PARASITOLOGIE. - Structure an,atomique du...
PARASITOLOGIE. - Structure an,atomique du diverticule pharyngien dans
l’espèce Stephanopharynx compactus Fischoeder, Igor (Trematoda,
Paramphistomatidae). Note (*) de M. 52IMoa GIC~TILIAT, présentée par
M. Clément Bressou.
L’étude anatomique faite sur coupes sériées du diverticule pharyngien chez
S. compactus semble montrer que ce sac impair serait le résultat de l’union de deux
expansions latérales.
D a n s u n l o t d ’ a m p h i s t o m e s p r é l e v é s d a n s l e r u m e n d e b o v i d é s
sacrifiés aux abattoirs de Fort-Lamy (République du Tchad) (“), nous
avons trouvé une trentaine de spécimens de l’espèce Stephanopharynx
compactus
Fischoeder, Igor (‘). Quinze d’entre eux ont été montés en
coupes sériées longitudinales et transversales, colorées à l’hémalun-éosine.
L’étude de ces préparations histologiques nous permet de décrire la struc-
ture anatomique de l’énorme diverticule pharyngien de ce trématode.
D’après la description de Fischoeder en 1903 (“), le sac oral très déve-
loppé qui caractérise le genre Stephanopharynx, aurait une forme annulaire,
et ne s’étendrait pas uniformément dans toutes les directions. Cet auteur
ne donne aucune précision au sujet de la forme et de la disposition de la
cavité interne de l’organe.
E n 1937, Nasmark (‘) signale l’existence de deux cavités communi-
cantes à l’intérieur de l’expansion orale mais ne donne pas de détail sur
leur forme qui, d’après lui, devrait faire l’objet d’une étude spéciale.
Description du diverticule pharyngien chez S. compactus. -- C’est un
organe de forme grossièrement pyramidale dont la base quadrangulaire,
légèrement concave, est occupée en son centre par la ventouse orale.
Long d’environ 2,5 à 3 mm (1/4 à 1/3 de la longueur de l’helminthe), et
épais de 1,5 à 2 mm à sa partie la plus épaisse, il est incliné de haut en
bas et d’avant en arriere contre la paroi dorsale de l’amphistome. Ses parois
ont une épaisseur variable (150 à goo 1~). C’est dans sa partie moyenne
qu’il présente son maximum d’épaisseur pariétale.
Sa structure histologique est très simple. C’est un tissu aréolaire à ,
petites mailles avec quelques fibres musculaires radiales réparties assez
irrégulièrement, plus nombreuses cependant au niveau des culs-de-sac
et des sillons cavitaires. Une assise de cellules aplaties de 20 à 30 ;J. d’épais-
seur sépare la paroi, de la lumière de l’organe. Elle se colore en rouge par
l’hémalun-éosine. A l’extérieur, le sac oral est limité par une couche cellu-
laire mince, de IO à 15 ;I~, sur laquelle s’insèrent les trabécules du tissu
aréolaire à grandes mailles qui remplit les vides existant entre les différents
organes du trématode.
Le diverticule pharyngien chez X. compactus a donc une structure his to-

logique différente de celle du pharynx, au niwau duquel il rsitc? malgré
une musc&ture réduite : des fibres musculaires radiales régulièrement
orientées, une assise interne de fibres circulaires bien développées, IlIl
manchon interne de fibres longitudinales et de moyenne épaisseur, quelques
faisceaux circulaires moyens placés dans la partie antérieure, ct wfin un
léger réseau musculaire longitudinal externe.
Sur coupes sériés transversales partant de la partie aul.ériewc, la cavité
interne du diverticule SC présente en avant et au niveau de la partie anté-
rieure de la ventouse orale, sous la forme de deux fentes allongées, étroites,
parallèles, placées de part et d’autre du plan sagittal dorso-ventral. Ce sont
deux vastes culs-de-sac situés au-dessus et en arrière du pharynx (fig. B).
A, coupe histologique sagittale un peu oblique par rappnrt au plan médian ; B, C, D, coupes
histologiques transversales.
Ç. A. S., cul-de-sac antéro-supérieur; C. O., cul-de-sac wsophagieu; C. L. I., cul-de-sac
latéro inférieur; C. S. P., cul-de-sac supéro posléricur; S. L. S., sillonlatéral supkieur;
S. L. I., sillon latéral inférieur.
Un peu plus en arrière, ces deux lumières sont toujours parallèles mais
communiquent dans leur partie moyenne en donnant à l’ensemble l’aspect
d’un H. Les deux branches supérieures de 1% représentent le début des
sillons latéraux supérieurs, les deux inférieures, les sillons latéraux
inférieurs.
Dans sa partie moyenne (fig. C), 1 a cavité, vue en coupe transversale,
prend la forme d’un X. Les deux branches de 1’H se sont en effet écartées
vers l’extérieur, les parois de l’organe devenant de plus en plus épaisses
dans la partie centrale des faces du sac. Les deux cavités parallèles se
rapprochent dans le plan médian pour communiquer entre elles.
Aux environs des quatre cinquièmes postérieurs du diverticulum, les
sillons latéro-supérieurs s’infléchissent l’un vers l’autre et finissent par
s’unir en donnant un cul-de-sac supéro-postérieur. Les sillons latéro-
inférieurs s’écartent par contre l’un de l’autre pour donner deux culs-de
sac latéro-postérieurs. A ce niveau, la section de la lumière interne a la
forme d’un T renversé (fig. D).
Les coupes histologiques sagittales sont plus difcciles à interpréter en

raison de la difficulté d’obtenir des sections passant exactement par le
plan médian de l’évagination pharyngienne. Lorsque les coupes passent
par un plan légèrement latéral ou oblique par rapport au grand axe de
la cavité interne, on sectionne une partie de la paroi latérale du diverticule,
qui apparaît comme un massif cellulaire, séparant deux vastes lumières,
supérieure et inférieure, communiquant entre elles, antérieurement et
postérieurement, e-t qui sont les sillons latéro-supérieur et latéro-inférieur
coupés obliquement (fig. A).
Les sections longitudinales montrent en outre qu’il existe un petit cul-
de-sac œsophagien vers le tiers antérieur de la face inférieure du diverticule.
L¶œsophage qui lui fait suite est musculeux (épaisseur de la paroi 60
à 100 !A), et sa longueur est égale à 1 mm environ.
La cavité interne du diverticule pharyngien de S. compactus est donc
double en position antérieure (culs-de-sac antéro-supérieurs), pour devenir
unique en arrière du pharynx, où elle est représentée par une lumière
centrale allongée suivant le grand axe de l’organe, à partir de laquelle
divergent quatre fentes cavitaires (sillons latéro-supérieurs et latéro-
inférieurs), qui se terminent postérieurement par trois culs-de-sac (deux
latéro-postérieurs et un supéro-postérieur), occupant la pointe postérieure
du diverticule. Cette disposition anatomique tout à fait spéciale peut
laisser supposer que la formation de cet énorme sac oral est le résultat
de la réunion de deux diverticules latéraux, tels qu’on les rencontre dans
les genres Brumptia Travassos, 1921, Watsonius Stil et Gold., Igr.0,
Gastrodiscus Leuckart, 1877, et Pseudodiscus, Sonsino, 1890, qui se seraient
réunis en un seul, par disparition de leurs parois internes.
y) Séance du 8 juin 1960.
(1) Le Docteur Graber, chef du Service d’Helminthologie
du Laboratoire de 1’Élevage
de Farcha (Fort-Lamy) (République du Tchad) nous a envoyé ce matériel.
(2) F. FISCHOEDER, Zoolog. Anzeig., 646, 1901, p. 367-375.
(2) F. FISCHOEDER, Zoolog. Jtihrbucher, 17, no 4, 1903, p. 485-660.
(;) K. E. NASMARK, Inaug. Dissert. Uppsala.. Zoologisk. Bidrag. Fran. Uppsala, 16,
1937, p. 301-566.
(Laboratoire Central de l’Élevage, Dakar.)

Extrait des Comptes rendus des séances de l’Académie des Sciences,
t. 250, p. ,~06~-~off,
séance du I 7 juiu 1gf0.
GAUTHIER-VILLARS,
ii, Quai des Grands-Augustins, Paris (W,
éditeur-Imprimeur-Libraire.
157903
Imprimé en Franrc.