Institut Sénégalais de Recherche Agricole ------...
Institut Sénégalais de
Recherche Agricole
------
Département de Recherche
sur les Systèmes Agraires
et 1'Economie Agricole
----em
C.B.A. de Saint-Louis
---w--
Programme de Recherche sur
les Systèmes de Production
du Delta du Fleuve Sénégal
------
SITUATION ET PROBLEMATIQUES DE LA RECOLTE ET
POST-RECOLTE DU RIZ SUR LE DELTA DU FLEUVE SENEGAL
Pierre-Yves LE GAL
Juin 1988
(*) Agronome DSA/CIRAD détaché à l'ISRA-Saint Louis

i
Sommaire
Introduction: les objectifs de l’étude
Partie 1 : Matériel et méthodes
3
1. Méthodes d’enquête
3
1.1 Le suivi des récoltes et battages
3
1.3 Mesure de l’humidité
3
2. Echantillonnage
5
2.1 Présentation des deux sites enquêtés
5
2.2 Structure de l’échantillon
7
Partie II : Récolte et post-récolte: analyse des pratiques
1 0
1. Les différents itinéraires de récolte et post-récolte
1 0
1.1 L’itinéraire manuel
1 0
1.2 les itinéraires semi-mécanisés
13
1.2.1 Les batteuses
13
1.2.2 Moissonneuse-batteuse à poste fixe
16
1.3 L’itinéraire mécanisé
16
2. Le calendrier des opérations
18
2.1 Analyse globale
18
2.1.1 Thiago
18
2.1.2 Diawar
20
2.2 Quelques facteurs de diversité
2 2
2.2.1 Le groupement
22
2.2.2 L’exploitation agricole
23
2.3 Conclusion
26
3. Conséquences et problématiques
26
3.1 La réussite de la double-culture
2 6
3.2 Analyse des coûts
28
3.2.1 Comparaison des différents itinéraires de
28
récolte et post-récolte
3.2.2 Un problème général: l’ensachage
30

ii
pajge
3.3 La qualité du paddy
3 2
3.4 L’évaluation des rendements
33
Conclusion générale
3 5
Bibliographie
3 %
Annexes
3 9

.
Liste des tableaux
page
1.1
Structure de l’échantillon
9
II.1 Caractéristiques techniques des itinéraires
11
de récolte et post-récolte
II.2 Dates de début et fin des récoltes et battages
19
II.3 Etalement des récoltes et battages par exploitation
2 4
II.4 Analyse comparée des coûts de récolte et post-récolte
2 9
II.5 Bilan économique du conditionnement en sac à Diawar
31
Liste des figures
1.1
Répartition unitaire des superficies par sous-parcelle
9
II.1 Calendrier global des opérations de récolte et post-
19
récolte
II.2 Répartition des intervalles entre opérations
21
II.3 Etalement des récoltes et battages et production
24
totale de paddy par exploitation
II.4 Variation de l’humidité du paddy avec le temps
3 4
Liste des cartes
1
Situation générale des sites enquêtés
2
Situation du village de Thiago
Liste des schémas
1
Observations effectuées de la récolte au glanage
4
2
Structure des parcelles et double culture
2 9
sur l’aménagement SAED de Diawar
3
Cheminement des sacs de la parcelle à la rizerie
31
.

iv
Liste des abréviations
css
: Compagnie Sucrière Sénégalaise
GIE
: Groupement d’intérêt Economique
JICA
: Japenese International Cooperation Agency
S A E D
: Société Nationale dIAménagement et d’Exploitation des Terres
du Delta du Fleuve Sénégal et des vallées du Fleuve Sénégal
et de la Falémé
SDRS
: Société pour le Développement de la Riziculture au Sénégal
SUMA
: Section d’Utilisation du Matériel Agricole
----m-w
_ --
Avant-propos
Ont collaboré à cette étude:
Mamadou NDIAYE. chercheur:
conception du protocole et des fiches,
suivi des
opérations de terrain.
Ibrahim NDOYE,
technicien:
supervision
des opérations de terrain, pesées,
contrôle des fiches.
Youssou FALL
Adama S Y
Jim NDIAYE
enquêteurs: récolte et battage des échantillons, suivi
Habib DIALLO
des opér’ations chez les paysans.
Oumar KIBHJHDIA

l
Introduction
Les objectifs de l’étude
La recherche d’une meilleure
productivité à la parcelle
focalise
l’attention sur l’amélioration des techniques culturales, de la préparation du
sol à la récolte.
Cependant la prise en compte des problèmes spécifiques de
post-récolte
devient rapidement nécessaire avec
l’intensification des systèmes
de culture et la transformation des produits.
-_.
La monétarisation croissante de
son activité sensibilise également le paysan
à ces problèmes: sa productivité
réelle se mesure en effet à partir des quantités effectivement
consommées et
commercialisées et non sur le rendement physique obtenu au champ.
En riziculture irriguée
le déroulement des opérations de récolte et post-
récolte conditionne plusieurs éléments:
- la réalisation de la double culture, riz-riz ou riz-tomate, dépend en grande
partie des contraintes de calendrier (JAMIN, 1986). Les goulots d’étranglement
relevés se situent
lors de la récolte du précédent et la mise en place du
suivant, souvent perturbée par
les retards
accumulés dans l’évacuation des
productions.
De plus la taille et la conception des aménagements hydro-
agricoles compliquent la situation en imposant une coordination des opérations
à des. échelles variables (groupement de producteurs, périmètre ou village).
- les pertes dues
aux rongeurs, aux oiseaux,
aux moisissures ou
à l’égrenage,
peuvent augmenter avec l’étalement des travaùx et le stockage des gerbes sur
la parcelle
avant leur battage. Ces phénomènes ont
été largement analysés en
milieu tropical humide
où des solutions spécifiques ont été recherchées (GTZ,
1982; TOQUER0 et DUFF, 1985). Les problèmes sont sans doute moins aigus dans
la vallée du fleuve Sénégal, tout du moins pour le riz d’hivernage, récolté de
novembre à janvier alors que l’air est très sec et la pression aviaire modér,ée
par l’étendue des superficies cultivées. Ils pourraient le devenir avec le riz
de saison chaude, parfois récolté sous pluie et toujours apprécié des oiseaux
granivores car situé à une période où leur disponible alimentaire est faible.
- la qualité du grain livrée aux rizeries
est affectée par
les conditions de
récolte
et battage
et conditionne l’efficacité des
procédés d’usinage du
paddy en riz blanc. Le mode de rémunération actuel des paysans est indépendant
de la qualité du produit livré et rend donc peu attractif une amélioration des
techniques de récolte et battage dans
ce but.
L’évolution des circuits de
transformation dans la région pourrait
cependant modifier
cette situation:
l’autonomie accrue des actuelles rizeries
de la SAED, voire leur privatA-
sation, et l’émergence de petites rizeries privées favoriseront sans doute la
recherche d’un produit plus conforme
à leurs besoins et, en
contre partie,
mieux payé au producteur.
Actuellement ces différents éléments sont encore peu contraignants dans le
fonctionnement des systèmes de culture et de production de la vallée du fleuve
Sénégal. La double culture est peu développée, les circuits de transformation
sont peu concurrentiels et le système de prix garantis aux producteurs comme aux
consommateurs favorisent un certain immobilisme. De plus la réduction du prix du
riz blanc (130 f/kg) rend moins attractif les opérations de décortiquage.
Néanmoins
ce contexte va très vite évoluer, particulièrement ia place de
la double-culture avec le fonctionnement simultané des barrages de Diama et
Manantali.

2
i
Le suivi de la récolte
et de la post-récolte au niveau paysan nous
est donc
apparu dès à présent intéressant, avec deux objectifs majeurs:
décrire les opérations allant de la récolte à la mise en sac de la production.
analyser les conséquences des situation observées sur la réussite de la
double-culture, les coûts, l’évaluation des rendements, la qualité du grain et
les pertes. Faute d’une méthodologie adaptée ces deux derniers points n’ont
été traités que très partiellement.
Ce document présente les résultats
de notre première campagne de suivi
(hivernage 1987-88) concernant les systèmes
de récolte et post-récolte. Les
méthodes
et résultats portant
sur l’évaluation des rendements
feront l’objet
d’une autre publication.
L’étude sera reconduite sous une forme ou une autre lors des campagne,s à
venir:
l’évolution rapide
des conditions technico-économiques de product,ion
nécessitent
en effet une
certaine pérennité des observations. Une synthese
pluri-annuelle permettra de dégager à la.fois les problèmes rencontrés et
les
solutions
apportées par les paysans et
les différents agents de transformation
dans un certain nombre de situations.
Par ailleurs le diagnostic présenté ici s’intègre parfaitement au pro-
gramme de Recherche-Développement que nous menons conjointement avec la SARD.
Cette étude se veut donc
également une contribution aux réflexions et interven-
tions développées sur
ce thème par les chercheurs, développeurs et producteurs.
A ce titre la plupart des résultats
obtenus ont été présentés et discutés
avec
les paysans des sites suivis.

3
Partie 1
Matériel et méthodes
1. Méthodes d’enquête
Conformément aux objectifs de l’étude trois grands types d’informations
ont été collectées:
- les données permettant une description précise des opérations de récolte et
post-récolte.
- l’évaluation des quantités prélevées, battues et glanées au cours de ces
différentes étapes.
- l’évaluation par sondage des rendements physiques.
Chaque information
a été recueillie sur un Echantillon de parcelles et
sous-parcelles dont on
trouvera la composition dans la partie suivante. L’agré-
gation des données s’est faite en cours
d’analyse selon plusieurs niveaux:
parcelle,
exploitation, groupement, aménagement et village (cf. infra).
1.1 Le suivi des récoltes et battages
On trouvera au schéma 1 la liste des mesures--et- observations réalisées
pour chaque
étape allant
de la récolte
au glanage des fonds de meule. Les
informations
choisies, associées
à des
observations visuelles,
permettent de
décrire précisement les modalités de chaque
opération: date de début et de f$n,
manuelle ou mécanisée, type de main-d’oeuvre utilisée (familiale ou extérieure à
l’exploitation, masculine ou féminine) et coûts. Pour ne pas alourdir l’étude
aucun suivi des temps de travaux ou des équipements
utilisés n’a été effectué:
ces points feront l’objet d’analyses complémentaires lors des campagnes à venir.
L’évaluation des rendements
et de certains postes de dépense (location de
main-d’oeuvre et de matériel) a nécessité un suivi précis mais délicat des
quantités
extraites, pour des raisons diverses,
de la production potentielle à
la récolte. Chaque étape génère en effet des flux spécifiques de paddy: prélève-
ments entre la mise en meule et le battage principal, dons et paiement en nature
de la main-d’oeuvre lors de cette opération, glanage, par 1,es femmes ayant
participé au vannage, du fond des meules battues.
La connaissance de ces quantités devait permettre à la fois l’analyse des
flux de produit entre les différents agents concernés (attributaire de parcelle,
main-d’oeuvre salariée, aide masculine et féminine) et, par sommation et cam-
paraison au rendement physique,
l’évaluation des pertes liées aux rongeur,s,
oiseaux, etc...
Celle-ci, prévue par parcelle ou sous-parcelle’ s’est avérée impossible à
cette échelle pour des
raisons liées tant à la complexité des situations
ren-
contrées qu’à la méthode utilisée. Nous
tirons d’ailleurs en troisième partie
les enseignements de cette expérience concernant l’évaluation des rendements en
riziculture irriguée.
1.2 Mesure de l’humidité
L’ensemble des productions estimées ou pesées a été ramené à l’humidité
standard de 14W. Cet ajustement s’est avéré d’autant plus indispensable que
l’ensemble des opérations, échantillonage
compris, s’est globalement étalé
sur
plus de quatre mois, du 10 novembre 1987 au 25 mars 1988.

‘1
I

J
a 4
4
.

5
Deux mesures ont été effectuées,
à l’aide d’un humidimètre Port#able
Dickey-John:
la première à la pesée de l’échantillon, la seconde après le
battage principal de la parcelle. Nous en avons déduits par extrapola;tion
linéaire en fonction du temps les humidités pour les autres étapes (mise en
meule,
prélèvements, glanage). Ces valeurs ne sont que des estimations’: la
courbe de variation de l’humidité en fonction du temps et
des conditions de
stockage des panicules
reste à définir précisément. Son importance est évidente
dans une optique d’amélioration de la qualité du paddy livré aux rizeries.
2 . Echant3llonage
2.1 Présentation des deux sites enquêtés
L’étude a été
réalisée sur les aménagements hydro-agricoles conçus par la
SAED dans deux villages du delta
du fleuve Sénégal, Diawar et Thiago (cf. carte
de situation).
Depuis 1985 ces deux villages font partie intégrante du dis-
positif d’intervention de notre programme de recherche sur les systèmes de
production dans cette partie du fleuve. Ils ont été choisis à partir d’un zonage
du delta et sont représentatifs de deux types bien distincts de situation
agraire (JAMIN, TOURRAND, 1986).
Diawar est un ancien village de pêcheurs wolofs situé le long du fleuve et
déplacé de quelques kilomètres avec
l’endiguement de la rive gauche du Sénêgal
et la création des premiers aménagements
hydro-agricoles. Dans cette zone les
sols
sont principalement
de type
“hollaldé”( texture argileuse)
avec des
concentrations salines parfois élevées. Ils sont donc essentiellement propices à
la riziculture: l’activité agricole est concentrée autour de cette spéculat&on,
les autres cultures étant ou absentes (cultures pluviales) ou marginales
(tomate, cultures maraTchères
et de décrue). Trois points viennent renforcer ce
constat:
une dynamique foncière intense et des superficies aménagées et cultivées par
exploitation et par parcelle élevées.
Aux superficies
SAED mentionnées au
tableau 1.1 viennent en effet s’ajouter les aménagements privés de certains
paysans et ceux du foyer des jeunes
du village, auxquels la plupart des ex-
ploitations ont accès.
le développement de la double culture riz-riz sensible en 1988 alors que les
conditions technico-économiques n’y étaient guère
favorables. Cet aspect
devrait s’accentuer avec la mise à disposition permanente d’eau douce.
l’isolement du village qui rend difficile le développement
d’activités non
agricoles, salariées notamment. La migration des jeunes est
également négli-
geable.
Le niveau des revenus dépend donc avant tout de la réussite de la rizicul-
ture: celle-ci doit permettre
à la fois la couverture des besoins alimentaires
et l’obtention d’un surplus monétarisable. De ce fait la technicité des paysans
de Diawar s’est largement améliorée ces
dernières années, phénomène se tradui-
sant, comme nous le verrons, par des rendements élevés.
Ces surplus
sont dans certains cas réinvestis pour développer ou la
riziculture
elle-même par aménagements
de nouvelles I terres, ou de nouvelles
activit&s: embouche ovine, marafchage, décortiquage. 11 se crée ainsi peu à peu
une dynamique globale de développement dont la riziculture est le pivot et la
diversification des activités une des caractéristiques.

\\
6

7
Thiago présente une situation à l’opposé. Ce village ancien,
essentielle-
ment peuplé de wolofs, est situé le long du canal de la Taouey, creusé par la
CSS pour rectifier l’ancien bras reliant le lac de Guiers au fleuve Sénégal. Les
activités
traditionnelles utilisaient au mieux les potentialités naturelles
présentes (TODRE, 1988): cultures pluviales et
élevage sur les zones sableuses
de diéri, cultures et pâturages de décrue dans les bas-fonds, pêche clans
l’ancienne Taouey. L’évolution récente de la région de Richard-Toll, dont Th4ago
n’est éloigné que de
15 km, a profondément
modifié les systèmes de production
pour conduire à la situation actuelle.
En premier lieu, comme partout dans le delta, l’endiguement du fleuv;e a
sonné le glas
des cultures de décrue. En contrepartie Thiago a bénéficié d’une
série
d’aménagements hydro-agricoles, dont la dernière mouture comprend 6
groupements autonomes de
50 ha disposant chacun d’un groupe motopompe et d’une
chaine de culture motorisée. Chaque groupement est divisé en trois soles où sont
cultivés
alternativement riz et tomate: le canal de la Taouey, en
eau toute
l’année, permet trois campagnes de culture.
Cette situation à priori favorablecest entachée par une limitation impor-
tante
du foncier irriguable (Tab 1.1) due principalement à l’extension d’abbrd
de la SDRS puis de la CSS. Les paysans de
Thiago se trouvent enserrés entre les
deux bras de la Taouey sans possibilité d’extension des aménagements dans le
bas-fond (cf. carte 2). S’y ajoutent une technicité globale encore faible,
limitant la productivité~des cultures irriguées, et des charges de culture comme
partout élevées.
Le tout débouche sur une dégraqation significative de, la
situation économique des groupements et des producteurs.
Pour beaucoup déçus par l’agriculture irriguée intensive, les paysans
cherchent à diversifier leurs activités et sources de revenus: agro-pastorales
tout d’abord à travers l’embouche ovine et le mararchage
le long de la Taouey,
alors que les cultures pluviales ont au contraire considérablement régressé avec
la sécheresse; extra-agricoles ensuite avec
la pêche, en voie de réduction,‘et
surtout les activités salariées offertes par la proximité de Richard-TO11 (CSS,
SARI), projet JICA). Cette évolution n’est évidemment pas propice à une améliora-
tion des résultats du périmètre.
Dynamique globale de développement et importance de la riziculture d’un
côté, désaffection pour les cultures irriguées et diversification des activités
de l’autre, Diawar et
Thiago illustrent l’hétérogénaté des situations agraites
du delta du fleuve Sénégal, à travers laquelle les choix technico-économiques
des producteurs doivent être analysés.
2.2 Structure de l’échantillon
Le tableau 1.1 quantifie
les différents éléments composant l’échantillon
sur lequel se base cette étude. Son noyau est
formé dans chaque village des
exploitations faisant
l’objet depuis 1985 d’un suivi agro-écononomique. Elles
ont été choisies
en fonction de certaines
caractéristiques:
taille, importance
du parcellaire irrigué et des activités extra-agricoles. Leur ensemble n’est pas
représentatif des villages mais cherche plutôt à balayer une large gamme de
situations.

8
L’ensemble des exploitations de Diawar a été intégré dans l’étude; les
parcelles
suivies se répartissent comme suit
entre les aménagements et groupe-
ments :
Boundoum Nord:
Groupement 1
1 0 parcelles
II
2
8

Il
4
1
Boundoum Est :
Groupement 2
2 parcelles
II
- 7
3

A Thiago seules 8
exploitations sur 13 ont été enquêtées,
les 5 autres
possédant leurs parcelles sur le groupement 1, inculte pendant la campagne
d’hivernage 1987. Les parcelles se répartissent ainsi entre groupements et soles
de culture:
Groupement G
Sole 1
7 parcelles
Il
2
4

Groupement H
Sole 2
8 parcelles
Polyculture
4
II
Groupement J
Sole 1
2 parcelles
Comme nous le verrons en cours d’analyse la notion de groupement est
importante,
particulièrement à Thiago. Outre la gestion de l’eau un certain
nombre de décisions techniques doivent en effet se prendre collectivement, dont
certaines touchent la récolte et le battage.
L’analyse des pratiques de récolte et post-récolte a porté sur
les parcelles à Thiago, les sous-parcelles à Diawar. Cette différence entre les
villages s’explique par la signification technique de ces deux
unités. Dans les
deux cas la parcelle se
définit comme un ensemble foncier d’un seul tenant
attribué à un individu,
la sous-parcelle comme un élément de la précédente
matérialisée par la construction de diguettes dont l’intérêt est de corriger les
défauts de planage observés par le paysan.
A Thiago la taille moyenne des sous-parcelles est très faible, de l’ordre
de 1000 m2, avec un mode situé entre 500 et 1000 m2. Ceci confirme un phénomène
déjà souligné par ailleurs (BARRIER,
1985): la mauvaise qualité du planage a
conduit les paysans
à multiplier les
diguettes de compartimentage, réduisant
les superficies unitaires à peu de chose. Pour autant ces sous-parcelles ne sont
que rarement
conduites différemment dans une même parcelle. De ce fait les
analyses privilégieront plutôt cette dernière unité.
A Diawar au contraire la
taille moyenne des sous-parcelles (4000 m2, soit
la taille des parcelles de Thiago) et leur nombre (4,4 en moyenne par parcelle)
permettent la diversité des itinéraires techniques.
Les paysans utilisent cette
possibilité selon leurs stratégies de production: peuvent ainsi varier les
variétés et doses de semis, le travail du sol, les modalités de fertilisation ou
de désherbage. Il est donc important
de distinguer ces différentes situations
culturales et de les traiter séparément: le moyen le plus simple est de s’inté-
resser à chaque sous-parcelle prise isolément.

9
Tableau 1.1
Structure de l’échantillon
Thiago
Diawar
Ensemble
nombre d’exploitations
8
2 4
nombre de parcelles
2 5
24
4 9
nombre de sous-parcelles
195
nombre de placettes lOm2
.
152
263
415
Superficie suivie par
exploitation (ha): moyenne
1,25
2,92
2,36
mini
0,55
1,75
0,55
ItMXi
4,14
4,62
4,62
Superfice par parcelle:
(ha)
moyenne
0,42
1,82
1,ll
mini
0,14
0,30
0,14
lMXi
0,97
3,33
3,33
Superficie par sous-
parcelle (ha) :
moyenne
0,12
0,42
0,28
mini
0,02
0,09
0,02
Ul8Xi
0,28
0,95
0,95
Superficie totale suivie
10,41
43,82
54,23
(ha)
Taux échantillonnage
1,s
096
098
placette (X)
Figure 1.1~
Répartition unitaire des superficies
par sous-parcelle
-
1000112
D
0.5
1
1.5
2
2.5
3
0
1
2
3
5
5
6
7
8
9
10
lhiago
Di anar
i

10
Partie II
Récolte et post-récolte: l'analyse des pratiques
Précisons tout d'abord que notre travail
s'arrête à la mise en sac de,la
production par le paysan et
son transport au village.
A ce stade elle sera ou
stockée pour couvrir
les besoins vivriers de la famille ou vendue, le plus
souvent aux rizeries de la SARD.
Les paysans récoltent et vendent du paddy dont l'utilisation nécessite e
transformation en riz blanc. Cette opération, partie intégrante de la filiere
post-récolte, est effectuée actuellement par
les décortiqueuses artisanales
présentes dans les villages ou par les
rizeries industrielles. Elles ont des
contraintes spécifiques qui
influent ou influeront sur la conduite des récoltes
et battages: c'est pourquoi notre analyse
les prend en compte dans la limite de
nos connaissances actuelles.
Nous présenterons successivement dans cette partie les caractéristiques
techniques des opérations
analysées, le calendrier des travaux pour la campagne
considérée et les problématiques issues des phénomènes observés.
1. Les différents itinéraires de récolte et post-récolte
De même que la conduite d'une culture au champ se traduit par une succes-
sion d'actes
techniques dont l'ensemble définit l'itinéraire technique appliqué
(SEBILLOTTE,
1978), la production est récoltée et évacuée à travers une série
d'opérations sous le contrôle du paysan, dont les modalités ne sont pas indépen-
dantes les unes des autres. C'est pourquoi notre analyse portera sur 4es
itinéraires de récolte et post-récolte, au nombre de quatre dans l'échantillon
suivi (Tab.II.l).
1.1 L'itinéraire manuel
La riziculture irriguée est somme toute relativement récente dans la
vallée du fleuve Sénégal: une quarantaine d'années tout au plus. Par ailleurs
les premières expériences furent menées en régie:
c'est pourquoi la mécanisation
des opérations de
récolte et post-récolte a
été rapidement introduite dans 'le
delta.
Néanmoins l'extension de la riziculture paysanne, les difficultés de
gestion du matériel existant et son coût ont conduit au développement lde
techniques de récolte et battage entièrement manuelles.
Dans ce cas la récolte (au sens de la coupe) est effectuée par la main-
d'oeuvre masculine de l'exploitation. Le riz est coupé à 15 cm du sol à l'aide
d'une faucille; les tiges sont regroupées en petites gerbes (moyettes) et
déposées sur les chaumes pour séchage.
Le travail est réalisé individuellement
ou en équipe selon le volume de
production à
récolter, mais le recours à de la main-d'oeuvre extérieure est
rare, tout du moins dans les deux villages suivis. D'ailleurs la période de
récolte coXncide normalement avec la fin des travaux et la campagne
de commer-
cialisation dans le bassin arachidier, dont provient la majorité de la maip-
d'oeuvre temporaire utilisée dans lé delta.
L'entraide au sein de l'unité de production est de règle quelquesoit le
statut de la parcelle, collectif ou individuel. Elle garantit la
rapidité des
travaux (cf. 11.2) et l'autonomie des exploitations, à un coût par ailleurs nul
pour le responsable de la parcelle.

11
Tableau II. 1
Caractéristiques techniques des itinéraires
de récolte et post-récolte
Itinéraire
Itinéraires semi-mécanisés
Itinéraire
manue 1
. mécanisé
type A
type B
% superficie
Diawar
a 2
0
2
1 6
Thiago
0
100
0
0
manuelle
Récolte
main d’oeuvre familiale
moiss.batt.
(hommes)
Mise
manuelle
en
main d’oeuvre familiale
meule -.
(femmes)
manuel
mécanisé
batteuse
moiss.batt.
Battage
j poste fixe
poste fixe
moiss.batt.
main d’oeuvre extérieure
(hommes)
manue 1
Vannage
(femmes de l’exploitation
+ aide éventuelle)
Mise
manuel
en Sac
(hommes de l’exploitation)
Transport
charrette
tracteur
charrette
+ remorque
T
fonds de meules
zones non
Glanage
(femmes de l’exploitation)
récoltées
(+ aide à Diawar)
(rare)

12
Après 5 à 6 jours de séchage sur la parcelle la production est mise en
meule. Cet intervalle est variable selon l’humidité du grain, le calendrier et
la date de récolte
(fig.II.2), mais ces disparités
ont eu peu d’importance en
1987 dans l’étalement des opérations.
Les moyettes
sont réunies en gerbes de plus grande taille, elles-même
regroupées pour former une meule
sur la parcelle. Les panicules sont placées à
l’intérieur, les tiges à l’extérieur: le paddy est ainsi protégé des oiseaux et
d’une rapide dessication mais les rongeurs peuvent atteindre la production
située à la base de l’édifice. Les femmes
de l’exploitation sont généralement
-.
chargées de ce travail mais peuvent être
aidées par un homme pour la confection
de la meule proprement dite.
Le nombre et la taille des meules dépend du volume de la production: à
Thiago celle-ci est réunie en un seul lot par parcelle, en un ou deux lots ‘par
sous-parcelle
à Diawar.
La production de parcelles gérées par des individus
différents n’est jamais réunie. Par contre il arrive parfois qu’un paysan ras-
semble en une seule meule la production de deux parcelles ou
sous-parcelles
contiguës: il est dans ce cas impossible d’évaluer les rendements au battage de
chaque unité initiale.
Techniquement
la meule tient lieu de méthode de stockage du riz à; la
parcelle dans l’attente du battage.
A travers cette enquête nous n’avons pu
évaluer correctement son efficacité dans la limitation des pertes de paddy selon
la durée du stockage. Dans tous les cas l’étalement des récoltes,
les caracté-
ristiques propres des techniques
de battage et l’absence d’aires de stockage à
l’écart des parcelles rendent cette opération nécessaire à l’heure actuelle.
Comme JAMIN (1986) l’a souligné et nos observations l’ont confirmé (cf. infra),
cette situation n’est pas sans incidence sur la réussite de la double culture.
Après un laps de temps très variable (cf.
11.2) la production est battue.
Le riz est évacué progressivement de la meule, placé en tas sur l’aire de
battage toute proche et frappé à l’aide d’un simple bâton faisant office de
fléau.
La paille
est ensuite
évacuée, et
le paddy transféré sur l’aire de
vannage.
Le chantier comporte normalement plusieurs personnes pour effectuer ces
différentes
opérations: 2 à 3 en général mais parfois jusqu’à 5. La main-
d’oeuvre n’est que rarement fournie par l’exploitation, l’attributaire de la
parcelle se bornant à surveiller les travaux. Les paysans emploient des salariés
temporaires
venus du bassin arachidier, pour
lesquels ces travaux procurent un
supplément de revenus
quand les activités se réduisent dans leur région d’ori-
gine.
Ces salariés, prénommés sourga ou mbathiane selon les villages, sont payés
à la tâche à raison de 350 F par sac de paddy battu et vanné, plus la nourriture
évaluée par les paysans
à 7360 F/ha pour un rendement de 6 tonnes/ha. Avec une
augmentation de 16% de 1986 à 1987, l’évolution des coûts souligne la dépendance
des producteurs à l’égard de cette main-d’oeuvre: ainsi les paysans de D%agJar
fermement décidés à reconduire l’ancien tarif ont du céder devant l’intransi-
geance des sourgas et les accords passés dans les autres villages.
Le vannage s’effectue parallèlement au battage. Cette opération spécifi-
quement féminine permet la séparation du grain et des éléments les plus gros-
siers (paille, pierres,... ) par différence de densité sous l’action du vent.
L’efficacité du procédé est cependant loin d’être parfaite et nécessite un
second nettoyage en rizerie:
les résultats obtenus par l’unité de la SAED à
Richard-TO11 montrent que le paddy vendu par
les paysans contient entre 0,5’et


13
1% d’impuretés. Cette part est couverte par une ristourne de 2 F/kg versée selon
la propreté du paddy.
A Diawar où cet itinéraire est prédominant le
vannage est réalisé par des
groupes de 2 à 7 femmes selon les exploitations, comprenant:
. la ou les épouses de l’attributaire de la parcelle.
. les femmes de l’exploitation en âge de travailler (15 ans et plus
généralement).
dans 75% des cas l’aide de femmes extérieures à l’exploitation, origi-
l
naires ou non du village.
L’ensemble de la main-d’oeuvre féminine, familiale et extérieure, est
rémunérée en nature à la fin du chantier selon deux modalités:
. la rémunération du vannage proprement dit, par
l’attributaire de la
parcelle.
Elle varie de i à 4,6X de la production battue selon les
exploitations (moyenne: 2,4X).
. le glanage des fonds de meule une
fois l’ensemble de la production
évacuée. Cette opération est généralement placée sous la responsabilité
de la première
épouse de l’attributaire.
Les quantités de paddy ainsi
récupérées
varient de 1 à 10X de la quantité récoltée, avec une moyenne
de 2,2%, selon la qualité du battage et l’importance de l’égrenage en
cours d’opération.
Au total les femmes, quelque soit leur statut, parviennent par ces diffé-
rents biais à se constituer un petit pécule qu’elles gèrent de
façon autonome.
Ceci compense en partie leur faible accès aux aménagements conçus par la SAED.
Une fois la production battue et vannée elle est mise en sac et acheminée
par charrette jusqu’au village. Elle sera alors ou conservée dans
les greniers
de l’exploitation ou stockée sur une aire commune avant pesée et évacuation vers
les rizeries de la SAED.
Dans tous
les cas les sacs ont été fournis par les groupements de produc-
teurs et n’ont rien coûté aux individus. Par
contre la location d’une charrette
s’est
é l e v é e à D i a w a r e n 1 9 8 7 , à 100F p a r s a c s o i t 1,5% d e l a producti,on
transportée. Avec des superficies cultivées par attributaire de l’ordre de 2,75
ha sur l’aménagement SAED, ce poste devient notablement
onéreux en cas de bonne
récolte et justifie
l’achat d’un tel équipement sur plusieurs campagnes.
D’ailleurs 40% des exploitations suivies ont déjà réalisé cet investissement.
1.2 Les itinéraires semi-mécanisés
Ce type d’itinéraire
est identique au précédent jusqu’au battage, qui est
par contre mécanisé. Deux variantes se rencontrent selon le type de matériel
utilisé, batteuse ou moissonneuse-batteuse à poste fixe.
1.2.1 Les batteuses
L’utilisation de batteuses a été développée par la SAED qui gérait elLe-
même un parc important de machines,à moteur thermique de débit compris entre 500
et 2000 kg/h du type Borga. Leur usure et le désengagement de la SAED ont rédu~it
sensiblement l’importance de cette technique dans le delta, les paysans devabt
maintenant acquérir et gérer eux-mêmes ce type de matériel.
Thiago est à
ce titre un village précurseur puisque chaque groupement a

.
14
été doté lors de la création de l’aménagement de deux batteuses de type EAO
AR800, susceptibles’de battre 500 à 600 kg de paddy par heure. La plupart de ces
machines étaient
encore
fonctionnelles en 1987; seul le groupement H dut
compléter le seul appareil fonctionnel par la
location d’une batteuse Borga
rachetée à la SAED par un de ses adhérents.
L’organisation du chantier de battage est globalement plus complexe qu’en
technique manuelle.
Sur chaque groupement
la batteuse passe d’une parcelle à
l’autre selon un tour pré-établi: pour
satisfaire l’ensemble des attributaires
un minimum de temps doit donc être consacré à chacun. Ceci suppose à chaque fois
la participation
d’un nombre élevé de personnes, chargées des opérations
suivantes :
. transfert des gerbes de la meule à
la machine, réalisé par des enfants
ou des adolescents;
. alimentation de la machine, assurée par une ou deux personnes spécial%-
sées. Celles-Ci assurent également le suivi technique de la batteuse;
. évacuation de la paille
à la sortie afin d’éviter tout bourrage. Cette
opération est généralement assurée par deux à trois hommes.
Si on y ajoute la main-d’oeuvre chargée de la mise en sac, ce sont
globalement 3 à 13 personnes qui participent
au chantier selon l’importance de
la production (7,4 en moyenne). Outre le personnel spécialisé aucune exploita-
tion n’est à même de couvrir-entièrement ces besoins: c’est pourquoi les
trois-
quart de la main-d‘oeuvre sont fournis par les
autres unités de production du
village. L’utilisation de salariés pendant la période de battage est par contre
rare à Thiago.
Cette aide est cependant rémunérée, selon un tarif plafonné et d.écidé en
début de battage. Ainsi en 1987 chaque groupement s’est mis d’accord pour ne pas
dépasser 53 kg de paddy par parcelle battue et vannée. L’octroi de cette
rémunération était même
contrôlé par un membre du bureau.
En fait un certain
nombre de paysans
ont outrepassé la
règle, lorsque
la production récoltée et
donc le travail fourni étaient plus importants: au total le coût de cette main-
d’oeuvre représente 0,5 à 5% du paddy battu (moyenne: 2,4X).
Mais le coût du battage à Thiago comprend en plus le fonctionnement,et
l’amortissement de la machine, qui doivent être pris en charge par les paysans.
Les modalités retenues varient d’un groupement à l’autre. Le montant des
amortissements n’étant pas ventilé
entre les différents matériels nous avons
estimé à partir des coûts initiaux, que
27,2X de la somme totale était destinée
à l’amortissement des batteuses.
- au groupement G le fonctionnement de la
batteuse est rémunéré selon le temps
d’utilisation, à raison de 500F par heure. L’amortissement revient à
4100
F/ha.
- au groupement H le versement effectué représente 10% de la récolte battue. Les
quantités obtenues ont été ou remises au propriétaire de la machine louée, ou
placées dans une caisse indépendante du fond de roulement pour couvrir Aes
frais de fonctionnement de la batteuse du groupement. Les coûts d’amortisse-
ment sont en sus et s’élèvent à 5970 F/ha.
- au groupement J aucun versement spécifique n’est effectué <pour le battage. Les
paysans payent une
somme globale calculée à l’hectare devant couvrir l’ensem-
ble des frais de fonctionnement et d’amortissement de la campagne agricole
(respectivement 86887 et
23257 f/ha). Ce procédé donne évidemment une pribe
aux
rendements élevés. Mais nous n’avons
pu disposer des éléments permettant
la ventilation des dépenses de fonctionnement entre les différents postes.
,
b

15
La comparaison des
coûts entre groupements donnerait ainsi
les résult,ats
suivants, calculés en pourcentage de la production et en F/ha:
Gpt G
Gpt H
Gpt J
Rendement moyen (kg/ha)
3940
4160
840
(1)
Fonctionnement %
192
10
?
(2)
F/ha
3940 35360
Amortissement
X
132
137
899
F/ha
4100
5970
6330
Total
x
294
11,7
?
F/ha
8040
41330
(1) sur l'échantillon de parcelles suivies
(2) sur le groupement G le rendement de la batteuse est évalué à 500 kg/h
Les différences entre groupements sont importantes. Au groupement G le
faible coût total s'explique par des frais de
fonctionnement réduits. Le coût
horaire tarifé devrait cependant couvrir les dépenses si on le rapproche des 408
F/h que la SAED estime nécessaire pour couvrir les frais d'entretien de la
machine (SARD, 1986).
Au groupement H les responsables , voulant mettre tous les adhérents sur le
même pied, se sont
alignés sur les tarifs des entrepreneurs. Or ceux-ci doivent
ainsi couvrir fonctionnement et
amortissement, plus
une éventuelle marge. Le
prix pratiqué
sur la
batteusedu groupement
devrait donc laisser un bénéfice
substantiel dans ses comptes.
Au groupement J les coûts
mis en rapport avec la production,
sont élevés
car les deux adhérents suivis présentent des rendements dérisoires alors que les
prestations leur sont facturées à l'hectare.
Globalement il parait
difficile, à partir de ces seules données, d'effec-
tuer une évaluation économique de l'activité 'battage'
à Thiago. Tout au plus
pouvons-nous en souligner l'intérêt
à la vue des situations relativement
complexes que nous avons observées.
L'utilisation de batteuses ne dispense pas pour autant les paysans,du
vannage de la production. Mauvais réglage des machines ou conception défectueu-
se, le paddy sort généralement de la batteuse mélangé à des impuretés, voire
passe avec la paille.
De ce fait le chantier de battage comprend également une équipe de
vanneuses
auxquelles s’ajoutent
une à deux femmes transférant la production
sortie de la machine sur l'aire de vannage. Toujours pour des raisons de
rapidité les effectifs sont élevés: de 3 à 17 personnes selon l'importance de la
récolte (moyenne: 8,9). Le recours à la main-d'oeuvre extérieure est de règle et
représente 60% des participantes. Leur rémunération s'effectue sur les 53 kg
déjà mentionnés et varie de 0,5 à 6,7%. de la production battue (moyenne: 3%).
Globalement battage et vannage mobilisent à Thiago environ 16 personnes
pendant une période courte mais à un coût élevé compte-tenu des rendements
obtenus. Ainsi aux frais strictement liés à la batteuse s'ajoutent pour chaque
attributaire de parcelle la rémunération de la main-d'oeuvre extérieure (5,2X de

16
la production battue en moyenne) et la rétribution de la main-d'oeuvre familia-
le.
Celle-ci s'effectue à partir des quantités glanées par les femmes sur le
fond de meule. Contrairement
à Diawar la production ainsi
récupérée est consé-
quente:
de 5 à 22% du paddy récolté (moyenne: 11,7%)!
Les caractéristiques
propres du chantier,
avec ses nombreux transferts de produit,
et la qualité du
travail fournie par la machine sont sans
doute à l'origine de ces résultats.
Notons
cependant que
cette production ne
sort pas de l'exploitation: elle
représente une forme de redistribution entre ses différents membres mais ne peut
être comptabilisée
dans les résultats économiques de la parcelle (cf. partie
III).
La production une fois mise en sac est transportée au village, à l'aide du
tracteur
et de la remorque disponibles sur le groupement. Les modalités de
paiement varient là aussi d'un cas à l'autre. Aux groupements G et H il en copte
125F par sac, soit 1,7% du paddy battu,
non compris l'amortissement du matériel
utilisé. Celui-ci peut être
estimé à 3650 F/ha au groupement
G, 5309 F/ha au
groupement H (100% de
l'amortissement de la remorque
et 50% de celui du trac-
teur).
Le groupement J se distingue en facturant le transport à l'heure, fonc-
tionnement et amortissement compris, à raison de 300 F/h pour la remorque et 800
F/h pour le tracteur.
1.2.2 Moissonneuse-batteuse à poste fixe
Une variante de l'itinéraire précédent
consiste à utiliser une moisson-
neuse-batteuse à poste fixe à la place d'une batteuse. Cette solution s'est
trouvée
à Diawar sur quelques sous-parcelles,
une fois les récoltes mécanisees
achevées (cf. infra).
Le propriétaire
de la machine n'y était pas vraiment
favorable car cela diminuait ses recettes de moitié. Mais tant les retards pris
lors des chantiers de récolte avec les
nombreuses pannes de l'engin que la
nécessité
de maximiser son utilisation durant la campagne l'ont contraint à ce
choix.
Pour un
coût équivalent aux batteuses louées
à des entrepreneurs privés
(10% de la production battue) la moissonneuse-batteuse fournit un produit nette-
ment plus propre, ne nécessitant pas de vannnage complémentaire.
De plus, spécificité de cette technique ou autre facteur, les femmes n'ont
ensuite réalisée
aucun
glanage sur
les deux sous-parcelles de l'échantillon
ainsi battues. Cette opération s'est donc révélée globalement intéressante pour
l'attributaire de la parcelle mais peu profitable pour les femmes de l'exploita-
tion, en les privant de cette source de revenus autonomes.
1.3 L'itinéraire mécanisé
L'utilisation des moissonneuses-batteuses dans la région du delta co'incide
avec l'extension du casier de Richard Toll en 1953, cultivé en régie d'abord par
une société de travaux publics (ORTAL) puis par la SDRS.
En 1987 quatre machines classiques étaient fonctionnelles, dont u,ne
appartient à l'Amicale des Jeunes du Waalo et trois à des entrepreneurs privé,s.
L'une de celles-ci a travaillée à Diawar de la fin décembre à la fin des
battages, mais ce mode
de récolte a également été utilisé à Thiago en 19186
malgré la petite taille des parcelles et sous-parcelles sur cet aménagement.
Nous avons pu faire sur quelques cas les observations visuelles suivantes:

17
. la qualité du travail effectuée est généralement bonne. L’égrenage au sol est
réduit et le grain propre. Cependant les opérations ont été facilitées par la
siccité du paddy, de l’ordre de
10 à 12% d’humidité, et le faible enherbement
des parce! les observées.
Il conviendrait de suivre ces résultats dans des
conditions plus défavorables (paille et grain humides, adventices).
. le travail est
rapide mais la rentabilité technique et donc économique de la
machine dépend
de la taille et la forme des parcelles moissonnées. Pour
l’entrepreneur ce facteur est
accentué par le mode de paiement choisi, sur la
base de la production récoltée et non du temps passé par unité de surface.
A Diawar la superficie moyenne des sous-parcelles ainsi récoltées est ,de
66OOm2 avec un minimum de 38OOm2. Ces valeurs
sont supérieures à la moyenne
des sous-parcelles suivies mais nettement inférieures aux 3ha d’un seul tenant
considérés comme nécessaire pour rentabiliser techniquement des machines d’une
largeur de
coupe de l’ordre
de 3,5Om (CONSTANTINOY, 1982). Cette situation
amène à s’interroger
sur l’adéquation de ce type de moissonneuses-batteuses à
la structure actuelle du parcellaire de la plupart des aménagements.
. les modalités traditionnelles d’ensachage sont mal adaptées à la récolte
mécanisée. En l’absence de procédé
d’ensachage sur la machine ou de remorques
ou silos, la moissonneuse-batteuse vide sa trémie sur une bâche fournie par le
paysan. Celui-ci met ensuite la production en sac manuellement, à un rythme
inférieur à celui de la machine. En peu de temps la bâche se trouve saturée ,de
paddy et le chantier ralenti d’autant. Avec un paiement basé sur la production
ce glissement des goulots d’étranglement est encore de peu d’importance pour
le paysan.
Il le deviendra avec un paiement à l’heure d’utilisation de la
machine et l’éventuelle extension de ce type de récolte.
. la gestion technique d’une moissonneuse batteuse s’avère délicate et peut
compromettre
sa rentabilité économique. Ainsi la machine utilisée à Diawar a
connu de nombreuses pannes qui l’ont rendue inopérante
en moyenne un jour sur
deux. Ceci explique
d’ailleurs que sa présence à Diawar se soit étalée sur
toute la période des récoltes et battages, alors que son propriétaire pensalt
la transférer rapidement sur le périmètre de Débi.
Outre ces quelques observations
la récolte mécanisée présente pour le
paysan deux désavantages majeurs: elle suscite une dépendance nouvelle en
fonction de la disponibililité de la machine, et elle est coûteuse. Ainsi en
1987 le tarif pratiqué s’est élevé à 20% de la production récoltée, à raison de
10X pour la récolte et 10X pour le battage (coût lorque la machine était utilisé
en poste fixe). L’augmentation de 33% observée de 1986 à 1987 montre par
ailleurs que le déséquilibre entre l’offre
et la demande donne peu de poids aux
paysans face aux entrepreneurs.
Ces derniers ne sont pas pour autant dans une position toujours favorable.
Les moissonneuses-batteuses sont des engins fragiles dont la rentabilité dépend
d’une série de facteurs pour la plupart encore non martrisés. Cette situation
rend d’autant plus
nécessaire la mise en place d’un suivi technico-économique
des machines existantes ou à venir.
Ces différentes considérations (coût, arrivée
tardive de la machine et
problèmes de fonctionnement) expliquent que seulement 16% de la superficie ait
été ainsi récoltée. 47% des exploitations suivies ont cependant profité de cette
possibilité,
démontrant l’intérêt que les paysans, confrontés à de sérieux
problèmes de calendrier (cf. 11.2) portent à cette technique. Les démarches
faites actuellement par
l’une des sections villageoises de Diawar pour acquérir
une moissonneuse-batteuse à crédit vont dans le même sens.

18
2. Le calendrier des opérations
Il est couramment reconnu l’importance
d’évacuer rapidement les produc-
tions après leur récolte: les pertes se trouvent ainsi limitées et les parcelles
libérées pour la mise en place de la culture suivante. De plus dans le Sahel les
paysans sont généralement confrontés à des problèmes de soudure alimentaire
entre deux récoltes, qui les incitent à se procurer rapidement des vivres.
Dans le delta du fleuve Sénégal une certaine élasticité existe néanmoins
avec la campagne d’hivernage:
la siccité de l’air limite les pertes dues aux
moisissures et permet de prolonger
le stockage du riz à l’air libre; la double
culture est encore peu
développée et la période ,entre la récolte du précédant
(novembre-décembre)
et la préparation des parcelles pour
le suivant (février)
est normalement assez longue pour réaliser les battages.
Cependant la situation observée
en 1987-1988 souligne l’importance de c;es
problèmes de calendrier.
Nous les envisagerons sous plusieurs angles: à travers
une analyse globale comparant
les itinéraires définis ci-dessus, selon les
groupements et les exploitations. Seront pris en compte les intervalles entre
chaque opération et leurs durées respectives.
2.1 Analyse globale
Les problèmes
de calendrier et la nature des itinéraires de récolte ,et
post-récolte sont spécifiques à chaque village: aussi avons nous privilégié
cette échelle dans la présentation des résultats (Tab.II.2, Fig.II.1 et 11.21.’
2.1.1 Thiago
Les récoltes ont débuté
à Thiago entre le 20 et
le 22 novembre selon les
groupements.
Compte tenu des dates de semis (mi-juillet), elles sont relative-
ment tardives et sans grande différence entre les variétés de cycle court
(W’)
et moyen (Jaya) . La maturité physiologique de 1’IKP devait ainsi être largement
dépassée. De plus les paysans n’ont pas profité de sa précocité pour étaler les
travaux et surtout disposer de paddy plus tôt.
Globalement les
récoltes s’étalent tout
au plus
sur trois semaines. La
faiblesse des superficies cultivées par attributaire, de 0,38 à 2,67 ha (moyen-
ne: 0,8 ha),
et la .mobilisation de la main-d’oeuvre familiale disponible
expliquent cette relative rapidité: en moyenne chaque parcelle a été récoltée en
deux jours.
Les battages
sont également effectuées
rapidement sur une même sole, à
raison d’une demi à une journée par parcelle. Ils peuvent cependant s’étaler sur
une période beaucoup plus longue selon les groupements: de 10 jours sur le
groupement H à 45 jours sur le groupement G,
alors que notre
échantillon ne
balaye pas 1 ‘ensemble des parcelles cultivées par groupement.
Mais globalement il s’est écoulé trois. mois et demi entre le début des
récoltes et la fin des battages (3 mars), soit pratiquement autant que l’occupa-
tion de la parcelle par la culture sur pied. Cette situation est due essentiel-
lement
au retard pris dans le démarrage
des battages, effectué en moyenne deux
mois, et parfois jusqu’à trois mois, après la mise en meule.
Plusieurs éléments ont joué séparément ou de concert pour expliquer
cas
retards: machine non remise en état au moment voulu faute de pièces détachées,
sacs et baches non disponibles à temps, ruptures de gas-oil et pannes diverses.

.
19
Figure II.1
Calendrier des opérations de récolte et battage par village
+ Nov. -
Dec.
- Jv. - Fv . - Mars
-
8
I
I
I
m ,
1
a
1.
I
L
4
1
10
20 30
1 0
20
30 10
20 30 10
20 29
1 0
20 30
1 . lhiago
-.
B
‘e
sole 1
IGpt G
f-J=
sole 2
sole 2
iGpt H
polyc.
sole 1 Gpt J
?. Diawar
. l . ‘. l , . l . 0. . ‘. -. . -.
. *. . l . l . :
1
PS
Légende:
.
cl
n:.
récolte IKP
récolte Jaya
MB : arrivée de la moissonneuse-batteuse (27-12)
Ii3 battage IKP
battage Jaya
PS : façons culturales de la contre saison chaude (6-03)
Tableau II.2
Dates de début et fin des récoltes et battagps
Récolte IKP
Battage IKP
Récolte Jaya
Battage Jaya
li
D
F
D
'F
D
F
D
F
Thiago
22-11
2-12
11-01
24LOl
20-11
15-12
16-01
3-03
Diawar
2 1 - 1 1
2 3 - 0 3
1 0 - 1 2
2 5 - 0 3
4 - 1 2
21-01
B-01
23-03
b
s

.
Ils montrent à
l’évidence que l’efficacité du battage mécanisé suppose la mise
e n
oeuvre
de certaines
conditions matérielles et
financières,
ainsi qu’une
gestion avisée du calendrier. Sans quoi il perd beaucoup de son intérêt par
rapport aux techniques
manuelles, avec un coût
par ailleurs plus élevé (éf.
11.3.2).
Enfin la gestion collective de la machine accroit la dépendance de l’indi-
vidu par rapport au groupement et aux autres
adhérents:
c ’ e s t l à u n phénom&ne
général à Thiago sur lequel nous reviendrons.
Ces différents impondérables ont contraint 70% des attributaires suivis à
effectuer des prélèvements de paddy sur les meules dans l’attente du battage
(Ann.2). Seules les personnes disposant de revenus non agricoles réguliers
(salariés à la SAED et la CSS) et donc peu concernés par des problèmes de
soudure
alimentaire ou financière, n’ont pas utilisé cette solution. C’est
également le cas de la seule femme attributaire de notre échantillon.
2.1.2 Diawar
A Diawar comme à Thiago,
mais pour des raisons différentes, les chantiers
de récolte et battage se caractérisent par leur étalement sur une longue
période: quatre mois au total, du 20 novembre au 20 mars.
L’analyse du calendrier en fonction des superficies travaillées (Ann.3) et
globalement, donne les résultats suivants:
la récolte s’étale du 20 novembre au 20 janvier, avec un décalage marqué entre
1’IKP e t l a J a y a , de l’ordre de 3 semaines.
Ceci recoupe les différenqes
observées en station quant
aux longueurs de cycle. Au vu des semis, effectués
entre le 5 et 10 août, il apparait que les premières parcelles ont sans doute
été récoltées
à la mâturité physiologique.
Il en va différemment des der-
nières.
cet
étalement parait difficilement compressible en récolte manuelle pour la
plupart des exploitations
(Ann.2 et Tab.II.3) compte tenu de la main-d’oeuvre
disponible et de la superficie cultivée.
la moissonneuse-batteuse a été de peu d’utilité sur l’aménagement SAED du fait
de son arrivée tardive. A la fin décembre pratiquement toutes les parcelles en
IKP et la majorité
des superficies en Jaya
étaient en effet déjà récoltées.
Ses pannes fréquentes ont par ailleurs diminué notablement son intérêt.
les battages ont été réalisés principalement entre le 8 février et le 25 mars,
avec très peu de différence entre Jaya et IKP. Seules 4 exploitations sur les
quinze suivies ont battu 1’IKP à la suite de la récolte.
Les opérations se sont pratiquement arrêtées entre le 15 janvier, fin de la
plupart des récoltes, et le 8 février, reprise
des battages. En moyenne il
s’est ainsi écoulé plus de deux mois par sous-parcelle entre la mise en meule
et le début des battages.
Ces retards supplémentaires sont essentiellement dus à l’arrivée tardive de la
main-d’oeuvre temporaire, d’abord retenue dans sa région d’origine par l’abon-
dance des récoltes de mil et arachide, puis dissuadée par les premières offres
salariales des paysans (cf. supra).
85% des exploitations ont effectuées des prélèvements répétés de paddy entre
la récolte et le battage
(Ann.2). Les quantités ainsi obtenues sont générale-
ment destinées à une
consommation ou vente rapides. Elles peuvent sortir des

Figure II.2
Rbpartition par village des intervalles entre opCrations
%
(X des sous-parce Iles)
Thiago
60
50
Diawar
40
30
20
10
1
10
0
jour
0
1 21 41 61 81 101
0
1
0
b,
71013
j
,O
In jour 1
0
1
4 7 10 13
0
1 21 41 61 61
0 1 21 41 61 81
0
1 21 41 61 81 101
A
6
e
A
8
C
1oy.
5,9
60,4
66.3
698
62.2
71.0
.
rini (1)
2
39
46
2
1
7
maxi (1) 13
89
97
21
106
113
(1) en récolte et battage manuels
A : intervalle récolte - mise en meule
69 rhcoltt à la moissonneuse-batteuse
8 : intervalle
mise en meule - battage
c : intervalle récolte - battage

2 2
estimations de production
effectuées par les paysans mais doivent intervenir
dans l’évaluation des rendements.
2.2 Quelques facteurs de diversité
A travers
l’analyse globale
des calendriers de récolte et post-récolte
sont
apparus les problèmes majeurs auxquels
ont kté confrontés les paysans
durant cette campagne. Néanmoins les
situations sont variables dans
un mêime
village: la prise en compte de leur diversité permet de prolonger l’analyse.
Deux facteurs
explicatifs nous sont apparus prépondérants,
quoique
d’importance variable selon les sites: le groupement de producteurs et l’exploi-
tation. Ainsi le fonctionnement. des groupements
tient une grande place à Thiago
du fait même de la conception initiale de l’aménagement, alors qu’à Diawar la
structure
du périmètre et la taille des
lots attribués laissent une plus large
autonomie aux paysans.
Dans ce
cas les réponses aux contraintes observbes
globalement en
1987 peuvent varier selon-les
caractéristiques des système de
production.
2.2.1 Le groupement
A Thiago les groupements jouent un rôle
fondamental dans les prises de
décisions technico-économiques (TOURE, 1988): choix des soles cultivées par
campagne,
variété utilisée’et dates de semis,
tours d’eau, dates de récolte et
battage,
tour de battage,
relèvent de leurs prérogatives. Pour l’essentfel
l’initiative individuelle se réduit à la fertilisation et au désherbage.
Ainsi le démarrage des récoltes n’est pas neutre mais reflète le choix des
groupements auquel tout attributaire doit
se soumettre quelque soit le degré de
maturité de sa parcelle. Une certaine uniformité entre groupements apparait à
travers
les observations de 1987: elle permet
d’éviter une trop forte presseon
des oiseaux sur une partie de l’aménagement.
Nous avons d’ailleurs observé visuellement la réalité de cette contrainte
sur les soles 1 et 2 du groupement G dont la situation spécifique est un bon
exemple du poids des groupements sur le déroulement des récoltes:
. le drainage de cette zone est pratiquement nul car la station d’exhaure
est non fonctionnelle (transfert des pompes pour l’irrigation), entrai-
nant l’engorgement du drain principal dans sa partie terminale toute
proche.
. en l’absence de solution rapide les parcelles parvenues à mâturité n’ont
pu être vidangées suffisamment tôt.
. la saturation hydrique du milieu a favorisé la verse et la regerminatfon
de la production sur pied.
. les récoltes ont été retardées, les paysans les plus touchés recherchant
des solutions individuelles ( d r a i n a g e à l’aide de petites pompes de
reprise).
,
>
De même la variabilité des dates de battage d’un groupement à l’autre
traduit leur efficacité relative en terme
de gestion des fonds (disponibilité
des sacs fournis par le groupement à ses adhérents, réserves en gas-oil) et du
matériel (nombre de batteuses fonctionnelles disponibles).

23
De ce point de
vue 1987 a été
relativement homogène dans la médiocri~té.
Seule la sole 1 du'groupement G a souffert d'un retard supplémentaire imputable
à une panne de machine. A l'origine de cette situation la dégradation globale du
fonctionnement économique des groupements de Thiago,
déjà soulignée par ailleks
(BARRIER, 1986. SAED, 1987).
A Diawar les deux sections villageoises, composée chacune de trois à
quatre groupements,
ont un rôle beaucoup plus
effacé dans l'organisation des
récoltes et battages. Leur intervention s'est
limitée en 1987 à la fourniture
des sacs
aux paysans, puis à la collecte et la pesée du paddy vendu à la SAED.
Cette situation pourrait
rapidement évoluer à la suite des problèmes rencontrés
durant cette campagne.
2.2.2 L'exploitation
L'analyse des résultats du tableau II.3 vient confirmer les remarques dgjà
faites. A Thiago s'observe un double phénomène:
. les récoltes et battages, pris séparément, sont concentrés dans le temps
mais la situation est très variable d'une exploitation à l'autre.
. la durée totale des opérations est relativement importante (deux mois et
demi) mais peu variable entre exploitation.
Cette situation tient essentiellement à la situation foncière des ex-
ploitations: en règle générale l'étalement des récoltes et battages dépend de la
dispersion des parcelles de l'exploitation entre les groupements. L'unité de
production 401 représente un cas extrême, avec
des parcelles sur deux groupe-
ments, G et H, et deux soles par groupement (Ann.2). Par contre la superficie
totale cultivée comme la production récoltée rentrent peu en compte car
elles
sont le plus souvent faibles.
D'un point de vue général cette dispersion est recherchée par les paysans:
c'est en effet un facteur important de répartition des risques. Elle se justikie
d'autant plus que les groupements, depuis leur création, n'ont pas tous été à la
hauteur de leurs prérogatives. Le mode d'attribution des terres à l'origine la
rendait théoriquement impossible: l'analyse des situations foncières cas par cas
montre au contraire qu'elle
tend à devenir la règle (TOURE, 1988), confirmant à
posteriori l'une des stratégies fondamentales des paysans de Thiago comme ail-
leurs: la minimisation des risques.
A Diawar la situation diffère de Thiago en première analyse par l'étale-
ment plus important des récoltes et battages et l'hétérogénéité plus faible,
quoique marquée, des situations individuelles. Mais l'origine de cette diversité
est tout autre.
La durée des récoltes varie essentiellement
avec la production totale de
paddy (Fig.II.3): pour une même quantité récoltée les différences entre ex-
ploitations sont imputables à la main-d'oeuvre familiale disponible. L'influence
de la moissonneuse-batteuse a été en effet limitée par son arrivée tardive. Deux
cas particuliers sont à noter:
. le responsable de l'exploitation no307 a concentré ses récoltes sur deux jours
en bénéficiant du double appoint de la moissonneuse-batteuse, dont il est
actionnaire, et de main-d'oeuvre extérieure pour la récolte manuelle. Ce
paysan est particulièrement
dynamique et possède son propre aménagement de 12
ha, sur lequel le recours au salariat fut systématique en 1987.

l
2 4
Tableau II. 3
Etalement des récoltes et battages par exploitation
Diawar
Thiago
réc.
batt. ens.
réc.
batt.
ens .
moyenne (jour)
45 58
102
8
1 6
77
cv
w
54 47
16
83
115
22
mini (jour) 15 17 77
2
1
56
lUaXi
(jour)
123
124
124
24 42
104
Figure II. 3
Etalement des récoltes et battages
et production de paddy par axploitation
(Diawar)
Production totale
Production
totale
r
r
Il1.
i
! 15
cl
5
15
.
.
.
7
0
.
Il7.
12
cl
12.
14
Il
;lis
l
.
b
13 .
3
,
.
.
1 6
.
9
I. l
;
6
2
.
.
.
1 1
.
.
L Il.
4
20 30 40
50 60
l
2 0
3 0
4 0
50
6 0
70
8 0
9 0
Y
Etalcrent R&calte:
Etalement battage:
Moissonneuse-batteuse
r-l

2 5
. à l’opposé sur l’exploitation n’311,
les récoltes se sont terminées le 24 mars
après un “trou” de deux mois. Cette unité de production est très déficitaire
en main-d’oeuvre
(une femme seulement); le salissement de la parcelle et sa
faible production ont dissuadé le responsable
de la moissonneuse-batteuse d’y
revenir après une première tentative.
L’étalement des battages ne présente par contre aucune liaison claire avec
la production récoltée. Quatre
situations se rencontrent, avec
deux stratég’ies
différentes:
a. stratégie 1: se procurer rapidement du paddy
Les prélèvements de paddy sur les meules ont généralement pour fonction de
couvrir les besoins vivriers
du moment. Mais certains besoins monétaires
peuvent se faire pressants et nécessiter une plus grande quantité de riz.
C’est pourquoi la plupart des paysans cherchent à battre en avance une partie
de leur production.
Trois solutions ont été adoptées en 1987 qui toutes se
caractérisent par un
étalement important des battages, scindés en deux
périodes :
al.
battage manuel de 1’IKP: sur les quinze exploitations suivies douze ont
cultivé au minimum deux variétés, le plus souvent
Jaya et IIU?. Ce choix
permet de minimiser les risques climatiques, d’étaler les récoltes et’de
fournir une production précoce de paddy.
Tous les paysans
ont effectivement
récolté 1’IKP avant la Jaya mais
seuls 4 d’entre eux l’ont battu dans la foulée (301, 302,314,315). Ces
exploitations
ont pu se procurer à temps
la main-d’oeuvre nécessaire,
avant que les problèmes de salaires ne soient posés.
a2.
battage manuel de la Jaya: c’est une variante de la situation précédente
s’appuyant sur le battage précoce d’une petite parcelle de jaya,
indépendante de la parcelle principale. Dans ce cas les opérations sont
plus tardives que précédemment mais supposent également de trouver de la
main-d’oeuvre quand elle n’était pas réellement disponible au village,
Deux exploitations ont opté pour cette solution: 312 en partie et 313.
Sur cette dernière, le battage a été assuré par la main-d’oeuvre
familiale. Ce phénomène
est rare à Diawar et significatif des problèmes
auxquels se sont trouvés confrontés certains paysans.
a3.
utilisation de la moissonneuse-batteuse:
pour six exploitations (301,
307,308,309,310,311,312)
l’arrivée de la machine fin décembre, tout en
accélerant l e s
récoltes, a permis
d’obtenir rapidement une production
mobilisable, ce que l’absence
de main-d’oeuvre extérieure rendait pour
certains de plus en plus illusoire.
Contrairement
aux cas a1 et a2 les sous-parcelles les plus tardivement
récoltées
se sont retrouvées
ainsi les premières battues. C’est aussi
pourquoi l’étalement des battages y est plus réduit.
La répartition des exploitations entre ces différentes stratégies relèvent
de facteurs
économiques et
sociaux.
Ainsi toutes les exploitations Suiv$es
apparentées a l’unité.de production 307 ont utilisé la moissonneuse-batteuse:
elles ont sans doute bénéficié d’une certaine priorité de passage mais le tarif
normal leur a été appliquées.
La mobilisation précoce de la main-d’oeuvre salariée relève par contre ,de
choix économiques: certain paysans ont en effet accepté de rétribuer les sourgas

2 6
400F par sac battu, quand la majorité d’entre eux refusait de dépasser 300F. Les
mêmes ont estimé dissuasif le coût de la récolte mécanisée mais la production
déjà engrangée et leurs
activités annexes (décorticage, transport)
l e s Ubé-
raient en partie des contraintes de calendrier.
b. Stratégie 2: concentrer les battages
Plutôt qu’une stratégie faudrait-il sans doute parler dans ce cas d’une
conséquence des
contraintes de main-d’oeuvre
rencontrées, auxquelles
certains
paysans n’ont pas su ou voulu répondre. Car si les battages sont effectiveqent
concentrés
sur 15 à 30 jours ils
ont toujours été effectués tardivement: entre
le 10 février et 17 mars.
Quatre exploitations se trouvent dans cette situation. Pour deux d’entre-
elles (303 et 306) le chef d’exploitation possède une activité annexe (menuisier
et chauffeur de taxi), les superficies dont elles disposent sont plus faib&es
(1,75 et 1,84ha) et situées sur un aménagement
où la moissonneuse-batteuse n’a
pas travaillé. D’ailleurs son coût leur apparaissait prohibitif.
Les deux autres (305 et 316) ont connu des perturbations majeures en cours
de campagne agricole,
avec le décès de leur responsable. Les problèmes de
succession ont sans doute perturbé les mécanismes de prise de décision, et
notamment le choix du type de récolte. Elles ont assurées la soudure alimentagre
avec des prélèvements mais aucune initiative ne fut prise qui pouvait toucher à
la mobilisation de la production principale.
2.3 Conclusion
Quelque soit l’itinéraire de récolte - post récolte choisi, les problèmes
de calendrier ont
tenu une place prépondérante dans le déroulement de la
campagne 1987-1988: à Thiago comme à Diawar la production est restée sur les
parcelles pendant un à trois mois avant d’être battue.
Les situations observées ont souligné la dépendance des producteurs à
l’égard de facteurs exogènes à leurs
systèmes de production. Main-d’oeuvre et
matériel non disponibles pour
des raisons diverses ont contraint les paysans à
l’attente et montré l’absence de souplesse de ces systèmes de culture face à des
imprévus de ce type.
Première
conséquence les stratégies variétales jusqu’ici suivies
ont
montré leurs limites: les retards au battage ont affectés les variétés de cy@e
court
à l’égal des
autres, leur enlevant du même coup une bonne part de leur
intérêt. On en attendra donc peu
d’améliorations du calendrier cultural si le
problème du battage n’est pas résolu.
A partir de ce constat la réflexion peut s’élargir sur plusieurs plans: la
réussite de la double culture,
le coût des opérations, la qualité du grain
produit en vue de sa transformation, et sur un plan méthodologique 1’évaluatSon
des rendements à la parcelle.
3. Conséquences et problématiques
3.1 La réussite de la double culture
La double culture riz-riz se pratique dans le delta sur deux campagxyes
agricoles: la saison sèche chaude et l’hivernage. Avec les variétés actuellement
cultivées la saison sèche froide pose des problèmes d’allongement de cycle et de
1

faible productivité compte tenu des consommations en eau.
Pour cette succession JAMIN (1986) propose le calendrier optimal suivant:
saison chaude
hivernage
date de semis
15 au 30 février
1 au 15 juillet
date de récolte
15 au 30 juin
1 au 15 novembre
Les contraintes de calendrier se posent donc entre la récolte du riz de saison
chaude et la mise en place du riz d'hivernage: dans un délai très court la
production doit être évacuée de la parcelle,
les façons culturales et la mise en
eau effectuées.
Ceci suppose de la
main-d'oeuvre ou du
matériel (batteuses et
tracteurs) disponibles à temps et un resserrement extrême des travaux.
En 1988 une partie de l'aménagement SAED de Diawar a été mis en culture
pour la
campagne de saison chaude. L'étalement important des récoltes ~
et
battages de la campagne précédente a provoqué un goulot d'étranglement impriévu
dont les conséquences vont se faire
sentir sur les deux cultures suivantes:
saison chaude mais également hivernage 1988.
a. mise en place du riz de saison chaude 1988
Les façons culturales ont été effectuées par la SAED le 6 mars. Cette date
tardive n'est pas imputable aux paysans. Mais réaliser les préparations du sol
la première quinzaine de février comme
l‘aurait voulu une conduite optimale 'de
la double culture, était impossible: à cette
date la majorité des parcelles
n'étaient pas libérées (Ann.2).
D'ailleurs, même tardif,
le déroulement des
opérations a été freiné par
l'existence de parcelles encore non battues (Fig.II.l). Les tracteurs ont du
parfois
travailler autour des meules et
certaines sous-parcelles ont été mises
en eau alors que la production des parties voisines n'était pas encore évacuée.
Ce chevauchement des deux campagnes a également posé un problème de
gestion foncière de l'aménagement. L'avancement des battages excluait la mise en
culture de l'ensemble des parcelles,
mais la plupart des paysans
se disaient
intéressés par cette deuxième campagne. Deux solutions s'offraient alors:
. regrouper les parcelles cultivées. Ceci limitait la longueur de réseau
hydraulique à mettre en charge et réduisait les problèmes liés à une
évacuation tardive des productions. Par contre cette solution supposait
des prêts fonciers entre paysans, sur
cette campagne mais également'la
suivante en cas d'échec de la double culture.
. conserver la structure des attributions foncières. Les consommations en
eau s'en trouvent accrues
mais les tensions sociales toujours possibles
avec des échanges fonciers temporaires sont écartées.
Les deux solutions ont été mises en pratique, chaque groupement choisis-
sant celle qui correspondait le mieux à sa situation. Ces choix ne sont pas sans
importance pour la mise en place de la campagne suivante.
b. mise en place du riz d'hivernage 1988
La mise en place du riz d'hivernage
1988 pose certains problèmes dont
certains ont pour origine le déroulement particulier des battages de l'hivernlge
précédent.
l!:

28
Globalement le retard initial du riz de saison chaude s'est accentué avec
l'allongement du cycle de 1'IKP consécutif aux conditions climatiques ren-
contrées de mars à mai. Les
récoltes sont prévues pour la deuxième quinzaine de
juillet, alors que les parcelles non cultivées doivent être mises en
eau dès le
10 juillet. Ce décalage pourrait s'accentuer avec le battage dont les modalités
sont encore imprécises. Il va avoir des répercussions diverses selon la solution
foncière
choisie, mais qui toutes soulignent
la rigidité de conception des
aménagements et leur mauvaise adaptation à la double culture.
Dans le premier cas les paysans dont l'ensemble de la parcelle est cultivé
en saison sèche chaude, devront négocier avec leurs 'locataires" la rétrocession
d‘une partie de leurs lots s'ils veulent bénéficier de semis précoces. Outre des
conflits toujours possibles, cette nouvelle répartition foncière,
parce que
temporaire, pourrait favoriser un certain laisser-aller dans la gestion techni-
que des parcelles (fertilisation et lutte contre les adventices notamment).
Dans le second cas le problème est d'ordre individuel et variable selon
les situations. Les paysans ayant cultivé une faible ou une forte partie de leur
sole
en saison
chaude seront,
pour des raisons différentes, peu gênés. Les
premiers pourront semer dès mi-juillet la majeure partie de leur parcelle; les
seconds réaliseront
au contraire 'des semis principalement tardifs, durant la
première quinzaine d'août qui était jusqu'ici la période habituelle de semis à
Diawar.
Les paysans dans une situation intermédiaire
seront par contre gênés par
l'absence d'accès direct aux sous-parcelles. Selon la position des unités cul-
tivées en saison
chaude les façons
culturales ou l'évacuation des productions
poseront problème (cf. schéma 2).
Une analyse
ultérieure de la double culture prendra en
compte ces trois
campagnes
sticcessives.
Les observations disponibles montrent, s'il en était
encore besoin,
la sensibilité de cette pratique à l'étalement des récoltes et
battages et les effets cumulatifs d'un goulot
d'étranglement à un moment donné.
Elles soulignent également la souplesse nécessaire à la fois dans la conception
des aménagements et le choix des mises en culture quand des contraintes fm-
prévues
apparaissent. Des solutions doivent être mises au point dans ce sens
(cf. infra).
3.2 Analyse des coûts
3.2.1 Comparaison des différents itinéraires de récolte et post-
récolte
On trouvera au tableau II.4 le détail des coûts par poste et itinéraire de
récolte - post récolte selon deux modes de calcul: en proportion de la produc-
tion traitée
et en F/ha avec pour base le
rendement moyen obtenu
dans chaque
village.
Globalement le coût de ces opérations est élevé et dépasse même le coût ,de
la redevance en eau, pourtant considérée comme une charge importante en agricul-
ture irriguée.
C'est pourquoi la réduction de ces charges doit devenir un
objectif prioritaire
dans la recherche de solutions aux problèmes techniqules
précédemment décrits. Ceci suppose une analyse économique fine à la fois des
procédés mécanisés actuels, et de ceux qui seraient testés et proposés.
L'analyse comparée des différents itinéraires observés montre que le
battage mécanisé tel qu'il se pratique à Thiago est au total le plus coûteux.
Ceci tient d'abord à l'importance du glanage, mais également à l'apparition du
poste
"amortissement"
absent
ailleurs:
l'augmentation résultante des coi&
i

.
2 9
Tableau II. 4
Analyse comparée des coûts de récolte et post-récolte
Itinéraire
manuel
semi-mécanisé
mécanisé
batteuse moiss.batt.
1. % production
Récolte
10,o
Battage fcmt
6,s
8,6
10,o
10,o
ammt
237
total
6,s
11,3
10,o
10,o
Vannage
237
3 , 0
Total 1
992
14,3
10,o
20,o
Transport
lS5
390
lS5
1,5
-
Glanage
2,o
11,7
Total général
12,7
29,0
11,5
21,5
-------------------------------------------------------------------
2 . F/ha
Rendement (T/ha) 6,2
335
692
6,2
Total 1
48 484
42 542
52 700
105 400
Total général
66 929
86 275
60 605
113 305
Schéne 2
Structure des parcelles et double culture
sur l’adnagerent SAED de DINAR (cas extrême)

A : sous-parcelles cultivables en hivernage (acycés
pour l’offset) mais dont le semis avant la mrkolte
de B va gEncr l’évacuation de ces productims.

8 : sous-parcelles cultivCes en saison chaude
C : sous-parcelles non accessibles avant la rkoltc
de B. SeDis possible sans@ travail du sol, c~omae
8.


30
s'élève à 4,2X de la production battue.
Notons toutefois qu'à
Thiago la disparité des modalités de paiement entre
groupements et la complexité des procédures suivies ne facilitent pas l'analyse.
On retiendra néanmoins que le passage à la mécanisation en gestion paysanne ne
présente pas forcément pour l'adhérent une amélioration de sa situation techni-
que et économique.
L'utilisation de la moissonneuse-batteuse en entreprise est également très
onéreuse mais présente l'avantage économique d'éliminer tous les postes inter-
médiaires: amortissement bien
sûr, mais également
vannage et glanage. Ceci se
fait au détriment des femmes qui voient ces sources de revenus disparaitre. Sans
doute pourront-elles parfois utiliser le temps ainsi dégagé pour d'autres
activités, maraîchage notamment, mais cette évolution reste à confirmer.
L'itinéraire intermédiaire (moissonneuse-batteuse à poste fixe) est
globalement le moins coûteux puisque la récolte ne coûte rien, que vannage et
glanage sont supprimés. Bien qu'il ne soit qu'un pis-aller ce cas représente la
situation technico-économique
optimale, avec
un matériel donnant un produit
propre et limitant les pertes diverses par égrenage.
L'objectif serait d'arriver
à des résultats techniques analogues avec des batteuses, puis de déterminer plus
précisément les prix de revient en gestion paysanne et en entreprise.
Avec le recours systématique à la main-d'oeuvre extérieure l'itinéra$re
manuel, malgré sa simplicité, revient finalement cher. Les coûts paraissent qui
plus est incompressible
car la somme de travail demandée est incompatible avec
le potentiel de main-d'oeuvre de la plupart des exploitations et la nécessité de
resserrer les
opérations. La main-d'oeuvre
familiale montre par ailleurs une
réticence importante
à la prise en charge
de ces opérations. Cette attitude
sociale motivée par la pénibilité des
travaux pourrait être un facteur
sup-
plémentaire de passage
à la mécanisation quand, en double culture,
il sera
difficile de trouver de la main-d'oeuvre extérieure pour évacuer les productions
de la saison sèche chaude.
3.2.2 Un problème général: l'ensachage
Mises à part les petites quantités
de paddy immédiatement consommées, la
production est entièrement
ensachée pour être stockée dans les greniers paysans
ou vendue à la SAED. Celle-ci prend en charge le
coût des sacs mais demande aux
producteurs de se procurer les emballages. A Thiago comme à Diawar les organi$a-
tions paysannes (respectivement les groupements et les sections villageoises)
dirigent cette opération parallèlement à la pesée du riz vendu et à la redis-
tribution des sommes versées par la SAED.
Sur le plan technique le conditionnement en sac manque de souplesse,
particulièrement lorsque les productions sont élevées. Pour le paysan il repré-
sente une somme de
travail supplémentaire, pour la
SAED et les groupements de
nombreuses manipulations entre
l'aire de stockage et
le carreau de la rizerie
(schéma 3). Il est par ailleurs peu adapté à la récolte mécanisée (cf.
suprj0.
Enfin les ruptures d'approvisionnement entre rizerie et village peuvent ralentir
les chantiers de battage ou contraindre les paysans au stockage du paddy à l'air
libre avant son enlèvement.
Sur le plan économique le problème est différent pour les groupements et
la SAED. Les premiers peuvent espérer tirer un
bénéfice du processus en augmen-
tant la rotation des sacs disponibles. Pour la SAED ce mode de conditionnement
représente une dépense
importante compte-tenu de la ristourne versée (1810F par
tonne livrée). Le bilan effectué par section villageoise à Diawar illustre bien
cette situation (Tab.II.5).

31
Tableau II. 5
Bilan économique du conditionnement
en sacs à Diawar
Section Vill. 1 Section Vill. 2
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
Dépenses :
nombre sacs
2000 3000
prix unitaire (F)
500 500
coût total
(FI
1 000 000
1 500 000
intérêt CMCAS (*)
40 000
56 000
Total
(F)
1 040 000
1 556 000
Recettes:
paddy évacué (T)
660
1115
ristourne
(FIT)
1810
1810
Total
09
1 194 600
2 018 150
-------------------_--------------------------------------------
Bénéfices:
monétaire
0)
154 600
462 150
sacs récupérés
1 600
non connu
(“1
montant du prêt: 100% du coût des sacs
intérêt
: 13,5% sur 4 mois
Schéma 3
Cheminement des sacs de la parcelle à la rizerie
Ensachage sur la parcelle
-Retour des sacs vides
au village
1
c
Transport au village
1
(charrette ou
tracteur)
Ouverture des sacs
déchargement du camion
+
, Stockage au village
et pesée ’
Pesée du camion
Chargement et Transport
par camion
l

3 2
N&tnmoins ces résultats sont susceptibles de modifications rapides,au
détriment des groupements. Tout d’abord les rizeries évoluant vers une plus
grande
autonomie, seront tentées de réduire
la ristourne. Ensuite le resserre-
ment inévitable des récoltes-battages nécessitera, pour une même production,
l’achat d’un plus grand nombre de sacs, dont les rotations seront moins nombreu-
ses :
la rentabilité du processus s’en trouvera diminuée d’autant pour les
groupements.
C’est pourquoi des solutions alternatives doivent être envisagées dès
maintenant, qui prennent en compte les contraintes et objectifs des deux parties
(cf. infra). Ce dialogue entre rizeries et producteurs doit également s’engager
sur la qualité du paddy livré.
4 3.3 La qualité du paddy
Dans le delta une grande partie
de la production de paddy est commer-
cialisée pour être transformée industriellement
en riz blanc. Cette intégration
des paysans à
une filière agro-alimentaire suppose
de part et d’autre des
contraintes et des besoins encore mal pris en
compte, comme en témoigne le prix
d’achat uniforme et fixé à 85 F/kg. Là encore la situation va sans doute évoluer
rapidement
avec la libéralisation de la commercialisation, tout en restant
tributaire de la politique menée en matière de prix au consommateur.
L’analyse des procédés de transformation; qu’ils soient industriels ou
artisanaux, ne rentre pas dans
le champ de cette étude. Néanmoins nous pouvons
avancer quelques remarques
à partir des observations effectuées sur les humidi-
tés du grain.
L’humidité standard du paddy est de 14%: elle sert de base au paiement des
producteurs
et satisfait aux conditions de transformation.
Les mesures effec-
tuées à la récolte et au battage montrent que (Fig.II.4):
. à Thiago comme à Diawar l’humidité moyenne lors de la mise en meule
est
tout juste supérieure
à 14%. Mais près de 40% des parcelles présentent
déjà une humidité inférieure à la valeur standard. Or d’apr& certains
auteurs
le riz atteint sa mâturité physiologique entre 18% et !20%
d’humidité (NANGJU et DE DATTA, 1970. DURR, 1984). Dans la grande
majorité des cas le paddy est donc récolté bien au-delà de ce stade.
. au moment du battage (donc pratiquement de la pesée) l’humidité du grain
a baissé
de 2 à 3 points et n’est plus que de 10 à 12%. Du fait des
délais de stockage elle ne sera plus souvent que de 8 à 10% lors de sa
transformation en riz blanc.
Cette situation a plusieurs conséquences. Tout d’abord la production des
paysans est
en règle générale sous-payée puisqu’aucune mesure d’humidité, ‘et
donc aucune rectification, n’est faite à l’arrivée du paddy à la rizerie.
L’étalement des récoltes et battages
entraine donc un manque-à gagner
direct
pour les producteurs.
Mais pour la rizerie cette dessication excessive du grain augmente le taux
de brisures, et
notamment des brisures fines qui passent dans le son. Par
ailleurs le grain mûr
laissé trop longtemps sur pied connait des alternances de
dessication-humectation avec*les variations hygrométriques de la journée (rosée
abondante le matin).
Un réseau de fêlures se crée peu à peu qui, lors du
décorticage ,
favorise la cassure du grain
et augmentent d’une manière générale
la surface polie et donc les pertes d’albumen (PICARD, communication orale).

3 3
Au total le processus de
transformation voit son rendement
techniique
diminuer : il est de l’ordre de 67% actuellement soit un prix de revient du riz
blanc hors
coûts de transformation égal
à 127 F/kg.
Avec un prix de vente au
consommateur
égal à 130 F/kg la
filière de transformation ne peut donc êjtr’e
économiquement rentable: son amélioration passe notamment par une
concertation
entre producteurs et transformateurs.
3.4 L’évaluation des rendements
L’analyse des
techniques de récolte et post-récolte met en évide~nce
l’existence
de flux multiples de paddy pendant
cette période: prélèvements,
dons, paiement
de la main-d’oeuvre, glanage des fonds de meule, représentlent
autant de quantités qui n’entrent pas dans la production ensachée. Or celle’-ci
forme la base du rendement pris en compte par l’attributaire de la parcelle,
celle qu’il gèrera directement, avec laquelle il paiera
ses charges de Cultu;re,
couvrira ses besoins vivriers et dégagera un éventuel surplus.
Parallèlement il est possible par échantillonnage d’évaluer le rendement
physique de la parcelle. Ceci pose des problèmes méthodologiques: taille de
l’échantillon, mode d’échantillonnage, etc..., mais permet de mesurer l’écart
entre ces valeurs
et la nroduction effectivement revenue à l’attributaire: le
déroulement des opération; de récolte et post-récolte nous amène à distinguer z
productivité agronomique (rendement au champ) de la productivité économique
(production réellement gérée) des parcelles.
Les mesures
faites en 1987 permettent cette analyse et y ajoutent une
description de 1’hétérogénéIté des rendements physiques sur un même aménagement.
Ces résultats feront l’objet d’un autre document.

Figure II.4
34
Variations de l’humidité du paddy avec le temps
Thiago
(X parcelles)
x
70
60
humidité
58
standard
humi di té
standard
40
30
1
20
1 0
X H20
C
1
0
t H20
I
1
% H20
J
1.0
1 2
1 4
1 6
1 8
20
1 2
1 4
1 6
1 8
Humidité ZI la mise en meule
Huaidite au battage
Pertes en eau
Diawar
(X sous-parcelles)
hunidi té
standard
humidité
, standard
1
1 11
0
I
I
X H20
8
1 0
1 2
1 4
16 18
20
2 2
8
10
12
1 4
1 6
1 8
2c/
X H20
HuriditC à la mise en meule
HumiditC au battage
4%
40 '
*
30 l
20,
10 ’
0
3 % H20
0
1
3
5
7
9
11

35
Conclusion générale
L'agriculture du
Delta du Fleuve Sénégal est en évolution constante et
rapide
sous l'impulsion
de dynamiques
internes et de l'environnement socio-
économique.
Améliorer la productivité des aménagements existants fait partie
intégrante de cette évolution pour un
ensemble de producteurs dénués
d'autres
ressources.
Le Delta n'est pas pour autant homogène: l'exemple de Thiago montre
que l'agriculture irriguée sur aménagement n'est pas toujours le moteur prin-
cipal des systèmes de production présents dans la zone.
Mais cette
amélioration, qui conditionne
la rentabilité des investis$e-
ments réalisés par 1'Etat et parfois par les paysans eux-mêmes, dépend partiel-
lement de la conduite en temps voulu des récoltes et battages. Ce problème de
calendrier est notamment
fondamentale pour la réussite de la double culture et
la qualité du paddy livré. Les transformateurs industriels ou artisanaux sont
dans ce dernier cas les premiers préoccupés par une dégradation de la situation.
Pour le paysan ces opérations de
récolte et post-récolte sont de plus
onéreuses
quelque soit
la technique choisie, pour un résultat bien souvent
médiocre. Le passage à la mécanisation n'a pour l'instant pas tenu toutes ses
promesses; sa gestion suppose une maîtrise technico-économique encore bien
imparfaite et
sans doute compliquée jusqu'ici par
la dimension collective du
problème.
Enfin les aménagements eux-mêmes, à travers leur conception, sont la
source
de contraintes supplémentaires en
limitant l'autonomie foncière et
individuelle.
Resserrer le calendrier
et réduire les coûts sont des objectifs majeurs' à
atteindre. L'expérience de 1987 nous incite à rechercher des solutions associant
souplesse et
autonomie pour les producteurs. Les domaines concernés sont
nombreux et relèvent d'une approche intégrée de la situation.
- la gestion du calendrier
La réussite de la double culture suppose une gestion très contraignante du
calendrier pour respecter les limites que nous imposent facteurs climatiques et
comportements variétaux. Pour ce qui est des
récoltes et battages le probl$me
est avant tout technique: faut-il mécaniser et si oui, comment?
Les observations faites en 1987 et les interrogations des paysans montrent
que beaucoup reste
à faire: les volets 'machinisme agricole' de la SAED et de
1'ISRA ont donc
un rôle fondamental à jouer pour à la fois tester
de nouveaux
matériels et techniques et conseiller les paysans dans leurs choix.
L'exemple
actuel de Diawar est sur
ce plan significatif des progrès
à effectuer dans ce
sens. Face aux problèmes rencontrés en 1987 l'une des sections villageoises a
décidé de s'équiper d'une moissonneuse-batteuse classique, d'un coût approxima-
tif de 18 MF hors taxes. Des discussions menées avec les responsables il ressort
qu'aucune
étude technique et économique sérieuse
n'est venu justifier ce choix
pourtant onéreux, augmentant d'autant le risque d'échec. La SAED devrait être à
même de mener ce type d'étude
avec les organisations paysannes intéressées'et
mettre à
leur disposition toute
l'information nécessaire pour facil+iter leur
prise de décision.
Parallèlement des tests
devront balayer l'ensemble de la gamme des
matériels assurant
récolte ou
battage mécanisés et déboucher sur la mise au
point d'un référentiel. Tous ces éléments sont contenus dans les projets de
r

36
recherche-développement à venir: leur réalisation
devient urgente devant
l'évolution de la situation.
- la gestion du matériel
L'extension probable de la
mécanisation des récoltes et battages passlera
par les organisations paysannes ou des entrepreneurs privés. Dans les deux cas
la gestion technique et économique
du matériel utilisé conditionnera sa ren-
tabilité et son intérêt par rapport aux objectifs visés. Les exemples cités dans
cette étude à Diawar et Thiago sont à ce titre édifiants. -~-
Les éléments à mettre en place sont connus: formation des hommes' et
services de maintenance.
Là encore la SAED et 1'ISRA ont un rôle important à
jouer,
à travers le suivi de SDMA par
exemple. Mais c'est également t#out
l'environnement économique des producteurs qui est concerné avec la nécessalire
implication des fournisseurs
dans le suivi des matériels vendus. Leur tissu
actuel dans la région
est encore faible: les premiers GIE équipés pourraient en
faire les frais.
- la conception des aménagements
De nombreux périmètres vont être créés ou réhabilités dans le cadre des
financements à venir. Leur conception devra intégrer les contraintes de mise en
valeur.
Quelques suggestions peuvent être
faites a la lumière des problèmes
rencontrés en 1987-1988:
. créer
deux soles par aménagement, l'une étant réservée à la double
culture. Au moment des
attributions chaque paysan pourra répartir sa
superficie totale entre les
deux soles selon ses objectifs et ses cIon-
traintes propres. Cette possibilité rappelle la structure des aména~ge-
ments de Thiago; elle est actuellement expérimentée à l'office du Nig;er,
au Mali (LE GAL et NDIAYE, 1988).
. prévoir un accès direct à chaque sous-parcelle ou parcelle permettra de
donner plus de souplesse
aux différentes interventions techniques.
Sur
les lots de grande taille comme à Diawar les paysans Compartiment~ent
systématiquement
leur parcelle et gèrent chaque unité ainsi Cr#éée
séparément: il est nécessaire de prendre en compte cette évolution de
l'aménagement dès sa conception.
. prévoir des aires de battage indépendantes des parcelles. Cette solution
a déjà été préconisée par JAMIN (1986). Elle suppose la précédente
réalisée, particulièrement
si les productions
sont abondantes comme à
Diawar en 1987.
. adapter la taille des parcelles à la mécanisation de la récolte si de
nouveaux matériels améliorent sa rentabilité économique.
- l'intégration des producteurs aux filières de transformation
Les producteurs du delta sont déjà fortement intégrés dans les circuits de
commercialisation et de transformation: l'augmentation
espérée des productions
avec la double culture et l'amélioration
des rendements, la libéralisation 'des
filières accentueront encore ces liaisons.
Les contraintes communes aux producteurs et transformateurs sont actuelle-
ment de deux ordres: l'ensachage
et la qualité du paddy livré.
La première
pourrait faciliter dans certaines zones telles Diawar un passage progressif au
vrac
avec mise en place
de silos intermédiaires dans les villages. Ce~tte

3 7
&ol’Ition n’est pas sans influer sur les opérations de récolte et
post-récolte:
transport par remorque du champ au village, modalités de pesée et d’identifica-
tion de la production différentes, etc... Elle serait évidemment mieux adaptée à
la récolte mécanisée.
Sur un autre plan la recherche d’une meilleure rentabilité de la transfbr-
mation pourrait amener les rizeries à développer une
politique de paiement à la
qualité. Les producteurs pourraient y
être sensibles selon l’intérêt économique
de cette évolution: on aurait là un facteur incitatif supplémentaire à l’améllo-
ration de la récolte et post-récolte.
Dans les deux cas les changements à venir supposent un développement de la
concertation entre producteurs et transformateurs. Plus globalement l’améliora-
tion de l’existant
nécessite la mise en oeuvre d’actions multidisciplinaires et
intégrées dans le cadre du programme Recherche-Développement ISRA-SAED.
Multidisciplinaire et intégrée car, nous l’avons souligné, les problèmes
de récolte et post-récolte touchent des domaines divers:
machinisme agricole pour le test et
le suivi de matériels nouveaux, adaptés
aux contraintes particulières du delta et notamment aux structures d’aménabe-
ment, la formation du personnel de conduite et d’entretien, l’information aes
producteurs et de leurs organisations.
agronomie pour l’intégration des propositions
à la mise au point des systèmes
de double culture.
socio-économie pour l’appui
aux groupements ou entrepreneurs dans
la gestion
économique des matériels, le calcul des coûts d’exploitation, etc...
rizerie pour la mise au point et l’application de nouvelles formes d’évacua-
tion de la production et d’une politique de qualité du paddy.
aménagistes pour l’intégration dans la conception des aménagements des condi-
tions spécifiques de récolte et post-récolte.
La démarche Recherche-Développement
est particulièrement adaptée à la
résolution d’un
tel problème dont
la dimension systémique est évidente et
l’échelle nécessite le passage immédiat en vraie grandeur. Sur le terrain le
choix
devra s’orienter vers des villages déjà équipés de batteuses, tel Thiago,
ou des organisations prêtes à s’équiper ce qui est le cas à Diawar.
Les équipes de la
SAED et de 1’ISRA pourront de concert ou séparément
intervenir sur ces sites pour réaliser diagnostics, études de rentabilité
économique et
technique, suivis et
appuis à la
demande des producteurs. Peur
jouer pleinement leur
rôle les structures de Recherche et de Développement
devront faciliter la diffusion de l’information entre les différents intbr-
venants : une demande
existe de la part des paysans,
il convient maintenant d’y
répondre de façon adéquate.

38
Bibliographie
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projet de périmètres, irrigués de
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3 9
Annexes
1. Calendrier des opérations par exploitation
2. Calendrier des opérations par vfllage

2
f- c
C
h C
5
c
h c
i?
C
h
N
c
5
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4.4
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1
1
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10
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102
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311
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101
m
1
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306
101
D\\\\"'\\""Y
1
305
101
.
303
102
101
302
103 t
-p
1

Ensemble des sous-parcelles
Annexe 3
,
no
date debut date fin
C a l e n d r i e r d e s o p é r a t i o n s p a r v i l l a g e
,
(% d e l a s u p e r f i c i e )
1
lE-11
22-l 1
2
23-11
29-11
3
30-11
6-12
4
7-12
13-12
semaine
5
14-12
20-12
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
2 13 14 15 16 17 18 19.
6
21-12
27-12
7
28.-12
3-01
8
4-01
10-01
9
11-01
17-01
10
18-01
24-01
11
25-01
31.-01
l
12
l - 0 2
7--02
semaine
13
8-02
14-02
13 14 15 16 17 18 19
14
15-02
21-02
15
22-02
28-02
16
29-02
6-03
JAYA
17
l-03
13-03
18
14-03
20-03
Thiago
.
19
21-03
27-03
D Récoltes
Battages
ci
semaine
Oi auar