ARTICLES ORIGINAUX ,/QqgA~33 Nouvelles recherches ...
ARTICLES ORIGINAUX ,/QqgA~33
Nouvelles recherches
sur le virus-vaccin bovipestique lapinisé
par P. MORNET, Y. Gl LBER T, J, ORUE et G. THIERY
(Avec la collaboration de R. MAHOU)
1. - TITRAGE DU VIRUS
bouchés sous vide. On prelève également 1 cm3 de
suspension pour servir à la détermination de la dose
Les variations de la teneur en virus des organes
minima infectante (D.M.I.L.) du produit frais,
du lapin aux différents stades de l’infection ont été
Le titrage sera donc effectué parallèlement avec
recherchées en vue de déterminer le moment où
le produit frais et avec le produit lyophilisé.
elle est maxima, qui correspond théoriquement à
Pour faciliter le calcul des pertes en D.M.I.L.
celui où l’animal devrait être sacrifié pour obtenir
consécutives à la lyophilisation, nous exprimerons
le plus grand nombre de doses vaccinales!bœuf
ainsi nos résultats :
(D.V.B.).
a) pour le produit frais : D.M.1.L = poids minimum
Il eût été intéressant de repéter, sous une autre
de suspension totale (sang -+ rate + ganglions) déter-
forme, les expériences de 1953 (Mornet et coll.) et
minant l’infection chez le lapin.
d’opérer sur les différents fluides et organes viru-
b) pour le produit lyophilisé : D.M.I.L. = poids
lents (sang, rate, ganglions, poumon, cerveau,
minimum de suspension totale (sang + rate f gan-
appendice iléo-cæcal.. .) ; mais la consommation de
glions) déterminant l’infection chez le lapin.
1,
lapins est si importante au cours de tels essais que
Nous convertirons ensuite nos résultats en ne
.&
nous nous sommes contentés de suivre les varia-
tenant compte que du poids d’organes (rate et gan-
tions de la teneur en virus d’une suspension vacci-
glions) présents dans la suspension, la virulence du
nale standard : sang-rate-ganglions mésentériques.
sang étant considérée comme relativement faible par
la plupart des auteurs, surtout en ce qui concerne le
P r o t o c o l e .
produit lyophilisé (Mornet et coll., 1953 - Scott,
Quatre lapins sont inoculés avec du virus de pas-
1954).
sage, selon la technique habituelle utilisée pour la
10
préparation du vaccin.
Titrage de la suspension fraîche.
Les sujets sont sacrifiés par saignée cardiaque, à
La suspension est titrée dès la fin de la préparation.
intervalles d’environ 12 heures après l’inoculation :
Des dilutions sont effectuées en eau physiologique
24, 39, 48, 63, 72, 87 et 96 heures.
à 8,5 o/~,, , réfrigérée. Les doses à inoculer sont toutes
Le sang est recueilli dans un flacon muni de billes
ramenées au volume de 1 cm3.
de verre et défibriné par agitation.
Chaque dose est inoculée à deux lapins par voie
Les prélèvements suivants sont effectués d’autre
endoveineuse, à la veine marginale de l’oreille.
part :
Les résultats ci-après ont été obtenus (Tableau 1).
Rate , . . . . . . 2,4 g
Ganglions . . . 8
g
20 Titrage de la suspension lyophilis6e.
Ces organes sont introduits dans une éprouvette
Après lyophilisation, les flacons contenant le
et l’on ajoute du sang jusqu’à obtention d’un volume
vaccin sec sont bouchés sous vide et stockés à basse
total de 78 cm’.
température (- 2Z0).
On üroye le tout dans un appareil réfrigéré, placé
La teneur en virus est recherchée après une
en chambre froide,à + 40. La durée du broyage est
semaine de conservation environ. Un flacon, ren-
de 3 à 4 minutes.
fermant le produit sec provenant de la dessiccation
La suspension est alors filtrée à travers une gaze
sous vide et à basse température, est prélevé et
stérile et le résidu exprimé à l’aide d’une pince
son contenu sert à préparer des dilutions à diffé-
stérile. Elle est ensuite répartie par 1 cm3 dans des
rents titres.
flacons type pénicilline soumis à la lyophilisation et
Ainsi qu’il a été précisé plus haut, la D.M.I.L. est
2 9 7
*
r’
2
\\f,i

rapportée au poids de suspension fraîche ou
contenant le minimum de suspension virulente), on
d’organes frais ayant servi à préparer le produit
observe des réactions chez les premiers sujets, alors
1 yophilisé (1).
que les derniers, ayant reçu des doses de virus plus
Le titrage est effectué selon la technique utilisée
fortes, ne réagissent pas.
pour le produit frais.
Le contraire est également possible. Il ne s’agit
Au cours des expériences de titration, il a été
évidemment pas là d’observations régulières mais
obtenu un certain nombre de résultats paradoxaux.
de cas particuliers pour lesquels nous n’avons pas
A partir d’une série de dilutions, si l’on commence
d’explications satisfaisantes. Faut-il voir dans ces
les inoculations par les titres les plus élevés (ceux
phénomènes une variation dans l’éluiion du virus ou
TABLEAU N” 1. - Doses minima infectantes-Lapin (D.&¶.I.L.) en virus frais.
ORGANES CONTENUS
S U S P E N S I O N T O T A L E
S T A D E
DANS LA SUSPENSION
DE L’UiFECTION
NOMBRE D’ESSAIS
Nombre de D.M.LL,.
Nombre de D.M.I.L.
(heUreS)
D.M.I.L. en mg
D.M.I.L. en mg
au cl
au cl
24
1
?
moins de 40.000
?
?
--~-- _--... -
- ---~-
39
3
0,0033
300.000
0,00044
2.250.000
0,0025
400.000
0,00033
3.000.000
-
48
4
0,002
500.000
0,000266
3.750.000
0,00166
600.000
0,00022
4.500.000
~-- --~..- ~
63
3
0,002
500.000
0,000266
3.750.000
0,00166
600.000
0,00022
4.500.000
-
-~-.-
--.-~.
72
1
0,00143
100.000
0,00019
5.250.000
---_ -. .~
_-_~_-.-.~ ..-_--__--- -
- -.---. ~ -
87
2
0,00166
600.000
0,00022
4.500.00Q
~~~ -_-_--
_-_-.-..-.--.--- --~-- .~.
96
1
0,002
500.000
0,000266
3.750.000
plus simplement une répartition « physique » irré-
C’est ainsi que, suivant nos expériences, le taux
gulière, non homogène, ce que Brotherston (1951)
maximum en virus des organes se situe vers la
-
constate au point critique des dilutions? (Tableau II).
72e heure après l’inoculation. Mais, à ce stade, le
poids des organes servant à la préparation du vaccin
est nettement moindre qu’à la 63” heure :
I I . - TEMPS OPTIMUM D’OBTENTION
m
DU VIRUS VJKCINAL
63e heure... . . . . . 3,5 g
72e heure.. . . . . . .
2,55 g
Il est recherché en tenant compte du titre du virus
et du poids des organes.
D’où traduit en D.M.I.L.
-~-
63e h e u r e . .
1 g organes = 600.000 D.M.I.L.
(1) Le poids correspondant d’organes secs peut
3,5 g organes = 2.100.000 D.M.I.L.
facilement être calculé en divisant par 4 le poids
72e heure.....
1 g organes = 700.000 D.M.I.L.
indiqué pour les organes frais.
2,5 g organes = 1.750.000 D.M.I.L.
298

.
Il est donc plus intéressant d’effectuer les prélé-
on effectue des prélèvements de sang par ponction
-
vements à la 63’ heure.
cardiaque.
Ce sang est immédiatement injecté dans la veine
t ,
III. - APPARITION ET PERSISTANCE
marginale de l’oreille d’un lapin dénommé « réac-
DU VIRUS DANS LE SANG
tif ». Le déclenchement d’un cortège symptomato-
logique et nécropsique de peste signe la présence
Protocole.
de virus chez le sujet « donneur ».
Un lapin dénommé « donneur » est infecté au
Les opérations effectuées sont résumées dans le
temps 0. A des intervalles de temps déterminés,
tableau no III.
TABLEAU ND II. - Doses minima infectantes-Lapin en produit sec
O R G A N E S C O N T E N U S
S U S P E N S I O N T O T A L E
S T A D E
D A N S L A S U S P E N S I O N
DE L’INFECTION
NOMBRE D’ESSAIS
I
Nombre de D.M.1
Nombre de D.M.I.L.
(hGURZ3)
D.M.I.L. en m3
D.M.I.L. en m3
au 3
au g
24
0,014
70.000
0,00186
525.000
39
4
0,0085
120.000
0,00113
900.000
-~.--- - -
1
--.-- ~-
0,004
/
250.000
0,00053
1.875.000
48
4
0,0032
j
310.000
0,00043
2.325.000
63
4
72
0,0015
/
600.000
0,0002
4.500.000
---.--.--.- ---. I - - - - ~-.~-
!
0,0025
400.000
0,00033
3.000.000
8 7
2
0,002
500.000
0,000266
3.750.000
-----/-- .-~-
96
1
0,0033
)
300.000
0,00047
/
2.100.000
De la lecture de ce tableau, il ressort que le virus
maladie. En effet, toutes les descriptions relevées
^
peut être mis en évidence à partir de la 1Oe heure
dans la littérature font état d’une dégénérescence
jusqu’au 15e jour suivant l’infection.
des lymphocytes et d’une prolifération secondaire
des cellules réticulohistiocytaires, mais il n’a été
mentionné nulle part, à notre connaissance tout au
-
IV. - OBSERVATIONS HISTOPATHOLOGIQUES
moins, une infiltration par les polynucléaires et la
SUIVANT LE STADE DE L’INFECTION
nécrose secondaire de ces derniers (1).
Cette altération ne peut être saisie &‘à condition
Avant-propos.
L’étude histologique des lésions que crée chez
__....~
le lapin le virus bovipestique ne peut être utilement
(1) Fukusho et Nakamura, en 1940, signalent toute-
menée à bien qu’à la condition d’en suivre l’évo-
fois la présence de « polynucléaires éosinophiles »
lution au moins une fois par jour au début de la
dans le thymus.

r
TABLEAU No III. - Apparition e+ï,
LAPIN DONNEUR
LAPIN RÉACTIF
=5=
Date d’inoculation
NO
Heure
t
Incubation
Heure

lu prélèvemen
Date d’inoculation
P a u morne*
e l’inoculatio n
TO m a x i m a m a x i m u m
e n h e u r e s
thermique
24-11-53
3 7 0
4
24-11-53
3905
-
-
i
-
24-1 l-53
3 7 0
4
3 7 5
24-l l-53
3904
-
-
!
-
24-l l-53
3 7 0
1 0
3 7 6
24-11-53
3901
2 4
4009

6 0
24-1 l-53
3 7 0
1 0
3 7 7
24-11-53
390
2 4
4102
:
6 0
/
24-1 l-53
371
1 5
3 7 9
25-l 1-53
3901
3 0
41 ”
60 =
24-l 1-53
371
1 5
3 8 0
25-1 l-53
3902
3 0
4008
4 8
-.
24-1 l-53
371
2 0
3 8 2
25-11-53
3904
3 6
4103
4 8
24-11-53
371
2 0
3 8 3
25-l l-53
3905
3 6
41”l
4 8
24-l 1-53
3 7 0
2 4
3 7 8
25-l l-53
3808
3 6
4102
7 2
24-1 l-53
3 7 0
3 0
381
25-11-53
3909
3 6
4007
:
3 6
t
24-l 1-53
3 7 3
4 j.
3 8 4
28-l l-53
3901
2 4
4
1

48
1
>.8
24-I l-53
3 7 0
5 j.
3 8 5
29-l 1-53
3809
2 4
4101
;
6 0
f ’
24-11-53
3 7 0
6 j.
385 b
30-l 1-53
3807
2 4
4103
4 8
24-l 1-53
3 7 0
7 j.
385 t
1-12-53
3901
2 4
4105
/
6 0
I
24-11-53
3 7 0
8 j.
4 0 3
2-12-53
3903
3 0
4102
j
4 8
I
24-l 1-53
3 7 0
9 j.
4 0 4
3-l 2-53
3905
4 8
4102
j
4 8
24-l 1-53
3 7 0
10 j.
4 0 5
4-12-53
3902
4 8
4 1 ”
4 8
24-1 l-53
3 7 0
13 j.
4 0 8
7-12-53
3908
7 2
4101
1
7 2
26- l-54
431
13 j.
4 3 9
8- 2-54
3902
6 0
4007
i
6 0
!
26- l-54
431
14 j.
4 4 0
9- 2-54
4001
108
41°7
i
132
26- 1-54
431
15 j.
441
lO- 2-54
3907
6 0
4006
60 -
15-a2-54
4 4 4
16 j.
4 8 2
3- 3-54
3903
-
4005
9 6
15- 2-54
4 4 4
17 j.
483 .
4- 3-54
3905
-
4005
,
2 4
15- 2-54
4 4 4
17 j.
4 8 4
5- 3-54
3902
-
4009
j
4 8
/
3 0 0

.
3ersidauce du vims dans le sana
LÉSIONS
RESULTAT
OBSERVATIONS
-
0
Pas de réaction thermique.
-
0
Pas de réaction thermique.
-
+
Sacrifié Ie 7e jour. Lésions plaques de Peyer.
-
I
_ do -
I
Typiques
t
Sacrifié le 6e jour.
Typiques
+
Sacrifié le 6C jour.
Typiques
+
Sacrifié le 5e jour.
Typiques
-t
Sacrifié le 5e jour.
Typiques
+
Sacrifié le 6e jour.
Typiques
i-
Mort dans la nuit du 4e au 5~ jour.
Typiques
+-
Sacrifié le 5e jour.
Typiques
+
Sacrifié le 4e jour.
Typiques
i-
Sacrifié le 3e jour.
L
Mort le 9-12-53. Lésions plaques de Peyer encore visibles.
Typiques
-t
Typiques
L
Typiques
+
?
-t
a
?
+
Typiques
+
.
Légeres
-_
?
Non sacrifié. Réaction thermique faible.
?
Non sacrifié.
- do -
7
Non sacrifié.
_ do -
a
301
s
u

de noter leur arrivée dans les organes. En effet, les
rayonnée enserrant dans ses mailles vers la péri-
.
polynucléaires du lapin sont pseudo-éosinophiles
phérie des petits lymphocytes et vers l’intérieur des
sur les frottis de sang et intensément acidophiles
moyens et grands lymphocytes ainsi que quelques
sur les coupes histologiques. L’étude des photo-
macrophages issus du stroma par libération. En
micrographies qui accompagnent de nombreuses
général, il existe au centre de la formation une zone
publications montre que les images décrites sont
plus claire dite centre germinatif due à une densité
identiques à celles que nous observons, mais le
moins grande de cellules à noyaux plus lâches. C’est
point que nous mentionnons précédemment paraît
en cette région que l’on observe le plus de figures
avoir échappé.
de mitose et des débris nucléaires (corps tingibles)
Il est donc indispensable, pour étudier les lésions
que phagocytent les macrophages.
de la peste bovine chez le lapin, plus encore que
Il convient de noter en outre, chez les lapins qui
chez les autres animaux réceptifs, de colorer élec-
ont servi aux expériences, la présence d’un pigment
tivement les polynucléaires neutrophiles (1). Nous
protéique brun jaune clair associé à de I’hémosi-
avons pour cela utilisé une particularité de ces
dérine et de phosphoaminolipides dans quelques
cellules décelée antérieurement : c’est la présence
cellules réticulaires.
dans le cytoplasme de granulations colorables par
Le follicule est entouré, selon les lieux, par un
la méthode de Baker sur les coupes à congélation.
tissu réticule histiocytaire vrai ou un tissu conjonctif,
plus ou moins apparenté au système réticulohistio-
Histopathologie.
cytaire.
Les lésions que nous avons pu déceler au micro-
Le stade 1 présente les premières modifications
scope intéressent le sang et les organes hémo-
dues à la présence duvirus. Il s’agit d’une légère
lymphopoïétiques ou les formations lymphoïdes des
infiltration du tissu environnant par des polynu-
autres tissus. C’est pourquoi, dans l’étude qui va
cléaires neutrophiles tandis qu’il y a un ralentis-
suivre, nous envisagerons d’abord les types de
sement considérable dans la sortie des lymphocytes.
lésions rencontrées et leur évolution, puis nous
Les cellules réticulaires semblent s’hypertrophier
rapporterons ces lésions aux divers organes hémo-
légèrement et le noyau montre par son nucléole une
lymphopoïétiques par ordre chronologique ; enfin
activité accrue.
nous mentionnerons les quelques particularités des
Le stade 2 diffère du précédent par une infiltration
.i
autres tissus, toujours en fonction du temps.
péri-folliculaire de polynucléaires beaucoup plus
accusée et par une phagocytose très marquée de
10 La lésion élémentaire lymphoïde.
cellules réticulaires, principalement dans la partie
.-
La lésion élémentaire que l’on retrouve dans tous
centrale claire du follicule. Les cellules phagocytées
les organes hémolymphopoïétiques consiste en une
sont soit des lymphocytes à noyau nettement pycno
atteinte particulière des follicules lymphoïdes. Nous
tique soit des lymphocytes à noyau apparemment
allons envisager l’évolution de la lésion sans tenir
normal. Les cellules réticulaires se libèrent des
compte de son siège en chiffrant les stades à la
voisines pour devenir macrophages, parfois sous
manière des cancérologues, mais ici le stade 0
forme de plasmodes à 3 ou 4 noyaux. Elles phago-
correspondra à une image normale, les stades
cytent de 4 à 8 ou 10 lymphocytes ce qui les rend
suivants traduiront par leur numéro le degré d’évo-
énormes et bien visibles. Il résulte de cette phago-
lution, le terme ultime étant le stade 7.
cytose une légère raréfaction des lymphocytes
Le stade 0 correspond au follicule normal, cons-
petits et grands.
titué par un stroma réticulaire à disposition générale
Le stade 3 est caractérisé par une dégénéres-
cence de la plupart des lymphocytes et lympho-
-
-
blastes dans tout le follicule. Les noyaux sont pycno-
(1) Les polynucléaires neutrophiles de toutes les
tiques ou plus souvent en caryorrhexis. La caryolyse
espèces sur coupes tissulaires à congélation pré-
est moins fréquente. Les cellules réticulaires
sentent un cytoplasme bourré de petites sphérules
deviennent toutes des macrophages assurant le
Baker-positives.
nettoyage du follicule mais incapables de tout
Chez le lapin, ce sont ces sphérules qui prennent
englober malgré une augmentation marquée de
le colorant acide sur les frottis en raison de leur
leur taille. L’infiltration périphérique de polynu-
nature lipoprotéique.
cléaires est intense et quelques-uns ont pénétré
Chez les autres mammifères, ces sphérules ne
dans le follicule où s’opère la destruction de la
sont pas colorées sur les frottis, les agents tincto-
lignée lymphoïde.
riaux se déposent dans les espaces situés entre eux
Le stade 4 n’est qu’une complication du stade 3 :
et forment les granulations d’Ehrlich seules visibles
la zone centrale est envahie par un nombre considé-
(G. Thiery).
rable de polynucléaires pseudo-éosinophiles qui
302

.
masquent presque totalement l’aspect du follicule et
niveau du sacculus, de la fonsilla et de l’appendice
font penser à une nécrose prononcée de toute la
où un certain nombre de follicules sont aux stades 1,
partie infiltrée de polynucléaires.
2 et même 3 ; dans les plaques de Peyer de l’intestin
Le stade 5’ : les polynucléaires de la zone centrale
grêle, on ne note que les stades 1 et 2. L’infiltration
dégénèrent pour la plupart. Tous les lymphocytes
par les polynucléaires est très intense dans tous Ies
sont en voie de dégénérescence (pycnose ou caryor-
cas, au-dessus des formations lymphoïdes.
rhexis nucléaire). Une partie des macrophages de la
Les lésions s’accentuent progressivement au
zone centrale succombe apparemment par excès
niveau des follicules lymphoïdes qui, à la ?Oc heure,
de phagocytose. Le follicule apparaît plus clair sur
atteignent tous au moins le stade 4 et beaucoup le
les coupes histologiques.
stade 5 au niveau des ganglions; on y décèle, en
Le stade 6 correspond à un nettoyage déjà poussé
outre, la dégénérescence de tous les lymphocytes
des éléments mortifiés. La zone périphérique, libre
libres des sinus et de quelques polynucléaires,
de débris cellulaires, est constituée de cellules réti-
tandis qu’une hémorragie périphérique se produit
culaires anastomosées, le centre renferme des débris
fréquemment. Au niveau des organes lymphoïdes
cellulaires et de rares macrophages.
intestinaux, tous les follicules du sacculus, de la
Le stade 7 : le follicule est complètement nettoyé ; tonsilla et de l’appendice sont pratiquement aux
il ne reste plus qu’un réseau de cellules anastomosées
stades 3 et 4, quelques-uns au stade 5. De très rares
qui prennent peu à peu un aspect quiescent. Peu à
follicules de plus petite taille situés en profondeur
peu, les cellules se tassent les unes contre les autres ; semblent échapper au processus, Les plaques de
il ne reste du follicule que la trame cellulaire.
Peyer de l’intestin grêle montrent encore des folli
L’évolution qui vient d’être analysée ci-dessus
cules depuis le stade 1 jusqu’au stade 4. La rate est
correspond à la forme habituelle. Cependant,
congestionnée, les cordons de Billroth gorgés
quelques très rares follicules ne sont pas touchés
d’hématies sont le siège d’une légère déshabitation.
par le processus et restent intacts; d’autres, éga-
Le thymus ne montre qu’une légère infiltration par
lement très peu nombreux, ne présentent qu’une
des polynucléaires pseudo-éosinophiles et la phago-
nécrose centrale discrète et se régénèrent, atro-
cytose accrue de quelques thymocytes.
phiés après atteinte virale. Nous n’avons jamais pu
A partir de ce moment, les follicules lymphoïdes
assister aux phénomènes de régénération signalés
atteignent rapidement, sauf de très rares exceptions,
par les auteurs. Dès que le centre germinatif est
au moins le stade 5 tandis que ceux qui étaient déjà
dégénéré, le follicule ne peut plus se reconstituer
à ce stade évoluent lentement vers le stade suivant.
même lorsqu’il existe encore des lymphoblastes à la
L’hémorragie des ganglions mésentériques, parfois
périphérie. Ceux-ci peuvent tout au plus élaborer
minime, devient pratiquement la règle. Elle est
quelques lymphocytes dans le lieu où ils se trouvent.
fréquente au niveau des autres ganglions et forma-
tions lymphoïdes intestinales et, dans la rate toujours
2” Les lésions des organes hérnolymphopoïétiques.
congestionnée, une réticulose s’installe.
Les lésions ne sont appréciables qu’à partir de
Dans la masse osseuse les quelques éléments
la 24e heure. Bien qu’il existe déjà à la 6e heure
lymphoïdes ont disparu et se retrouvent sous forme
après l’inoculation intraveineuse une décharge de
de débris dans les cellules réticulaires mobilisées.
polynucléaires pseudo-éosinophiles dans la moelle
La granulopoïèse est encore très active au détri-
osseuse, celle-ci ne se traduit, au niveau des organes
ment de l’érythropoïèse. Tel est l’aspect des
hémolymphopoïétiques, que par l’apparition de ces
organes hémolymphopoïétiques du 4e au 6~ jour,
polynucléaires vers la 246’ heure dans les sinus des
Après le 6e jour, il ne persiste que de rares
ganglions et de la rate. L’infiltration s’accentue
foyers de nécrose et tous les follicules lésés ont
ensuite et apparaît dans le chorion intestinal situé
dépassé le stade 5. Le nettoyage s’opère à partir du
entre les formations lymphoïdes et la surface.
centre des follicules. Les polynucléaires infiltrant les
Les polynucléaires pénètrent dans les follicules
organes lymphoïdes (sinus ganglionnaires, voisi-
lymphoïdes qui se présentent ainsi à la 40~ heure au
nage des formations intestinales) sont en voie de
stade 1, 2, 3 et même 4 au niveau des ganglions
dégénérescence et peu à peu phagocytés sur place.
mésentériques tandis que le stade 3 est plus souvent
Il est curieux de noter l’intégrité des cordons médul-
le seul atteint dans les autres ganglions. Dans tous
laires des ganglions, des zones lymphoïdes sur-
les ganglions, l’infiltration par les polynucléaires
montant les follicules intestinaux et paraissant avoir
est très intense autour des follicules et dans les sinus
la même valeur, et des corpuscules de Malpighi de
de la périphérie. De nombreux lymphocytes des
la rate.
sinus commencent à présenter des signes de dégé-
Le 12O jour, le nettoyage est pratiquement com-
nérescence nucléaire. Dans les formations lym-
plet, les follicules sont tous au stade 7. Il n’en per-
phoïdes, la lésion folliculaire est plus marquée au
siste que quelques rares, en général incomplets,
303

TABLEAU NO 4. - Doses minima infectantes-Lapin (D.M.I.L.) suivant les auteurs avec le virus frais 1yophll.i~~
CHENG (1949)
BROTHERSTON (1951)
NAKAMURA (1953)
SCOTT (1954)
MATtRIEL
I
l
/
F
/
S
F
F
1

s
!
S
F
s
Suspension (sang-rate-ganglions).
100.000
1 million

100.000
/
!
l
I
S a n g . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
10.000 (a)/
100 /
100
/
Rate . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
100,000 (a);
1 million j 1 million
/
Ganglions, . . . . . . . 1 million (a):
1 milliard (b);
100.000
l.l/Z mil. i 1.1 j2 mil.
DAKAR (1953)
DAKAR (1954)
MATI?RIEL
I
F
s
F
S
,
Suspension (sang-rate-ganglions).
100.000
/
320.000
600.000
2 millions (c)
/
--.- -
-
-

.--- ~~_
..-~
~---
-
(a) Chiffre maximum.
(b) Chiffre cité par Stevenin.
(c) Si les calculs sont effectués par les divers auteurs comme par nous-mêmes, pour obtenir 1 g de produit sec titrant 2.000.000 de D.M.I.L., il a fallu
(exemple Dakar 1954) dessécher 4 g d’organes frais renfermant au départ 600.000 x 4 = 2.400.000 D.M.I.L. La perte est donc de 400.000 D.M.I.L.
400.000
pour 2.400.000 D.M.I.L. soit : 2.400.000 = 17 y;,.
I
l
-2
,.’

.
dans les diverses formations lymphoïdes de l’intestin
phocytes, :.l ne résiste pas aux affections intercur-
et quelques-uns dans les ganglions lymphatiques.
rentes, bénignes en d’autres circonstances.
C.
Il s’agit ici évidemment d’une description synthé-
tique de nombreuses observations et les images
indiquées a chaque période ne sont que les plus
v . - LYOPHILISATION
couramment observées. De même, l’absence de
TITRE COMPARÉ: DU VIRUS DANS LES ORGANES
régénération des follicules lymphoïdes est le phé-
AVANT ET APRÈS LYOPHILISATION
nomène le plus courant, mais certains sujets moins
sensibles, lors d’infection peu sévère, n’ont qu’un
Ainsi que nous l’avons indiqué, dans les conditions
nombre relativement réduit de follicules lymphoïdes
habituelles de travail sous les tropiques, une des
lésés. Leur régénération est possible lorsque le
opérations délicates de la préparation du virus
centre germinatif n’est pas totalement détruit.
lapinisé est la dessiccation sous vide et à basse tem-
pérature.
30 Lésions des autres organes.
Quelles que soient les précautions (1) que nous
Elles consistent en l’atteinte de quelques points
prenions aux divers stades de la préparation, les
L
lymphoïdes pulmonaires dans un nombre réduit de
pertes par lyophilisation ne sont guère inférieures
cas, en une’ légère réticulose transitoire du SRH, en
à 20 yJ.
des signes d’hyperactivité de la corticosurrénale au
Si l’on se reporte en effet aux tableaux 1 et 2 on
début de l’affection, accompagnée des modifications
constate en comparant la valeur des D.M.I.L. en frais
organiques classiques qui en dépendent.
et en lyophilisé que :
- à la 48e heure, les pertes sont d’environ 50 %.
- à la 63” heure, les pertes sont d’environ 17 y;,.
CONCLUSION
- à la 72e heure, les pertes sont d’environ 15 9;.
La maladie du lapin causée par le virus bovi-
Nous répétons que la 63~ heure constitue le temps
pestique lapinisé se traduit par une atteinte élective
optimum du prélèvement (CL chapitre II). Ces
du tissu lymphoïde avec destruction subtotale de la
résultats sont d’ailleurs bien supérieurs à ceux
lignée lymphoïde.
obtenus par les différents auteurs (voir tableaux 4
Le rôle des polynucléaires ne paraît pas négli-
et 5).
geable au début de la formation des lésions, ce qui
peut laisser supposer leur intervention dans le
B
métabolisme du virus.
(1) Nous travaillons pendant les temps délicats à
Lorsque l’animal survit, bien que privé de lym-
- soc.
TABLEAU NO 5. - Pourcentage des pertes par lyophilisation suivant les autenrs (1)
/
AL‘TEURS
VIRUS FRAIS
VIRUS SEC
PERTES 3/o
NhKhMURh -.-,,..~
1 milliard
100.000
!
99,99
BROTHERSTON. . .
I
1 million
100.000
97,5
/
DAKAR (1953) . . . .
100.000
320.000
20
c
CHENG..
.
100.000
100.000
75
SCOTT :
/
/
ganglions .
~
1 1/2 million
1 1 12 million
70
.
rate.. . .
1 112 million
l
1 million
75
sang . . . . . . . . . . . . . . . .
100
100
i
75
D A K A R ( 1 9 5 4 )
600.000
500.000
17
- - -
I
-
.~.
(1) 4 g matériel frais = 1 g matériel lyophilisé.
305
c

,
VI. - OBSERVATIONS
confrère Martignolles qui a la charge du secteur de
SUR LA VACCINATION DES BOVINS
Casamance.
10 Dose minima vaccinale (D.M.V.). Tableau no 6.
Matériel vaccinal :
Diverses expériences ont été conduites en plu-
Vaccin lyophilisé obtenu de lapins sacrifiés à la
sieurs régions d’A.0.F. sur des bœufs sans bosse,
63~ heure de l’infection. Préparé le 20 mai 1954.
animaux les plus sensibles à la peste bovine et qu’il
Conservé au congélateur à - 300C pendant 50 jours.
n’a pas été possible jusqu’à présent d’immuniser
Reconstitution du vaccin en eau physiologique
avec le virus bovipestique caprinisé, parce qu’il est
refroidie. Doses injectées sous le volume de 1 cm3
trop virulent pour ces animaux (1).
par voie sous-cutanée.
L’expérience la mieux conduite et la plus démons-
trative fut celle pratiquée à Ziguinchor (Sénégal) par
Virus d’épreuve :
l’un d’entre nous avec la collaboration de notre
5 cm3 de virus de passage par voie sous-cutanée
douze jours après l’injection de vaccin.
(1) Il donne, par contre, de bons résultats chez les
On peut donc théoriquement vacciner un bovin
zébus.
avec 11100 mg.
TABLEAU N” 6
DOSE EN g ( a )
NOMBRE DE VEAUX
RÉACTION
RÉACTION
VACCINALE
AU CONTROLE
RESULTATS
0,001
2
?‘
0
Immunité
0,0008
2
~
i-
0
Immunité
/
0,OOOô
4
1
2 i-
0
Immunité
2 0
0 ,coo5
4
1
3 i-
0
Immunité
1 ;
0,0004
3
1
2 i-
0
Immunité
132
I
0,0002
3
1
1+
0
Immunité
2 0
0,0001
3
1
14
0
Immunité
2 0
l
0,00005
3
1
2 0
0
Immunité
1 IC
0,00001
3
0
2 =z 0
Immunité
1 := signes de peste
mais guérit.
-..---~.-- -
- - . - - - .---~ .---
Témoins
4
Peste typique.
----~----
(a) Les doses sont rapportées au poids d’organes entrant dans la composition de la suspension (soit
un quart du poids d’organes frais) :
D.M.V. = 0,Ol mg d’organes secs provenant de 0,04 mg d’organes frais (après lyophilisation).
306

20 Rapport D.M.L-Lapin - D.M.V.-Bœuf.
Ces résultats ne nous paraissent pas avoir tous la
La D.M.I. lapin (lyophilisé) à la 63e heure est de
même valeur, la réceptivité de certains animaux a
0,000066 mg d’organes secs.
la peste bovine n’étant pas complètement démontrée.
La D.M.V. boeuf (lyophilisé) est de 0,Ol mg.
Plusieurs témoins ont, en effet, guéri après l’infec-
0,000066
1
tion exptirimentale de contrôle.
Le rapport = o,ol
=Fa’
Le même Brotherston, dans la deuxième partie
Théoriquement, il faut donc 150 D.M.I./Lapin pour
de sa note, à l’occasion de la vaccination d’un trou-
vacciner un bœuf.
peau de 700 animaux, dont certains de race euro-
péenne , remarque que le virus-vaccin lapinisé
30 Nombre de doses vaccinales par lapin.
immunise les bovins sans avoir provoqué de réaction
Un lapin donne en moyenne 35 g correspondant
fébrile. Mais il est probable que, sur un effectif aussi
à 0,875 d’organes secs. La D.M.V. étant 0,Ol mg sec,
important, les températures n’ont pas été prises
un lapin pourrait fournir théoriquement 87.500 D.M.V.
avec un aussi grand soin que sur les sujets des
Nous avons vu que, dans la pratique, pour avoir
tableaux IX, XI, XII.
une marge de sécurité très grande (l), la D.M.V. est
c
Illartein et Guerret (1954).
fixée à 1,25 mg sec, soit 125 fois la dose théorique.
Sur cette base, un lapin fournit 760 doses vaccinales
Relatant une expérience portant sur 9 taurillons,
en sec.
ils indiquent que la réaction thermique vaccinale
est très nette et constante. Elle s’est traduite par une
40 Réaction thermique.
poussée fébrile débutant le 3e ou le 4e jour après la
On a discuté, et on discute encore longuement,
vaccination, augmentant jusqu’au 7e jour environ,
sur la constance et la nécessité de la réaction ther-
pour décroître ensuite et disparaître les Ile et
mique post-vaccinale chez le bœuf pour l’obtention
12e jours.
de l’immunité.
Scott (1954).
L’analyse des travaux des différents auteurs permet
Analysant 5.925 courbes thermiques matinales de
de noter :
311 bovins ayant reçu du virus bovipestique lapinisé
Brotherston (1951).
et de 113 témoins non vaccinés, il constate les 5p,
6” et 1 e jours après inoculation une élévation signi-
ficative de température chez les premiers.
Momet et coll. (1954).
0
EXPÉRIENCE ZIGUINCHOR
IX
NOMBRE
DOSE
ReACTION
JOUR
bovins
e n g
thermique
réaction
-e
1 au 5” - 6e.
2
, 0,ooi
-t
6e - 6’.
2
1 0,0008
-t
5e - 6e.
XII
4
0,0006
]
“z;
6e - 6e.
/
1 =o 7e-9e.
l
0,00025
2 I
1=+
4
0,0005
1
3+
5e - 6e - 6e.
/
1 -fr
6e?
2
0,0005 1 l=O
?
1=+
3
( 0,0004
i
; 1
6” - le.
8e
2
/ 0,005
0
.
3
l 0,0002
;
;o-
5e.
2
0,001
0
l
3
081
0
3
0,0001
1
; 0”
6e*
3
O,l
, a 1 T
; au 61 e: PI:
i
3
0,00005
6e.
(1) à cause de la fragilité du virus bovipestique
3
0,00001
lapinisé.
307

Le tableau ci-dessus montre que la réaction ther-
culation, par ponction cardisque. Le sang prélevé
mique n’est pas constante (sur 27 sujets vaccinés :
est défibriné par agitation dans un flacon contenant
12 résultats -t , 4 $- , 11 négatifs) et que près de 50 %
des billes de verre.
des bovins réceptifs ne font pas de réaction ther-
On prélève ensuite les ganglions mésentériques
,
mique tout en étant solidement immunisés.
et la rate. Le poids moyen des organes prélevés
Il faut d’ailleurs toujours avoir à l’esprit qu’en
est de 3,5 g par lapin, Ils sont additionnés de 9 fois
région tropicale, les hématozoaires de « sortie »
environ leur poids de sang de telle sorte que 1 cm3
jettent souvent la perturbation dans la courbe ther-
de suspension contienne 10 cg d’organes frais qui
mique. Un mouvement fébrile insignifiant peut être
donnent 25 mg desséchés, correspondant à 20 doses
prolongé et augmenté par la présence de piro-
de 125 mg. Le tout est broyé pendant 3 à 4 minutes
plasmes ou de trypanosomes dans le sang péri-
dans le bol réfrigéré d’un mixer, La suspension
phérique.
est alors filtrée sur gaze, exprimée et répartie à
La vulgarisation du procédé (Soudan en parti-
raison de 1 cm3 par flacon type pénicilline de 20 cm”.
culier) confirme que les hématozoaires et les coccidies
Les flacons sont placés dans l’appareil à lyophi-
intestinales sont responsables des incidents enre-
liser, congelés par self freezing et soumis à une
gistrés.
dessiccation de 20 heures environ.
Et puisque la réaction thermique n’est pas obli-
L’humidité résiduelle du virus sec varie de ! à
gatoire pour l’obtention de l’immunité, nous donnons
2 O//o*
notre préférence aux virus vaccinaux qui s’installent
Les flacons sont bouchés sous vide avec un bou-
a bas bruit.
thon caoutchouc à collerette. Les expéditions s’effec-
tuent par avion dans des containers isothermes (en
5” Signes cliniques.
ébonite multicellulaire) pouvant recevoir 75 à 80 fla-
Les signes cliniques sont très irrégulièrement
cons, soit 1.500 à 1.600 doses.
observés. Il est signalé parfois un léger larmoie-
Sont résumées ci-dessous les opérations effectuées
ment, un peu de diarrhée. La symptomatologie
au cours de l.‘année 1954.
devient plus alarmante dans le cas de complications
par piroplasmes, trypanosomes et surtout coccidies
Nombre de lapins inoculés, .
943
(entérite hémorragique).
Nombre de lapins sacrifiés. . . .
878
Il est d’ailleurs indéniable que seuls les tests
Poids des organes prélevés (en gramme).
3.083
sérologiques (titrage des anticorps) peuvent per-
Volume de sang ajouté (en cm”).
18.600
mettre de donner une réponse satisfaisante aux
Volume total de suspension (en cmz),
21.372
problèmes d’immunologie qui nous préoccupent,
Nombre de flacons préparés. . .
14.263
4
l’interprétation de la courbe thermique ou des signes
Nombre de flacons utilisables (après con-
cliniques étant sujets à caution.
trôle) . , .
13.546
Nombre de doses de vaccin (1 dose
= 1,25 mg) ., . . . . 270.920
VII. - PRODUCTION DU VIRUS-VACCIN
LAPINISÉ ANTIPESTIQUE
Commentaire sur la production.
Prbparation :
10 Utilisation des lapins inoculés.
Des lapins pesant 1,500 à 2 kg, âgés de 2 à 3 mois
65 lapins n’ont pu être utilisés pour la production
environ, sont inoculés dans la veine marginale de
de vaccin pour les raisons suivantes.
l’oreille avec une suspension sang-rate-ganglions
- Lapins ne présentant pas de lésions nettes à
provenant du passage précédent (1).
l’autopsie . . . .
7
p
Les animaux font une réaction thermique attei-
- Lapins dont les organes n’ont pu être utilisés
gnant son acmé de la 40e à la ôOc heure. La tempé-
(par suite de panne de l’appareil à lyophi-
rature maxima varie de 4005 à 4105 ; elle est le plus
liser) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
30
souvent de 410.
- Lapins morts accidentellement. . . . 28

Les lapins sont sacrifiés à la 63’ heure après ino-
_--.---
(1) La souche Nakamura III, qui avait lors de sa
20 Poids des organes prélevés.
réception subi 800 (?) passages (1954), était, à
Les 878 lapins sacrifiés ont fourni 3.083,01 g
Dakar, le 31 décembre 1954, à son 170” passage.
d’organes, soit une moyenne par lapin de 3,51 g.
Le passage en série sera d’ailleurs de moins en
Le poids d’organes varie considérablement : si
moins utilisé.
l’on fait la moyenne des poids prélevés par lot
308
1.

*.
(chaque lot correspond à une préparation de vaccin
frais, correspond à 0,875 g d’organes secs, et perme
et compte de 4 à 14 lapins), on enregistre des varia-
d’obtenir 700 doses vaccinales lyophilisées de
tions de 2 à 6,76 g.
1,25 mg.
Elles paraissent d’ailleurs en rapport avec :
a) l’état d’entretien des animaux ;
60 Dose vaccinale-boeuf (D.V.B.).
bj le stade d’évolution de la maladie lors du pré-
La D.V.B. admise par nous dans la pratique est de
lèvement. En sacrifiant les lapins soixante-douze
1,25 mg d’organes secs.
heures après l’inoculation, on enregistre des poids
beaucoup plus faibles, 2,5 g en moyenne.
CONCLUSIONS
30 Lyophilisation.
Il n’est pas utilisé de virus-vaccin frais par suite :
1. Le titrage du virus bovipestique lapinisé fait
a) de la faible durée de la conservation;
ressortir le nombre considérable de doses minima
b) des difficultés de transport à longue distance.
infectantes pour le lapin : & 5 millions au gramme
D’autre part, les lots lyophilisés peuvent être
d’organes frais.
testés à volonté, et avant chaque envoi, ce qui donne

La richesse en D.M.I.L. varie suivant le stade de
une sécurité très grande aux vaccinateurs.
l’infection. La 76’ heure après l’infection constitue
En ce qui concerne la lyophilisation proprement
le temps optimum, mais la quantité de virus obtenue
dite, nous avons exposé (i 953) les inconvénients de
est plus élevée si le sujet est sacrifié à la 63C heure.
.e
l’appareil que nous possédons. Un appareil de fabri-
Le virus est décelé chez le lapin expérimenta-
cation française présentant de nombreux avantages
lement infecté dès la 10~’ heure après l’inoculation
va nous être livré incessamment.
et jusqu’au 15e jour.
Nous avons également souligné que la suspension
2. L’histopathologie permet de suivre l’évolution
devait être faite en se servant exclusivement du sang
de la maladie expérimentale du lapin, qui se traduit
comme diluant. En effet, les pertes par lyophili-
par une atteinte élective du tissu lymphoïde avec
sation en utilisant l’eau physiologique sont beaucoup
destruction subtotale de la lignée lymphoïde. Le
plus élevées. Le sang intervient à la fois comme
rôle des polynucléaires ne semble pas nég!igeable au
élément « liant » et protecteur sans -augmenter de
début de la formation des lésions.
façon appréciable le taux d’unités virulentes.
3. Les pertes en virus à la suite de la lyophilisation
40 Conditionnement du vaccin.
Paraisse:nt inéluctables mais peuvent être réduites
à moins de 20 %.
Il est actuellement effectué en flacons type péni-
4. La dose minima vaccinale bœuf est de 0,Ol mg
cilline de 20 cm3 renfermant 20 doses vaccinales
d’organes secs, soit 150 fois plus élevée, théori-
maintenues sous vide (1).
quement, que la dose minima infectante lapin. Un
Cette présentation offre l’avantage de permettre au
lapin fournit en moyenne 700 doses vaccinales/bœuf
vaccinateur de réaliser la dilution du virus lyophilisé
(lyophilisées).
directement par introduction de 20 cm3 d’eau physio-
La réaction thermique post-vaccinale est irrégu-
logique à travers le bouchon. Et d’autre part de
lière et n’apparaît pas indispensable pour l’obtention
l’obliger à ne préparer la suspension que pour un
de l’immunité.
petit nombre d’animaux pouvant être aisément vac-
5. La production du virus-vaccin antipestique lapi-
cinés en un laps de temps n’excédant pas trente
nisé obéit à des règles précises dont on ne saurait
minutes (durée maxima théorique de conservation
sous-estimer l’importance, compte tenu de la fragilité
du virus remis en suspension).
du virus.
Par contre, elle a l’inconvénient d’offrir sous un
Si ce vaccin constitue un progrès indéniab!e sur
poids et un volume importants un nombre restreint
*
les autres méthodes prophylactiques, sa préparation
de doses vaccinales, surtout si l’on tient compte de
reste conditionnée par la production « en masse » de
l’encombrement de la glace nécessaire à la conser-
lapins, un appareillage pour la dessiccation à basse
vation à basse température.
-
température très adapté aux conditions de travail
50 Nombre de doses vaccinales obtenues par lapin.
en régions tropicales et à la labilité du virus.
En moyenne un lapin fournissant 3,5 g d’organes
-~
BIBLIOGRAPHIE
(1) Pour les manipulations, il serait plus simple de
remplacer le vide par un gaz inerte, l’azote. Mal-
BROTHERSTON (J.-G.). - Le viras lapinis6 de la
heureusement le gaz fabriqué à Dakar par les Sociétés
peste bovine et le virus-vaccin. Quelques
industrielles est insuffisamment purifié.
observations
e n A f r i q u e
Orientale 1)
3 3 9
L
.

Expériences de laboratoire; 2) ExpCriences
ILLARTEIN (P.-R.) et GUERRET (M.). - Contribu-
l
pratiques. Journ. Comp. Path. Thérap. 1951, 61,
(I
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bovine en GuinCe irançaise - A.O.P. - Note
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MORNET (P.), ORUE (J.), LABOUCHE (C.) et MAIN-
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