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REPUBLIQUE DU SENEGAL
J
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MINISTERE DU DEVELOPPEMENT RURAL
ET DE L’HYDRAULIQUE
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INSTITUT SENEGALAIS DE RECHERCHES
AGRICOLES (I.S.R.A.)
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DEPARTEMENT DE RECHERCHES SUR LES
PRODUCTIONS ET LA SANTE ANIMALES
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LABORATOIRE NATIONAL DE L’ELEVAGE
ET DE RECHERCHES VETERINAIRES
B.P. 2057
DAKAR - HANN
LA PESTE PORCINE AFRICAINE AU SENEGAL i
ISOLEMENT ET IDENTIFICATION DE SOUCHES
VIRALES A PARTIR DE FOYERS RECENTS
J. SARR, M. DIOP, Y. DIEME
R E F . N052/PATH.INF.
AOUT 1990.

MOTS-CLES
Virus - Peste porcine africaine - Sénégal.
RESUME
Des études systématiques autour de foyers de mortalité de porcins ont permis
l’isolement et l’identification de nombreuses souches de Peste porcine africaine
au Sénégal.
Toutes ces souches se sont révélées extrêmement pathogènes pour la race
Large White alors que pour les races locales on ne rencontre que la forme
chronique de la maladie.
SUMMARY
Systematic studies of some. foci of mortality among pigs, allow the isolation
and identification of many strains of African swine fever virus in Senegal.
While the local breeds only develop the chronical form of the disease, all
these field strains are highly pathogenic for the Large White breed.

INTRODUCTION
Signalée pour la première fois au Sénégal en 1959 (1), la Peste porcine
africaine peut être considérée à l’heure actuelle comme la plus grande menace
qui pèse sur l’avenir de l’élevage porcin.
Selon une étude FAO/Banque Mondiale en 1982 (4), du fait de la Peste porcine
africaine, l’effectif porcin est passé de 332 000 têtes en 1977 à 141 000 seule-
ment en 1981.
Elle sévit à l’état enzootique chez les races locales (3), mais compte tenu du
caractère progressif de la maladie, les guérisons sont rares ; les animaux
porteurs d’anticorps sont généralement excréteurs de virus.
Chez les races améliorées et les produits de croisements (Large White x races
locales), on rencontre surtout les formes aiguës et suraiguës ; les mortalités
sont voisines de 100 p. 100.
Cette étude tente de préciser le rôle joué par le virus de la Peste porcine
africaine dans les foyers de mortalité de porcins enregistrées lors de ces
dernières années.
MATERI EL ET’ METHODE
1. Prélèvements
Les prélèvements sont constitués de sang prélevé sous anticoagulant à partir
de la veine jugulaire au vacutainer de porcs malades, ou d’organes (rate,
ganglions) d’animaux morts suspects de Peste porcine africaine.
Tous les prélèvements sont conservés à -2OOC dans l’obscurité en attendant
d’être testés.

- 2
2. Les animaux
II s’agit de porcs de race Large White provenant d’un élevage indemne, situé
à 100 kms du Laboratoire et appartenant à un privé.
Tous les animaux sont testés par Elisa direct et par immunocapture avant
chaque expérience pour s’assurer de l’absence de virus adventice (2).
3. Isolement de virus
L’isolement comprend toujours deux phases :
- inoculation du prélèvement au porc,
- passage sur culture de leucocytes circulants de porc.
a) Inoculation au porcelet
Les prélèvements d’organes sont broyés, centrifugés à + 4OC à 4 000 trs/mn
pendant 30 mn. Le surnageant est aliquoté avant d’être inoculé au porcelet
âgé de 2 à 3 mois à raison de 1 ml par voie intramusculaire profonde.
Le sang décongelé est inoculé après centrifugation dans les mêmes conditions.
Pour éviter un mélange de souches virales, un seul prélèvement est inoculé
à la fois et le porcelet est isolé pendant toute la période d’observation
(3 semaines).
Les malades sont sacrifiés in extrémis, puis la rate et les ganglions mésenté-
riques sont prélevés pour l’inoculation aux leucocytes de porc.
Une contrôle Elisa par immunocapture est réalisé sur les animaux apparemment
négatifs pour une recherche éventuelle d’antigène circulant.
. . . / . . .

ZONE D’ELEVAGE PORCIN
.
p1
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Tataguine
0
MbOUP
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I
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1 Fatick
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Bgno N i a
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l Oussouye P
Boukilingo, l .
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- 4
b) Inoculation aux cultures cellulaires
Des cultures de leucocytes circulants, âgés de 72 heures, à raison de 0,2 ml/
tube du surnageant de broyat de rate et/ou de ganglion préparé comme
précédemment et filtré sur millipore 0,2 u (2).
5 tubes sont utilisés par prélèvement.
Ensuite les tubes sont placés à 37OC sur “roller” et observés tous les jours
pour la mise en évidence de I’hémadsorption, puis de l’effet cytopathogène
pendant 8 jours.
Les tubes positifs sont conservés à - 20°C en attendant l’identification.
4. Identification du virus de la Peste porcine africaine
L’identification est réalisée par immunofluorescence directe (2) sur culture
de leucocytes de porc en tubes de Leighton avec lamelle à l’aide d’un sérum
spécifique marqué à la fluoresceine à une dilution optimale.
III. RESULTATS
Plusieurs souches virales ont été ainsi isolées et identifiées au niveau des
deux grandes zones d’élevage porcin.
- le littoral Sud regroupant les secteurs d’oussouye, Ziguinchor et Bignona
(tableau 1) ;
- le littoral Nord, allant de Sokone à Dakar (tableau 2).
. . . / . . .

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Isolement et identification de virus de la Peste porcine africaine
Tableau 1 : Zone littoral Sud
Année
Foyers
Nbre de
Nature
Virus
morts
Malades
prélèvemen.
isolés
1987
Tandiem
12
- Rate
- Sang
Tml
1988
Brin
?
- Rate
- Sang

Brl
1988
Tilène
(Ziguinchor)
?
Sang
TZl
Lindiane
1988
(Ziguinchor)
5 0
Sang
Lzl
1989
Oussouye
100
Sang
O y1
1989
Oukout
5 0
Sang
Okl
Tableau 2 : Zone littoral Nord
Nbre de
Année
Foyers
Nature
Malades
Virus
morts
srélèvemen
isolés
Diouroup 1
1987
5 0
(Fatick)
3
Sang
DPl
1987
Diouroup 2
1
(Fatick)
Sang
DP2
1987
Grand-Yoff
- Rate
(Dakar)
2 0
3
- Sang
GdYl
1987
Grand-Yoff
5
2
(Dakar)
Sang
GdY2
. . . / . . .

.
- 6
Tableau 3 : Recherche de complexes antigène-anticorps
chez les animaux inoculés
Antigène circulant Anticorps anti-PPA
Na,ture du
Souche
au 4è jour après
à la mort de
prélèvement
inoculation
l’animal
Rate
+++
Tml
Rate
+++
Brl
Sang
+++
Tz 1
Sang
+ +
Lz 1
Sang
+++
Oy 1
Sang
+++
Okl
Sang
+++
DP1
Sang
+++
DP2
GdYl
Sang
+++
W2
Sang
+++
Léaende
( +) : positif
( ++) : fortement positif
I+++l
: très fortement positif
( - 1 : négatif.
. . . / . . .

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Ces 10 souches de Peste porcine africaine se sont toutes révélées extrêmement
pathogènes pour le porcelet de race Large White.
Tous les animaux inoculés ont tous développé une forme aiguë ou suraiguë,
la mort survenant entre le 4ème et le 6ème jour après l’inoculation.
Aucune trace d’anticorps anti-Peste porcine africaine n’est détectable par
Elisa direct chez ces animaux sacrifiés in extrémis (tableau 3).
DISCUSSION
Au niveau de nombreux foyers de mortalité de porcins enregistrés ces dernières
années, le virus de la Peste porcine africaine a régulièrement été isolé.
Cette étude confirme les enquêtes précédentes (3, 4) quant au rôle joué par
le virus de la Peste porcine africaine dans les nombreuses mortalités enregis-
trées chaque année chez les porcins.
Dans la zone littorale Sud, les races locales très rustiques, manifestent une
certaine résistance.
Les formes chroniques de la maladie sont de loin les plus fréquentes mais
compte tenu du caractère progressif de la maladie, les guérisons sont rares.
Aussi, la circulation de nombreuses souches virales fait qu’il n’y a presque
jamais de rescapés (2).
La zone Sud, demeure cependant la plus grande région d’élevage porcin même
si toutes les tentatives d’amélioration des races locales par l’introduction de
races améliorées ont toutes échouées.
. . . / . . .

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Dans la zone littorale Nord, des études précédentes (3) ont montré que
compte tenu de la sensibilité des races, les formes chroniques de la maladie
sont exceptionnel les.
Aussi, tous les animaux inoculés ont tous développé une forme aiguë ou
suraiguë de la Peste porcine africaine avec une absence quasi totale d’anti-
corps anti-PPA.
Les animaux meurent avant d’avoir pu mettre en place des mécanismes de
défenses immunitaires.
Aux deux grandes zones d’élevage porcin, correspondent des formes cliniques
différentes de Peste porcine africaine :
- une forme chronique avec portage et excrétion de virus et une mortalité
variable au Sud ;
- une forme aiguë ou suraiguë, avec mortalité voisine de 100 p. 100 au Nord
du pays.
A ces formes de Peste porcine africaine, correspondent une hyper-gammaglobu-
lininémie avec des anticorps précipitants et fixants le complément que l’on

détecte aisément par la méthode Elisa pour la forme chronique et une absence
quasi totale de réponse immunitaire anticorps dans la forme suraiguë.

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B I B L I O G R A P H I E
1. MORNET (P.)
Apparition et évolution de la Peste porcine africaine au Sénégal.
Laboratoire national d’Elevage.
Rapport Fonct. 1959 : 118-125.
2 . S A R R (J.)
Etude de la Peste porcine africaine au Sénégal.
Contrat n”TSD-A 219/CEE, rapport final 1990. Réf. n050/Path.inf. -
LNERV, BP 2057 - DAKAR (Sénégal).
3 . S A R R (J.)
Situation épizootiologique de la Peste porcine africaine au Sénégal.
R e v . Elev. Méd. Vét. Pays. trop., (à paraître).
4. Etude sectorielle de IlElevage au Sénégal : situation et perspectives.
FAO/Banque Mondiale par MM. LACROUTS et ANGELLO. Dakar, février 1982.