République du Sénégal MINISTERE DU...
République du Sénégal
MINISTERE
DU DEVELOPPEMENT RURAL
DEPARTEMENT DE RECHERCHES
INSTITUT SENEGALAIS
SUR LES PRODUCTIONS VEGETALES
DE RECHERCHES AGRICOLES
(I.S.R.A.)
BILAN DE TRENTE ANS DE RECHERCHES
SUR LE NIEBE AU SENEGAL
par
Mamadou NDIAYE
CENTRE NATIONAL DE RECHERCHES
AGRONOMIQUES
AOUT 1986
B.P. 53 - BAMBEY - SENEGAL

s 0 M M A 1 Ii E
AVANT - PROPOS
1. Introduction
II. Acquis de la recherche et résultats de 1953 à 1984
1. Genetique et amélioration
2. Physiologie et agronomie
2.1. Abscission florale
2.2. Fertilisation
2.3. Densite de peuplement
3. Fixation symbiotique d'azote
3.1. Résultats antérieurs
3.2. Résultats récents
4. Entomologie
5. Agroclimatologie
6. Phytopathologie
7. Stockage et commercialisation
III. Conclusion
3ibliographie.

5’ .
:: ;
AVANT - PROPOS
Ce rapport met en exergue les résultats scientifiques , les plus
significatifs auxquels ont abouti plusieurs années de travaux réalisés par
les chercheurs du programme de recherche pluridisciplinaire sur le niébé
au Sénégal.
Ce travail a eu pour objectif principal de résoudre les contraintes
limitant la production du niébé en milieu rural.
L’accent a cependant été mis sur les données qui vont dans le sens
d’une application directe. D’autres résultats qui contribuent à la connaissan-
ce de base de ce produit figurent aussi dans cette mise au point.
- l-

1. INTRODUCTION
Le niébé (V:i
-
ungniculata (L) Walp) est la deuxième légumineuse
après l'arachide, présent dans le système de culture traditionnel
au Sé-
négal.
Il
représente une source precieuse de protéines dont le taux
élevé (22 à 24%) et l'excellente qualité, le destine à jouer un rôle important
dans l'équilibre nutritionnel des populations rurales et plus particulièrement
dans la lutte contre la déficience proteinique des enfants.
Sa culture revêt donc un intérêt considérable, surtout dans les zones
Nord et Centre-Nord oii elle constitue parfois la principale ressource vivrière
des populations. En plus de l'interêt qu'il présente pour l'alimentation humai-
ne, le niébé peut constituer un aliment de choix pour le bétail du fait même de
la qualité de son feuillage. Dans une optique d'auto-suffisance alimentaire
et de diversification des cultures, il est d'une importance réelle, de promou-
voir la culture du niébé en créant
un matériel végétal performant dans des con-
ditions écologiques
défavorables
à son développement. Pour cela les recherches
se sont orientées vers la rt?sistance à la sécheresse, la protection de la plante
et de la récolte, la fixation symbiotique d'azote, la valorisation des disponi-
bilités hydriques et minérales, la fertilisation phospho-potassique et enfin
la tolérance aux maladies.
II. PRINCIPAUX RESULTATS ACQUIS ENTRE 1953 ET 1984
II.l. - Génetique et amélioration du niébé :
Les travaux de sélection sur le niébé ont réellement commencé en
1953 à Bambey (TARDIEU, 1957). Antérieurement, les activités se sont limitées
au maintien d'une collection et à quelques essais de techniques culturales.
.Entre 1953 et 1960 plusieurs prospections ont été faites au Sénégal
et en Afrique Occidentale. La collection obtenue (247 lignées) avait été divisée
en variétés de jours "courts" et variétés indifférentes à la photopériode
(SILVESTRE, 1965 ; SENE, 1965). Des croisements entre variétés de jours "courts"
et variétés "indifférentes"
avaient permis de déterminer la date à laquelle
ces deux groupes se différenciaient : pour la latitude de Bambey (14'42N), celle-
Fi Se
situait aux environs du ler au 5 Octobre (journées de 12 heures d'éclai-
rement environ). Les variétés sensibles a la photopériode étaient celles dont 5018
des pieds fleurissaient après cette date (TARDIEU et SENE, 1966). Les observa-
tions effectuées sur la collection indiquaient une liaison étroite entre
- 2 -

tardivité, grosseur’ de la gr;iint, (i ‘une part, et port rampant de 1 ‘autre ;
le port erige ne SC rencontrant :]ue chez les variétes indifférentes (SENE,
1966 1.
Les premiers croisements réalisés à partir de 1967 avaient pour ob-
j e c t i f s : la création de variétés à cycle court (75 jours), à port érigé
permettant une recolte groupée , à grosses graines de couleur crème a oeil
coloré (SENE, 1965). Jusqu’en 1964 les travaux étaient dominés par la recherche
d’une meilleure connaissance génétique de la plante. Le taux d’allogarnie
a éte estimé entre 0,222 et 2,061 dans les conditions écologiques du Sénégal.
L’allopolinisation était essentiellement le fait des insectes et plus particu-
lièrement du genre Mylabris (SENE, 1965).
-
Entre 1964 et 1967, des tests varietaux avaient permis d’identifier
des variétés de niébé adaptées aux differentes zones de production du Sénégal.
Plusieurs variétés étaient alors recommandees :
- 58-57 et 58-75 pour le Nord
- 58-185
; 59-25 et 59-57 pour le Centre-Sud...
C’était également la phase de correction des principales variétés
pour la production de grosses graines à couleur crème et oeil noir de la varié-
te 58-40 et pour le port dressé net et la résistance à la verse (SENE, 1968).
De 1967 à 11374, les études génétiques et d’amélioration portant no-
tamment sur le port, la précocité, la grosseur des graines et sur le niébé
fourrager (SENE, 1971 et 1974~ avaient abouti à une nouvelle répartition va-
riétale selon les différentes zones écologiques du Sénégal (tableau n-1).
Cependant, l’acquis que représentait la création de telles variétés
n’a jamais été mis entièrement à profit : rendement trop bas du fait de l’in-
suffisance de l’application de techniques agronomiques appropriées, de l’e-
xistence de problèmes phytosanitaires et de commercialisation non résolus.
L’essentiel du travail sur le niébé au Sénégal en matière d’amélioration,
s’était limité à un maintien de la collection exista‘?te depuis le départ
en 1974 de D. SENE.
Ce ne sera qu’en 1979 , avec la mise sur pied d’une nouvelle équipe
de chercheurs et avec l’aide de différentes sources de financement : projet
CRSP/NIEBE, CILSS, 1IT.A et SAFGRAD qu’une variabilité génétique importante a
été introduite au Sénégal pour redémarrer les recherches sur de nouvelles
bases.
Dans le cadre du projet CRSP/NIEBE réalisé avec l’université de
Californie Riverside ( IJSA 1 , des variétés américaines sélectionnées pour la
résistance à la sécheresse et aux hautes températures ont été introduites
- 3 -

TABLEAU N
~-.__ 1
- * PRINCIPALES VARIETES DE NIEBE VULGARISEES AU SENEGAL.
CYCLE VE- ZONE DE
COULEUR
COULEU;-p--
VARIETES
GETATIF
DE LA
DE LA
SEMIS 50% CULTURE
FLEUR
l---
GOUSSE
GRAINE
58-57
44 jours
Nord
Bicolore Verte
blanche
marron
58-74
77 jours
Toute
Bicolore
verte avec interme- rouge ponctué de 12
FOURRAGE
zone
blanche
points rou médiaire gris
ss
59-75
46 jours
Nord
Concolore Verte avec érigé
pontué de gris
10,6
Pourpre
pts rouges
---
j8- 185
36 jours
Centre
Concolore Verte avec érigé
chamois avec tâ- 13,8
pourpre
pts rouges
t
ches violettes
à marron
59-25
46 jours
Centre
Concolore verte avec érige
ponctué de gris
11,5
pourpre
pts rouges
sur fond clair
i8-111
68 jours
Sud
Bicolore verte
rampant
Pie noire
22,5
Blanche
i9-9
73 jours
Sud
Bicolore
verte avec rampant crème avec petit 11,9
Blanche
pts rouges
oeil marron
i6- 35
43 jours
Toute
Bicolore
verte avec intermé- beige avec ptes
10,5
'OURRAGE
Blanche
pts rouges diaire
grises
IDIAMBOUR
44 jours
Nord
Bicolore verte
rampant
crème à oeil
14,9
blanche
beige
LOIJGNE
47 jours
Cent:re
Bicolore verte
interme-- ponct.de gris
.14,2
Blanche
diaire
bleu sur fond
crème à pt oeil
noir
I
I
AMBEY 21
41 jours
Centre
Blanche
vert-foncé erigé
crème
-4-

dans les différentes zones fcologiques du Sénégal en essais initiaux en com-
paraison avec les variétés localea (CISSE; THIAW et SENE, 1983).
Les V&PléLi'S les plus
I)I'< >xe u Leuses
ont ensuite été testées dans des
essais de synthése avec les meilleures variétes locales avant d'être propo-
sées à la prévulgarisation . Certaines variétés américaines ont
révtslé
une bonne adaptabilité dans nos conditions de culture. Elles ont été utili-
sées dans des croisements avec des variétés locales pour leurs caractères
de resistance à la sécheresse, à la chaleur, aux insectes et aux maladies
(HALL, 1982, 1983 et 1984). Au retour de formation du sélectionneur en
1983, la collection de niébé était déjà constituee de 347 lignees hâtives
(indifférentes à la photopériode) et 72 tardives (photosensibles) et 31 irra-
diées. Des prospections faites en 1983 ont permis d'obtenir 14 échantillons dans
le bassin arachidier et 71 échantillons en Basse Casamance (CISSE, 1984). Les
resultats conclusions des quatres dernières années d'essais variétaux
ont révélé que
les facteurs limitants de la culture du niébé, sont la sé-
cheresse et le parasitisme. C'est pourquoi un nouveau programme d'hybridation
et de sélection a éte initié et a accordé une grande priorité aux problèmes de
résistance à la sécheresse en utilisant la précocité comme critère de sélection.
Les sources de précocité des variétés : 78-37, VCS-14, TVIJ-1174
et KVU-69 ont été identifiées en vue d'améliorer les variétés locales : Mougne,
Ndiambour,
Bambey 21 et 58-57. Les populations de F2 et F3 seront évaluées
en 1985 (CISSE, 1985). Un des objectifs du programme est également d'augmenter
la productivité du niébé; en effet, les rendements des variétes actuellement vul-
garisées semblent plafonner à 2000 - 2200 kg/ha. Des croisements entre les meil-
leures variétés 1oca:Les et introduites sont en cours pour obtenir des combinaisons
génétiques en vue de l'amélioration du potentiel productif (CISSE, 1985).
Les variétés à grosses graines 1-1-14, et IAR 1696 sont utilisées
dans des croisements avec des variétés locales : Bambey 21, Mougne et Ndiambour
pour l'amélioration de la grosseur des graines.
En ce qui concerne la résistance aux insectes, trois principaux
groupes d'insectes constituent des contraintes à la culture et au stockage du
niébé au Sénégal. Il s'agit de Amsacta moloneyi , des thrips et des brûches.
Mais seul le programme de résistance
aux brûches est initié avec l'identifica-
tion des sources de résistance. Les variétés IT81D-1137 et IT81D-1032 sont déjà
retenues et utilisées dans des croisements avec 58-57 pour la résistance aux
brûches (CISSE , 198:)).
- 5 -

2) Physiologie et Agronomie du niét)L: :
L'objectif assigné est de créer des varietes productives insensibles
à la photopériode, a haut coefficient d'utilisation de la radiation photosyn-
thètique active, résistantes à la sécheresse, e'c capables de satisfaire leurs
besoins en substances nutritives.
2.1. - L'abscission florale : la chute des fleurs du niébé
peut atteindre 88%. Les causes de cette chute des fleurs sont d'ordre in-
terne et externe. 1.1 ressort d'une première étude, que la transformation des
fleurs en gousses pourrait être améliorée par une cueillette des gousses en
plein développement ; il semble donc exister une compétition entre les
fruits et les fleurs dans la mobilisation des substances nutritives (NDIAYE,
1983). La surface foliaire est étroitement liée à la production des fleurs.
Les variétés à petites graines produisent plus de fleurs que les variétés
à grosses graines (DIOUF, 1984). Certaines variétés sénégalaises : 58-57
et Mougne ont tendance à perdre plus de fleurs du fait de leur floraison
indéterminée , ce qui constitue un handicap pour elles, en cas de secheresse
et d'attaques par les insectes (DIOUF, 1984).
2.2. - Fertilisation : Les études antérieures relatives à la fumu-
re minérale du niébe au Senégal (NICOU et POULAIN, 1967) ont montré que la
réponse aux .6léments principaux de la fumure minérale peut varier suivant
<y
l'écologie. On a enregistré une bonne réaction à des apports de phosphore,
conditionnée par la quantite , la frequence et la répartition des pluies.
Le potassium est nécessaire pour la zone de Bambey et très fai-
ble pour la zone Nord lorsque le niveau du phosphore est suffisant. Dans le
cadre d'une option de valorisation des ressources naturelles, l'utilisation
des phosphates naturels, comme fertilisants de la culture du niébé, est envi-
sagée . Ces derniers bien que moins solubles que les engrais minéraux qui
coûtent chers, sont plus accessibles aux paysans du fait de leur coiit amoindri.
Différentes formes de phosphore ont été testées mais les résultats obtenus par
DIOUF (1985) n'ont pas donné de différence significative
sur le rendement.
Le phosphate tricalcique appliqué seul ou avec du potassium donne un résultat
économique intéressant.
2.3. - Densité de semis
Le problème de densité de semis a été étudié en tenant compte
de deux impératifs :
- realiser un semis mécanique à un écartement suffisant entre
lignes pour permettre un entretien aisé. Une distance de 0,50 m est considérée
&C
,:. .:
COINIE maximum compatible avec un sarclage mécanique.
Différentes
densités
Ont été obtenues en faisant varier l'écartement sur la ligne.
- 6 -

:[.y
:
- moduler la densité en fonction du cycle et du port de la variétc.
On pensait que les variétés érigees supporteraient des densités plus elevées
que les rampantes.
Les résultats les plus interessants ont été obtenus dans les zones Cen-
tre - Nord et Nord du Sénegal pour des varietés hâtives érigées . Les essais
realisés de 1962 à 1966 (NICOU, 1967) avaient permis de conclure que la densi-
té de 50 000 poquets/ha (0,50 m x 0,40 m) à 3 graines par poquet
était la
meilleure
pour un semis à la main et qu'un bon semis
mécanique pouvait être
realisé avec un semoir à arachide
en utilisant
un disque de distribution à 24
trous transformés en 8 trous en bouchant
2 alvéoles sur 3.
Ces etudes de densité ont été de nouveau envisagées sur un matériel
végétal à port varié. Les resultats qui ont éte obtenus ont montre que les écarte-
ments de 0,60m x 0,6Omet 0,gO m x 0,30 m sont plus indiqués pour les variétés
à port rampant (ex : 58-57) et pour les varietes à port erigé telles que
1-2-1 et 3-21 , l'écartement 0,60 m x 0,40 m paraît meilleur (DIOUF, 1985).
Actuellement
les écartements qui sont recommandes par les chercheurs du niébé
sont de : 0,50 m x 0,50 m pour le type rampant et 0,50 m x 0,25 m pour le
type érigé.
3 )
- -
Fixation symbiotique d'azote
La culture du niébe présente l'avantage de pouvoir pousser sur des
sols peu fertiles en l'absence de fortes fumures azotées, si elle parvient
toutefois,
à établir une symbiose efficace avec les Rhizobium spécifiques
et par ce moyen fixer l'azote atmosphèrique.
Accroître la fixation symbiotique de N 2 pour améliorer les ren-
dements du niébé tout en réduisant les consommations d'engrais azotes, est
objectif principal visé par le programme de rhizobiologie.
3.1. - Principaux résultats obtenus antérieurement : La possibili-
té d'accroître la productivité du niébe par l'utilisation des Rhizobium n'avait
-
pas échappe aux chercheurs du CNRA de Bambey. En effet, quelques travaux
ont été effectués dans le domaine de la fixation biologique d'azote mais, ces
actions ont porté essientiellement, sur l'étude de l'inoculation. Des essais
d'inoculation du niébé menés par TARDIEU (196l)et TARDIEIJ et SENE(1962) ont montré
que cette technique culturale n'avait aucun
effet'significatif sur la nodulation,
la fixation.
3.2.- Principaux résultats récents obtenus : Depuis 1971, les
problèmes relatifs à la synthèse Rhizobium Niébé avaient cessé de faire l'ob-
:.s::
‘::$d’
: ‘<
jet d'un programme de recherche . Ce ne sera qu'en 1981 que les etudes sur
la fixation d'azote du niébé ont ete à nouveau envisagées.
-7-

En 1982, ce programme s'est orienté sur une autre voie de recherche, dif-
fcrentc de l'inoculation qui implique la sélection de variétes .ie niébc
capables d'etablir une relation symbiotique efficace ave les souches de
Rhizobium indigènes, en vue de leur utilisation dans les différents schémas
d'amélioration variétales. Les premières expériences réalisées (NDIAYE,
1982 et 1984) pendant deux années successives sur un matériel végétal
diversifié ont montré que l'aptitude à noduler et fixer l'azote varie en
fonction du cultivar considéré ; les variétés d'origine sénégalaise,Ndiam-
bour et 58-57 possèdent de bons caractères symbiotiques pour avoir mani-
festé les meilleures combinaisons avec les souches de Rhizobium indigènes.
L'affinité qui existe entre la variété et les bactéries symbiotiques est
liée à la nature du port du macrosymbionte, en outre elle est très influen-
cé-e par les facteurs édapho-climatiques du milieu ; ainsi dans les con-
ditions de sécheresse plus accentuées de l’hivernage 1983 à Louga, les va-
riétés d'origine américaine, à cycle court
et à port érigé (CB5 et l-2-1)
ont supplanté 58-57 et Ndiambour du point de vue nodulation et fixation
de N2 , La variété Mougne présente une nodulation et fixation nettement
inférieures à celles des autres variétés. Ces premiers résultats laissent
apparaître des différences de comportements symbiotiques entre variétés et
que certaines variétés comme Ndiambour et 58-57 pourraient être utilisées
comme geniteurs pour améliorer la fixation d’azote d’autres variétés à
faible niveau de fixation comme Mougne.
Cependant,
la méthode de réduction de l’acétylène (A.R.A) utili-
sée pour ce tri est une méthode indirecte, destructive et nécessite l’em-
ploi d’un chromatographe en phase gazeuse . C’est pourquoi en 1984, une
autre méthode qui consiste à doser les uréides dans les différents organes
de la plante a été P:réconisée ; celle-ci a l'avantage d'être une méthode
directe .et de pouvoir être employée pour un nombre plus important de varié-
tés. En 1984, la méthode de 1’A.R.A est comparée à celles des uréides.
ks principaux résul,tats obtenus montrent que la concentration d'uréides
dans les tiges et celles dans le suc de xylem sont bien correl&es avec la
méth,ode de 1’A.R.A
; ce qui indique que ces deux méthodes sont également
valables pour estimer la fixation de N2 . Ces deux méthodes sont très bien
carrelées entre elles ( r = 0,971 et r= 0,967 respectivement aux 15e jour
et 28e jour après semis)
(NDIAYE, 1985). La méthode de dosage des uréides
dans les .tiges apparaît comme la plus rapide et la plus fiable surtout dans
des conditions de culture au champ où en cas de sécheresse quand il est
très difficile de collecter du suc et de déterrer le maximum de systeme
-8-

racinaire (pour 1'A.Ii.A).
Celle-ci pourra donc être utilisée pour faire
ic screening de la collection de niébi! à partir de 1985.
En outre, les possibilités d'amélioration de la fixation symbiotique
du niébé en presence des Souches de Rhizobium indigènes ont été étudiées. En
effet,Certains facteurs pédo-climatiques (faible humidité du sol, acidité,
faible niveau de fertilité etc... ) peuvent limiter l'implantation et le fonc-
tionnement du système fixateur d'azote. Ainsi, differentes techniques d'amélio-
ration foncière ont été expérimentées.
Les résultats obtenus sur ce volet ont montré que les amendements
organiques (fumier) ou calcique (chaux) favorisent la nodulation et la fixa-
tion
par rapport au témoin non amendé (NDIAYE, 1985). Par ailleurs , dans
le cas d'une culture associée Mil/Niébé qui a reçu une fumure de type N-P-K
Sous forme 6-20-H) à 150 kg/ha sur le niébé et 150 kg de 14-7-7 plus 100 kg/ha
d'urée SUT le mil, le système fixateur de la légumineuse est inhibé et par
conséquent
le niébé entre en concurrence avec le mil pour l'utilisation de
l'azote minéral du sol et de l'engrais
(NDIAYE, 1985). On a noté également
que l'apport de faible quantité d'azote (9 kg N/ha) à Louga améliore
la no-
dulation et l'activite fixatrice d'azote du niébé en culture pure.L'efficacité
de l'utilisation de cet azote "starter" dépend des caractéristiques gcjnétiques
de la variéte
: elle est plus élevée avec IAR 48 qu'avec
58-57 et i-12-3
k:
(NDIAYE, 1985).
Par contre , l'application de phosphate tricalcique (200 kg/ha)
ou de phosphogypse (50 kg/ha) n'a pas donné d'effet significatif sur le sys-
tème fixateur et le rendement du niébé (NDIAYE, 1985). Mais leur effet à long
terme pourrait être benéfique , compte tenu de la faible solubilité de cet en-
grais et de l'importance
du phosphore dans le mécanisme de fixation.
4) - Entomologie du niébé :
Le niébé est l'une des cultures les plus parasitées au Sénégal les plus importants ir
Sectes étant Amsacta moloneyi dans la zone Nord (Louga) les thripS des fleurs dans
les zones Centre Nord et Centre Sud (NIORC).LeS études entomologiqueS ont Pour objet
tif de proposer -aux agriculteurs un paquet technologique permettant 'd'assurer la
protection de la culture. Les travaux ont débuté par la mise au point de me-
thodologies d'échantillonnage des insectes nuisibles du niebé et de l'évolu-
tion des populations . Près de 40 espèces d'insectes nuisibles ont éte: identi-
fiees parmi lesquelles Amsacta moloneyi, Maruca testulalis, Taeniothrips sjoo-
tedtitryb,
Callosobruchus quadrimaculatus sont les plus dommageables (NDOYR,
i.$:
::.i:
1981). Des méthodes de lutte chimique contre Amsacta , Maruca et Callosbruchus
ont été également mises au point (NDOYE, 1978).
-9-

L’évoiution riu voltinisme de la chenille poilue au aénégal a et6 étudiGe
(NDOYE, 1978). D’autres résultats concernent l’évolution des populations de
Spodoptera exempta et gttoralis ainsi que les thrips.
En Afrique tropicale humide, les thrips sont responsables de la chute
excessive des fleurs et des boutons floraux du niébé. Leur impact en zone sèche
n’était pas éviden; . Cette chute, même si c’est une donnee constante chez les
légumineuses,
a conduit à s’intéresser à cette question. En 1982 et 1983, l’inci-
dence des attaques de thrips sur la chute des fleurs et des boutons floraux a été
étudiée. Cette etude a montré que les thrips constituent près de 100 % des insec-
tes trouvés dans les fleurs mais qu’il y avait pas de relation étroite entre l’in-
festation par les thrips et le taux de chute des fleurs sur niébé cultivé à
Bambey (NDOYE et DIOP, 1.984). En 1984, un essai de protection phytosanitaire
du niébé contre les thrips a été implanté à Bambey, Nioro et Louga. A Bambey,
le nombre de thrips/fleur sur les parcelles traitées n’atteignait pas l’unité ,
alors que sans protection, le nombre variait entre 3 et 10 thrips/fleur,
A Nioro,
où l’infestation était plus forte, on a observé, malgré le traitement phytosani-
taire 3 thrips/fleur et 7 thrips/fleur en moyenne sans protection, le pourcentage
de chute a été de 51,15% et 80,46X, respectivement avec et sans protection phytosa-
nitaire. Enfin, à Louga,, la sécheresse qui a sévi durant le cycle (173,6 mm)
n’a pas permis d’obtenir des resultats interprétables bien que l’on ait observé
une infestation de thrips peu importante. Au niveau des fleurs, on sait que
les dégâts des thrips se manifestent par l’avortement puis la chute de :La fleur,
mais il n’est pas encore bien établi que les thrips sont à l’origine des pertes
excessives des organes fruitières du niébé, en zone tropicale sèche.
5)
- Agroclimatologie du niébé:
Les premières études réalisées par ce service ont permis de déterminer
les besoins en eau du niébé qui sont de 200 mm pour une production moyenne de l’or-
dre d’une tonne/ha de grains, équivalent
à un pluviomètrie de 300 à 350 mm
(FRETBAUD
el, DANCETTE, 1983). Ceci explique l’intérêt de cette culture dans les
zones arides. L’intérêt de l’association,de
la culture dérobée ou de relais a été
mis en évidence pour valoriser les réserves en eau du sol. Différents systèmes
de culture à base de niébé ont été testes à Louga et à Bambey. A Louga, zone mar-
ginale : la culture double ou dérobée n’est pas envisageable ; par contre , la cul-
ture pure du niébé de cycle court s’avère très intéressante (DANCETTE, 1984).
A Bambey, l’association mil/ni&be présente plus d’interêt par rapport à la culture
pure ou double, du point; de vue financier. La culture dérobée peut être intéressan-
te dans la zone de Bambey et celle plus au Sud, car elle permet d’assurer le succès
- 10 -

d e l a c u l t u r e p r i n c i p a l e (le ni! : e t o n peul
t.oujours esp+raer une +colt,e a v e c l e
nikbé ( a u m o i n s les f a n e s p o u r , ’ a ! irnéntnt i o n d u b é t a i l : : FRETEAI.:C
et, L)ANCbJ"l'f~-',
1983).
6) - Phytopathologie du niébé:
L’inventaire des maladies du niébé a pu être fait grâce
à l’assistance américaine par Te biais d e JniSS.LonS d’appui. Le prob1ém.e
des maladies du ni6bé bien que peu préoccupant, du moins dans les zones Nord et
Centre Nord, a fait l’objet de prospection en Casamance sur des parcelles d’essais
et en champs paysans. En 1984, des bactérioses et viroses ont été identifiees. La
tolérance de certaines variétés à la bactériose : bacterial blight , maladie causée
par Xanthomonas campestris p. Vignicola a été notee . Cette observation implique
la nécessit6 d’un meilleur suivi pathologique de nos varietés . Une équipe de recher-
che se met en place ~OUI? aborder cette question.
7) - Stockage et commercialisation:
Le niébé subit l’attaque de nombreux ravageurs en période de végétation
et durant le stockage . La bruche du niébé , Callosobruchus maculatus occupe une
place importante dans la contrainte entomologique sur le niébé. L’infestation
commence au champ et s’aggrave lors du stockage surtout au niveau paysan. Il s’en
suit d’importantes variations du prix du kilogramme en cours de saison. Antérieurement,
les travaux de cette operation ont débuté par des enquêtes en milieu paysan pour
estimer ia production du ni6b6, pour comprendre le circuit du niébé de 3La récolte
aux semis et recenser les différentes m6thodes de stockage traditionnelles.
En 1984, la comparaison en milieu paysan, (SECK, 1984) de trois traitements
de la recolte, a montré que la méthode de stockage en fût métallique S’e!st révé-
lée plus efficace que le traitement chimique au Pirimiphos methyl (Actellic 2%).
Le pourcentage d’attaque dans le fût métallique a été de 2% contre 21% et 45% res-
pectivement pour 1’Actellic et le témoin non traité. En outre, avec le stockage
en gousses des récoltes dans des sacs en plastique impermeable,
on observe les
dégâts de la bruche après 45 jours et l’infestation après 3 mois. Par contre, le
battage diminue le pourcentage d’attaque et augmente la mortalité des individus
dans le sac.
.
Enfin, lorsqu’on effectue des récoltes successives tous les quatre
jours , le pourcentage d’attaque des gousses augmente : il varie de 14% à 31%
de la premiCre à la quatrième récolte . Dès la campagne 1985, le stockage en fût
métallique pourra être reconduit à plus grande 6chelle chez 15 paysans repartis
dans 6 villages dans les regions de Thiès et de Diourbel pour stocker 4325 kg
de niébé (SECK, 1985).
- 11 -

1,‘application
de bonnes techniques dc rlcolt,e et de stockage, et
l’approfondissement de certaines questions
devraient permettre dans un délai
raisonnable
de mettre à la disposition du paysan une méthode efficace pour mieux
conserver sa récolte.
III. CONCLUSION :
La reconstruction d’une équipe pluridisc i p l.inaire presque complète
en 1.983 a permis le redémarrage des recherches sur le niébé au Senégal. Cela
était une nécessité vitale au moment où le développement de la culture du
nii5be en zone aride ou semi-aride est d’une importance réelle pour l’iSUtO-
suffisance alimentaire et la survie des populations. Au Sénégal, dans la
zone’ Nord, seul le niiibé permet à l’agriculture d’espèrer une récolte quelle
que soit la pluiviométrie.
Les solutions aux contraintes de la culture du niébé qui apparais-
sent dans ce rapport, au niveau des différentes disciplines scientifiques
laissent espèrer une transformation de la culture traditionnelle du niébé
en une culture à caractère rentable bénéficiant de matériel végétal amélioré,
des avantages des techniques CUii;Urales appropriées et d’une pi-o<ec*ion
phytosanitaire presque totale.
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