I Staff Paper I, LES PRATIQUES PAYSANNES ...
I Staff Paper
I,
LES PRATIQUES PAYSANNES FACE AUX CONTRAINTES DE
PRODUCTIVITE:
CAS DU SEMIS DE L'ARACHIDE
AU SENEGAL
par
Matar
GbAYE, Maniével
SENE, Valerie
KELLY
Staff
Paper No. 96-29
Avril
1996
Avril1996
L

LES PRATIQUES PAYSANNES FACE AUX CONTRAINTE?S DE PRODUCTIVITE:
CAS DU SEMIS DE L’ARACHIDE
AU SENEGAL
1. INTRODUCTION
Pour la plupart
des opérations
culturales,
les pratiques
paysannes ne sont pas e'n conformité
avec les recommandations
de la
recherche
agricole.
La :manière de semer ne fait
pas exception
à cette
règle notamment dans le c:as de l'arachide.
On constate
que les
densités
adoptées sont sensiblement
plus fortes
que celles
qui sont
préconisées.
Les normes recommandées se situent
entre 60 à 80
kilogrammes de graines décortiquées
par hectare selon les variétés.
Au plan empirique,
des enquêtes ISRA-IFPRI menées en 1989-90
indiquent
une moyenne de 91 kg calculée
sur 627 observations.
Dans
plus de la moitié
des Cas, les chiffres
dépassent 80 kg par hectare
c'est-à-dire
le maximun recommandable. Pour certains
techniciens,
cela constitue
un gaspillage
assez paradoxal puisque le manque de
semences constitue
de loin le premier problème dont les producteurs
se plaignent.
Toutefois,
l'analyse
de données fournies
par les mêmes
enquetes et portant
sur 1.60 ménages ruraux a révélé que les fortes
densLtés sont associées
aux meilleurs
rendements aussi bien en terme
physique que financier.
Il s'agit
dans ce document de mieux comprendre les motivations
paysannes et pour cela, 32 chefs de ménage dont les unités
de produc-
tion appartiennent
à la c.lasse des plus fortes
densités
ont été
chaisis
parmi les 160 mentionnés plus haut. Les quatre zones concer-
nées sont celles
de Niakhar,
Colobane, Passy et Dioly,
ces deux
dernières
bénéficiant
de conditions
naturelles
plus favorables.
Les investigations
se sont déroulées en Novembre 1994. Elles
permettent
de confirmer
que les semis serrés constituent
une forme
d'adaptation
à diverses
contraintes
et une stratégie
face à la baisse
tendancielle
de la productivité.
Cependant, il y'a lieu de s'interro-
ger sur la viabilité
d'une telle
pratique
comme solution
à long terme
et su
la validité
de certaines
perceptions
qui la fondent.
2.
CONTRAINTES DE PRODWTION AGRICOLE
Chaque producteur
interrogé
devait préciser
dans l'ordre
ses
1

trois
principales
contraintes
de production
agricole
à l'exception
de
la pluviométrie.
Pour chaque contrainte,
un score I*SVo a été calculé
en multipliant
le nombre de fois qu'elle
est mentionnée à la premiè-
re, deuxième et troisième
place respectivement
par 3, 2, 1. et en
faisant
la somme des produits.
Ces scores et les fréquences
relatives
des réponses correspondantes
sont les suivants:
Tableau 1: Hiérarchie
des contraintes
de production
autres que la pluie.
Disponible
foncier
Nourrirure
En règle générale,
les contraintes
relatives
à Xa quantité
des
facteurs
de production
directement
liés au crédit
agricole
viennent
en premier
lieu alors que les considérations
d'ordre
qualitatif
sont
au bas de l'échelle.
Toutefois,
le haut rang de l'engrais
traduit
aussi une préoccupation
relative
à la qualité
des sols.
Le caractère
primordial
de l'accès
aux semences d'arachide
apparaît
de façon très nette et cette primauté
demeure invariante
d'une zone à l'autre.
La deuxième place de l'engrais
dans le
classement global
est maintenue pour Niakhar,
Passy et Dioly alors
qu'au, niveau de Colobane il y a permutation
avec l'équipement.
La diversité
des contraintes
est plus marquée dans la zone de
Dioly
puis décroit
de Passy a Colobane en passant par Niakhar.
Cette
dernière
zone est la seule oil le manque de terre
n'est
pas souligné.
L'exode massif des familles
surtout
vers Touba a même permis le
retour
progressif
de la jachère.
Cela peut expliquer
le fait
que le
manque d'engrais
y soit relativement
moins préoccupant.

La contrainte
foncière
dont le poids relatif
est plus lourd à
Niakhar apparaît
comme iitant
la plus hétérogène
non seulement d'une
zone à l'autre
mais aussi d'un ménage à l'autre.
Si l'on se limite
aux seules contraintes
mentionnées
en première
position,
la plus grande diversité
s'observe
au niveau de Passy et
Dialy avec quatre différents
facteurs
pour chacune des deux zones.
Pour Colobane et Niakhar,
toutes les réponses données en premier
lieu
portent
sur le déficit
en semences d'arachide.
3.
STRATEGIES FACE AUX FAIBLES RENDEMENTS
A la question
de savoir quelles
sont par ordre de priorité
les
stratégies
adoptées face aux faibles
rendements de l'arachide,
la
distribution
des réponses obtenues se présente
dans le tableau
suivant,
'8SV" correspondant
aux scores et "F1' aux fréquences
absolues:
Tableau 2: Classement
des
stratégies
(adoptées
face
aux
iaibles
rendements
Future
organique
Achat
d'engrais
Semis
ii bonne
date
Mise
en jachère
des
terres
Resserrement
des semis
Efforts
sur
le sarclage
Location
de bon matériel
Rotation
arachide-mil
espacement
des
semis
Plus du quart des réponses ont trait
au capital
semencier.
Il
s'agit
d'acheter
des semences, d'en réserver
autant que possible,
de
veiller
au tri
et au traitement
phytosanitaire.
C'est dans les zones
de Niakhar et Dioly que les stratégies
relatives
au capital
semencier
sont plus relatées.
L'utilisation
du fumier par épandage ou parcage
3

vient. globalement
en seconde position.
Cette stratégie
est plus
caractéristique
de Colobane où elle vient en première
place,
suivie
de l'introduction
des jachères dans le système de rotation.
Le repli
sur les terres
moins dégradées est une pratique
plus
fréquemment soulignée
à Passy et Dioly.
Les modalités
consistent
soit
à n"exploiter
personnellement
que les meilleures
terres
de son
patrimoine,
soit à emprunter d'autres
qui sont preférables
à ce que
l'on possède. Nous précisons
que les personnes interrogées
sont des
chefs de ménage et le fait
qu'ils
se réservent
les bonnes terres
pour
laisser
le reste aux autres membres de la famille
n'est
pas nouveau.
Les achats d'engrais
se font assez souvent auprès des produc-
teurs qui l'obtiennent
sous contrat
pour l'arachide
de bouche
surtout.
Ce n'est
certainement
pas par hasard que Passy qui est une
zone de production
contractuelle
soit aussi celle où l'on note le
plus grand nombre de réponses concernant
l'achat
d'engrais.
Le
calendrier
des semis est également pris en compte dans la recherches
de solutions
aux faibles
rendements.
Il s'agit
de semer le maximum à
la première pluie utile
pour que l'arachide
puisse boucler
correcte-
ment son cycle.
Les stratégies
relatives
aux densités
ont été mentionnées
par
Six producteurs,
soit moins de 20 ~100 de l'échantillon.
Cela
s'explique
certainement
par le fait
que les pratiques
en la matière
sont devenues si enracinées
qu'elles
ne retiennent
plus l'attention.
4.
FACTEURS DETERMINANTS DES DENSITES
Chaque répondant devait préciser
l'ensemble
des facteurs
qui
déterminent
ses densités
de semis en essayant de les classer
dans
l'ordre.
Au total,
dix facteurs
différents
sont ressortis
de leurs
réponses.
La hiérarchisation
par la même méthode utilisée
jusqu'ici
donne les résultats
suivants
basés sur les scores ‘rS18 et les fréquen-
ces relatives
rlF1l des différentes
réponses:
4
I I
I

TebieaL 3: Classement des facteurs
actuels qui détermine!-&
les densités de semis
Qua 1 i ttJ des semences
Etat du semoir
Nature du sol
Moment du semis
timidité
du sol
En principe,
chaque facteur
peut jouer dans un sens ou dans
l'autre
selon qu'il
se présente comme une contrainte
où comme un
atout.
Le premier cas de figure
favorise
les fortes
densités
et le
second tend à agir dans le sens opposé. Cependant, les deux
situations
ne semblent pas être en parfaite
symétrie
car rien ne
permet de dire par exemple que si une baisse de fertilitë
induit
un
resserrement
des semis, une hausse dans la même proportion
va induire
un espacement de même amplitude.
Tout laisse
croire
que pour chaque facteur
énuméré, son
incidence
est plus décisive
lorsqu"i1
constitue
non pas un atout mais
une contrainte.
Dans la plupart
des réponses,
c'est
l'aspect
contrainte
qui est plut&
mis en exergue. Dans l'ensemble,
les
questions
de fertilité
constituent
le principal
déterminant
des
densités
de semis. Etant donné que les producteurs
dépendants ont
moins d'accès aux terres
fertiles
et aux fertilisants,
il est logique
de penser que leurs densités
soient relativement
plus élevées,
ce qui
n'est pas l'avis
des chefs de ménage. Ils déclarent
tous n'avoir
noté
aucune différence
entre leur façon de semer et celle de leurs dépen-
dants, qu'ils
soient hommes ou femmes.
L'état
du matériel
agricole
est le seul facteur
dont l'influence
est une donnée indépendante
de la décision
du producteur.
Les sols
s

sableux de type ltdiorl' sont associés aux fortes
densités
et ils sont
plus caractéristiques
de la zone de Colobane.
Au total,
47 pi00 des chefs de ménage se classent
eux-mêmes dans
le groupe 1 qui est celui des producteurs
dont la pratique
dominante
actuelle
correspond
aux fortes
densités.
Les autres représentant
53
~100 se rangent dans le groupe 2 qui est celui des faibles
densités,
Cette situation
ne correspond
pas à ce que nous attendions
en ciblant
prioritairement
les ménages correspondant
aux plus fortes
densités
moyennes sur la base des données ISRA/IFPRI.
Une première hypothèse d'explication
est que les fortes
densitës
sont plus caractéristiques
des producteurs
dépendants comparés aux
chefs d'exploitation
qui sont concernés ici.
Une seconde hypothke
est qu'une densité
donnée peut être
classée forte
tout en éta.nt subjectivement
considérée
faible
par le
producteur.
Ce dernier
peut également fonder son jugement sur la
comparaison de sa pratique
avec celle des autres membres de la
famille.
Enfin,
l'écartement
des lignes pourrait
constituer
la principale
base des réponses alors que les densités
dépendent aussi de l'espace-
ment sur la ligne.
A ce sujet,
on constate une différence
assez
significative
entre les deux groupes concernant
les interlignes
adoptées pour chaque variété.
La moyenne des écartements
que les
producteurs
interrogés
diéclarent
pratiquer
est réduite
de 30 pi00
pour la 55-437, 35 pi00 pour la 73-30 et 40 p100 pour la 73-33 si
l'on passe du second groupe au premier.
La répartition
des chefs de ménage entre les deux groupes est
relativement
égale sauf dans la zone de Passy oil 6 répondants
sur 8
se classent
dans le second. Cela peut être mis en rapport
avec la
qualité
des terres
et l'accès
à l'engrais
qui sont relativement
meilleurs
dans cette zone. Si l'on se restreint
au groupe des fortes
densités
non pas à l'échelle
du ménage mais de l'individu,
les fac-
teurs justifiant
la première adoption se répartissent
ainsi
selon la
fréquence relative
par rapport
au nombre de réponses et les scores
correspondants:
6

Tableau
4: CLassement
des
facteurs
d'adoption
initiale
des fortes
densités.
FACTEURS
DE DECLENCHEMENT
FREQUENCE
SCORE
ZONES CONCERNEES
Baisse
de La fertilité
Enherbement
excessif
Marque
de terre
Faible
production
de fane
I
4%
1
2
Dioly
Le manque d'engrais
est le seul facteur
de déclenchement
initial
évoqué dans la zone de Passy. Toutefois,
sa fréquence
relative
est
beaucoup plus forte
dans celle de Niakhar oil il correspond
à quatre
réponses sur cinq. Dans la zone de Colobane, la baisse de fertilité
des sols et l'adoption
de. la 55-437 sont les premiers
facteurs
qui
ont déclenché le phénomène du resserrement
des semis, Dans la zone de
Dioly,
on retrouve
tous les facteurs
d'adoption
initiale
sauf le
manque de terre
et la culture
d'une nouvelle
variété.
Chez les producteurs
qui se classent
dans le groupe des fortes
densités,
l'adoption
de cette pratique
a coïncide
dans la moitié
des
cas avec celle de leur variété
dominante actuelle.
Elle est posté-
rieure
dans 2 cas sur 10. L'ancienneté
de la pratique
du semis serrë
varie entre 3 et 32 ans avec une moyenne de 13 et une médiane de 10.
La situation
par zone se! présente ainsi:
Niak:har
Colobane
Passy
Dioly
Moyenne
10
21
10
11
Médiane
10
22
10
10
Maximum
13
32
10
18
Minimum
10
6
10
3
On constate
que la pratique
des semis serrés est beaucoup plus
ancienne dans la zone de Colobane où le phénomène de dégradation
des
sols est également plus ancien par comparaison aux trois
autres
qui
sont moins septentrionnales.
L'adoption
initiale
des "faibles
densités"
s'explique
notamment
par la disponibilité
de rertilisants,
le faible
développement
des

plantes
trop serrées,
la fertilite
naturelle
des sols,
le tâtonnement
pour améliorer
les rendements,
les recommandations
des encadreurs,
l'adoption
de nouvelles
variétés
ou la simple imitation.
Les deux groupes c'onfondus, tous les répondants déclarent
que
leur pratique
dominante en matière de densité
n'a pas évolué depuis
la première
adoption.
L~es raisons
initiales
restent
actuelles
sauf
dans deux cas.
En confrontant
la classification
hiérarchique
de ces
dernières
(tableau
4) avec celle des facteurs
actuellement
jugés
décisifs
(tableau
3), on constate que la qualité
des semences occupe
un rang sensiblement
plus élevé, passant de la quatrième
à la
deuxième place.
Par contre,
la disponibilité
de fertilisants
a plutôt
perdu des échelons.
Ce constat
doit être nuancé puisque la baisse de
fert:ilité
des sols qui vient actuellement
en première
position
est
étroitement
liée au manque d'engrais.
En d'autres
termes,
l'attention
des paysans devient
plus polarisée
par les effets
de la contrainte
de
fertilité
que par ses causes.
En comparant les tableaux
3 et 4, on doit aussi garder à
l'esprit
que le second se réfère uniquement aux justifications
initiales
de la pratique
des fortes
densités
alors que le premier
se
situe dans un cadre général.
A deux exceptions
près, toutes les personnes interrogées
affir-
ment qu'un meilleur
actes aux semences n'aurait
pas d'effet
sur leurs
densités
de semis mais uniquement sur les superficies
arachidières.
En revanche,
neuf répondants
sur dix opteraient
pour un plus grand
espacement si l'engrais
devenait disponible,
L'argument
unique est
que la fertilisation
permet un meilleur
développement
des plantes
qui
devront être plus distantes
pour atteindre
leur potentiel
de crois-
sance.
Selon les opinions
paysannes, les fortes
densités
conviennent
aux sols sableux de type @@dioP, aux sols pauvres,
lorsque
les
semences sont de mauvaise qualité
ou lorsqu'on
n'apporte
pas de
fertilisants.
Le retard
des semis est également mentionné parmi les autres
conditions
de préférence
pour les fortes
densités.
@"est une raison
de plus pour penser que les fortes
densités
doivent
être plus fré-
quentes chez les producteurs
dépendants et en particulier
chez les

femmes dont l'accès
aux équipements est plus limité
surtout
en début
de saison.
Les semis espacés sont jugés préférables
s'il
y a une bonne
fertilisation,
s.i le SO.~ est naturellement
fertile,
s'il
est de type
argileux,
si les semences sont de bonne qualité,
si l'on sème tôt ou
s'il
s'agit
de variétés
rampantes.
L'adoption
initiales
des fortes
densités
traduit
un ajustement
face à diverses
contraintes
ayant
poussé. les producteurs
au changement de méthode.
Le sort des nouvelles
pratiques
est logiquement
lié à la
survivance
des causes originelles
mais aussi aux avantages et incon-
vénients
constatés
au fil
du temps. Les avantages cités
par ordre
d'importance
ont trait
Ii. la récolte
de gousses, au contrôle
de
l'enherbement
et à la production
de fanes. Les scores respectifs
correspondant
à ces trois
facteurs
sont 33, 24 et 13,
L'économie de main d'oeuvre
pour le sarclage
est soulignée
avec
force bien que les analyses disponibles
jusqu'à
présent
ne permettent
pas encore de confirmer
ce gain et de le quantifier.
Les avantages ci-dessus
évoqués se retrouvent
dans le mëme ordre au
niveau du groupe 2. Cependant, il y a relativement
plus de références
à la qualité
des récoltes
dans ce dernier
cas.
Des inconvénients
n'ont été mentionnés que dans deux cas et ils
sont relativement
mineurs.
Le fait
qu'ils
soient tous dans la zone de
Colobane oil la pratique
des fortes
densités
est plus ancienne suscite
dèjà des interrogations
sur les effets
à long terme.
En dehors des avantages et inconvénients
librement
cités
en
réponse à des questions
ouvertes,
chacun devait préciser
l'impact
des
fortes
et des faibles
densités
sur la qualité
et la quantité
des
fanes. La synthèse des réponses donne la situation
suivante
en terme
de fréquences
relatives
au niveau de chacun des deux groupes:
Fortes densités
Faibles
densités
- Effets
positifs:
50 %
84 %
- Effets
négatifs:
15 %
6%
- Effets
mitigés:
12 %
7%
- Aucun effet:
23 %
3 %

En somme, les fortes
densités
sont relativement
moins bénéfiques
au niveau de la fane dont l'importance
économique est grandissante.
Le faible
développement
extérieur
des plantes
et la perte plus
précoce de leurs feuilles
lorsqu'elles
sont rapprochées
sont les
facteurs
explicatifs.
Dans certains
cas, l'appréciation
de la qualité
est nuancée selon les types d'animaux à nourrir,
les petits
ruminants
n'ayant
pas les mêmes exigences que les grands.
5. POIN!l' DE WE DE LA RLJCHERCHE
AGRONOMIQUE
La baisse des rendements de l'arachide
résulte
de plusieurs
facteurs
dont la non application
des thèmes culturaux
vulgarisés
(CATTAN, 1986; ABOUBA, 31989 ; KELLY NOHE, 1992). On note une
simplification
poussée des techniques
culturales
(sans engrais,
sans
travail
du sol, entretien
:Léger) associée à de fortes
densités
de
semis. (ABOUBA, 1989; KELLY NOHE, 1992 ; CLOWEL, 1994). Le rendement
est déterminé
par le nombre de pieds récoltés
et la production
par
pied (CARRIERE de BELGARIC & BOUR, 1963 ; GAUTREAU, X985), ou par le
nombre de graines
récoltées
et le poids moyen d'une graine
(CLOWEL,
1994) *
Le nombre de pieds récoltés
dépend du nombre de plantules
levées, qui est à son tour fonction
du nombre de graines
semées. Le
nombre de graines récoltées
croit
avec la densité
de semis. Il a été
prouvé qu'une forte
densité
de semis (110 000 graines
par ha) permet
d'accroître
les rendements en gousses de 15 % (CARRIERE de BELGARIC &
BOUR, 1963).
Elle crée une compétition
au sein du peuplement qui
induit
une formation
précoce de gousses (CLOWEL, 1994). Or ce
mécanisme augmente la production
utile
(nombre de graines
mûres bien
formées ou HPS). L'effet
est plus marqué en conditions
de sécheresse.
La pratique
paysanne des fortes
densités
répond à un double
objectif:
diminuer
le nombre de binages (NICOU, 1966) ; et/ou
compenser les pertes de pieds liées aux mortalités
dues aux aléas
climatiques,
à la mauvaise levée (fontes
des semis, faible
germination)
selon NICOU (1.966), ou encore au dysfonctionnement
des
semoirs du fait
de leur état
de vétusté
(CLOWEL, 1994).
:Les densités
dites
fortes
préconisées
par la recherche

s'insèrent
toutefois
dans des thèmes techniques
incluant
la fumure
minérale
et un système de rotation
triennale
ou quadriennale
avec
jachere.
Leur adoption
en dehors d'un tel cadre ncest pas sans inci-
dences néfastes
sur la fertilité
des sols.
4.
CONCLUSION
La pratique
des fortes
densités
résulte
pour l'essentiel
d'un
processus empirique
d'adaptation
à des contraintes
diverses.
Ainsi,
elle se justifie
moins sur la base d'avantages
intrinsèques
que par
le souci de limiter
l'impact
négatif
de ces contraintes
qui sont des
"facteurs
poussants@V. Les plus importants
sont d'une part la baisse
de fertilité
des sols en rapport
avec le manque d'engrais
et d'autre
part la mauvaise qualitî!
des semences. Les avantages susceptibles
de
jouer comme "facteurs
attirantsI'
sont moins décisifs,
Ils se situent
en particulier
au niveau des rendements et du contrôle
des mauvaises
herbes.
En réalité,
ce qui est visé dans la manière de semer n'est
pas
la densité
de semis
en soi mais
celle de peuplement.
Pour cela,
les
paysans jouent notamment sur les inter-lignes
et sur l'espacement
des
pieds par l'intermédiaire
des disques.
Ceux qui portent
leurs efforts
en priorité
sur les semences représentent
une minorité
d'environ
un
cas sur dix. Un tel constat
interpelle
la vulgarisation
car des
expériences
ont prouvé que le traitement
phytosanitaire
est particu-
lièrement
efficace
pour assurer une bonne densité
à la levée.
Des
améliorations
de l'ordre!
de 80 pi00 par rapport
aux témoins ont été
obtenues (A. MAYEUX, communication
verbale).
Cela constitue
une
différence
de taille
pour un investissement
presque insignifiant
et
donc une alternative
à C:ertaines densités
de semis.
Du point de vue agronomique,
on peut affirmer
que dans cetaines
limites,
les semis
serrés ont une incidence
positive
sur le rendement
de l"arachide,
Cependant, comme toute technique
culturale,
ils
doivent
s'intégrer
dans des itinéraires
techniques
cohérents
pour que
les effets
bénéfiques
puissent
se pérenniser.
Toutefois,
les condi-
tions de cohérence définies
par la recherche
s'opposent
à celles
qui
ont motivé l'adoption
de cette pratique.
Le problème principal,
à
savoir
la baisse de fertilité
des sols, risque donc d'être
exacerbé
1 '1

par la solution
que lui apportent
les producteurs
dans leur processus
d'adaptation.
Il s'y ajoute les mesures d'ajustement
structure1
qui
rendent encore plus difficile
l'accés
à l'engrais
sans lequel
la
tendance ne sera pas renversée.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
1. ABOUBA (A.),
1989-Contribution
a l'identification
de contraintes
de transfert
des technologies
agricoles
disponibles
en milieu
rural
-
zone de Kaymor - Mémoire de fin d'etudes
,ENCR, octobre
X989, 53~. et
annexes.
2. BLONDEL (D.),
197lb-C!ontribution
à la connaissance
de la dynamique
de l'azote
minéral en sol sableux au Sénégal. Agr. trop.
n025,
3. CARRIERE de BELGARIC (R,,), BOUR (F.),
1963-Le développement
de la
productivité
de l'arachide
au Sénégal. Agr. trop.
n"9, septembre
1963, 864-875.
4. CATTAN (P.),
1986-La mise au point des techniques
culturales
de
l'arachide.
ISRA-CNRA/Balmbey, avril
1986, 13~.
5. CHARREAU (C.),
NICOU (R,,) 1971 - L'amélioration
du profil
cultural
dans les sols sableux et sableux argileux
de la zone sèche Ouest-A-
fricaine
et ses incidences
agronomiques.
Agr. Trop. Bulletin
agrono-
mique no 23, 254 p.
6. CLOUVEL (P,),
1994 - Etude de la variabilité
des rendements de
l'arachide
dans un villalge
du Sud Sine-Saloum.
Regard sur la poli-
tique d'économie d'intrants.
ISRA/CNRA, Mars 1994, 37 p.
7. GAUTREAU (J.),
1985 -* L"évaluation
au champ du rendement : Cas de
l'arachide.
Actes de l'atelier
"la recherche
agronomique pour le
milieu paysan "Nianing,
5-311 Mai 1985, 150-153.
8. KELLY-NOHE (D.),
1992 - Diagnostic
et identification
des con-
traintes
de transfert
de! technologies
agricoles.
Mémoire de fin
d'études
ENCR, Novembre 1992, 93 p. et annexes.
9. MAUBOUSSIN (J.C.),
1969 - Note sur les variations
du poids de 100
gousses de la variété
d'arachide
28-206. Agr. Trop. 24 (9) Septembre
1969, 814-815.
10. MAYEUX (A.),
1990 - Effect
of plant density
on groundnut
Yield in
Botswana, 167-175.
11. MONNIER (J.),
1976 -* Fichier
de références
pour les techniques
culturales
des cultures
du Bassin Arachidier.
ISRA/CNRA - Bambey AoQt
1976, 184 p.
12. NICOU (R.),
1966 - Techniques culturales.
Réunion Samaru- Bambey,
ISRA-CNRA/Bambey, 17-22 Octobre 1966, 7p.
13. NI-COU (R.),
1980 - E;tude des successions
culturales
au Sénégal.
Résultats
et méthodes. Agr. Trop.,
(33), 1980, 51-61.
14. PIERI (C.),
1976a - L'acidification
d'un sol dior cultivé
au
Sénégal et ses conséquences agronomiques Agr. Trop. 31(3),
245-857.
13

15. I?IERI (C.),
197633 - L'acidification
des terres
de cultures
exondées au Sénégal, Agr. Trop. 31 (3) 337-368.
16. SENE (D.),
1987 - Aperçu des technologies
agricoles
disponibles
au SéSnégal. Rapport méthodologique.
SPAAR-CIRAD -- Paris,
Octobre 1987, 192 p.
17. TOURTE (R), 1971 - Thèmes légers,
thèmes lourds,
systèmes înten-
sifs.
Voies différentes
offertes
au développement
agricole
au Séné-
gal. Agr.,
Trop.,
1971, 26 (5), 632-671.
14