République du Sénégal Ministke de l’Agriculture ...
République du Sénégal
Ministke de l’Agriculture

LES FORTES DENSITES DE SEMIS DE L’ARACHIDE
AU SENEGAL : MOTIVATIONS PAYSANNES ET
INTERPRETATIONS AGRONOMIQUES

Matar GAYE
Maniével SENE

JANVIER1998
ISRA - SUD BASSIN ARACHIDIER - gP.199 - 4 (221).41.29.16 - KAOLACK (Sénégal)

1.
INTRODUCTION
Pour la plupart des opérations culturales, les pratiques paysannes ne sont pas en conformité avec
r,ecomrnandations
de la recherche agricole. ILa manière de semer ne fait pas exception à cette
règle notamment dans le cas de l’arachide. Efn général, les densités adoptées sont sensiblement
plus fortes que celles qui sont préconisées1 Pour les techniciens, cela constitue un gaspillage assez
paradoxal puisque le manque de semences constitue de loin le premier problème dont les
produdteurs se plaignent. Il y a donc lieu de cerner d’une manière précise les motivations qui les
animent. A ce sujet, les enquêtes du projet ISRA/IFPRI menées en 1989-90 sur 160 mélnages
r’uraux du bassin arachidier ont permis d’identifier quelques facteurs. Les principaux sont la
clégradation des sols accentuée par le manque d’engrais, la contrainte des disponibilités foncières
et la mauvaise qualité des semences.
IJn autre constat est que les fortes densités sont associées aux meilleurs rendements aussi bien
en terme physique que financier.
II s’agit ici d’élargir ces premières analyses en situant les pratiques dans le contexte général des
contraintes et stratégies, en faisant ressortir l’ensemble des facteurs décisifs, leur hiérarchie et en
discutant la viabilité agronomique des fortes densités comme solution à la faible productivité de
l’arachide.
Les enquêtes ont été conduites en Novembre 1994 sur un échantillon de 32 chefs de ménage
dans les zones de Niakhar, Colobane, Passy et Dioly. Les ménages que les premières données
classent dans le quartile supérieur de densités ont eu la priorité. Ils ont tous été inclus à
l’exception de ceux qui n’existent plus sur place. Le critère de plus forte densité moyenne a été
retenu pour remplacer ces derniers et pour avoir les 32 cas dont 7 sont à Niakhar, 8 à Colobane,
8 à Passy et 9 à Dioly.
2.
CONTRAINTES DE PRODUCTION AGRICOLE
Chaque producteur interrogé devait préciser dans l’ordre ses trois principales contraintes de
producition agricole à l’exception de la pluviométrie. Pour chaque contrainte, un score ‘Y a été
calculé en multipliant le nombre de foi? qu’elle est mentionnée à la première, deuxième et
troisièrne place respectivement par 3, 2, 1 et en faisant la somme des produits. Ces scores et les
fréquences relatives des réponses correspondantes sont les suivants :
Tableau 1
-~- : Hiérarchie des contraintes de production autres que la pluie
-.. 26%
.~
14%
~-~.. --.-.-
30%
5
14og
_~ 0%
Main-d’ceuvre
1
5%
0 %
-.~-
Nourritu~re
0
Jlo/o
8 %
0
0%
Qualité jterre
0%
~0.
l--
Nombre de réponses
2 1
..-
EIn règle générale, les contraintes relativ& à la quantité des facteurs de production directement
liés au crédit agricole viennent en premier lieu alors que les considérations d’ordre qualitatif sont
au bas de l’échelle. Toutefois, le haut ranb de l’engrais traduit aussi une préoccupation relative à
la qualité des sols.

3
Le caractère primordial de l’accès aux semences d’arachide apparaît de façon très nette et cette
primauté demeure invariante d’une zone 4 l’autre. La deuxième place de l’engrais dans le
C:lassement global est maintenue pour Niakhar et Passy alors qu’au niveau de Dioly et de
Colobane il y a permutation avec l’équipement.
la diversité des contraintes est plus marquée dans la zone de Dioly suivie de Passy, Niakhar et
Colobane. Cette dernière est zone est la $eule où le manque de terre n’est pas souligné. L’exode
rnassif des familles surtout vers Touba ai meme permis le retour progressif de la jachère. Cela
peut expliquer le fait que le manque d’en&ais y soit relativement moins préoccupant.
La contrainte foncière dont le poids relatif est plus lourd à Niakhar apparaît comme étant la plus
hétérogène non seulement d’une zone à l’autre mais aussi d’un ménage à l’autre.
Si l’on se limite aux seules contraintes mdntionnées en première position, la plus grande diversité
s’observe au niveau de Passy et Dioly abec: quatre différents facteurs pour chacune des deux
zones. Pour Colobane et Niakhar, toutes les réponses données en premier lieu portent sur le
déficit en semences d’arachide.
:3.
STRATEGIES FACE AUX FAIBLES RENDEMENTS
A la question de savoir quelles sont par ordre de priorité les stratégies adoptées face aux faibles
r~endements de l’arachide, la distribution des réponses obtenues se présente dans le tableau
suivant, ‘5” correspondant aux scores et ‘IF” aux fréquences absolues:
Tableau 2 : Classement des stratégies adoptées face aux faibles rendements
Niakhar 1 ~
Colobane 1
Passy
Dioly
Total
-
-
-
F
1 S 1 F
t
Repli
~-
Achat

sur meilleures
d”engrais
terres
1

3 3
1

18% 12% 1 ~ 0 3 --/---G
Mise en jachère des terres
.~
0
0 %
12
Resserrement des semis
0
0 %
tEIfforts sur sarclage
~-
0
oo/o--~
0
b.ocation bon matériel
~~
] 0
1

o%Ipo
t Rotation Eispacernent
~~ arachide-mil des semis 1
0
0
1

0% 0% 1
0 2
1
0% 5% 1 0 0
1

I
Nombre de réDonses

I
171
m l
161
3kl
L-
- -
--
--
--
-.P

,
81
Plus du quart des réponses ont trait au cjpital semencier. Il s’agit d’acheter des semences, d’en
r,éserver autant que possible, de veiller ‘au tri et au traitement phytosanitaire. C’est dans les
zones de Niakhar et Dioly que les stratégies relatives au capital semencier sont plus relatées.
L’utilisation du fumier par épandage ou parcage vient globalement en seconde position. Cette
stratégie est plus caractéristique de Colobane où elle vient en première place, suivie de I’introduc-
tion des jachères dans le système de rotatjion.
Le repli1 sur les terres moins dégradées e$ une pratique plus fréquemment soulignée à Passy et
Dioly. L.es modalités consistent soit à n’exploiter personnellement que les meilleures terres de son
patrimoine, soit à emprunter d’autres qui sont préférables à ce que l’on possède. Nous précisons
clue les personnes interrogées sont des chefs de ménage et le fait qu’ils se réservent les bonnes
terres pour laisser le reste aux autres membres de la famille n’est pas nouveau.

4
L.es achats d’engrais se font assez souvedt auprès des producteurs qui l’obtiennent sous contrat
pour l’arachide de bouche sut-tout. Ce n’est certainement pas par hasard que Passy qui est une
zone de production contractuelle soit aussi celle où l’on note le plus grand nombre de réponses
concernant l’achat d’engrais. Le calendrier ‘des semis est également pris en compte dans la
recherches de solutions aux faibles rendgments. Il s’agit de semer le maximum à la première
pluie utile pour que l’arachide puisse boucler correctement son cycle. Les stratégies relatives aux
densités ont été mentionnées par six producteurs, soit moins de 20 p.100 de l’échantillon. Parmi
eux, 2 déclarent opter pour l’espacement tontre 4 pour le resserrement.
4.
FACTEURS DETERMINANTS DES DENSITES
Chaque répondant devait préciser l’ensemble des facteurs qui déterminent ses densités de semis
en essayant de les classer dans l’ordre. Au total, dix facteurs différents sont ressortis de leurs
réponses. La hiérarchisation par la mêmes méthode utilisée jusqu’ici donne les résultats suivants
basés sur les scores ‘5” et les fréquences relatives “F” des différentes réponses:
Tableau 3 :: Classement des facteurs actuels qui déterminent les densités de semis
N i a k h a r 1 C o l o b a n e )
Passy
Dioly
Total
S
1 F 1,s 1 F 1 S 1 F 1 S
1 F 1 S l=
F
~‘ertilité du sol
-
-
-
1
14 1 29% 1 ~

11
I Variété cultivée
E:tat du semoir
-L-
0
0%
2
7%
0
0%
5
8 % 1 7
Nature du sol
-~~
3
7%
0
0%
0
0%
4
4 % 1 7
1
2%
-
-
Efnherbement
habituel
0
0%
~ 1
3%
0
0%
6
d i s p o
Superfic:ie n i b l e
Moment du semis

-~-
Humidité du sol
-~-
Nombre de réDonse
I
141
1
EEn principe, chaque facteur peut jouer dans un sens ou dans l’autre selon qu’il se présente
comme une contrainte où comme un atoqt. Ile premier cas de figure favorise les fortes densités
et le second tend à agir dans le sens oppo$é. Cependant, les deux situations ne semblent pas être
en parfaite symétrie car rien ne permet de dire par exemple que si une baisse de fertilité induit un
resserrcement des semis, une hausse dans la même proportion va induire un espacement de
rnême amplitude.
Tout lalisse croire que pour chaque facteur énuméré, son incidence est plus décisive lorsqu’il
constitue non pas un atout mais une contrainte. Dans la plupart des réponses, c’est l’aspect
C:ontrai[nte qui est plutôt mis en exergue.
Dans l’ensemble, les questions de fertilité constituent le principal déterminant des densités de
semis. Etant donné que les producteurs dépendants ont moins d’accès aux terres fertiles et aux
fertilisaints, il est logique de penser que (eurs densités soient relativement plus élevées, ce qui
n’est pas l’avis des chefs de ménage. Ils déclarent tous n’avoir noté aucune différence entre leur
façon de semer et celle de leurs dépendank, qu’ils soient hommes ou femmes.
L’état du matériel agricole est le seul facteur dont l’influence est une donnée indépendante de la
décision du producteur. Les sols sableux~de type “dior” sont associés aux fortes densités et ils
sont plus caractéristiques de la zone de Cdlobane.

l
5
AU total, 47 p.100 des chefs de ménage;se classent eux-mêmes dans le groupe 1 qui est celui
des producteurs dont la pratique dominante actuelle correspond aux fortes densités. Les autres
représentant 53 pi00 se rangent dans ,le groupe 2 qui est celui des faibles densités. Cette
situation ne correspond pas à ce que nous attendions en ciblant prioritairement les ménages
correspondant aux plus fortes densités moyennes sur la base des données ISRA/IFPRI.
IJne première hypothèse d’explication est que les fortes densités sont plus caractéristiques des
producteurs dépendants comparés aux chefs d’exploitation qui sont concernés ici.
IJne seconde hypothèse est qu’une densité donnée peut être classée forte tout en étant
!;ubjectivement considérée faible par le producteur. Ce dernier peut également fonder son
jugement sur la comparaison de sa pratique avec celle des autres membres de la famille.
Enfin, l’écartement des lignes pourrait constituer la principale base des réponses alors que les
densités dépendent aussi de l’espacement sur la ligne. A ce sujet, on constate une difference
assez significative entre les deux groupes concernant les interlignes adoptées pour chaque
variété. La moyenne des écartements que les producteurs interrogés déclarent pratiquer est
réduite de 30 p.100 pour la 55-437, 35 ~100 pour la 73-30 et 40 ~100 pour la 73-33 si l’on passe
du second groupe au premier.
La répartition des chefs de ménage entre les deux groupes est relativement égale sauf dans la
;!one de Passy où 6 répondants sur 8 se ~Classent dans le second. Cela peut être mis en rapport
avec la1 qualité des terres et l’accès à l’engrais qui sont relativement meilleurs dans cette zone.
Si l’on se restreint au groupe des fortes densités non pas à l’échelle du ménage mais de l’individu,
les facteurs justifiant la première adoption se répartissent ainsi selon la fréquence relative par
l-apport au nombre de réponses et les scores correspondants.
Tableau 4: Classement des facteurs d’adoption initiale des fortes densités.
I-e manque d’engrais est le seul facteur oe déclenchement initial évoqué dans la zone de Passy.
Toutefois, sa fréquence relative est beaucoup plus forte dans celle de Niakhar où il correspond à
quatre réponses sur cinq. Dans la zone de Colobane, la baisse de fertilité des sols et l’adoption de
la 55-4137 sont les premiers facteurs qui ont déclenché le phénomène du resserrement des semis.
Dans la zone de Dioly, on retrouve tous les facteurs d’adoption initiale sauf le manque de terre et
la culture d’une nouvelle variété.
l
0n peut se demander dans quelle mesure le tri et le traitement phytosanitaire mentionnés parmi
les stratégies peuvent constituer des alternatives au resserrement des semis pouvant résulter
d’une rnauvaise qualité des semences.
Chez les producteurs qui se classent dans le groupe des fortes densités, l’adoption de cette
lpratique a coïncidé dans la moitié des cab avec celle de leur variété dominante actuelle. Elle est
Ipostérieure dans 2 cas sur 10. L’ancienneté de la pratique du semis serré varie entre 3 et 32 ans
avec une rnoyenne de 13 et une médiane;de 10. La situation par zone se présente ainsi:

On constate que la pratique des semis serrés est beaucoup plus ancienne dans la zone de
Colobane où le phénomène de dégradation des sols est également plus ancien par comparaison
i3UX trois autres qui sont moins septentrionales.
L’adoption initiale des faibles densités s’ekplique notamment par la disponibilité de fertilisants, le
faible développement des plantes trop serrées, la fertilité naturelle des sols, le tâtonnement pour
améliorer les rendements, les recommandations des encadreurs, l’adoption de nouvelles variétés
ou la simple imitation.
Les deux groupes confondus, tous les répondants déclarent que leur pratique dominante en
matière de densité n’a pas évolué depuis la première adoption. Les raisons initiales restent
actuelles sauf dans deux cas.
En confrontant le tableau hiérarchique de ces dernières avec celui des facteurs actuellement jugés
décisifs, on constate que la qualité des semences occupe un rang sensiblement plus élevé,
passant de la quatrième à la deuxième place. Par contre, la disponibilité de fertilisants a plutôt
perdu Ides échelons. Ce constat doit être nuancé puisque la baisse de fertilité des sols qui vient
actuellement en première position est etroitement liée au manque d’engrais. Par ailleurs, en
comparant les tableaux 3 et 4, on doit garder à l’esprit que le second se réfère uniquement aux
justifications initiales de la pratique des :fortes densités alors que le premier se situe dans un
cadre général.
A deux exceptions près, toutes les personnes interrogées affirment qu’un meilleur accès aux
semences n’aurait pas d’effet sur leurs densités de semis mais uniquement sur les superficies
arachidières.
En revanche, neuf répondants sur dix opteraient pour un plus grand espacement si
l’engrais devenait disponible.
L’argument unique est que la fertilisation permet un meilleur développement des plantes qui
devront être plus distantes pour atteindrez leur potentiel de croissance.
Selon les opinions paysannes, les fortes densités conviennent aux sols sableux de type “dior”, aux
sols pauvres, lorsque les semences sont de mauvaise qualité ou lorsqu’on n’apporte pas de
fertilisants. Le retard des semis est également mentionné parmi les autres conditions de
préférence pour les fortes densités. C’est’une raison de plus pour penser que les fortes densités
doiven,t être plus fréquentes chez les producteurs dépendants et en particulier chez les femmes
dont l’accès aux équipements est plus limité surtout en début de saison.
Les semis espacés sont jugés Préféra~bles s’il y a une bonne fertilisation, si le sol est
naturellement fertile, s’il est de type « deck » ou «deck-dior »,
si les semences sont de bonne
qualité, si l’on sème tôt ou s’il s’agit de Va~riété rampante.
5.
METHODES D’OBTENTION DES DENSITES SOUHAITES
La manière de semer est toujours motivée par le désir d’avoir une certaine densité non seulement
ii la levée mais jusqu’à la récolte. Pour cela, il est possible de jouer sur différents paramètres. La
distribution des producteurs interrogés selon les principaux paramètres sur lesquels ils jouent est
la suivante:

7
Grc
I:nterlignes
L
Disque
L
Vitesse de traction
c
Qualité semences
c
!S’agissant de l’écartement des lignes,
‘9 p.100 des répondants ne savent pas ce que la
vulgarisation recommande pour la princ
tales variété qu’ils cultivent. Chez ceux qui déclarent
connaître les normes vulgarisées, on noi
de grandes différences dans les chiffres avancés. Ils
vont de 35 à 55 cm pour la 73-33 et de
5 ,à 55 cm pour la 55-437. Au total, 30 p.100 de ceux
qui “connaissent” les recommandations r ! les appliquent pas. Le non respect implique toujours
une rélduction des interlignes jusque da s l’ordre de 40 p.100. Les raisons avancées sont la
pauvreté des sols, le manque d’engrais et a mauvaise qualité des semences.
Ceux qui déclarent respecter les normi ; retiennent toujours la limite inférieure lorsque ces
normes sont données sous forme d’inter-v le.
IPour C:haque variété vulgarisée, il exis !nt: un type standard de disque recommandé et la
làbrication industrielle respecte les norme
précisées. Cela signifie que les producteurs qui jouent
sur les disques et qu’on rencontre nota Iment chez les adeptes des fortes densités ont trois
Ipossibilités: recourir à des disques artis Taux qui répondent à leurs propres normes, modifier
ceux de fabrication industrielle ou les ut ser avec des variétés pour lesquelles ils n’ont pas été
conçus.
I-es méthodes relatives à la qualité des st nences sont plus fréquentes chez le groupe des faibles
densitks. Ils portent sur le tri et le traiterr nt phytosanitaire avec des produits chimiques.
Quant à la vitesse de traction du semoir, le a une incidence sur la régularité des ïnterlignes mais
aussi sur le débit effectif du disque.
6.
AVANTAGES LIES AUX DE ISITES
I-‘adoption initiales des fortes densités tl duit un ajustement face à diverses contraintes ayant
poussé! les producteurs au changemen
de méthode. Le sort des nouvelles pratiques est
logiquement lié à la survivance des cause
originelles mais aussi aux avantages et inconvénients
constatés au fil du temps.
Les avantages cités par ordre d’impotta ce ont trait à la récolte de gousses, au contrôle des
mauvaises herbes et à la production de bries. Les scores respectifs correspondant à ces trois
facteurs sont 33, 24 et 13.
Des inconvénients n’ont été relatés que d ns deux cas qui sont tous dans la zone de Colobane où
la pratique est plus ancienne. Il s’agit d’ei -ts négatifs sur la fane et des termites qui trouveraient
un terrain plus favorable lorsque les plant 5 sont rapprochées.
Les trois avantages ci-dessus évoqués se etrouvent dans le même ordre au niveau du groupe 2.
Cependant, il y a relativement plus de réf -ences à la qualité des récoltes dans ce dernier cas. Les
I-éponses qui portent sur le contrôle des nauvaises herbes font surtout allusion à la facilité de
Ipassage da la houe entre les lignes alors qu’au niveau du groupe 1, les avantages découlent de
l’étouffement des adventices par les plar es dont le rapprochement assure une couverture plus
I-apide des interlignes.
--
.--.- -

8
En dehors des avantages et inconvénieks librement cités, chaque répondant devait préciser
l’impact des fortes et des faibles densités ~Sur la qualité et la quantité des fanes. La synthèse des
réponses donne la situation suivante en qerme de fréquences relatives au niveau de chacun des
deux groupes :
Aortes d&wi>&&
Faibles densités
E f f e t s p o s i t i f s
~~
50%
84%
Fffets négatifs-
15%
06%
tiffets
rniti+s
12%
07%
Aucun effet
: ~~:~~~1~~~~~---~~~~
~~-.~
23%
: _--“-,I_-____
03%
I_
En somme, les fortes densités sont relativement moins bénéfiques au niveau de la fane dont
l’importance économique est grandissantb.
Le faible développement extérieur des plantes et la
pet-te plus précoce de leurs feuilles lorsqu’blles sont rapprochées sont les facteurs explicatifs.
Dans C(ertains cas, l’appréciation de la qua’lité est nuancée selon les types d’animaux à nourrir, les
petits ruminants n’ayant pas les mêmes e&igences que les grands.
7.
POINT DE VUE DE LA REChERCHE AGRONOMIQUE
~
D’importants résultats de recherches (s&cessions culturales, fertilisation minérale, techniques
culturales : préparation du sol, semis et densités de semis, entretiens, etc.) sont disponibles pour
la culture de l’arachide au Sénégal (SENI, 1.987). Des thèmes techniques (thème léger, thème
intensif) ont été alors définis et Vulgarisés~ (TOURTE, 1971).
Toutefois, la production nationale et les iendements de l’arachide diminuent depuis plus de dix
(10) ans. Les causes sont liées à des facteurs naturels et à la politique agricole. Il s’y ajoute aussi
la non application des thèmes culturaux vvlgarisés (CAlTAN, 1986; ABOUBA, 1989 ; KELLYNOHE,
1992).
On note une simplification poussée des techniques culturales (sans engrais, sans travail du sol,
entretien léger) associée à de fortes densités de semis de l’arachide (ABOUBA,1989 ; KELLY-
NOHE, 1 9 9 2 ; CLOUVEL, 1994) chez les producteurs. Les déterminants de cette pratique
semblent être la baisse de fertilité de6 sols, le manque d’engrais, la mauvaise qualité des
semences, l’utilisation de variétés à port &igé etc.
L’objet de cette section est de tenter le vérifier la pertinence agronomique de la pratique
paysanne de la forte densité de semis.
D’après les auteurs, le rendement est déterminé par le nombre de pieds récoltés et la production
par pied (CARRIERE de BELGARIC & B@JR, 1963 ; GAUTREAU, 1985), ou par le nombre de
graines récoltées et le poids moyen d’une igraine (CLOUVEL, 1994).
On peut écrire :
Rendement = nodbre de pieds récoltés x production par pied
O U
R e n d e m e n t = ~
nor$bre de graines x poids moyen d’une graine
Le nombre de pieds récoltés, dépend duo nombre de plantules levées, qui est déterminé ipar le
nombre de graines semées. Ainsi, une forte densité de semis avec des semences de qualité
traitées (protégées contre les fontes de Semis) procure une densité de peuplement élevée à la
récolte. Le nombre de graines récoltées c/-oît avec la densité de semis. La production par pied et
le poids moyen d’une graine, varient sou< l’effet des facteurs du milieu sol (fertilité) et du climat
(eau et: éclairement).
~

Par ailleurs, une forte densité de semis (110 000 graines par ha) permet d’accroître les
rendements en gousses de 15% (CARRIERE de BELGARIC & BOUR, 1963). Au BOTSWANA, les
recommandations de MAYEUX (1990) vont dans le même sens.
En définitive, une forte densité de semis ou de peuplement, est un moyen d’accroître les
rendements et la production de l’arachide.
~a pratique paysanne courante qui est le semis à des interlignes serrées inférieures à celles
préconisées doit tout de même être discutée. Elle répond à un double objectif: diminuer le
nombre de binages (NICOU, 1966) ; et/ou compenser les pertes de pieds liées aux mortalités
dues aux aléas climatiques, à la mauvaise levée (fontes des semis, faible germination) selon
NICOU (1966), ou encore au dysfonctionnement des semoirs (semis espacé sur la ligne:
écartement de 20 cm ou plus) du fait de leur état de vétusté (CLOUVEL, 1994).
Outre ces considérations d’ordre pratique, une forte densité de semis présente d’autres
avantages. En effet, elle crée une compétition au sein du peuplement qui induit une formation
Précoc:e de gousses (CLOUVEL, 1994). Or ce mécanisme augmente la production utile (nombre de
graines mures bien formées ou HPS). L’effet est plus marqué en conditions de sécheresse.
Etant donné que les fortes densités de semis recommandées ont été définies pour s’insérer dans
des tlhèrnes techniques incluant une fumure minérale forte ou légère (thème intensif et
semi-intensif), dans une succession triennale ou quadriennale avec une jachère (sole de
régénération), leur pratique actuelle n’est pas sans incidence néfaste sur la fertilité. La fertilisation
minérale est peu pratiquée, et les successions se résument à deux (2) cultures (mil-arachide)
voire ;il une seule culture (mil-mil ou arachide-arachide) (ABOUBA, 1989; KELLY-NOHE, 1992). La
succession d’une culture sur elle même favorise la baisse des rendements et de la fertilité
(NICOlU, :1980), surtout quand les restitutions sont insuffisantes (PIERI, 1976b).
Les sols arachidiers (dior) sont fortement appauvris (BLODEL, 1971b ; CHARREAU 81 NICOU,
1971; PIERI, 1976a; PIERI, 1976b) en éléments minéraux (azote, phosphore), et leur état
physique est médiocre. La phase de croissance des gousses est très sensible aux facteurs
limitarnts nutritionnels (surtout en phosphore) et hydriques (GAUTREAU, 1985). D’ailleurs le
phosphore est un facteur de variations du nombre de graines et de leur poids moyen (CLOUVEL,
1994).
Par conséquent, la pauvreté des sols, associée à des situations de sécheresse durant le cycle,
peut provoquer une diminution du poids et de la taille des graines, et donc de la qualité des
semences. De toute façon, le phénomène a été déjà observé par MAUBOUSSI (1969) sur la
variété 28-206, comme étant une adaptation aux conditions de sol et de climat.
8.
OPINIONS PAYSANNESSUR L'AVISDESTECHNICIENS
La plupart des producteurs interrogés sont d’accord sur les constats de la recherche concernant
les fortes densités. Cependant, même s’ils reconnaissent les inconvénients, bon nombre d’entre
eux jugent qu’avec la faible fertilité des sols et le manque d’engrais, il n’y a pas d’alternative au
resserrement des semis qui constitue une sorte de moindre mal. Les recommandations contraires
sont jugées valables dans un contexte idéal qui relève du passé selon eux. L’économie sur le
travail d’entretien des cultures compense dans une certaine mesure les aspects négatifs.
S’agissant de la réduction de la taille des graines récoltées et de leur mauvaise qualité
semencière, certains paysans déclarent que cela est vrai si les fortes densités sont pratiquées en
condition de bonne fertilité. Cette conviction est la substance des arguments donnés par ceux qui
disent qu’un meilleur accès à l’engrais les pousserait à semer de façon moins dense. Pour
d’autres, la qualité semencière des graines récolées est plutôt liée à leur degré de maturité et non
à leur taille.
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9.
CONCLUSION
La pratique des fortes densités résulte pour l’essentiel d’un processus empirique d’adaptation à
des contraintes diverses. Ainsi, elle se jultifie moins sur la base d’avantages intrinsèques que par
le souci de limiter l’impact négatif de ce contraintes qui sont des “facteurs poussants”. Les plus
importants sont d’une part la baisse de 1ettilité des sols en rapport avec le manque d’engrais et
d’autre part la mauvaise qualité des s(zmences. Les avantages susceptibles de jouer comme
“facteurs attirants” sont moins décisifs. Ils se situent en particulier au niveau des rendements et
du contrôle des mauvaises herbes.
Du~ point de vue agronomique, on peut affirmer que dans
certaines limites, les fortes densités dei semis ont une incidence positive sur le rendement de
l’arachide. Cependant, comme toute jechnique culturale, elles doivent s’intégrer dans des
itinéraires techniques cohérents pour quq les effets bénéfiques puissent être durables.

II
REFE~RENCES BIBLIOGRAPHIQVES
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