XII0 REUNION DU CONSEIL SCIENTIFIQUE INTE3NATIONAL ...
XII0 REUNION DU CONSEIL SCIENTIFIQUE
INTE3NATIONAL POUR LA RECHERCHE SUR LA TRYPANOSOMIASE
(c.S,I.R.T.)
Bangui (R.C.A.)
Novembre, 1968
EPIDEMIOLOGIE DES TRYPANOSOMIASES
ET BILAN DE LA SITUATION EN REPUBLIQUE DU SENEGAL
par S.M. TOURE
Institut d'Elevage et de Médecine vétérinaire
des Pays tropicaux
Laboratoire national de 1'Elevage et de
Recherches vétérinaires
DAKAR-HANN
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EPIDEMIOLOGIE DES TRYPANOSOMIASES
ET BILAN DE L4 SITUATION EN REPUBLIQUE DU SENEGAL
Institut d'Elevage et de Mkdecine Vétérinaire des
Pays tropicaux
- Laboratoire national de lIElevage et de
Recherches Vétérinaires - Dakar-Hann
1 - INTRODUCTION
- -
Les trypanosomiases animales et la maladie du sommeil de l'homme
sont encore de grande importance au Sénégal. Cela tient surtout à la présence
permanente de glossines qui en assurent la transmission malgré les efforts
de chimioprophylaxie, Les trypanosomiases animales demeurent épizootiques:
par contre, les cas de maladie du sommeil sont comparativement très rares.
Pour celle-ci, 37 cas nouveaux ont été décelés en 1966 et l'index de con-
tamination nouvelle est passé de 5,7 ;:,lOO en 1940 à 0,OO 4 p.100 en 1966.
Cependant,
il estàdéplorer une récrudescence récente de la maladie dans
certains foyers jusque-lh en veilleuse, et c'est faute d'avoir pu en faire
disparaître les vecteurs.
I I - L-S VECTEURS DES IFXPANOSOMIASZS AU SENEGAL
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Sur le plan écologique, on peut distinguer au Sénégal :
- des étendues de forêts claires et de savanes arbustives qui
prédominent entre le 13" et le 15" parallèle. Elles hébergent
en partie Glossina morsitans submorsitans NEWSTEAD, 1910;
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- des forêts denses de type guinéen parcourues de rivières
et de marigots. Elles sont situées au sud-ouest et sont
peuplées par G.p.alpalis gambiensis VANDERPLANK, 1949. A
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la y.-*. '."x de jonction avec les forêts claires, on trouve
aussi G.morsitans su+orsitansg
- la végétation riveraine des cours d'eau (Casamance, Gambie
et leurs affluents). Cette végétation est le plus souvent
infestée de G.palpalis garnbiensis;
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- des îlots de palmeraies à huile situées en région de
savanes sèche et qui hébergent également G.palpalis gam-
biensis>.
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Partout où elles sont présentes les glossines assurent la trans-
mission cyclique de trypanosomiases. Il est établi que la limite nord de
distribution des glossines :e dépasse pas le 15" parallèle, mais en réalité,
l'aire des trypanosomiases animales recouvre toute l'étendue du territoire.
Ce fait est expliqué par la présence, au nord de la limite de distribution
des glossines, de Diptères hématophages qui assurent une transmission mé-
canique. Les principaux d'entre eux sont :
Tabanus taeniola Palisot de Beauvois, 1807
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Tabanus biguttatus Wiedemann, 1830
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Tabanus par Walker, 1854
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Stomoxys calcitrans L., 1758
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Stomoxys nigra Macquart, 1850
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Siphons (Lyperosia) minuta Bezzi, 1892
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Hippobosca variegata Megerle, 1803
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III - TRYPANOSOMIASES
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Les espèces pathogenes de trypanosomes d'importance médicale et
vétérinaire présentes au Sénégal sont principalement :
Trypenosoma gambiense Dutton, 1902
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T.brucei Plimmer & Bradford, 1899
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T.evansi Steel, 1885
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T.vivax Ziemann, 1905
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T.congolense Broden, 1904
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La fréquence relative de ces espèces est représentée sur une
carte au 1/1.000.000ème annexée au présent document.
Trypanosoma gambiense
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n'est rencontrée actuellement qu'en des
foyers localisés. Il s'agit notamment des foyers résiduels des Niayes et
de la Somone situés sur la côte atlantique où persistent quelques gîtes
de salpalis gambiensi.. Quelques rares cas sont signalés parfois en
d'autrf%?égions.
Trypanosoma bruce& parasite surtout les bovins, chevaux, ânes
et chiens dans les régions situées au sud du Sénégal. La plus grande
fréquence de l'espèce est constatée à l'ouest, sur la côte occidentale,
entre les 13" et 14' parallèles.
Trypanosoma evûnsi
occupe une aire définie située aux abords
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immédiat du Fleuve Sénégal où l'élevage du dromadaire est encore pratiqué.
Les chevaux et les bovins hébergent également ce trypanosome dans cette
région, La transmission du parasite est surtout assurée par quelques
Tabanidae- et Hippobosca variegata.
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Trypanosoma vivax est de loin l'espèce la plus fréquente et qui
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cause les plus grands dommages économiques. Sa présence est effective aussi
bien dans les régions à glossines que dans celles qui n'en ont pas. Outre
sa transmission par des Diptères assez divers, l'épizootie est entretenue:
par la transhumance périodique, lorsque les animaux passent d'une région
où l'infection est fréquente à une autre où elle l'est moins (en saison
des pluies, lors de la remontée des savanes à glossines vers les pâturages
du nord),
Trypanosoma congolense
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n'est représentée que dans les régions
du sud. Du point de vue de la fréquence relative, l'espkce vient après
T.viva.x.
Dans l'épizootologie des trypanosomiases, il y a entre le nord
du Sénégal et sa partie sud des différences liées à l'écologie, aux races
bovines élevées ainsi qu'à l'alimentation et l'état physiologique de celles
-ci.
Au sud du Sénégal (Casamance, Sénégal-Oriental), les bovins sont
généralement des NDama qui vivent dans des prairies csscz riches. L'abreu-
vement et l'alimentation trouvent facilement solution sans que les animaux
aient à parcourir de grandes distances. Les cas cliniques de trypanosomiases
sont relativement rares; les animaux tolèrent la trypanosomiase quoique
les glossines soient en trè-3 grand nombre dans ces régions.
Par contre, dans les savanes arborées du nord, c'est le Zébu
qui est élevé. Cette race est plus sensible à la trypanosomiase. De plus,
la malnutrition une bonne partie de l'année et souvent de longs parcours
pour atteindre les forages rendent la trypanosomiase du zébu assez grave,
Entre l'aire de peuplement du NDama et celle occupée par le zébu,
s'étend une bande où la plupart des animaux sont hybrides des deux races.
La nutrition des animaux est mauvaise dans cette région lors de la sécheres-
se et les cas de trypanosomiase sont alors assez fréquents.
Iv -TRAITEMENT & PROPHYLAXIE
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Un point important à souligner concernant le traitement des try-
panosomiases animales tient dans le fait que seuls sont traités les animaux
cliniquement trypanosomés oufortement suspects de l"%re, tandis que le
traitement préventif est généralement peu pratiqué dans les élevages tra-
ditionnels.
Selon les statistiques les plus récentes du Service de lIElevage,
le nombre d'animaux traités en 1966 s'élève à 7.285, dont 356 chevaux et
72 dromadaires. La chimiothérapie en brousse fait appel le plus souvent
au chlorure de Dimidium>,au méthylsulfate d'Antrycide et au Bérénil. Cer-
taines exploitations, particulièrement celles d'état, pratiquent la chimiopro-
ph;rlnxie médicamenteuse. C'est ainsi qu'en 1967-1968, 313 traitements ont
été faits pour protéger le-3 animaux de la ferme expérimentale du Laboratoire
de lIElevage. Les médicaments utilisés dans ces cas sont le Prothidium,
1'Isométamidium et le Bérénil. Ces traitements ont permis de maintenir en

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bonne condition physique des bovins importés, de race Red sindhi, dans une
région à forte densité en glossines. La chimioprophylaxie médicamenteuse
par le Prothidium et 1'Isométamidium est actuellement vulgarisée et on
peut s'attendre à l'emploi plus fréquent de ces médicaments.
D'autre part, en certaines régions du Sénégal, il est actuelle-
ment possible de lutter efficacement et à peu de frnis contre les glossines
vectrices,
Il s'agit dans ces cas de gîtes isolés dont la réinfestation après
traitement est peu probable. Il en est ainsi des végétations infestées de
glossines, situées sur la Côte atlantique (Niayes et Somone). Il est
envisagé, dans un premier temps d'assainir, par pulvérisation de Dieldrine
à 2 p.100, la région des Niayes du Sénégal où sévit encore la maladie du
sommeil et la trypanosomiase à T.vivax. Cette opération aura lieu dans un
-
-
avenir très prochain, au ler semestre de 1969.
Pour conclure, il est à souhaiter que soient poursuivis
et intensifiés, les efforts actuels pour lutter contre les trypanosomiases
aussi bien par emploi de trypanocides que par l'assainissement des régions
infestées de glossines, car les problèmes posés par les trypanosomiases sont
encore d'importance primordiale.
B I B L I O G R A P H I E
I _- _. ..---c
ANONYME (1966) : Rapport annuel du Service de 1'Elevage et des Industries
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.* / . .

6
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Bobo-Dioulasso,
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Vienne, ,_ -~el-s
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