L'INGESTION DES FOURRAGES DES PARCOURS NATURELS EN ZONE ...
L'INGESTION DES FOURRAGES DES PARCOURS NATURELS EN ZONE
,
SAHELIENNE
: MESURES EN STABULATION ET AU PATURAGE
H. GUERIN*, D. FRIOT*, Nd. MBAYE*, S.T. FALL*, D. RICHARD**
I

I
Avec la collaboration de M. DIOP, A. CORREA, 1. NDIAYE, T.M. BA
* LNERV - B.P. 2057 DAKAR-HANN (Sénégal)
** IEMVT - 10, rue Pierre-Curie - 94704 - MAISONS-ALFORT
SUMMARY : Voluntary intake by sheeps of forages harvested in Sahelian natural
pastures was measured in pens. Simultaneously oesophagea boluses and total
fecal excretions of sheep and cattle were collected in order to estimate
intake in the same pastures. The differences between in-door and out-door
measures, between seasons and species are analysed.
La production, la composition floristique et chimique des fourrages des par-
cours naturels et du régime des nnrinants sahéliens varient beaucoup d'une
région, d'une année et d'une saison à l'autre (GUERIN et al., 1985, RICHARD
et al., 1985). Un protocole a été mis en place dans la région du Ferlo au
Sénégal pour étudier la valeur alimentaire de ces fourrages : il prévoyait
la mesure de la digestibilité et des quantités ingérées par des moutons en
cages de l'herbe fauchée, et simultanément sur les mêmes parcours l'estima-
tion de la valeur nutritive du régime et des quantités ingérées par des
moutons et des bovins au pâturage.
MATERIEL ET METHODES. Le parcours étudié couvrait 740 hectare.A? Sa produc-
tion a été de 2 000 kg de MS/ha en 1981, et de 1 300 kg de MS/ha en 1982.
Les quantités de biomasse disponibles en fin de saison sèche étaient res-
pectivement de 1 400 et 700 kg de MS/ha. Il était exploité principalement
par des zébus Gobra (100 à 150 suivant les périodes) en croissance dont
le poids a varié entre 125 et 350 kg, et accessoirement par trente béliers
de race peul-peu1 également en croissance de 25 à 35 kg de poids vif. La
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charge a été en moyenne de 35 kg de poids vif par hectare.
Des groupes de 6 moutons en cages individuelles ont été alimentés
1'.
avec 27 échantillons de fourrage fauché récolté chaque mois, et distri-
>
bué à volonté avec des taux de refus élevés (25 à 40 p.100) pour repro-
r.
duire les possibilités de tri des animaux au pâturage. Après 15 jours
(1) Parcelle du ranch de Doli appartenant à la SODESP (Société de Déve-
loppement de 1'Elevage en Zone Sylvo-pastorale).

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d'adaptation des moutons au régime, on mesurait pendant 6 jours la quantité
de matière sèche volontairement ingérée (MVSI), de matière sèche fécale
excrétée (MSFE) et la digestibilité (dMS).
L-a valeur alimentaire des rations ingérées au pâturage est étudiée par
des méthodes indirectes faisant appel, notamment, à des prélèvements oesopha-
giens, des échantillons de "collecte du berger" (RICHARD et al., 1985) et à
la collecte totale des fécès (DICK0 et al., 1981). L'excrétion fécale au
pâturage a été mesurée au cours de 37 essais sur moutons et 55 sur bovins.
Chaque essai durait 5 jours et concernait 8 moutons ou 5 bovins. Pour
l'expression des résultats, la quantité de matière organique fécale excré-
tée (MOFE) a été préférée à la quantité de matière sèche (MSFE) car les
fécès peuvent contenir des quantités importantes de matières minérales
(jusqu'à 40 p.100 d'insoluble chlorhydrique) dues à des contaminations du
fourrage par le sable, en particulier en fin de saison sèche et après les
premières pluies.
Une première étape dans l'analyse des résultats consiste à étudier les
variations saisonnières de la ,valeur alimentaire de la végétation herbacée
fauchée et à comparer les courbes saisonnières d'excrétion fécale des trois
groupes d'animaux.
RESULTATS ET DISCUSSION. La teneur en matière sèche (graphique 1) des four-
rages herbacés n'est inférieure à 90 p.100 que durant les 3 à 4 mois de sai-
son humide. C'est à cette période que l'on a mesuré sur les moutons en cage,
les ingestions (70 g MS/kg Po'75) et 1es digestibilités (dMS = 70 p.100) les
plus élevées. Durant la saison sèche, les fourrages ne sont constitués que
de pailles conservées sur pied. Leur composition chimique et leur digestibi-
lité varient peu au cours des mois ; par contre les quantités ingérées par des
moutons en cages diminuent en fin de saison sèche sous les effets conjugués
des conditions climatiques sévères et probablement de la dégradation de
l'état physiologique des animaux.

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oraph~que 1 : Compouitlon ( M S :- ; HAT :A)
Graphique 2 : Excrétion fecale de moueons
alimentés
dige.rtbilitd (dHO :a) e
t

quantttéa lng6réeS (WV1 :.)
e n c a g e s (A) d e moutona (A) e t d e b o v i n s (m)
du fourrage fauché et distribu B des ~~“LO”I) en cages.
au paturape à Dali.
MOFE
glkg Po*75
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Les teneurs en matières azotées du fourrage ingéré par les bovins et
ovins au pâturage et celles des fécès de ces animaux sont supérieures en
saison sèche à celles mesurées pour les moutons en cages (tableau 1) ; la
digestibilité des rations ingérées au pâturage est donc très probablement
supérieure à celles mesurées avec les moutons en cages.
Tableau 1 : Teneur en matières azotées (g/kg MS) du régime et des fécès de moutons alimentés en cages,
de moutons et de bovins au pâturage en saison s&he.
!
!
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-! Moutons en cages !
Moutons au pâturage
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1
1
Bovins au pâturage
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!Fourrage consommé
!Bols oesophagiens !Collecte du berger !Bols oesophagiens! Collecte du berger !
I
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R é g i m e
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De plus, l'excrétion fécale (graphique 2) est plus élevée au pâturage.
Les quantités ingérées au pâturage (MSVI = MSFE / (l- dMS)) sont donc très
supérieures à celles mesurées en stabulation.
Cette différence permet d'expliquer les gains de poids enregistrés par
les moutons tout au long de la saison sèche (gains quotidiens moyens de 40
à 50 g/j), alors que la valeur du fourrage mesurée à l'auge est en moyenne
faible.
L'ingestion des bovins moins aptes au tri que les petits ruminants
(RICHARD et al., 1985) diminue à partir de mars-avril, ils cessent alors
leur croissance ou perdent du poids (- 100 g/j) même si‘le fourrage est
abondant.
'L'estimation de la digestibilité des rations ingérées au pâturage par
des méthodes chimiques ou enzymatiques, permettra d'approcher les quantités
ingérées au pâturage et de mieux interpréter les variations de poids.
. . . / . . .

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REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
AUFRERE J., 1982 - Ann. Zoot., 31 (2) : 111-129.
-
DICK0 M.S., LAMBOURNE L.J. de LEEUW P.N., de HAAN C., 1982 -
32ème réunion F.E.Z. - ZagreS, 31 août - 3 septembre 1985.
GLJERIN (H.), RICHARD (D.), FRIOT (D.), MBAYE Nd., 1985 - Proceed. Intern.
Conf. on animal production inarid zones, Damas, septembre 1985 (sous
presse).
I
RICHARD D., GUERIN H., MBAYE Nd., FRIOT D., JUAREZ A., FALL S.T.,
.
1985 - 36eme réunion F.E.Z.-Kallithea,30
septembre - 3 octobre 1985.

L'INGESTION DES FOURRAGES DES PARCOURS NATURELS EN ZONE
SAHELIENNE : MESURES EN STABULATION ET AU PATURAGE
H. GUERIN", D. FRIOT*, Nd. MBAYE*, S.T. FALL*, D. RICHARD**
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Avec la collaboration de M. DIOP, A. CORREA, 1. NDIAYE, T.M. BA
* Laboratoire de 1'Elevage et de Recherches vétérinaires (ISRA)
BP 2057 - DAKAR-HANN (Sénégal)
** Institut d'Elevage et de Médecine vétérinaire des Pays tropicaux
(CIRAD)
10, rue Pierre-Curie 94704 - Maisons-Alfort Cédex - France
SUMMARY : Voluntary intake by sheeps of forages harvested in Sahelian natu-
ral pastures was measured in pens. Simultaneously oesophageal boluses and
total fecal excretions of sheep and cattle were collected in order to esti-
mate intake in the same pastures. The differences between in-door and out-
door measures, between seasons and species are analysed.
La production, la composition floristique et chimique des fourrages des
parcours naturels et du régime des ruminants sahéliens varient beaucoup
d'une région, d'une année et d'une saison à l'autre (GUERIN et al., 1985,
RICHARD et al., 1985). Dans l'expérimentation mise en place dans la région
du Ferlo au Sénégal, on a mesuré la digestibilité et les quantités ingérées
de ces fourràges simultanément par des moutons et des bovins qui les pâtu-
raient et par des moutons en cage qui les recevaient fauchés. Nous en pré-
sentons les premiers résultats.
MATERIEL ET METHODES. Le parcours étudié couvre 740 hectares (1). Sa pro-
duction a été de 2000kg MS/ha en 1981, de 1 390 kg de MS/ha en 1982 et les
quantités de biomasse disponibles en fin de saison sèche étaient respective-
ment de 1 400 et 700 kg de MS/ha. Il était exploité principalement par des
L
zébus Gobra (100 à 150 suivant les périodes) en croissance dont le poids a
varié entre 125 et 350 kg et accessoirement par trente béliers de race
peul-peu1 également en croissance de 25 à 35 kg de poids vif. La charge a
été en moyenne de 35 kg de poids vif par hectare.
Sur des groupes de 6 béliers entiers en cages individuelles, on a étudié
à un rythme mensuel 27 échantillons de fourrage fauché. En saison des pluies
le fourrage était fauché quotidiennement, en saison sèche en une seule fois
pour chaque essai. Conservé à l'air libre, il était distribué en 2 ou 3
repas à volonté, avec des taux de refus élevés (25 à 40 p.100) pour repro-
duire les possibilités de tri des animaux au pâturage. Après deux semaines
d'adaptation des moutons au régime, on mesurait pendant 6 jours la quantité
de matière sèche volontairement ing&ée (MSVI) et la digestibilité de la
matière organique (dM0).
La valeur alimentaire des fourrages ingérés par les animaux au pâturage
a été étudiée par des méthodes indirectes faisant appel, notamment, à des
prélèvements de bols oesophagiens, des échantillons de 'collecte du berger"
(RICHARD et al., 1985) et à la collecte totale des fécès (DICK0 et al.,
1981). L'excrétion fécale au pâturage a été mesurée au cours de 37 essais
sur moutons et 55 sur bovins. Chaque essai durait 5 jours et concernait
8 moutons ou 5 bovins.
RESULTATS ET DISCUSSION.
La teneur en matière sèche (figure 1) des fourrages
n'est inférieure à 90 p.100 que durant les 3 à 4 mois de saison humide.
C'est à cette période que l'on a mesuré sur les moutons en cage, les inges-
tions (70 g MS/kg PO975) et les digestibilités (dM0 = 70 p.100) les plus
élevées.
Durant la saison sèche, les fourrages ne sont constitués que de pailles
conservées sur pied. Leur composition chimique et leur digestibilité varient
peu au cours des mois ; par contre les quantités ingérées par les moutons
en cages diminuent en fin de saison sèche sous les effets conjugués des
conditions climatiques sévères et aussi probablement de la dégradation de
l'état physiologique des animaux.
/
. . . . . .
(1) Parcelle du ranch de Doli appartenant à la SODESP (Société de Dévelop-
pement de 1'Elevage en Zone Sylvo-pastorale).

FIGURE 1 : Moyennes mensuelles ou saisonnières
111
FIGURE 2 : ~+antité de matière organique fécale
-..
-ma&
de la composition (MS :-; MAT :a), de la
-
excrétie (NEE) pnr des m:i,ti,ns en cages i A).
digestibilité (dMC :o) et des quantités in&-
;e;sr;;utons (A) et des bovins im) au pâturage
rées (MSVI :e) du fourrage fduché et distribué
à des moutons en cages.
Les teneurs en matières azotées du fourrage ingéré par les bovins et les
ovins au pâturage et celles des fécès de ces animaux sont supérieures en
saison sèche à celles mesurées pour les moutons en cages (tableau l} ;
la digestibilité des rations ingérées au pâturage est donc très probable-
ment superieure à celles mesurées avec les moutons en cages.
1
Tablea 1 : Teneur en matières azotées (g/kg MS) du régime et des fécès de moutons alimentés en cages,
de moutons et de bovins au pâturage en saison siche.
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I
I
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.:, Moutons en cages ;
Moutons au pâturage
1
Bovins au pâturage
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!Fourrage consommé
!Bols oesophagiens!Collecte
du berger !Bois oesophn$iens! Collecte du berger !
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5
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De plus l'excrétion de matière organique fécale plus élevée au pâturage
(figure 2) traduit une ingestion de fourrage plus élevée qu'en stabulation
qui explique les gains de poids des moutons tout au long de la saison
sèche (40 à 50 g/j> alors que la valeur alimentaire du fourrage mesurée à
l'auge est en moyenne faible. Les bovins moins aptes au tri que les petits
ruminants ont un régime plus pauvre en azote que les ovins (tableau 11, et
leur ingestion diminue à partir de mars-avril. Leur croissance s'interranpt
alors, ou ils perdent du poids (- 100 g/j> même si le fourrage est abon-
dant.
L'estimation de la digestibilité des bols oesophagiens et des "collec-
tes du berger" par des méthodes chimiques ou enzymatiques, permettra
d'estimer les quantités ingérées au pâturage et de mieux interpréter les
variations de poids.
t,
DICK0 M.S., LAMBOURNE L.J., de LEEUW F.N., de HAAN C., 1982 - 32ème réu-
nion Fédération Européenne de Zootechnie - Zagreb - 31 aok - 3 septtire 1982.
GUERIN H., RICHARD D., FRIOT D., MBAYE Nd., 1985 - Proceed.Intern. Confe-
rente on animal production in arid zones, Damas, septembre 1985.
RICHARD D., GDERIN H., MBAYE Nd., FRIOT D., JUAREZ A., FALL S.T., 1985 -
36ème réunion Fédération Européenne de Zootechnie - Kallithea (Grèce) -
30 septembre - 3 octobre 1985.
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