REPUBLIQUE DU SENEGAL * HI;NlSTEBE DU...
REPUBLIQUE DU SENEGAL
*
HI;NlSTEBE DU DEVELOPPEMENT
1
RURAL ET DE L'HYDRAULIQUE
.'
aSTITUT SENEGALAIS DERECHRRCHBS
4
AGRICOLES (1.S.R.A)
DEPARTEMENT DE RECHERCHES SUR LES
PRODUCTIONS ET LA SANTE ANIMALES
LABORATOIRE NATIONAL DE L'ELEVAGE
ET DE RECHRRCHBS VETERINAIRES
B.P. 2057
DARAR-HANN
PROGRAMME COORDONNEDE RECHERCHE SUR
L'AMELIORATION DU DIGNOSTIC ET DE LA
SURVEILLANCE DES TRYPANOSOMIASES ET
AUTRES MALADIES A VECTBURS BIOLO-
GIQUES DU BETAIL AFRICAIN PAR
L'USAGE DE METHODES SERO-
IMMUNOLOGIQUES
CONVRNTION AIEA/ISRA No4975 PORTANT SUR
L'UTILISATION DE LA TECHNIQUE ELISA DE
DETECTION DES ANTIGENES DANS L'ETUDE
DE L'INCIDBNCE DE LA TRYPANOSOMIASE
ANIMALE EN ZONE D'ELEVAGE DU
DIARORE (CROISEMENT ZEBU-NDAMA)
RAPPORT SUR L'EXECUTION DE LA DEUXIEME PHASE
DECEMBRE 1989 - DECEMBRE 1990
Par
A. DIAITE, G. VASSILIADES, M. SBYE,
A. MANE et Mme T. NDIAYE
REF. N"19/PARASITO.
MARS 1991.

RESUME
La deuxième phase des études pour la validation de la technique ELISA de détec-
tion d'antigènes sériques trypanosomiens, entamée en décembre 1989 sur des
bovins de Sokone
(Centre Sud du Sénégal) s'est achevée en décembre 1990.
Les résultats obtenus après analyse de 298 échantillons sériques sont exposés
et discutés. Les taux de prévalence de T.vivax et T.congolense gravitent autour
de 15 p.100, avec des fréquences plus élevées en sérologie. T.brucei demeure
rare avec seulement 2 P.100 d'animaux séro-positifs.
Les auteurs soulignent la sensibilité et la spécificité de la technique et la
trouvent complémentaire des autres méthodes de diagnostic des trypanosomiases
bovines.
Par ailleurs, il semble que la zone de Sokone renferme des souches de trypano-
somes chimiorésistantes.
Enfin, les auteurs s'interrogent sur la valeur de cette technique dans les
zones à haut risque de trypanosomiase, en raison des aptitudes immunitaires
des races bovines trypanotolérantes. Ils estiment cependant que la technique
pourrait être validée.
MOTS-CLES
Trypanosomes
- Diagnostic - Elisa - Anticorps monoclonaux.

t
INTRODUCTION
La mise au point de techniques de diagnostic plus performantes représente l’un
des objectifs majeurs des recherches en vue d'un contrôle plus efficace des
trypanosomiases.
Dans le principe, la meilleure technique est celle qui permet de visualiser
le parasite. Mais les méthodes employées jusqu'ici à cette fin se sont révé-
lées insuffisamment sensibles, avec notamment de nombreux faux négatifs. D'où
l'usage parallèle de méthodes séro-immunologiques (immunofluorescence, Elisa,
etc... ) pouvant détecter les anticorps résultant de la présence des trypanosomes.
Là aussi, l'apparition tardive des anticorps dans le sérum (environ deux semaines
après l'infestation) et leur persistance plus de trois mois après guérison ont
montré qu'il s'agit davantage d'outils d'enquêtes épizootiologiques que de dia-
gnostic individuel. De plus, le dépistage se limite souvent au genre et arrive
difficilement à distinguer les espèces.
La variante recherche d'antigènes circulants a semblé offrir des perspectives
plus intéressantes : les substances antigéniques libérées dans la circulation
générale par suite de phagocytose des trypanosomes peuvent être détectées dans
le sérum. Ces substances étant nécessairement contemporaines de la présence
des parasites, leur détection signe une infestation actuelle. Et l'usage à
cette fin d'anticorps monoclonaux à haute spécificité permet d'identifier
l'espèce de trypanosome en cause.
Telles furent en tout cas les conclusions tirées des premiers essais réalisés
par Nantulya sur les trois principales espèces de trypanosomes pathogènes
d'Afrique
: T.congolense, T.vivax et T.brucei.
Il restait à valider cette technique en définissant ses conditions d'utilisa-
tion optimale à partir d'échantillons sériques plus nombreux et de souches de
trypanosomes plus diversifiées quant à leur provenance géographique.
C’est là l’un des objectifs de ce programme coordonné regroupant plusieurs pays
africains et supervisé par l'AIEA, la FAO et 1'ILRAD. La participation du
Sénégal à ce programme a fait l’objet de la convention AIEA/ISRA n"4975.
. . . / . . .

- 2
Ce rapport est consacré à l’exécution de la deuxième phase de cette convention,
qui a couvert la période allant de décembre 1989 à décembre 1990.
Un rapport sur l’avancement des travaux a été rédigé pour chacun des trois pre-
miers trimestres de 1990 (cf. rapports Parasito. n”29, 67 et 70, 1990).
La première phase (décembre 1988 - juin 1989) avait fait l’objet du rapport
n024/Parasito., 1990).
1. IfATERIEL ET METHODES
1.1 - Sites expérimentaux - Animaux cibles
Une enquête préliminaire, effectuée en décembre 1988 dans la zone du Niombato
(Centre Sud du Sénégal) avait permis de choisir les sites expérimentaux et les
animaux cibles en fonction de la présence des glossines.
C’est ainsi que les villages de Karang (16”25 Ouest - 13’35 Nord) et de Keur
Aliou GUEYE (16’25 Ouest - 13’45 Nord) ont été retenus. Ces deux villages sont
limitrophes de forêts classées infestées de tsé-tsé (Glossina morsitans submor-
sitans) avec une densité plus élevée à Karang.
Les bovins vivant dans cette zone sont principalement des Ndama et des croise-
ments Zébu-Ndama (Diakoré) réputés trypanotolérants. On y trouve aussi des
Zébus trypanosensibles, le plus souvent des taureaux géniteurs.
Dans chacune de ces deux localités, 20 bovins avaient été choisis et identifiés
par pose de boucles numérotées à l’oreille, soit au total 40 animaux. Mais à
la suite du désistement d’un éleveur-propriétaire et du retrait de certains
animaux des troupeaux (ventes, mortalités, etc... >, l ’ e f f e c t i f s u i v i é t a i t d e
26 bovins au début de cette seconde phase (nous avons éiiminé les données
recueillies en décembre 1989 sur le troupeau qui n’est désisté en janvier 1990).
Ces 26 bovins se répartissaient comme suit :
-
3 mâles de 3 à 4 ans
- 23 femelles de 3 à 10 ans.
. . ./ . . .

- 3
Les échantillons recueillis sur ces animaux sont dénommés "prélèvements de
Sokone (SK)", centre urbain le plus proche de ces deux villages et où l'équipe
en tournée se basait pour assurer la conservation sous froid des sérums.
Les prélèvements de sérum ont concerné également des bovins Zébus vivant à
Dahra (DR) : 15"50 Ouest - 15"20 Nord, une zone indemne de glossines. Au total
16 bovins y ont été prélevés et ont servi de témoinspour le contrôle de qualité
des réactifs biologiques.
1.2 - Prélèvements - Analyses - Traitements
Une modification importante du protocole est intervenue au début de cette
seconde phase : tous les bovins suivis ont été traités au Bérénil aussitôt
après les prélèvements de la première visite de décembre 1989 (Dl), puis au‘
Trypamidium 15 ou 45 jours après, conformément au tableau ci-dessous
T R A I T E M E N T S
LOT
Bérénil : I.M.
Trypamidium 0,5 mg/kg : I.M.
No
8 1 à
9 0
10,5 mg/kg
1 5 jours après Bérénil
No 101 à 110
10,5 mg/kg
4 5 jours après Bérénil
No 111 à 120
7,0 mg/kg
1 5 jours après Bérénil
No
9 1 à 100*
3,5 mg/kg
1 5 jours après Bérénil
Ces traitements visaient à apprécier l'effet de la chimiothérapie (Bérénil) et
de la chimioprévention (Trypamidium) sur l'antigénémie et à se prononcer sur
l'existence éventuelle de souches locales de trypanosomes chimiorésistantes.
Pour cette raison, les traitements ponctuels des animaux avec des trypanocides
n'a été repris qu'à la fin supposée l'ef,fet du Trypamidium.
. . . / . . .
* Désistement de l'éleveur propriétaire de ce lot après le traitement au
Trypamidium. Les données recueillies en décembre sur ces bovins ne sont
pas traitées dans ce rapport.

- 4
D'autres innovations ont été introduites : préservation des sérums avec du
benzoate de Sodium a la place de l'azide de sodium ; usage d’un nouveau lot
d'anticorps et de conjugues monoclonaux
à diluer respectivement au 1/500 et
au lj1000 au lieu de l/lOO ; eau oxygénée livrée en pastilles effervescentes
(et non en solution concentrée) à faire dissoudre dans de l'eau distillée ;
révélateur ARTS en poudre (et non plus en solution) à reprendre également dans
de l'eau distillée ; enfin utilisation d'éponges spéciales pour égoutter les
plaques, en lieu et place des mouchoirs absorbants.
Il n'y a pas eu d'autre modification du protocole ni sur le terrain, ni au
niveau des analyses en laboratoire. Voici, à titre de rappel, les grandes
lignes de ce protocole.
Sur les bovins suivis dans la zone à glossines , une visite mensuelle a été
effectuée régulièrement de décembre 1989 à décembre 1990, à intervalles de
30 jours le plus souvent. Les prélèvements et analyses ci-dessous ont été
régulièrement entrepris.
- Récolte de sang périphérique en tubes capillaires (2 tubes par animal),
centrifugation sur place et lecture du P.C.V. : valeur moyenne sur les
2 tubes.
- Lecture sur place de l'interphase de ces microtubes.
- Confection de frottis de sang, cohxtion et lecture au laboratoire.
- Collecte de sang jugulaire en tubes "vacutainer' secs, centrifugation 24heures
après saignée, récolte des sérums et adjonction de 0,Ol p.100 de bensoate de
Sodium ; stockage à - 20°C jusqu'à l'emploi.
- Epreuves ELISA de détection d'antigènes circulants avec les réactifs et
selon le protocole du trousseau FAQ/AIEA/ILRAD.
Ces épreuves sérologiques concernent aussi les sérums prélevés sur des bovins
Zébus de la zone témoin de Dahra.
. . . / . . .

- 5
- Prélèvement par voie rectale (tous l e s 3 m o i s ) d e s e l l e s e n f l a c o n s i n d i v i -
duels renfermant une solution de Formol 2 5 p.100 ; analyse coprologique
au laboratoire.
- ‘i t’ p ?- i s t’ t,:1
illin
d e s trni.tements ~111 Ri:rénil ( 7 my!kg, T .Y.) des nnimnux
.,
parasitémiques ou séro-positifs. Ces traitements avaient été suspendus pour
apprécier les effets de la chimioprévention faite sur l’ensemble des bovins
suivis en décembre 1989. Cependant, les animaux non cibles des troupeaux
encadrés ont continué à bénéficier de traitements trypanocides et autres,
gratuits,
à la demande des éleveurs.
- Vaccination des troupeaux encadrés contre le charbon bactéridien suite à
une présomption d’épizootie charbonneuse dans un pays voisin.
II. RESULTATS PROTOZOOLOCIQUES, HEMATOLOGIQUES ET COPROLOGIQUES
2.1 - Trypanosomes pathogènes
Nombre de cas mensuels relevés en miCrOSCOpie
Déc.1 Déc.2 Janv. Fév. Mars Avril Mai Juin
Juil, Aoüt Sept. Oct. Nov. Déc.
T.brucei
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
T.congolense
1
0
0
0
0
0
0
1
1
2
5
2
0
2
Lvivax
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
Nombre de
bovins exa-
minés
) 26 1 26 ( 25 ( 25 ) 15 ) 23 1 21 1 21 ( 21 1 22 ) 20 ) 19 ) 17 1 17 1
I
Ce tableau indique, pour T.brucei et T.vivax, des résultats identiques à ceux
obtenus au cours de la première phase : aucun cas n’a été diagnostiqué au micros-
cope. Pour T,congolense, par contre, la parasitémie réapparait 6 mois après les
traitements trypanocides et persiste jusqu’en décembre, avec un pic de 25 p.100
en septembre (5 cas sur 20 analyses) et une éclipse en novembre. Au total 14 cas
ont été diagnostiqués de décembre 1989 à décembre 1990, soit un taux d’infesta-
tion de 4,69 p.100.
/
. . . . . .
Déc.1 - Déc.2 : première et deuxième visites de décembre 1989.

,
- 6
2.2 - Hématocrite
2.2.1 - Résultats mensuels
Nombre de
Aptitude de
Moyenne % + intervalle de confiance
bovins *
l'hématocrite
a 5 p.100
Déc.1
26
I
28 à 47
I
35,4 i: 2,4
l
Déc. 2
26
28 à 50
37,0 + 2,4
Janvier
25
24 à 49
36,4 + 2,8
I Février
I
25
I
22 à 49
I
36,8 2 2,8
Mars**
0
Avril
23
26 à 49
3?,2 + 2,6
Mai
21
28 à 44
33,8 2 2,3
Juin
21
21 à 44
31,l + 2,5
Juillet
21
22 0 39
28,6 + 2,0
Août
I
22
l
20 à 40
l
30,2 + 1,9
I
Septembre
20
22 à 38
30,2 t 1,8
I Octobre
I
19
I 21 à 36
I
29,5 2 2,0
l Novembre l
17
l
25 à 40
l
33,2 + 2,4
Décembre
17
22 0 41
34,l + 2,8
I TOTAL
l
283
I
20 à 50
l
33,5 + 0,6
Les hématocrites moyens mensuels sont presque tous inférieurs à la norme de
37,7 + 1,2 p.100 calculée par FRIOT et CALVET pour les métis zébu-Taurins du
Sénégal. Tout comme la moyenne générale. Et cette anémie s'accentue de juin
à octobre, sans doute en raison de la pression parasitaire pendant la saison
des pluies.
. . .
/ l . .
* Les effectifs examinés figurant sur ce tableau, ainsi que les moyennes de
l'hématocrite,
sont différents de ceux mentionnés dans les rapports du pre-
mier et du deuxième trimestres. C'est que d'une part, le lot d'animaux qui
s'est retiré en janvier avait été inclus dans ces rapports ; d'autre part,
le présentation des résultats en fonction de la période post-thérapeutique
tenait compte du décalage de 30 jours entre les animaux traités au Trypami-
dium 15 jours après Bérénil et ceux traités 45 jours après. Il en est ainsi.
pour tous les tableaux et figures de ce rapport.
** L'hématocrite moven ~II mnic AP msr=
1,. c.*r
r,
L-.-J--
----l
/

- 7
2.2.2 - Résultats des bovins trypanosomés et non trypanosomés
I
Le tableau ci-dessous répartit l'ensemble des données de l'hématocrite en
i
quatre lots : les bovins trypanosomés, sans distinction d'espèces, les positifs !
à T.vivax seul, ceux à T.congolense seul, et enfin ceux qui sont restés néga-
i
I
tifs à Trypanosoma aussi bien en sérologie qu'en microscopie. Il n' y a eu
qu'un cas positif à T. brucei seul (les autres sont associés à T.v. ou T.c).
Les associations T-b., T-v., T.c. sont pris en compte dans le lot des trypano-
somés.
Nombre de
Amplitude de
Moyenne % + intervalle
Lot
bovins
l'hématocrite
de confiance à 5 p.100
I Trypanosomés 1
I 21 à 42
I
31,7 2 1,l
1T,vivax seul I
3 2
I
26 à 42
I
34,4 + 1,6
I
T.congolense
seul
2 4
2 1 à 4 7
31,2 + 2,4
Non trypano-
somés
2 1 4
2 0 à 5 0
34,0 + 0,8
On note ici que les bovins positifs à T.congolense ont une moyenne de
l'hématocrite similaire à celle obtenue par le lot des trypanosomés
(différence non significative à l'analyse de variante), ceux qui hébergent
T.vivax offrent la même moyenne que les négatifs (différence non signifi-
cative également). Par contre, une différence significative est notée entre
l'hématocrite moyen des porteurs de T,congolense et celui des positifs à
T.vivax. Il se confirme que T.c. est plus anémiant que T.v. pour les bovins.
Entre trypanosomes et négatifs, la différence est également significative
au seuil de 5 p.100.
En comparant ces moyennes avec la norme raciale (37,7 & 1,2), on observe une
anémie dans tous les lots, mais qui est plus marquée dans le groupe des
trypanosomés que dans celui des négatifs.
2.3 - Coprologie
Les analyses coprologiques trimestrielles révèlent en général de faibles
taux d'infestation par des Strongles et des Coccidies. Au mois de février
cependant, 3 bovins (Nos 83, 90 et 106) se sont montrés positifs à

- 9
. plaques T-v. et T.c. : 10 ~1 de sérum pur dans les 100 ~1 de tampon
. plaque T.b. : 5 ~1 de sérum pur dans 100 ~1 de tampon.
Scellage des plaques, homogénéisation puis incubation 15 minutes à la
température du laboratoire (environ 2OOC).
- Vidange de la plaque, 1 rinçage rapide suivi de 2 trempages de 10 mn
chacun dans PBS-Tween. Séchage sur éponges.
- Distribution de l'anticorps monoclonal spécifique marqué à la Péroxydase
(conjugué), 100 ~1 par cupule (sauf rangée 1). Incubation 15 mn à la
température du laboratoire. Le conjugué est dilué dans le tampon PBS-
Tween additionné de 1 p.100 de sérum-Albumine de bovin (B.S.A.).
.
- Vidange, rinçage, puis 3 trempages de 10 mn chacun. Séchage.
- Distribution du révélateur (A.B.T.S f HeOa) dans toutes les cupules,
100 ~1 par cupule. Incubation 30 mn à la température du laboratoire et
à l'obscurité.
- Lecture des résultats au spectrophotomètre, à 405 nm.
Une coloration verte se développement dans les cupules à réaction positive,
tandis que la colonne 1 ("blank") et les cupules à sérum négatif doivent
rester incolores. L'intensité de cette coloration est proportionnelle à
la quantité d'antigènes trypanosomiens prise en sandwich par les deux cou-
ches d'anticorps monoclonaux spécifiques (anticorps de sensibilisation et
conjugué). L'appareil exprime les résultats sous forme de densités
optiques (d.o.)
A l'issue des essais réalisés au début de la première phase et en accord
avec l'ILRAD, le d.o. de 0,050 a été retenu
comme seuil de positivité.
3.2 - Résultats
Les tableaux et figures annexés à ce rapport donnent les résultats de séro-
logie sous plusieurs angles.

- 10
Le tableau 1 indique les fréquences mensuelles et globales des trypano-
somes pathogènes sans distinguer les associations parasitaires. Le tableau
2 donne le détail des infestations monospécifiques, mixtes et triples,
Sur les 298 analyses effectuées dans la zone à glossines,on trouve :
- Trypanosoma vivax (T.v.) : 45 cas au total, soit 15,lO p.100. Le taux
mensuel le plus élevé se situe en octobre : 42,lO p.100 (5 cas monospéci-
fiques, 2 cas associés à T.congolense et 1 autre à T.brucei et T.congo-
lense,
sur 19 analyses). parmi ces animaux séro-positifs à T.v., figure
régulièrement le n087.
- Trypanosoma congolense (T.c.) : 39 séro-positifs, soit 13,08 p.100, l
avec une répartition différente à travers l'année. La fréquence la plus
forte est celle du mois de novembre : 35,29 p.100 (5 séro-positifs mono-
spécifiques et 1 association T.v.-T.c., sur 17 échantillons analysés).
Il n'y a pas eu de séro-positivité à T.c. de février à mai.
- Tqpanosoma brucei (T.b.) : 6 cas au total, soit un taux de 2,Ol p.100 :
1 cas monospécifique en décembre (D2), 2 associations T.b. -T.v. en
décembre toujours (Dl) et 2 autres à T.b., T.v., T.c. pour le même mois
(Dl). Le sixième cas est une autre association T.b., T-v., T.c. décelée
en octobre.
S'agissant des 16 échantillons sériques prélevés sur les bovins de la zone
témoin DR, 1 seul cas de séro-positivité est relevé. Il s'agit de l'ani-
mal n'122, qui réagit à nouveau avec l'anticorps T.vivax, comme ce fut
le cas en 1989.
Pour les 15 autres bovins, l'amplitude des densitésoptiques va de 0,001
à 0,041 pour T.v., 0,001 à 0,010 pour T.c. e t 0,001 à 0,005 pour T.b.
Les tableaux 3 et 5 reprennent les données ci-dessus et les complètent
avec les résultats des examens au microscope. On y constate que :
- T.vivax est T.brucei n'ont pas pu être visualisés au microscope
- Par contre, 14 cas de T.congolense ont été diagnostiqués avec cette
technique.
. . ./ . . .

- 11
L
Parmi lesquels 7 ont été confirmés en ELISA. Les 7 cas non confirmés en sérolo-
gie portent à 46 le nombre total d'analyses positives à T.c., toutes techniques
confondues,
soit une fréquence de 15,92 p.100.
Les figurent 1 à III montrent la dispersion des densités optiques et permettent
une comparaison des résultats des deux zones (zone à glossines SK et zone
témoin DR). Les résultats de cette zone témoin ainsi que ceux des sérums de
contrôle positifs et négatifs permettent par ailleurs d'affirmer que les réac-
tifs utilisés ont gardé leur bonne qualité tout au long des travaux (93,75 p.100
de séro-négatifs dans le lot témoin DR ; sérum de contrôle "+" et "-" régulière-
ment séro-positifs et séro-négatifs respectivement).
La figure IV, relative aux effets des trypanocides montre deux situations 1
différentes :
- dans les lots traités au Trypamidium 15 jours après bérénil, on note une
chute brusque de l'antigénémie après le premier traitement, puis une stabilisa-
tion après le trypamidium, qui se prolonge pendant 3 mois pour T.v. ; 5 mois
pour T.c. et quasi-définitivement pour T.b. De plus, les taux de séro-
positivité obtenus avec ces animaux avant les traitements n'ont été à nouveau
atteints qu'en mai pour T.v. (+ 5 mois) et seulement en novembre pour T.c.
(+ 11 mois) ;
- les bovins ayanr reçu le trypamidium 45 jours après bérénil montrent quant à
eux une remontée significative de l'antigénémie en janvier (saignée précédant
le traitement au trypamidium). Par la suite, ils se sont comportés comme les
autres lots.
Ces observations sont d'ordre général puisque, nous l'avons vu le bovin no87
est resté constamment séro-positif malgré ces traitements de décembre et malgré
les traitements ponctuels au bérénil repris en juin.

- 12
DISCUSSION
Au vu des résultats sérologiques enregistrés tout au long de ce travail, la
première question que l’on se pose est celle-ci : les séro-positivités décelées
en dehors de parasitémies lisibles au microscope traduisent-elles réellement
des cas d’infestation ?
Dans le rapport final rédigé à la fin de la première phase, nous avions dépondu
oui à cette question, avec des arguments liés à la biologie des trypanosomes
et au comportement immunologique de l’animal infesté. Ainsi, au début de l’infes-
tation et à celui que chaque nouveau variant antigénique, la parasitémie peut
être submicroscopique, c ’ e s t - à - d i r e s i f a i b l e q u ’ e l l e e s t i l l i s i b l e . L e s q u a n -
tités d’anticorps produites étant encore faibles elles aussi, il n’y a pas de
phénomène de saturation et les antigènes peuvent être décelés dans le sérum.
D’autres arguments tirés de l’examen de ces résultats s’y ajoutent :
- Les sérums témoins en provenance de la zone sans glossines sont dans l’ensem-
ble séro-négatifs (le seul cas de T.vivax noté pourrait relever d’une trans-
mission mécanique par des insectes autres que les glossines)
- Les taux de séro-positivité (autour de 15 p.100) représentent une situation
normale pour cette zone (concernant T.vivax et T.congolense) où l’on trouve
par endroits de très fortes densités de glossines. Et surtout, ces gztes sont
le plus souvent des forêts classées où les animaux paissent et s’abreuvent
une bonne partie de l’année , maintenant ainsi des contacts fréquents avec
le vecteur. 11 est donc vraisemblable qu’une telle enzootie trypanosomienne
prévale dans cette zone.
- Enfin et concernant plus particulièrement T.vivax dont aucun cas n’a pu être
visualisé au microscope, le tableau de l’hématocrite en fonction de la pré-
sence des trypanosomes conduit à des hypothèses intéressantes : les bovins
s é r o - p o s i t i f s à T.v. obtiennent un hématocrite moyen supérieur à celui des
porteurs de T.congolense et très voisin de celui des négatifs. Est-ce à dire
que les souches de T.v. présentes dans cette zone sont quasi-inoffensives
ou en tout cas moins pathogènes que T.c. pour les bovins ? Ou que ces bovins
parviennent à contrôler parfaitement cette espèce parasitaire et la maintien-
nent à des niveaux de parasitémie trop bas pour être lisible au microscope ?
. . . / . . .

- 13
Du reste, ces deux hypothèses peuvent prévaloir en même temps. Dans ces con-
ditions, il est concevable que des animaux virtuellement aparasitémiques
soient séro-positifs.
La deuxième question est relative à l'existence ou non de souches de trypano-
somes chimiorésistantes dans cette zone. Le cas du bovin no87 semble montrer
qu'il en existe. Ni le bérénil à 10,5 mg/kg, ni le trypamidium à 0,5 mg/kg
n‘ont pu mettre fin à la séro-positivité constante de cete animal qui devait
mourrir au mois d'octobre dans des circonstances bizarres (troubles nerveux).
Des inoculations de chèvres ont été faites à deux reprises avec le sang de ce
bovin, mais les chèvres sont mortes accidentellement avant la sortie éventuelle
de trypanosomes. Ce qui est certain, c'est que ce bovin a eu un comportement.
sérologique constant et différent de celui de tous les autres animaux suivis.
Il faut ajouter que les agents de l'élevage en poste dans la zone se plaignent
souvent de traitements trypanocides infructueux, et qu'ils ont tendance, de
plus en plus , à changer de médicament.
Une troisième question consiste à savoir si les hématocrites moyens calculés
pour ces animaux traduisent bien une anémie. On peut sans doute répondre oui
pour les bovins infestés par T.congolense (31,7 p.100). Pour les autres (néga-
tifs et porteurs de T.vivax), la pruduence s'impose. En effet, l'anémie est
déclarée ici en comparaison avec la norme raciale des métis zébus-Ndama
(37,7 p.100). Or, nous n'avons pas de renseignements précis sur le degré de
métissage de ces animaux, qui peuvent être issus d'un brassage de sang les
rapprochant
plus ou moins de la Ndama pure. S'ils sont plus
proches de la Ndama, la moyenne hématocrite de 34 p.100 qu'ils ont obtenue
n'indique pas forcément une anémie puisque la norme pour cette race est de
34,7 p.100.
. . . / . . .

- 14
CONCLUSION
Au terme des travaux de cette deuxième phase , nous pouvons tirer les conclu-
sions suivantes :
- les espoirs placés dans la technique Elisa de recherches d'antigènes circu-
lants pour le diagnostic des trypanosomiases bovines semblent justifiés :
les réactions sérologiques ont une spécificité remarquable et permettent une
distinction sans équivoque entre T.vivax, T.congolense et T.brucei brucei ;
la technique est très sensible et se réalise avec de petites quantités de
réactifs ; l'application de la méthode ne requiert pas de compétence particu-
lière, mais seulement de l'attention et de la rigueur ; les réactifs biolo-
giques mis en oeuvre se conservent longtemps à +4'C ou - 20°C sans perdre
leurs propriétés ; enfin, son emploi sur des échantillons sériques prélevés
sur le terrain ne demande pas de précautions spéciales autre que l'emploi
d'un préservatif antiseptique et le maintien de la chaîne de froid ;
- la complémentarité entre cette technique et les méthodes de diagnostic para-
sitologique en fait des outils de choix pour une évaluation plus juste des
infestations trypanosomiennes.
Un point d'interrogation subsiste cependant:dans les régions à pression vecto-
rielle très élevée et où vivent des animaux hautement trypanotolérants, peut-on
s'attendre à ce que la technique donne les mêmes performances qu'en zone à
moindre incidence trypanosomienne ?
En effet, si le bétail à trypanotolérance excellente produit constamment de
grandes quantités d'anticorps , n'y-a-t-il pas une saturation permanente des
sites antigéniques in vivo empêchant ainsi la réaction sérologique in vitro ?
Il nous paraît important de travailler à répondre à cette question, notamment
en reprenant cette étude dans la région Sud du Sénégal fortement infestée de
glossines et où vivent des bovins Ndama possédant un degré de trypanotolérance
remarquable.
Sauf cette réserve, il nous semble opportum de valider cette technique, au
moins pour la surveillance de zones à risques faibles ou moyens.

- 15
R E M E R C I E M E N T S
- Les agents de lIELevage en service dans la zone de Niombato ont facilité
Les contacts avec les Eleveurs i:t oilt contribué à instaurer le climat de
<iIilf L 1:ICe
qui a j)ccd~;l Iii L~:ui clu !tl~li: ~IL' i'(:s LI“IV;IUX.
- Monsieur Diéry KANE, Chef de poste vétérinaire dans la zone, a gracieusement
accepté d'héberger l'équipe à Sokone pour l'ensemble des visites.
- Monsieur le docteur SYLLA, Chef de l'Unité FAO de contrôle des vaccins a
bien voulu mettre à notre disposition le lecteur Elisa de son Unité tout
au long de ce travail.
- Le service de Parasitologie du LNERV leur adresse ses vifs et sincères
remerciements.

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BO = Avant traitement au béténi~
815,845 z 15 et 45 jourC yrès béréni 1
TiàlL = A ZL 4% mois apr’e~ tudwned au b-3 pamP&um
a-m : T. vivat
b - - d . ’ T. cangoLense
o-a-a-0 :T. btucei