SECHERESSE r --~--~ Note originale Sécheresse...
SECHERESSE r --~--~
Note originale
Sécheresse 2001 ; 12 (1) : 15-24
Importance de la haie vive isohypse
sur la gestion de l’eau du sol
et le rendement des cultures
dans un bassin versant
de Thyssé-Kaymor, Sénégal
En utilisant un réseau de 12 haies vives isohypses, associant
espèces indigènes et exotiques, cet article montre qu’il est possible
de réduire le ruissellement et d’augmenter l’infiltration sans trop

perturber les cultures sur un bassin versant du terroir de Keur
Dianko. II ouvre la voie à’une réintroduction progressive de l’arbre
dans les paysages agricoles des terroirs villageois de la zone
soudanienne dans le bassin arachidier du Sénégal.

Makiiny DIAllA
L es effets cumulés de la sécheresse La conséquence immédiate est une dimi-
au cours de ces trois dernières dé-
nution de la disponibilité en eau et de la
Elhadii FAYE
cennies, des feux de brousse, de la
productivité végétale, notamment des
surexploitation des terres et de I’exten-
cultures annuelles suite à la baisse de
ISRA/CRA,
sion des zones de cultures oux forma-
fertilité physico-chimique des sols.
BP 53,
tions peu anthropisées des savanes se
Dans ce contexte, la recherche dans le
Bambey, S(!négal,
sont traduits par la diminution du cou-
domaine agricole doit s’efforcer de
<Elhoi.Faye@ird.sn>
vert végétal ligneux. Fontarel [l] rap-
lever ces contraintes. Plusieurs essais ont
porte que la surface occupée par la vé-
été tentés pour améliorer et maintenir la
gétation spontanée dans la région de
fertilité de ces sols appauvris, notam-
Michel GROUZIS
Thyssé-Kaymor (figure II est passée de
ment par le biais de I’agroforesterie.
62 à 34 % entre 1970 et 1983. Les dé-
Banda et a/. [4] ont étudié les effets des
frichements représentent environ 30 à
haies de ieucaena leucocephala sur les
IRD, BP 434, route d’Ambohipo,
45 % de la surface totale du territoire en
pertes en terre et sur les rendements du
Antananarko 101, Madagascar.
10 ans. Les forêts claires et savanes boi-
mais. La même espèce a été étudiée par
sées au sens de Trochan [2], qui repré-
Mureithi et a/. [5] sur ses rapports avec
P. PEREZ
s e n t a i e n t 1 5 % d u s e c t e u r e n 1 9 7 2 ,
la productivité du maïs et avec les pro-
n’en constituent plus que 10 % actuelle-
priétés chimiques du sol. La haie vive
ment. Cette dégradation du couvert vé-
agit-elle sur les cultures ? En effet, il se
CIRAD, BP .5035,
gétal est accompagnée d’un ruisselle-
pose des problèmes de concurrence que
34032 Montpellier Cedex 1, France.
ment intense entraînant une érosion [3].
certains auteurs ont essayé d’apprecier
15
- - -----
--.
-8

/-----
A
i 7w
__-~--.--
Zone sahélienne
16”
7
Zone sahélo-soudanienne
1
1 5 ”
-----..L~~/-
600 -=-----
-------Y /
Zone soudano-sahélienne
\\
/
i
Zone soudanienne \\
I
Références
t-i-f--t----t
13”
12”
11”O
1. Fontanel P. État des végétations de por-
cours dans /a communuuté
rurale de Kaymor
B
(Sud Sënégul, S&umj Effets de /a pression
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4. Banda AZ, Maghembe JA, Ngugi DN,
Chome VA. Affect of intercropping maize
and closely spaced Leucoena hedgerows on
soi1 conservation and maize yield on a steep
slope ut Ntchen. Agroforesfry Sysfems
I-
1994 ; 27 : 1:7-22.
Figure 1. Carre de situafiorr. 4 : localisation de la zone d’étude dans le contexre bioclimatique du Séné-
5. Mureithi JG, Tayler RS, Thorpe W. The
gal, défini par les isohyètes /I96O.I990). les limites bioclimafiques utilisees correspondent aux critères
effects of alley cropping with leucaena leu-
décrits par le Houérou [/OI. A : Agrandissement de la zone d’étude.
cocephala and of different management
practicies on the productivity
of maize and
soi1 chemical properties in lowland coastal
Kenya. Agroforesfry Sysfems 1994 ; 27 :
et de résoudre. Okorio et a/. [h] ont
la maîtrise de I’eaLl, que les fonctions
31-51.
montré qu’une Conc:urrence des racines
socio-économiques cles haies vives, liées
des ligneux agroforestiers se manifeste
à leurs multiples produits secondaires
6. Okorio J, Byenktr S, Waija N, Peden D.
sur les C:ultures de haricots et de ma‘is,
tels que l’énergie, les aliments, les maté-
Comparative performance of seventeen up-
perstorey tree species associated with crops
laquelle est plus prononcée que la com-
riaux de constructiorl et les revenus issus
in the highlands of Uganda. Agroforesfry
p é t i t i o n p o u r la l u m i è r e . T i a n e t a/. [7]
de la vente de sous-produits comme les
Sysfems 1994 ; 26 : 185203.
ont étudié les effets phytotoxiques de la
feuilles, les fruits, les médicaments, les
litière de
fourrages, le bois,
7. Tian G, Kang BT. Evaluation of phyto-
Gliricidia sepium au labora-
WI font une technique
toxic effects oi Gliricidia sepium (Jacq) Walp
toire et aux champs sur des cultures de
importante du milieu rural, surtout
prunings on maize and cowpea seedlings.
maïs et de pois et ont montré que cette
quand la pression démographique est
A g r o f o r e s f r y S y s f e m s 1 9 9 4 ; 2 6 : 2 4 9 - 5 4 .
t o x i c i t é r é e l l e s e m a n i f e s t e s u r l e s
très forte.
8. Depommier D. Propagation et comporte-
feuilles.
La zone sahélo-soudanienne est caracté-
ment d’espèces à usages multiples en haies
Cependant, les effets bénéfiques de la
risée, par ailleurs, par une tendance g&
vives pour la zone sahélo-soudanienne : ré-
haie vive ajoutés aux différents usages
nérale à un déficit hydrique. L’améliorcr-
sultats préliminaires d’essais menés à Gonse
socio-économiques semblent largement
tion nécessaire {de l’efficacité des pluies
et Dinderosso
(Burkina Faso). In : Physiolo-
compenser son influence négative sur
suggère la sélection d’espèces ayant
gie des arbres et arbustes en zones aride et
semi-aride. Groupe d’étude de l’arbre,
les cultures environnantes. Depom-
une bonne efficience en eau et/ou une
1991 : 155-65.
mier [8] indique, outre les avantalaes sur
maîtrise des flux hydriques induits par

les précipitations. te ruissellement, par
de l’arrondissement de médina Sabakh,
rizons supérieurs. Celle-ci est relative-
ses effets négatifs (diminution de l’eau
dans la région administrative de Kao-
ment plus forte en bordure de plateau.
disponible pour la culture, érosion des
lack (figure 1).
Les sols sont de type ferrugineux tropi-
sols) mais aussi par ses effets positifs
te climat de la région est de type souda-
caux peu épais sur cuirasse gravillon-
(concentration de l’eau dans les endroits
nien à deux saisons fortement contras-
nuire à lithosols sur le talus d’éboulis.
privilégiés de bas de pente) influence la
tées : une longue saison sèche (no-
Cette unité de plateau est utilisée essen-
productivité agricole [9]. En effet, dans
vembre à mai) et une saison des pluies
tiellement pour le pâturage, le ramas-
de vastes zones intertropicales, des
variant de 4 à 5 mois (juin à octobre).
sage de bois et divers services
pourcentages importants des précipita-
ta moyenne des pluviosités annuelles sur
(cueillette, chasse, etc.).
tions s’écoulent par ruissellement et drai-
la série (1970-P 992), réparties entre 60
??
Le glacis est une surface entaillée dans
nage profond. Dans le centre du Séné-
et 45 iours de pluies, est de l’ordre de
les altérites de grès cuirassé. Elle pré-
gal, par exemple, Reyniers et Forest [9]
600 mm. ta saison des pluies est centrée
sente différents profils transversaux sui-
indiquer-r qu’environ 50 % seulement
sur le mois d’août qui reçoit en moyenne
vant les secteurs convexe-concaves ou
des pluies sont utilisés pour I’alimenta-
37 % des précipitations [l 11. L’analyse
convexes [14]. La profondeur de la cui-
tion hydrique des végétaux. Dans ces
de séries observées depuis 1932 à la
rasse est très variable et dépend du mo-
condition:,, fa réduction du ruissellement
station de Nioro du Rip montre que la
delé. tes sols sablo-limoneux sont ferrugi-
et du drainage profond au profit de la
période actuelle s’inscrit dans une ten-
neux tropicaux lessivés moyennement
production végétale est nécessaire pour
dance générale de déficit pluviomé-
profonds de série rouge. Ce sont des sols
améliorer l’efficacité des pluies dans un
trique. Cette tendance à la baisse des
sensibles à l’érosion lors de leur mise en
contexte cle déficit croissant.
précipitations annuelles a été plus mar-
culture. Cette unité géomorphologique est
tes arbres et arbustes végétalisant les
quée à partir des années 70. Durant la
occupée par le parc agroforestier à Cor-
dispositifs anti-érosifs en zone tropicale
période 1970-1992, la fréquence des
dyla pinnata où l’arachide, le mil et le
sèche, encore peu étudiés et utilisés, de-
années déficitaires s’est accrue.
coton constituent les soles principales
vraient cependant avoir des effets posi-
Les caractéristiques géomorphologiques
?? ta terrasse correspond à des forma-
tifs sur la gestion conservatoire de l’eau
et édaphiques de la région sont connues
tions de colluvionnement et d’alluvionne-
et de la fertilité du sol. Ils doivent, en
grâce aux travaux de Bertrand [ 121 et
ment épaisses, principalement sableuses,
fonction de leur densité et de leur arran-
Ange [13].
limoneuses en surface et argileuses en
gement soatial, avoir la capacité de
Les différentes unités géomorpholo-
profondeur. Son modelé en coupe est lo-
jouer le rtle de barrière et de filtre mais
giques identifiées dans la zone
calement marqué par des traces d’éro-
aussi, compte tenu de leur profil raci-
(figure 2) sont :
sion linéaire, parfois même par un ravi-
nuire, de ralentir et de diminuer le drai-
?? Le plateau cuirassé compris entre
nement intense, notamment le long des
nage profond. Ainsi, la haie vive iso-
25 et 40 m d’altitude. ta pente géné-
pistes. Les sols sont ferrugineux tropicaux
hypse pourrait induire un changement
rale très faible, inférieure à 1 %, en-
peu lessivés, profonds et de série beige.
dans la redistribution spatiale et tempo-
traîne tout de même une érosion des ho-
ta terrasse est occupée par le parc agro-
relle de l’eau qui entraînerait d’autres
--
questionnements. ta présence des Ii-
gneux indErirait-elle des relations complé-
mentaires et/ou concurrentielles avec
les cultures (micorhization, symbioses
bactériennes
ou phénomène d’allélopa-
thie, etc.) :!
L’obiectif de ce travail est d’apprécier
les effets tics haies vives isohypses ins-
tallées en parcelles paysannes sur les
transferts cl’eau et sur le rendement des
cultures.
Cadre d’étude et méthode
Ferrugineux
Unités du paysage
trcmicaux
La région d’étude est située dans la par-
tie sud du bassin arachidier du Sénégal,
sur les terroirs villageois de la commu-
nauté rurale de Thyssé-Kaymor
(13”45’ N et 15”40’ 0), à une tren-
taine de kilomètres à l’est de Nioro du
Rip. Cette communauté rurale, d’une su-
perficie de 19 500 hectares, fait partie
Figure 2. Caractérkkpes du bassin versant de Keur Dianko {d’uprès Diatia et a/. [i 11).
---

forestier ci Parkia biglobosa. Cette zone
ont fait I’obiet d’un suivi hydrique, et
est exploitée essentiellement pour la cul-
d’un suivi agronomique des cultures.
ture des céréales (mil, maïs).
La haie vive isohypse est une technique
?? Le bas-.fond se décompose en une sur-
agroforestière simple de lutte anti-éro-
face alluviale temporairement inondée
sive appropriable par les paysans. Elle
et une alire colluvio-alluviale latérale.
est une formation dense et alignée d’es-
Des traces d’érosion rt;gressive et Ides in-
pèces ligneuses (arbustes ou arbris-
dices d’hydromorphie apparaissent sur
seaux) et/ou herbucées pérennes (Veti-
cette dernière. La surface alluviale tem-
vera nigritania, Anchpogon gayanus,
porairement inondée correspond aux lits
Panicum maximum) dont I’obiectif est de
d’anciens bras du principal axe de drai-
limiter le ruisselleme~lt et l’érosion dans
nage de la zone, le baobolon. Cette
les champs de cultures.
zone est occupée par la forêt-gsalerie.
Elle permet de réintroduire l’arbre dans
Elle est utilisée pour le parcours du bé-
l e p a y s a g e
a g r i c o l e c o m m e l ’ a
tail, le maraîchage et la culture du riz.
proposé Roose [15] dans une stratégie
de revégétalisation de l’espace agraire.
Plusieurs critères entrent en compte dans
Dispositif expérimental
le choix des espèc.es à utiliser en haie
Les champs de culture situés sur le glacis
vive : adaptation (III~ conditions pédo-
du bassin versant de Keur Dianko d’une
climatiques, facilité de multiplication,
Références
superficie de 60 ha [figure 3) ont été re-
croissance rapide, recouvrement et
tenus pour conduire cette expérience.
bonne ramification. Sur la base de ces
Ceux-ci sont constamment menacés par
critères et des besoins des populations,
9. Reyniers FN, Forest F. La pluie n’est pas
le ruissellement en provenance des sur-
onze espèces ont iJté retenues. Celles-ci
le seul remkde à la sécheresse en Afrique.
faces disgradées du plateau cuirassé.
ainsi que leurs caractéristiques, taux de
Sécheresse 1990 ; 1 : 36-9.
Ces champs ont été équipés de haies
survie et hauteur (après trois saisons de
10.
vives isohypses, dont l’amont et l’aval
pluie), sont reportées dans le tableau 1.
Le Houérou HN. The grazing kand eco-
systems of African Sahel. Ecologicol
Studies
75. Berlin : Springer-Verlag,
1989 ; 282 p.
Figure 3. Schéma du
11. Diatta M. M i s e e n d é f e n s e t t e c h n i q u e s
dispos!tif cmti-érosif
du
agroforestikes au Sine-Saloum (SénégalJ.
Effets sur ICI conserwtion

de l’eau, du sol et
basin versant de Keur
sur la production primaire. Strasbourg :
- - Hak?we (1988)
Diankc (60 ha).
Doctorat Université, scientifique Louis-Pas-
??
? ? ? ?
Hale-vive (1988-1990)
- - - - Cordon de pierres
teur, 199A ; 202 p.
A Dem[-lunes (1990)
12. Bertrand R. Morphologie et orientations
Enrochement
0 Mise en défens (1988)
culturales des régions soudaniennes du Sine
??
Parcelle de simulation
Saloum (Sénégal) Agronomie Tropicale
1972;ll 111590.
13. Ange P,. Stratification des paysages
agraires pour l’identification des confraintes
à la production agricole, la mise au point et
l’essai de solutions techniques. In : ISRA/Dé-
p a r t e m e n t s y s t è m e s , e d . la r e c h e r c h e ugro-

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gique et hydropédologique
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crobarrages perm&ables
? Analyse de leur
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dans la zone soudano-sahélienne. Cah
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M, Sene M. Reha,bilitotion
of a semi-arid
ecosystem in Senegal 2. Farm-plot
experi-
ments. Agriculture, 6:osystems and Environ-
ment1998: l-11.
18
Sécheresse n” 1, voi
1 2 , 177013 2001

Jdleao 1. Ca~rMaues des espèces utilisées en haie vive à Thvssé-Kovmor en 1991
1991 et le mil en 1992, dans un sys-
tème de rotation arachide/mil pratiqué
Espèces utilisees
Taux de survie (%) en 1991
Hauteur [cm) en 1991
-----~~
dans la zone d’étude. Un dispositif en
blocs randomisés a été utilisé pour étu-
Espèces locolc~s
Acacia nilobr var. odansonii G. Perr.
dier la variabilité spatiale des rende-
Acacia sene ~I/(L.) illd.
ments des cultures par rapport à la haie
Acoch seyu 3 Del.
vive. Le rendement a été mesuré sur des
Acacia mellihra
Bauhininruf~scenslom.
lignes d’un mètre de long pour I’ara-
Dichrostuchys gherutu (Forsk) Ghiov.
chide et dans des parcelles de dimen-
Piliostignra reticuhtum (D. C.) Hothst.
sions 1 X 2 m pour le mil, avec 3 répéti-
Ziziphus maurifiuno Lom.
tions par distance (1, 2 et 5 m en amont
et en aval de la haie vive).
;/FJ;;.;g
La production totale des parties aé.
Parkinwnia aculeota 1.
riennes (gousses + fane) et la production
Pros@5 chilevsis (Mol.) Siuntz
de gousses pour l’arachide aussi bien
que la production totale des parties aé-
ta réalisction des plantations en courbe
l’efficacité de la haie, puis pour divers
riennes (épis + tiges + feuilles) et la pro-
de nivealJ nécessite un relevé topogra-
usages domestiques (bois de chauffe,
duction d’épis pour le mil ont été quanti-
phique du paysage agricole pour déter-
fourrage, etc.).
fiées. Les données sont soumises à une
miner les lignes isohypses sur lesquelles
analyse de variante.
seront plantés les arbres. Les contraintes
Suivi hydrique et agronomique
liées, d’une part, au parcellaire établi
et, d’autre part, aux exigences de la
Ce suivi a porté sur une seule ligne
Résuhts
culture attelée ont conduit à lisser cer-
d’arbres composée de deux des onze
taines courbes de niveau à la demande
espèces utilisées : Acacia nilotica var.
des propriétaires des champs. Toutes les
adansoniiet Ziziphus maurifiana.
Les prélèvements d’échantillons de sol
lignes repérées sont matérialisées par
effectués au cours des deux campagnes
des piquets. Après le repérage, la pré-
de mesures (1991 et 1992) donnent
?? Suivi hydrique
paration du chantier a consisté à :
l’humidité en profondeur et les stocks
creuser des tranchées de 50 cm de
Les variations du stock hydrique du sol
d’eau par rapport à la distance à la
Ïarge sur une profondeur de 50 cm le
en fonction de la position et de la dis-
haie vive. Ces résultats reportés au ta-
long des lignes ;
tance à la haie vive sont d’abord appré-
bleau II et illustrés sur la figure 4 mettent
- reboucher ces tranchées avant I’arri-
ciées. Pour cela, l’humidité a été mesu-
en évidence une différence de compor-
vée des premières pluies pour ameublir
r é e s u r d e s p r é l è v e m e n t s f a i t s à l a
tement hydr!que probablement liée à la
le site de plantation et améliorer les
tarière. Les prélèvements ont été réalisés
haie vive. A proximité immédiate des
conditions hydriques des plants.
sur des sites en amont et en aval de la
arbres (0,5 à 1 m), l’humidité du sol est
Les haies vives ont été plantées entre
haie vive. Ces sites sont répartis respecti-
plus élevée et I’humectation plus pro-
1988 et 1990 (plantations et regarnis)
vement à 05 m (sous la haie), 1 m (li-
fonde. En revanche, l’humidité du sol au
en fonction du plan de masse reporté
mite de la frondaison), 2 et 5 m (exté-
niveau des profils éloignés (profils exté-
sur la figure 3 :
rieur de la haie) suivant un dispositif en
rieurs) de la haie vive (2 à 5 m) est net-
- 12 lignes de longueurs variant entre
lignes perpendiculaires à la haie vive
tement moins élevée. Au niveau de ces
150 et 730 m, perpendiculaires à la
avec trois répétitions. L’écartement entre
derniers, le front d’humectation est peu
ligne de plus grande pente ;
deux lignes est de 10 mètres. Bien évi-
profond et affiche un retard de progres-
- l’écartement est de 50 cm entre les
demment, les prélèvements ne peuvent
sion vers les horizons sous-jacents. On
plants sur la ligne ;
être effectués au même endroit. Le suivi
peut, en comparant les différents profils
- l’écartement entre deux haies, compris
des stocks hydriques réalisé avec un pas
en amont et en aval, observer une Ié-
entre 40 et ‘60 m, varie en fonction de
de temps d’environ 15 jours, durant la
gère tendance à un avancement plus
la pente ;
saison des pluies a débuté en saison
p r o f o n d d u f r o n t d ’ h u m e c t a t i o n e n
- les haies vives sont plurispécifiques dans
sèche avant la première averse et s’est
amont, sans toutefois observer de diffé-
le but de diversifier et sélectionner les es-
prolongé un mois après la dernière pluie
rence significative entre des profils si-
pèces ayant un meilleur comportement
pendant les années 1991 et 1992. Le
tués à égale distance et de part et
dans le site (taux de survie, croissance).
stock hydrique est évalué sur une épais-
d’autre de l’axe de la haie.
ta coupe en hauteur des haies en début
seur de sol d’un mètre. Pour l’analyse,
Par ailleurs, le suivi au cours du temps
de saison des pluies (juin) a pour obiec-
les observations provenant des sites si-
des profils hydriques en relation avec la
tif de limiter la croissance, de favoriser
tués en amont sont séparées de celles
haie vive a montré une forte variation
la ramification et la densité à la base et
réalisées en aval de la haie vive.
des stocks d’eau par rapport à la distri-
de réduire l’incidence du houppier sur
bution de la pluviométrie @b/eau 111/ et
la parcelle de culture. Les produits de
en fonction de la saison [figure 5).
?? Suivi agronomique
cette coupe de gestion sont utilisés, au
Les stocks d’eau mesurés respectivement
début, pour colmater les brèches sur la
L’influence de la haie vive sur les cul-
avant la première averse de la saison
ligne des arbres de manière à renforcer
tures a été évaluée sur l’arachide en
(15 juin 1991), au cours de la saison
1 9
. .._. _-~,_----.
~--~
-- .-

1
Tableau II. Stocks hvdriaues
en fon,ction des dates et de la distonce de lu haie vive
lÏiF-- ’ ’ --.
Aval
A m o n t
Campa ne 1991 (m)
0,5
2
5
15/06/!991 (dl) (mm)
31/07/1991 (dz) (mm)
138
1'12
8:
9;
88
Humidité (A X) = d2 -dl/dl 1%)
1:;
33
28/08/1991 (d3) (mm)
1:!8
;
1;;
Humidité (A %) = d3 - dl/dl 1%)
ii2
07/10/1991 (d4) (mm)
1:;
108
8:
tIIm’d;it,%&d4 - dl/dl (%)
27
29
ii
14
02/1!/Q992 (dl) (mm1
‘?O
15/06/1992 (d2) (mm)
:;
7;
::
Humidité (A X) = d2 - dl/dl (%)
- 7
-18
-19
28/07/1992 (d3) (mm)
87
Humidité (A %) = d3 - dl/dl 1%)
4
0;
19/08/1992! (d4) (mm)
94
Humidité (A %) = d4 - dl/dl (%)
;$B
29/09/1992 (d5) (mm)
;7
Humidité (A %) = d5 - dl/dl (%)
16
25
5
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Htlmidité
volumique (%)
Cassis siamecr hedgerows on soi1 conserva-
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nismes physiologiques d’adaptation ci la sé-
cheresse.
App/icak~n
ou cas de /‘arachide
(Arachis
hypogea 1.1 cultivé ou Sénégal.
Paris : Thèse d’Université Jussieu, 1990 ;
281 p.
22. Fournier A. Phénologie,
croissance et
production végétales dans quelques savanes
d’Afrique de /‘Ouest. Variation selon un
gradient
climatique. Paris : Orstom Ed.,
Coll. Études et thèses 1991 ; 312 p.
23. Pearcy RW, Ehlinger J. Comparative
ecophysiology of C3 and CA plants. Plant
Ce// Env 1984 ; 7 : ‘i-1 3.
24. Mordelet P. Inflldence of tree shading on
carbon assimilation of arass leaves in tamto
-100 1
-.--~----
,I-----.-_-
savanna,
CBte d’ivoire.
Acta Oecologica
Profondeur du sol (cm)
Profondeur du soi (cm)
1993 : 119-217.
25. Dtrouda OS, Emmanuel R, Mirini 0.
Figure 4. Profils hydriques en omont /A et Cl et en aval [B et D) des haies vi.~ le 28 juillet 199 1 [A et
Rôle du système racinaire dans la résistance
BJ ef le 2 septembre 1992 (C ef D/.
à la sécheresse chez le mil : analyse de la
rhizogenèse
post-florale.
In : Hamon S, eci.
le mi/ en Afrique : tdiversité génétique agro-
d e s p l u i e s ( 3 1 j u i l l e t e t 2 8 aoijt p o u r
1991 et 2 octobre 1992) sont report&
physiologique : pofenliafilités
et contraintes
l ’ a n n é e 1 9 9 1 ; 1 5 j u i n , 2 8 j u i l l e t ,
au tableau II. II faut souligner que, en
pour I’amélioration
génétique et Iogriculu-
fure. Paris : Orstom, Coll. Colloques et sémi-
2 9 août e t 2 9 s e p t e m b r e e n 1(?92) e t
1992, à défaut d’une mesure avant la
naires, 1993 : 188-204.
a p r è s l a d e r n i è r e a v e r s e ( 7 o c t o b r e p r e m i è r e a v e r s e , n o u s a v o n s c o n s i d é r é
20

Données pluviométriques (mm) en 1991 et 1992
profil sec (15 juin] et le profil le plus
-
-
-
humide (28 août) a augmenté respecti-
Moi
Juin
Juillet
Août
Septembre Octobre
Total
-
-
-
vement de 75 % à O,5O m, 9 % à 1 m,
‘a
3’
1;
3 0 0
82 15 31
15 31
28 % à 2 m et 40 % à 5 m en aval et
Oo 81,f
15 30
120,5
169,4 196,4 140,2
308,6 200,4 396,1
449,7
264,3 360 6 407 2
50712 584:4
4 8 : :
641’5
482,5
de 73 % à 0,50 m, 52 % à 1 m, 28 ?,
641,5
à 2 m et 35 % à 5 m en amont de lc
Nombre jouis de pluie (19911
Nombre jours de pluie (1992)
1
3
10
1;
1;
Fi
27
4
4n
haie vive ;
._
I
l
I
i
I
? ? e n 1 9 9 2 , a v e c u n e p l u v i o s i t é
meilleure [tableau ///j, le stock hydrique
entre le profil sec (2 novembre) et le
Réserves hydriques totales O-100 cm (mm)
-~
3ie
profil le plus humide (29 septembre) a
Aval
augmenté respectivement de 40 % à
2
Amont
11 0,50 m de la haie vive, 27 % à 1 m,
2 1 %à2met17%à5menaval;et
52 % à 0,50 m de la haie vive, 44 % à
1 m, 25 % à 2 m et 5 % à 5 m en
amont.
Ce résultat montre que, entre le profil
sec et le profil le plus humide, le stock
d’eau a augmenté davantage au voisi-
nage immédiat (0 à 2 m) de la haie
vive qu’à l’extérieur de celle-ci (2 à 5
m). Le stock hydrique a augmenté da-
vantage en 1991 qu’en 1992. En re-
160-~---
Haie
vanche, en fin de saison des pluies, on
Aval
remarque une diminution importante du
stock d’eau à proximité immédiate de la
haie vive (profil du 2 novembre 1992).
Cette diminution est plus prononcée
sous la haie (0,5 m).
La figure 6 résume les rendements des
cultures d’arachide et de mil obtenus
au cours des deux années d’observa-
tions. L’examen de cette figure montre
que le rendement des cultures a ten-
01 --
dance à décroître à proximité immé-
diate de la haie vive. On remarque ce-
- 6
- 4
- 2
0
2
4
pendant que cet effet dépressif de la
Distance par rapport à la haie (m)
haie vive est plus sensible pour le mil.
Ce résultat est confirmé par l’analyse de
Figure 5. Muence des hures vives sur le stock hydrique du sol sur /a tranche 0 à 100 cm.
variante réalisée sur la production to-
t a l e d e s p a r t i e s a é r i e n n e s ( g o u s s e s
+ fane et gousse) pour l’arachide, (épis
+ tiges + feuilles et épis) pour le mil. Les
le profil clu 2 novembre correspondant
?? en 1991, avec une pluviosité défici-
résultats de cette analyse reportés au ta-
à u n m o i s a p r è s l a d e r n i è r e a v e r s e
t a i r e d e l ’ o r d r e d e 482,5 m m e n
bleau IV montrent, au seuil de 5 %, une
(arrêt de la saison des pluies) comme
m o y e n n e ( n o r m a l e d e l ’ o r d r e d e
différence significative pour le mil et
étant le pi.ofil de référence (profil sec).
700 mm), le stock hydrique entre le
non significative pour l’arachide.
Ce tableau résume les principaux résul-
tats que l’on peut tirer de ces deux
années de suivi du stock hydrique du
Tableau IV. Effet de la haie vive sur la production des cultures (test de Neewmon Kheuls ou seuil de 5 %) de mil et d’arachide
sol en fonction de l’éloignement de la
haie vive 1st l’évolution de la pluviomé-
Distance par ropport à la hoie vive
Produits (moyennes) kg.ha-’
trie. Il apparaît, en effet, une différence
Mil
e n t r e l e 13 j u i n 1 9 9 1 e t le 2 n o v e m b r e
2 841,67
1 9 9 2 , da’es d e réfkrence qui corres-
;;
2 529,17
l m
1 825,50
pondent ~JX profils secs, et les autres
dates (prcfils humides) au cours des
8rathide
deux campagnes de mesure (1991 et
5m
4 79.17
1992). L’analyse des résultats portés sur
:m
4 7D;83
4 45,83
le tableau ‘/ permet de constater que :

augmentation
de l’infiltration avec une
Matière sèche (kglha)
H a lie
- - -
a m é l i o r a t i o n p l u s n e t t e d u p r o f i l hy-
800 --
II
Amont
A
drique s u r u n e d i s t a n c e d e 2 m e n
l - -
amont et de 1 m en aval de la haie.
*
,’
Kiepe [17] a travaillé sur des haies de
6 0 0
3-...-...
,’
----..- -______ -0, ,’
.-
Cass;a siamea au Kenya et trouve que
?
celles-ci diminuent de 23 YO les pertes
d’eau par ruissellement.
4 0 0
4.
‘3
5
!-
II y aurait donc, pendant la phase plu-
0
-
vieuse, une capacitb de stockage d’eau
plus grande sur la ligne d’arbres due
2 0 0
probablement à l’amélioration de la
structure du sol [borine porosité) favo-
rable à l’infiltration.
0
4
-
-
------+-----+-----
- 6
-’ 4
- 2
0
2
4
6
Perez et a/. [ 161 ayant travaillé dans la
I lie
même zone indiquem, en moyenne, des
5 0 0 --Tr---
-
-
-
-
Amont
B
vitesses d’infiltration de 90 mm/h, quel
que soit le type de sol.
4 0 0
Concernant les cuhures, au bout de
la
deux années d’évaluation, on observe
3 0 0
un effet dépressif de la haie vive sur le
m i l q u i d i m i n u e à m e s u r e q u ’ o n
s’éloigne du couvert ligneux. Ainsi, au
2 0 0
1:
v o i s i n a g e immédicit d e l a h a i e v i v e
(0,5 m), le rendement de mil est des
1 0 0
-L----\\y
plus bas. Ce résultat obtenu est corro-
I
oc--- I
I
boré par ceux des travaux antérieurs.
-6
-~--+-.-----
En effet, la littérature agroforestière
- 4
- 2
0
2
4
6
rapporte des cas de concurrence entre
Distance par rapport à la haie (m)
arbres et cultures. Singh et a/. [18] ont
Gousses + fanes
- Borne des intervalles de confiance
évalué l’effet de quelques espèces li-
pour les valeus gousse * épi
gneuses sur les cultures de sorgho et
Borne des intervalles de confiance
pour les valeus gousses + fanes et tige + épi +
de pois dans un système de culture en
couloirs. Ils ont montré des valeurs d’in-
dite de surface foliaire, de rendement
Figure 6. Hfek de /a haie vive sur /es cultures d’aruchides 199 i’ (A/ et de mil 1992 (5).
en grain, de matiére sèche totale de
sorgho et de pois plus élevées dans
des parcelles de culture pure (sans
arbres] et dans les parcelles situées au
milieu des allées de sorgho et de pois
Discussion
pose qu’il y a encore un stock d’eau re-
que dans celles qui avoisinent les
lativement important sous la haie vive,
arbres. De même, Mouteith et a/. [19]
La différence observée entre le profil sec
un mois après l’arrêt de la pluie. Ce
ont montré, avec une culture de mil en
et le profil le plus humide suggère une
stock d’eau a cependant fortement dimi-
association avec des ligneux, que les
capacité de stockage d’eau importante
nué à O,5 m de la ligne d’arbres, ce qui
r e n d e m e n t s ont fléchi dans les par-
à proximité de la ligne d’arbres. Perez
traduit une augmentation de la consom-
celles proches des arbres et peuvent
ef a/. [ 161 montrent une différence de
mation en eau des arbres. Cependant, il
dépasser 50 % des rendements en mo-
I ’ é v a p o t r a n s p i r a t i o n e n t r e l e s z o n e s
faut souligner que, en saison des, pluies,
noculture selon certains auteurs. Aussi,
proximale (O,!j à 1 m) et externe (2 à
l’effet perte d’eau au voisinage immé-
Salazar et a/. [2O] ayant étudié les ef-
5 m) de la haie vive. Ils trouvent un ratio
diat de la haie vive par évapotranspira-
f e t s d e h a i e s d e leucaena leucoce-
de 1:3 en faveur de la proximité à la
tien est atténué par l’apport du ruisselle-
phala et Erythrina sp. sur la culture du
haie vive, Cependant, le stock d’eau a
ment et l’infiltration.
riz Oriza sativa var. Carolina obser-
partout avgmenté quelle que soit la dis-
Les stocks d’eau mesurés en aval et en
vent une réduction de 60 % des rende-
tance à la haie en amont comme en
amont de la haie vive entre les profils
ments à proximité immédiate de la
aval. Les valeurs du stock hydrique ob-
secs et humides pour les deux années
haie vive (0,5 m).
servées en 199 1 sont plus élevées que
montrent des valeurs plus élevées en
En ce qui concerne la production d’ara-
celles enregistrites en 1992 malgré la
amont. En moyenne, ces valeurs sont de
chide, il n’y a pas eu d’effet net de la
pluviosité nettement meilleure en 1992.
48 et 3 1,5 % en amont et de 38 et
haie vive. Pourtant cette espèce (Arachis
Par con&quent, le profil du 2 novembre
27,25 % en aval respectivement en
h y p o g e a ) e s t Cit&e parmi celles qui
1992 considéré comme référence n’est
1991 et 1992. La réduction du ruisselle-
s’adaptent le moins facilement. à la
en réalit& pas un profil sec. Cela Sup-
ment par la haie vive se traduit par une
culture intercalaire.
2 2

La concurrence des arbres se marque à
d’enracinement est de 1,5 m pour I’ara-
- une réduction de ruissellement qui se
la fois par l’occupation des racines, la
chide et 1,7 m pour le mil. Ces profon-
traduit par l’augmentation de I’infiltra-
consommation d’eau et de fertilisants, et
deurs de loin supérieures à celles consi-
tion avec une amélioration du profil hy-
par I’onbrage. L’effet dépressif de la
dérées dans cette étude révèlent que les
d r i q u e s u r u n e d i s t a n c e d e 2 m e n
haie sut’ le mil à faible distance alors
cultures peuvent encore disposer de
amont et de 1 m en aval ;
qu’il y a plus d’eau près de celle-ci
stocks d’eau en profondeur.
une très forte diminution du stock
conduit 5 des interrogations. Les cultures
L’amélioration des profils hydriques par
iieau à proximité immédiate de la haie
peuvent également subir des pertes de
réduction du ruissellement peut s’accom-
vive (profil du 2 novembre 1992) un
rendement du fait de l’action phyto-
pagner d’une lixiviation lors du drai-
mois après l’arrêt de la pluie. II semble
toxique des arbres. En effet, chez cer-
nage profond. ta lixiviation importante
donc que le gain d’infiltration soit en
taines essences, il se produit des réac-
à proximité de la haie vive entraînerait
grande partie utilisé par la haie vive
tions allelopathiques provoquées par des
une malnutrition minérale du mil dans
pour les besoins des arbres en début de
substances contenues dans les feuilles
une zone racinaire identique à celle des
saison sèche.
tombées à terre ou par des exsudats ra-
arbres [25]. Ces derniers concluent que
Sur le plan de la production des cul-
cinaires toxiques (phénols). Tan et Kang
le drainage cause soit une lixiviation de
tures, on constate une baisse des rende-
[7] ont mis en évidence l’action phyto-
l’azote, soit une asphyxie des racines.
ments à proximité des haies plus impor-
toxique de la litière de Gliricidia sepium
En plus, Tian et Kang [7], sur les cultures
tante pour le mil que pour l’arachide.
sur les cultures. Ces auteurs ne se sont
de haricots et de maïs, trouvent que la
En définitive, la haie vive isohypse per-
pas intéressés aux rendements, mais se
concurrence des racines est plus pronon-
met de réduire la vitesse du ruisselle-
sont focalisés sur la croissance des
cée que celle pour la lumière. Des éla-
ment, d’augmenter l’infiltration sous les
plants de maïs et de pois.
gages des racines et des couronnes des
arbres et de limiter en conséquence les
te mil (plante C4) et l’arachide (C3) ont-
ligneux ont permis à ces auteurs de mini-
transferts d’eau vers l’aval. Son in-
ils les m5mes exigences en lumière et les
miser les concurrences. Mureithi ef
fluence négative sur le rendement
mêmes efficiences en eau ? A cette ques-
a/. [5] ont été confrontés à une baisse de
s e m b l e n e c o n c e r n e r q u e l e m i l , à
tion, Annerose [21] et Fournier 1221 ont
30 % des rendements en graines du
proximité immédiate de la haie.
montré que le mil est plus exigeant que
maïs à proximité de la haie de leucaena
Dans un écosystème de plus en plus me-
l’arachide pour la lumière. Les plantes
leucocephala. Ces auteurs ont par la
nacé et fragilisé par une dégradation
C4 inccrporent davantage de carbone
suite obtenu une hausse des rendements
continue des ressources ligneuses, il ap-
avec: une utilisation plus efficace de
de 44 % en appliquant le mulching de la
parait nécessaire de conserver, voire
l’eau, à ouverture stomatique égale, que
totalité des feuilles des arbres.
d’améliorer, et de gérer les ressources
les plantes C3. En effet, pour l’eau, I’ara-
Donc, le problème de ces interactions
existantes. tes apports dans ce do-
chide est plus exigeant que le mil.
arbres/cultures
se poserait davantage
m a i n e d ’ u n e h a i e v i v e i s o h y p s e à
Pearcy et Ehlinger [23], ayant étudié
en termes de réactions allélopathiques,
l’échelle du bassin versant se situent à
I’assimi ation de carbone de trois es-
provoquées par des substances conte-
différents niveaux :
pèces terbacées désertiques de type
nues dans les feuilles tombées à terre ou
un cloisonnement du paysage dégra-
C4, ont trouvé une forte corrélation
par des exsudats racinaires toxiques, ou
i*e par la réintroduction de l’arbre
entre l’assimilation de carbone et I’éner-
de concurrence à la lumière, ou de lixi-
dans le système de cultures, pouvant
gie reçue par les feuilles. Mordelet [24]
viation, selon les résultats de Okorio e/
conduire à un embocagement progres-
trouve ICI même chose pour Hyparrhenia
a/. [6] e t d e D a o u d a e t a/. [2.5]. t a
sif ;
diplandra en Côte d’ivoire. On pourrait
concurrence racinaire est largement
- un renforcement des capacités de
donc tenter d’expliquer la chute du ren-
compensée par l’épandage d’engrais
gestion intégrée des ressources natu-
dement de mil par l’effet d’ombre des
vert de certaines espèces ligneuses [6].
relles, en particulier ligneuses à
arbres qui réduit I’efficience photosyn-
Ces résultats posent des interrogations
l’échelle du terroir villageois, des popu-
thétique de cette plante.
sur le choix des espèces ligneuses à utili-
lations rurales ;
Contrairement à l’arachide, le mil ex-
ser dans les associations arbre/culture.
- une appropriation des techniques
ploite-t-il la même zone racinaire que les
a g r o f o r e s t i è r e s ,
notamment la haie
arbres c,e la haie vive ? tes résultats ob-
vive, par les populations, en facilitant
tenus suggèrent qu’il y a suffisamment
Conclusion
leur diffusion à différents niveaux
d’eau sous la zone d’influente de la
d’échelles géographiques (bassin ver-
haie vive pour qu’il se pose un pro-
sant, terroirs villageois, petites régions
blème ce compétition hydrique entre la
L’efficacité de la haie vive sur les phéno-
agricoles) et de type d’organisation so-
culture ,st les arbres. En plus, dans la
mènes du ruisSellement et de l’infiltration
ciale (ferme individuelle/familiale,
asso-
mêm’e zone, la profondeur moyenne
est bien établie et on observe :
ciation villageoise/communautaire)
Sécheresse 1‘ 1, vol. f 2, murs 2001
23

Résumé
Summary
La surexploitation de la végétation du
Overuse of vegetation on the Keur
plateau cuirasse de Keur Dianko, ter-
Dianko plateau (13”45 N ; 15’40
roir villageois de la communauté ru-
W) and reduction of fallowing time
rale de Thyssé-Kaymor (13”45’ N ;
have weakened the ferruginous trust
15”40’ CI), et l’a réduction du temps
soils inthis area and given rise to ru-
de jachère ont fragilisé les sols super-
noff phenomena. Isohypse quickset
ficiels et donné naissance au ruisselle-
hedges help balance Sahelian eco-
ment. Les haies vives isohypses sont
system and reduce runoff and erosion
des aménagements de petite hydrau-
of arable land. Their effects on
lique agricole, utilisés au Sahel pour
groundwater managernent and trop
limiter le ruissellement et l’érosion des
yields were studied on the Keur
terres agricoles. L’étude de son impor-
Dianko basin glacis. Four years after
tance sur la gestion de l’eau du sol et
planting these quickset hedges, the
sur le rendement des cultures s’est dé-
effects oF 12 hedgerows formed with
roulée dans les zones de cultures si-
1 1 different species (Acacia nilotica
tuées sur le glacis de la toposéquence
var. adansonii, A. senegal, A. seyal,
d’un bassin versant de Keur Dianko.
A. melli~era, Bauhinia rufescens, Di-
Après quatre années d’installation, le
chrostachys glomerata, Piliostigmcr re-
suivi du ré.seau de douze haies vives
ticulatum, Ziziphos mauritiana, Gliri-
constituées de onze espèces ligneuses
cidia sepium, Parkinsonia aculeata,
[Acacia niloti:ca var. adansonii
Prosopis chilensisj were assessed and
VG.Perr, Acaciu senegal (1.) Willd,
gavbe the following results: humidity
Acacia seyal Del., Acacia mellifera,
and deep leaching were highest O.5-
Bauhinia rufescens Lam., Dichrosta-
1 m from the hedgerows than from 2
chys glornerata
Forsk) Chiov., Pilio-
to 5 m; better water infiltration ups-
sfigma reticulatum (D.C.) Hochst., Zi-
tream than downstream from the
ziphus mcruritiana
Lam., Gliricidia
hedges; marked difference in water
sepium, Parkinsonia
aculeata La m .,
reserves according to seasons and
Prosopis chilensis [Mol.) Stuntz], plan-
distance from the hedgerows (from
tées à partir de 1988, a montré : une
0,5 to 1 m, water storage was grea-
plus importante humidité suivie d’un
ter downstream
than rupstream, with
front d’hurnectation plus profond au
an 80 mm difference between rainy
niveau des profils situés entre 05 et
season and dry season levels in the
1 m de la haie vive que ceux entre 2
same soi1 horizon). These soi1 mois-
et 5 m ; une meilleure infiltration de
ture profile and water storage impro-
l’eau en arnont ‘qu’en aval de la haie
vements near hedgerows were stran-
vive ; une forte différenciation des
gely enough accompanied by trop
stocks hydriques en fonction des sai-
yield losses (greater in millet than
sons et de la distance à la haie (entre
groundnut). This trend migh be ex-
05 et 1 m, le .stockage est plus im-
plained by tree root competition
with
portant en amont qu’en aval, et entre
crops of hedge root toxicity.
les saisons humide et sèche, l’écart
entre les profils est de 80 mm). Cette
amélioration du profil et du stock hy-
driques près cle la haie s’accom-
pagne curieusement de baisses de
rendement, plus fortes chez le mil que
chez I’arac:hide. Les causes réelles de
ce déclin seraient liées à la concur-
rence exercée par les arbres sur les
cultures ou à des phénomènes de
toxicité racinaire.
Sujets : Agriculture ; Environnement.
2 4
Sécheresse ne f, vol. 12, mors 2001