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!
:
DEPARTEMENT !SYSTEMES AGRAIRES
I
.
‘.
-CIRAD-
R E L A T I O N S A G R I C U L T U R E - E L E V A G E
MONTPELLIER : 10 - 13 SEPTEMBRE 1985
E B A U C H E D ’ U N E M E T H O D O L O G I E D E D I A G N O S T I C D E
L ’ A L I M E N T A T I O N D E S R U M I N A N T S D O M E S T I Q U E S
D A N S U N S Y S T E M E A G R O P A S T O R A L : L ’ E X E M P L E
D E T H Y S S E - K A Y M O R .- S O N K O R O N G A U S E N E G A L
:’
P A R H,GUERIN, CH,SALL, D, F R I O T , B,AHOKPE,
A,NDOYE A V E C L A C O L L A B O R A T I O N T E C H N I Q U E
D
E
T,M,BA, AtFAYE, M,DIOP
C I R A D
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I S R A
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I N S T I T U T D ’ E L E V A G E E T D E M E D E C I N E
L A B O R A T O I R E N A T I O N A L D E L ’ E L E V A G E
V E T E R I N A I R E D E S P A Y S T R O P I C A U X
E T D E R E C H E R C H E S V E T E R I N A I R E S
10, R U E P I E R R E - C U R I E
B,P, 2057
94704 - M A I S O N S - A L F O R T
DAKAR-HANN
R E F , No 86/ALIM,NUT,
J U I L L E T 1 9 8 5

I N T R O D U C T I O N
c
Une des contraintes essentielles des systèmes extensifs d’élevage des
.
zones arides est l’alimentation. Elle limite la productivité du troupeau du
fait d’un bilan fourrager négatif, tant du point de vue quantitatif (disponi-
ble faible), que qualitatif (valeur nutritive insuffisante). Le plus souvent
ces deux facteurs interviennent simultanément.
Ce constat global ne permet pas de hiérarchiser les problèmes ni d’avan-
cer des propositions visant soit à augmenter la production fourragère, soit
à améliorer sa gestion (ajustement de l’offre et de la demande, commercialisa-
tion. . .). II faut pousser plus loin l’analyse en essayant d’approcher les
termes du bilan fourrager, et de caractériser le régime tant au plan quanti-
tatif que qualitatif. L’interprétation des performances zootechniques, témoin
du niveau de couverture des besoins des animaux, est bien sûr indispensa-
ble à la compréhension du système d’alimentation.
Aucune méthodologie de terrain répondant à ces questions, à la fois
simple et légère, n’est à notre connaissance disponible pour les systèmes
d’élevage extensifs pastoraux et agropastoraux des zones ari des. Le travail
de recherche décrit ci-dessous tente de contribuer à sa mise au point.
II consiste dans un premier temps à décrire dans le détail l’alimentation
des ruminants de deux villages sénégalais, à discuter les différentes
informations recueillies, et enfin à identifier celles qui pourraient contribuer
à la prise de décision visant à l’amélioration du système d’élevage.

.

..-.

-. .
_
._.-

.

- 2
L’ALIMENTATION DES RUMINANTS DES TROUPEAUX EXTENSIFS
DES VILLAGES DE THYSSE-KAYMOR ET SONKORONG AU SENEGAL
LOCALISATION DE L’ETUDE
Les villages de Thyssé-Kaymor et Sonkorong (Lat : 13O45’ N ; long :
15OYO’ W) sont situés, dans le sud du bassin arachidier à quelques kilomètres
de la frontière gambienne. Ils appartiennent au département de Nioro du Rip.

Bien qu’encadrés par les isohyètes 800 et 900 mm, ils n’ont reçu que 500 mm
environ de pluies totales ces dernières années. La saison des pluies dure
quatre mois, du 15 juin au 15 octobre.
Ces villages appartiennent à une des anciennes “Unités expérimentales
du Sine-Saloum” créées par le C. N. R.A. de Bambey (2). Des programmes de
recherche - développement s’y sont déroulés de 1968 à 1982.
L’unité expérimentale proprement dite a une superficie de 5 250 ha, mais
grâce à la couverture photographique aérienne réalisée en 1983 pour I’IRAT,
nous avons pu étendre certains aspects de notre étude à 10 000 hectares sup-

plémentaires correspondant à peu près aux aires de parcours des troupeaux
étudiés.
On distingue un élevage extensif, objet de cette étude, d’un cheptel
“intégré” ( 7, 12) à l’exploitation (animaux de trait et d’embouche) dont I’impor-
tance s’est accrue depuis une dizaine d’années. Ce cheptel “intégré” doit être
pris en compte dans l’établissement du bilan fourrager, mais jusqu’ici, nous
n’avons pas mené d’étude sur son alimentation qui semble poser moins de pro-
blèmes que celle du troupeau extensif.

En effet, la croissance démographique et le développement de la culture
attelée ont entraîné le défrichement de nombreux parcours naturels jusqu’alors
réservés à l’élevage. Seuls les terrains totalement inaptes à l’agriculture
(cuirasses affleurantes, sols comaltés sur cuirasse.. . ) portent encore une
végétation dite “naturelle” mais qui évolue rapidement, sous l’effet de facteurs
anthropiques (exploitation forestière excessive, surpâturage en saison des

pluies).

- 3
LA PRODUCTION FOURRAGERE
La production fourragère est composée de la production primaire des
parcours naturels, de la végétation herbacée adventice,de ligneux et de
sous-produits agricoles. Ces derniers sont soit récoltés (fane d’arachide ;
c ”
une partie des pailles de céréales, ma’is essentiellement), soit abandonnés
sur les champs (la majorité des pailles de céréales). Ce mode de gestion

des pailles et fanes est spécifique de cette zone. En effet, la destination
des sous-produits varie beaucoup d’une région à l’autre : au nord du bassin
arachidier toutes les fanes d’arachide et pailles de céréales sont récoltées ;

au contraire les fanes d’arachide de certains villages du Sénégal-Oriental
ne sont pas récoltées en totalité.

a) Occupation des sols
- - - - -------L-----
La planimétrie
réalisée à partir des photographies aériennes exécutées
à 10 ans d’intervalle permet de donner un aperçu de l’occupation des sols.
Tableau 1 : Occupation des sols de Thyssé-Kaymor-Sonkorong
!
I
! 1973 - d’après!! 1983 - d’après photographie !
1 J.“YENeZAfl S)i

aérienne
!
!

!
!
!
!
Unité expérimentale
Périphérie
I
‘i de 1lU.E. i;
!
!
!
!
!
! Pâturages naturels
!
!
!
!
!
! - de pentes et plateaux

; 4 8 , 0 p.100 ;
33,3 p.100 i
34,7 p.100 ;
! - de bas fonds
!
Y,9 p. 100 !
3,3 p.100 !
6,8 p.100 !
!
!
!
!
!
! Cultures et jachères
! 46,l p.100 ! 62,3 p.100 ! 57,2 p.100 !
!
!
!
!
!
! Villages
!
l , o p.100 !
1,l p.100 !
1,3 p.100 !
!
!
!
!
!
!
!
!
!
! Superficie
!
5 250 ha
!
10 180 ha !
!
!
!
!

- 4
On retiendra qu’un tiers du terroir est encore couvert de pâturages
naturels, pour l’essentiel de mauvaise qualité. La répartition entre cultures
et jachères n’est pas précisée, mais les dernières ont fortement regressé
jusqu’à disparaître dans de nombreuses exploitations.
La part de l’arachide et des céréales dans les surfaces emblavées, évolue
en fonction de facteurs climatiques et économiques. En l’absence d’estimations
plus récentes (en cours d’obtention par le département Systèmes de production
de I’ISRA), nous retiendrons que 60 p.100 des terres cultivées portent de
l’arachide et 40 p. 100 des céréales, essentiellement du mil (1982 - G. POPTHIER
communication personnelle). Cette répartition est d’ailleurs identique à celle
enregistrée au niveau du mini-échantillon (5 exploitations -71 hectares) consti-
tué par les exploitations dont les troupeaux font l’objet d’un suivi alimentaire

(ci-dessous).
b) Descrbtion
- - - - - - - - de la végétation
- - - - - - - - - - - - - - - -
Les espèces végétales des parcours naturels, des jachères et de la
végétation adventice ont été identifiées au service d’AgropastoraIisme du
LNERV. Elles ne sont pas diffiirentes de celles citées par J. VALENZA (15)
en 1973 :
- la strate herbacée des pâturages de plateaux et pentes est dominée par
Diheteropoqon hagerupii (g) ., Borreria stachydea (h) , Elionorus elegans (g)
Schyzachyrium exile (g) et Tephrosia bracteolata ( I )Comme l’avait déjà

“<-
signalé J. VALENZA, Andropogon gayanus a presque totalement disparu.
Les principales espèces de la strate ligneuse sont Combretum glutinosum,
Combretum niqricans, Securidaca longipedunculata, Heeria insignis et
Acacia ataxacantha
- les herbacées adventices ou des jachères sont principalement Pennisetum
pedicellatum (g), Digitaria longiflora (g) , Borreria stachydea (h) , Dactyloc-
tenium aeqyptium (g), Schyzachyrium exile (g) ; cinq espèces de ligneux
y sont abondantes : Combret:um glutinosum, Terminalia avicennoïdes,

Pi liostiqma reticulata, Heeria insignis, Annona senegalensis
* g (graminée) - I (légumineuse) - h (autre famille herbacée).

- 5
A noter que la flore ligneuse est très diversifiée : 56 espèces ont été
\\
déterminées, alors que pour les graminées, les légumineuses et les autres
familles de plantes herbacées, les effectifs s’élèvent respectivement à 22,5

.
et 37.
*
II faut préciser que cette enquête floristique faite par des non-sp&ialistes,
avec l’aide des villageois, n’est pas exhaustive, car pour l’essentiel, les
espèces inventoriées ne sont que celles participant, au moins occasionnelle-
ment, au régime des animaux.

II revient au phytoécologue et à I’agropastoraliste de faire une descrip-
tion détaillée des différents formations végétales, de leur dynamique sous
l’action des facteurs climatiques et anthropiques. L’analyse dans une optique
écologique des données sur les préférences alimentaires du bétail (cf. ci-
dessous) devrait contribuer à la compréhension des “interactions animal-

milieu”.
c) Les rendements et l’estimation de
_______---_---_--------------------
la_production

totale
---------------_
En 1973, J. VALENZA estimait la production moyenne des pâturages
naturels et jachères à 1 800 kg de matière sèche par hectare.
Les mesures directes par prélèvements n’ont pas été faites ces dernières
années, mais la production peut être estimée en fonction de”I’indice des
pluies utiles”. Cet indice est calculé à partir d’un bilan hydrique cumulé
par périodes de 5 jours. Les équations utilisées ont été établies par C.
BOUDET (4) pour le Ferlo, en zone sahélienne ; elles tiennent compte de
la potentialité des sols (3 classes), et montrent que la répartition dans le

temps des précipitations joue un rôle très important sur les productions.
La production des pâturages à faible potentialité (éboulis, cuirasse
affleurante) est estimée par cette méthode à 500 kg de MS/ha en 1983 et
à 150 kg en 1984,
celle des pâturages à potentialité moyenne
(sols colmatés sur cuirasse) à 1 500 kg MS/ha en 1983 et à 600 kg MS/ha
. . . l . . .

i 6
en 1984. Les pluies totales (480 mm) étaient identiques pour les deux années
a
mais les poches de sécheresse de 1984 ont eu des effets catastrophiques sur
la végétation naturelle comme sur les cultures.
Ces données sont bien sûr peu précises, mais elles correspondent à
l’hétérogénéité du milieu.
Les rendements en pailles de céréales .sont compris, d’après nos mesures
(9 séries de prélèvements en 1981 à Nioro du Rip - 3 séries de prélèvements
à Thyssé-Kaymor en 1983) et d’après ALLARD (1) entre 1 500 et 2 000 kg
MS/ha.
La fane d’arachide dont la production est également comprise entre
1 500 et 2 000 kg MS/ha échappe presque totalement à l’élevage extensif :
une partie est réservée au cheptel “intégré” et l’essentiel est commercialisé
vers les centres urbains. L’analyse de ces flux de fourrage permettra de
préciser la production fourragère “réelle”. Cependant, après la récolte et
le battage de l’arachide, il reste sur le champs des résidus, essentiellement
des feuilles, évalués à 180 f 60 kg MS/ha (n = 30) en 1984. Ces résidus
jouent un rôle important dans l’alimentation du bétail en début de saison

sèche (cf. ci-dessous).
Quoique grossières, ces différentes estimations situent l’ordre de gran-
deur de la production totale du fourrage, et de sa fraction disponible pour
le cheptel extensif en l’état actuel du système d’élevage ; par exemple pour
1 000 hectares,ordre de grandeur de l’aire de parcours d’un troupeau,en

1984-l 985,. :
c
. . . i . . .

-- 7
Tableau 2 : Production de fourrage à Thyssé-Kaymor-Sonkorong
;
!

Produit
i Disponible pour le i
!
!
cheptel extensif !
!
!
!
en tonnes de matière sèche
!
!
!
!
!
! Pâturages naturels
!
!
!
!
- couvert herbacé
!
!
!
!
!
!
!
!
366 ha x 600 kg MS
!
220 T
!
220 T !
!
!
!
!
!
- couvert ligneux
!
!
!
!
366 ha x ?
!
!
?
!
!
!
!
?
!
!
!
! Pailles de céréales
!
!
!
!
!
!
250 ha x 1 500 kg MS
!
3 7 5
!
375 -s !
!
!
!
!
! Fanes d’arachides
!
!
!
!
!
!
!
- récoltées 375 ha x 1 500 kg MS !
5 6 2
!
0
!
!
- résidus
375 ha x
200 kg MS!
7 5
!
7 5
!
!
!
!
!
! Végétation adventice herbacée
!
!
!
! et ligneuse
!
?
!
?
I
!
!
!
!
!
!
!
!
!
TOTAUX pour 1 000 ha
!
1 232 TMS !
670 TMS !
!
!
+? !
+?
!
La fane d’arachide récoltée représente 45 p.100 de la production fourra-
gère estimée. Le total ,“théoriquement disponible” pour l’élevage extensif,
s’élève donc à 670 tonnes de matière sèche pour 1 000 hectares, mais il faut
préciser qu’il ne prend en compte ni la végétation adventice, ni la production
des ligneux dont nous verrons qu’elles jouent un rôle très important. Inverse-
ment, ce total devrait être diminué du taux de destruction naturelle (vent,
termites, etc. . . : 200 à 300 kg MS/ha au Ferlo pour des productions compri-
ses entre 600 et 2 000 kg de MS/ha) et du taux de refus correspondant à

.
la fraction impossible ou difficile à consommer de la production fourragère.
Cette notion est très relative et dépend de ‘la qualité et de la disponibilité

du fourrage : nous retiendrons que le taux de refus peut varier entre 10
et 40 p. 100 (valeurs mesurées à l’auge).
.
. . . / . . .

- 8
En conclusion, la quantité de fourrage “réellement disponible” pour le
cheptel extensif (bovins, ovins, caprins) est compr.ise entre 400 et 600-tonnes
de matière sèche pour 1 000 ha (non inclues les productions des ligneux et
des herbacées adventices). Le manque de précision qui caractérise cette
estimation montre la difficulté d’évaluer un stock de fourrage dans des mi-
lieux agropastoraux très contrastés.

ESTIMATION DE LA CHARGE - ESQUISSE D’UN BILAN FOURRAGER
En l’état actuel du système d’élevage, le calcul de la charge et l’étude
du bilan fourrager ne peuvent être faits au niveau de l’exploitation, mais
au moins à l’échelle du village ou mieux, en l’absence .~d~“Unités pastorales”

de la communauté rurale. En effet, en dehors des sous-produits qu’il récolte,
l’agriculteur
ne contrôle .absolument
pas l’utilisation des fourrages produits
au niveau de son exploitation, de plus l’exploitation des parcours naturels
est communautaire.

Le mode de conduite des animaux au pâturage explique cette situation :
les bovins passent la nuit au piquet sur les champs, les petits ruminants
sont enfermés au village chaque soir ; à partir des premiers semis (juin)
jusqu’à la fin du battage (au champ) de l’arachide ils sont confiés à la garde

de bergers qui les conduisent sur les parcours naturels en saison des pluies,
sur les champs de mil et de maïs dès les premières récoltes en octobre et

enfin sur les champs d’arachide au fur et à mesure de l’avancement de la
confection des meules et du battage en novembre et décembre. Le rôle du

berger à cette période de l’année est très important car, de lui, dépend le
choix des champs à la fois ouverts aux animaux et riches en résidus de qua-

lité. A partir de la mi-décembre, les récoltes étant terminées, les animaux
sont détachés le matin et divaguent sur l’ensemble du terroir.
Les itinéraires choisis par les bergers et les divagations des troupeaux
peuvent largement dépasser les limites du finage, puisqu’ils parcourent 9 à
11 km par jour en moyenne. On assiste donc au chevauchement des territoires

pastoraux des différents villages.
. . . / . . .

- 9
La charge exprimée en ha/UBT* sera estimée avec précision grâce à
l’inventaire exhaustif du cheptel entrepris par une équipe du département
des systèmes agraires de I’ISRA. II est cependant possible de donner dès
maintenant une estimation provisoire de la charge par la méthode suivante :
une enquête auprès des bergers et des gestionnaires a permis d’identifier
les 5 7 troupeaux exploitant deux ensembles de parcours naturels couvrant
au total 1 350 hectares. 1 200 UBT bovins ont été dénombrés par inventaire
sur les lieux de parcage nocturne. Par ailleurs, les caractéristiques de
“l’exploitation moyenne fictive” décrite par Ph. LHOSTE (12) permettent d’es-
timer à 2 000 l’effectif des petits ruminants exploitant les mêmes parcours,
soit 200 UBT. Le cheptel “intégré” qui ne s’éloigne pas du village exploite
rarement les pâturages naturels ; de plus, en saison
sèche,
i I bénéficie
des fourrages récoltés ; il n’est donc pas pris en compte dans le calcul de
la charge.
La charge globale de saison des pluies était proche d’un hectare par
UBT (: 1 350 hectares - 1 400 UBT). Pour l’ensemble de l’année, sachant
que les pâturages naturels couvrent environ le tiers du territoire, elle était
de 3 hectares par UBT.
Si on se réfère à la norme théorique de 2,5 kg de matière sèche ingérée
par 100 kg de poids vif et par jour (soit 6,25 kg MS/j/UBT) (**), les be-
soins d’une UBT pendant les ‘120 jours (15 juin - 15 octobre) de saison des
pluies, soit 750 kg sont supérieurs à la production de l’hivernage 1984.
L’état des pâturages, en permanence surexploités et ne portant aucune réser-
ve en fin de saison des pluies, et les courbes de croissance (cf. ci.-dessous) des
animaux en août et septembre confirment ce déséquilibre..
Les besoins d’un UBT pour une année entière sont d’après la même norme
de 2 281 kg de matière sèche, or le disponible est estimé à 1 800 kg (3 ha x
600 kg en appliquant le taux de refus minimum) de matière sèche par UBT.
Le déficit mis en évidence est bien réel : les parcours étaient complètement
. . . / . . .
* UBT : Unité de bétail tropical correspondant à un bovin standard de
250 kg de poids vif.
** moyenne établie à partir de nombreux essais en stabulation. L’ingestion
peut en fait, varier, en fonction des aliments et des types d’animaux, de
30 à 40 p. 100 par rapport à cette norme.

- 10
dénudés au mois de juin 1985, et une partie des troupeaux a transhumé à
une vingtaine de kilomètres pour échapper à la disette. Les troupeaux restés
sur place ont enregistré de nombreuses mortalités.
L’interprétation du bilan fourrager, même issu de données imprécises,
est aisée dans un cas extrême comme celui de 1984-1985, où l’on enregistre
un déficit global. Par contre, dès que le fourrage est en excès théorique
(par exemple en 1983-1984, 3 000 kg MS/UBT), cette notion est assez floue
En effet, une fraction importante des fourrages tropicaux est difficilement
consommable et de faible valeur nutritive. C’est donc la possibilité de choix
des animaux (MS ingérée/MS disponible) qui conditionne le niveau d’ingestion,

la valeur nutritive de la ration et finalement le niveau de couverture des
besoins d’entretien et de production.
Les paramètres caractérisant le disponible fourrager sont à la fois très
nombreux et difficiles à estimer. II est donc hasardeux, en dehors des cas
extrêmes de disette, de porter un jugement sur le système d’alimentation à
partir des seules estimations de productivité et de charge.
L’animal apparait alors comme le meilleur juge de l’environnement et du
mode d’élevage qui lui sont offerts.
LES PERFORMANCES ZOOTECHNIQUES - LA PRODUCTIVITE DU TROUPEAU
L’analyse des performances zootechniques constitTe la méthode la plus directe
d’appréciation du système d’alimentation. Une méthode/suivi, testée avec suc-
cès en Côte-d’Ivoire, (13, 10) a été appliquée à 14 troupeaux, comptant 550
animaux de la communauté rurale, par le département systèmes agraires de

I’ISRA. La combinaison des paramètres zootechniques permettra l’estimation
de la productivité numérique et pondérale du troupeau.
Un travail similaire a été entrepris sur les petits ruminants dans le cadre
d’une étude multilocale (4 zones écologiques différentes) de la pathologie et
de la productivité des espèces ovines et caprines,(Département de Recherches

zootechniques et vétérinaires de I’I SRA/ I EMVT) .
. . . I . . .

- 11
En attendant les résultats de ces travaux, le suivi pondéra1 de quelques
animaux d’expérience (mâles en croissance : zébus et taurins Ndama* - mou-
tons Peul-Peul) permet déjà de mettre en évidence les lacunes du système
d’alimentation.
Les courbes de poids, et les “gains quotidiens moyens” (par
mois ou par saison) sont comparés à ceux enregistrés dans un système d’éle-
vage pastoral, où l’alimentation n’a jamais fait défaut du moins en quantité :
les disponibilités en fourrage étaient comprises toute l’année entre 2 000 et
700 kg (minimum enregistré en fin de saison sèche) de matière sèche par
hectare.
Graphique 1 : Comparaison des courbes de poids de taurillons
Graphique 2 : Variations de poids (en g/j) estimées à partir
de 1 à 3 ans à Dali et Thyssé-Kaymor
de pesées mensuelles
Poids
vif
en kg I
P
dj
19.84
1985
1200 *
0
1982 h Gains quotidiens maximum
1oOa.
0
1983 */ enregistrés à Dali
800 *
. Ndama
0 Zébu
600 .
A Zébus à Thyssé-Kaymor
0 Ndama à Thyssé-Kaymor
1 0 0
D J F M A M J J A S O N D J F M A M J J A S O
Doli
.
'LEffet des premières pluies à Thyssé-Kaymor
.J
---
..-l_l_ .-__
-.
* Les individus “Ndama” appartiennent en fait à la population des “métis
diakoré” (Ndama zébus) de la région

- 12
de
Tableau 3 : Variations/poids (moyennes saisonnières) des bovins
et des ovins à Doli (élevage pastoral) et à Thyssé-
Kaymor (élevage agropastoral)
.
i Elevage pastoral
I
i
Elevage agropastoral
!
1
! Doli:1981-82-83
! I'hyssé-Kaymor : 1983- 1984- 1985 f
1
t
!
f
I
! Pluviométrie annuelle
!
430 mm
I
480 mm
!
!
!
!
l
! Production fourragère annuelle
!
!
1983 : 1 000
!
! kg MSfha
! 2 000 à 1 300
!
1
!
1
1984 :
700
!1
!
I Charge en ha/UBT
!
I
l
1
!
!
3
1
!
I Durée quotidienne de pâturage
!
! bovins : 7 à 12 heures
!
!
15 heures i petits ruminants : 4 - 12 heures !
!
1
!
1
! Déplacements journaliers
I
4 - 6 km
l
4-12km
!
!
!
l
!
i
!
!
I
!
I
BOVINS
!
Zébus
1
Zébus
! Taurins Ndama !
i Variations de poids en g/j
1
n=6
!
!
!
!
1
n=6
!
n=6
!
! lère année
; 208
1
Ï
- 120
I
!
!
!
!
! * début saison sèche (4 mois)
!
120
1
1
155
!
! . fin saison sèche (4 mois)
!
- 100
!
1
- 118
!
! . saison des pluies (4 mois)
!
669
!
490
!
360
!
!
!
1
l
!
! 2ème année
! 267
!
65
!
!
! . début saison sèche (4 mois)
!
-
10
!
-
90
!
!
! - fin saison sèche (4 mois)
!
35
!
- 200
!
!
! * saison des pluies (4 mois)
!
800
I
I
'
!
!
!
!
!
!
!
1
1
=
=
I
MOUTONS
1
n
10
I
n
20
1
! Variations de poids en gfj
!
!
!
?
!
!
!
! Année entière
! 65
! 41
!
! - saison sèche (8 mois)
l
40
!
!
! * fin saison sèche (4 mois)
!
!
37
1
saison des pluies (4 mois)
!
115
! l
!
13 <-
!
! . début saison sèche (4 mois)
I
!
77 <----
I
fin saison sèche (4 mois)
!
I
0 <-
! l
!
!
!
1
!
La taille des lots n’autorise pas des comparaisons entre races, années,
e t c . . . , cependant les résultats obtenus à Doli et Thyssé-Kaymor méritent
quelques observations :

- les gains de poids annuels sont nettement supérieurs dans le système
pastoral étudié
- les gains de poids de saison des pluies sont supérieurs à Doli, en particu-
lier pour les moutons. Ceux de Thyssé-Kaymor réalisent leurs meilleures
performances en début de saison sèche

. . . / . . .

- 13
- les variations de poids en saison sèche 83-84 à Thyssé-Kaymor, sont pro-
c
ches de celles mesurées à Dali
; en revanche, en saison sèche 84-85, des
pertes de poids importantes ont été enregistrées sur les bovins, et les
moutons sont restés à poids constant dès le milieu de la saison sèche
- enfin, les pertes de poids qui suivent les premières pluies sont nettement
plus sévères dans le système agropastoral de Thyssé-Kaymor.
Ces observations font apparaître les périodes critiques dans le système
d’alimentation ; l’étude du comportement alimentaire permet de les expliquer.
LE COMPORTEMENT ALIMENTAI RE
Un troupeau d’expérience constitué de 30 bovins (taurins Ndama et
zébus), de 30 moutons et 10 chèvres, a été constitué. Les bovins et les
petits ruminants sont associés à des troupeaux villageois et conduits séparé-
ment au pâturage. Ils font l’objet d’observations, de mesures et de prélève-
ments hebdomadaires.Quatre autres troupeaux des villages voisins sont obser-

vés une fois par mois aux fins de vérifications et de l’étude des différences
éventuelles de l’alimentation entre les troupeaux. Ces troupeaux font aussi

l’objet d’un suivi zootechnique.
Les techniques employées (enregistrement des activités, collecte du ber-
ger, prélèvements oesophagiens, collecte totale des fécès) ont déjà été utilisées
au Sénégal pour l’étude de la valeur alimentaire des pâturages naturels sahé-
liens ( 8 .- 9). Leur reproduction dans un système agropastoral est rendue
difficile par l’hétérogénéité des ressources fourragères.
a) La durée d’inpstion
-----_-------
- Les quantités ingérées
------------~ - - - - - - - - - - ----_
Les temps de séjou r des bovins au pâturage varient de 8 à 9 heures
par jour en hivernage et début de saison sèche (traite et présence d’un ber-
ger) à 11 - 12 h par jour en fin de saison sèche (tarissement des vaches et

divagation libre dans la journée).
. . . / . . .

- 14
Les petits ruminants divaguent comme les bovins en saison sèche, mais
en hivernage, ils sont soit confiés à la garde d’un berger villageois pendant
4 - 5 heures seulement, soit mis au piquet.

Durant tout leur séjour au pâturage, les animaux sont à la recherche
de nourriture. Aucune phase de”rumination- repos”n’est observée et le
retour au lieu de couchage est caractérisé par la poursuite de la quête
de fourrage. Les animaux apparaissent rarement rassasiés.
En effet, l’agriculture fournit des sous-produits à l’élevage mais elle
impose des règles de gestion du terroir, nécessaires à la préparation et à la
protection des cultures qui nuisent à l’alimentation du bétail : dès le milieu

de la saison sèche, les agriculteurs nettoyent les champs en brûlant les rési-
dus de récolte et en coupant les rejets de ligneux ; dès les premières germina-
tions qui suivent de près les premières pluies, les horaires de pâturage sont
réduits et les animaux sont confinés sur les parcours naturels qui ne portent
encore aucune végétation. Cette période est la plus sévère pour le bétail.
Ces observations simples montrent que le mode d’alimentation ne permet
pas une ingestion “ad libitum”. Les quantités effectivement ingérées ne peuvent
être mesurées directement, mais elles peuvent être estimées à partir de I’équa-
tion :
MSVI = MSFE x
100
100 - dMS
MSVI : quantité de matière sèche volontairement ingérée
MSFE : quantité de matière sèche fécale excrétée
dMS : digestibilité du régime

0
0
.
0 l 0
2 5
0
0 Do L i
1
N.B : Chaque point correspond à la moyenne de 5 jours de mesures sur
5 animaux.
A digestibilité constante, l’ingestion est directement proportionnelle à
l’excrétion fécale. Les résultats de mesure de digestibilité ne sont pas encore
disponibles mais d’après les resultats acquis par ailleurs, on peut faire I’hypo-
thèse que pour les bovins, elle est égale à Doli et Thyssé-Kaymor en saison
sèche, et proche de 50 p. 100.
L’excrétion mesurée en saison sèche (janvier
à mai) est égale en moyenne pour Doli à 49 t 1,5 g MS/kg po’75 (n = 23)
et pour Thyssé-Kaymor à 39 2 2,2 g MSlkg po’75 (n = 11) . L’ingestion estimée

à partir de ces valeurs est respectivement de 2,46 kg MS/100 kg PV à Doli,
et de 1,96 kg MS/100 kg PV à Thyssé-Kaymor, soit 98 et 78 g MS/kg P”‘75.
L’excrétion fécale est minimale dans .les deux stations en août et septembre
la digestibilité est alors de l’ordre de 70 p.100.
Ce n’est que lorsque l’analyse des échantillons représentatifs du régime
(bols oesophagiens, collecte du berger.. . ) sera terminée que les résultats des
mesures d’excrétion fécale pourront être interprétés dans le détail.
. . . I . . .

- 16
b) Le choix des parcours
__--_--____-- - - - - - - - -
Le berger guide les animaux durant la période de cultures et de récoltes,
par contre, en saison sèche, il se contente de donner une direction au trou-
peau lors du départ matinal. Cependant, ces déplacements de saison sèche sont
assez réguliers et présentent des caractéristiques communes à tous les trou-
peaux.
I t i n é r a i r e d u t r o u p e a u d’E1 Hadji Baka DIALLO
te 27 septembre 1984
d é p l a c e m e n t s sous l a c o n d u i t e d ’ u n -,,
/ I t i n é r a i r e d u
d’E1 Hadji Ibou Sokhna CISSE
A le 8 février 1985-
d é p l a c e m e n t s l i b r e s
V i l l a g e s
P â t u r a g e s n a t u r e l s
t-
- I t i n é r a i r e d u m a t i n
- - - - I t i n é r a i r e d u s o i r

Tableau 4 : Durée d'ingestion sur les formations naturelles et les parcours
post-culturaux à Thyssé-Kaymor (moyennes annuelles en p:lOO du
temps de pâture)
Bovins
Petits ruminants
Pâturages naturels
35,2
2 4
Jachères et friches
16,7
I
934
Champs de céréales
33,4
6,O
d
j
.
Champs d'arachide
14,5
60,6
Durée totale d'observa-
tion sur une année
202 heures
63 heures
Graphiques 4 et 5 : Fréquentation (en p.100 du temps de pâture) des
parcours naturels et nost-culturaux
4 - Bovins *
!!
Pâturages
naturel.8
N D
JFMAMJJAS
0 ND J F
1984
5 - Petits ruminants
‘/
Champs de /
, céréales
.
.
.
.
I
.
-Champs
-
-
d'arachide
.
.
.
;
.
.
racurages naC.
1
-
w
-
.
.
.
.l
.
.
-
.
J F M A M J
JAÇONDJFMA
Remarques sur les friches : La mauvaise pluviométrie de 1984 a entrain6 une mauvaise levée ou une mauvaise croissance
du mil et de l'arachide sur de nombreux champs aux sols peu profonds. Dès que la récolte est apparue compromise,
l'entretien de ces cultures a cessé et elles ont &~5 livrées aU paturage. D'où l'importance des 8'frichee" dans les
m-anhintwc ri.-rloa~*<n

- 17
Les plus grands déplacements ont lieu le matin : la matinée est consacrée
à l’exploitation des résidus de récolte de champs éloignés, moins exploités, et
éventuellement de pâturages naturels en fonction du disponible fourrager qu’ils
présentent.
Après l’abreuvement, vers 13-14 heures, le troupeau s’éloigne peu, il
reste sur les champs proches du village où les résidus de récolte sont peu
abondants, car exploités intensément ; corrélativement la consommation de

feuilles de ligneux, s’ils sont présents, est plus importante l’après-midi.
Le temps d’utilisation de chaque type de parcours est fonction du calen-
drier des cultures, des décisions du berger, mais en saison sèche ,iI dépend
uniquement des disponibilités en fourrages et des préférences alimentaires.

Le tableau 4 et les graphiques 4-5 donnent la répartition du temps d’ingestion
sur les différents parcours à Thyssé-Kaymor, en moyenne et par saison.
On remarque en particulier l’attrait très marqué des petits ruminants
pour les champs d’arachide et des bovins pour les champs de céréales. Dès
qu’ils sont accessibles et tant qu’ils portent des résidus en quantités suffi-

santes, les animaux les préfèrent aux pâturages naturels. La prise en compte
de ces aspects du comportement sera importante lors de la conception de plans
de gestion des ressources fourragères. Ils montrent comment chaque espèce

adapte son alimentation au disponible fourrager.
Ces résultats donnent un aperçu de l’utilisation du terroir par les animaux,
mais ne décrivent pas la composition du régime ; en effet, sur un champ de
mil par exemple, les bovins consomment bien sûr des pailles de mil, mais aussi
des adventices et des feuilles de ligneux. Les petits ruminants quant à eux

consomment très rarement des pailles de mil.
c) La composition botanique et la valeur nutritive du régime
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
La composition botanique du régime est déterminée par la technique dite
de la “collecte du berger” (SI, qui prend en compte le nombre de contacts
“bouche de l’animal - plante”, et exprime aussi le temps (en p. 100 du temps
. . . / . . .

Graphiques 6 à 8 : Composition botanique du régime des ruminants
à Thyssé-Kaymor - Sonkorong
6 - Bovins (6 074 observations sur 12 mois)
50
. divers : sorgho, maïs
plantes diverses
indéterminées
D
J
F
M
A
M
J
J
A
S
O
N
D
J
F
M
A
M
. L : légumineuses
7- Ovins (2 816 observations sur
.2 mois)
100
5 0
J
F
M
A
M
J
J
A
S
O
N
D
J
F
M
A
M
8 - Caprins (2 509 observations sur
2 mois)
iv.
.
. .
,
--Y
..r.,,
.arachide l


- . . .
\\
J
F
M
A
M
J
J
A
S
O
N D
J FMA
N
1984

- 18
d’ingestion ) consacré à chaque espèce*. Les graphiques 6 à 8 sont le résul-
tat d’un premier dépouillement ne faisant pas intervenir les espèces mais

seulement les types de fourrage.
Ils mettent en évidence la part relative des fourrages spontanés (grami-
nées, autres plantes herbacées et ligneux) pour les trois espèces de ruminants.
Les principales différences sont identiques à celles décrites pour les pâturages

naturels sahéliens (9), le mouton apparaissant toujours comme un consommateur
intermédiaire entre les bovins et les caprins. Un autre fait remarquable est
l’importance des ligneux dans la régime, probablement imputable au manque de
fourrages herbacés : lors des observations sur pâturages sahéliens la part
des ligneux n’a jamais excédé 25 p.100 du régime des bovins, alors qu’ici,

elle ne descend pas en dessous de 10 p. 100 en saison des pluies, s’élève à
20 - 30 p. 100 en début de saison sèche pour atteindre 50 p. 100 en période de
soudure. II faut aussi noter la faible importance des légumineuses.
Les résidus de récolte constituent 30 à 50 p. 100 du régime en saison
sèche. L’anatomie et le mode de préhension
des petits ruminants leur
permettent de bénéficier longtemps en saison sèche des feuilles d’arachide
nichées dans les anfractuosités du sol ; par contre, les bovins ingèrent plus
de pailles de mil.

Les choix botaniques des animaux, fonction du disponible et de I’appéti-
bilité relative des ,espèces présentes ont des conséquences importantes sur la
valeur nutritive du régime. C:ertains fourrages contribuent à élever la valeur

de la ration, d’autres à l’abaisser.
t
. . . / . . .
* Les résultats exprimées en p. 100 du régime font référence à ces contacts ou
au temps d’ingestion mais ne doivent pas être assimiliés à des poids (en p.100
de la ration). L’expression des résultats sous cette forme nécessiterait des

travaux complémentaires importants.

- 19
Tableau 5 : Valelir relative des différents types de fourrages
disponibles en saison shchc
I
!
-
!
!
I
!
1
dMS
!
M A T
! Effet sur la valeur I
!
! en p.100
! nutritive de la ra- ,
r en g/kg MS
I
!
! t i o n
I
1
- - - - - + -
l
!
!
! Pailles de céréales
! 3 5 - 4 0
1
3 0
!
1
!
!
!
!
LL
l
! Pailles de graminées
! 40 - 45
!
3 0 -40 !
!
I
1
!
I
L
t
! Feuilles de céréales
!
45 - 50
!
45 - 55 !
=
!
1
1
!
1
1
! Feuilles et fruits d’espèces herbacées !
!
! diverses
!
5 0
!
50 - 70 ;
=
!
!
l
!
! Feuilles de ligneux
!
30 à 75
!
80 à 200
t
!
t
? >k ;
! Feuilles d’arachide
!
60 - 65
! 100 - 130
!
!
!
f
!
* Remarque
: la valeur nutritive des ligneux semble, d’après les premiers résultats obtenus,
très variable. Des analyses plus poussées, en cours, permettront de classer les espèces
en fonction de I.cur intérêt fourrager.
,
C’est ainsi qu’en janvier 1984, les teneurs en matières azotées des ré-
gimes des bovins, ovins, caprins étaient respectivement de 80, 110, 120 g par
kg de matière sèche. L’analyse détaillée de tous les échantillons récoltés permet-
tra d’estimer la valeur nutritive du régime tout au long de l’année. D’ores et

déjà, il semble que la principale contrainte des productions animales dans ce
type d’élevage ne soit pas la qualité globale de la ration, mais plutôt les quan-
tités ingérées, qu’elles soient limitées par le temps de présence sur les parcours

(hivernage) ou par les disponibilités (fin saison sèche).
En début de saison sèche, par contre, les animaux disposent de grandes
quantités de résidus de réco1t.e de bonne qualité et les horaires de pâturage
s’a1 longent : c’est ainsi que de novembre 1984 à février 1985, les moutons ont
enregistré des gains de poids de 75 g par jour.
. . /. ..*

Tableau 6 : Eléments de description du système
d'alimentation des ruminants en milieu
agropastoral.
!
!
!
Production
!
Interface
!
!
fourragère
1
animal - milieu
Animal
1
!
!
!
!
!
l
!
!
!
!Cartographie et planimé-i
!
!
!
!
ltrie des parcours
l
1
!
IDémographie
1
!
!
1
!
!
!
!- pâturages naturels
!- charge des saison desf
I
!
I
A
!- jachères
pluies sur parcours !
!
!
!
l- parcours post-cüiturauxi
naturels et jachères
1
I
!
!- passages des troupeaux!- circuits des troupeaux;
I
!
!
!-
l
I
l
I
I
IDescription des parcours;
!
!
!
Iphytoécologie
!
1
!
!
!
1
!
!
l
!
I
!Productivité
,P-ression de, pâturage
I
'
!Productivité
!
!
! - Paille de céréales
!MS disponible/100 kg PV i
!
!
! - Fanes d'arachide dont !
numérique
1
!
par année
! -
! résidus sur champs
1
1
!
1 -Couvert herbacé des
!
par saison
! - pondérale
! - laitière
l
1
! pâturages naturels et !
!
t
1
; B
1 adventices
1
I
!
! -Ligneux
!
!
!
!
!
!
!
!
1
!
!Flux de fourrage
!
1
!
5s
!
!
l
!
Lj
!
!- stockage des pailles !
!
!
H
!
! de céréales
!
1
!
E
!
!- stockage et commercia-!
1
!
w
!
! lisation de fanes
1
1
!
g
!
! d'arachide
!
!
!
!
l- achats d'aliments con-!
!
,
&
!
!
centrés
!
1
! 3 !
I
!
I
!
!
2
!
I
!
t
! Y !
Composition botanique !
!
ti
!
du régime, et compor- !
1
I
tement des animaux vis4
!
!
à-vis de chaque sous- '
!
!
produit, en relation !
!
!
avec son importance I
!
!
dans le disponible !
!
!
l
!
!
Espèces végétales me- !
l
!
nacées
!
!
! c
!
!
1
Espèces végétales sans!
!
I
intérêt fourrager
!
I
!
!
1
!
Valeur nutritive de la!
1
!
ration et quantités !
l
!
volontairement ingérées!
!
!
en relation avec la !
!
!
pression de pâturage !
!
I
et le niveau des pro- !
!
!
ductions zootechniques!
!
!

- 20
DISCUSSION
LES ELEMENTS DU DIAGNOSTIC - PREMIERES CONCLUSIONS
.
Certains éléments nécessaires à la description du système d’élevage ont *
été passés en revue : description de l’espace pastoral, caractérisation de la

production primaire, description de son utilisation et de sa valorisation par
l’animal (4 - 6 - 11). Bon nombre de ces points ont seulement été effleures,
r.
et nécessitent une approche pluridisciplinaire. Jusqu’ici, les disciplines ont
travaillé parallèlement (zootechnie, nutrition, écologie. . . ) mais l’obtention
récente des premiers résultats devrait maintenant permettre une approche
plus synthétique des problèmes.
Dans cet esprit, le tableau 6 tente d’inventorier les connaissances à
acquérir sur le milieu, la production fourragère, le cheptel et sur leurs
interactions, pour comprendre les équilibres ou les déséquilibres au niveau
des divers interfaces :
Elevage
Exploitation
. .
lieu
nat uZr ico’e
ou plus précisément en ce qui nous concerne
animal
Ressources fourragères d’origine agricole
\\
/
végétation naturelle
. . . / . . .

- 21
Les réponses à ces questions demandent une masse d’informations qu’il
sera très rarement possible de réunir. C’est ce qui motive leur division en
plusieurs niveaux d’investigation (A, B, CI. Cette division correspond à une
progression dans l’approfondissement des connaissances sur le milieu et le

système d’élevage et à des niveaux croissants de complexité et de coût des
méthodes à mettre en oeuvre. Elle demande à être précisée avec les partenaires
des autres disciplines. En effet, si une connaissance détaillée de tous les para-
mètres est vivement souhaitable dans une étude de cas guidée par des soucis

de recherche thématique, il n’en est pas de même ni pour une approche plus
systémique,
ni pour des diagnostics de routine que pourraient avoir à effec-
tuer les praticiens du développement.
Des conclusions tranchées sur les contraintes du système d’alimentation
décrit ci-dessus ou des propositions d’amélioration seraient encore prématurées.
De même, le choix des méthodes à retenir et à proposer au développement est
encore à préciser ;
cependant, certaines observations peuvent être formulées
pour illustrer la démarche adoptée :
- le système étudié est caractérisé par une surcharge en cheptel, au moins pour
les années difficiles ; cette surcharge a des conséquences sur les productions
zootechniques qui sont très faibles, mais également sur les parcours naturels

dégradés par le surpâturage de saison des pluies.
En effet, les espèces fourragères ne parviennent pas au stade fructifi-
cation et se raréfient, par contre, des espèces inutiles et envahissantes
telles que le Cassia tora se multiplient. La mise en défens périodique des

parcours pour assurer leur régénération est très souhaitable, mais étant
donné le mode de gestion de l’espace pastoral, elle suppose un processus

de sensibilisation et d’organisation dont la mise en oeuvre dépasse largement
notre propos.
c
- il en est de même pour la gestion et la régénération du couvert ligneux. La
prise en compte de I’appétabilité relative des espèces et de leur sensibilité
au broutage contribuera à leur choix pour des zones à vocation

pastorale
ou au contraire pour des secteurs que l’on souhaite protéger du bétail.
L’étude du comportement naturel des animaux montre qu’ils peuvent sponta-
nément se constituer une ration équilibrée s’ils disposent en quantités


- 22
suffisantes de résidus de récolte et de ligneux, la réintroduction d’une haie
fourragère dans le paysage serait donc très profitable à l’élevage.

- la fane d’arachide représente, suivant les années, de 30 à 50 p. 100 de la
c
production fourragère totale, et une fraction supérieure des UF et MAD pro-
duites. En théorie, les besoins du cheptel présent devraient donc être cou-

verts
; mais, exceptée la fraction (non connue). réservée au cheptel “inté-
gré “, ce produit est l’objet d’un marché très dynamique, fournissant des
revenus importants à l’exploitation, qui le détourne totalement de l’élevage
extensif. II apparaît urgent de rationaliser la gestion de ce fourrage par
l’organisation de la commercialisation pour profiter de la hausse constante
des cours durant la saison sèche, par la constitution de stocksde sécurité
pour les périodes de soudure difficiles (exemple.
de 1985), et la mise au
point de techniques de complémentation dans le cadre d’opération d’intensi-
fication (production de lait en saison sèche par exemple, réélevage, etc..,)
- la gestion des résidus de récolte pauvres (pailles de céréales) soulève de
nombreuses questions techniques (maintien de la fertilité, alimentation du
bétail, temps de travaux, etc.. . ) et plusieurs options sont possibles.
L’une d’entre elles souvent présentée comme un facteur d’intensification,
consiste à transporter les pailles au siège de l’exploitation pour I’alimenta-
tion des animaux et la fabrication de fumier : cette technique
pose , entre
autres problèmes,celui de la complémentation qu’il faut substituer à la com-
plémentation naturelle par les adventices et les ligneux ; cet exemple montre
que le système d’alimentation agropastoral traditionnel repose sur la complé-
mentarité des fourrages et que l’introduction de thèmes techniques nouveaux

doit tenir compte de tous les éléments (ici les ligneux et les adventices) du sys-
tème fourrager car ils contribuent tous à l’équilibre du système d’élevage.

- enfin, l’analyse plus détaillée du régime des animaux tenant compte par
exemple du choix des espèces de ligneux (1.4), permettra de mettre en évidence
les aspects complémentaires et concurrentiels du comportement alimentaire des
trois espèces de ruminants. Ces données contribueront à l’ajustement des effec-
tifs de chaque espèce pour optimiser des points de vue écologique et zootech-

nique, la gestion de l’espace pastoral et du disponible fourrager.

- 23
R E M E R C I E M E N T S
Nous tenons à remercier les éleveurs et les bergers de Thyssé-Kaymor-.
Sonkorong qui ont participé à la réalisation de cette étude, MM. Kh. DIEYE,
J. VALENZA et A. GASTON pour les nombreuses identifications botaniques,
et enfin MM. E. LANDAIS et Nd. MBAYE qui, par leurs critiques construc-
tives, ont permis l’amélioration de ce texte.


-’ 24
B I B L I O G R A P H I E
1 - ANGE (A.) (1985) - Stratification des paysages agraires pour I’identifica-
tion des contraintes à la production agricole, la mise au point et l’essai
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=
pour le milieu paysan” ISRA/D.Systèmes.
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2 - ALLARD (J. L. ) et al. (1983) - Ressources en résidus de récolte et poten-
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Présentation du projet. Cah. Rech. Dév., 2 : 23-29.
4- BOUDET (C. ) (1983) - Environnement biotique : évolution du couvert
herbacé. k : $yst&es de production d’élevage au Sénégal dans la région
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6 - DOLLE ( V . ) ( 1 9 8 4 ) - Les outils et les méthodes de diagnostic sur les sys-
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7 - FAYE (J.) (1982) - Régime foncier traditionnel et réforme foncière au
Sénégal. Thèse de Doctorat 3ème cycle. Univ. Paris x - Nanterre : 217 p.
8 - GUERIN (H.), FRIOT (D..), MBAYE (Nd.), RICHARD (D.) (1983-1984) -
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ble productivité .
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I I - Protocoles et premiers résultats - no1 3/LNERV, 1984 : 33 p.
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