INSTITUT D’ÉLEVAGE ET DE MÉDECINE VCTÉRINAIRE ...
INSTITUT D’ÉLEVAGE ET DE MÉDECINE
VCTÉRINAIRE D E S P A Y S T’ROPICAIJX
ET DE
I
MÉDECINE VÉTÉRINAIRE
DES PAYS TROPICAUX
Histopathologie de la rage
chez diverses espèces animaks
de l’ouest africain
Incidences cliniques et pathogéniques
par G. THIERY
. 1
Tome XIII Cnouveile série!
N”4 - 1 9 6 0
LP VIGOT FRÈRES, ÉDITEURS
23, rue de l’École-de-Médecine, PARIS-VI”

Histopathologie de la rage
chez diverses espèces animales
de l’ouest africain
Incidences cliniques et pathogéniques
par G. THIERY
Selon les classiques, le virus rabique est unique
serait souhaitable qu’elle soit poursuivie sur
ainsi que la maladie qu’il provoque. Cependant
celles que l’on rencontre en d’autres points du
certaines particularités cliniques sur lesquelles
globe.
nous avons déjà insisté (l-2-3) de même que des
anomalies histopathologiques observées sur les
1. - HISTOPATHOLOGIE GÉNÉRALE
ganglions de Gasser utilisés pour le diagnostic
DE LA RAGE
de la rage, nous ont conduit à reconsidérer le
problème. Des notions bien établies nous sont
10 La méningo-encéphalomyélite aiguë
apparues n’être l’apanage que de quelques
non purulente de la rage
espèces animales, aussi le comportement du
Elle comporte une méningite accompagnée
virus rabique diffère-t-il selon l’organisme auquel
d’une congestion, d’une périvascularite d’inten-
il s’attaque. Le but du présent travail est de mettre
sité variable, d’une infiltration cellulaire tissu-
en évidence les variations lésionnelles que pro-
laire, d’une réaction gliale, d’une formation
duit ce virus et ainsi d’expliquer lesfaits cliniques,
d’inclusions cellulaires et d’une dégénérescence
certaines incidences pathogéniques et l’impasse cellulaire. La méningite rabique d’intensité varia-
dans laquelle semble s’engager la thérapeutique.
ble est lymphocytaire. Elle s’observe essentiel-
*
*
*
lement dans le,; plis du cervelet et à la base du
cerveau, mais aussi dans les sillons de l’encéphale
Avant de passer en revue les lésions engen-
et de la moelle.
drées, par le virus rabique dans le système ner-
La congestion et l’oedème périvasculaire sont
veux des divers mammifères, nous allons rappe-
le plus souvent très discrets. Exceptionnellement
ler et, le cas échéant, préciser l’ensemble des
ils sont compliqués de microhémorragie dans
modifications qu’il est susceptible de provoquer.
l’encéphale et surtout la moelle épinière. Si
Ensuite seulement seront envisagées leur pré- l’animal est saigné au cours de l’agonie, la
sence éventuelle et leur intensité en fonction de
congestion n’est pas visible. La périvascularite
l’espèce animale.
est beaucoup plus importante à considérer. Elle
Avant d’aborder cette étude, il convient de
ne peut se produire qu’au niveau des petits
souligner que les faits rapportés ont été étudiés
vaisseaux, habituellement artérioles, pourvus
dans l’ouest africain et plus particulièrement à d’une gaine lyrnphatique. La lésion est ébauchée
Dakar. II n’est pas certain qu’ils soient valables
par une margination des leucocytes, principale-
pour le reste du monde. Par ailleurs, cette étude
ment des lymphocytes. Ces derniers apparaissent
est limitée à un certain nombre d’espèces ; il
ensuite dans les espaces lymphatiques de VIR-
CHOW-ROBIN et ne dépassent pas la membrane
névroglique limitante : ils constituent les man-
Reçu pour publication : novembre 1960
Rev. Elev. Med. vét. Pays trop. 1960, 13, no 4
chons périvasculaires. A un stade plus avancé,
259

ily a rupture de cette membrane et irruption des
chat, mais nous ne l’avons pas recherché chez
cellules qui forment les infiltrats périvasculaires.
les autres animaux.
A partir de ceux-ci, les leucocytes peuvent essai-
mer dans le tissu avoisinant et constituer, les
2O La ganglio-névrite
- a
infiltrats cellulaires. Les cellules trouvées dans
cette lésion sont principalement des lymphocytes
Cette lésion s’observe au niveau des ganglions
auxquels s’adjoignent quelques histiocytes déri-
nerveux et des nerfs tant cérébrospinaux que
vant de la paroi lymphatique. Ils constituent
sympathiques. Elle consiste en une infiltration
exclusivement l’infiltration périvasculaire chez
cellulaire, une satellitose, équivalente de la
le cheval. Chez les carnivores, il s’y ajoute
réaction gliale, une formation d’inclusions cellu-
habituellement quelques polynucléaires neutro-
laires et une névrite.
philes, tandis que chez certains muridés des
L.‘infiltration cellulaire est de même nature que
polynucléaires éosinophiles y sont adjoints. La
celle de l’encéphale. Elle débute très nettement
zone de prédilection de cette lésion est généra-
au niveau des petits vaisseaux sanguins. Dans les
lement la base du cerveau. Mais à côté de cette
ganglions sympathiques, elle affecte souvent
infiltration à point de départ périvasculaire, on
exclusivement la disposition périvasculaire à la
peut rencontrer dans tout l’encéphale, et même
manière des infiltrats périvasculaires du cerveau.
dans la moelle épinière, une infiltration diffuse
La satellitose consiste au début en une hyper-
toujours modérée où les polynucléaires neutro-
trophie et une multiplication des cellules satel-
philes sont assez abondants. Nous devons encore
lites des neurones. A un stade plus avancé cor-
signaler une localisation de la périvascularite
respond la neuronophagie dont le stade extrême
qui n’a, à notre connaissance, jamais été relevée,
est le nodule de Van Gehuchten et Nelis.
c’est celle que l’on peut rencontrer dans le tissu
Les inclusions cellulaires représentent géné-
adipeux entourant la moelle épinière, notam-
ralement des corps de Négri, parfois des gra-
ment chez les bovidés.
nulations de Koch et Rissling ou de Manouelian.
La réaction gliale qui touche essentiellement
Leur importance varie avec les phénomènes
la microglie, consiste principalement en une
inflammatoires et les espèces animales. Signa-
multiplication et une mobilisation constituant les
lons, afin de n’y pas revenir, que la présence chez
foyers de prolifération gliale. Les cellules s’accu-
ceriains animaux (cobaye, muridés divers, héris-
mulent autour des cellules nerveuses (pseudo-
son) de cellules binucléées dans les ganglions
neuronophagie) et prennent leur place lorsqu’el-
syn-,pathiques, et plus particulièrement dans les
les dégénèrent (neuronophagie vraie). Elles
ganglions stellaires, ne modifie en rien la répar-
figurent alors les nodules de Babès. De même
tition des corps de Négri dans ces cellules.
que FIELD (4), nous n’avons retrouvé l’aspect
La névrite, lorsqu’elle est perceptible, est tou-
« lamellaire » des cellules de la microglie décrit
jours très faible chez les muridés et les hérissons
par LOLLADO, puis HORTEGA, que chez le
NOIJS avons noté la présence d’une nette infiltra-
lapin infecté par le virus fixe.
tion dans lesgainesexternes des nerfs,sous forme
Les inclusions cellulaires ou corps de Négri
d’une véritable périnévrite tant nerveuse que
peuvent se rencontrer dans les cellules nerveuses
ganglionnaire (fig. 1).
des cornes d’Amman, du cervelet (cellules de
Purkinje) et de tout le système cérébrospinal.
30 Lésions particulières du système nerveux
On peut noter de même une pycnose cellulaire
de la vie autonome
avec dégénérescence tigroïde, notamment dans
la corne d’Amman. En outre, les techniques
A ce système, on peut rattacher la médullo-
appropriées mettent en évidence une lésion cons-
surrénale où il est possible d’observer une infil-
tante, précoce et spécifique d’après RAMON Y tration lymphocytaire analogue à celle du sys-
CAJAL et GARCIA IZCARA : l’hypertrophie des
tème nerveux central. Des corps de Négri, en
neurofibrilles des cellules nerveuses et la (désa-
nombre considérable parfois, ont été notés chez
grégation avec dispersion dans le nucléoplasme
certaines espèces animales.
des sphérules chromatiques du noyau. vous
Le plexus myentérique gastro-intestinal est le
avons retrouvé cette lésion chez le chien et le
siège, dans certains cas, d’une discrète infiltra-
260

Fig. 1. - Ganglion rachidien d’un rat de Gambie : la périphérie du ganglion
situé au bas de la photo est formée par une accumulation importante de cellules
inflammatoires. (Rage des rues ; hématéine-éosine ; X 80).
tion cellulaire ou d’une réaction gliale. Des
II va sans dire ‘que toutes les lésions précédentes
corps de Négri peuvent être décelés dans les
peuvent se rencontrer chez un même animal,
neurones. II nous a été même donné de rencon-
tels les muridés et le chien, mais elles ne montre-
1
trer une infiltration lymphoïde et des corps de
ront pas la même intensité chez toutes les espè-
Négri dans le glomus consticus.
ces ; bien plus, certaines peuvent manquer. Aussi
allons-nous les passer en revue chez les divers
40 Lésions des glandes salivaires
mammifères enragés naturellement ou expéri-
mentalement qu’r nous avons pu examiner.
Dans les diverses glandes salivaires, même
dans les plus petits glandules de la base de la
langue, le virus rabique des rues produit une
II. - HISTOPATHOLOGIE
infiltration cellulaire lymphoïde dont le point
COMPARÉE DE LA RAGE
de départ est encore la périphérie de petites
artérioles accompagnant les canaux salivaires.
Nous avons étudié la rage chez les animaux
En résumé, on peut trouver, dans tout le
suivants : chien, chacal, chat, cheval, vache,
système nerveux et dans les glandes salivaires,
bouc, porc, lapin, cobaye, rat blanc, rat à capu-
des lésions inflammatoires ayant un point com-
*
chon, rat gris sauvage, rat de gambie, rat pal-
mun : l’atteinte du réseau lymphatique périvas-
miste, souris blanche, souris grise, hérisson. En
culaire se manifestant par une infiltration de
dehors du chien, du chat et du chacal dont la
lymphocytes et, occasionnellement, de polynu-
rage naturelle a servi de base à l’étude, chez
.
cléaires. Ceci explique le rôle du réseau lym-
toutes les espèc’rs il a été procédé à I’inocula-
phatique dans la plupart des viroses neuro-
tion avec de la salive virulente pour le virus des
tropes en général et la rage en particulier. La , rues par voie sous-cutanée ou intra-musculaire
rage apparaît, au début, comme une lymphan- ’ et avec une suspension de cortex cérébral par
gite nerveuse avec atteinte des neurones et de la I voie intracérébrale ou sous-occipitale (chez les
névroglie.
/ grands animaux) pour le virus fixe. II sera pré-
261
18

Fig. 2. - Ganglion cervical supérieur d’un chien : l’infiltration par les cel-
lules inflammatoires est localisée à la périplérie des petits vaisseaux (Rage des
rues ; hématéine-éosine ; X 120).
cisé à propos des diverses espèces animales le
Pasteur de Dakar et souche de l’Institut Pasteur
nombre d’animaux d’expérience.
de Paris) par voie sous-occipitale ou par voie
Pour chaque observation, les prélèvements
sous-cutanée. Dans ce dernier cas, il s’agissait de
suivants ont été pratiqués : cortex cérébral fron-
chiens âgés de 3 à 6 mois et de 15 chiens témoins
tal, cortex cérébral occipital, base du cerveau
ncrmaux ou affectés de maladie de Carré, d’ec-
au niveau des tubercules quadrijumeaux, cornes
zéma, etc.. Malheureusement la seule obser-
d’Amman, bulbe,cerveletet protubérance, moelle
vation de toxoplasmose cunine confirmée que
épinière au niveau des renflements cervical et
ncus ayons faite à Dakar n’a été diagnostiquée
lombaire et des zones cervicale et dorsale,
qu’à. l’issue d’examens histologiques, alors que
ganglions nerveux sensitifs, ganglions de Gasset-,
le système nerveux avait déjà été détruit.
ganglions plexiformes lorsqu’ils existent, gan-
La rage naturelle à virus des rues produit une
glions rachidiens à divers étages, ganglions sym-
méningite faible chez les jeunes chiens, une péri-
pathiques (stellaires, cervicaux supérieurs et
vascularité faible localisée, lorsqu’elle existe,
inférieurs), paroi de l’estomac et de l’intestin
à la base du cerceau et dans la moelle épinière,
(pour observation du plexus myentérique), sur-
une légère réaction gliale chez les jeunes chiens
rénales, glandes salivaires sous-maxillaires et
accompagnée de nodules de Babès. L’infiltration
parfois parotides. Exceptionnellement le clornus
cellulaire lympho-histiocytaire avec quelques
caroticus a été l’objet d’examens.
polynucléaires neutrophiles est constanteet géné-
ralement accusée dans les ganglions sensitifs,
I’J La rage du chien
elle est très fréquente, mais plus modérée, dans
les ganglions sympathiques avec une disposition
Nous avons étudié le système nerveux complet
habituellement périvasculaire (fig. 2). Les nodu-
de 14 chiens affectés de rage naturelie, de
les de Van Gehuchten sont constants et toujours
16 chiens enragés expérimentalement avec le
en assez grand nombre. Parfois plus de deux
virus des rues par diverses voies, de 8 chiens
tiers des cellules ont disparu des ganglions sensi-
ir,oculés avec le virus fixe (souche de l’Institut
tifs, mais ils sont beaucoup moins abondants dans
2 6 2

les ganglions sympathiques. On peut les déceler
20 La rage du chacal
dans le ganglion sympathique de la glande sous-
Nous ne possédons qu’une observation com-
maxillaire. L’infiltration lympho’ide de lamédullo-
plète de rage des rues du chacal. Elle se présentait
surrénale est habituelle, celle des glandes sali-
identique à la rage canine classique.
vaires ne se rencontre que dans un tiers des cas,
mais elle peut affecter même les plus petits glan-
30 La rage du chat
dules salivaires de la base de la langue. Les corps
de Négri sont très fréquemment observés en
La rage naturelle n’a été constatée que chez
grande abondance (80 p. 100 des cas) dans les
trois animaux, mais nous avons infecté expéri-
cornes d’Amman, moins souvent dans la base
mentalement 12 chats en général très jeunes
du cerveau, du cervelet (cellules de Purkinje).
avec le virus des rues et 6 chats avec le virus fixe.
Ils sont plus rares dans le reste de l’encéphale, et
Le mode d’infection consistant à faire plusieurs
exceptionnels dans la moelle épinière. On en
morsures au travers des poils, sur l’animal anes-
trouve quelquefois, mais très peu, dans les gan-
thésié, à l’aide d’une pince trempée dans la
glions de Gasset-, les ganglions sympathiques et
salive virulente, n’aboutit que très rarement à
le plexus myentérique. Nous en avons observé
l’infection des sujets réceptifs,
une fois dans le glomus caroticus.
Le virus des rues n’engendre qu’une faible
La rage expérimentale à virus des rues produit
inflammation du système nerveux central sous
des lésions identiques, mais lors de l’inoculation
forme d’une discrète méringite cérébelleuse,
intracérébrale ou sous-occipitale, la méningite
d’une légère périvascularite de la base du cer-
est plus accusée. En outre, par passage par
veau, seulement ébauchée dans la moelle. La
voie intra-cérébrale de virus des rues, la péri-
réaction gliale de la base du cerveau, du cerve-
vascularite et l’infiltration leucocytaire s’accu-
let et de la moelle est faible, mais il existe quel-
sent.
ques nodules de Babès. L’infiltration lympho-
cytaire avec de rares polynucléaires neutrophiles
A côté de ces observations où I’histopathologie
est très modérée ou faible dans les ganglions
est caractéristique, il en est où toutes les lésions
sensitifs et plus réduite encore lorsqu’elle existe
du système nerveux central peuvent faire défaut,
dans le système sympathique. II n’y a que très
mais alors persistent toujours celles des divers
peu de nodules de Van Gehuchten. L’infiltration
ganglions nerveux.
leucocytaire de la médullo-surrénale est peu
Soulignons enfin que nous avons étudié con-
fréquente, elle est rare dans les glandes sali-
jointement pour le diagnostic de la rage plus de
vaires même lorsque la salive est virulente. Les
50 ganglions de Gasser de chiens enragés. Jamais
corps de Négri sont très abondants surtout chez
en cas de rage positive, n’ont manqué I’infil-
les jeunes dans les cornes d’Amman, la base du
tration, la neuronophagie et la présence de
cerveau, les cellules de Purkinje du cervelet,
nodules de Van Gehuchten. L’absence de ces
les ganglions de Gasser et les autres ganglions
lésions semble autoriser, sinon à conclure d’une
sensitifs. Ils sont exceptionnels dans le cervelet
manière formelle à l’absence de rage, ce qui
de chats adultes et âgés.
est vraisemblable, du moins à observer des
II convient ici encore de signaler l’existence de
mesures plus clémentes vis-à-vis des contami-
rage féline sans la moindre inflammation du
nés.
système nerveux central. Comme elle est dis-
La rage à virus fixe s’accompagne de signes
crète dans les ganglions nerveux, le diagnostic
inflammatoires plus marqués : méningite de la
histologique ne peut être posé ou même confirmé
base du cerveau, des gros plis du cerveau et des
par leur observation.
sillons du cervelet, périvascularite accusée céré-
Le virus fixe produit une méningite plus ou
bro-spinale et forte réaction gliale. L’infiltration
moins marquée de tout l’encéphale. Elle est
cellulaire des ganglions sensitifs est plus faible,
surtout prononcée à la base du cerveau et dans
elle affecte rarement les ganglions sympathiques.
les sillons du cervelet. La périvascularite est
Les nodules de Van Gehuchten sont nombreux
accusée dans tout le système cérébro-spinal, elle
dans les ganglions sensitifs et très rares dans les
accompagne une forte réaction gliale avec nodu-
ganglions sympathiques.
les de Babès. Dans les ganglions sensitifs, I’infil-

--
Fig. 3. - Corne d’Amman d’un cheval : l’infiltration lymphocytaire de la
gaine de Virchow-Robin des artérioles est parti-‘rulièrement bien visible (Virus
fixe ; hématéine-éosine
; X 20).
Fig. 4. - Tissu adipeux entourant la moelle épinière du bœuf : noter
l’existence de nombreux et volumineux manchons d’infiltration péri-vasculaire
(Rage à virus fixe ; hématéine--éosine
; X 20).
2 6 4

tration lymphocytaire est assez modérée et son
nanière diffuse mais peu intense. La satellitose
origine périvasculaire est nettement perceptible.
;e manifeste par l’hypertrophie des cellules satel-
II existe une légère satellitose avec quelques
ites des neurones. II existe une légère neurono-
nodules de Van Gehuchten. Les ganglions sym-
lhagie débutante, mais pas de nodules de Van
pathiques sont normaux en général ; quelquefois
Sehuchten.
on note une légère périvascularite à lympho-
Dans les ganglions sympathiques et plus parti-
cytes dans les ganglions cervicaux supérieurs.
iulièrement dans le ganglion stellaire, existe une
+rivascularite à lymphocytes assez accusée, de
40 La rage du cheval
nême la surrénale montre une légère infiltra-
Nous n’avons pu étudier qu’un seul cheval
tion lymphocytaire.
hors d’âge inoculé par voie sous-occipitale avec
Chez cet animal, nous avons observé une
le virus fixe. Toutefois nous avons relevé par / !grande quantité d’infiltrats périvasculaires dans
deux fois la présence de corps de Négri dans les
le tissu adipeux entourant la moelle épinière et
cornes d’Amman d’un cheval et d’un âne atteints
quelques nerfs (fig. 4).
de rage naturelle.
Le virus fixe entraîne chez le cheval une inflam-
60 La rage du bouc
mation très prononcéeavec uneinfiltration exclu-
Deux jeunes animaux ont été inoculés l’un
sive de lymphocytes. La méningite est très nette,
par voie intramusculaire avec le virus des rues,
la périvascularite est intense tant pour le cerveau
l’autre par voie sous-occipitale avec le virus
(fig. 3) que pour la moelle épinière. II existe une
fixe. Quatre sujets âgés ont été inoculés par
légère infiltration lymphocytaire et une forte
voie intramusculaire avec une forte dose de
réaction gliale avec nodules de Babès. L’infil-
virus des rues sans provoquer le moindre trou-
tration des ganglions sensitifs est intense ; elle est
ble après plus de 6 mois d’observation chez trois
réduite et seulement périvasculaire dans les gan-
animaux ; le quatrième est mort de cachexie
glions sympathiques. Les nodules de Van Gehuch-
après 4 mois, malgré une alimentation identique
ten sont très peu abondants et rares dans les
et un parasitisme intestinal très réduit. II n’a pas
ganglions sympathiques. Les surrénales sont
été décelé de lésion du système nerveux.
normales. Il n’a pas été possible de déceler la
Le virus des rues n’engendre qu’une inflam-
dégénérescence cellulaire qu’engendre le virus
mation relativementdiscrète sousformede ménin-
fixe chez le lapin.
gite très faible localisée au fond de quelques
sillons du cervelet et de périvascularite très
50 La rage de la vache
réduite ; son maximum d’intensité se situe dans
Nous n’avons inoculé qu’une seule vache avec
le bulbe et la moelle épinière lombaire. La réac-
le virus fixe, mais nous avons néanmoins exa-
tion gliale est faible, l’infiltration cellulaire lym-
miné plusieurs cornes d’Amman de vaches enra-
pho-monocytaire diffuse est peu marquée et en
gées naturellement. Elles renfermaient des corps
foyers ; elle est strictement localisée au niveau
de Négri.
du bulbe. Les corps de Négri n’ont pas été
Chez la vache inoculée, le virus fixe n’a produit
retrouvés dans les cornes d’Amman ; ils sont
qu’une inflammation assez modérée : la ménin-
rares dans les cellules de Purkinje du cervelet.
gite est absente, la périvascularite est faible
Sur deux cornes d’Amman de bouc et une de
dans tout le système cérébro-spinal, l’infiltration
gazelle envoyées pour diagnostic, nous avons
cellulaire existe en petits foyers de lymphocytes
décelé d’assez nombreux Corps de Négri.
avec de rares polynucléaires neutrophiles, tandis
Les ganglions sensitifs présentent tous une
que l’infiltration diffuse est très discrète. Les
légère infiltration lymphocytaire et une forte
nodules de Babès sont rares, la réaction gliale
satellitose avec de nombreux nodules de Van
est peu marquée. Les cornes d’Amman son1
Gehuchten ; les corps de Négri n’ont été vus
normales.
que dans quelques ganglions rachidiens.
Les ganglions nerveux sensitifs sont infiltrés
Les ganglions sympathiques ne présentent
à la fois de petits foyers de lymphocytes avec
qu’une légère infiltration lymphocytaire localisée
quelques polynucléaires neutrophiles et d’une
au ganglion stellaire. La médullo-surrénale est
265

atteinte par une légère infiltration lymphocy-
phères cérébraux. Les cornes d’Amman en
taire.
dehors de la périvascularite sont normales.
Dans les glandes sous-maxillaires, rares et
L’infiltration cellulaire diffuse des ganglions
petits foyers de périvascularite lymphocytaire
sensitifs est discrète, de meme que la satellitose,
autour de quelques canaux excréteurs.
mais les ganglions sympathiques et les surré-
La rage à virus fixe présente, par rapport à
nales sont normaux. En outre une légère péri-
la rage des rues, des signes d’inflammation plus
ntivrite lymphocytaire se rnanifeste.
marquée : méningite légère de la base du cer-
veau et du cervelet, périvascularite très accusée
80 La rage du lapin
de la base du cerveau et du cortex cérébral,
mais discrète dans la moelle et localisée seule-
NOUS avons utilisé 8 lapins pour étudier le
ment au niveau du renflement cervical et de la
virus des rues par inoculation par voie sous-
zone dorsale. Les cornes d’Amman sont normales,
cutanée et intramusculaire et 12 lapins pour le
Dans les ganglions sensitifs, on note une péri-
virus fixe.
vascularite nette et une infiltration lymphocytaire
La rage à virus des rues chez le lapin ne se
diffuse bien visible dans les ganglions rachidiens
traduit que par une inflarnmation relativement
et plexiformes, mais presque inexistante pour
discrète de tout le système cérébrospinal. La
les ganglions de Gasset-. La satellitose est assez
périvascularite est faible dans l’encéphale, mais
accusée, la neuronophagie est modérée et il
marquée dans la moelle ; l’infiltration cellulaire
n’y a que de rares nodules de Van Gehuchten et
de lymphocytes et de quelques polynucléaires
Nélis. Les divers ganglions sympathiques et la
n’est que très discrète, de même que la réaction
médullo-surrénale sont normaux,
gliale ; les nodules de Babès sont rares. Les
corps de Négri sont habituellement en nombre
70 La rage du porc
modéré et ne se rencontrent guère que dans les
cornes d’Amman ; ils peuvent manquer totale-
Nous avons inoculé deux porcelets âgés d’en-
ment. Dans les ganglions sensitifs, l’infiltration
viron 3 mois, l’un avec le virus des rues par voie
lymphocytaire est accusée, la satellitose et les
intramusculaire, l’autre avec le virus fixe.
nodules de Van Gehuchten et Nélis sont peu
Le virus des rues produit une inflammation
abondants ; les corps de Négri y sont excep-
prononcée de tout le système cérébrospinal, sous
tionnels. Dans les ganglions sympathiques aussi
forme de périvascularite accusée associée à une
bien cervicaux supérieurs que stellaires, la
intense réaction gliale avec nodules de Babès et
périvascularite est nette, mais les corps de Négri
légère infiltration lymphocytaire. Parmi les gan-
manquent. Nous n’avons observé qu’une fois
glions nerveux sensitifs, les ganglions rachidiens
une infiltration des ganglions du plexus myen-
sont fortement infiltrés de lymphocytes et de
térique intestinal.
quelques polynucléaires neutrophiles et éosino-
La rage à virus fixe, si elle entraîne habituelle-
philes, alors que cette infiltration est faible pour
ment des phénomènes inflammatoires accusés
tous les autres, de même que pour les ganglions
(périvascularite de tout l’encéphale et de la
sympathiques. II existe une légère satellitose,
moelle, infiltration lymphocytaire avec quelques
mais les nodules de Van Gehuchten et Nelis sont
polynucléaires neutrophiles), peut intervenir sur
rares dans les divers ganglions, sauf dans les
un système nerveux où ces lésions sont difficiles
ganglions rachidiens où ils sont cependant peu
à mettre en évidence. La reaction gliale est sou-
fréquents. On enregistre aussi une infiltration
vent nette ainsi que les nodules de Babès. Mais
de la médullo-surrénale. Les corps de Négri
on ne rencontre que rarement la dégénéres-
sont absents des cornes d’Amman et rares dans
cence nucléaire particulière au virus fixe dans la
le bulbe, Nous en avons néanmoins observé
couche externe des cornes d’Amman. Elle se
d’assez nombreux dans une corne d’Amrnon de
présente généralement sur les animaux infectés
porc affecté de rage naturelle.
pendant les mois de mai et juin. Ce point parti-
Le virus fixe est responsable d’une inflamma- / culier fera l’objet de la discussion sur les parti-
tion de même nature, mais beaucoup plus dis-
cularités de la rage. Dans les ganglions sensitifs,
crète, puisqu’elle ne siège que dans les hémis-
l’infiltration par les lymphocytes et quelques poly-
2 6 6

nucléaires neutrophiles est prononcée, la satel- / notamment les qanqlions de Gasser et la plupart
litose bien visible, mais les nodules de Van
des ganglions rachidiens. L’infiltration cellulaire
Gehuchten et Nélis peu abondants. Le système
je trouve à la jonction du ganglion et du nerf.
sympathique et la médullo-surrénale sont nor-
Le système sympat~lique, les médullosurrénales
maux.
et les glandes sali\\,aires sont normaux.
90 La rage du cobaye
100 La rage du rat (genre Raffus)
Nous avons utilisé 12 cobayes, la moitié pour
Nous avons utilisti à des ,fins histopathologiques
l’étude du virus des rues et la moitié pour celle
12 rats blancs, 12 rllts à capuchon et 12 rats gris
du virus fixe.
sauvages (Rattus rcltfus). La moitié des animaux
Le virus des rues ne produit qu’une discrète
a servi à l’étude du virus fixe et l’autre moitié
inflammation cérébrospinale.
La périvascularite,
à celle du virus des rues. Les résultats étant sen-
lorsqu’elle existe, est tout juste ébauchée, I’infil-
siblement identiques, malgré une forme clinique
tration de lymphocytes et de quelques polynu-
légèrement différente (les rats gris affectés par
cléaires neutrophiles est faible dans l’encéphale
le virus des rues font une rage souvent agressive,
et encore moins prononcée dans la moelle épi-
au contraire des rats blancs et des rats à capu-
nière. Le plus souvent, seul le renflement cervical
chon), nous avons groupé les observations.
est atteint et le reste est normal ou très faible-
La rage à virus Ijes rues ne provoque qu’une
ment lésé. La méningite s’observe de temps en
discrète inflammation de tout l’encéphale (péri-
temps au niveau du cervelet et même de la base
vascularite et infiltration de lymphocytes et poly-
du cerveau. Par contre, les corps de Négri se
nucléaires) localisée à la base du cerveau et au
rencontrent habituellement en grande abondance
niveau du bulbe ; par contre, celle-ci est bien
dans les cornes d’Amman et I’hippocampe. On
visible dans toute la moelle épinière ; une ménin-
les retrouve dans le cortex cérébral, dans les
gite cérébelleuse assez accusée est presque tou-
cellules de Purkinje du cervelet et plus rares
jours notée. Les corps de Négri sont la plupart
dans le bulbe et la moelle épinière. Ils sont
du temps très abondants dans les cornes d’Am-
généralement plus abondants chez l’adulte que
mon et dans tout II cerveau, là où il n’y a pas
chez le jeune.
de phénomènes inflammatoires. De nombreuses
Les ganglions sensitifs sont infiltrés de lym-
cellules nerveuses dégénérées sont pourvues
phocytes et de quelques polynucléaires neutro-
d’un noyau pyctwique. Les ganglions sensitifs
philes, mais toujours faiblement, ce qui permet
sont à peine lésés ou normaux. Ils ne renferment
l’apparition d’assez nombreux corps de Négri.
que quelques lymphocytes et polynucléaires neu-
La satellitose est à peine apparente et les nodules
trophiles, les corps de Négri sont rares. Au
de Van Gehuchten et Nélis sont rares, Les gan-
contraire, les gan’glions sympathiques présen-
glions sympathiques cervicaux sont générale-
tent une infiltration notable de polynucléaires
ment affectés tandis que les ganglions sympathi-
neutrophiles et de quelques lymphocytes et les
ques lombaires le sont à un degré plus faible.
corps de Négri sort abondants lorsque l’infiltra
En outre les corps de Négri y sont parfois abon-
tion est faible. La médullosurrénale est parfois
dants. La médullo-surrénale est infiltrée de lym-
infiltrée de lymphocytes de même que la péri-
phocytes et les ganglions myentériques sont
phérie de canaux salivaires. Principalement chez
parfois le siège d’une infiltration de même nature
le rat gris, les ganlglions du plexus myentérique
ou de corps de Négri. Les glandes salivaires
peuvent renfermer des corps de Négri. Assez
montrent la périvascularite à lymphocytes autour
souvent une périnsivrite est mise en évidence.
de quelques canaux salivaires.
La rage à virus fixe est caractérisée par une
Le virus fixe est à l’origine généralement d’une
assez importante infiltration cellulaire de poly-
intense périvascularite et infiltration leucocy-
nucléaires neutrophiles accompagnés de quel-
taire. La méningite cérébelleuse est très marquée,
ques lymphocytes et une périvascularite, prin-
elle s’étend souvent jusqu’à la base du cerveau.
cipalement dans les cornes d’Amman, la base
La réaction gliale est notable. Les ganglions
de l’encéphale et le cortex cérébral, alors qu’elle
sensitifs sont faiblement atteints ou normaux,
est faible dans la noelle épinière. La méningite
267

cérébelleuse est accusée plus particulièrement
pathiques une infiltration de lymphocytes et de
chez le rat gris ; elle peut s’étendre à la base du
polynucléaires neutrophiles et éosinophiles. II
cerveau et à la zone occipitale du cortex céi-ébral.
nous a été possible d’observer à plusieurs repri-
La méningite médullaire est rare. De nombreuses
SS, soit une infiltration légère, soit la présence
cellules pyramidales sont pycnotiques et en voie
de corps de Négri dans les ganglions des plexus
de dégénérescence. Les ganglions sensitifs pré-
myentériques intestinaux ou gastriques. Bien
sentent une infiltration de polynucléaires et de
plvs, les cellules entéro-chromo-argentaffines de
quelques lymphocytes, une légère satellitose et
Kultschitzky peuvent contenir des corps de Négri.
quelques nodules de Van Gehuchten et Nélis.
Ces derniers peuvent également se rencontrer
Par ordre d’intensité décroissante, ces lésions se
dcns le glomus caroticus. La médullo-surrénale
rencontrent dans les ganglions plexiformes, les
est habituellement le siège d’infiltrats lympho-
ganglions de Gasser et les ganglions rachidiens.
cytaires ; elle peut receler de nombreux corps
Le système sympathique est intéressant à consi-
de Négri (fig. 5). Les glandes salivaires sont
dérer car s’il est parfois normal, le plus souvent
généralement infiltrées de lymphocytes aux
il présente une infiltration cellulaire de même
zones habituelles.
type que celle des ganglions sensitifs. Elle est
Le virus fixe produit une méningite intense du
plus particulièrement marquée au voisinage des
cervelet souvent étendue il tout l’encéphale et
artérioles et s’observe avec prédilection dans les
meme à une partie de la moelle, et une périvas-
ganglions cervicaux supérieurs et avec une
cularite généralement notable dans tout I’encé-
moindre fréquence dans les ganglions stellaires ;
phale et discrète dans la moelle épinière. L’infil-
on rencontre même parfois de petits corps de
tration de lymphocytes et de polynucléaires est
Négri. Les ganglions du plexus myentérique, la
surtout localisée au bulbe. On ne trouve pas de
médullo-surrénale et les glandes salivaires sont
dégénérescence cellulaire du type virus fixe.
normaux. La périnévrife est assez rare.
Les ganglions sensitifs sont le siège d’une infil-
tration de lymphocytes, polynucléaires neutro-
Il0 La rage du rat de Gambie ou Kantchioulis
philes et éosinophiles généralement assez mar-
(Cricetamys gambianus)
quée, mais plus faible pour les ganglions rachi-
diens et de Gasser que pour les ganglions plexi-
Nous avons inoculé 6 animaux par voie sous-
formes. La neuronophagie est toujours discrète.
cutanée avec le virus des rues et 6 autres avec
Les ganglions sympathiques sont fréquemment
le virus fixe.
normaux, mais une légère infiltration cellulaire
Le virus des rues n’est responsable que d’une
de même type que pour les ganglions sensitifs
inflammation très modérée de l’encéphale et
peut s’observer dans les ganglions cervicaux
légère de la moelle épinière à ses divers etages,
supérieurs, et avec une fréquence moindre dans
sous forme de périvascularite et d’infiltration
le ganglion stellaire. La médullo-surrénale, les
de lymphocytes avec de rares polynuclriaires.
ganglions du plexus myentérique intestinal et les
Les corps de Négri sont le plus souvent abon-
glandes salivaires sont normaux.
dants tant dans les cornes d’Amman que dans
le reste de l’encéphale et le cervelet ; ils sont
120 La rage de l’écureuil fouisseur
rares dans la moelle épinière ; toutefois, ils
ou rat palmiste (Euxerus eryfhropus)
peuvent manquer totalement. Les ganglions ner-
veux sensitifs sont habituellement le siège d’une
Nous n’avons étudié que quatre sujets infectés
infiltration cellulaire de lymphocytes, polynu-
avec deux virus des rues très négrigènes.
cléaires neutrophiles et de quelques polynuclé-
Le virus des rues ne produit qu’une IPgère
aires éosinophiles. Les corps de Négri sont
méningite de la base du cerveau, une discrète
nombreux dans les zones non infiltrées. La neuro-
périvascularite de cette même zone, ainsi que
nophagie est rare. Les ganglions sympatyiques
du bulbe et, dans un cas, de la moelle épinière.
présentent la même infiltration cellulaire ctue les
L’infiltration lymphocytaire se rencontre dans
ganglions sensitifs, mais ils sont plus riches en
la moelle, les nodules de Babès y sont peu fré-
corps de Négri. On note aussi bien à la périphé-
quents. Les corps de Négri, par contre, sont
rie des nerfs et des ganglions sensitifs ou sym-
extrêmement abondants dans les cornes d’Am-

Fig. 5. - Médullo-surrénale du rat de Gambie : Présence de nombreux
corps de Négri cytoplasmiques (Rage à virus des rues Seilers : X 1.000).
Fig. 6. - Ganglion rachidien d’une souris : les cellules inf!ammatoires qui
infilfrent le fissu nerveux ef constifuenf les nodules de Van Gehuchfen et Nelis sont
essentiellement des polynucléaires neutrophiles (Virus de la rage des rues ; héma-
téine-éosine
; X 800).
2 6 9

Fig. 7. - Ganglion du plexus myentérique de l’intestin grêle d’une souris.
Noter quatre corps de Nég:i dans une cellule (Virus de la rage des rues ;
Wlet-s après fixation à I’alccol à 800, x 800.)
mon et très nombreux dans le reste de I’encé-
e” également dans le reste du cerveau et quel-
phale et le cervelet ; ils sont rares dans le bulbe
quefois le cervelet, (ils sont rares dans les neu-
et la moelle épinière. L’infiltration lymphocy-
rones médullaires) ; soit une inflammation mar-
taire et de polynucléaires est discrète dans les
quée s’accompagnant d’un nombre réduit de
ganglionsnerveuxtantsensitifsquesympathiques;
corps de Négri. L’inflammation consiste en une
par contre, les corps de Négri sont d’une rare
legère périvascularite, une infiltration de lym-
fréquence dans tous ces ganglions. La médullo-
p:iocytes avec quelques polynucléaires, une réac-
surrénale présente des foyers de lymphocytes
tion gliale et dans la moelle épinière parfois une
et de rares corps de Négri. On retrouve ceux-ci
épendymite. La méningite est généralement très
dans les cellules du plexus myentérique intes-
discrète lorsqu’elle existe, même au niveau du
tinal. Dans les glandes salivaires, l’infiltration
cervelet. Dans les ganglions sensitifs, I’infiltra-
lymphocytaire autour des canaux excréteurs
tion de lymphocytes et de polynucléaires neutro-
est discrète et présente dans deux cas seulement.
philes (fig. 6) et éosinophiles est discrète et par-
fois absente, principalement au niveau des gan-
130 La rage de la souris
glions de Gasser ; les corps de Négri sont rares
et s’observent plutôt dans les ganglions rachi-
Nous avons inoculé des souris blanches et des
diens. Les ganglions sympathiques ne sont que
souris grises. Les résultats sont identiques chez
peu infiltrés, mais les corps de Négri s’y ren-
les deux types d’animaux. Nous avons examiné
contrelit d’une manière non exceptionnelle. La
12 souris blanches et 6 souris grises inoculties par
périnévrite est modérée, rnais assez fréquente.
voie sous-cutanée avec diverses souches de virus
De même, on peut déceler des corps de Négri
des rues et 18 souris blanches inoculées par voie
dans les ganglions du plexus myentérique intes-
intracérébrale avec le virus fixe.
/ tinal. L’infiltration lymphocytaire des surrénales
Le virus des rues, selon les souches, produit :
est exceptionnelle. Les glandes salivaires sont
soit une inflammation modérée et de très nom-
de temps en temps infiltrées de lymphocytes. II
breux corps de Négri dans les cornes d’Amman,
l
/
1convient encore de signaler que l’infiltration
2 7 0

cellulaire, aussi bien dans l’encéphale que dans
Négri de même que quelques cellules entéro-
les ganglions nerveux, offre une particularité :
chromo-argentaffines. La médullo-surrénalen’est
un certain nombre de leucocytes ont subi la
pas infiltrée mais renferme quelques corps de
dégénérescence avec pycnose nucléaire ou cary-
Négri. Nous avons omis d’examiner les glandes
orrhexis.
salivaires, ce qui est regrettable en raison de
Le virus fixe du lapin produit chez la souris,
leurs particularités histologiques (présence d’îlots
lors des premiers passages, une méningite plus
de cellules avec des noyaux géants apparem-
marquée au niveau du cervelet qu’au niveau de
ment polyploïdes).
l’encéphale avec une périvascularite et une
Le virus fixe enfin ne produit qu’une inflam-
infiltration de lymphocytes et polynucléaires
mation discrète tant de l’encéphale et de la
modérées. Après le cinquième passage sur sou-
moelle que des divers ganglions nerveux et
ris, la méningite diminue d’intensité pour dis-
même du glomus caroticus. Elle se manifeste
paraître le plus souvent vers le 10e passage,
par une ébauche de périvascularite et une dis-
tandis que les autres lésions inflammatoires aug-
crète infiltration lymphocytaire. Contrairement
mentent. Dans les cornes d’Amman, on rencon-
à ce qui se passe chez les autres espèces animales
tre environ 2 fois sur 5 en moyenne, des lésions
examinées, on relève la présence de quelques
nucléaires de même nature que celles que pro-
corps de Négri tant dans les cornes d’Amman
duit le virus fixe chez le lapin, mais elles ne sont
que dans l’encéphale et, dans deux observations,
nombreuses qu’aux mois de mai et juin. Les gan-
dans les divers ganglions nerveux. Une fois,
glions sensitifs sont habituellement légèrement
la médullo-surrénale était légèrement infiltrée
infiltrés de quelques polynucléaires et lympho-
de lymphocytes.
cytes, la satellitose est discrète, mais la neuro-
nophagie est rare ainsi que l’infiltration leuco-
III. - CONCLUSIONS
cytaire des ganglions sympathiques. Les surré-
HISTOPATHOLOGIQUES
nales et les glandes salivaires sont normales.
L’étude des lésions qui viennent d’être passées
140 La rage du hérisson
en revue appelle quelques commentaires concer-
nant leurs particularités en fonction de l’espèce
Nous avons inoculé deux hérissons avec deux
animale et du virus responsable. Les caractères
souches de virus des rues et trois avec le virus
propres à chaque espèce permettront alors de
fixe.
préciser les relations de I’histopathologie et de
Le virus des rues, dans un cas, n’a produit
la clinique.
comme seule lésion qu’une discrète infiltration
Lorsque l’on compare I’histopathologie de la
des ganglions sensitifs, du glomus caroticus et
rage à virus fixe à celle de la rage à virus des rues,
l’apparition de quelques corps de Négri dans
l’on est frappé, quelle que soit l’espèce animale,
ceux-ci aussi bien que dans les ganglions sym-
par l’intensité plus grande des phénomènes
pathiques. Dans l’autre cas, l’inflammation très
inflammatoires que provoque le virus fixe. Elle
discrète de tout le système nerveux sous forme
se manifeste principalement par la méningite et
d’une ébauche de périvascularite et d’infiltra-
la périvascularite du système nerveux central.
tion cellulaire de la base du cerveau et de la
En revanche, l’atteinte du système sympathique
moelle épinière s’accompagne de la formation
par ce virus est réduite ou absente. Elle est
d’un nombre considérable de corps de Négri
réduite lorsque le virus des rues affecte fortement
dans les cornes d’Amman, mais également dans
le système sympathique ; elle est absente lors-
tout le reste du système nerveux central. Si les
qu’il n’est que faiblement intéressé. Cette notion
ganglions plexiformes et de Gasser sont Iégère-
appelle néanmoins une réserve. Est-ce bien le
ment infiltrés de quelques polynucléaires, les
virus qui produit cette différence, ou bien est-ce
ganglions rachidiens et les ganglions sympathi-
le mode d’introduction différent qui en est la
ques ne le sont pas. Mais tous ces ganglions recè-
cause ? Pour tenter de résoudre cette question,
lent de nombreux corps de Négri. La neurono-
nous avons inoculé de jeunes animaux avec le
phagie est très discrète. Les ganglions du plexus
virus fixe par voie périphérique et le virus des
myentérique intestinal renferment des corps de
rues par voie intracérébrale ou sous-occipitale,
271

Les jeunes animaux sont en effet très sensibles
rats palmistes et des hérissons, où l’infiltration
au virus fixe (souche de l’Institut Pasteur de
cellulaire est à peine perceptible sont particu-
Dakar ou souche de l’Institut Pasteur de Paris)
IiPrement riches en corps de Négri volumineux ;
inoculé tant par voie intramusculaire que sous-
chez le chat, il n’y en a que relativement peu
cutanée, intradermique, intrapéritonéaleou intra-
en regard d’une infiltration lymphocytaire très
veineuse (5). II est apparu que le virus fixe
modérée ; chez le chien, ils sont rares alors que
inoculé par voie périphérique produit des lésions
l’inflammation est accusée. Bien plus, dans un
moins intenses de tout le cerveau notamrnent la
même ganglion nerveux, des corps de Négri
méningite, alors que l’inflammation mé?ullaire
siègeront dans les cellules éloignées des zones
reste accusée. De même, le virus des rues injecté
d’infiltration leucocytaire.
par voie intracérébrale ou sous-occipitale pro-
L’étude histochimique montre que I’élabora-
duit une plus grande inflammation méningée et
tion des corps de Négri entraîne une légère
éventuellement de la base du cerveau. II s’agit
consommation des phosphatases alcalines par
apparemment de l’action d’une forte dose de
la cellule ainsi qu’une perte d’acide ribonucléi-
virus directement placé au contact du système
que. L’inflammation trouble la circulation et vicie
nerveux central. Cependant malgré ce rectifi-
le métabolisme cellulaire d’où disparition de
catif, le virus fixe produit une plus forte inflam-
cette véritable réaction de défense. II s’agir bien
mation nerveuse que le virus des rues.
ici de défense, car l’on comprendrait mal que
II existe également une relation entre 1~3. viru-
des cellules telles les cellules nerveuses des gan-
lence et l’inflammation. Plus le titre du virus est
glions sympathiques du hérisson, puisse élaborer
élevé et plus les phénomènes inflammatoires
plus d’une vingtaine de corps de Négri, avec un
(périvascularite et infiItrationleucocytaire)seront
noyau parfaitement normal en apparence, si
importants. On peut le contrôler aisément avec
elle était dégénérée. La dégénérescence ne s’ac-
le virus fixe du lapin passé en série chez la
compagnerait que de la formation de rares
souris.
corps cle Négri et le noyau cellulaire montrerait
On doit encore tenir compte dans I’intewité de
des signes de souffrance, ce qui n’est pas. Toute-
l’inflammation de la période de l’année et de
fo s la cellule qui renferme de nombreux’ corps
l’âge du sujet. Les phénomènes inflammatoires
de Négri n’a plus un métabolisme normal (ses
sont plus marqués vers les mois de décembre,
réserves en ribonucléoprotéines sont épuisées)
janvier et février que dans le reste de l’année ;
et l’on verra l’importance clinique de ce fait.
ils le sont également chez le jeune par rapport
Si nous avons insisté sur l’opposition de la
au vieux, mais ici il existe de nombreuses excep-
fo-mation des corps de Négri et des phénomènes
tions. De même les lésions nucléaires de type
in.‘lammatoires,
c’est en raison de l’importance
virus fixe, caractéristiques chez le lapin, ne se
diagnostique de cette constatation. Lӎtude des
rencontrent qu’aux mois de mai et juin. C’est
gc.nglions de Gasser a été recommandée pour le
d’ailleurs à cette époque que le titre de virulence
diagnostic histologique de la rage. On doit,
du virus est le plus élevé. II en est de même chez
selon les animaux, en tirer des renseignements
la souris. Ceci montre la difficulté d’ideqtifica-
de valeur différente. Chez le chien, la recherche
tion de ce virus à certaines périodes de l’année.
des corps de Négri n’a que peu d’intérêt ; au
On doit rapprocher ces notions des variations
contraire, la présence d’une forte infiltration
tissulaires que produit le climat de la région de
leucocytaire associée à lu présence de nodules
Dakar (6).
de Van Gehuchten et Nélis assez nombreux,
Si l’on examine I’histopathologie propre au
confirme la rage même en l’absence de corps de
virus des rues, on remarque une opposition entre
Négri, dans les cornes d’Amman. Tout au plus,
la formation des corps de Négri et les phéno-
peut-on pécher par excès si l’on tient compte de
mènes inflammatoires, c’est-à-dire que lec corps
la discrète infiltration lymphoïde et de la très
de Négri ne sont abondants que lorsque I’inflam-
faible neuronophagie que peut produire la mala-
mation est modérée, Cette notion est déjà bien
die de Carré. Dans ces cas, il convient de conclure
sensible chez le chien, mais elle apparaît encore
à la suspicion. II ne faudrait pas tenir un sembla-
plus nette dans la pathologie comparée. En effet,
ble raisonnement pour le chat, chez qui I’inflam-
les ganglions nerveux des rats de C-nmhie, des
mation est toujours discrète : ici la recherche des
212
.

corps de Négri s’impose et joue le rôle majeur i chesse en y-qlobulines non spécifiques, permet
pour le diagnostic. Ne possèdant pas suffisam-
de concevo/rÏa raison de la rksistance à la rage
ment d’observations pour les autres espèces,
des chiens âgés de plus de 2 ans, comme le
nous n’osons donner des indications certaines ;
montre les statistiques que nous avons publiées
toutefois chez les rongeurs et le hérisson, la
antérieurement (1-2-3).
recherche des corps de Négri doit fournir plus
Ajoutons également que des affections autres
de renseignements que l’étude des cornes d’Am-
que les viroses sont susceptibles de produire les
mon. II apparaît ainsi très souhaitable que le
lésions inflammatoires des ganglions nerveux.
diagnostic histologique de la rage soit basé sur
Après guérison, elles donnent une résistance
l’étude simultanée des cornes d’Amman et des
naturelle à la rage. C’est le cas de nombreuses
ganglions de Gasser dont le prélèvement n’offre
rickettsioses, des trypanosomiases. Ceci permet
aucune difficulté.
de comprendre pourquoi les 4 boucs âgés que
On vient de voir que les lésions inflammatoires
nous avons inoculés avec une grosse dose de
non spécifiques produites par le virus rabique
virus des rues, ont résisté à la rage. En effet, leur
varient en fonction de l’espèce animale. II s’agit
sérum agglutinait, comme l’a constaté GIROUD,
là d’un caractère propre à chaque espèce, quel
plusieurs espèces de rickettsies,
que soit le virus neurotrope en cause. En effet,
L’histopathologie comparée apporte encore
on retrouve dans chaque espèce animale, à
une notion capitale pour envisager un trairement
l’intensité près, les même lésions aux mêmes
de la rage déclarée. Si l’on compare, en effet,
endroits, quel que soit le virus neurotrope uti-
les lésions que produit le virus des rues chez le
lisé. Par exemple, chez le porc, dans la rage
hérisson, le rat de Gambie et le rat palmiste,
comme dans la maladie de Teschen et même la
on constate une grande parenté histopathologi-
peste porcine africaine, des lésions médullaires
que. Or la température interne de ces animaux
identiques dominent, mais en outre les ganglions
est très différente ; elle varie de 330 C chez le
rachidiens eux aussi sont lésés de la même ma-
hérisson à 360 C chez le rat de Gambie et 370 à
nière. On pourrait à loisir multiplier les exem-
380 C chez le rat palmiste. La température interne
ples. Cette notion est très importante, car elle
ne semble pas avoir beaucoup modifié l’intensité
permet de comprendre la résistance naturelle
des lésions.
des animaux à la rage et réciproquement à
Nous avons inoculé deux jeunes chiens de la
d’autres viroses. Cette conception a fait l’objet
même portée. Chez l’un la rage a évolué nor-
d’un récent travail (7). Rappelons simplement,
malement ; chez l’autre, une hibernation a main-
pour le cas du chien, qu’un sujet guéri de maladie
tenu la température interne aux environs de
de Carré conserve des séquelles au niveau des
340 C. La maladie a duré 36 heures de plus.
cellules nerveuses que le virus rabique serait
Malheureusement les lésions étaient plus accu-
susceptible d’atteindre. Dès lors l’animal est
sées chez I’hiberné. A quoi donc a servi I’hiber-
réfractaire à l’infection, même par une grosse
nation qui permet une survie prolongée et une
dose de virus. Et pourtant tous les essais d’immu-
autostérilisation, puisque les lésions seront si
nisation croisée avec le virus de Carré, nous
accusées que l’organisme ne sera plus viable
ont montré l’absence de parenté entre ces deux
dans les conditions naturelles ?
virus. La résistance ne correspond pas à une
II ne semble pas que l’on doive guérir la rage
immunité au sens propre du mot, mais à une
naturelle en cherchant à produire I’autostéri-
modification des cellules et de la substance fon-
lisation de l’organisme. Nous avons en effet
damentale qui leur sert d’intermédiaire de méta-
noté une relation étroite entre le degré de viru-
bolisme. Nous ne voulons pas parler de carence
lence des tissus et l’intensité des phénomènes
en une substance nécessaire au virus, car si
inflammatoires. C’est pourquoi nous nous som-
l’animal résiste par inoculation par voie péri-
mes demandé si les leucocytes n’auraient pas
phérique, il peut parfois contracter la rage par
une action destructive directe vis-à-vis du virus
voie intracérébrale avec le virus des rues et,
rabique. Pour contrôler ce point de vue, nous
plus encore, avec le virus fixe qui permet I’injec-
avons mis en incubation à l’étuve à 370 C un
tien d’une plus grande quantité de virus.
broyat de ganglion lymphatique de bceuf avec
Cette résistance, alliée à une plus grande ri-
soit de la salive virulente, soit une émulsion de
273

tissu nerveux. Les témoins étaient formés avec
pharynx appelle une mention particulière, car
du sérum physiologique ou avec un broyat cel-
si I’apraxie existe, due à la neuronophagie des
lulaire tué par congélations et décongélations
ganglions de Gasser et plexiformes, elle n’est
répétées. II n’a pas été possible de noter la
pas toujours seule en cause. En effet, l’animal
moindre action neutralisante de la suspension
peut fort bien ne plus manger, non par apraxie,
de lymphocytes. II est donc probable ou que I’in-
mais parce que la sensation de faim a disparu.
filtration lymphocytaire agit conjointement avec
C’est ici le trouble du système sympathique qui
la réaction gliale, ou que cette infiltration n’est
est en cause, notamment au niveau des ganglions
que le témoin du phénomène.
stellaires et éventuellement du plexus myenté-
Avant d’en terminer avec I’histopathologie,
rique gastro-intestinal. Nous avons, en effet,
rappelons que les virus en général produisent
observé à plusieurs reprises, notamment dans
dans les cellules les modifications suivantes :
un cas extrême, un chien qui n’avait pas mangé
dégénérescence particulière, formation d’inclu-
depuis quatre jours et dont l’estomac renfermait
sions cellulaires et formation de plasmodes. Le
son dernier repas non digéré, mais non putréfié
virus rabique lui aussi engendre ces transfor-
en raison du pH très acide qui avait persisté. II
mations. Les plasmodes sont rares et générale-
sernble que le syndrome gastro-intestinal soit
ment difficiles à observer, mais nous en avons
sous la dépendance lui aussi des lésions du sys-
identifiés avec certitude dans les ganglions ra-
tème sympathique.
chidiens, notamment chez la souris.
L’observation suivante illustre d’une manière
Nous avons antérieurement (l-2-3) signalé la
particulièrement nette les relations de la cli-
présence d’inclusions cellulaires cytoplasmiques
nique et de I’histopathologie. Nous avons ino-
dans l’épithélium amygdalien de chiens enragés.
culé, par voie sous-occipitale, un chien âgé avec
A la suite des nouvelles observations qui sont
le virus des rues. Aucun signe clinique n’appa-
rapportées ci-dessus, nous pensons qu’il s’agit
raît. L’étude histologique du système nerveux de
d’inclusions dues à un virus associé comme le
cet animal, abattu après un mois et demi sans
virus de la rhino-amygdalite contagieuse du
qu’il ait manifesté le moindre trouble, révèle
chien, car nous ne les avons pas retrouvés chez
la présence d’une périvascularite accusée de tout
d’autres espèces animales.
l’encéphale et modérée de la moelle épinière,
ainsi que des corps de Negri dans les cornes
IV. - RELATIONS DE L’HISTOPATHOLOGIE
d’Amman. Par contre, tous les ganglions ner-
ET DE LA SYMPTOMATOLOGIE
veux sensitifs et sympathiques étaient normaux.
Cette observation, si elle permet de confirmer
Nous avons antérieurement (l-2-3) décrit les
les raisons de la résistance du chien à la rage (7)
caractères de la rage canine et insisté sur la
montre également que les signes cliniques sont
nature de la pseudoparalysie qui n’est, en rcialité,
bien SOIJS la dépendance de l’atteinte ganglion-
qu’une apraxie. Les présentes observations con-
naire. Ce chien, dont le système nerveux était
firment ce point de vue et permettent de prhciser
virulent, constituait un porteur sain dont Andral
le lien qui unit le signe clinique et la lésion. En
et Sérié (8) a déjà montré l’existence.
effet, tant que les ganglions rachidiens sont sim-
Chez le chat, on observe au contraire, et sur-
plement infiltrés de leucocytes, il n’y a aucun
tout chez le jeune chat, un syndrome cérébelleux
signe clinique ou, tout au plus, une légère fai-
vrai dû à la méningite cérébelleuse et parfois à
blesse des membres. Au contraire, dès que la
une dégénérescence vraie très nette des cellules
neuronophagie s’installe, I’apraxie apparaît et
de PIJrkinje. Elle se traduit par I’hypotonie mus-
son intensité correspond au nombres de nodules
culaire ou l’asthénie. On peut aisément recon-
de Van Gehuchten. II s’agit bien d’une apraxie,
naître l’ataxie et même le tremblement au mo-
car l’animal couché ne peut se porter sur ses
ment de la contraction musc.ulaire. L’apraxie se
membres, mais il est capable de les agiter même
rercontre très nette lorsquel’animal veut manger,
violemment. Lors de l’autopsie de l’animal abattu
mais ne sait plus. Elle s’observe bien aux stades
en période agonique, le pincement des nerfs
de début. Elle est due, comme chez le chien, aux
sciatiques produit la contraction des muscles cor-
lésions des ganglions de Gasser et plexiformes.
respondants. La paralysie des mâchoires et du
Les lésions du système de la vie de relation se
214
t

traduisent par de la mydriase lors de l’infection
nerveux et non de la moelle. L’atteinte de deux
par le virus des rues, alors que le système sym-
ganglions homologues peut être d’intensité dif-
pathique non lésé pendant l’infection par le virus
férente, mais cette faible variation ne se traduit
fixe n’entraîne pas ce trouble visuel.
pas cliniquement avant la mort.
Quant à l’agressivité chez les carnivores, elle
Mentionnons encore que, chez le chien affecté
ne se manifeste que lorsque les lésions de la base
de rage naturelle tué dans les premiers stades de
du cerveau et, plus particulièrement, de la zone
la maladie, les ganglions de Gasser sont plus
supra-optique sont marquées mais presque exclu-
lésés que les ganglions plexiformes et cervicaux
sives. La méningite de la base du cerveau paraît
supérieurs, ce qui paraît indiquer la précocité
jouer un rôle notable à ce moment, apparem-
de leur affection et correspond à l’apparition,
ment par la compression locale qu’elle provoque.
en général précoce, des symptômes bucco-pha-
L’hypertension du liquide céphalo-rachidien cé-
ryngés.
rébral paraît entraîner l’agressivité par le même
Les considérations précédentes s’appliquent
mécanisme.
aux quelques observations que nous avons pu
II convient, ici, d’ouvrir une parenthèse. En
faire chez le cheval, la vache, le bouc et le porc.
effet, nous avons constaté que l’inoculation expé-
Nous avons relevé une véritable apraxie de tout
rimentale ne produit que des troubles de type
le système musculaire sans le moindre signe de
paralytique, tandis que la maladie naturelle peut
paralysie vraie ou d’agressivité.
entraîner une agressivité généralement transi-
Au contraire, chez certains rongeurs, rat blanc
toire et fugace. Cette agressivité n’apparaît pra-
et souris blanche, on trouve une paralysie effec-
tiquement jamais lors d’injection intracérébrale
tive. Elle est sous la dépendance d’une véritable
de virus des rues. Cependant, nous avons pu la
myélite, alors que les ganglions rachidiens ne
déterminer avec des doses particulièrement fai-
sont que peu lésés et surtout ne renferment que
bles de virus. Tout se passe comme si I’envahis-
de rares images de neuronophagie.Cesanimaux,
sement rapide du système nerveux par le virus
dont les ganglions de Gasser sont normaux, ou
rabique, entraînant la formation de lésions pré-
à peine infiltrés, n’ont aucune paralysie du
coces généralisées des ganglions nerveux, empê-
pharynx. Ils mangent jusqu’à l’extrême limite.
chait l’extériorisation de l’agressivité ; au con-
Chez le lapin, au contraire des rats et souris,
traire, une dose faible, surtout si elle suit la
les signes cliniques sont sous la dépendance
voie périphérique, produit d’abord la multipli-
simultanée de l’atteinte des ganglions rachidiens
cation locale du virus responsable de ces trou-
(apraxie) et du cervelet (ataxie, asthénie accu-
bles. Rappelons à ce sujet qu’à la suite de I’injec-
sée).
tion intracérébrale d’une dose infime d’un colo-
Chez le rat de Gambie et le rat palmiste, les
rant on constate sa dissémination par le liquide
symptômes sont très discrets. Les animaux sont
céphalo-rachidien jusqu’au bout de la moelle en
agités, hyperesthésiés, perdent le sommeil et
une dizaine de minutes, ainsi que nous l’avons
cessent de manger ; puis se manifeste une fai-
constaté à maintes reprises. L’injection intra-
blesse du train postérieur. Parmi ces symptômes,
cérébrale aboutit à l’inondation quasi-instanta-
on peut rattacher la perte de l’appétit aux trou-
née de tout le système cérébro-spinal.
bles gastriques sous la dépendance de l’atteinte
S’il a été possible, chez les carnivores, de
du système sympathique. La faiblesse des mem-
rattacher les lésions que nous venons de mention-
bres peut traduire l’asthénie d’un syndrome céré-
ner, aux symptômes, nous n’avons pu trouver
belleux, mais aussi l’insuffisance fonctionnelle
un lien à la variation de certaines lésions médul-
de cellules particulièrement riches en corps de
laires. En effet, surtout chez le chat, mais égale-
Négri.
ment chez le chien, l’intensité de la périvascu-
Chez le hérisson, le même problème se pose.
larik et de la réaction gliale varie selon les
En dehors de l’arrêt de la nutrition, l’animal
sections. II existe des foyersinflammatoires répar-
manifeste exclusivement de l’agitation, la perte
tis tout au long de lamoelleépinière. Ils ne parais-
du sommeil, la suppression fréquente du réflexe
sent pas correspondre à une localisation périphé-
de « mise en boule » lors du toucher. L’asthénie
rique de troubles nerveux. La liaison du symp-
et les troubles de la marche ne s’observent que
tôme et de la lésion se fait au niveau des ganglions
dans les stades ultimes de la maladie. Dans ces
215
.

conditions, il est difficile de rattacher les symp-
d’évolution de la rage qui plaide en faveur de
;
tômes aux lésions, Notons néanmoins que le
cette conception.
hérisson, dont tout le système nerveux central
Disons, dès à présent, que le rat de Gambie
était histologiquement normal, est mort sans
s’est révélé plus sensible a la rage des rues que
.-
avoir présenté d’autre trouble qu’une dispari-
la souris, par voie sous-cutanée. A dose propor-
tion du sommeil et tardivement de l’appétit.
tionnelle équivalente mais faible de virus, le rat
On arrive ainsi naturellement à se poser une
de Gambie adulte contracte la rage alors que Ja
question importante, bien que non encore réso-
souris blanche adulte résiste. En outre, lors
lue : quelle est la cause dernière de la mort
c’inoculation simultanée avec le même virus des
dans la rage ? Nous mettons à part les circons-
rues de rats palmistes et de rats de Gambie de
tances accidentelles telles que la mort par bron-
même âge approximatif, par voie intracérébrale
cho-pneumonie gangréneuse de fausse dégluti-
et sous-cutanée, on constate l’évolution et la
_
tion, au cours d’une crise d’épilepsie, etc. . En
mort dans un délai analogue. Par contre, I’injec-
effet, des animaux dont le système nerveux cen-
tion intramusculaire produit une évolution plus
tral est normal meurent de rage ; de même chez
précoce alors qu’elle est retardée lors d’injection
+
les hérissons comme chez les rats palmistes et
intradermique. Ces anomalies paraissent s’ex-
les rats de Gambie, l’inflammation est très dis-
pliquer par l’atteinte primitive du système sym-
crète et la présence de corps de Négri dans les
pathique comme le laissait prévoir I’histopatho-
cellules diminue simplement leur fonctionne-
logie. Le virus injecté dans les muscles de la
ment ; bien plus, lors de rage à virus fixe, ils
gouttière vertébrale parvient plus vite aux gan-
n’existent pas et la mort est pratiquement inéluc-
glions stellaires proches que le virus injecté par
table. Doit-on parler comme certains de toxine
voie intracérébrale. Ce dernier a un plus long
rabique (9) ? II ne le semble pas. La dénutrition
trajet à faire pour atteindre l’un quelconque des
joue-t-elle un rôle, puisque l’animal enragé ne
ganglions sympathiques, même en tenant compte
mange plus et n’est plus capable de digérer dans
de la rapide dispersion du virus dans tout le
la plupart des cas ? Ceci d’autant plus que la
liquide céphalo-rachidien. Ces différences ne
rage consomptive ne s’accompagne souvent
s’expliquent pas si l’on fait appel uniquement à
d’aucune lésion histologiquement décelable en
la diffusion par le système lymphatique et le
dehors de la dégénérescence de quelques cel-
sang. D’ailleurs les observations de BOECKER et
i
lules de l’encéphale.
KRAUSE sont criticables en ce que la dose de
virus inoculée est énorme par rapport à celle
V . - INCIDENCES SUR LA PATHOGÉNIE de l’infection naturelle. La dilution du virus par
a
DE LA RAGE
le cheminement lymphatique, puis sanguin, per-
met-elle dans ces conditions l’infection du sys-
II a été admis pendant longtemps que le virus
téme nerveux ?
gagne le système nerveux central par le chemi-
Dès lors, se trouve naturellement expliquée la
nement danx les cylindraxes des nerfs. Récem-
modification du virus par passage sur des espè-
ment BOECKER et KRAUSE (10) ont montré
ces différentes. Le tropisme du virus pour le
chez la souris le rôle du système lymphatique des
s:jstème sympathique acquis après quelques pas-
nerfs, Nous avons insisté ci-dessus sur l’atteinte
sages sur le hérisson, par exemple, apportera
du système lymphatique nerveux. La lésion du
un retard à l’évolution normale de la rage chez
réseau lymphatique est manifeste en général
le cobaye ou la souris. II semble que l’on doive
chez les carnivores, les équidés, suidés, rumi-
de même rechercher à l’aide de I’histopathologie
nants, lapins, etc.. . mais elle est à peine ébau-
le tropisme particulier du virus rabique chez la
chée chez le rat de Gambie, le rat palmiste et
chauve-souris.
le hérisson. Chez ces derniers animaux, I’affec-
L’histopathologie fait de même ressortir la
tion du système sympathique paraît dominer la
différence de comportement du virus fixe par
scène. Faut-il donc admettre un transport diffé-
rapport au virus desrues. L.evirus des ruesaffecte
rent du virus chez eux ? En ce qui concerne le
plus ou moins intensément le système sympa-
virus des rues, nous avons effectivement noté
thique, alors que le virus fixe ne le lèse prati-
des variations dans la durée d’incubation et
quement pas et lorsque ce fait se produit, c’est
216
t

assez tardivement. Les passages par voie intra-
se sont constituées en 48 heures, alors que fe
cérébrale ont modifié le tropisme du virus chez
virus était présent dans le système nerveux au
le lapin, mais que l’on passe le virus fixe chez la
moment de l’injection déchaînante. Son titre était
“.
souris et son comportementse trouvetransformé ;
très faible, car habituellement on ne peut le
il reprend une grande virulence par voie péri-
mettre en évidence par passage sur souris.
phérique. Notons toutefois que le virus rabique
L’histopathologie classique ne permet pas de
I
fixe tue normalement les souris dans une notable
préciser sous quelle forme le virus se trouve dans
proportion par toutes les voies périphériques
la rage latente, mais on doit rapprocher ces
même les voies intradermique, intracérébrale et
observations de celles de la résistance naturelle
intrapéritonéale. Ce même virus tue le lapin
à la rage. Le virus paraît se trouver dans la
déjà partiellement immunisé par voie sous-cuta-
substance fondamentale péricellulaire, c’est ce
née. Le fait de passer le virus fixe du lapin par
que fait supposer le rôle d’une agression quelle
le cerveau du chien suffit à accentuer chez la
qu’elle soit (1). En effet, au cours des agressions,
souris les caractères de la dégénérescence nu-
il y a excrétion de corticostéroïdes et dépolymé-
s
cléaire dits de «type virus fixe ». Tout ceci
risation de la substance fondamentale, d’où sup-
montre bien, comme l’a si justement souligné
pression de la barrière au virus rabique, comme
encore récemment RAMON (Il), que le virus est
nous l’avons mis en évidence (7). Toutefois chez
susceptible de modifier ses caractères. II semble
un certain nombre de sujets, le virus est détruit
que le tropisme pour une partie ou l’autre du
par l’organisme avant que ces conditions de
système nerveux joue un grand rôle dans ces
réceptivité ne se produisent. C’est ce qui explique
variations.
le rôle de la cortisone, lorsqu’on l’emploie chez
Que peut enfin apporter I’histopathologie au
des sujets âgés, alors qu’utilisant de très jeunes
problème de la rage latente (12) ? L’étude en est
souris, son rôle ne peut être mis en évidence ;
très délicate, car il est difficile de dire a priori
de même, la folliculine agit sur la substance
si un animai fera une rage latente ; c’est-à-dire
fondamentale et nous avons signalé son action (13)
si l’incubation sera particulièrement longue.
il y a plusieurs années sans en comprendre, à
Néanmoins l’emploi de très faible dose de virus
l’époque, le mécanisme. REMLINGER (14) insis-
ou l’emploi du virus fixe par voie périphérique
tait encore récemment sur les causes susceptibles
permet d’apporter quelques précisions. Avant
de rompre l’équilibre de l’organisme dans les
d’aborder l’étude histologique, rappelons en
mois qui suivent la vaccination. Dans tous les cas,
quoi consiste cette variété d’infection. Chez le
il s’agit d’une véritable agression.
c
chien et le chat, une inoculation sous-cutanée de
Le cas du porteur sain de rage, que nous avons
virus fixe vivant n’entraîne aucun trouble chez
relaté ci-dessus à propos des relations de I’his-
certains sujets, alors que les autres meurent. La
topathologie et de la symptomatologie, éclaire
réinoculation par cette voie, ou par une autre,
sous un jour nouveau la pathogénie de la rage.
entraîne, en général dans les 48 heures, un
En effet, le virus peut vivre dans le système ner-
syndrome rabique vrai mortel. C’est de cette
veux central et créer les lésions importantes,
manière que se sont produits à plusieurs reprises
mais l’absence d’atteinte des ganglions nerveux
les accidents de vaccination de chiens particu-
ne permet pas à la forme clinique de se manifes-
lièrement jeunes avec un vaccin tout juste atté-
ter. S’il y a virémie, le virus pourra être excrété
nué. L’étude du système nerveux montre les
par la salive même en l’absence de rage clinique.
lésions classiques du virus fixe. Or sans la der-
II semble que l’on doive rattacher les observa-
nière inoculation l’animal aurait vécu norma-
tions d’ANORAL (8) à ce type d’infection inap-
lement sans faire de rage comme le montre un
parente, une agression pourra un jour ou l’autre
nombre suffisant d’observations. Le contrôle du
faire sortir le virus sous forme de maladie cli-
cerveau de nombreuses souris ayant résisté à
nique.
la rage à virus fixe inoculé par voie sous-cuta-
CONCLUSION
née ne montre aucune lésion, alors que la réin-
fection produit chez quelques-unes dans les
L’histopathologie comparée de la rage montre
48 heures des lésions typiques. On peut admettre
que, bien qu’un seul virus soit en cause, les for-
que, dans de semblables observations, les lésions
mes cliniques différentes sont sous la dépendance
277
.
19

de lésions particulières à chaque espèce ani-
3. THIERY (G.). - Particularités de la rage
male. Toutefois on ne doit pas perdre de vue
dans l’Ouest Africain. Bull. Epiz. Dis. Afr.,
que certaines lésions du système nerveux central
1959, 7, 265-86.
(la périvascularite notamment) ne produisent pas
4. FIELD (E. J,), - Microglial reaction in rabic
de signes cliniques, au moins chez le chien, mais
infection of the mouse and rabbit. J, camp.
également chez le porc si l’on compare l’atteinte
Path., 1954, 64, 273-6.
du système nerveux chez cet animal, identique
lors de rage et de peste porcine africaine ; cette
5. LEPINE (P.) et ATANASIU (P,). - Sur la
dernière n’entraîne habituellement aucun trou-
virulence par voie sous-cutanée du virus
ble nerveux.
fixe (Souche Pasteur) chez la souris, le
Nous avons souligné le peu d’intérêt de la
hamster, le cobaye et le lapin. Soc. Fr.
thérapeutique actuellement préconisée pour la
Microbiol., 1951, 8 1, 213-7, et Rev. méd., 1951,
rage déclarée et qui consiste à prolonger la
59,1070-3.
survie du malade afin de créer l’autostérilisation.
6. THIERY (G.). - Etude des variations tissu-
Cette dernière s’accompagne dans la plupart des
laires saisonnières de quelques espèces ani-
cas, de lésions telles que l’organisme ne sera
males vivant dans la région de Dakar. Rev.
plus viable. Nous avons, pour notre part, com-
Elev. Méd. vét. Pays frop., 1959, 12, 273-92.
mencé une série d’expériences pleines de pro-
7. THIERY (G.). - Nature de la résistance
messes sur le traitement de la rage déclarée,
naturelle à la rage. Sous presse.
mais basée sur un principe totalement différent.
II s’agit, puisque le virus ne peut être neutralisé
8. ANDRAL (L.) et SERIE (CH.). - Etudes expé-
par un sérum actif lorsqu’il est à l’intérieur des
rimentales sur la rage en Ethiopie. Ann.
cellules nerveuses, de l’obliger à sortir à l’aide
Inst. Pasteur, 1957, 93, 475-88.
de crises d’épilepsie artificielles. L’organisme
9. NIKOLITSCH (M.). -- Die Tollwutkrankheit
imprégné de sérum antirabique peut dès lors
des Menschen ist eine hoche Intoxikation
neutraliser le virus. Malheureusement ce traite-
des vegetativen Nervensystem. Arch. Hyg.
ment ne peut être mis en ceuvre que lorsque le
Bakferiol. Dtsch., 1 9 5 8 , 142, 198-205.
diagnostic clinique de la maladie est fait, c’est-à-
‘10. BOECKER (E.) et KRAUSE (W. W.). -
dire à une époque où déjà un nombre notable
Nouvelles données concernant la patho-
de cellules nerveuses est lésé irrémédiable-
génie de la rage et leurs conséquences dans
ment. Nos premiers animaux guéris de rage,
le titrage des vaccins. Ier CongrPs intern. Patk.
c’est-à-dire stérilisés quant à ce virus, finissent
infect. Lyon, 24-26 mai 1956, Edition Minerva
par mourir des séquelles nerveusesou de rechutes.
Medica (Torino).
II est à souhaiter que des améliorations de la
technique que nous utilisons actuellement soient
11. RAMON (G.). -Considérations sur le mo&
unjourcapablesdevaincre cette terrible maladie.
d’action du virus-vaccin pastorien contre
la rage et sur le mécanisme de l’immunité
Laborafoire Central de /‘Elevage
antirabique. Off: fnfern. Epiz., 1954, 41,
« G. CURASSON »
971-90.
Directeur : P. MORNE J.
12. PLACIDI (L.). - Note sur l’incubation pro-
longée ou latente du virus rabique. Cas de
la souche Flury. Observation et discussion.
BIBLIOGRAPHIE
Ann. Inst. Pasteur, 1959, 97, 265-7.
1. THIERY (G.). - Quelques particularités de
13. THIERY (G.).-P remiers résultats de l’étude
la rage en A. 0. F. Conditions de récepti-
de l’action de diverses hormones et du
vité. Symposium internotionol de virologie,
nucléinate de sodium sur le virus rabique.
Lyon, 27-29 juin 1958.
C. R. Acad. Sci., 1956, 242, 945-7.
2. THIERY (G.).-La rage en Afrique Occiden-
14. REMLINGER (P). -- Principaux problèmes
tale, Ses particularités, sa contagiosité. Rev.
de la vaccination antirabique. Off;ce inter-n.
Elev. Méd. vét. Pays trop., 1959, 12, 27-42.
Epiz., 1954, 41, 1055, 74.
2 7 8

SUMMARY
Histopathology of rabies in various animal hosts in West Africa.Clinical and pathogenic observations,
The author recalls and where necessary details the variables of rabies virus and then passes
*
in review on the nervous system lesions which cari occur in 14 different mammalian species. In
whichever species is involved however, fixed virus provokes more intensive inflammatory pheno-
mena than street virus and a reduced involvement of the sympathetic nervous system. With street
virus it is noted that there is direct opposition between the formation of Negri bodies and the signs
of inflammation. The route of administration of virus, its virulence, the period of the year, the age
and species of the animal, are all factors which may determine the inflammatory reaction of nervous
tissue. The author has tried to correlate the lesions noted with the observed symptoms.
Referring to pathogenesis, studies have been made on the progression of the virus in the body
and the difference in behaviour between fixed and street virus and the problem of latent rabies.
R E S U M E N
Histopathologia de la rabia sobre diversas especies animales del ceste africano. Incidencias clinicas
y patol0gicas.
El autor Ilama la atencion sobre el conjunto de modificaciones
que el virus de la rabia es capaz
de provocar.
Nos muestra luego las lesiones que ocasiona en el sistema nervioso de catorce especies de mami-
feros. Cualquiera que sea la especie considerada, el virus fijo provoca unos fenomenos inflamatorios
mas intensos (meningitis, focos perivasculares en cerebro) que el virus de calle. Con el virus de calle
se observa una oposicion entre la formation de corpuscules de Negri y 10s fenomenos inflamatorios.
La via de inoculation, la virulencia, la edad y la especie del animal influyen sobre inflamacion
nerviosa. El autor ensaya relacionar las lesiones observadas con 10s sintomas presentados.
Desde el punto de vista de la patogenia, estudia el camino del virus en el organismo, el diferente
comportamiento del virus fijo con relation al de calle y et problema de la rabia latente.
279