau de la
veine jugulaire à l'aide d'un tube sous-vide (vacutainer) hépariné, soigneuse-
ment identifié (n" animal, date). Ensuite, le sang est centrifugé à 3 000 tas/mn
pendant 10 nm juste après les prélèvements.
Le plasma est recueilli dans des conditions stérile's dans des flacons en
verre correctement identifiés (no animal, date de prélèvement) pour être con-
servé dans un congélateur jusqu'au moment du transfert au laboratoire de la
ferme de Sangalkam.
Conformément aux résultats obtenus par MBAYE et Col. (1990), le taux de
0,60 ng/ml a été retenu comme révélateur de l'initiation d'une activité ova-
rienne.
En plus, on a enregistré les dates d'angelage et calculé les intervalles
entre agnelages.
En outre, le cro?t des agneaux de la naissance à l'âge d'un mois a permis
d'estimer indirectement les capacités laitières des mères conformément aux
observations faites par TISSIER et al., cités par SOW (21) et PEART en 1968
(16). L'état général des mères a été apprécié par leur évolution pondérale
durant la période d'étude.
d
- 4
L'analyse statistique des données a été utilisée pour :
. comparer les taux de reprise de l'activité sexuelle selon
le test du chi deux
. étudier la corrélation entre la reprise de l'activité
sexuelle et l'état général des brebis.
III. RESULTATS
3.1 - Taux d'agnelages et intervalle entre agnelages
Globalement,
sur les 28 brebis étudiées, 7 sont mortes 5 mois après le
début des observations et aucune autopsie n'a été faite pour statuer sur leur
état gravidique.
* Sur les 21 brebis restantes, 17 ont agnelé soit un taux de 80,l %. L'in-
tervalle entre agnelages ainsi obtenu est de l'ordre de 318,4 f 29,7 jours
( mini : 107 jours ; maxi : 338 jours).
3.2 - Taux et délais de reprise de l'activité sexuelle
Pour la période considérée et en rapport avec la conduite appliquée, le
comportement sexuel n'apparaït qu'entre les 25ème et 40ème jours chez 75 %,
soit 12/16 brebis Peul-Peu1 et les 25ème et 50ème jours chez 50 %, soit 6/12
brebis Touabire. Les brebis restantes, 4 peul-Peu1 et 6 Touabire n'ont pas
manifesté de signes extérieurs de chaleurs.
Cependant, la seule observation des chaleurs ne suffit pas pour estimer
le délai de reprise. En effet, en prenant la progestéronémie (taux > 0,60 ng/ml)
comme témoin de la manifestation de l'activité ovarienne,la reprise est effec-
tive au 41ème jour du post-partum sur 31,2 % soit 5/16 brebis Peul-Peu1 et
33,3 % soit 4112 brebis Touabire. Certaines brebis (1 Peul-Peu1 et 2 Touabire)
ont manifesté des chaleurs silencieuses autour du 41ème jour.
*.. /. . .
- 5
Toutefois,
ces modifications comportementales et l'élevation de la proges-
térone plasmatique observées surviennent respectivement 4 et 14 jours chez les
brebis Peul-Peu1 ; 6 et 16 jours chez les brebis Touabire, après l'introduction
du bélier. ,.
L'analyse de l'intervalle entre agnelage en prenant en compte une durée
moyenne de la gestation de l'ordre de 151,5 jours chez les Peul-Peu1 et 152,8
jours chez les Touabire (Il), laisse apparaître une période du post-partum
variant de 4 à 5 mois caractérisée par une forte diminution de l'activité
(absence d'ovulation fécondante).
3.3 - Reprise de l'activité sexuelle et niveau de production (Tableau 1)
Globalement, sur les 8 brebis non allaitantes (1 Touabire et 7 Peul-Peul),
5 (4 Peul-Peu1 et 1 Touabire) soit 62,5 %
ont présenté une élevation du niveau
de la progestérone plasmatique supérieure à 0,6Ong/mlet dans un délai moyen de
38,5 tr 2,02 jours et 2 ont présenté des chaleurs anovulatoires.
Par contre, pour les 20 femelles allaitantes, seules 4 (1 Peul-Peu1 et
3 Touabire soit 20 X) ont présenté une progestéronémie supérieure à 0,6Ong/ml
et dans un délai de 43,6 + 3,82 jours.
Toujours dans ce lot de brebis allaitantes, il a été constaté des diffé-
rences de gains moyens quotidiens durant le ler mois de la naissance entre
les agneaux issus de mères ayant présenté une élevation significative de la
progestérone et ceux dont les mères ne l'ont pas manifesté.
Brebis allaitantes avec Brebis allaitantes avec
un niveau de progesté-
un niveau de progesté-
. : .)
,~ ,.. 'Lt i ,.,F
rone supérieurà 0,6Ong/ml rone inférieur à 0,6Ong/mIl
GMQ des agneaux :
66,6 g/j
Peul-Peu1
131 g/j
GMQ des agneaux :
Touabire
143 g/j
170 g/j
. . . / . . .
- 6
3.4 - Reprise de l'activité sexuelle et état général des brebis
Au cours des 13 semaines d'observation, l'ensemble des brebis ont subi
une perte de poids de l'ordre de 9,52 kg et 9,7 kg respectivement chez les
brebis ayant manifesté une progestéronémie supérieure à 0,6Ong/ml et les brebis
ayant un niveau de progestérone inférieur à ce taux.
Tableau 1 : Reprise de l'activité sexuelle et niveau de production
Brebis non allaitantes
Brebis allaitantes
Délais d'appari-
tion ler pic de
38,5 + 2,02
43,6 t: 3,82
progestérone(jours)
Taux de reprise
5/8 (62,5 W)
4/20 (20 %>
Intervalle entre
313,56t13,40
323,87 2 3,75
agnelages (jours)
IV. DISCUSSIONS
4.1 - Taux d'agnelage et intervalle entre agnelages
Le taux d'agnelage de 80,9 % obtenu est identique à celui signalé par
FERNANDES (5) ; toutefois, il est supérieur à ceux ultérieurement enregistrés
au niveau du CRZ de Dahra (71,6 %) (21) et en milieu extérieur (14).
Cette différence ainsi constatée peut être prise en compte dans le cadre
des variations annuelles observées par R. SOW et al., sur des brebis (22).
Pour la saison considérée, l'intervalle entre agnelages de 318,4 tr 29,7
jours est nettement supérieur aux valeurs citées (240 - 300 jours) dans les
systèmes d'élevage traditionnels en Afrique (14, 25, 26, 27).
. . ./ . . .
- 7
Cependant,
cette différence ainsi constatée peut être liée, en plus des
autres facteurs que sont la saison, la race et l'alimentation, à la programma-
tion de la reproduction appliquée au niveau du CRZ, contrairement au système
traditionnel où il est constaté la présence quasi-constante du bélier.
4.2 - Taux et délais de reprise de l'activité sexuelle
L'augmentation du niveau de progestérone, constatée sur des brebis Peul-
Peu1 et Touabire autour du 41ème jour post-partum, intervient 14 à 16 jours
après l'introduction du bélier. Elle est suivie par deux autres élevations
du niveau chez les 5 brebis Peu1
et une brebis Touabire devenue gestante
après.
La reprise ainsi observée semble être en rapport avec l'introduction du
bélier. Nous retrouverons ici l'effet bélier décrit par AUGAR et BILKEY, cités
par SMITH (20). La réaction obtenue dénote une certaine sensibilité des ovaires
pendant cette saison sèche chaude caractérisée par de fortes températures et
une pauvreté extrême des pâturages.
Au niveau de la catégorie des brebis ayant perdu leurs agneaux dans la
lère semaine qui suivent la mise bas, le taux de reprise de 62,5 % est plus
élevé que celui obtenu chez les brebis allaitantes (20%) et le délai de reprise plus
court:38,5 5 2,02 jours contre 43,6 + 3,82 jours. Une telle observation est
conforme à celles faites par certains auteurs.
En effet, KANN et al. constatent que la reprise est plus rapide chez les
femelles taries que chez les brebis allaitantes (9)..
Selon PERERA et al. (7), SCHAM et al. (19) et COGNIE et al. (l), le retard
de reprise de l'activité sexuelle peut être liée a la tétée.
Par ailleurs, en élevage traditionnel, SOW et al. (22) observent une
reprise plus précoce de l'activité sexuelle chez les brebis allaitantes des
produits mâles qui sont sevrés à un âge plus jeune.
. . ./ . . .
-8
Pour les femelles qui ont repris leur activité ovarienne, le moyen de
progestérone plasmatique est du même ordre (1,77 ng/ml) que celui des moutons
Peu1 du Niger (28).
L'allongement de l'intervalle entre agnelages, constaté ici doit être en
rapport avec une réduction de l'activité sexuelle comme cela observé ailleurs.
En effet, chez la brebis Peul-Peu1 du Niger, YENIKOYE (28) on note des
arrêts cycliques du comportement sexuel et des ovulations plus fréquents
entre
les mois de décembre et avril, période au cours de laquelle il y a une augmenta-
tion de la photo-période et de la température.
Par ailleurs, MATHIEU et al. (10) enregistrent des fertilités faibles en
avril ; HAUMESSEN et a1 (6) notent une activité sexuelle minimale de septembre
à mars.
THIMONIER et al. (22) signalent l'effet néfaste de la chaleur sur la
reproduction.
MITTAH et GHOSH (13) sur des brebis en Inde constatent une forte diminu-
tion de l'activité sexuelle au mois de mai lorsque les pâturages sont pauvres.
YOUNIS et al. (20) signalent chez la chèvre égyptienne, un taux d'oestrus
plus faible en mai.
V. CONCLUSION
Dans cette étude, les brebis Peul-Peu1 et Touabire, après leur agnelage
de mars, mettent bas à nouveau après un intervalle moyen de 318 jours.
Ainsi, les ovulations fertiles semblent se produire vers le sème mois
du post-partum, mettant en évidence une longue période d'anoestrus, malgré la
présence d'un bélier depuis le 20ème jour après la mise-bas.
. . ./ . . .
-9
Cette situation est à mettre en rapport avec les conditions de l'environ-
nement caractérisées durant cette saison par des températures élevées, des
ressources alimentaires déficientes, lesquelles sont à l'origine d'une diminu-
tion du poids des brebis, associée à un mauvais état nutritionnel.
Dès lors, il n'est pas impossible d'avoir des perturbations dans le
fonctionnement du complexe hypothalamo-hypophysaires car comme l'ont observé
Mc DXJEL etal.(lO), une forte température peut engendrer une baisse de la sécré-
tion des hormones antéhypophysaires entra?nant une production insuffisante
d'oestrogène et de progestérone et par conséquence des mauvaises performances
de reproduction.
11 est indispensable de poursuivre les études en les orientant vers des
tests de stratégies alimentaires combinées à des pratiques d'élevage afin d'ob-
tenir une réduction de l'intervalle agnelage - lère ovulation fécondante.
- 10
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ETUDE DE LA REPRISE DE L’ACTIVITE SEXUELLE
CYCLIQUE APRES L’AGNELACE CHEZ LES
BREBIS PEUL-PEUL ET TOUABIRE
Par
Mamadou MBAYE
Mamadou Moustapha THIAM
Meïssa NDIAYE
REF. N"0035/ZOOT.
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RESUME
Cette étude menée au CRZ de Dahra, en zone sylvo-pastorale, se rapporte
à 28 brebis (16 de race Peul-Peu1 et 12 de race touabire) et a couvert la
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les 25ème, 40ème jours après l'agnelage, respectivement sur 75 % (12/16) et
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En effet, en prenant la progestéronémie comme témoin de la manifestation
spontanée de l'activité ovarienne, il a été noté que cette reprise est effec-
tive au 41ème jour du post-partum, sur 31,2 % (5/16) et 33,3 % (4/12) des
brebis Peul-Peu1 et Touabire ; mais certaines d'entre-elles ont manifesté des
chaleurs silencieuses (1 Peul-Peu1 et 2 Touabire).
La production laitière estimée par le biais de la croissance des agneaux
de la naissance à 1 mois et le facteur tétée semblent exercer une influence
significative sur cette reprise.
MOTS-CLES
Brebis Peul-Peu1 - Touabire - Activité ovarienne - Comportement sexuel -
Progestérone - Chaleur - Post-partum - Saison sèche chaude.
ETUDE DE LA REPRISE DE L'ACTIVITE SEXUELLE
CYCLIQUE APRES L'AGNELAGE CHEZ LES
BREBIS PEUL-PEUL ET TOUABIRE
Par
MBAYE (M.) (l), THIAM (A.M.) (2), NDIAYE (M.) (3)
1. INTRODUCTION
Au Sénégal, les modifications climatiques survenues au cours des années
1970 ont mis en évidence le rôle prépondérant que doivent jouer les espèces
animales domestiques à cycle court dans la réalisation de l'autosuffisance ali-
mentaire.
Ainsi, une place de choix est-elle réservée aux petits ruminants dans
la Nouvelle Politique de 1'Elevage
; l'objet visé étant un acroissement des
effectifs.
La réalisation d'un tel objectif nécessite la mise en place de programmes
de recherches adéquats et pluridisciplinaires incluant la reproductions.
Dans ce domaine, les résultats d'enquêtes et de suivi des élevages tradi-
tionnels d'ovins montrent qu'au niveau de la zone sylvo-pastorale, les nais-
sances ont lieu toute l'année avec toutefois un regroupement plus marqué au
cours des mois de novembre à mars (73 à 75 % des naissances) (4, 14, 22). Mais,
il a été aussi observé que l'intervalle entre ces agnelages et les suivants
sont les plus longs (347,82 + 10,42) (14).
Cependant,
au Sénégal, le comportement sexuel des brebis agnelant en sai-
son sèche chaude est encore mal connu. Or, il a été signalé que l'augmentation
de la température de l'air bloque ou diminue la réceptivité sexuelle de la bre-
bis, allonge le cycle oestral, retarde l'apparition du pic préovulatoire de la
LH (18) et augmente le niveau de prolactine (7).
. . . / . . .
(1) ISRA/LNERV, BP 2057 - DAKAR-HANN
(2) ISRA - CRZ/DAHRA
(3) Direction de 1'Elevage. PNVA 37, Avenue Pasteur - Dakar.
- 2
Dès lors, il nous a paru opportum d'initier une étude sur la reprise de
l'activité sexuelle après l'agnelage en vue de préciser les délais de cette
reprise et de déterminer les facteurs de variation.
II. MATERIEL ET METHODES
2.1 - Le milieu
Les observations ont été menées au niveau du Centre de Recherches zootech-
niques de Dahra en zone sylvo-pastorale ; le climat y est du type sahélo-
continental avec une température moyenne de 28°C. L'alimentation est composée
essentiellement de graminées (Cenchrus, Eragrotis, Schoenefeldia, Pennisetum...)
et de légumineuses (Zornia glochidiata, Alysicarpus...) et d'autres espèces
(Tribulus, Borreria... ) et de ligneux (Acacia, Pterocarpus, Combretum, Bala-
nites...).
L'apparition et le développement de cette végétation sont fortement tribu-
taires des pluies, ce qui permet des niveaux de productivité en matières sèches
variant de 100 kg à 1 500 voire 2 000 kg/ha (3).
Pour l'hivernage de l'année 1989, la pluviométrie enregistrée est de
548,7 mm répartis en 30 jours. La biomasse herbacée produite est de 800 kg
MS/ha.
2.2 - Les animaux
L'étude a porté sur 28 brebis du CRZ de Dahra (16 de race Peul-Peu1 et
12 de race Touabire) réparties comme suit :
.
6 primipares,
. 13 multipares
: 2 à 3 agnelages,
.
9 multipares : 4 agnelages et plus.
Le mode de conduite appliqué est de type extensif amélioré ; l'abreuve-
ment est quotidien.
. . . / . . .
- 3
Au niveau du lot d'étude, un bélier a été introduit trois semaines après
l'agnelage.
2 . 3 - Méthode
Le protocole expérimental appliqué a porté sur :
- un suivi des modifications comportementales par détection des chaleurs,
deux fois par jour (8 h et 18 h), grâce à un bélier entier muni d'un harnais
marqueur,
- un suivi de la progestérone plasmatique par prises de sang hebdomadaires
et dosage de la progestérone par la méthode radio-immunologique (RIA) préco-
nisée par l'Agence Internationale pour 1'Energie Atomique (AIEA).
Les prélèvements ont débuté dès la lère semaine après l'agnelage ; ils
ont duré 4 mois (mars 1990 à juin 1990). Le sang est recueilli au niveau de la
veine jugulaire à l'aide d'un tube sous-vide (vacutainer) hépariné, soigneuse-
ment identifié (n" animal, date). Ensuite, le sang est centrifugé à 3 000 tas/mn
pendant 10 nm juste après les prélèvements.
Le plasma est recueilli dans des conditions stérile's dans des flacons en
verre correctement identifiés (no animal, date de prélèvement) pour être con-
servé dans un congélateur jusqu'au moment du transfert au laboratoire de la
ferme de Sangalkam.
Conformément aux résultats obtenus par MBAYE et Col. (1990), le taux de
0,60 ng/ml a été retenu comme révélateur de l'initiation d'une activité ova-
rienne.
En plus, on a enregistré les dates d'angelage et calculé les intervalles
entre agnelages.
En outre, le cro?t des agneaux de la naissance à l'âge d'un mois a permis
d'estimer indirectement les capacités laitières des mères conformément aux
observations faites par TISSIER et al., cités par SOW (21) et PEART en 1968
(16). L'état général des mères a été apprécié par leur évolution pondérale
durant la période d'étude.
d
- 4
L'analyse statistique des données a été utilisée pour :
. comparer les taux de reprise de l'activité sexuelle selon
le test du chi deux
. étudier la corrélation entre la reprise de l'activité
sexuelle et l'état général des brebis.
III. RESULTATS
3.1 - Taux d'agnelages et intervalle entre agnelages
Globalement,
sur les 28 brebis étudiées, 7 sont mortes 5 mois après le
début des observations et aucune autopsie n'a été faite pour statuer sur leur
état gravidique.
* Sur les 21 brebis restantes, 17 ont agnelé soit un taux de 80,l %. L'in-
tervalle entre agnelages ainsi obtenu est de l'ordre de 318,4 f 29,7 jours
( mini : 107 jours ; maxi : 338 jours).
3.2 - Taux et délais de reprise de l'activité sexuelle
Pour la période considérée et en rapport avec la conduite appliquée, le
comportement sexuel n'apparaït qu'entre les 25ème et 40ème jours chez 75 %,
soit 12/16 brebis Peul-Peu1 et les 25ème et 50ème jours chez 50 %, soit 6/12
brebis Touabire. Les brebis restantes, 4 peul-Peu1 et 6 Touabire n'ont pas
manifesté de signes extérieurs de chaleurs.
Cependant, la seule observation des chaleurs ne suffit pas pour estimer
le délai de reprise. En effet, en prenant la progestéronémie (taux > 0,60 ng/ml)
comme témoin de la manifestation de l'activité ovarienne,la reprise est effec-
tive au 41ème jour du post-partum sur 31,2 % soit 5/16 brebis Peul-Peu1 et
33,3 % soit 4112 brebis Touabire. Certaines brebis (1 Peul-Peu1 et 2 Touabire)
ont manifesté des chaleurs silencieuses autour du 41ème jour.
*.. /. . .
- 5
Toutefois,
ces modifications comportementales et l'élevation de la proges-
térone plasmatique observées surviennent respectivement 4 et 14 jours chez les
brebis Peul-Peu1 ; 6 et 16 jours chez les brebis Touabire, après l'introduction
du bélier. ,.
L'analyse de l'intervalle entre agnelage en prenant en compte une durée
moyenne de la gestation de l'ordre de 151,5 jours chez les Peul-Peu1 et 152,8
jours chez les Touabire (Il), laisse apparaître une période du post-partum
variant de 4 à 5 mois caractérisée par une forte diminution de l'activité
(absence d'ovulation fécondante).
3.3 - Reprise de l'activité sexuelle et niveau de production (Tableau 1)
Globalement, sur les 8 brebis non allaitantes (1 Touabire et 7 Peul-Peul),
5 (4 Peul-Peu1 et 1 Touabire) soit 62,5 %
ont présenté une élevation du niveau
de la progestérone plasmatique supérieure à 0,6Ong/mlet dans un délai moyen de
38,5 tr 2,02 jours et 2 ont présenté des chaleurs anovulatoires.
Par contre, pour les 20 femelles allaitantes, seules 4 (1 Peul-Peu1 et
3 Touabire soit 20 X) ont présenté une progestéronémie supérieure à 0,6Ong/ml
et dans un délai de 43,6 + 3,82 jours.
Toujours dans ce lot de brebis allaitantes, il a été constaté des diffé-
rences de gains moyens quotidiens durant le ler mois de la naissance entre
les agneaux issus de mères ayant présenté une élevation significative de la
progestérone et ceux dont les mères ne l'ont pas manifesté.
Brebis allaitantes avec Brebis allaitantes avec
un niveau de progesté-
un niveau de progesté-
. : .)
,~ ,.. 'Lt i ,.,F
rone supérieurà 0,6Ong/ml rone inférieur à 0,6Ong/mIl
GMQ des agneaux :
66,6 g/j
Peul-Peu1
131 g/j
GMQ des agneaux :
Touabire
143 g/j
170 g/j
. . . / . . .
- 6
3.4 - Reprise de l'activité sexuelle et état général des brebis
Au cours des 13 semaines d'observation, l'ensemble des brebis ont subi
une perte de poids de l'ordre de 9,52 kg et 9,7 kg respectivement chez les
brebis ayant manifesté une progestéronémie supérieure à 0,6Ong/ml et les brebis
ayant un niveau de progestérone inférieur à ce taux.
Tableau 1 : Reprise de l'activité sexuelle et niveau de production
Brebis non allaitantes
Brebis allaitantes
Délais d'appari-
tion ler pic de
38,5 + 2,02
43,6 t: 3,82
progestérone(jours)
Taux de reprise
5/8 (62,5 W)
4/20 (20 %>
Intervalle entre
313,56t13,40
323,87 2 3,75
agnelages (jours)
IV. DISCUSSIONS
4.1 - Taux d'agnelage et intervalle entre agnelages
Le taux d'agnelage de 80,9 % obtenu est identique à celui signalé par
FERNANDES (5) ; toutefois, il est supérieur à ceux ultérieurement enregistrés
au niveau du CRZ de Dahra (71,6 %) (21) et en milieu extérieur (14).
Cette différence ainsi constatée peut être prise en compte dans le cadre
des variations annuelles observées par R. SOW et al., sur des brebis (22).
Pour la saison considérée, l'intervalle entre agnelages de 318,4 tr 29,7
jours est nettement supérieur aux valeurs citées (240 - 300 jours) dans les
systèmes d'élevage traditionnels en Afrique (14, 25, 26, 27).
. . ./ . . .
- 7
Cependant,
cette différence ainsi constatée peut être liée, en plus des
autres facteurs que sont la saison, la race et l'alimentation, à la programma-
tion de la reproduction appliquée au niveau du CRZ, contrairement au système
traditionnel où il est constaté la présence quasi-constante du bélier.
4.2 - Taux et délais de reprise de l'activité sexuelle
L'augmentation du niveau de progestérone, constatée sur des brebis Peul-
Peu1 et Touabire autour du 41ème jour post-partum, intervient 14 à 16 jours
après l'introduction du bélier. Elle est suivie par deux autres élevations
du niveau chez les 5 brebis Peu1
et une brebis Touabire devenue gestante
après.
La reprise ainsi observée semble être en rapport avec l'introduction du
bélier. Nous retrouverons ici l'effet bélier décrit par AUGAR et BILKEY, cités
par SMITH (20). La réaction obtenue dénote une certaine sensibilité des ovaires
pendant cette saison sèche chaude caractérisée par de fortes températures et
une pauvreté extrême des pâturages.
Au niveau de la catégorie des brebis ayant perdu leurs agneaux dans la
lère semaine qui suivent la mise bas, le taux de reprise de 62,5 % est plus
élevé que celui obtenu chez les brebis allaitantes (20%) et le délai de reprise plus
court:38,5 5 2,02 jours contre 43,6 + 3,82 jours. Une telle observation est
conforme à celles faites par certains auteurs.
En effet, KANN et al. constatent que la reprise est plus rapide chez les
femelles taries que chez les brebis allaitantes (9)..
Selon PERERA et al. (7), SCHAM et al. (19) et COGNIE et al. (l), le retard
de reprise de l'activité sexuelle peut être liée a la tétée.
Par ailleurs, en élevage traditionnel, SOW et al. (22) observent une
reprise plus précoce de l'activité sexuelle chez les brebis allaitantes des
produits mâles qui sont sevrés à un âge plus jeune.
. . ./ . . .
-8
Pour les femelles qui ont repris leur activité ovarienne, le moyen de
progestérone plasmatique est du même ordre (1,77 ng/ml) que celui des moutons
Peu1 du Niger (28).
L'allongement de l'intervalle entre agnelages, constaté ici doit être en
rapport avec une réduction de l'activité sexuelle comme cela observé ailleurs.
En effet, chez la brebis Peul-Peu1 du Niger, YENIKOYE (28) on note des
arrêts cycliques du comportement sexuel et des ovulations plus fréquents
entre
les mois de décembre et avril, période au cours de laquelle il y a une augmenta-
tion de la photo-période et de la température.
Par ailleurs, MATHIEU et al. (10) enregistrent des fertilités faibles en
avril ; HAUMESSEN et a1 (6) notent une activité sexuelle minimale de septembre
à mars.
THIMONIER et al. (22) signalent l'effet néfaste de la chaleur sur la
reproduction.
MITTAH et GHOSH (13) sur des brebis en Inde constatent une forte diminu-
tion de l'activité sexuelle au mois de mai lorsque les pâturages sont pauvres.
YOUNIS et al. (20) signalent chez la chèvre égyptienne, un taux d'oestrus
plus faible en mai.
V. CONCLUSION
Dans cette étude, les brebis Peul-Peu1 et Touabire, après leur agnelage
de mars, mettent bas à nouveau après un intervalle moyen de 318 jours.
Ainsi, les ovulations fertiles semblent se produire vers le sème mois
du post-partum, mettant en évidence une longue période d'anoestrus, malgré la
présence d'un bélier depuis le 20ème jour après la mise-bas.
. . ./ . . .
-9
Cette situation est à mettre en rapport avec les conditions de l'environ-
nement caractérisées durant cette saison par des températures élevées, des
ressources alimentaires déficientes, lesquelles sont à l'origine d'une diminu-
tion du poids des brebis, associée à un mauvais état nutritionnel.
Dès lors, il n'est pas impossible d'avoir des perturbations dans le
fonctionnement du complexe hypothalamo-hypophysaires car comme l'ont observé
Mc DXJEL etal.(lO), une forte température peut engendrer une baisse de la sécré-
tion des hormones antéhypophysaires entra?nant une production insuffisante
d'oestrogène et de progestérone et par conséquence des mauvaises performances
de reproduction.
11 est indispensable de poursuivre les études en les orientant vers des
tests de stratégies alimentaires combinées à des pratiques d'élevage afin d'ob-
tenir une réduction de l'intervalle agnelage - lère ovulation fécondante.
- 10
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