INSTITUT D’ELEVAGE ET DE IEDECINE VETERINAIRE...
INSTITUT D’ELEVAGE ET DE
IEDECINE
VETERINAIRE DES PAYS
OPICAUX
REVUE D%L WAGE
ET DE
MÉDECINE VÉ? ZRINAIRE
DES PAYS TRC 'ICAUX
Influence des supplémentatio
minérales
sur le croît et sur certain témoins
biocbimiques du métabolisr
minéral
chez des bovins tropj
ux
par H. CALVET, D. FRIOT et J.
IAM BON
.
Tome XXV (nouvelle série)
No 3 - 1972
8,
i
VIGOT FRERES, EDI’
URS
23, rue de I’Ecole-de-Médec
e, Paris-VI”

Rev. Elev. Méd. vét. Pays trop., 1972, 25 (3) : 397-408
Influence des supplémentations ninérales sur le croît
et sur certains témoins jiochimiques
du métabolisme : Unéral
chez des bovins t: jpicaux
par H. CALVET (*), D. FRIOT (*>
J. CHAMBON (*>
RESUME
Les composés minéraux, phosphate bicall
le, « phosphate alumino-
calcique » (polyfos), phosphate disodique, inca
Irés à une ration de base
(50 p. 100 de coque d’arachide mélassée à 20
100, 49 p. 100 de farine
de maïs, 1 p. 100 d’urée) sont administrés 1 dant 17 semaines à des
taurillons zébus, âgés de 4 à 5 ans, ramenés
milieu naturel et entre-
tenus en stabulation, afin de mettre en évidence
s éventuelles particularités
de ces animaux face à une supplémentation I
Iérale.
L’étude de l’évolution des gains de poic
et les résultats des tests
biochimiques (hématocrite, urée, P, Ca, Mg,
, Zn, Na, K) ont permis
de constater :
- l’amélioration du gain de poids par un ; lort excédentaire de sels
minéraux;
- la supériorité du phosphate bicalcique SUI : phosphate disodique et
sur le phosphate alumino calcique.
L’estimation des besoins réels en éléments
Ces
vers problèmes, et en particulier celui
minéraux, chez les bovins tropicaux constitue
Sune
rentuelle liaison entre la teneur en
un problème encore incomplètement résolu.
éléme1
minéraux de la ration et le gain1 de
L’absence de données rigoureuses dans ce
poids,
mt être abordés au cours de l’expéri-
domaine s’avère gênante dans de nombreux
mental
n qui fait l’objet de cette note. 11
cas et en particulier quand il s’agit de fixer
s’agit 1
d’une approche restreinte, au stade du
les quantités et la nature des matières miné-
labora
re, de questions qui seront traitées
rales qu’il convient d’incorporer aux rations
plus 1:
;ement sur le terrain, à l’occasion du
visant à l’engraissement intensif de ce type de
fonctic
lement du centre de prévulgarisation
bétail. A des apports trop importants, corres-
des su
lémentations minérales de Labgar (**)
pond, en effet, un risque de gaspillage d’élé-
ments dont le prix de revient, au Sénégal,
,Le centre de prévulgarisation des supplémen-
n’est pas négligeable. Par contre, un taux de
tat:Z minérales de Labgar est implanté en pleine
zone s !lvo-pastorale du Sénégal. Sa mise en place et
minéralisation trop faible peut constituer un
so’n fo Ictionnement à partir d’octobre 1971 résultent
frein pour la production.
d’étude ; antérieures qui ont mis en évidence dans
cette I :gion une polycarence en phosphore, calcium,
cuivre ‘avorisant l’extension du botulisme. A l’occasion
le Fonds d’Aide et de
llier d’animaux recevront
(*) Laboratoire National de l’Elevage et de Re-
des suppléments minéraux
cherches Vétérinaires, Dakar-Hann, B.P. no 2057,
efforcera de dégager les
Sénégal.
de ces traitements.
- 3 9 7 -

devant intéresser plus d’un millier de bovins
Phosphate bicalcique . . .
72 p. 100
pendant deux années consécutives.
Sel . . . . . . ,
12 p. 100
Maïs . . . . . .
8 p. 100
Son d’arachide . . . ,
8 p. 100
1. MATERIELS ET METHODES
Cent grammes de ces granulés contiennent
Les animaux d’expérience sont des zébus
donc approximativement 16,8 g de calcium et
entiers de race Gobra, âgés de 3 à 5 ans,
12,7 g de phosphore.
élevés dans le milieu naturel suivant les techni-
Dans le lot 2, le phosphore utilisé est le
ques habituelles pratiquées dans les élevages
« polyfos » obtenu après broyage et calcination
extensifs du Sénégal. Ils sont répartis au hasard
de phosphate alumino-calco-ferrique du Séné-
dans quatre lots dont les poids moyens en
gal, dont la composition chimique comporte
début d’essai s’établissent ainsi :
les garanties suivantes :
Teneur minérale en P . .
15 p. 100
-
TABLEAI! N” 1
Teneur moyenne en Ca .
.
7,4 p. 100
.
Poids moyens des lots en début d’essai
Teneur maximale en F . .
1,l p. 100
Teneur moyenne en alumine
.
(A1’03) 36 p. 100

Ce phosphate alumino-calco-ferrique pré-
;-
sente une teneur intéressante en oligo-éléments.
Cobalt . . . . .
70 mg/&
Cuivre . . . . .
130 mg/kg
Conformément aux normes européennes, les
Fer , . . . . .
60.000 mg/kg
besoins minéraux journaliers de ces animaux
Manganèse . . . .
150 mg/kg
peuvent être estimés à 15 g de phosphore et
Zinc . . . . . .
440 mg/kg
à 18 g de calcium.
II est distribué aux animaux sous la forme
Les quatre lots reçoivent la même ration
de granulés dont la composition répond à la
de base composée de 50 parties de coque
formule :
d’arachide mélassée à 20 p. 100, de 49 parties
de farine de maïs et d’une partie d’urée.
Polyfos . . . . . . . . 54
Carbonate de chaux . . . . . 18
Les quantités d’aliment distribuées varient
Sel . . . . . . . . . 8
en cours d’expérience et permettent de distin-
Maïs . . . . . . . . 8
guer trois périodes.
Son d’arachide . . . . . . 8
Pendant la première, d’une durée de 8 semai-
Cent g de ces granulés apportent 10,8 g de
nes, les animaux reçoivent 8 kg d’aliment.
calcium et 8,13 de phosphore.
Durant la seconde, correspondant aux
Le lot 3, enfin, reçoit du phosphate disodique
5 semaines suivantes, la ration journalière est
qui est mélangé à la ration.
portée à 10 kg. Au cours de la troisième et
dernière période, étendue sur 4 semaines, la
Le protocole initial prévoyait l’administration
ration comporte 12 kg d’aliment. Les quantités
de phosphate monosodique dans l’eau de
journalières sont servies pour tous les lots en
boisson, mais ce dernier, introuvable à Dakar
deux repas (matin et soir). Trois sortes de
a été remplacé par du disodique (12 H20)
suppléments minéraux sont distribués.
difficilement soluble dans l’eau au pH normal.
Dans le lot 1, on utilise du phosphate
Cent g de ce produit apportent 8,6 g de
bicalcique-engrais, importé à Dakar, dont la
phosphore et 12,8 g de sodium.
composition chimique exacte en oligo-éléments
ne nous a pas encore été communiquée.
Ces suppléments ont été distribués journel-
lement et en quantité constante (50 g de
Ce phosphate auquel sont adjoints des exci-
granulés bicalciques, 100 g de granulés polyfos,
pients, est mis sous forme de fins granulés
100 g de disodique) durant les deux premières
correspondant à la formule suivante :
périodes.
- 398 -

Les quantités en sont doublées au cours de
Les
minéraux journaliers au cours
la dernière période.
de l’ex
tation s’établissent comme ci-
après :
TABLEAU No11
I
3e période
R a t i o ni 12 kg
t
Lot témoin
26,64
0
26,64
21,iS
0
Lot 1
II
16,8
43,44
II
12,7
Lot 2
,r
21,6
48,24
II
16,26
Lot 3
II
0
26,64
8,
17,2
I
I
La ration de base que reçoivent les témoins,
2. PRESENTATION
paraît donc juste suffisante du point de vue
DES RESULTATS
Ca et P au début de l’expérience. Par la suite,
/
son augmentation quantitative assure une large
ultats .
_._
_
intéressent d’abord l’évolution
couverture des besoins.
des lots. Ils portent ensuite sur les
iochimiqu~ et la comparaison des
Les rapports Ca/P pour les témoins et les
chaque paramètre étudié.
deux premiers lots supplémentés sont équiva-
lents et supérieurs à 1.
2.1. 4olution pondérale
La singularité du lot 3 (phosphate disodique)
ruminants une pesée constitue une
réside dans son rapport Ca/P très inférieur
incertaine du poids réel de l’animal.
à I’unité.
plus ou moins grande répletion des
Les animaux sont pesés une fois par semaine,
s réservoirs digestifs, au moment de
à jeun et dans les mêmes conditions. Ils
introduit, en effet, des fluctuations
subissent à cette occasion un prélèvement de
autour de la valeur réelle. 11 en résulte,
e
sang permettant le dosage de l’hématocrite, de
on que la tendance au gain ou à la
l’urée sanguine, du phosphore inorganique, .du
nette, que la droite de régression
calcium, du magnésium, du sodium, du potas-
en fonction du temps semble consti-
sium, du cuivre et du zinc.
eilleure donnée pour comparer des
s pondérales, car cette méthode atté-
Ces diverses observations et dosages ont
variations concernant les mesures
conduit aux résultats présentés par la suite.

Ce procédé de calcul a été utilisé pour partir de la 3” pesée, époque où s’arrête, en
exploiter les résultats des présents essais.
général, la perte de poids. Les droites de
régression sont alors établies sur les poids
En début d’expérience s’est produite une
pondérés à cette date et sur 16 données.
perte de poids généralisée due à l’adaptation
des animaux au régime et à la stabulation.
Le tableau no III donne les équations de ces
Pour améliorer la (( linéarité 1) des droites de droites pour chaque individu.
régression, l’évolution pondérale est étudiée à
TABLEAU N’III
Equation des droites de régression des poids pondérés.
On constate que le pourcentage des gains
de poids calculé s’établit comme suit :
TABLEAU N’IV
Pourcentage calculé de gains de poids par lot
Témoins
Lot 1
Lot 2
Lot 3
17,99 2 18,14
41,68 + 11,28
31,79 t 19,35
34,lO t 8,80
Le lot témoin est le plus hétérogène et le
2.2. Résultats biocbimiques
lot 3 le plus homogène du point de vue de
pourcentages de gains.
Les prélèvements de sang effectués chaque
semaine ont donné lieu à la mesure de l’héma-
La comparaison pondérale des lots est effec-
tocrite et aux dosages sériques de l’urée, du
tuée par analyse de variante et les valeurs de F
phosphore inorganique, du calcium, du magné-
obtenues conduisent aux résultats suivants :
sium, du sodium, du potassium, du zinc et du
cuivre.
.
Le lot témoin est très significativement
Le dosage de l’urée sérique utilise la méthode
différent des 3 lots supplémentés. F = 9,89++.
à l’uréase qui fait passer l’urée à l’état d’am-
Le lot 1 est très significativement différent
moniac titré par la suite, colorimétriquement,
du lot témoin. F = 9,51+-t.
par le réactif de Nessler.
,
L’analyse du phosphore inorganique a égale-
II n’y a pas de différence significative entre
ment fait appel à une méthode calorimétrique
lot 2 et témoin (F = 2,28) pas plus qu’entre
utilisant le réactif nitro-vanado molybdique
le lot 3 et témoin (F = 4,28).
(méthode de Misson). La lecture est faite à
Statistiquement, le lot 1 n’est pas différent
420 millimicrons.
du lot 2 (F = 1,97).
Les autres éléments : Ca, Mg, Na, K, CU,
- 400 -

Zn, sont dosés par spectrophotométrie de
r;
Les ré ultats de ces analyses sont présentés
flamme en absorption atomique sur un appareil
dans le t bleau no V.
Perkin-Elmer modèle 290.
1
l
TABLEAU No V
Résultats généraux des analyses
ochimiques
7
Témoins
Lot 1
Lot
2
Lot
3
n = 80
n = 78
n = 64
n = 61
Hématocrite
31,5 + 1,9
34,l
+ 1,2
34,0
:
197
31,8
:
2,o
n = 66
n = 56
n = 55
n = 54
/
Urémie
0,340 +
0,03
0,300 +
0,03
0,320 t
0,OZ
0,340 +_
0,03
n = 79
Il = 80
n = 63
n = 58
Phosphore
77,6
2
238
86,l
2
3,7
SO,0
+
393
SO,2
c_
3,5
Calcium
n 75
=
n = 74
n = 59
9 = 55
88,l
i:
1,8
88,3
89,0
2
1,3
89,3
+
1,6
Magnésium
n 74
=
n = 74
n = 59
n = 55
20,21
c_
0,81
21,03
t
1,71
21,50
:
0,84
21,33
+
0,99
I
n = 75
n = 74
n = 59
n = 55
Sodium
2.970
r 20
3.001
+
_ 29
2.988
+_ 21
2.889
+
_ 19
I
I
l
n = 58
n = 54
/
Potassium
160,7
n =
75 2
337
n 170,7 = 73 +
4.0
164,5
+_
3,4
173,l
+_
693
L
I
,
n - 75
n = 74
n = 59
n = 56
Zinc
0,87
+ 0,05
0,90
+_
0,04
0,94
2
0,05
0,88
z
0,07
Cuivre
n 75
=
n = 59
n = 59
n = 56
0,62
4_
0,04
0,58
+_
0,05
0,59
2
0,05
0,72
t
0,06
Les calculs statistiques par analyse de
obtenu
pour chaque éIément dans chaque lot.
variante font intervenir la totalité des données
Les ca :lusions rassortent du tableau suivant,
TABLEAU NOV1
Valeur de F pour les comparaisons des d
ages biochimiques.
Elérwnts
Hématocrite Urémie
P
Ca
g
Na
K
C U
Zn
Lots
Sur les
+
0
"
++
++
0
quatre lots
3,34
1,05
4164
-z 1
33
1,29
7,03.
11,5
< 1
Témoins
4
4,32
0
0
0
++
0
0
+
1,67
5,i8
cl
58
2,54
13,6
<l
1,03
supplémentés
Témoins
4
+
++
0
0
0
++
0
0
i
Lot 1
4,72
Cl
12
<l
1,24
2,97
22
2.3
~1
Témoins
4
+
0
0
f
5,90
<l
1,09
< 1
4,;
0,66 0
2,51 0
0
2,3
0
2,58
Lot 2
Témoins
4
0
0
0
0
0
++
++
0
+
<l
<l
191
<l
3,22
1,84 13
13
14
c l
Lot 3
Lot 1
4
+
c
<l
5,33
Lot 2
- 401 -

présentant les valeurs de F pour chaque type de
En réalité, nous pensons que la vérité se
comparaison :
situe à mi-chemin des deux premières hypo-
- Une différence non significative est mar-
thèses.
quée par un point;
En effet, au cours de plusieurs expériences
- Une différence significative à 5 p. 100 par
de digestibilité, il est apparu que le phosphore
une croix;
et le calcium contenus dans la coque d’arachide
- Une différence significative à 1 p. 100 par
étaient de faible valeur biologique.
deux croix.
D’autre part, les essais d’embouche intensive
ont permis de constater que les zébus de 4 ou
2.3. Discussions des résultats
5 ans semblent, durant leur vie antérieure,
Elles abordent successivement le problème
avoir accumulé (( un retard de croissance B,
de l’évolution des poids dans les quatre lots et
qu’une alimentation rationnelle leur permet de
celui des résultats biochimiques présentés pour
combler rapidement. Ce K rattrapage N exige
I
chaque élément par un graphique.
sans doute des apports minéraux plus impor-
.
tants que ceux correspondant aux normes
Les courbes sont établies en fonction des
admises pour les animaux du même âge.
.
trois périodes expérimentales et ont la même
origine car elles sont (( pondérées )) sur la
Les lots traités, ayant reçu des suppléments
moyenne obtenue à partir de tous les animaux
minéraux différents, le deuxième point à con-
au cours du premier dosage effectué avant
sidérer est donc l’étude du comportement
tout traitement.
pondéral de chaque lot par rapport au lot
témoin.
2.3.1. Evolution pondérale
Le graphique no 1 présente les droites de
La supplémentation minérale a produit, dans
régression des poids moyens pondérés en fonc-
l’ensemble des lots qui en ont bénéficié et par
tion du temps.
rapport au lot témoin, un gain de poids supé-
rieur.
Ces droites répondent aux équations sui-
vantes :
L’explication de ce fait peut tenir à une des
trois hypothèses suivantes :
Témoins y = 1,145 x + 100,60
Lot 1
y = 2,757 x + 98,51
1. 11 est possible que la ration de base,
Lot 2
y = 2,051 x + 98,95
conçue pour couvrir théoriquement les besoins,
Lot 3
y = 2,282 x + 98,27
n’y soit pas parvenue en raison d’une mauvaise
utilisation des matières minérales qu’elle con-
La pente la plus forte est celle du lot 1;
tient.
viennent ensuite, très proches, celles des lots 2
et 3 et enfin celle du lot témoin.
Les gains de poids insuffisants, enregistrés
dans le lot témoin, résulteraient alors d’une
Le phosphate bicalcique semble donc avoir
carence minérale par défaut d’absorption.
produit le meilleur effet sur le poids, le polyfos
et le phosphate disodique lui étant inférieurs.
2. On peut envisager que tous les animaux,
L’insuffisance numérique des données ne per-
au moment où ils ont été mis en expérience,
mettant pas de séparer nettement ces deux lots,
se trouvaient dans un état de sub-carence liée
les calculs statistiques confirment ce résultat.
*
à une insuffisance chronique des apports miné-
En effet, si on compare par analyse de variante
.
raux durant toute leur vie antérieure. Ce fait
le lot témoin à chacun des lots supplémentés,
expliquerait le bénéfice qu’ont tiré les lots
on obtient respectivement pour L 1, L 2, L 3
*
supplémentés d’un apport excédentaire en lé-
les valeurs de F suivantes : 9,58 - 3,90 - 4,27.
ments minéraux.

Le lot 1, recevant le phosphate bicalcique
3. La dernière hypothèse, la moins satis-
a donc le comportement pondéral qui s’écarte
faisante, serait qu’il existe chez les bovins
le plus de celui des témoins.
tropicaux et dans les conditions normales, une
relation entre gain de poids et niveau de
Le phosphate disodique et le polyfos ne se
supplémentation minérale.
distinguent plus significativement des témoins.
- 402 -

J?cid>
Graphique n’l
: Droites de rPgression des poids moyens pondérés pour chaque lot
A M
Lot 1
y = 2,757 x + 90,s
/.’
Y’
Lot II
y = 2,051 x + 98,9
./
/
4’
./’
*’
*’
*’
Lot témoin
v = 1,145 x + 100.6
x’
A20
*
.
2.3.2. Résultats biochimiques
0 Urémie. - Les taux moyens durée san-
Les valeurs moyennes correspondant aux
guine sont comparables dans tous les lots. Un
dosages biochimiques sont présentées dans le
effet de la supplémentation dans ce domaine
tableau IV et les résultats des comparaisons
était peu probable et n’aurait pu résulter que
entre lots dans le tableau V.
de la présence d’un élément toxique dans les
suppléments administrés.
Les analyses statistiques montrent que la
supplémentation minérale a produit un effet
l
Eléments minéraux. - Avant d’entre-
sur les hématocrites, la phosphorémie, la kalié-
prendre la discussion des résultats, une
mie mais a été sans conséquence pour la
remarque préalable s’impose.
magnésémie (sauf dans le lot 2), la natrémie,
la cuprémie (sauf le lot 3) et les taux de zinc
On admet, en effet, que les valeurs sériques
sérique.
concernant la plupart des éléments minér&x
Nous allons envisager séparément chacun
constituent un reflet plus ou moins fidèle des
de ces éléments.
métabolismes correspondants. 11 faut cependant
.*
souligner la complexité des facteurs qui con-
_i
tribuent à assurer le niveau de la phosphorémie
l Hématocrites.
- Les valeurs moyennes
des hématocrites sont significativement plus
ou de la calcémie par exemple. En effet, les
élevées dans les lots traités et parmi ceux-ci,
(( entrées ))
en provenance de l’absorption
le lot 2, recevant le polyfos, présente les don-
digestive, ou des organes de réserve, interfèrent
nées les plus distinctes de celles des témoins.
avec les diverses sorties qui sont l’utilisation,
Ce fait est probablement la conséquence d’une
le stockage ou l’élimination. Pour ces diverses
hyperglobulie provoquée par les apports sup-
raisons, nous parlerons d’un éventuel effet des
plémentaires de fer et de cuivre, éléments pour
supplémentations sur le niveau de la calcémie
lesquels le polyfos est particulièrement riche.
ou de la phosphorémie sans préjuger des
- 403 -

répercussions sur la totalité du métabolisme
Si l’on considère le graphique no 2, on
calcique ou phosphoré qui ont pu en résulter.
constate que chaque période expérimentale est
marquée par un aspect différent des courbes.
l Phosphorémie. - Sur la totalité des
lots, les fluctuations de la phosphorémie ont
Dans le lot 1, on observe d’abord une
été beaucoup plus faibles que celles observées
élévation de la phosphorémie qui revient en
généralement. L’entretien en stabulation n’est
plateau dans la 2” période. L’augmentation de
certainement pas étranger à la stabilisation
la ration entraîne une diminution de concentra-
relative de cette donnée.
tion du supplément dans l’aliment. En fin
Les valeurs moyennes obtenues (77,6 k 2,s
d’essai, le fait de doubler les quantités de
pour les témoins) sont supérieures à celles
phosphates se traduit par un brusque relève-
observées au cours de deux expérimentations
ment de la courbe. Dans ce lot, l’allure de la
antérieures. Sur un troupeau de Dara, suivi
phosphorémie paraît liée essentiellement au
mensuellement, tout au long de l’année 1970,
supplément minéral administré.
la phosphorémie moyenne a été de 69 mg/litre.
Dans les trois autres lots en revanche, on
Dans les enquêtes effectuées dans la zone
observe, durant la première période, une chute
sylvo-pastorale du Sénégal, on avait obtenu en
progressive de la phosphorémie malgré les
1968 les valeurs de 49,4 2 12,3 en saison
suppléments minéraux distribués. Cette chute
sèche et de 66 * 10,9 en saison des pluies.
se ralentit lorsqu’on augmente la ration et
Considérés en bloc, les lots supplémentés
s’inverse totalement en fin d’essai après nou-
ont une phosphorémie différente de celle de
velle augmentation portant sur la ration et les
témoins (F = 5,98) mais si l’on compare
suppléments.
chaque lot traité avec le lot témoin, on constate
Pour ces trois derniers lots donc, la phos-
que seul le lot 1 accuse une différence haute-
phorémie paraît beaucoup plus dépendante du
ment significative (F = 12++).
phosphore de la ration que de celui apporté
Pour les deux autres, il n’y a pas de
par les suppléments.
différence.
Ces deux types d’évolution soulignent à
Le phosphate bicalcique est donc le seul
nouveau l’efficacité différente sur la phospho-
supplément qui produise une élévation sensible
rémie du phosphate d’une part et des phospha-
de la phosphorémie située nettement au-dessus
tes disodiques, et alumino-calciques d’autre
de celle des témoins.
part.
l Calcémie. - Les taux moyens du calcium
sérique ont été relativement constants au cours
de l’expérimentation et n’ont pas présenté de
différence d’un lot à l’autre.
Le graphique no 3 montre une évolution

comparable dans tous les lots. Aucune des
l Kaliémie. - Les taux moyens de potas-
supplémentations minérales ne semble avoir
sium sérique au cours de cet essai ont été
eu d’effet sur la calcémie.
inférieurs à ceux rencontrés au Ferlo et en
Casamance en saison sèche (180 mg/1 et
l
Magnésémie. - La magnésémie tout au
198 mg/l).
long de cet essai a paru relativement basse.
Les valeurs observées par ailleurs, à Dara et
Pour cette donnée, on observe des différences
au Ferlo en saison des pluies, sont plus élevées
hautement significatives entre témoins et sup-
(26,7 mg/litre à Dara et 23,l au Ferlo). On
plémentes (F = 13,6). Seul, le lot 2, recevant
peut donc penser que la ration de base présente
le polyfos, constitue une exception puisque sa
un certain degré de carence en magnésium.
kaliémie moyenne n’est pas différente de celle
La supplémentation minérale n’a produit une
des témoins.
différence significative par rapport aux témoins
a
que dans le lot 2 qui reçoit du polyfos. Ce
*
dernier supplément paraît donc constituer une
.
source de magnésium plus intéressante que les
i
autres phosphates utilisés.
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I.
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,xf ;
--+-c-*-++-+-+A’ y /
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89 -
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--__ -.-_ :
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En ce qui concerne le lot 1, on peut admettre
que le bicalcique utilisé contenait sous forme
d’impuretés des nitrites de potasses rencontrés
fréquemment dans les phosphates naturels et
qui ont pu constituer un apport supplémentaire
en potassium. La véracité de cette hypothèse
sera établie avec le résultat des analyses en
cours. Un autre mécanisme peut être invoqué
pour justifier la kaliémie élevée dans le lot 3.
Le graphique no 4 présente ces résultats
et souligne la très vive remontée des taux de
On connaît, en effet, la compétition des
magnésium dans la dernière partie de l’essai.
ions K et Na au niveau de l’élimination uri-
Si l’on admet que la ration de base est
naire.
insuffisante en magnésium, ce fait peut justifier
Avec le phosphate disodique, on a apporté
un niveau relativement bas de la calcémie tel
dans ce lot un excès de sodium qui a pu
qu’il a été observé. On sait, en effet, que
entraîner une économie de potassium au niveau
calcium et magnésium interfèrent souvent et
du tube rénal.
qu’il s’avère difficile de maintenir une calcémie
normale avec des rations carencées en magné-
l Natrémie. - Les taux de sodium sériques
sium. Dans les tétanies, l’affaiblissement du
ne présentent aucun intérêt particulier. Ils sont
taux de magnésium qui précède l’apparition
comparables dans tous les lots, et même dans
des troubles s’accompagne presque toujours
le no 3 dans lequel, malgré un important apport
d’une chute de la calcémie.
en sodium, on n’observe aucune différence.
- 405 -

l Cuprémie. - Les taux moyens de cuivre
d’aliment. Cet antagoniste du cuivre pourrait
sériques ont été comparables dans tous les
être le calcium ou une certaine valeur du
lots à l’exception du lot 3 pour lequel on
rapport Ca/p.
observe une différence hautement significative
(F = 14).
Dans le cadre restreint de cet essai, on
obskve, en effet, que lorsque Ca/P est
supérieur à 1, la cuprémie est basse. Dans le
cas contraire, elle est élevée.
l Zinguémie. - On n’observe pas sur cette
donnée de différence d’un lot à l’autre. Les
valeurs moyennes en sont inférieures à cdles
rencontrées en saison sèche au Ferlo et en
C a s a m a n c e (2,20 2 0,5 e t 2,21 -c_ 0,36).
iI
Par rapport aux précédents, le graphique
no 6 présente plusieurs singularités :
1. La courbe des témoins est située en
position intermédiaire entre le lot recevant le
Le graphique no 7 présente ces derniers
phosphate disodique et les deux autres lots
résultats. Les lots supplémentés, en particulier
supplémentés.
le lot 2, y apparaissent comme étant supérieurs
2. Contrairement à ce qu’on observe pour
aux lots témoins, ce qui ne confirme pas les
les autres éléments, la cuprémie chute à la
calculs.
3” période lorsqu’on augmente la ration. Tout
se passe donc comme s’il existait dans la ration
CONCLUSIONS
un facteur particulier capable de s’opposer à
l’absorption du cuivre.
L’objet de cette note était d’aborder les
éventuelles particularités des bovins tropicaux
Vis-à-vis de ce facteur antogoniste du cuivre,
face à une supplémentation minérale.
les suppléments minéraux se comportent de
L’expérimentation a fait appel à des tauril-
deux façons : Polyfos et bicalcique le poten
lons zébus de 4 à 5 ans ramenés du milieu
tialisent puisque la cuprémie dans ces lots est
naturel et entretenus en stabulation au labora-
inférieure à celle des témoins. Le phosphate
disodique semble déprimer cet antagoniste tout
toire durant 17 semaines.
au moins dans la première période correspon-
La ration distribuée est un mélange de coque
dant à la distribution d’une faible quantité
d’arachide mélassée à 20 p. 100 et de farine
- 406 -

de maïs capable de couvrir théoriquement les
croissance 1) les besoins minéraux se trouvent
besoins mirkraux des animaux.
sensiblement augmentés.
L’administration de deux phosphates natu-
La conséquence de caractère pratique est
rels et d’un phosphate disodique s’est traduite
que les rations utilisées pour l’embouche inten-
par des apports minéraux largement excéden-
sive des zébus de ce type et de cet âge doivent
taires. Dans ces conditions et dans ce cadre
contenir de fortes proportions de sels minéraux,
expérimental restreint, les résultats ont montré
tout spécialement lorsque la coque d’arachide
que la supplémentation minérale a produit une
en constitue l’élément de lest.
amélioration sensible du gain de poids.
Parmi les phosphates utilisés, seul le phos-
Ce fait semble dû d’une part à une faible
phate bicalcique a eu un effet significatif. Le
valeur biologique du calcium et du phosphore
pourcentage de gain de poids observé dans
apporté par les rations à base de coque d’ara-
le lot qui le recevait est nettement supérieur
.
chide, mais, surtout à un caractère particulier
à celui des témoins. Ce fait est souligné par les
des zébus utilisés qui, même à l’âge de 4 ans,
analyses biochimiques dont les résultats mon-
sont capables de reprendre leur croissance
trent pour le lot 1 un taux moyen de phosphate
limitée par les privations subies dans les années
inorganique supérieur à celui observé dans les
antérieures. Pour assurer ce (( sursaut de
deux autres et le lot témoin.
SUMMARY
Influence of minera1 feed supplements on growth and some biochemical
patterns of minera1 metabolism in tropical cattle
Minera1 compounds : calcium, phosphate dibasic, « sodium, phosphate
dibasic » (polyfos), incorporated in a basic ration (50 p. cent groundnut-
shell mixed with 20 p. cent molasses, 49 p. cent maize flour, and 1 p. ceht
urea) were given for 17 weeks to zebu bulls 4 to 5 years old. The experi-
mental animals were brought from their original bush pasture land and
kept in stabulation to demonstrate the effect of the adjunction of a
minera1 supply.
Te study of the weight gains and the results of biochimical tests
(haematocrite. urea. P. Ca. Mg. CU. Zn, Na. K) show:
- the improiem& of weight-iains’ wh& an exbess of minerais is given;
- the better biological value of calcium phosphate dibasic compared to
sodium phosphate dibasic and polyfos.
RESUMEN
Influencia de 10s aditivos minerales sobre el crecimiento y ciertos testigos
bioquimicos del metabolismo minera1 en 10s bovinos tropicales
Se administran 10s compuestos minerales fosfato bicalcico, « fosfato
alumino calcico » (polyfos), fosfato disodico, incorporados en una raci6n
basica (50 p. 100 de cascara de cacahuete con 20 p. 100 de melaza,
49 D. 100 de harina de maiz. 1 D. 100 de urea). durante 17 semanas. en
toriilos cebtis, de 4 a 5 a6os’ de’edad, vueltos del medio natural y Aan-
tenidos en estabulacion para evidenciar las particularidades eventuales de
dichos animales para con una raci6n minera1 complementaria.
El estudio de la evolucion de 10s incrementos de peso y 10s resultados
de las pruebas bioquimicas (hematocrito, urea, P, Ca, Mg, CU, Zn, Na,
K) permitieron comprobar :
- la mejora del incremento de peso por una adicion excedente de sales
minerales;
- la superioridad del fosfato bicalcico sobre el fosfato disodico y el
fosfato alumino calcico.
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