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l,, irlc+l?rc’ *!VI Afrique rropicak - Ch. Floret, R. Pontanicr
j&n I,ibbcy Eurolext, Paris 0 2000, pp 127-134
SESSION II
-.__.. I.-
qg&lddot3
Fn”A;?1 jm?
Végétation des jachères de courte durée et
rendement du mil après défriche au Sénégal
I>omillicluc Mas&, Kristine Silva Da Concei@o*,
h/l;~[:~iny Diatta*‘*& Ida Madina**”
~;II t\\jriquc ~~lt~s;~harienne, la gestion de la fertilité des sols tropicaux dans les agrosyslk
III~“.; est tr;~ciitionncllen~et~t fondée sur une alternance de phases de culture ct de phases de
j;l~hL;rc: (Nyc <II: Grcenland, 1960). Cette période d’abandon cultural pcrmer la reconstitution
(l’un stock de matikre organique en grande partie sous forme dc végkttion sur pied. En
difrichant. les pavsans utilisent cette biomasse végétale (litière, racines) comme source
d’til&mr:nts nutritifsdisponiblespourlaplantecultivée. Lesjachères ont subi et subissent une
forte pression agricole et sylvo-pastorale, avec pour conséquence la diminution de la fertili-
tC:. des ressources pastorales et ligneuses et de divers produits de cueillette. Les paysages
:te,ricolt:s se caractérisent aujourd’hui par une abondance de jachères de courte durée. Pour
continuer d‘assurer leurs différentes fonctions, ces jachères doivent être gérées ou faire
I’ohjct de méthodes de substitution par de nouvelles pratiques (Florc~ ot CI/.. 1993).
IA vigétation qui se développe après abandon cultural est l’un des principaux d&crmi-
nmts des différents rôles desjachères dans les systèmes agricoles des zones soudaniennes et
~c,Lidano-saht:liclllics.
Des questions se posent alors sur l’itnpact de diffkents types de
\\~~~4ta~ion sur I’cflicacitt: des jachères de courte dur&; tt post&iori. I;I manipulation dc I:I
2
\\Q$t;t~.ion (supprcbsion, introduction d’espkces) peut-clic gtre ~II IIIO>CII d’optimiser Ics
I/ ~<W’l,(‘~,‘, ~,y;c~P; Il:‘<’ !:c i;lc*jlc'r(y Q
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Iii rltalr’ allh)rc~~ ~‘1 :rr4)tisiiVe joue un rôle majeur dan5 Ici. -l;lc‘iii;:>. i-‘lie coliktikui: UiiC
127
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-
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- a-m411&

P&ennes, l’introduction de I6gumineuscs
ligneuses à croissance rapide. Cette étude présente
_ la rkpo~w d’une culture de mil après quatre ans de jachères naturelles ou modifiées. Une
i1
attention particulière est accordée. suite à la cltifricht:, aux relations entre les composantes du
ren&ment et les origines, des 6lt5mcnts min&aus : brûlis de la phytomasse ou minéralisation
clc la matière organique (racines fines et tICbris ~Cgcitaux du sol).
Matériels et méthodes
Sites d’étude et expérimentations sur Iw j;lchCres de courtes durties
l,a dynamique de la v6g6tation clcs ~j;~clk~~s clc cotrrte dur& a étc’ c’tudic’c dans deux
régions caractéristiques des climats tropicalix ii dwx saisons contrastées
: l’une ii la pluvio-
\\itc annuelle moyenne dc l’ordre dc huit c:cnts millimtitws (Sonkorong \\SOI. rc’gion du Sine
Saloum, 13” 46’ N-15” 32’ 0). I’autrc C~C I’OI.C~K de mille Inillimi’trc‘s (S;ut* Yorobana [SU 1.
r6gion dt: la Ha~le-C3s;lmance.
1 3” SO’ N- I.-t” 50‘ 0). &, Sonkorong, drux sitr:s ont L:tC:
x&ctionnés; l’un sur des parccll~s c,ultivCc< en continu pundant plus dc trente ans (SO.Lc).
l’autre sur des parcelles cultivées dcpui~ w~lc~ncnt trois nnnées (SO.Cc). ~4 Sare Yorobana,
Ics parcelles étaient cultivt:cs depuis trois ans (SY ). Sur chaqut! site. Ics parcelles ont ét6
mises cn jachère en 199.4 pour une @riorIe de cluatrc années
Sur ces sites, l’impact des ligneux (fac~cur I,ig) dans les jach&cs a ét6 observe en compa-
rant des parcelles dessouch6es
(Lig-) ou 11011 (Lig+) au début dc la phase jachère : ce facteur
est testé à Sonkorong (SO.Cc) et Sarc Yorobana (SY). I~‘iiitroduction de IPgumineuses
ligneuses (facteur Aca), par plantatiorl d’individus issus de pépinières. a été testéle sur les
parcelles cultivées depuis longtemps (i>C).Lc). I.‘espècc choisie est Acxia hohericcxt,
c+ce d’origine australienne il croiswncc rapide. Afin d’acc6l&-cr l’apparition de grami-
nées pérennes (facteur And). ,4~lqw~o/r SII,WIIIIS, gramin6c pe’r-ennc ;I Cté introduite par
repiquage clès la premii3rc ann& dc mi.‘,L cn jnch?rc sur les site? de Sonkorong (S0.1.~) ct
Sarc Yorobana (SY). Lt: tableau I rCwrw Ic’s diflercnts làctcur~ tcstk en ionction des sites.
I>:II~~ chacune des situations, Ics c‘x~~~~ii~~c’~ltations.
cn condition de protection totale contre
Ic fC:u e
t
IC pssage dos illlilll~lllS dc~nwitiquc~.0111 6iC misïs i‘n place selon tics plans
I.l’cxpGricnce
factoriels 3 qii;itre I~Citi;tiliimh ~‘11 tJl(>c i\\la\\c,. 1’)OSI. Cc( lwcellcs mises en
,,.
12X

des jachères et rendement du mil après défriche uu Sé&gul
&fesure.s réalisées avant et pendant la culture
Les biomasses récoltées lors de la défriche ont été estimées par pesée des malières récol -
tkes à l’issu d’une coupe totale de la végétation. Un tri de ces matières avec l’aide des
paysans a permis dc séparer les produits exportés hors de la parcelle de ceux qui sont
conservés et brûlés sur les parcelles avant la mise en culture; les cendres constituent une
so~trce d’éléments nutritifs pour la culture. Les matières végétales exportées sont essentiel-
lctnent le bois (bois d’oeuvre ou de chauffe) et les herbacées qui présentent une valeut
l,astorale int&essante.
Toutes les données de biomasse sont exprimées en masse de matière
&ie ù l’hectare. Les racines fines et les débris végétaux ont été évalués 5 partir de prélk-
tttcnts dc sol de mille wntimL=tres cubes par parcelle uniktire (les dix premiers centimètres
ont ct’tc’ privilégik. cn considkant que cet horizon supcrfïciel contenait la majeure partit du
stock de racines tïncs et de débris végétaux). I,es échantillons ont 6té tamisés à deux milk
nticrons et à deux cents microns. Le refus à deux mille microns a été trié en séparant les
r:t,:incs fines ct Ics matikrcs végétales dont la biomasse a été évalué après séchage à (i5 C
l>~ttdant vit@-quatre
hwrcs : pour la suite on désignera cette fraction organique par Ic termi’
(lc *‘litiGre racinairc”. l,a fraction de plus de deux cents microns contient des tnatiL=rw
organiques esscnticlletncn~
sous fortne de débris végétaux : la matière orgnniquc de ccttc
fraction a été mesur& par perte au feu à 360°C: (Schulte et al.. 1991). Dans chaque parcelle
~l~tnentairc, mille centitnkttw cubca a kgalement été prélevé pour estimer la densité app;~-
rente des SOIS.
La réponse de la culture du mil aprks défriche a été suivie à travers la mesure des principa-
Ics composantes de l’élaboration du rendetnent tout au long du cycle cultural. Les varia.hic<
retenues sont le nombre dc poquets au mètre carré, te nombre d’épis par mètre carre, $2
nombre de grains par c’pi, Ic poids de mille grains et enfin le rendement en grain.
L,‘cffet des diffkrcnts types clc vég6tation a Cté testé par des analyses de variante. LC~S
relations entre variables mesurées à la fin de la défriche el les diffkentes cotnposantcs
0~
rendement onl6té gvaluies par des r6gressions tnultiples pas à pas, ascendantes.
Résultats

D. Masse, K. Sil’va Du Cottc~~itwn, M. Diatla & i. Maditla
Tableau II. Biomdsse végétale mesurée au moment du défrichement des jachères de courte durée.
MSNE : matière sèche non exportée ; MSEX : matière séche exportée; lit raç; litikre racinalre 2mm
dans l’horizon O-10 cm; Mo2OOpm : matière organique sur fraction orgclnique granulométriquti
700prn ; Da : densité apparente du sol sur O-10 cm de profondeur. .4nova : p = probabilité. du test SUI
I’hypothksc nulle d’égalité des traitements.

t.ha- 1
t.hü- 1
Zllll1l(t/ha)
(tlhit )
so.(‘c
In
6.26 (1,133)
2.52 (2.07 l
0.15 (0.07)
-Lig
2,67 (W2)
0,02 (0,03)
0.0’) (O,o I )
i’
0.0 16 1
0,03x1
O.OX60~
SC J I .“
Jn
9,02 (1,72) h
0.17 KLl7.I 1:
0 . x (0.17)
+Ai2
3 1.08 (4.7) a
Il ,w 1: 1.x.3, 3 0..50 to.3,)
+An
8.6 (2.96) h
?,93 (0.X0) Il
O,.‘S tO.70)
P
0,000 1
0,000 l#
0,4OI 7”
SY
Jn
I I ,37 (2.5) a
5.31 0.X’)) 0
0.40 (0,0X)
h
+A11
9.39 (1,2j) û
Il,Xl (I.iJa
0.7 1 (0.42) a
-I,i$
5.92 (0.6) h
0 (0) c
0,.!2 (O,I.?J c
P
0,008’~
0,0002”
0,037hA

Végétation des jachères et rendement du mil après défriche au Sénégal
hectare sur SY. Seule la présence de Acacia holosericea
apporte une différence significative
par rapport à une jachère naturelle : le rendement est alors doublé (0,54 t.ha-*). Pour les trois
sites, la décomposition du rendement en ses composantes montre que le nombre d’épis au
mè:tre carré détermine le rendement; avec un coeffïcicnt de corrélation de 0,947 (SO.(k),
0,736 (SO.Lc) et 0,742 (SY). La deuxième composante essentielle est le nombre de grains
par épi. La variable poids de mille grains améliore le coefficient de régression uniquement
pour les sites SO.Cc et SY. Ces résultats concordent avec ceux de Diouf (1990) qui montrent
que les variations du nombre d’épis dans des conditions normales de fkondation et d’ali.-
mcntation hydrique déterminent soixante-quinze à quatre-vingt-dix pour cent du nombre dc
<Ir;iins au mètre carré. Le nombre d’épis mesuré à la récolte est en partie lié au nombre de
Edlcs. Ce nombre de talles est dépendant des conditions de nutrition azotée, carbonée ct
hydrique (Diouf, 1990). Les conditions hydriques n’ont pas été une contrainte en 1998, les
pluies ayant été bien réparties après le semis.
Une analyse parrégression multiple montre que le nombre d’épis par mètre carré (Tableau 1V)
cs:. IiC à la quantité de matière skhe brûlée sur le sol pour Ics sites de Sonkorong (SO.Cc et
SO.Lc) et la quantité de litière racinaire associée à la matière organique grossière (fraction
suptirieure à 200 mm) pour les sites de Saré Yorobana. Les autres composantes, poids dz
mille grains et nombre dc grains par épi, sont corrélécs avec la biomassc non exportée après
défriche et brûlée. La densité apparente après quatre annks de jachke n’influent pas WI
I’tilabordtion du rendement.
IWeau IV. Relation entre composantes du rendement et biomas~e végCtalc ct racinaire avant Ic
semis : rksultats d’une régression multiple pas à pah. NbEp : nomhrc d’dpis 2111 rn’; NhGrEp : nombre
& grains par épi ; PlOOO : poids de 1000 grains ; Rdt : rcndcment en grains. MSNE : matière sèche non
sxpor&; LITRAC; litière racinaire refus& :XI tamis de 7mm; MOFG : matière organique du sol
?OOpm

D. Masse, K. Siha Da CormGcao. M. Diatta Ce 1. Mdinn
Discussion
importance des racines fines et des débris végétaux en zone soudanienne
À SarL: Yorobana, l’analyse chimique dcx sols (bases échangeables, phosphore) aprk
quatre années de jachère ne montre pas de difrérences significatives entre Ici; Lraitements
(Masse, 1998). La relation entre les biomasscs de racines fines et de débris ~égélaus du sol
et les composantes du rendement (Tableau IV) confirme le rôle prédominant dc la mnWe
organique facilement minéralisable dan!; les systkmes h alternance culture-jachère (,4ndcr-
son, 1995). En Inde, Roy & Singh (1995) ont observé une corrélation entre les racines linw
.
ct luquantik! d’azote minéralisable
dans dc,+ forCts tropicales sèches. Laprknçe tic li,yc~.~x
dans les jachks augmente le stock dc n~atitire organique facilement minéralisablc
au début
du cycle cultural. 1~s gramittcks pércnncs pcuvcnl compenser l’absence dc ligneux dans les
jachltres. Lu prkncc dc A/tilr~po~ort
gaytrnus iilIgmclltc le S~OC~ dc débris vé~Ct:tu‘, dan\\
IC.S dix prcmicrs contim?lrcs dc sol. Ccpcndwtt l’influence de cette graminée sur IL, rc’ttdc-
menl CL sur ses C~~lll~OSilllt~S
ne scmblc pas déterminante
z?l Saré Yorobana; d‘autres contraiii-
tes telles que la tnaîtrisc dcï rcpousw ~dc cette graminée péretme difficile 3 ;:Crer pcuvcnt
concurrencer lil cul turc.

auteurs attribuent ces résultats à une activation du cycle de l’azote dans les parcelles enri-
chqcs en légumineuses (fixation de l’azote atmosphérique. fort recyclage par la litière par
LIll; dkomposition rapide, stockage d’azote dans le système racinaire).
Conclusion
[,a rzponse d’une première année de culture apl-2s des jachères de courte durée a montr6
que lu biomasse végétale laissée sur le sol ou dans le sol au moment de la défriche a un impact
str,~l’Claboration du rendement. Lenombre d’épis au mètrecwr6, pri1lcir>aleconlposante
liée
;,~i rc~ldelllt2llt, est corrélé à la IitiCre racinaire qui constitue une m;itikrc organique facilcnicnt
n~i&ralisahle.
La présence de ligneux augmcntc ce compartiment organique. De même. CII
I‘;ltwnce d’une strate arbustivc ou arborée pendant la phase de jachk. l’introduction dc
~r;millCcs
pérennes permet d’améliorer la matière organique des fractions grossières. Les
rc~~ldc’mcnts
obtenus sont cependant trCs faibles: seules les Jach?rcs cnrichics par krrcitr
/t~rlct.wriurr ont permis d’obtenir des rendements moyens (840 Ergha ‘) du double de ceux
c,{>tLwus aprks une jachère naturelle (420 kg.ha-‘). Ces derniers résultats confirment I’intérA
dc> I’nm&lioration des jachères par des légumineuses
plus particuliitrentent
sur les parcetic,
~ultiv&s en continu depuis de nombreuses annCes et ayant perdu tics capacitk de régénéra-
tion dc la strate arborée. De plus, ces parcelles ont produit des quantités de bois importantes
ut lisablcs en bois de chauffe ou de construction. 11 faudra vérifier que ces exportntions
d~.3h~ents
minéraux ne seront pas nuisibles aux cultures sur Ic long terme. En l’absence dc
strate ligneuse, l’introduction de graminées pérennes compense l’apport en matière organi--
qoc facilement minéralisable. Cependant, la gestion des repousses qui deviennent des ad--
vcntices pendant la phase de jachère constitue une diffïcultt: technique importante qui
afidcts le rendement final en grains. Les résultats devront être confirnks par le suivi de la
tlc*uxi?mc annLe de culture. Les futurs travaux devront préciser les relations étroites entre la
qt alit dc la matière organique (composition chimique et quantités). I’activitt: biologique ct
Ii~icrobiologiql]c,
et les composantes du rendement. Cela permettra de piloter au mieux II:
~)~l~Jnchère-culture
par le choix des espèces introduites et de\\ pratiques de dt3riche. Une
Il~:ll~il~ulati~)i~
des activités biologiques doit 6galement Gtre en\\~isa~k ( Palm cv tri.. 1 C)c)(>).

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