Institut Sénégalais d Recherche Agricole ...
Institut Sénégalais d
Recherche Agricole
Département de Recherche
sur les Systèmes Agraires
et 1'Economie Agricole
C.R.A de Saint-Louis
Programme de Recherche sur
les Systèmes de Production
du Delta du Fleuve Sénégal
RIZICULTURE DE SAISON SECHE CHAUDE ET DOUBLE CULTURE
Les résultats technico-économiques de la campagne 1988
sur deux aménagements du Delta du Fleuve Sénégal
Février 1989
Pierre-Yves LE GAL (*)
(*) Agronome DSA/CIRAD détaché à 1'ISRA Saint-Louis

i
Sommaire
Introduction
Partie 1 : Matériel et méthodes
3
,
1. Méthodes d’enquête
3
;
4
2. Echantillonnage
3
2.1 Les sites et aménagements enquêtés
3
2.2 Structure de l’échantillon
4
Partie II : Caractéristiques générales de la campagne agricole
7
1. Le climat
7
2. Les modalités de gestion foncière des aménagements
9
2.1 Les règles de gestion globale
9
2.2 Les stratégies des producteurs
11
3. Les conditions d’approvisionnement et de crédit
14
Partie III : Les itinéraires techniques observés
15
1. L’installation de la culture
15
1.1 La préparation du sol
15
1.2 Le semis
16
1.3 Synthèse
2 0
2. La conduite de la culture
2 0
2.1 La gestion de l’eau
2 0
2.2 Désherbage et fertilisation
2 3
2.3 La protection des cultures
31
2.4 Synthèse
3 1
3. Récolte et post-récolte
3 3
3.1 Opérations de pré-récolte .
3 3
3.2 Les itinéraires de récolte et post-récolte
3 5
4. Synthèse
40
4.1 Calendrier cultural et double culture
40
4.2 Les déterminants des pratiques culturales
4 2
4.3 Typologie des itinéraires techniques
46

ii
page
Partie IV: Les résultats économiques
48
1. Méthodes de calcul
48
2. Structure des coûts
'
5 0
2.1 Thilène
5 0
2.2 Diawar
5 3
2.3 Synthèse
54
3. Productions et revenus
5 4
Conclusion et propositions d'actions
57
1. Double culture
57
2. Riziculture de saison sèche chaude
58
3. Une problématique générale: l'aide à la décision
5 8
Bibliographie
60
Annexes
61

iii
Liste des tableaux
page
1.1
Structure de l'échantillon
5
II.1 Pluviométrie 1988 à Ross-Béthio
8
III.1 Modalités de la fertilisation à Thilène (moyennes)
25
III.2 Modalités de la fertilisation à Diawar (moyennes)
30
III.3 Moyenne des rendements par village
34
III.4 Evaluation des pertes en grains dues aux oiseaux
36
pendant la phase de maturation
III.5 Utilisation de la main d'oeuvre et temps de travaux
38
pour la récolte et post-récolte
IV.1 Charges moyennes et coûts unitaires par poste de dépense
49
IV.2 Rendements et revenus moyens par village
56
Liste des figures
II.1 Moyenne des températures décadaires
8
II.2 Part de la superficie SAED cultivée en double culture
12
par exploitation
III.1 Distribution des modalités de conduite de semis (dose)
19
et de la fertilisation (dates et doses)
III.2 Efficience de l'azote apporté à Thilène
25
III.3 Efficience de l'azote apporté à Diawar
30
III.4 Dose totale d'engrais et superficie cultivée par
30
exploitation (Diawar)
III.5 Dose totale d'engrais et densité de semis (Diawar)
34
III.6 Variation de la date de vidange avec la date de récolte
36
III.7 Variation de la durée du gardiennage avec la date de
36
récolte
III.8 Distribution des intervalles entre récolte et battage
38
III.9 Distribution des humidités du paddy au battage
39
111.10 Distribution des longueurs de cycle et d'occupation des
39
parcelles
III.11 Calendrier cultural global
43
IV.1 Résultats économiques par village
51

iv
Liste des schémas
III.1 Analyse de la séquence d'installation de la culture
21
III.2 Les diiférents itinéraires techniques d'installation de
22
la culture
r
III.3 Les différentes conduites de la fertilisation à Thilène
26
III.4 Modalités de gestion du désherbage à Diawar
28
III.5 Les différentes conduites de la fertilisation à Diawar
32
III.6 Les déterminants des itinéraires de récolte et post-récolte
41
III.7 Les déterminants de la conduite de la fertilisation
45
Liste des cartes
1. Localisation des aménagements suivis
5
2. Localisation des parcelles suivies en contre saison chaude à
12
Diawar

1
Introduction
Conformément
aux objectifs de 1'Etat Sénégalais
la région du Fleuve doit
voir sa contribution à la couverture des besoins
alimentaires du pays augmenter
progressivement dans les prochaines années. Pour ce faire des investissements
importants
ont déjà été consentis: construction des barrages de Diama et Manan-
tali, accroissement des superficies aménagées.
L'augmentation de la production agricole espéree passe par:
. l'amélioration des rendements des différentes cultures pratiquées;
. l'accroissement de l'intensité culturale des zones aménagées, avec le
passage à la double culture.
Cette dernière évolution n'est pas nouvelle dans la vallée. La synthèse
des expériences passées permet de souligner
les contraintes observées à diffé-
rents niveaux d'organisation de la production (JAMIN, 1986).
La gestion du calendrier cultural représente la contrainte technique
majeure. Ainsi pour la succession riz de saison sèche chaude - riz d'hivernage
qui nous intéresse plus particulièrement ici,
apparait un goulot d'étranglement
de la récolte-battage du précédent à la mise en place du suivant. Mais nous
avons
montré en 1987 l'existence, dans certains cas, de problèmes analogues
entre la récolte de la campagne d'hivernage et l'implantation du riz
de saison
sèche chaude (LE GAL, 1988). Cette situation pose problème à trois niveaux:
. dans la conception et la gestion foncière des aménagements, les struc-
tures actuelles manquant de souplesse (accès aux parcelles, diversifica-
tion des cycles de culture sur un même aménagement);
. dans l'utilisation de la mécanisation tant à la récolte-battage qu'a la
préparation du sol;
. dans l'utilisation de la main d'oeuvre,
quelle soit familiale ou
extérieure aux exploitations (apport de main d'oeuvre
du bassin arachi-
dier)
Ce dernier
point est particulièrement important lorsque les activités
possibles se multiplient, quelles soient agricoles (maraîchage, tomate, élevage)
ou autres (artisanat, pêche, salariat ou migration de saison sèche).
C'est pourquoi d'une manière
générale l'intéret éventuel des paysans pour
la double culture sera fonction de leurs stratégies et notamment de la place
tenue par la culture irriguée dans leurs systèmes de production. Globalement les
producteurs préfèrent en effet minimiser
les risques en diversifiant leurs
activités plutôt que maximiser l'activité la plus productive.
Ce choix est
cependant variable selon les possibilités offertes au plan
micro-régional.
Il est ainsi
particulièrement
sensible dans le village de
Thiago où les superficies aménagées sont faibles et les possibilités de salariat
importante
avec la proximité de Richard-Tell. Il est plus diffus à Diawar où
l'isolement,
ies conditions édaphiques et foncières, imposent la riziculture
comme activité dominante.
Mais l'environnement des producteurs évolue très vite dans la vallée, et
leurs choix intègrent ces nouvelles donnes. Ainsi les conditions hydrologiques

2
se trouvent déjà considérablement modifiées avec:
. le barrage de Diama, en
fonction depuis 1985, qui bloque la remontée de
la langue salée en saison sèche et permet ainsi la double culture sur l'ensemble
du Delta. L'endiguement de la rive droite du fleuve jusqu'à Rossa, actuellement
en cours, accentuera son rô,le de réservoir d'eau douce.
. le barrage de Manantali, mis en eau à partir de 1987, qui permettra de
réguler le débit du fleuve et d'assurer un
approvisionnement en eau durant la
saison sèche sur la haute et moyenne vallée.
Les conditions
économiques sont,
avec la
Nouvelle Politique Agricole,
également en pleine
évolution. Le désengagement
de la SAED, sensible pour les
paysans à partir de l'hivernage 1987, s'est ainsi accompagné de la mise en place
de la Caisse Nationale de Crédit Agricole (CNCA) et du développement d'un réseau
de commerçants privés chargés de l'approvisionnement en intrants.
La SAED,
conserve malgré
tout une
importance capitale dans la mise en
oeuvre
de la double culture. Car sur les aménagements qu'elle gère directement
(la majorité des superficies
irriguées dans le delta), la décision de mise en
eau
est prise par
une commision paritaire réunissant des
représentants de la
SAED et des paysans. Elle peut dans ce cadre influer significativement dans un
sens ou
dans l'autre, et appuyer ses choix par son réseau de conseillers
agricoles au contact direct des producteurs.
C'est ainsi
qu'en 1988 les superficies rizi-cultivées en saison sèche
chaude ont augmenté sensiblement sur la délégation de Dagana (source SAED):
année
79
80
81
82
83
84
85
86
87
88
h
a
70 40
-
214
336
318 71
563
731
2655
X aménagé
1 1
-
2
4 3
1
4
6
21
Nous
avons pu suivre
dans deux de nos trois villages d'intervention le
déroulement de cette campagne, sur la base d'une série d'observations agronomi-
ques, techniques et économiques menées sur un échantillon d'exploitations.
Ce travail présente un double objectif:
analyser les problèmes posés par
la riziculture de saison sèche chaude d'une
part, présenter les contraintes
rencontrées en double culture de l’autre.
Le présent document s’intéresse aux
deux aspects à travers une analyse technico-économique des phénomènes observes.
Etant le premier publié sur ce thème dans
le cadre de notre programme de
Recherche il détaille également chaque fois que nécessaire les outils méthodolo-
giques utilisés pour notre analyse.

Partie 1
Matériel et méthodes
1. Méthodes d’enquête
,
Compte tenu des objectifs poursuivis le suivi technico-économique s’est
focalisé
au niveau
“parcelle”,
avec possibilité d’agréger les données par
exploitation pour la campagne considérée ou sur une
échelle de temps plus vaste
(l’année par exemple).
Plusieurs sous-parcelles apparaissent parfois sur une même parcelle, suite
aux diguettes construites par les paysans pour compenser les défauts de planage.
Ce niveau constitue alors l’unité enquêtée car l’expérience montre que les
producteurs peuvent gérer différemment ces unités.
On est alors amené à distinguer en cours d’analyse les parcelles fon-
cières,
ensembles d’un seul tenant gérés par un même individu, des parcelles
culturales caractérisées par des itinéraires techniques différents. Une parcelle
culturale peut compter plusieurs sous-parcelles.
Dans chaque cas
ont été relevées les différentes techniques pratiquées,
avec leurs modalités: dates de début et fin, dose d’intrant, type de réalisa-
tion,
e t c . . . Parallèlement
chaque consommation d’input a été monétarisée, y
compris l’utilisation de la main d’oeuvre salariée.
Nous avons ainsi pu
caractériser les itinéraires
techniques adoptés par
les producteurs et établir les budgets de culture correspondants. La valorisa-
tion de la journée de travail n’a pu être calculée, faute d’un suivi des
temps
de travaux initié seulement à partir de l’hivernage 1988.
Pour cette étude les rendements ont été évalubs en relevant le nombre de
sacs produits
par sous-parcelle
(observation directe
ou déclaration des pay-
sans). Le poids moyen d’un sac a été établi à partir des pesées à la bascule au
moment de la commercialisation du paddy. Comparativement à la pose de carrés de
sondage
cette méthode a le mérite d’être
simple et de gommer les probl&mes
d’hétérogénéité des productions au sein de l’unité enquêtée. Mais elle suppose
une collaboration étroite entre paysans et observateurs.
2. Echantillonnage
2.1 Les sites et aménagements enquêtés
Parmi nos trois sites permanents d’intervention (cf. carte 1) la rizicul-
ture de saison
sèche chaude n’est
absente qu’à Thiago
en 1988. L’analyse
des
campagnes
antérieures
montre
que cette pratique est peu fréquente dans ce
village, malgré
la présence permanente d’eau douce dans la Taouey. Plusieurs
raisons expliquent cette situation:
.
des stratégies basées sur une diversification des activités menaes,
souvent
plus rémunératrices
(salariat) ou moins risquées (maraîchage, pêche,
artisanat) que les cultures irriguées (TOURE, 1988);
. la concurrence entre
tomate et riz de saison sèche chaude sur certaines
exploitations disposant
d’une force de travail réduite. Or dans les systèmes de
production de Thiago la place de la tomate est fondamentale: elle permet de
couvrir
une partie des besoins monétaires,
notamment les frais globaux de

culture. Les besoins céréaliers sont couverts par le riz d'hivernage;
. les difficultés financières des groupements qui, gérés de façon autonome
par les paysans, ne peuvent le plus souvent avancer sur leur
fonds de roulement
les frais inhérents à trois campagnes agricoles (1). Cette contrainte pourrait
être levée par le développement des activités de la CNCA;
la pression des oiseaux granivores particuli*rement sensible à Thiago du
fait de la proximité des parcelles
de canne à
sucre de la Compagnie Sucrière
Sénégalaise (CSS). Cette pression s'accroit globalement en saison sèche chaude
avec la diminution des stocks de graines disponibles.
Autre conséquence de cette situation: la double culture riz-riz ou riz-
tomate
sur une même sole
est quasiment
résiduelle alors que les conditions
hydrologiques et la conception de l'aménagement devaient favoriser cette
pratique.
A Diawar la saison
sèche chaude s'est déroulée sur les
aménagements SAED
de Boundoum Nord et Est, la proposition de la SAED ayant trouvé un écho favora-
ble auprès des paysans malgré des
conditions d'implantation de
la culture des
plus délicates (cf. infra et LE GAL, 1988). Par ailleurs ce choix entrainait une
expérimentation explicite de
la double culture: cette position traduit bien
l'importance qu'attachent les producteurs de cette zone à la riziculture
irriguée, seule activité réellement
rémunératrice de leurs systèmes de produc-
tion.
A Thilène le riz a
été implanté sur un aménagement créé en février 1988 à
l'initiative du Foyer des Jeunes, association gérant déjà 47 hectares sur un
premier périmètre.
L'objectif des responsables était double:
intégrer dans
l'association des
individus jusqu'ici
écartés faute de terres disponibles,
expérimenter la riziculture
de saison sèche chaude sur un aménagement différent
du premier. Ce faisant les risques inhérents
à la double culture se trouvaient
levés.
Les deux sites et aménagements suivis se trouvent donc dans des situations
contrastées tant par l'intérêt porté à
la double culture que dans les modes de
gestion de l'eau ou l'ancienneté de l'aménagement. Ces différences ne seront
évidemment pas sans conséquence sur le déroulement de la campagne.
2.2 Structure de l'échantillon
Le tableau 1.1 présente les caractéristiques de l'échantillon enquêté
pendant la
campagne agricole
considérée. Nous
sommes partis de l'échantillon
permanent d'exploitations suivies à Diawar et Thilène, composé respectivement de
16 et 13 exploitations.
La structure de l'échantillon suivi, et notamment les différences entre
les deux villages,
résulte de deux phénomènes: d'abord les modalités d'attribu-
tion des terres sur les aménagements mis en valeur, ensuite les choix propres
aux agriculteurs, particulièrement l'intensité du risque qu'ils étaient prêts à
prendre.
(1) L'aménagement de Thiago est divisé en
six groupements, chacun subdivisé en
trois soles pouvant porter alternativement du riz ou de la tomate.

5
Tableau 1.1
Structure de l'échantillon
Diawar
ThiGne
Ensemble
nb d'exploitations
13
7
21
nb de parcelles foncières
16
7
23
nb de parcelles culturales
38
7
45
superficie totale suivie (ha)
16,5
591
21,6
superficie par exploitation
0'4
moyenne
1,13
0,72
1,Ol
mini
0,25
O,k4
maxi
2,76
0,84
io de la superficie totale
cultivée par aménagement
26
22
Carte2
Localisation des adnagements mivis
,
>
Y
.
/
cckl . .::
AtlBlt* ;:::.-:
/
:.
L
0
10
êobn
1

6
Nous expliciterons ces mécanismes dans la partie suivante. Soulignons
seulement ici que:
. la part des unités de production ayant cultivé du riz en saison s+che
chaude est variable selon les villages: 87,5% à Diawar et 54% à Thilene;
. en règle générale chaque
exploitation n'a cultivé qu'une seule parcelle
foncière; seules deux exploitations de Diawar ont cultivé respectivement
deux et trois parcelles;
. les superficies cultivées par exploitation sont très variables à Diavar;
.
la part de la superficie suivie par rapport à la superficie totale
cultivée est élevée dans les
deux cas. Les résultats qui seront présen-
tés ici devraient donc a priori balayer la variabilité des pratiques des
agriculteurs.
Néanmoins
la répartition des parcelles suivies ne couvre pas tous les
groupements cultivés
à Diawar. De ce point de
vue notre échantillon présente
donc un biais par rapport à l'ensemble des deux aménagements SAED de ce village:
Boundoum Nord
Boundoum Est
nogroupement
1
2
3
4
2
7
parcelles suivies
9
5

-
-
2
Notons enfin que les parcelles culturales excèdent largement les parcelles
foncières à Diawar. Cette situation, non spécifique à la saison sèche chaude,
traduit un double phénomène: le découpage du parcellaire en de nombreuses sous-
parcelles
et la gestion technique souvent individualisée
de ces unités chez un
même paysan.

Partie II
Caractéristiques générales de la campagne agricole
Un certain nombre
de conditions se sont uniformément imposées aux produc-
teurs, avec des incidences notables sur leurs décisions ou le comportement de la
culture.
Nous traiterons successivement dans cette partie des conditions
climatiques, des modalités 'de
gestion foncière des aménagements,
de l'approvi-
sionnement en intrants et du crédit agricole.
:/ 1. Le climat
Les problèmes soulevés par la
double culture et la riziculture de saison
sèche chaude relèvent en priorité de deux types
de données, par ailleurs dis-
ponibles assez aisément: les températures pendant le cycle de la premiëre
culture et les pluies en début d'hivernage.
Ne disposant d'aucune donnée dans nos villages enquêtés, nous avons ,
utilisé la pluviométrie relevée à Ross-Béthio, poste proche de Thilène m&is
éloigné de Diawar (30 km au sud), et
les températures notées sur les postes' de
Ndiol (station ISRA) et Richard-TO11 (CSS). Ceux-ci sont relativement distants
de nos villages mais donnent une
fourchette de variation du fait de leur
localisation aux deux extrémités est-ouest du delta. L'hétérogénéité spatiale de
ces phénomènes
rend cette situation peu satisfaisante: son amélioration passe
par la mise en place du matériel de mesure nécessaire dans les villages suivis.
La distribution des températures moyennes décadaires de mars à juillet
varie quelque peu d'une station à l'autre (fig.II.l). A Ndiol les valeurs
moyennes de 1981 à
1988 sont relativement stables, de 24,9"C la deuxième décade
de mars à 28,4"C la troisième décade de juillet, soit une amplitude de 4,5"C. On
peut y voir l'influence du régime océanique (alizés). Une baisse des températu-
res fin avril et début mai est également à
souligner: ce phénomène est
apparu
respectivement 3 et 2 années sur 8 sur la période considérée.
Comparativement à ces moyennes les données
observées en 1988 présentent
les caractéristiques suivantes:
.
les températures sont très basses la première décade de mars, sans
influencer pour autant la levée du riz semé à partir du 12 mars;
. elles
sont par la suite
supérieures ou égales à la moyenne jusqu'à la
seconde décade d'avril, ce qui devrait a priori favoriser le tallage;
.
une chute importante
est observée de fin avril à début mai avec des
conséquences possibles sur l'initiation paniculaire des variétés de cycle court
(IKP) ;
. une augmentation de 2,5"C est observée la troisième décade de mai, alors
que 1'IKP était en début épiaison.
Richard-TO11 se distingue de Ndiol par des
températures moyennes plus
élevées et d'amplitude plus forte: de 24,5"C la première décade de mars à 30,5"C
la troisième décade de mai, soit une différence de 6°C. Mais si l'on excepte la
chute observée fin avril à Ndiol, leur évolution relative pendant
l'année 1988
est globalement identique.
Malgré les difficultés d'extrapolation aux villages suivis, dues pour
l'essentiel à l'influence variable des régimes d'alizé et d'harmattan sur le
Delta pendant cette période,
il apparait que les conditions
de température ont

8
Figure II. 1
Moyenne des Températures décadaires
Aoc
32.
Ndiol
Richard-1011
-
-
-
2 9
27 .
26 -
25.

I
24 .
23 .
r--
22 .
21 ,
2 0 - -
t
2 3
1 2 3 1 2 3 1 2 3 1 2 3
1
1 2
2 3
1 2 3
2
3
Mars
Avri 1
Mai
Juin
J u i l l e t
Mars
Avril
Mai
Juin
J u i l l e t
- M o y e n n e 8 1 - 8 8
- Moyenne83-88
Tableau II.1
Pluviométrie 1988 à Ross-Béthio
(mn)
J u i l l e t
Août
Septembre
1
2
3
1
2
3
1
2
3
P décade
0 0 0
28
7 2 . 4 29,9
27,s
52,2 14
P mensuelle
0
130,3
93,l
P totale
224,0
ler jour de pluie : l-08
total jours de pluie : 19
dernier jour 1’ : 21-09

9
somme toute été favorables pendant la phase de tallage. Son allongement, observé
quelquesoit la variété (cf.infra),
laisse
supposer l’intervention d’autres
facteurs (température de l’eau et insolation) d’autant que les pieds de riz sont
souvent submergés en début de cycle. Les données recueillies par la Compagnie
Sucrière Sénégalaise devraient permettre d’éclaircir ce point à partir de 1989.
La pluviométrie
obsérvée à Ross-Béthio se caractérise par un démarrage
tardif de l’hivernage
(première pluie le ler août) favorable au bon déroulement
des opérations de récolte et battage. Globalement le riz non évacué avant cette
date a recu une hauteur d’eau relativement faible (130mm en août).
2. Les modalités de gestion foncière des aménagements
2.1 Les règles de gestion globale
De par leur conception
les aménagements hydro-agricoles du Delta présen-
tent une caractéristique importante: la dépendance étroite
des attributaires au
sein d’une unité de gestion hydraulique. De cette
situation découlent des
décisions communes affectant
la gestion du foncier mais également le calendrier
cultural,
voire les modalités d’approvisionnement
en Jntrants,
souvent gérés
avec l’eau par les mêmes organisations. .
a. Thilène
L’aménagement utilisé en
saison sèche chaude 1988 a été créé
en février
1988, à partir ‘d’un passage simple de grader: la construction des diguettes ne
s’est accompagnée d’aucun planage ni compactage, il n’existe aucun réseau de
drainage de surface et le terrain affecté au Foyer des jeunes par la Communauté
Rurale n’a fait l’objet d’aucune analyse de sol.
Cette situation est caractéristique des aménagements créés sur initiative
privée. Elle présente l’avantage d’être peu onéreuse (de 25 à 30000 F/ha hors
groupe motopompe) mais relève plus d’une préparation du terrain que d’un
véritable aménagement.
Elle n’est évidemment pas sans conséquence sur les
résultats technico-économiques obtenus.
Le découpage des 33 hectares aménagés s’est fait sous la supervision d’un
responsable du Foyer, de façon à tenir compte grossièrement des défauts naturels
de planage du terrain. Les 23 hectares cultivés en saison sèche chaude compor-
tent ainsi 33 parcelles, soit en moyenne 0,7 ha par parcelle.
L’attribution des parcelles s’est faite par tirage au sort, méthode ayant
le mérite d’être simple et égalitaire face à un terrain inconnu, des superficies
parcellaires variables mais-des coûts d’adhésion égaux (5000E par personne).
Dans ces
conditions aucune relation n’a été faite entre la superficie attribuée
et la situation familiale de chaque paysan.
Comme prévu
ce nouvel aménagement
a permis d’intégrer au Foyer des
individus jusqu’ici écartés,
dont quatre
exploitations de
notre échantillon.
Mais certains paysans déjà membres du Foyer ont également bénéficié de cette
extension (deux cas dans notre échantillon) alors que d’autres demeuraient
exclus (trois cas dans notre échantillon). L’origine de ces différences reste à
éclaircir mais se réfère à une double dynamique foncière et sociale: celle,
individuelle, de chaque
exploitation, incluse
dans la dynamique globale du
terroir
irrigable du village. Celle-ci se
trouve influencée par les stratégies
de quelques individualités et
diverses associations de producteurs. A contrario
la situation foncière de l’aménagement SAED parait beaucoup plus stable.

10
Au total la situation peut se caractériser ainsi dans ce village:
initiative d'une
organisation paysanne
et autonomie par rapport à la
' SAED (1);
. terrain "neuf"
n'ayant reçu aucune
alimentation hydrique autre que la
pluie depuis sans doute 1970;
. aménagement sommaire;
. rôle déterminant du Foyer dans la gestion foncière de l'aménagement;
. absence de libre-arbitre des attributaires dans
le choix des parcelles,
une fois leur demande d'adhésion acceptée.
Rappelons
enfin que la stratégie du Foyer, conformément à un objectif
général de minimisation des risques, n'était pas d'expérimenter la double
culture, avec la crainte de compromettre la campagne d'hivernage en cas d'échec,
mais d'accroitre les superficies rizicultivées tout en maintenant une élasticité
suffisante du calendrier cultural et de la charge de travail.
b. Diawar
La situation rencontrée à Diawar est radicalement différente. La campagne
agricole s'est déroulée sur les deux aménagements SAED de Boundoum Nord et Est,
couvrant 63 hectares, soit 25% de la superficie totale aménagée.
Cette proportion est variable selon les groupements; elle est cependant
difficilement
interprétable car
ne fait que refléter la somme de stratégies
individuelles:
Boundoum Nord
Boundoum Est
Total
Groupement
1
2

3
4
2 7 10
x
31 23
29 25
40
-
24
Contrairement à Thilène la campagne de saison sèche chaude a clairement
été placée dans une perspective de double culture, avec un problème immédiat:
évacuer la
récolte de l'hivernage
1987 pour préparer et mettre en eau les
parcelles choisies (LE GAL, 1988).
La mise
en culture de l'ensemble des aménagements étant
exclue pour une
première année
mais la majorité
des paysans se
déclarant
intéressée,
l'utilisation des parcelles a suivi l'alternative suivante:
réunir sur chaque groupement les parcelles cultivées: ce principe présente
ilavantage d'économiser
les consommations en eau en diminuant la longueur de
réseau
utilisé, de
simplifier les opérations de préparation du sol et
d'évacuation des
récoltes aux deux extrémités du cycle. A son détriment il
suppose de nombreux
échanges fonciers entre producteurs pendant la saison sèche
mais également durant l'hivernage si l'expérience s'avère un échec. Ces échanges
vont également à l'encontre d'un bon entretien des parcelles et ne sauraient se
(1) Le faible débit du Lampsar a contraint la SAED à fermer pendant une campagne
certains aménagements irrigués à partir de ce bras du fleuve. Ainsi en 1987-1988
les cuvettes de Thilène et Pont-Gendarme dont bénéficie le village, ont été
cultivées
respectivement pendant l'hivernage
et la saison
sèche chaude seule-
ment.

11
L(
répéter systématiquement à chaque campagne.
Enfin la rigidité du parcellaire et
les ententes nécessaires limitent les paysans dans leurs choix de surface.
.
disperser
sur l'aménagement les parcelles
cultivées
mais conserver les
attributions foncières
initiales: les conséquences de ce choix sont évidemment
inverses des précédentes. Il laisse néanmoins beaucoup plus d'autonomie aux
producteurs
quant à la superficie cultivée, d'autant qu'il n'exclue pas les
possibilités de prêts fonciers.
Concrètement les deux possibilités ont été mises en oeuvre à Diawar: ainsi
la première
solution a été choisie par
les groupements 3 et 4, la seconde par
les groupements 1 et
2. Seul l'impact de cette dernière a pu être analysé avec
notre échantillon.
L'analyse du parcellaire (carte 2) montre effectivement un éclatement des
zones cultivées, bien que certaines tentatives de regroupement aient été faites
lorsque la situation le permettait (groupement 1).
L'analyse par paysan souligne par ailleurs la difficulté d'accès de
certaines parcelles du fait de l'absence de pistes (03 à D5, Dl2 et Dl3 par
exemple).
Ce trait
caractéristique de
cet aménagement
complique un peu plus
l'évacuation des récoltes et donc la réussite de la double culture (cf. infra et
LE GAL, 1988).
4 2.2 Les stratégies des producteurs
Rappelons que les paysans cherchent d'une manière générale à minimiser les
risques générés par
leurs activités productrices tout en optimisant l'utilisa-
tion de leurs ressources
en fonction des possibilités qui leurs sont offertes à
un moment donné.
Dans ce
contexte
cette campagne
agricole présentait
un double risque:
expérimenter un type de
riziculture jusqu'ici peu connu
et passer à la double
culture.
On pouvait donc s'attendre à l'émergence de stratégies différentes
touchant la mobilisation du foncier,
mais également du capital compte tenu
des
nouvelles conditions d'approvisionnement et de crédit.
Pratiquement cette diversité n'est apparue qu'à Diawar, l'absence de
double culture et de libre choix foncier réduisant le pouvoir de décision' des
paysans à Thilène.
Des observations
effectuées sur notre échantillon ressortent quatre types
de comportement,
caractérisés par des
superficies cultivées en double culture
variables (figure 1.1):
. cas 1:
absence de riziculture de saison sèche chaude
Sur notre
échantillon ce
cas ne
concerne
qu'une seule
exploitation,
possédant
un jardin irrigué
distant d'une dizaine de kilomètres où étaient
cultivés des oignons durant la saison sèche froide 1987-1988. La concurrence en
main-d'oeuvre et des gains espérés plus élevés ont donc poussé le chef d'exploi-
tation à préférer le mararchage au
riz, malgré une superficie SAED conséquente
(4 ha).
Pour des raisons différentes on retrouverait dans ce cas l'ensemble des
exploitations n'ayant pu se procurer de parcelles
en cas de regroupement ou de
non culture des superficies. Cette situation n'apparait pas dans notre échantil-
lon mais a sans doute été marginale compte
tenu des principes de solidarité qui
régissent le fonctionnement de ces aménagements (cf. cas 2).

12
- Cmal principal
ee Irripatev secondah
- Irriqattw trrtirirt
- - -
., 1
tzl Parcelle suivie
habituellement et
--
cultivée en CSC88
4r
ml
I@l
I

I
Parcelle prêtée à
Bl un paysan suivi
pour la CSC88
*..: . . . * .
-.4*- Limite de sous-
parcelle (pour
parcelle cultivée
en CSC88 seulement)
Carte 2: Localisation des parcelles suivies en contre-saison chaude à Diauar (&pt 1 et 2)
Figure II.2
Part de la superficie SAED cultivée en double culture par exploitation
80
(1) aucune riziculture de saison chaude
60
c (2) cwlture sur parcelles empruntées
cl superficies cd tivées en propre
q
::. . superficies prêtées à un tiers pour la
CSC88
UJUJ
.-l-
no exploitation

13
. cas 2:
culture sur des parcelles totalement empruntées
Deux paysans
situés sur des zones
non cultivées en
saison chaude (grou-
pement 2 de Boundoum Est) ont emprunté, pour cette campagne seulement, des
parcelles
à d'autres producteurs. On assiste ainsi à un double phénomène:
certains
cultivent en
saison
chaude sans
être pour
autant concernés
par la
double culture, d'autres
voient leurs superficies en double culture augmentées
indépendamment du fonctionnement de leur propre exploitation.
Mais les prêts fonciers
ne sont pas le privilège de ce seul cas: ils ont
permis à un certain
nombre d'exploitants des
cas 3 et 4 d'augmenter leur
superficie cultivée en
saison sèche
tout en réduisant les risques liés à la
double culture (une exploitation dans notre échantillon).
. cas 3:
superficie
en double culture inférieure à 50% de la superficie
disponible sur l'aménagement SAED
Cette situation est la plus fréquente dans notre échantillon, avec sept
exploitations et des valeurs s'étageant de 8 à
34%. Elle traduit directement la
position de la majorité des paysans, cherchant à minimiser les risques face à un
système de culture nouveau.
Concrètement cinq de ces producteurs ont profité d'un parcellaire éclaté
sur deux lots pour tester cette innovation sur leur plus petite parcelle et
maintenir ainsi la surface principale en simple culture. Les deux autres ont
réservé deux sous-parcelles
à la double culture (Dl3 et D17). Cette pratique
devrait théoriquement être
la plus courante compte tenu des modalités initiales
d'attribution des terres sur cet aménagement (un lot par attributaire).
. cas 4:
superficie
en double culture
supérieure à 50% de la superficie
disponible sur l'aménagement SAED
Cinq
exploitations se retrouvent dans ce cas,
avec des valeurs allant de
56 à 80%. Pour deux d'entre-elles ce ratio
se trouve augmenter par des prêts à
d'autres paysans. Pour les trois autres on constate l'existence d'autres
activités rémunératrices (décorticage, transport)
ou des superficies hors
SAED
élevées (grandes parcelles sur le Foyer et parcelles privées intégrées ou non à
des Groupements d'intérêt Economique).
Le risque pris est donc relatif par rapport à l'ensemble des ressources de
l'exploitation.
Il n'en est pas moins réel et
dénote chez ces agriculteurs un
besoin d'innover significatif et manifeste par ailleurs (cf. partie III).
Cette analyse demande
à être confirmée au cours des prochaines campagnes.
Cette première
expérience vérifie
cependant une
des hypothèses présentée en
introduction, à savoir la diversité d'intérêt que manifesteront les paysans face
à la double culture, en fonction de leurs stratégies propres.
Dans le cas présent la
multiplication des activités est apparu à
la fois
comme atout et contrainte selon qu'elle diminue les risques absolus
ou augmente
les phénomènes de concurrence. Mais la plupart des producteurs sont restés dans
une expectative prudente, certains réduisant
l'innovation à la riziculture de
saison sèche
chaude mais le plus
souvent involontairement. Les choix faits en
1989 seront donc significatifs des enseignements tirés par les paysans de cette
première campagne.

14
3. Les conditions d'approvisionnement et de crédit
jusqu'en 1987 la SAED assurait l'approvisionnement en intrants des produc-
teurs (semences, engrais,
herbicides, eau) et la préparation du sol sur ses
aménagements. Les paysans bénéficiaient dans ce
cadre d'un crédit de campagne
gratuit.
La situation des organisations de type "foyer" était quelque peu différen-
te: elles devaient pour la plupart dégager un fonds de roulement suffisant
pour
proposer un service équivalent à leurs adhérents. Ce fonds pouvait provenir de
leurs activités productrices comme de financements extérieurs, à travers les ONG
et l'Amicale des Jeunes du Waalo notamment.
Le désengagement de la SAED préconisé
par la Nouvelle Politique Agricole
s'est traduit progressivement dans les faits à partir de l'hivernage 1987, s'est
poursuivi durant la saison sèche chaude 1988 pour devenir pleinement effectif
pendant l'hivernage 1988: outre ses fonctions de conseil aux agriculteurs,
planification et conception d'aménagement, la SAED n'assure plus maintenant que
l'approvisionnement en eau et l'entretien du réseau sous sa responsabilité.
La fourniture d'intrants a été prise en
charge progressivement par le
négoce privé, alors que la SAED liquidait ses stocks. Aucun état exhaustif de la
situation n'est pour
l'instant disponible mais le développement de ce secteur
s'avère dynamique
avec la multiplication d'intermédiaires à Ross-Béthio et
Richard-TO11 et l'intérêt direct manifesté par les maisons de commerce de Dakar.
Cette diversification de l'offre s'est globalement traduite par une baisse du
coût des intrants une fois la circulation de l'information et des échanges mieux
structurée.
Une évolution comparable est en cours
concernant la prise en charge des
travaux mécanisés: préparation du sol
d'une part mais aussi récolte et battage.
Le nombre d'entrepreneurs privés va en s'accroissant alors que certaines
organisations paysannes commencent à acquérir du matériel.
A partir d'avril 1987 la CNCA s'est mise parallèlement en place sur le
delta, puis sur
la moyenne vallée. Elle propose aux paysans des prêts à court
(huit mois) et moyen
terme (deux à cinq ans) aux taux respectifs
de 15 et 20%.
Son activité
s'adresse d'abord à toutes les organisations paysannes de la
vallée,
notamment
les Sections Villageoises SAED et les GIE. Ces derniers
donnent notamment un statut juridique aux associations de jeunes (foyers) qui en
étaient jusqu'ici dépourvus.
Mais au moment
où la saison sèche chaude 1988 se préparait aucun de ces
éléments
n'était pleinement fonctionnel.
De fait aucune des organisations
suivies (foyer de Thilène et sections villageoises de Diawar) n'a bénéficié d'un
crédit de campagne: l'ensemble des intrants a donc été acheté au comptant par
les paysans.
Par ailleurs les circuits d'approvisionnement se sont trouvés perturbés:
les engrais, et notamment le phosphate d'ammoniaque (18-46-O) normalement épandu
en fond, sont arrivés après les semis, le propanil s'est révélé introuvable tant
sur le delta qu'à Dakar.
Cette situation n'a pas été sans influencer profondé-
ment les techniques culturales observées durant cette campagne.

15
Partie III
Les itinéraires techniques observés
Nous avons
repris dans cette
analyse la notion
d’l’itinéraire technique”
développée par M. SEBILLOTTE (1978), défini comme une “suite logique et ordonnée
de techniques appliquées à une culture”. Cette approche prend en effet en compte
les interactions entre opérations et
permet une réflexion globale
s u r l a
conduite de la culture. Néanmoins la clarté de la présentation nécessite au
préalable une
analyse séparée
des différentes pratiques culturales. Nous les
avons regroupées en trois séquences successives:
.
l’installation de la culture, de la préparation du sol au semis et la
remise en eau inclus. Nous tiendrons compte dans cette analyse des problèmes
posés par le précédent (riz d’hivernage).
.
la conduite de la culture, comprenant la fertilisation, la lutte contre
les adventices, d’éventuels traitements phytosanitaires et l’irrigation.
. l’évacuation de la production, recouvrant diverses opérations: récolte,
stockage avant battage (mise en meule), battage, vannage et transport.
1. L’installation de la culture
Nous allons successivement analyser les modalités de travail du sol, de
gestion de l’eau et
du semis durant cette
séquence composée des opérations
suivantes: préparation du sol - mise en eau de la parcelle - semis - vidange -
remise en eau.
1.1. La préparation du sol
La préparation du
sol se caractérise par une faible gamme des techniques
proposées, offsetage simple ou non travail du sol. Cette dernière technique,
testée en
station par l’ISRA, s’est répandue essentiellement à Diawar par le
biais du programme de
Recherche sur les Systèmes de Production mais n’a pas
encore été réellement diffusée par les
structures de Développement malgré
son
intérêt dans certaines situations (NDIAYE, 1988).
L’offset est réalisé en un seul passage de pulvériseur sur un sol sec, à
une profondeur
ne dépassant guère
15 cm. En l’absence de toute reprise cette
opération donne un état de surface motteux et un faible enfouissement des
chaumes.
Sur les deux aménagements suivis le travail du sol a été réalisé en entre-
prise, à Thilène par un entrepreneur privé, à Diawar par
la SAED pour qui ce
type d’intervention est maintenant
exceptionnel. Les dates tardives de réalisa-
tion témoignent de la
difficulté de mobiliser à
temps le matériel, malgré une
rapidité notable d’exécution.
A Diawar la réalisation de la double culture riz d’hivernage - riz de
saison chaude a compliqué par ailleurs la situation du fait des retards accusés
dans le battage du précédent (LE GAL, 1988). Ainsi l’intervalle entre fin du
battage et préparation du sol se répartit ainsi (n=29):
ClSj
15 à 30j
31 à 60j
>6Oj
x
31
17
3 1
21
l

16
De plus 75% des exploitations en situation de double culture n'avaient pas
terminé leurs battages au moment du passage du tracteur. Chacune selon ses
objectifs a libéré une partie de sa surface pour effectuer la seconde
campagne.
Certaines, escomptant un délai suffisant entre préparation du sol et mise en
eau, ont fait travailler des sous-parcelles
non encore battues, mais qui n'ont
pu être cultivées dans la plupart des cas.
,
Malgré tout le non travail du sol a été peu courant: 6 sous-parcelles pour
13% de la suuerficie. Dans un cas seulement ce
choix découle de battages non
achevés lors du passage de l'entreprise (1).
Pour les autres ce choix est écono-
mique et permet
une diminution des charges totales sans incidence significative
sur le rendement (cf. infra).
1.2 Le semis
Toutes les parcelles sont semées manuellement, en prégermé et à la volée,
dans une lame d'eau de 5 à
10 cm. Cette technique rapide suppose une succession
d'opérations associant gestion de l'eau,
semis proprement dit et gardiennage des
parcelles semées.
a. la gestion de l'eau
La succession "mise en eau - semis - vidange - .remise en eau" est la règle
générale mais souffre une exception notable sur les sols filtrants où la vidange
de la parcelle
n'est pas nécessaire: l'assec se
fait alors naturellement après
percolation et évaporation
de l'eau apportée. L'aménagement suivi à Thilène,
d'ailleurs dépourvu de drains, est précisément dans ce cas, ainsi que les
parcelles suivies sur Boundoum Est.
Les modalités de gestion de l'eau, et notamment les dates des opérations,
dépendent du type d'aménagement.
Sur le périmètre de Diawar conçu
à l'initiative de la SAED le mode de
pompage > électrique, et
la taille de l'aménagement imposent une gestion centra-
lisée.
La station de Diawar irrigue
en effet les aménagements de Boundoum
Barrage, Nord et Est soit au total 1175 ha.
Malgré l'existence
d'une commission paritaire organisations paysannes -
SAED,
c'est en dernier lieu
celle-ci qui décide de
la date de mise en eau en
début de campagne.
La durée totale de la mise en eau étant
relativement longue (une dizaine
de jours) l'ordre d'irrigation des parcelles a été tiré au sort dans chaque
groupement de producteurs . C'est finalement ce tirage qui détermine précisément
la date de semis, dans un intervalle étroit égal à une semaine sur les parcelles
suivies. (cf. schéma III.1 et figure 111.11).
Les parcelles ont
été vidangées 5 à 7 jours après le semis pour les
paysans situés sur des sols lourds (Boundoum Nord), et la remise en eau effec-
tuée 3 à 7 jours après cet assec.
(1) Ainsi sur l'aménagement de Pont Gendarme (zone de Lampsar) les paysans n'ont
pas fait travailler
leurs parcelles car les dates de disponibilité du tracteur
pouvaient compromettre toute la campagne en retardant les semis.

17
La position
et la durée de l'assec varient d'abord avec l'aspect du
peuplement végétal, et notamment lors de cette campagne avec l'apparition
d'algues en surface
ayant perturbé la levée. Pour éliminer cette contrainte et
en l'absence d'algicides, les paysans ont multiplié les assecs en début de cycle
jusqu'à atteindre une taille suffisante des
plants. Néanmoins certaines zanes
fortement infestées (parties
basses des parcelles en général) ont rencontré des
problèmes importants de levée nécessitant un resemis ou un repiquage.
La structure du parcellaire représente un second facteur de variation, qui
globalement complique la gestion de l'eau. La création générale de sous-parcel-
les (de 4 à.12 par
lot de 2 à 4 ha) ne permet plus dans 60% des cas l'accès
simultané aux drain et irrigateur (cf. carte 2):
les opérations de vidange et de
mise en eau doivent donc se faire par transvasements successifs avec les risques
inhérents
d'excès ou de manque d'eau pendant
une.certaine période dans un lieu
donné.
Il n'existe par contre aucune contrainte liée à l'approvisionnement en
eau. L'irrigation à la demande, liée à un paiement de l'eau au forfait, est en
effet le principe adopté sur ces périmètres:
la structure du réseau et l'appro-
visionnement permanent
des canaux primaires et secondaires (régulation par
l'aval) permettent aux agriculteurs de gérer leurs irrigations individuellement.
Sur l'aménaeen
Y lent suivi à Thilène, conçu et géré entièrement sur initia-
tive paysanne le pompage s'effectue dans le Lampsar, indépendamment de la S&$D,
à l'aide d'un groupe motopompe diesel.
Le démarrage de la campagne a 'été
conditionné par l'état de lÏappareil et les disponibilités en gas-oil.
La nouveauté de l'expérience et l'existence de nouveaux adhérents à la
fiabilité incertaine ont
exceptionnellement conduit le
Foyer à ne pas fournir
sur son
fonds de
roulement .le crédit de campagne nécessaire à l'achat des
intrants (carburant et engrais). La fourniture de gas-oil s'est donc faite au
coup par coup, chacun cotisant à tour de rôle avec l'épuisement du stock.
Comme sur le périmètre SAED de Diawar la mise en eau respective des
parcelles s'est faite par tirage au sort. Mais la puissance de la pompe et la
structure de
l'aménagement (taille et calibrage des canaux) ont entrainé des
délais plus long et donc un étalement plus
important des dates de semis (15
jours sur l'ensemble des parcelles suivies).
L'intervalle semis - remise en eau est
très variable (3 à 10 jours après
semis)
et dépend de la
situation de la parcelle par
rapport au tour d'eau ,qui
est institué pour l'ensemble de la campagne. En ce sens ce type
d'aménagement
diffère considérablement des périmètres SAED à pompage électrique (voir é,ga-
lement sur ce thème: GUILLAUME, 1989).
b. Les modalités de semis
Si les producteurs ont peu de latitude quant au choix de la date de semis,
il leur revient, à Diawar comme à Thilène, de définir la variété et la dose de
semis. Trois variétés ont été utilisées, réparties ainsi (P.C. de la Superfi:cie
suivie):
IKP
IR97-84
JAYA
Diawar
72
14
14
Thilène
100
Les variétés de cycle court (IKP et IR97-84) ont logiquement été préfériées

18
par les paysans bien que
l'un d'eux ait voulu expérimenter, dans ces nouve,lles
conditions de culture, la JAYA plus tardive mais plus productive en hivernage.
L'IR97-84 est semble-t'il appréciée de certains producteurs pour ses qualités
gustatives, sa plus faible consommation
en huile et sa plus grande
facilitié de
battage, bien qu'elle s'avère moins performante que 1'IRP en hivernage.
A Diawar l'habitudeeen hivernage est de répartir le domaine cultivé entre
2 a 3 variétés: cette pratique s'est retrouvée sur 80% des exploitations suivies
en 1987. En saison sèche chaude la limitation des superficies et la méconnais-
sance des comportements variétaux ont ramené cette proportion à 15%.
Mais cette
multiplicité des variétés
cultivées d'une campagne
à l'autre
entraine des risques
accrus de mélange en
l'absence de pré-irrigation et de
destruction des plantules indésirables. Ainsi sur trois campagnes (hivernage
1987 - saison sèche chaude 1988 - hivernage 1988) et
15 cas la situation est la
suivante (P.C. sous-parcelles):
.
utilisation d'une seule variété: 33% (3 types)
.
utilisation de deux variétés
: 53% (4 types)
.
utilisation de trois variétés
: 14% (2 types)
Les observations visuelles faites lors de la maturation du riz d'hivernage
1988 montrent que la proportion de mélanges tend à s'aggraver avec le développe-
ment de la double culture. Une réflexion sérieuse doit donc s'engager sur ce
thème,
d'autant que la plupart des paysans ré-utilisent ou échangent leurs
propres semences.
Les doses de semis diffèrent nettement entre les villages (fig.III.1):
Diawar
Thilène
moyenne (kg/ha)
127 23
169 7
cv (73
18
15
La faiblesse des coefficients de variation souligne la relative homogéniéi-
té de cette pratique sur un même aménagement.
Les paysans de Thilène justifi;ent
ces fortes doses comparativement à la norme recommandée (120 kg/ha) par les.
risques de
mauvaise levée que leur font
encourir le mauvais planage et la
salinité des parcelles , ainsi que la pression aviaire.
Ce dernier point est particulièrement sensible en saison sèche chaude avec
la faiblesse des superficies
cultivées. Pendant la phase de levée les dég!ts
sont
essentiellement causés par des échassiers,
pour la plupart des chevali(-rs
combattants, peu avant leur départ en migration.
Pour juguler
cette contrainte les paysans assurent donc un gardiennage
Permanent des parcelles du semis à la première
remise en eau: cette
/
opération
mobilise ainsi pendant 10 à 15 jours une à deux personnes. Dans l'état actuel de
nos connaissances il est difficile d'en mesurer l'efficacité réelle.

F i g u r e I I I . 1
Distributiog des modalités de conduite du semis (dose)
Diawaq
c l
et de la fertilisation (dates et doses)
Thilède
llnll
$Parcelles
Parcelles
%Parce1 les
,
6
5
4
3
2
1
0 L-ullFL
z o o o o c
u--J*pIo3c
a : Lose de s.snis (kg/ha)
b : Dose de 18-46-O (kg/ha)
c : Dose totale d'urée (kg/ha)
Qarcelles
8
Parcelles
7
6
5
4
9arcelles
4
9

3
2
1
kg/ha
0
kg ha
kg/ha
zmo,oss,*,
000
-.-l-.-4--~
: Dose du ler apport d'urée
e : Dose du 2nd apport d'urée
f : Dose des 3ème et 4ème apports d'urée
Parcelles
+Parcelles
7
6
5
4
3

2
1
1
0
JAS
0
JAS
c3z:
00 0
U-J
ww r- l-
0
0
0
0
0
Nmdmw
Dose totale d’azote (kg/ha)
h : Intervalle semis - 2nd
i : Intervalle semis - ler apport d'urée
apport d'urée
nombre d'apports 2
.A
..,
.
:. . . . . .
.
. Diawar
. .
d'urée
A Thiléne
3
.
l **
. . .
4
. .
F
I
n
<
I
I
I
0
10
20
30
40
50
60
70
.% N ,au ler apport / N total

20
1.3 Synthèse
Les différentes séquences techniques rencontrées durant cette campagne
sont représentées au schéma 111.1, avec
leurs principaux déterminants. Globale-
ment plusieurs points sont à souligner:
- la date de semis dépend essentiellement de la date de mise en eau de
l'aménagement. Dans
l‘absolu elle est
tardive pour tous les cas observés
puisqu'il est recommandé de semer au cours de la seconde quinzaine de février
(JAMIN, 1986);
- les entrepreneurs privés pour la préparation du sol, la SAED et les
organisations paysannes pour l'irrigation jouent un rôle prépondérant dans le
démarrage de la campagne;
- les opérations sous le contrôle direct des paysans se limitent au non
travail du sol, au choix de la variété et de la densité de semis,
à la réalisa-
tion pratique du semis;
- il n'apparait pas d'interactions nettes
entre les pratiques
analysées
dans cette séquence.
A partir de
ces observations quatre itinéraires peuvent être définis dans
notre échantillon (schéma 111.2), représentant une diversité limitée et qui plus
est très inégalement répartie entre les parcelles et les aménagements. La mécon-
naissance des conditions de culture en saison sèche chaude a clairement favorisé
une harmonisation des modalités d'installation du peuplement
sur
un même
aménagement.
2. La conduite de la culture
Cette séquence
est capitale pour
la détermination du rendement final.
C'est également
durant cette phase que les producteurs contrôlent le plus
directement leurs pratiques, bien que
les organisations paysannes conservent un
rôle prépondérant dans la fourniture des intrants
nécessaires. Nous examinerons
successivement la gestion
de l'eau,
du désherbage, de la fertilisation et la
protection des cultures.
2.1 La gestion de l'eau
Nous n'avons fait aucune observation directe de la gestion des irrigations
et drainages durant
cette séquence. Pour donner des résultats intéressants ce
travail demande en
effet des méthodes particulières
et relativement lourdes,
testées par ailleurs avec le Programme Hydraulique (GUILLAUME, 1989). De la même
manière il est très difficile d'évaluer les quantités d'eau apportées à la
parcelle.
La distinction entre types d'aménagement demeure valable tout au long du
cycle cultural.
C'est ainsi qu'à Diawar l'eau est
toujours disponible dans les
canaux. Le paysan cherche alors
à maintenir une lame d'eau dans sa parcelle,
dont la hauteur ira en augmentant avec la croissance du riz et l'accroissement
de ses besoins. Un assec doit théoriquement
être pratiqué au moment du désher-
bage chimique et des apports d'engrais de couverture.
Le maintien de cette lame d'eau est un moyen de prévenir d'éventuels
remontées
salines, de limiter le croissance des adventices en début de cycle
tout en tenant compte des défauts de planage
les moins marqués. Elle représente
également un stock pouvant tamponner d'éventuelles ruptures d'approvisionnement.

21
Schéma III.1
Analyse de la séquence d'installation de la culture
Entrepreneurs
Battages en cours
,~(ri' d'hivernage)
-l ..,
NON TRAVAIL
Disponibilite
DU SOL
du matériel -
0))
Diminution des
110: 6 au 9-3 11
J
charges
Gestion SAED:
décision centralisée
Structure de
Gestion paysanne:
. état du GMP
Durée de pompage
. disponibilité
quotidienne
en gas-oil
c------
Variété
-
-
-
1
1 SEMIS EN PREGERMEI
Pression
Dose
G
VIDANGE
ABSENCE DE -Sol filtrant
A
VIDANGE
R
D: 5 à 7 JAS
CT)
D1
I \\
EN
Position de la
/
N
parcelle par
\\
A
rapport au drain
GE~
Gestion SAED:
irrigation à la demande
Gestion paysanne ..
tours d'eau
Légende:
Contrôle individuel des techniques
T
: Thilène
D
: Diawar
faible à nulle
GMP: Groupe Moto-Pompe
JAS: Jour Après Semis
c l forte
JAA: Jour Après Assec
m
: valeur modale

2 2
Schéma III.2
Les différents itinéraires techniques
d’installation de la culture
Préparation
Offset
Non travail du
du sol
sol
Date de semis
tardive
moyenne
moyenne
(1)
Cycle variété
court
court
moyen
court
(2)
Densité semis
élevée
moyenne
moyenne
élevée
(3)
Itinéraire
1
2
3
4
% superficie:
Thilène (4)
6 4
(36)
Diawar
7 3
14
13
(1) moyenne: lère quinzaine de mars
tardive : 2nde quinzaine de mars
(2) longueur du cycle (jours) :
hivernage
saison sèche chaude
court
100
120
moyen
120
150
(3) moyenne: < 150 kg/ha
élevée
: > 150 kg/ha
(4) deux paysans ont semé à une densité moyenne, qui les rapprocheraient du cas 2, la
date de semis exceptée.

2 3
De fait ces accidents sont devenus rares avec l’électrification des stations de
pompage. DU coup l’alimentation en eau n’est pas globalement un facteur limitant
de la croissance du riz
sur les aménagements SAED, L’excès d’eau pourrait au
contraire
s’avérer
une contrainte
tant
agronomique
(submersion des jeunes
plants, difficultés de vidange des parcelles avec
l’engorgement des drains)
qu’économique (coût global du poste irrigation).
,
A Thilène l’existence de tours d’eau, des ruptures possibles en gas-oil ou
des pannes de la motopompe, et la perméabilité des sols
augmentent a priori les
risques de déficit hydrique. Durant cette campagne cette situation n’a cependant
pas été observée. Néanmoins la salinité élevée de certaines parties de l’aména-
gement et l’absence de planage ont
entrainé des hétérogénéités importantes de
levée, avec des répercussions sensibles sur les rendements (cf. infra).
Globalement les
consommations en gas-oil
ont atteint 150 l/ha, soit le
niveau supérieur de la norme
SAED. Cette valeur ne donne pas pour autant une
estimation des consommations
à la parcelle, ne connaissant ni les consommations
de la motopompe ni l’intensité des pertes sur les canaux. Leur non-compactage
s u r c e
type d’aménagement sommaire est pourtant à l’origine de nombreuses
fuites.
2.2 Désherbage et fertilisation
a. Les recommendations de la Vulgarisation
Faute de données plus précises l’itinéraire technique conseillé en
hivernage a été reconduit en saison sèche chaude
malgré les conditions climati-
ques différentes. Il se compose de la succession suivante:
. engrais de fond: 100 kg/ha de 18-46-O à la préparation du sol
. désherbage chimique 21 Jours Après Semis (JAS), variable selon les
adventices visées:
- 6 l/ha de propanil contre les graminées annuelles et les
dicotylédones
3 l/ha de basagran ou weedone contre les cypéracées
L’épandage doit se faire en couverture une fois la parcelle vidangée. Ce
désherbage peut être reproduit en cas de nouvelles infestations et
complétée par un arrachage manuel
des ri;i sauvages (Oriza barthii et
longistaminata) .
. engrais de couverture: 150 à 200 kg/ha d’urée en deux apports, au
tallage (30 JAS) et début montaison (45 à 60 JAS selon les variétés).
L’épandage se fait à la volée sur une mince lame d’eau.
Nous allons voir que cette séquence n’a jamais été respectée par les
paysans,
à la fois pour des raisons propres à
ia saison sèche
chaude et des
problèmes plus généraux de programmation de la campagne. Nous examinerons tour à
tour les deux aménagements
suivis, les pratiques observées différant sensible-
ment d’un cas à l’autre.
b. Thilène
La conduite du désherbage et de la fertilisation se caractérise à Thilène
par les points suivants:
. absence générale de désherbage, tant chimique que manuel;

24
. aucune fumure de fond;
. modalités très diverses de la fumure de couverture: nombre d'apports,
dates, types et doses des apports;
. les doses et dates moyennes sont proches des normes recommandées
(tableau 111.1);
. l'efficience très variable de l'azote apporté.
Cette situation s'explique
avant tout par la nature du terrain, inculte
depuis des années. Le stock sans doute réduit de semences a limité considérable-
ment le développement
des adventices du
riz habituelles sur le delta (EchJno-
chloa colona, Jussiaea sp, Sphenoclea zeylanica et cypéracées), rendant inutile
tout désherbage.
La fertilisation a été raisonnée en fonction de plusieurs facteurs:
. la fertilité du sol, inconnue des paysans en l'absence de toute analyse
avant cette première année de culture;
. l'absence de crédit de campagne, chaque paysan s'approvisionnant au
comptant en fonction de ses ressources et de ses besoins;
. une
mauvaise programmation de la campagne entrainant l'absence de
phosphate d'ammoniaque (18-46-O) lors de la préparation du sol.
L'hétérogénéité du terrain, les contraintes éventuelles de trésorerie et
les stratégies propres à chaque producteur ont conduit à une grande diversité
d'itinéraires techniques, à savoir
autant que de parcelles suivies (schéma
111.2)!
L'analyse individuelle , et notamment la prise en compte de la valorisation
de l'azote par la plante, montre que les itinéraires les plus efficients (kg
azote appliqué/lOOkg paddy < 2) recouvrent des pratiques diverses dont les bons
résultats ne peuvent s'expliquer que par une forte contribution des réserves du
sol à la nutrition de la plante (cas A, B et D). En effet l'efficence de l'azote
en milieu tropical suit en moyenne les valeurs suivantes (YOSHIDA, 1981):
- N absorbé / 100kg paddy = 2kg
- N appliqué / 100kg paddy = 5kg
Ces pertes
sont particulièrement
importantes avec l'urée non enfouie
(ATANASIU et SAMY, 1984).
Dans ces différents cas les paysans ont donc su adapté leurs pratiquesaux
particularités de leurs parcelles. De ce fait le fractionnement de l'azote et la
date des différents apports paraissent
avoir été de peu d'importance dans la
détermination des rendements, le sol tamponnant les effets des fumure (figure
111.2). C'est ainsi que les fortes doses d'azote apportées au cas G ont été mal
valorisées, bien que le rendement maximum soit obtenu sur cette parcelle.
Mais le rendement
et la valorisation de l'azote diminuent
sensiblement
lorsque le paysan a mal évalué l'effet d'un facteur limitant non maîtrisable: la
salinité du sol (cas C, E et F).

25
Tableau III.1
,
Modalités de la fertilisation à Thilène
(moyennes)
Date des apports
Doses des apports
Efficience azote
(JAS)
(kgh)
appliqué
ler
2nd
18-46-O
urée
total N
(kg N/Qt paddy)
mqyenne
28
55
90
200
100
299
cv (2)
34
14
26
38
30
82
n
7
5
4
7
7
7
Figure
I I I . 2
E f f f c i e n c e
d e l ’ a z o t e a p p o r t 4 & Thilene
% P a r c e l l e s salbe$
0
1
* b/ha
6 0
7 0
8 0
9 0
1 0 0
110
120 130
140 150
160
Azote total

\\-
/
4 00
s2
0
IV
In
\\
+
a
m
/
\\
$2 alm Ii.- %

-
26
7
‘Q) al
u
FI
W
F
c3

2 7
On peut
enfin s’interroger
sur l’intérêt d’un apport de 18-46-O en
couverture,
associé ou non
à l’urée,
d’autant que cet engrais complexe est
coûteux. Globalement les
observations faites à Thilène soulignent plus qu’ail-
leurs l’importance sur les terrains nouvellement mis en culture, de gérer la
fertilisation en fonction de l’état du sol.
Cette conclusion peut paraitre triviale: il convient cependant d’en
mesurer les conséquences
en terme d’aménagement et de mise en valeur. L’absence
d’analyses de sol avant la création des
aménagements sur initiative
paysanne
concourt
à mettre en valeur des terrains
peu favorables à
la riziculture car
trop salés. Il est parallèlement impossible d’établir un plan de fumure raison-
né:
les économies initiales
se traduisent au total par de nombreuses dépenses
inutiles en eau, engrais et heures de grader, avec des conséquences sur les
comptes d’exploitation collectifs et individuels (cf. partie IV).
c. Diawar
Contrairement
à Thilène les parcelles suivies à Diawar sont Cultiv&es
depuis
une quinzaine d’années et se trouvent dans une situation de double
culture. Mais de la même manière l’absence de crédit de campagne et une program-
mation tardive des opérations ont perturbé les conditions d’approvisionnement en
intrants, avec des conséquences directes sur le désherbage (schéma 111.4).
Globalement celui-ci a en effet été limité: ainsi et chose rare sur cet
aménagement, un quart des superficies n’a recu
aucun désherbage. L’utilisation
des herbicides (weedone et propanil) s’est
réduite à quelques produits vieux de
un à trois ans, souvent non adaptés aux adventices présentes (cas du weedone sur
Echinochloa) et même peu efficaces sur leurs espèces cibles. Par leur faiblesFe,
0,8 à 1,61/ha, les doses épandues ont également
limité l’efficacité de ces
traitements. Enfin l’attente de produits disponibles sur le marché a retardé les
interventions, reportées le plus souvent après le second apport d’urée.
Pour autant les observations effectuées
montrent une faible colonisation
des adventices dans la plupart des cas. Deux raisons. peuvent être évoquées, qui
restent à confirmer sur les campagnes à venir: le bon contrôle de l’enherbement
en hivernage limitant globalement le stock de semences,
et la dynamique diffé-
rente des adventices en saison sèche chaude.
Seconde conséquence de la pertubation des
circuits d’approvisionnement:
l’absence générale de fumure de fond,
les engrais étant parvenus au village
trois semaines après le semis.
Globalement la conduite de la fertilisation peut se caractériser ainsi
(Tableau III.2 et figure 111.1) :
. premier apport de couverture 20 JAS composé sur l’ensemble des parcelles
d’un mélange de 18-46-O et d’urée;
. dose de 18-46-O peu variable et inférieure en moyenne aux recommenda-
tions;
. doses totales d’urée et d’azote hétérogènes mais en moyenne élevées;
. fractionnement important de l’apport d’azote sur la majorité des supe,r-
ficies:
nombre apports
1
2
3 4
X superficie
2
42 45 11

28
Schéma III.4
Modalités de gestion du désherbage à Diawar
Retard
Absence de
Trésorerie
paiement
crédit de campagne
Approvisionnement
difficile
vieux stocks en
4
.ttente
/
Produits
périmés ou
inadaptés
Désherbage
Absence de 1
manuel
(31X)
Efficacité
limitée
IB: les pourcentages sont
calculés sur la superficie suivie.
Leur somme dépasse 100 car
1% des surfaces ont recu un désherbage chimique et manuel.

2 9
. calage du second apport d’urée proche des recommendations faites en
hivernage pour la JAYA:
date second apport (JAS)
<50
51 à 60
>60
% s u p e r f i c i e r
11
60
2 9
. efficience de l’azote
apporté variable mais
en moyenne supérieure
aux
données bibliographiques.
Sur ces bases
(nombre d’apports, dose totale d’azote et date du second
apport)
nous
avons défini 10 modes de
conduite de la fertilisation azotée
(schéma 111.5), dont deux seulement se retrouvent à Thilène (cas A et D). Cette
diversité
souligne l’effort des paysans pour
adapter leur pratiques aux condi-
tions particulières de la saison sèche et notamment au ralentissement de’ la
vitesse de croissance du riz durant le tallage.
Les doses élevées et le rythme du fractionnement en sont un bon exemple
car ils témoignent des corrections
apportées en cours de cycle à
la f ournikure
d’azote. Ainsi l’efficience de la première dose a sans doute été limitée du fait
de sa précocité par rapport aux besoins du riz et des pertes inhérentes à
l’utilisation de l’urée. Or elle représente globalement 45% de l’azote
total
apporté.
De fait les
observations effectuées en
cours de végétation dénotent
des
signes de
carence (riz jaune et chétif) sur
une majorité de parcelles avant-
second apport d’urée. Celui-ci se trouve par ailleurs plus ou moins bien calé
par rapport aux stades initiation paniculaire - début montaison.
Les troisième et quatrième apports viennent corriger des carences tardives
observées avant l’épiaison.
Pour beaucoup elles sont dues à l’hétérogénéité,des
épandages, provoquant,
s o u s l ’ e f f e t d u v e n t frequent à c e t t e p é r i o d e , ’ d e
l’absence de jalonnage et dans certains cas de la faible qualification de la
main-d’oeuvre
utilisée (souvent de jeunes adolescents), des sous-dosages par
poche ou bande au sein d’une même parcelle.
Enfin sur certaines parcelles la prolifération d’algues en surface a
favorisé une densité de peuplement
hétérogène dont les paysans n’ont pas
toujours tenu compte dans le calcul de leurs doses.
Ces différents facteurs rendent
difficiles l’interprétation des rela-
tions fertilisation - rendement (figure 111.3), alors que les efficiences
observés laissent supposer
des apports d’azote
sous d’autres formes (sol,
eau
d’irrigation). On notera cependant que les doses élevées ne se sont pas tradui-
tes par des rendements supérieurs, ce
que les remarques précédentes laissaient
prévoir.
L’analyse des données agronomiques recueillies devrait permettre d’affiner
ce
constat. Mais
l’importance
de la fertilisation dans la détermination du
rendement et le coût des
engrais doivent nous inciter à mettre
l’accent sur ce
problème sous son angle à la fois technique et agronomique (cf. conclusion).
Comme à Thilène on peut de plus s’interroger sur l’intérêt d’un apport de
phosphore en couverture, a fortiori en présence
d’une relation avec la prol)fé-
ration d’algues. Une expérimentation sur ce thème est prévue à Diawar en 1989.

30
,
Tableau III.2
Modalités de la fertilisation à Diawar
(moyennes)
Date des apports
Doses des apports
Efficience azote
(JAS)
(kgha)
appliqué
ler 2nd 3me 4me
18-46-O
urée
total N
(kg N/Qt paddy)
moyenne
20
56
65
77
80
230
120
397
C V
21
13 10 -
23
33
30
38
n
16 21 8 1
16
24
24
29
F i g u r e
I I I . 3
F i g u r e I I I . 4
E f f i c i e n c e d e l ’ a z o t e aFport& à D i a w a r
D o s e t o t a l e d ’ e n g r a i s e t s u p e r f i c i e
Cultiv&e p a r e x p l o i t a t i o n (Djswar)
T/ha
ia
K.
3
M.
D.
J
;
H
.
0)
2
.d
.
L
0
Qa
N.
si 1
Q
0
ha
n
100
2 0 0
3 0 0
E n a r a i s t o t a l

Les stratégies et ressources des producteurs peuvent également influer sur
la gestion globale
de la fertilisation, particulièrement en l'absence de crkdit
de campagne. La figure III.4
montre l'existence de trois cas:
. cas
général: la dose à l'hectare diminue avec l'accroissement de la
superficie cultivée, qui ne dépasse jamais deux hectares. Les quantités épandues
sont donc limitées par les' réserves en trésorerie de l'exploitation;
. quatre
exploitations associent superfices
cultivées et doses
éleviées:
elles
appartiennent toutes
au groupe 4 défini en 11.2.
Ces investissements
dénotent des capacités de trésorerie étendues;
. une exploitation a peu
investi durant cette campagne malgré une
super-
ficie cultivée réduite. Il s'agit
d'une unité de production en pleine évolution
suite au décès de son responsable durant l'hivernage.
2.3 La protection des cultures
Aucune attaque parasitaire n'a été observée durant cette campagne, rendant
inutile tout
traitement. Là encore la
dynamique des espèces en saison sèche
reste
à préciser, parallèlement au développement
de la double culture. Jusqu'à
présent les infestations demeurent limitées même en hivernage.
2.4 Synthèse
Cette séquence présente une diversité plus
importante que la précédente
bien que les
sources de variabilité demeurent les mêmes: environnement écono-
mique,
type d'aménagement, producteur, milieu naturel. Mais leur importance
relative diffère.
Le type d'aménagement conditionne essentiellement pour cette campagne les
modalités
de gestion de l'eau, globalement homogènes dans chaque cas. Cependant
une analyse plus fine à la parcelle pourrait démontrer l'existence de situations
opposées au sein d'un périmètre (cf. étude NDombo, GUILLAUME, 1989).
L'environnement économique a
également
contribué à l'uniformitê du
désherbage et de
certains éléments
de la fertilisation (absence de fumure de
fond, premier apport de couverture à Diawar).
Mais les producteurs ont
joué un rôle fondamental dans la gestion de la
fertilisation azotée, à l'origine de la diversité rencontrée. Deux éléments sont
à prendre en compte: la stratégie et les ressources des exploitations agricoles
définissent le niveau d'intensification mis en oeuvre, la technicité du paysan
l'efficience des apports à travers les choix tactiques effectués.
Ce dernier point s'est
avéré fondamental dans une
situation édaphique
(Thilène) et climatique méconnues des paysans.
C'est ainsi que globalement les
résultats
obtenus
varient
avec la capacité individuelle d'adaptation, aux
conditions de milieu rencontrées:
salinité et fertilité du sol, développement
des algues et levée du riz, températures fraiches et ralentissement de la
croissance ont influencé doses et dates d'apports.
Pour autant la productivité globale
demeure faible (tab. 111.3): compara-
tivement à l'hivernage 1987 l'écart est de 2,8 T/ha sur les mêmes sous-parcolles
à Diawar,
et la dispersion des rendements plus grande. La martrise do la
fertilisation
azotée dans un tel système de
culture parait donc poser de réels
problèmes mais le niveau des rendements maxima dénote des marges de progrès
possibles qu'il conviendra de rechercher.
Nous y reviendrons en conclusion.

I
=I d ‘aJ tl 9-l k
X
r,
32
u G
\\o
l-l
I
h;
h\\D
m
m
m
N
I
-1
-II

4
hl
h(
-
-



1
I
I

3 3
Les pratiques observées ici paraissent peu
liées avec la séquence prké-
dente. Ainsi le non travail du
sol n’a pas favorisé l’enherbement
et n’a donc
pas nécessité un désherbage particulier. Par ailleurs les paysans ne semblent
pas avoir raisonné leur fertilisation
en fonction de la variété employée
ou de
la dose de semis (figure 111.5). Celle-ci ne donne cependant qu’une idée très
imparfaite de la
densité de peuplement à un moment
donné. C’est pourquoi d’une
manière générale les
différents processus de
prise de décision doivent encore
être précisés et feront l’objet d’une étude particulière en 1989.
3. Récolte et post-récolte
Cette séquence est importante à deux points de vue: la détermination du
rendement final, fonction des pertes en cours
de maturité (oiseaux) et de
récolte (égrenage) et
de l’évolution de l’humidité du grain; la réussite de la
double culture avec le respect
du calendrier cultural optimal (semis du r%z en
hivernage).
Les opérations concernées peuvent se regrouper en deux phases successives:
. pré-récolte:
vidange de la parcelle et gardiennage anti-aviaire
. récolte et post-récolte comprenant: coupe, mise
en meule, battage, van-
nage et transport du paddy
3.1 Opérations de pré-récolte
Classiquement les paysans assèchent leurs parcelles une quinzaine de jours
avant
la date prévisible de maturité.
Cet assec s’effectue progressivement sur
les sols filtrants (cas de Thilène) ou par vidange de l’eau en excès sur les
sols plus lourds (cas de Diawar où ce délai a été en moyenne respecté).
La limitation des superficies emblavées en
saison sèche chaude impose un
contrôle des
attaques des
oiseaux
granivores (Quelea quelea, Passer luteus)
pendant la phase de maturation du paddy. Il se r&ume en un gardiennage de la
parcelle effectué par trois ou quatre personnes, généralement des enfants ou
adolescents. Cette opération débute dès l’épiaison et peut se poursuivre jusqu‘à
la mise en meule des gerbes.
Sa durée moyenne s’est élevée à 41 jours à Thilène, 32 jours à Diawar,
avec cependant des variations importantes comme en témoigne la figure III.7 (de
22 à 47 jours pour IKP). Les relations qui apparaissent entre la date de récolte
et la durée du gardiennage ou
l’intervalle vidange-récolte (figure I’II.6)
montrent en fait que les paysans ne peuvent
suivre exactement l’évolution de la
maturité du riz sur l’ensemble de leur superficie cultivée. Ceci tient biein sûr
à un étalement des
récoltes bien supérieur au
semis, entrainant pour une même
date d’épiaison des phases de maturation plus ou moins longues.
L’efficacité du gardiennage
sur la limitation des pertes dues aux oiseaux
est difficile à évaluer en l’absence de comptages des populations présentes ou
d’un dispositif expérimental adapté. Nous les av6ns cependant estimé à l’aide
d’une méthode mise au point à l’office du Niger (l&NIKOWSKI, 1985).
Les résultats présentés
au tableau’III.4 montrent que
ces dégâts sont en
moyenne limités (de l’ordre de 5% de la production présente avant récolte)
avec
des écarts cependant élevés d’une parcelle à l’autre et des pertes sévères dans
certains cas. Il apparait également que les oiseaux tendent à concentrer leurs
attaques sur certaines panicules.

34
Tableau III.3
Moyenne des rendements par village
(T/ha à 14% d'humidité)
,
Diawar
ThiLène
moyenne
393
495
CV
3 2
4 4
mini
192
193
maxi
596
699
n
2 8
7
F i g u r e I I I . 5
Dose totale d’engrais et densit6 de sentis
(Diawar 1
Wha
T
0
.
. IKP
.
.
.
o JAYA
r IR$7-84
A
0
.
.
.
.
. .
.
.
0
100180
100
120
1 4 0
160
c kg/ha
densitb d e
semis

35
3.2 Les itinéraires de récolte et post-récolte
Cette séquence
de l'itinéraire
technique ayant
déjà fait l'objet d'mune
analyse détaillée
lors de la campagne
d'hivernage 1987 (LE GAL, 1988) nous
résumerons notre présentation aux aspects complémentaires ou spécifiques rele'vés
en saison sèche chaude.
'
Parmi les quatre itinéraires identifiés en 1987, trois se retrouvent cette
campagne, avec une répartition clairement établie selon les villages:
. itinéraire manuel (récolte et battage manuels) à Thilène;
. itinéraire semi-mécanisé (récolte manuelle
et battage mécanisé) à Dia-
war;
. itinéraire mécanisé
(récolte à la moissonneuse-batteuse) à Diawar
sur
une parcelle.
a. Itinéraire manuel
Les récoltes ont débuté à Thilène le 19 juillet pour se terminer le 12
août, les battages le 3 août pour s'achever le 7 septembre. Si les délais entre
ces différentes opérations
sont plus courts qu'en hIvernage 1987 (figure III.8)
leur étalement demeure excessif compte tenu de leur calage particulier avec les
pluies. C'est ainsi que la moitié des récoltes et l'ensemble des battages se
sont déroulés après l'installation de l'hivernage.
Plusieurs phénomènes sont
à l'origine de cette situation: tout d'abord le
manque de main d'oeuvre du à la fois à l'absence des habituels travailleurs
saisonniers venant du centre du pays et à
la concurrence avec l'installation du
riz d'hivernage.
Or ces opérations demandent, en technique manuelle, une force de travail
importante (Tableau 111.5) alors que les paysans ont, comme à l'habitude, fait
appel lors des battages
à de la main d'oeuvre salariée. Celle-ci a été fournie
par des personnes du village à la fois moins disponibles et moins nombreuses que
la population saisonnière et plus coûteuses avec la diminution de l'offre
(cf.infra).
Par ailleurs sur cet aménagement les
producteurs se sont placés dans une
situation de simple culture qui ne les a pas incités à rechercher des solutions
accélérant l'évacuation des productions.
Du fait des
conditions climatiques cet
allongement de la phase
récolte-
battage ne s'est pas
traduite par une baisse
sensible de l'humidité du paddy,
égale en moyenne à 18% (figure 111.9).
La production livrée à la rizerie s'est
avérée de très mauvaise qualité: au total le-rendement à l'usinage s'est
trouvé
diminué de 7 à 8 points augmentant d'autant le coût de production du riz produit
en saison sèche chaude (source URIC/SAED).
b. Itinéraire semi-mécanisé
Les récoltes se sont déroulées manuellement à Diawar du 6 au 29 juillet,
uniquement avec la main d'oeuvre
familiale. Conscients du retard pris au moment
du semis et des problèmes posés par l'aménagement pour réaliser la mise en place
de la campagne d'hivernage
dans des délais raisonnables, les paysans ont
recherché une solution collective au problème du battage.

36
Tableau III.4
Evaluation des pertes en grains dues aux oiseaux
péndant la phase de maturation
% panicules
% grains par
% pertes
attaquées
panidule attaqués
totales
moyenne
16,9
23,7
491
Thilène
CV
64
40
92
(n=6)
mini
494
495
Os8
maxi
36,7
31,6
11,6
moyenne
15,4
28,3
594
Diawar
cv
84
69
145
(n=38)
mini
090
090
090
maxi
60,O
71,l
36,8
F i g u r e I I I . 6
F i g u r e I I I . 7
Vdriation d e l a durbe d e glardiennage
V a r i a t i o n d e l a d a t e d e v i d a n g e
a v e c l a d a t e d e rikolt’e
a v e c l a d a t e d e rbcolte
.
.
!O
.
8 .
6.
.
.
.
.
.
8.
.
.
6.
.
I
.
.
.
.
.
.
4,
5 7 9 11
13 15 17 19 21
5
7 9 11
13 15 17 19, 21
D a t e d e rbcolte ( j u i l l e t )
D a t e d e rbcolte ( j u i l l e t )

3 7
En l’absence de main d’oeuvre extérieure et placés en situation de do’uble
culture ils
ont opté pour la
location de deux batteuses à moteur thermi.qu,e du
type Borga, arrivés au village à partir du 25 juillet,
Avec les superficie,s en
place les opérations se sont déroulées jusqu’au 15 août mais la majorité des
parcelles suivies a été battue avant le 30 juillet.
L’apport de main d’oeuvre
nécessaire au battage s’est fait collectivement
au niveau de chaque groupement:
cette solidarité à la fois dans le choix des
solutions et dans leur mise en oeuvre a permis un
resserrement notable des opé-
rations (fig. 111.8) et une installation du riz
suivant à des dates habituelles
à Diawar (fig.III.ll).
Pour autant la qualité du paddy livré à la rizerie ne s’en est pas trouvé
améliorée, Comme
à Thilène les humidités très élevées, de l’ordre de 22% en
moyenne, ont contribué à la baisse du rendement à l’usinage. Il est par ailleurs
probable que la maturité physiologique n’a pas été atteinte dans la plupart des
cas,
les retards
initiaux pris dans le calendrier et l’objectif de double
culture entrainant undéclenchement précoce des récoltes.
c. Itinéraire mécanisé
Afin d’accéler les opérations une moissonneuse-batteuse a été utilisée sur
une parcelle
de JAYA dont l’attributaire est également CO-propriétaire de la
machine.
Cette intervention s’est déroulée tardivement (8 août) pour des
problèmes à
la fois de disponibilité de
la machine et de maturité du paddy. A
cette date la moindre portante du sol due aux pluies a compliqué son utilisation
et son rendement
reste à évaluer dans de telles
conditions d’humidité du grain
(19% sur cette parcelle).
Si les 2,2 ha ont pu être moissonnés dans la journée ce choix variétal et
technique s’est avéré contraignant à
l’échelle du groupement en retardant la
mise en eau d’une partie de l’aménagement. Cette situation souligne l’importance
d’appliquer en
agriculture irriguée et particulièrement en double
culture des
solutions
collectives à certains problèmes posés,
notamment dans la gestionx
calendrier cultural.
d. Synthèse
Nous avons résumé
au schéma III.6 les différents déterminants des moda-
lités de récolte
et post-récolte en saison sèche chaude. Comparativement à
l’hivernage deux contraintes spécifiques sont à souligner:
le temps disponible
pour réaliser les travaux est beaucoup plus court
que l’on soit en
simple ou double culture. Dans le premier cas apparait une
concurrence avec les
travaux d’hivernage, dans le second la nécessité de semer
rapidement le suivant.
Globalement l’arrivée des pluies ralentit la maturation
du paddy et abaisse sa qualité;
. la main d’oeuvre habituellement chargée du battage manuel est absente.
Cette double contrainte et le développement de la double culture supposent
des solutions spécifiques et collectives qui s’inscriront dans une analyse
globale de la gestion du temps et des techniques au sein de la succession
culturale choisie: nous y reviendrons en conclusion mais notons dès à présent
que le passage à la mécanisation réalisé à Diawar lors de cette campagne prendra
une nouvelle ampleur
en 1989 avec l’achat d’une moissonneuse-batteuse par l’une
des Sections Villlageoises.

38
Tableau III.5
Utilisation de la main d'oeuvre et tepps de travaux
pour la récolte et post-récolte manuelles
(Thilène - n=6)
r
Récolte
Battage
Vannage
Total
mise en meule
moyenne (j/ha)
57
91
46
194
cv
30
42
50
27
% total
31
46
23
100
% main d'oeuvre
par opération:
hommes
50
21
25
famille
femmes
16
95
26
enfants
9
3
extérieure
25
79
5
46
Figure III.8
Distribution des intervalles entre récolte et battage
tparcelles
+ Parce1 les
Parcelles
t
7 -
6-
5-
4 -
3-
2 -
1 -
o-
oov>ov>o~~ -
-v-l(v<u zi$
a : Récolte - Hise en ieule
b : Mise en meule - Battage
c : Rkolte - Battage

39
Figure I I I . 9
Distribution des humidit6s.du paddy au battage
,
n
30
25
20
15
10
5
0
Nd acoo
Huaidit ($1
._--.
Figure 111.10
Distribution des longueurs de cyc le et d'occupation des parcelles
. Parcelles
13 -
Parcelles
1 2 -
t
t
1 1 -
1 0 -
9
-
8
8 -
7
7
-
6
-
5
-
4
-
3
-
2-v
1
-
0
T
Es 4.
d.4.44

.-a,4

4.-l.+
.-d
a . durée du cycle (semis-récol te)
b : durée d!occupation du sol (offset-battage)
El Jaya
a IKP Diawar
ull IKP Thiléne

40
far ailleurs les baisses observées du rendement à l'usinage devraient
accroître l'exigence des rizeries
quant à la qualité du paddy produit en sa$s.on
sèche chaude. Cette position
devrait s'avérer déterminante pour l'évolution des
techniques de récolte et post-récolte et déboucher à terme sur la
mise en place
d'une politique de qualité déjà évoquée précédemment (LE GAL,1988).
4. Synthèse
4.1 Calendrier cultural et double culture
La bonne gestion
du calendrier cultural est fondamentale pour la réussite
de la riziculture de saison sèche
chaude comme de la double culture. Dans le
premier cas
il s'agit de caler le cycle de la plante avec les conditsons
climatiques les plus favorables, dans le second d'éviter tout retard dans
l'implantation du suivant. La situation observée
en 1988 est de ce point de vue
riche en enseignements.
Le calendrier cultural global peut se
diviser en quatre phases d'inégale
importance (fig.III.ll). L'installation de la culture est relativement rapide en
elle-même et
s'étale sur une
quinzaine de jours. Deux goulots d'étranglement
sont susceptibles d'apparaitre:
. à l'échelle de l'aménagement dans la gestion du foncier avec la présence
de parcelles de riz d'hivernage encore non battues;
. à l'échelle des exploitations dans la gestion de la main d'oeuvre.
Dans
le système riz-riz il y aura concurrence avec la surveillance des
battages, la
mise en
sac, le transport et la
commercialisation du paddy, dans
le système
riz-tomate avec l'entretien
de cette culture (désherbage et traitements phyto-
sanitaires).
La conduite de la culture s'étale
sur 60 à 70 jours et ne présente par
elle-même aucune pointe de travail particulière avec les superficies cultivées
en
saison sèche Chaude et les temps de
travaux requis. La présence de cultures
maraTchères et surtout de tomate, dont c'est l'époque de récolte, ne devrait 'pas
modifier ce contexte.
La phase de pré-récolte est longue de 40 à 60 jours et se résume au
gardiennage
des parcelles,
opération mobilisant
en permanence deux à quatre
personnes que l'exploitation doit nécessairement fournir, à un moment où
cependant les autres activités culturales sont très réduites.
La récolte et post-récolte s'étalent sur 30 a 50 jours selon les techni-
ques choisies.
Leur chevauchement avec
l'installation du riz d'hivernage iose
des problèmes identiques à ceux rencontrés en début de cycle.
Globalement les conditions climatiques
en début de campagne entrainent un
allongement du
cycle
cultural de
15 à 20 jours par rapport à l'hivernage
(fig.III.lO) dont il convient de tenir compte à la fois dans la planification du
calendrier, le calage des apports d'azote et la recherche d'une humid~ité
optimale du grain à la récolte.
Enfin la durée d'occupation du sol, de l'offset à la libération de la
parcelle pour un éventuel suivant, est bien supérieure encore: de 140 jours à
Diawar à 170 jours à Thilène. Compte tenu des 200 jours nécessaires en hivernage
1987 à Diawar pour
obtenir et évacuer les productions, on mesure la fragilité
d'un système où les parcelles en double culture sont occupées quasiment en
permanence par du riz sur pied ou stocké en meule.

41
Schéma III.6
Les déterminants des itinéraires de récolte et post-récolte
Température en
d&but de cycle
Semis tardif
Allongement
\\ 1 Récoltes tardives, /'le
T: 19-07 au 12-08
D:
6-07 au 29-07
Itinéraire
L
Itinéraire semi-
manuel
c
Main d'oeuvre
insuffisante
Concurrence avec le
Double culture
riz d'hivernage
\\
Pas de double
Location
culture
batteuses
Allongement des délais
de récolte-battage et de
la durée des opérations
.
I
Fin des battages :au
l-30 juillet ! 1
Baisse du rendement
usinage

42
Resserrer le
calendrier cultural sur
l'ensemble de l'année est donc un
impératif majeur pour la réussite de la double culture comme pour la production
éventuelle d'un riz de qualité.
Cet objectif passe par l'amélioration de la
séquence récolte
- battage
- préparation du sol - semis: nous avancerons en
conclusion quelques proposktions d'actions prenant en compte cet aspect.
4.2 Les déterminants des pratiques culturales
Au cours
de l'analyse
séquentielle des pratiques culturales nous
avons
souligné la diversité des choix effectués et tenté d'en définir les origines. De
nombreuses interactions
rendent les mécanismes
en jeu relativement
complexes:
c'est pourquoi leur prise en compte dans un souci opérationnel nécessite de
mieux les structurer . Afin d'alléger la présentation nous nous limiterons à un
exemple tiré des observations faites durant cette campagne. Cette réflexion sera
approfondie au cours de publications ultérieures.
a. Structuration générale
Globalement l'ensemble des déterminants
recensés peut se répartir en deux
groupes:
.
les déterminants collectifs agissent uniformément sur un ensemble
d'agriculteurs et tendent
à homogénéiser leurs pratiques. Ces déterminants
peuvent
eux-mêmes
varier d'un lieu à l'autre: il
convient donc de définir
précisément leurs aires d'influente;
. les déterminants individuels qui sont spéciffques à chaque producteur et
contribuent fortement à la diversité des pratiques en un lieu donné.
Il est rare que l'on puisse définir
une relation directe et unique entre
un déterminant et une pratique: l'analyse des interactions existantes-est donc
un
élément fondamental du diagnostic
des pratiques
et de l'élaboration d'un
conseil aux agriculteurs.
Les déterminants collectifs recensés sont les suivants:
. le village où se définissent la place globale de la culture irriguée
dans les systèmes de production, et la plupart
des éléments du milieu naturel
(climat, grands types de sol);
l'environnement économique qui intervient à travers plusieurs op$ra-
teurs:' SAED, CNCAS, fournisseurs privés de biens (intrants) et de service (méca-
nisation).
Ceux-ci conditionnent-le fonctionnement des filières de crédit, ap-
provisionnement et commercialisation, et l'accès des producteurs aux informa-
tions techniques;
. les organisations paysannes qui remplissent des fonctions fondamentales
et
variables selon leurs
types: fourniture et
gestion des prêts de campagne,
approvisionnement en
intrants, organisation des chantiers mécanisés, cower-
cialisation et paiement du paddy, gestion de l'eau et du foncier.
Leur aire d'influente commune
représente l'échelle d'analyse et
d'inter-
vention
la plus pertinente:
il apparait que l'aménagement hydro-agricole et
l'organisation paysanne chargée
de sa gestion répondent le mieux à ce critke.
Ce niveau sera donc à privilégier dans les actions
tant de Recherche que de
Développement.

61

abeuJa:hIH


c>
L
-w
L
=J
..-l c
a . .. *.* .. CT w. 2 ;t: OJ
E 4 m

44
Les déterminants individuels sont au nombre de quatre:
l'exploitation agricole où se définissent les objectifs et stratégies
globau; en fonction des ressources disponibles (terre, main d'oeuvre,
capital)
et des contraintes percues, qu'elles soient spécifiques ou collectives;
,
.
l'attributaire individuel qui peut être de plusieurs types, avec des
stratégies et
ressources différentes selon
sa position au
sein de l'unité de
production: chef d'exploitation, dépendant marié ou célibataire, femme;
. la technicité des individus qui est un
élément important à prendre en
compte vu la
sophistication et le coût des techniques
utilisées dans le Delta.
Cet aspect demande malgré tout un approfondissement à travers des travaux
spécifiques (cf. conclusion);
. les caractéristiques parcellaires au sein d'un même aménagement: locali-
sation, type de sol (fertilité, salinité et texture), planage, enherbement.
Ce recensement permet de mesurer la multiplicité et la diversit4 de
fonctionnement des facteurs influencant les pratiques culturales. Reste, pour
une meilleure appréhension
des phénomènes, à préciser leurs interactions. Fous
le ferons sur un exemple: la conduite de la fertilisation.
c. Les déterminants de la conduite de la fertilisation
L'analyse globale du
schéma III.7 montre que la conduite de la fertjli-
sation est sous la dépendance de
la plupart des déterminants recensés préc4de-
mment.
Afin de mieux percevoir les interactions entre éléments nous l'avons
scindé en
trois
sous-ensembles d'ailleurs
dépendants:
le choix des types
d'engrais, le nombre et la date des apports,
la dose par apport et dose totale.
Le choix des types d'engrais
est conditionné par les fournisseurs
mais
également les organisations paysannes et la SAED qui programment la campagne et,
pour cette dernière, conseillent éventuellement les paysans.
La programmation de la campagne intervient egalement dans le choix du
nombre d'apport, avec la possibilité d'effectuer ou non une fumure de fond. yais
nombre et date des
apports sont avant tout fonction de
la capacité du paysan à
répondre aux états du milieu et du peuplement rencontrés. Cette technicité peut
être améliorée par l'intervention des conseillers agricoles.
Ces mêmes éléments influencent les doses totale et par apport, en relation
avec les capacités
en trésorerie de l'attributaire.
Celles-ci dépendent elles-
même de la rapidité des paiements de la SAED et de la mobilisation possible d'un
crédit de campagne. Les objectifs et stratégies de l'exploitation sont également
déterminants pour
fixer les sommes investies dans les engrais. Ce facteur s'est
avéré important en saison sèche 1988 en l'absence totale de crédit.
De tels schémas peuvent être construits pour chaque séquence technique.
Ils devront être
enrichis au fil des campagnes et
de l'évolution du contexte
technico-économique dans lequel évoluent les producteurs. Leur association avec
un diagnostic agronomique permettra de cibler précisément les contraintes à
l'amélioration de la production
et d'en faire un véritable outil de conseil aux
agriculteurs ou aux organisations paysannes,
adaptable à la situation de chacun.

Schéma III.7
Les déterminants de la conduite de la fertilisation
Nombre et Dates des Apports
Dose par apport et totale
.
/
Désherbage
Variété
Achats comptants
Disponibilité
Prog2mation
chimique
du produit
de la campagne
Parcelle
HomogénéTté
1
.Fertilité du sol
Trésorerie
c-
L-4
Conseils aux
Qualification
/
main-d'oeuvre
Jalonnage
Paiement
Paysans
Crédit
paddy
de campagne
t
T
Etats
-du peuplement
I
Fonds de
roulement
t
t
SAED
- CNCAS
Technicité
SAED
-
CNCAS Org. Pay.
du paysan
Types et Stratégies
des exploitations
/

-
------
-
---
Village
déterminants collectifs
déterminants individuels

46
4.3 Typologie des itinéraires techniques
Comparativement à
d'autres situations agraires présentant des systèmes de
culture relativement similaires telles que la Camargue (BARBIER et a1.,1987) les
itinéraires techniques observés en saison sèche
chaude 1988 dans le Delta sont
peu diversifiés et s'analysent plutôt comme des varîations autour de l'itinérai-
re modal sui V ant, d'ailleurs différent des recommendations faites par la SAEb:
Installation :
Offset
Mise en eau
Semis en pré-germé à la volée
(variété 'IKP - 120 kg/ha)
Conduite:
Désherbage
ler apport
2nd apport
absent ou limité
engrais:
engrais:
18-46-O + urée
urée
20 à 30 JAS
50 à 60 JAS
40 à 50% total N
Evacuation:
Récolte
Mise en
Battage
manu'elle
meule
manuel ou mécanisé
Cette relative uniformité tient tant
au faible éventail techniaue à la
disposition des
agriculteurs qu'au poids des déterminants collectifs da& la
conduite des opérations
culturales. C'est ainsi que le mode de préparation du
sol, la date de semis, la gestion de l'eau,
les modalités de désherbage et
récolte-battage ont été globalement homogènes au sein d'un même aménagement.
Enfin les
interactions des pratiques entre elles et notamment entre
séquences paraissent faibles
et demandent
à être
approfondies à
travers' des
enquêtes qualitatives. Seul cas significatif, le fractionnement important
de la
fumure azotée à Diawar a été interprété
comme le résultat de corrections
successives
apportées aux
apports précédents en fonction de l'état du heu-
plement.
Sur ces bases cinq grands types ont été définis, prenant en compte les
pratiques culturales suivantes: (les itinéraires techniques précis par parcelle
culturale sont présentés en annexe):
. préparation du sol: offset (OFF) ou non travail du sol (NWS)
. variété: cycle court (CR) ou moyen (MY)
. azote: apport faible à moyen (<120kg/ha) ou élevé (>120 kg/ha)
. récolte - battage: manuel (MN), semi-mécanisé (SMC) ou mécanisé (MC)
Préparation
Variété
Azote
Récolte
Nombre parcelles
du sol
Battage
Thilène
Diawar
1
NWS
CR
qcq
SMC
5
II
OFF
CR
<120
MN
6
III
OFF
CR
<120
SMC
11
IV
OFF
CR
>120
SMC
1*
12
V
OFF
MY
>120
MC
3
* avec battage manuel

47
On retrouve évidemment une distinction nette entre les villages et à
Diawar entre
les exploitations agricoles. Ainsi les unités de production
présentant les superficies
irriguées les plus élevées
et/ou d'autres activités
rémunératrices se
retrouvent pour l'essentiel dans les types IV et V: leur
trésorerie
plus importante
leur permet d'opter pour une stratégie plus in-
tensive, avec
une prise de risque parfois élevée
en l'absence d'un référentiel
bien établi pour cette saison culturale (cas V).
,Le cas 1 est par contre beaucoup plus disparate:
ceci confirme la diver-
sité des
mécanismes conduisant au
choix du non travail du sol. Au vu des
observations effectuées en 1988 les paysans de Diawar ont
d'ailleurs étendu les
surfaces non offsetées en 1989.
Pour autant ces
différents itinéraires doivent être jugés à travers leurs
résultats:
l'analyse économique nous donnera les éléments nécessaires à ce
dernier point.

48
Partie IV
Les résultats économiaues
L'élaboration de budgets
de culture par parcelle culturale permet de
traduire
en termes
comptables la diversité
des pratiques analysées dans la
partie précédente.
Cette transformation des données présente des intérêts
propres:
.
la comparaison de l'itinéraire technique (charges) et du rendement
(produit) peut se fàire sur une même échelle monétaire et faciliter ainsi
l'évaluation de l'efficience globale des pratiques (1);
.
l'analyse des coûts de production permet d'évaluer le poids économique
relatif des différents postes et
complète le
diagnostic
agro-technique pour
mieux hiérarchiser les axes de Recherche et de Développement à privilégier;
.
les producteurs
sont naturellement
très
sensibles
à la
traduction
économique
de leurs pratiques. Ces budgets de
culture sont donc un élément clé
d'un éventuel conseil de gestion.
1. Méthodes de calcul
Les charges de culture ont été calculées sur
la base des éléments présen-
tés au tableau IV.1 (coûts unitaires).
L'offset et l'eau, facturés à l'hectare,
ont
été recalculés
en fonction des superficies
réellement cultivées par les
paysans,
qui peuvent différer
sensiblement des superficies
considérées par la
SAED ou les organisations paysannes (plus ou moins 20% à l'extrême).
Sur les aménagements SAED les irrigations sont facturées sur une base
forfaitaire indépendante des consommations réelles tant des individus que des
mailles hydrauliques. Sur l'aménagement
du Foyer de Thilène les différents
postes sont clairement
calculés, d'abord sur la superficie globale du périmètre
puis facturés aux attributaires au prorata de leurs superficies.
Les semences auto-fournies ont été valorisées au cours officiel du paddy,
les herbicides en fonction de leur prix l'année d'achat (anciens stocks). La
main-d'oeuvre familiale n'a pas été
valorisée; les coûts de la main-d'oeuvre
salariée
ont été suivis précisément sur
chaque parcelle. Son utilisation s'est
limitée aux battage,
mise en meule et vannage mais pour ces
deux dernières
opérations aucune tarification générale n'existe.
La tarification de la récolte et du battage mécanisée s'effectue selon un
pourcentage de la production traitée, celle du battage manuel selon un coût par
sac battu. Le transport des sacs s'est effectué à Diawar avec
le tracteur et la
remorque d'un paysan. Son coût (lOOF/sac) est identique en traction animale
(charrette).
Un certain nombre de postes n'apparaissant pas sur toutes les parcelles,
les moyennes ont
été calculées sur les cas non nuls: dans ces conditions il est
normal que les charges
totales, globale et par poste, soient inférieures à la
somme de leurs différents éléments.
(1) sans pour autant l'expliquer dans la mesure
où l'effet agronomique d'une
pratique doit s'interpréter en
fonction de l'état du milieu et du peuplement
cultivé lors de sa réalisation, eux-mêmes résultats de l'histoire de la parcelle
et de la culture depuis sa mise en place (SEBILLOTTE,1987).

Tableau IV.1
Charges moyennes et coûts unitaires par poste de dépense
Thilène
Diawar
coût unitaire
.moyenne
coClt unitaire
moyenne
I
(1)
(1)
------------------------------------------------------
'réparation du sol (F/ha)
20405
21600
20000
21600
iemences (F/kg et F/ha)
85
14200
85
10900
ierbicides (F/ha)
2000
Propanil (F/l)
1600
Weedone (F/l)
2555
Engrais
( F / h a )
17700
21200
Urée (F/kg)
70
61
18-46-O (F/kg)
85
90
Irrigations (F/ha)
Fonctionnement
Gas-oil
31500
Salaires
8700
Divers
2400
Total
42600
45800
Amortissement
19300
Aménagement
2400
Total
21700
23900
Total
64300
69700
41000
41000
Xécolte-Battage
(X production)
Récolte mécanisée
20,o
20,o
Battage mécanisé
10,o
10,o
Battage manuel
600 F/sac
8,o
Mise en meule
1,7
Vannage
291
293
Transport
100 F/sac
193
Total: mécanisé
20,o
1/2 mécanisé
13,0
manuel
997
@/ha)
Récolte mécanisée
79000
Battage mécanisé
29300
Battage manuel
31400
Mise en meule
9000
Vannage
8200
6600
Transport
3700
Total: mécanisé
79000
1/2 mécanisé
36600
manuel
37500
Charges totales
160200
135000
(CV>
(15)
(31)
(1) calcul sur les cas non nuls

50
Les productions ont été valorisées sur la base de 82F le kg de paddy pour
tenir compte de la ristourne versée par la SAED aux organisations paysannes en
fonction de la qualité du grain livré (taux de déchets). Le plus souvent ces
sommes ne sont pas
retournées aux paysans
mais conservées pour alimenter
leur
fonds de roulement.
Le rendement considéré comprend la production mise en sac, les quantités
prélevées avant le battage principal
et celles utilisées pour le paiement en
nature de la main-d'oeuvre. L'humidité n'a pas été corrigée puisque la SAEP ne
tient pas compte de ce facteur dans la rémunération des paysans. Cette situation
les a désavantagés en hivernage 1987 (LE GAL,1988) mais favorisés cette campagne
compte tenu des humidités observées à la livraison du paddy.
Outre le tableau IV.l, les résultats ont été présentés sous forme graphi-
que à la figure IV.1 et les budgets de
culture détaillés par parcelle ont
été
portés en annexe. La faible taille de l'échantillon a permis une présentation
individuelle des
sept
cas suivis
à Thilène.
A Diawar l'échantillon de 31
parcelles culturales a été regroupé en 9 types tenant compte des itinéra$.res
techniques recensés (cf.III.4.3) et des rendements obtenus:
Type Type
Préparation
Dépenses
Type de récolte
Rendement n
itk éco
du sol
en engrais
et battage (*>
Oh4
1
A
non
< 20000 F/ha
B‘
334
2
1
Bl
non
> 20000 F/ha
B
297
2
1
B2
non
> 20000 F/ha
B
597
1
III
Cl
oui
< 20000 F/ha
B
2,6
5
III
c2
oui
< 20000 F/ha
B
397
4
IV
Dl
oui
> 20000 F/ha
B
2,5
5
IV
D2
oui
> 20000 F/ha
B
433
9
V
El
oui
> 20000 F/ha
MB
390
1
V
E2
oui
> 20000 F/ha
MB
596
2
(*> B: coupe manuelle et battage mécanisé
MB: récolte à la moissonneuse-batteuse
2. Structure des coûts
Les modalités de gestion technique et économique diffèrant entre les deux
aménagements suivis, nous en ferons une analyse séparée puis comparée.
2.1 Thilène
Avec 70000 F/ha et 43% des charges totales le poste "irrigation" est, le
plus important. Il est composé pour un tiers des amortissements, essentiellement
du groupe
motopompe. La structure
sommaire de l'aménagement
réduit évidemment
son coût
mais les économies faites ici pourraient s'avérer illusoires 'sur
plusieurs campagnes du fait des pertes en eau sur
le réseau, de l'absence de
planage, de l'intensité de la salure et de la dégradation rapide des diguettes.
D'ailleurs les dépenses en gas-oil couvrent près de la moitié du coût
total de l'eau,
situation à
rapprocher de
la consommation élevée durant la
campagne (150 l/ha). Des économies substantielles nécessiteraient sans doute,une
nouvelle conception de l'aménagement, avec refonte du parcellaire (abandon des
zones trop
salées)
et du réseau
hydraulique
(diminution et
compactage ,des
canaux).

51
Figure IV.1
Résultats économiques par vil1ag.e
,’
1. Thilène
000 F
A
Charges (F/ha)
150
1 0 0
,
50
0
Tl
T2
13
14
75
16
T7
Moyenne
Foyer
(codes : voir Annexe "Calendrier Cultural par Parcelle”)
1
I
I
Foyer
Légende
a Rdcolte - PeiNt Récolt
cl Eau
cl>: Herbicide
69 Engrais

cl
eI-1 Semences
. .
un Offset
Moyenne
.A : Anénageaent
Foyer
E. : Pièces Détachées
Charges/Produ it
Revenu (F/ha)
-
-
1000 F
80
400
60
Tl T2
73
14
T5 T6
77
Tl T2
T3 T4
TS
76
77

52.
2 . Diawar
a. Charges
1000 F
F/ha
, T/ha
b. Rendement
d. Charges/Produit
70
60
A
Bl
82 Cl C2
Dl D2 El E2
50
c. Revenu (F/ha)
40
30
20
10
0
A
61
82 Cl C2 Dl D2 El E2
A
81
62 Cl

53
Second poste par l'importance (23% du total et 38000 F/ha) la post-récolte
génère uniquement des dépenses en main-d'oeuvre, essentiellement au moment du
battage. Faute d'une offre suffisante les coûts se sont révélés conséquents pour
les paysans:
de 500 à 700 F/sac, pour 350 F/sac en hivernage. Néanmoins ce
différentiel n'était pas tel qu'il
incite la main-d'oeuvre familiale à prendre
en
charge cette opération,
malgré des
superficies cultivées par exploitation
limitées. Il apparait donc que, parallèlement aux éventuelles pointes de
travail,
les paysans répugnent pour la plupart à s'acquitter de cette tkhe
pénible, quitte même à étaler considérablement les travaux en cours d'hivernage.
Les trois derniers postes, offset,
semences et
engrais ne
représentent
donc qu'un tiers du total. En considérant la pr&paration du sol comme une
obligation puisque décidée par
le Foyer, on constate que les paysans ne maitri-
sent individuellement que 20% des charges
totales. De ce fait les variations
observées entre parcelles, de 124000 à 199000 F/ha avec une moyenne de 160000
F/ha, s'expliquent pour l'essentiel par la relation entre coût du battage à
l'hectare et rendement.
2.2 Diawar
La structure des coûts est plus complexe à Diawar avec la diversité
des
itinéraires techniques. Les charges totales varient dans un intervalle de
l à
1,8, et ce pour plusieurs raisons:
. l'absence de travail du sol (A, Bl et B2) permet une économie de 2 a000
F/ha en moyenne;
. les dépenses en engrais interviennent pour une part puisqu'elles varient
selon les types de 15000 à 31000 F/ha et de 12 à 29% des charges totales;
. à
rendement
égal l'utilisation de la moissonneuse-batteuse s'avère
beaucoup plus onéreuse que la batteuse (respectivement 20 et 10% de la produc-
tion traitée);
. pour un même type de récolte-battage le coût
à l'hectare augmente avec
le rendement.
L'absence quasi-totale d'herbicides rend par contre négligeable le poste
"désherbage". Dans ces conditions les charges les plus élevées s'élèvent à
192000 F/ha (type E2), les plus faibles à 109000 F/ha (type Bl) avec une moyenne
de 135000 F/ha, soit 1,6 T/ha de paddy.
L'importance relative des différents postes varie selon les types dans
les
intervalles suivants (P.C. des charges totales):
- offset
: de 10 à 23%
- semences
: de 6 à 12%
- engrais
: de 12 à 29%
(engrais + semences: de 20 à 40%)
- irrigation
: de 21 à 36%
- battage mécanisé : de 17 à 38%
- récolte mécanisée: de 33 à 49%
L'irrigation et la récolte-battage
demeurent les postes les plus coûteux
mais les dépenses élevées
en engrais rééquilibrent
la structure des coûts en
faveur des charges martrisables par les
agriculteurs, qui de plus intègrent ici
la préparation du sol. Les dépenses
en fertilisants sont dues pour un tiers au
phosphate d'ammoniaque, plus cher que l'urée:
ce résultat mérite réflexion au vu
de l'efficience limitée de cet engrais une fois épandu en couverture et du
problème plus global de la réponse du riz au phosphore dans les sols hollalde.

54
2‘3 Synthèse
Globalement les charges totales augmentent de 25000 F/ha quand on passe de
Diawar à Thilène. Pour l'essentiel cette différence est due au coût de l'irriga-
tion, beaucoup plus élevée sur le périmètre du Foyer et comprenant des
dépenses
tant de fonctionnement que d'amortissement.
Bien qu'il
soit délicat de se
prononcer sur un seul
-
cas il apparait que la tarification actuelle de l'eau sur
les aménagements SAED place les producteurs dans une situation privilégiée.
Quelquesoit ses modalités la récolte-battage représente une lourde dépense
pour le paysan, équivalente
voire supérieure à l'irrigation à
Diawar: ce point
vient confirmer les observations faites en hivernage 1987 (LE GAL,1988). Si les
coûts de la moissonneuse-batteuse en entreprise apparaissent démesurés et
dépassés
semble-t-il largement
son prix de revient
(BRUYERE et DOKI-THONON,
1988), il est intéressant de constater les faibles différences de coût en saison
sèche chaude
entre battages
manuel et mécanisé pour un étalement des travaux
bien moindre dans le second cas.
La structure des coûts
est globalement identique dans
les deux cas. Les
charges peuvent se répartir en trois grands types (P.C. des charges totales):
Thilène
Diawar
charges forfaitaires
55%
45%
(offset et irrigation)
charges proportionnelles au rendement
25%
3050
(récolte-battage)
charges modulables par les attributaires
202
25%
(semences, herbicides et engrais)
La faible diversité technique déjà soulignée s'accompagne d'une structure
des coûts très rigide
et fortement influencée par les déterminants
collectifs
des pratiques culturales. La maîtrise laissée à l'agriculteur est globalement
faible mais intéresse les
techniques les plus à même d'influencer
le rendement
si l'on veut bien considérer l'eau comme un facteur non limitant (assuré
uniquement
sur les aménagements SAED. Dans les autres cas les paysans sont
toujours à la merci d'une rupture de gas-oil ou d'une panne de motopompe).
Enfin certaines charges sont manifestement sous-évaluées: c'est le cas de
l'irrigation sur les périmètres SAED, qui exclut l'amortissement et l'entretien
des aménagements, et dans une moindre -mesure de la préparation du sol.
Sur les
bases de calcul présentées par DOKI-THONON et
BRUYERE (1988) l'offset revien-
drait en effet selon l'intensité
culturale de 20000 F/ha (IC=1,5) à 25000 F/ha
(IC-1) pour une organisation paysanne équipée d'un tracteur de 65cv sur 90ha
aménagés.
Globalement il parait donc peu opportun d'effectuer des économies substan-
tielles sur les charges modulables (engrais, herbicides, semences sélectionnées)
qui conditionnent en grande partie le rendement
et
sont limitées
une fois
ramenées
au total des
charges et
au coût des
aménagements SAED:
de2 à4
millions de francs par hectare
soit une dépense supplémentaire
mais rarement
prise en compte de 100 à 200000F par hectare et
par an pour
un amortissement
optimiste sur 20 ans.
3. Productions et revenus
Les rendements et revenus moyens par village sont présentés au tableau
IV.2. Malgré
des charges supérieures les résultats obtenus à Thilène sont
meilleurs qu'à Diawar. Ce constat global illustre
un double phénomène présent
dans chaque village:

55
. la dépendance étroite du revenu avec le rendement;
. l'absence de relation directe
entre rendement et montant des charges,
coût de la récolte-battage mis à part;
Deux facteurs spécifiques à chaque parcelle et individu viennent autrement
dit conditionner le revenu: le milieu naturel à travers le type de sol (fer-
tilité, salinité) et la technicité de l'agriculteur et notamment sa capacité de
moduler
ses techniques en fonction des états du milieu et du peuplement ren-
contrés. Deux exemples appuient parfaitement cette démonstration:
.
à Thilène la parcelle T7 a des charges hors battage équivalentes aux
autres mais un rendement très faible du à une forte salinité. En conséquence le
revenu est négatif et le ratio charges sur produit dépasse 100%.
. à Diawar pour un même type d'itinéraire technique les rendements obtenus
couvrent un éventail de 1 à 2 et les revenus évoluent en conséquence.
On en revient donc à un problème agronomique, d'autant plus fondamental
que les investissements consentis sont élevés tant pour 1'Etat et le paysan, et
que les itinéraires
techniques pratiqués
sont
sophistiqués.
Améliorer la
valorisation agronomique des facteurs de production mobilisés
est donc un
impératif majeur dans un tel système de culture.
La valeur moyenne du
ratio charges/produit vient conforter ce point de
vue: les 51% obtenus sur les deux aménagements dépassent largement le seuil
d'incitation des
paysans généralement admis (30-35X). Encore conviendrait-il de
l'établir plus précisément avec les intéressés eux-mêmes mais de toute évidence
les rendements obtenus en saison sèche chaude sont en movenne tron faibles: des
rendements moyens de 5 à 6 T/ha en saison sèche chaude,
6 à 7 T/ha en hiverna=
sont des
objectifs à atteindre impérativement
avec la structure des coûts
actuelle.
Notons également
que l'utilisation
d'une moissonneuse-batteuse sur des
parcelles de faible rendement, avec les tarifs actuels, augmente très nettement
le ratio charges/produit
(61% en El): le suivi d'une telle machine à Diawar à
partir de 1989 permettra une meilleure évaluation de son prix de revient.
Les revenus
atteints par
exploitation sont loin d'être négligeables en
moyenne et devraient développer l'intérêt des paysans pour la double culture. Du
fait des superficies cultivées plus importantes ils sont plus élevées mais
également plus variables à Diawar qu'à Thilène.
A Diawar la répartition du risque sur plusieurs parcelles culturales a
permis
à certain de tamponner des résultats
médiocres sur une partie de leur
surface. Mais le meilleur-revenu (614000F) revient à la prise de risque maximum:
mise en culture de 2,75ha, dont 2,20ha en JAYA, fortes consommations d'inputs et
récolte à la moissonneuse-batteuse (type V-E2).

56
.
Tableau IV.2
Rendements et revenus moyens par village
Thilène
Diawar
Rendement (T/ha) moyenne
497
3,4
CV
41
31
mini
194
193
maxi
7,3
599
Revenu par'
moyenne
225000
153000
parcelle (F/ha)
cv
59
48
mini
- 13000
1000
maxi
397000
349000
Revenu par
moyenne
161000
199000
exploitation
cv
70
89
09
mini
- 9000
20000
maxi
337000
614000
ChargesfProduit
moyenne
51
51
(X)
cv
51
31
mini
32
26
UBXi
111
99

57
Conclusion et propositions d'actions
Bien que limitée dans le temps et l'espace
cette première approche des
problèmes posés par
la riziculture de saison sèche chaude et par la double
culture est riche d'enseignements susceptibles d'orienter
nos travaux futurs et
d'amorcer certaines actions de développement.
Nous avons déjà avancé
quelques propositions dans une précédente publica-
tion (LE GAL,
1989). Nous les reprenons ici pour les replaçer dans une vision
plus globale de la situation.
1. Double culture
Les observations effectuées en 1988 viennent confirmer le diagnostic
effectué par JAMIN (1986). Avec deux goulots d'étranglement la gestion du
calendrier cultural est apparue particulièrement contraignante. Les superficies
cultivées en double culture ont par ailleurs variées en fonction:
. des choix faits au niveau des organisations paysannes gérant des
aménagements (mettre en eau ou pas);
. au
sein des
aménagements concernés,
des stratégies des agriculteurs,
elles-même dépendantes de leurs contraintes et objectifs propres.
Sur un autre plan les mélanges variétaux sont apparus préoccupants
d'autant que la JAYA, variété de cycle moyen préférée en hivernage du fait de sa
meilleure productivité et stabilité, est d'usage délicat
en saison sèche chaude
où il est préférable de semer des variétés de cycle court.
En tout état de cause
une augmentation des superficies en double
culture
passe par
une diminution des risques liés à cette pratique et donc par un
resserrement du calendrier cultural au moment des récoltes et battages. Plu-
sieurs propositions peuvent être faites à des niveaux divers.
La conception des aménagements devra évoluer de façon à offrir une plus
grande
souplesse aux attributaires.
Pistes d'accès
aux parcelles et
aires de
battage devront être développées mais
dans certains cas une division du périmè-
tre
en deux
soles, respectivement
réservées à
la simple
et double culture,
pourrait s'avérer intéressante. Les avantages espérés sont multiples: meilleur
étalement des
travaux sans
compromettre l'une
ou l'autre
campagne, meilleure
gestion de l'eau, possibilité
d'utiliser des variétés de cycle différent sans
les mélanger d'une
saison à l'autre. Une telle expérience est actuellement
tentée sur la Projet Retail à l'office du Niger (FRANCOIS, 1986).
La mécanisation des opérations de battage, éventuellement de récolte,
parait inéluctable sur de grandes superficies. Parallèlement il conviendra de
diversifier les modalités de préparation du sol en donnant une plus grande place
au non-travail du sol tout en maitrisant ses conséquences sur le plan agronomi-
que.
Ce développement de la mécanisation, déjà sensible dans le deltacchez les
entrepreneurs privés comme les
organisations paysannes, suppose un
investisse-
ment important de la part de 1'ISRA et la SAED en matière de formation, informa-
tion et appui à la gestion des responsables paysans. De telles actions débutent
en 1989 à Diawar '(moissonneuse-batteuse) et Ndombo-Thiago
(tracteur + chaine de
culture), qui devraient permettre une meilleure identification des problèmes en
milieu paysan
et leur solution rapide. D'une façon générale
la création d'une
cellule d'information en matière de machinisme agricole parait être un
minimum
indispensable,
La double culture posant
lobalement un problème de gestion du temps et de
programmation l'appui aux organ fsations
paysannes devra s étendre à l'ensemble

58
de leurs activités: approvisionnement en intrants, commercialisation, crédit,
etc... Dans un contexte où les sommes qu'elles manipulent sont importantes et le
coût du crédit élevé, ce conseil de gestion prendra particulièrement soin du
fonctionnement de la trésorerie et des
possibilités d'accroitre les fonds de
roulement.
Ces différents aspects concernent à
la fois les structures de Développe-
ment et de Recherche.
Mais la généralisation de la double culture est suscep-
tible de poser des problèmes agronomiques
sur le
long terme, dont 1'ISRA et
1'ADRAO devront dès maintenant se préoccuper. Ainsi la dynamique des adventices
sur plusieurs années pourrait induire de nouvelles
conduites du désherbage. Sur
ce plan la situation observée à Diawar en 1988 (désherbage correct en hivernage,
impasse en saison sèche chaude) est-elle ou non systématisable?
De même. l'évolution de la fertilité des sols en double culture demande à
être précisée. Nous avons abordé ce problème avec un essai en milieu paysan mis
en place
en hivernage 1988 à Diawar. Mais plus généralement les plans de fumure
actuels et la réponse observée du riz appellent une meilleure connaissance de la-
dynamique physico-chimique des sols hollaldé sous irrigation.
2. Riziculture de saison sèche chaude
Les conditions
climatiques particulières de la saison sèche chaude
expliquent en partie la
baisse de productivité observée par rapport à l'hiver-
nage et supposent une adaptation des techniques culturales.
L'amélioration variétale tient une part prépondérante dans cette évo-
lution.
Les criteres
à rechercher, en
sus d'une diminution des longueurs du
cycle, comprennent simultanément une bonne résistance aux basses températures de
l'air et de l'eau aux stades levée et tallage,
ainsi qu'aux températures élevées
à la floraison. En effet les observations agronomiques faites en 1988 expliquent
la médiocrité des
rendements moyens
par un fort
taux d'avortement des fleurs
(30%) alors que leur densité était tout à fait correcte (26000/m2).
La conduite de la fertilisation azotée est également à améliorer en se
calant sur la croissance et le développement du riz plutôt que se sur
le nombre
de jours
après semis.
Il est en effet difficile de conseiller des valeurs
standard
avec des comportements
climatiques plus aléatoires
pendant cette
saison (températures notamment).
Parallèlement les apports de 18-46-O en
couverture sont à déconseiller tant pour leur efficience douteuse que leur effet
probable sur le développement d'algues en surface. Pour plus de certitudes nous
avons mis en place un essai sur ce thème en 1989 à Diawar.
La dynamique des adventices en saison sèche chaude par .rapport au riz
demande également à être précisée. Enfin les consommations en eau devraient être
connues plus précisément. La conception des aménagements complique malheureuse-
ment les
méthodes d'estimation à la parcelle, alors que la tarification for-
faitaire de la SAED sensibilise peu les paysans
à l'utilisation rationnelle de
ce facteur de production pourtant coûteux.
3. Une problématique générale: l'aide à la décision
Aider les agriculteurs
à prendre les décisions
techniques et économiques
adaptées à la diversité de leurs situations représente une fonction fondamentale
des structures de Recherche et de Développement. L'analyse des pratiques
culturales telle que nous l'avons amorcée permet de dégager des axes d'interven-
tion dont nous n'exposerons ici que le cadre général.
La conception actuelle de l'irrigation donne une importance égale aux
déterminants collectifs et individuels dans les décisions prises par les
agriculteurs.
Parmi les premiers l'organisation
paysanne est un
élément fon-
damental,
intermédiaire souvent
obli gé entre l'individu et
son environnement

59
économique. Il est donc indispensable de privilégier ce niveau dans toute
intervention et
de mieux
connaitre son fonctionnement socio-économique: des
propositions ont été avancées ci-dessus qui s'inscriront dans le cadre d'opera-
tions de conseil de gestion.
Mais l'analyse des rendements obtenus
montre une certaine diversité
pour
un même aménagement et groupement. Chaque individu possède une certaine liberté
dans la conduite d'opérations-clé de l'itinéraire technique. Ceci implique une
meilleure connaissance de leurs stratégies de production au sein de leur système
d'exploitation,
et de leur technicité. Ce dernier élément demande à être précisé
pour une meilleure efficience des conseils apportés.
Certaines
recherches menées par des
équipes françaises dégagent un cadre
méthodologique permettant de mieux appréhender ce problème (SEBILLOTTE et SOLER,
1988). Il s'agit de déterminer les objectifs,
règles et représentations guidant
l'agriculteur dans ses prises de décision, pour déboucher sur, l'élaboration de
modèles d'abord individuels puis général.
Cette démarche peut s'appliquer à des
actes techniques (fertilisation, désherbage, gestion de l'eau, etc...), voire
s'étendre au fonctionnement global des exploitations agricoles.
Ces opérations
doivent s'accompagner d'une meilleure connaissance des
mécanismes d'élaboration du rendement des espèces cultivées,
de façon à définir
des états
agronomiques
"absolus",
basés
sur des
référentiels
adaptés ,aux
situations naturelles rencontrées. Le diagnostic et la définition des conseils à
apporter se fait alors en comparant les états obtenus au champ par l'agriculteur
à ses états "objectifs“ et l'absolu agronomique susceptible d'être atteint.
La nature des techniques
mises en oeuvre et le coût global de la culture
irriguée dans le Delta nous paraissent favorables à une telle approche, d'aut,ant
que les paysans ont
une expérience encore récente
de ces systèmes de culture.
D'ores et déjà plusieurs actions ont été lancées en 1989, dont la mise en Pl;ace
durant l'hivernage d'un réseau de
fermes de référence sur lequel seront expé.ri-
mentées des méthodes de conseil de gestion technico-économique.

60
Bibliographie
N.ATANASIU, J.SAMy,
1984. Le riz.
Utilisation efficace des engrais. Centre
d'Etude de 1'Azote.
J.M.BARBIER, J.C.MOURET,
M.SANON, 1987. Etude des itinéraires techniques de la
culture du riz en Camargue. Analyse agronomique et étude des relations avec les
types d'exploitation. INRA-LECSA.
J.DOKI THONON, G.BRUYERE, 1988. L'incidence de la mécanisation en milieu paysan
sur le revenu des producteurs. Communication aux journées d'études sur le Crédit
Agricole dans la Vallée du fleuve Sénégal. SAED.
G.FRANCOIS, 1987. Intensification rizicole,
sécurisation foncière et
organisa-
tion paysanne à l'Office du Niger: l'approche du Projet Retail. Cahiers de la
Recherche-Développement n014-15, p.132-139.
P.GUILLAUME, 1989.
Diagnostic de la gestion de l'eau sur un périmètre gravi-
taire:
NDombo, hivernage 1988. Propositions pour
une meilleure valorisation de
tels périmètres. ISRA.
J.Y.JAMIN, 1986. La double culture du riz dans la vallée du fleuve Sénégal:
mythe ou réalité ? Les Cahiers de la Recherche-Développement n"12, p. 44-55.
P.Y. LE GAL, 1988. Situation et problématiques de la récolte et post-récolte du
riz sur le delta du fleuve Sénégal. ISRA.
P.Y.
LE GAL, 1989.
Double culture et
riziculture de saison sèche chaude.
Présentation d'une étude de cas dans le Delta du Fleuve Sénégal (Diawar).
Communication présentée à l'Atelier sur
"la problématique de la double culture
et
ses implications pour
la vulgarisation agricole". NDIAYE/CNAPTI. 23 au 25
Janvier 1989.
S.MANIKOWSKl, 1985. Evaluation of bird damage to mature rice. FAO Plant Prot.
Bull., Vol.33 n"3, p.90-98.
M.NDIAYE, 1988. Note sur le non-travail du sol en riziculture irriguée. ISRA.
M.SEBILLOTTE, 1978.
Itinéraires techniques
et évolution de la pensée
agrono-
mique. C.R. Acad. Agric. Fr., 64 (111, 906-914.
M.SEBILLOTTE,
1987.
Les démarches de l'agronome en situations paysannes.
Eléments de réflexion. Communication présentée au "4th Thailand National Farming
Systems Seminar". Prince of Songkla University, Haad Yai, Thailand. 7-10 Avril
1987.
M.SEBILLOTTE, L.G.SOLER, 1988. Le concept de modèle général et la compréhension
des comportements de l'agriculteur. CR. Acad. Agric. Fr., 74, n"4, p.59-70.
O.TOURE, 1988. Analyse descriptive des exploitations agricoles de Thiago. ISRA.
S.YOSHIDA, 1981. Fundamentals of rice trop science. IRRI.

61
Annexes
1. Itinéraire technique par parcelle culturale
2. Calendrier cultural par parcelle
3. Budget de culture par parcelle culturale

tinéraire technique par parcelle culturale
1 . Thilène
2. Diawar
I
I
I
Code Parcelle
T 31
1 3 2
T 33
1 3 4
T 35
I
No Exploitation
1 0 1
103
105
109
110
~
No Parcelle
3 0 1
2 0 1
3 0 2
3 0 1
3 0 1
NU Sous-parcelle 1
1
1
1
1
1
Périinotre
Foyer
Foyer
Foyer
Foyer
Foyer
Foyer
Foyer
BE
Groupement
III
III
III
III
III
III
III
Superficie (ha)
0.91
0.85
0,44
0,53
0,67
0,94
0,73
1.0
Date Offset
I 16103
16 103
16/03
9/0
Date Mise en Eau
I 17103
26103
1104
Date Semis
20103
22103
25103
31/03
3104
31/03
4/04
Dose
l'
1 8 8
192
1 8 9
1 8 6
(kgha)
143
149 ( 136 v 1
117
1 120 j
Variété
IKP
IKP
IKP
IKP
IKP
IKP 1
IKP
IKP
IKP
Date Désherbage chmq
\\
Produit
Dose (l/ha)
Début Désherbage man
Fin
II
II
\\
26104
1 0 7
2nd Engrais COU~.
2106
Date
Dose urée
107 1 136 1 A 72 1 150 1
v
I
I
I
3èm Engrais COU~.
Date
Dose 18-46-O

1,
urée
113
-
74
-T8
v
1 72
1
100
1
352
1 1 3
1 8 9
148
214
204
1 9 2
3 3 3
22106
22106
23106
28106
23106
28106
14/06
14106
27107
19107
29107
31107
19107
31107
16107
16/07
3 /08
3108
12/08
12108
5108
5108
29107
20107
Man.
Man.
Man.
Man.
Kan.
Man.
Man.
Man.
13108
3/08
16/08
24108
12/08
14/08
15/08
27107
Fin
l1
15109
28108
14/08
7109
7109
Type
II
Man.
Man.
#an.
Ban.
Man.
28 39
1266
2973
3709
Rendement 14%
5875
II
Pesée
6 102
Humidité Pesée
17,2

Itinkra'iretachnique par parcelle culturale
Diawar (suite)
Code Parcelle
098
05
Dl0
011
No Exploitation
312
303
315
314
N” Parcelle
198
102
101
101
No Sous-parcelle
I
1
l - 2 ,
1
2
3
4
5
1
2-3
4-5
Périmhtre
B
N
BN
BN
BN
Groupement
1
1
1
1
I
Superficie (ha)
/
O*S3
0,25
0,55
0,69
D,44
0,48
0,38
0,56
0,56
0,50
l
Date Offset
6/03
6103
6103
6/03
Date Hise en Eau
9/03
1 OI03
9103
1 OI03
~- ~~~
Date Semis
12/03
12/03
12/03
Dose
l'
(kg/ha)
102
175
137
I
117
115
I
131
I
122
112
1
::i"" 1
87
1
Variété
! IKP
IKP
IKP
IKP
Date Désherbage chaq
5/05
4105
Produit
Weedone
Weedone
Dose
(l/ha)
1,2
1,3
Début Désherbage man
Fin
II
II
ler Engrais COU~.
Date
I/D4
31/03
2104
Dose 18-46-O
90
89
1,
urée
90
89
I
101 101
I
94 94
101 101
2nd Engrais COU~.
Date
29104
12105
13/05
Dose urke
113
99
134
3èw Engrais COU~. \\
n
Date
23105
23/05
Dose 18-46-O
\\I
1,
urée
3 9
100
\\
I
\\
4èm Engrais couv.
Date
Dose urke
~
Dose totale 18-46
104
95
90
89
101
94
101
101
101
urke
I 90203 208 233 228 227 239 232 335 235 235
Début Gardiennage
15106
16106
8106
12106
Oébut Récolte
9107
13107
24107
13107
22107
13107
17107
12/07
13107
1 OI07
Fin
11
10107
17107
26107
16107
24107
14107
19/07
13107
16107
17107
Type
lt
Han.
Han.
Nan.
Man.
Début Battage
23107
23107
28/07
28/07
Fin
l'
23107
23107
28107
28107
Type
"
Héca
Héca
Méca
MCca
Rendement 14%
3467
2879
3984
3791
4150
4395
3964
1758
3319
3530
v
Pesée
/ 3709
3266
4283
4075
4461
4725
4261
1880
3550
3779
Humidité
Pesée
19,6
24.2
20.0
19.6

Itinéraire technjque par parcelle culturale
016
Dl 8
1
2
3
4
l-3
4
I
BN
BN
2
2
I Superficie (ha) ( 1,23 1 0,67 1 0,46 0,89 0,86 0,46 0,55 0.53 0,22
Date Offset
)--7/03 1 NWS ( 7/03
7103
7103
7103
NWS
7103
NWS
I Date Mise en Eau 1 11/03 1 14/037111/03
10103
10/03
13103
I
12/03
128 1 128 1 128 1 153 1
Jaya 1 Jaya 1 Jaya 1
IKP I
IKP
25104
27104
29104
ler Engrais COU~.
Date
4104
3104
29103
1104
2104
Dose 18-46-O
61
45
66
68
68
64
94
'1
urée
81
45
1 1 0
68
68
82
134
2nd Engrbis COU~.
Date
14/05
5105
16/05
3105
4105
4105
5105
5105
Dose urée
81
90
10 g
140
174
250
145
94
/
7
4èn Engrais COU~.
'
Date
Dose urée

\\
7
Dose totale 18-46
6 1
45
66
90
90
68
64
94
urée
162
90
219
310
344
334
227
228
Début Gardiennage
12106
16/06
7106
13/06
12/06
Début Récol te
6107
22/07
10/07
8108
10107
!J/O7
I Fin
'1
1 13/07 1 241071 17/07
El08
13107
13107
Héca
Man.
Man.
I Type l1
1 Méca 1 Héca ] Héca
Rendement 14%
3404
3027
3553
II
Pesée
3641
3238
3800
Humidité Pesée
19,6
19,6
19,6
Il

C a l e n d r i e r C u l t u r a l p a r P a r c e l l e
0
-
1. Tbil&ne
m
..-a.u
5
Q>
z
.4
z:
u
22
0
2
Mars Avril
Mai
J u i n
Juillet
Août Sept.
Rendement
(T/ha)
.
2 k h
wcLv>
\\o
30
39
1p 20
xj
10
20
30
10
20 30
10
2 0
30
‘?
2p 39
1
2
3 4
5
6
I
t
I
1 101 301 90
Q
‘b
‘cl
?i
R
I
4 ml.
1
. . .
. - . ., . -
2 103 201
‘fi
‘cl
81
61
0.85
r
1
Ill‘ cl tyJB
I
1
3 105 302 3.44
. *. . . . -. . . 1
-4*.*
Légende :
Ii@ offset
*
# Resemi s
QI Mise en eau
Gardiennage
c l
ha Vidange
lzl 18 -46 -0
El1.1 Récolte
n
5 Urke
1.1 R é c o l t e mécaniske
c
l
c Mise en meule
q
El Désherbage manuel
;: Battage
c
l
an
n
Désherbage chimique
l : Battage mécanisé
El

Ii.
Est


_
Boundohn
Nord
-

Groupement


1
Boundk
-ùT
0-J
si
4 8
Nord
*
0
4 ô
1981
-

Qi
Gr&p&ent
2

Budget de culture par parcelle culturale
(F/ha)
1. Thilène
Code Parcelle
131
T32
133
734
T35
T36
T37
Offset
20302
24005
21652
24388
20424
20270
20530
Semences
11050
15980
16312
16125
15875
12712
11557
Engrai\\s:
18-46-O
9750
9596
6350
5778
Urée
10500
23470
7338
13280
9413
14421
13936
Total
20250
23470
16934
13280
15763
14421
197J4
Rkcolte - Post Récolte:
Main d'oeuvre: Meule
8680
9257
Battage
44850
41176
39102
41169
31376
14956
7410
Vannage
8151
9257
7270
Total
44850
58007
57616
41169
31376
22226
7410
Redevance en eau:
G a s - o i l , h u i l e , s a l a i r e s
43090
50629
47189
51924
41159
43692
42821
Amortissement: GHP
19898
23529
21223
23904
20021
19870
20122
Amenagent
2764
2941
3387
2845
2241
2671
2039
Total
22662
Total
26470
24610
65752
26749
22262
22541
22161
77099
71799
3
Charges totales
162204
198561
184313
173635
146859
135862
124193
Produit total
500364
595484
462316
476010
312420
243540
111602
Revenu
338160
396923
278003
302375
165561
107678
-12591
Charges / Produit (%)
32
33
40
36
47
56
111

. Diawar
1
Code Parcelle
D22
D24
Dl
.
DZ
03
D'
099
D98
Dl1
NO Sous-parcelle
l-3
1
r
l-
5
6
7
Ic l-2
l-2
1
2
2
3
1Qrl
1
2
-
3 4-5
Offset
19658
20403
19250
19250
-
19250
35G
24081
22506
22506
22506
23186
3575;)
3 57F
357 il2
Semences
9898
10200
9088
9088
9088
10200
12070
8947
8947
9010
14875
14875
8670
9520
9520
7395
Herbicides :
Propani 1
-
Weedone
2292
2420
611
2180
2058
3963
1040
3430
3430
3430
Total
-
2292
2420
611
2180
2058
3963
1040
3430
3430
3430
-
-
-
-
-
Engrais :
18-46-O
6468
8970
5641
5641
5641
8970
7176
7081
7081
8462
8462
8462
8154
9030
9030
9030
Urée
11731
20333
8376
11038
10004
13200
17080
10702
4815
22684
22684
17779
12477
20435
14335
14335
Total
18199
29303
14017
16679
15645
22170
24256
17 783
11896
31146
31146
26241
20631
29465
23365
23365
Récolte - Post Récolte
Moissonneuse-Batt.
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
Batteuse + Transport
32616
40792
3 7540
21691
33948
13029
13622
27502
19468
22331
22331
22331
35086
17233
34089
32968
M.O. Vannage
6647
4500
4069
4069
40 69
3284
13622
7078
7078
6343
6343
6343
7602
3284
3284
3284
Total
39263
45292
41609
25 760
38017
16313
27 244
34500
26546
28674
28674
28674
42688
20517
37373
36252
Redevance en eau
42513
42513
4075 1
42300
39 906
39 906
3 9906
42513
61418
35955
35955
35955
35955
35955
47829
42513
Charges totales
127769
147498
123870
110683
121906
129227
139069
122191
106461
106965
112708
132214
144044
141184
151940
148694
<., ._
Produit total
2 75356
325294
29 7988
139236
258792
175890
217956
270026
107174
221974
221974
221974
304138
154160
291100
309632
Revenu
147587
177796
174118
2 8533
136886
46663
78887
147835
713
115009
109266
89760
160094
12976
139160
160938
Charges / Produit
46
45
42
79
47
73
64
45
99
48
51
60
47
92
52
48
(*) Superficie offsettke sur l’exploitation supérieure A la superficie cultivée.

Itinéraire technique par parcelle culturale
Diawar (suite)
Code Parcelle
Dl
D2
D3
D4
313
312
312
102
102
199
l-2
1
2
1
2
3
Périmhtre
BN
BN
BN 1
BN
I
BN
I
1
6103
Date Mise en Eau
10/03
12103
11/03 1
10/03
I
I
10/03
Date Semis
12/03
13103
Dose
II
(kg/ha)
107
120
Variété
IKP
IKP
Date Désherbage chmq
4105
Produit
\\l 12105
9/05
Weedone
Weedone
Weedone
D o s e (l/ha)
099
Début Désherbage man
1105
Fin
1,
11
15/05
\\
ler Engrais COU~.
Oate
1104
2104
Dose 18-46-o
63
100
i
30/03
81 81
1104 79 79
1104 142 94
11 urée
63
100
2nd Engrais couv.
Date
10/05
8105
10/05
8105
Dose urde
74
119
100
100
3èm Engrais COU~.
Date
Dose 18-46-o
II
urée
\\
4èm Engrais COU~.
Date
Dose urée
Dose totale 18-46
163:
182
63
urée
163
Mbut Gardiennage
15/06
12/06
12106
15/06
15106,
Début Récol te
12107
14107
18 107
20107
22107
19107
20107
15107
15107
12/07
Fin
(1
15107
17107
21107
20107
22107
20/07
20107
16107
15/07
13/07
Type
(1
Man.
Man.
Début Battage
24/07
22107
Fin
Il
24107
22107
Type
"
Méca.
Béca.
Rendement
14%
3233
1510
2807
1995
2343
2991
I
1187
2531(*)
t*
Pesee
3634
1698
3156
2145
2658
3293
1307
2707(')
Humidité
Pesee
23.5
ac
24.2
21.9
19,6;
d
(*) 11 nIa pas Jc;i possible de relever les productions par sous-parcelle.

2. Oiawar (suite)
No Sous-parcelle
1
1
I
1
I
2
Offset
21232
239:;)
2396;)
16413
18493
18493
18493
-
19438
-
I
Semences
14875
11645
9945
10366
12687
13620
10880
10880
10880
13005
11257
11257
I
- I - -7-f-T
660
-
-
-
-
l 650
660
-
E n g r a i s : :
18-46-O
9344
8521
8073
7983
5920
8164
8126
Urée
'.
'
12708
14213
13908
13847
6710
18300
20524
Total
.
22052
22734
21981
21830
12630
26464
28650
Récolte - Post Récolte
-
-
Moissonneuse-8att.
-
-
-
84027
104350
Batteuse + Transport
28192
35591
30274
36228
40688
31988
44511
-
-
M.O. Vannage
7048
5360
5630
5630
5630
5630
13597
2011
2011
Tot.al
1 35240 1 41051 1 35634
41588
46048
37348
44511
84027
104350
48772
47590
47732
47737
1
Redevance en eau
41821
34023
41124
41124
41124
41124
40013
40013
( 44017 1 41821 1 41621
41821
41821 I
148277 1 121323 1 140848 ( 121500 1
1
Charges totales
137416
144248
136378
142011
149640
139120
I
_.
Produit total
267812
351206
334150
365802
387450
3494 02
245426
245426 1 299218
299218 / 453 2141 470926
453 214 470926 /
/
Revenu
130396
20695 8
197772
237810
210282
-~19&.03 1 2 5 3 1 9 8 1 285961 ( 971141 1778:: / 31231: 1 3494;j
223791
+
Charges / Produit 1
51 I
411 41
39
39
42
42
(*) Superficie offsettke sur la parcelle supérieure à la superficie cultivée.