INSTITUT SÉNliGALAIS DE RECHERCHES AGRICOLES ...
INSTITUT SÉNliGALAIS
DE

RECHERCHES AGRICOLES
DEPARTME
ETUDES ET DOCUMENTS
,
DEMANDE D’ENGRAIS
DE LA PART DES
EXPLOITANTS
DANSLE CON-TEXCE

, DE LA NOUVELLE POLITIQUE
AGRICOLE AU SENEGAL
Une étude des facteurs influençant
les décisions d’achat d’engrais prises
par les exploitants

Valérie Auserehl Kelly
ISSN 0850-8933
Vol 4 N” 10 1991

ISRA
Institut SBnéga1ai.s de Recherches Agricoles
Rue Thiong x Valmy
BP. 3120
DAKAR, ScMgal
m 2 1 2 4 2 5 1 2 1 1 9 1 3
Telex - 61117 SC
TLC (221) 22 34 13
Document r&lisé par
la Direction des Recherches sur les Systbmes Agraires et I’Economie Agricole
Route du Front de Terre
B.P. 2057
Dakar - Hann
m 3 2 0 4 4 2
Yalerie Auserehl Kelly, Chercheur au SBnBgal d’avril 1984
à mars 1986 - Ph. D. en Economie Agricole, spbcialiste
en politique agricole - chef d’Équipe projet ISRA / IFPRI,
1776 Massachussets Ave., N. W.,
Washington, D.C. 20036, USA
0c ISRA 1991
Conception et réalisation UNIVAL-ISRA

Ce document a &5 publib dans un premier temps sous forme de rapport par l’Institut
S&&&is de Recherches Agricoles (ISRA). Il a 6ti r6imprimé ensuite dans la s&ie
conjointe ISRA / MSU (Michigan State University) des publications sur le dt?veloppement
international avec le soutien financier du Projet de Recherche et Planification Agricole
(contrat USAID / MSU No 660223) et du Projet de Recherche Agricole II au S&@al
(contrat USAID / Msu No 685-0957).
La skie des p&entes publications ISRA/MSU est fïnanc& dans le cadre du
Projet de Recherche .Agricole II au S&&gal.
Les opinions exprimks dans ce document par les auteurs de I’USAID ne refktent
pas n&essairement le point de vue de I’USAID / SBn6gal.

DEMANDE D’ENGRAIS DE LA PART DES EXPLOITANTS DANS LE CONTEXTE
DE LA NOUVELLE POLITIQUE AGRICOLE AU SENEGAL: UNE ETUDE
DES FACTEURS INFLUENCANT LES DECISIONS D’ACHAT
D’ENMAIS PRISES PAR LES EXPLOITMS
TABLE DES HATIERES
LISTE DES TABLEAUX
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
viii
LISTE DES FIGURES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
ix
RESUME
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
x
COMMENT COMPRENDRE LA DEMANDE DES EXPLOITANTS: UN ELEMENT
CRITIQUE DE L'ELABORATION DE PROGRAMMES EFFICACES DE
COMMERCIALISATION ET DE DISTRIBUTION D'ENGRAIS . . . . . . . . . .
1
CONTEXTE DE L'ETUDE ET DU PLAN DE RECHERCHE . . . . . . . . . . . . .
2
LES CROYANCES ET LES CONNAISSANCES DES EXPLOITANTS EN MATIERE
D'ENGRAIS ET DE PRODUITS DE REMPLACEMENT . . . :. . . . . . . . . .
4
Importance Relative des Problemes Liés Aux Engrais . . . . . . .
5
Perceptions à 1'Egard d'Autres Techniques de
Régénération du Sol . . . . . . . . .
5
Perceptions des Exploitants a 1'Egard de i'ktion'des * ' ' ' '
E n g r a i s . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
8
Perceptions des Exploitants a 1'Egard de la Technique' ' ' ' . '
Appropriée d'Application d'Engrais
14
Degré Auquel les Croyances et les Conna;ssaks'F% ' ' ' . . '
Obstacle aux Investissements dans les Engrais . . . . . . . .
15
FACTEURS INFLUENCANT LES DECISIONS PRISES PAR LES EXPLOITANTS
CONCERNANT L'ACHAT D'ENGRAIS . . . . . . . . . . . . . . . ; . . .
16
Lorsque le Credit Etait Disponible . . . . . . . . . . . . . . .
16
Lorsque le Crédit n'est pas Facilement Disponible . . . . . . .
22
Caractéristiques Générales des Achats d'Engrais . . . . . .
Caractéristiques Générales des Acheteurs d'Engrais . . . .
iii
ANALYSE ECONOMIQUE ET STRATEGIES D'INVESTISSEMENT . . . . . . . . . .
30
Analyses Economiques Effectuees par les Chercheurs . . . . . 1 .
Analyse Economique Effectuée par les Exploitants . . . . . . . .
zi
Strategies d'investissement des Exploitants . . . . . . . . . .
40
V i

TABLE DES MATIERES--Suite
MODELES DE DECISION PORTANT SUR LES INVESTISSEMENTS DANS LES
ENGRAIS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . .
44
Modéles Prescriptifs . . . . . . . . . . . . .
.........
Modéles Descriptifs Hiérarchiques . . . . . .
.........
i:
RECOMMANDATIONS POUR L'AVENIR . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . .
51
Contraintes Economiques
. . . . ..
. . . . . . . . .
Contraintes au Niveau des.Attitudes et des Connaissances
.
.
.
.
.
.
5:
Contraintes au Niveau du Systéme de Distribution . . . . . . . .
53
ANNEXE 1:
CARACTERISTIQUES GENERALES DES EXPLOITANTS DE
L'ECHANTILLON
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
55
ANNEXE 2:
EMPLACEMENT DES VILLAGES DE L'ECHANTILLON DE LA SODEVA
UTILISE DANS LES ENQUETES DE 1985-86 . . . . . . . . . . . . . . .
56
REFERENCES
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
57
vii

LISTE DES TABLEAUX
Tableaux
1 .
PERCEPTIONS DES EXPLOITANTS A L'EGARD DE L'ACTION DES
ENGRAIS PAR RAPPORT AUX RESULTATS DES ESSAIS, DE LA
VULGARISATION ET DES ENQUETES . . . . . . . . . . . . . . .
9
2. CARACTERISTIQUES DE L'ACQUISITION D'ENGRAIS PENDANT LE
PROGRAMME DE CREDIT POUR ENGRAIS . . . . . . . . . . . . . .
17
3. FACTEURS INFLUENCANT LES DECISIONS PORTANT SUR LES
INVESTISSEMENTS DANS LES ENGRAIS PENDANT LE PROGRAMME
DE CREDIT POUR ENGRAIS . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
19
4. RELATIONS DE PRIX ET QUANTITES D'ENGRAIS DESTINES A
L'ARACHIDE ET AU MIL VENDUES AU SENEGAL, 1965-86 . . . . . .
20
5. PRIX OFFICIELS DES ENGRAIS ET PRIX APPLIQUES AUX MARCHES
PARALLELES (FCFA/sac de 50 kg) . . . . . . . . . . . . . . .
26
6.
PRIX D'ENGRAIS QUE LES EXPLOITANTS SONT DISPOSES A PAYER
(EN POURCENTAGE Q'EXPLOITANTS) . . . . . . . . . . . . . . .
36
7. CRITERES APPLIQUES PAR LES EXPLOITANTS EN APPRECIANT LE COUT
DESENGRAIS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
37
8. DISTRIBUTION DE FREQUENCES DES RAPPORTS DE PRIX
ARACHIDE/ENGRAIS ACCEPTABLES . . . . . . . . . . . . . . . . .
38
viii

LISTE DES FIGURES
Figure
Paqe.
1. ACQUISITION ET UTILISATION DES ENGRAIS, 1981-1985 . . . : . . .
23
2.
EVOLUTION DES TENDANCES DE L'UTILISATION DES ENGRAIS,
1981-1985 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
25
3.
PRIORITES DES EXPLOITANTS VIS-A-VIS DES INVESTISSEMENTS
1985-86 (NOMBRE DE REPONSES ENTRE PARENTHESES) . . . . . .
41
4. MODELE DE DECISION PORTANT SUR LES INVESTISSEMENTS DANS LES
ENGRAIS BASE SUR LA PERCEPTION DU RENDEMENT DU POINT DE
VUE D'UN EXPLOITANT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
45
5. MODEL D'ARBRE DE DECISION HIERARCHIQUE DE DECISIONS
D'INVESTISSEMENT D'ENGRAIS PRISES PAR 46 EXPLOITANTS AU
COURS DE LA PERIODE 1985/86 . . . . . . . . . . . . . . . .
48
ix

RESIME
Ce rapport préliminaire présente une étude sur l'investissement dans
l'engrais dans l'agriculture pluviale au Sénégal. Les résultats qui y sont
mentionnés se rapportent a trois différents volets:
les perceptions des
exploitants quant a la productivité de l'engrais, les caractéristiques de
l'acquisition et de l'utilisation de ce dernier et le processus de décision
en matière d'investissement.

Nous avons'développé un modèle d'arbre de
décisions pour la campagne 1985-86, et nous présentons ses implications sur
le plan de la politique agricole en général et de la commercialisation des
engrais en particulier.
Les résultats montrent que pendant 1981-85 les
principales contraintes à l'investissement sont liées'au faible niveau des
récoltes de céréales et au manque de liquidité; si dans l'avenir ces deux
problèmes sont allégés, les préférences des exploitants pour les

investissements considérés plus importants (les semences) ou de moindre
risque (élevage, banabana ou équipement agricole) deviendront les
principales contraintes à l'utilisation des engrais. La disponibilité des

engrais sur les marchés hebdomadaires pendant au moins un mois avant et un
mois après la premier-e pluie est une mesure indiquée pour favoriser les
ventes.

X

DEMANDE D’ENGRAIS DE LA PART DES EXPLOITANTS DANS LE CONTEXTE
DE LA NOUVELLE POLITIQUE AGRICOLE AU SENEGAL: UNE ETUDE
DES FACTEURS INFLUENCANT LES
DECISIONS D’ACHAT
D’ENGRAIS PRISES PAR LES EXPLOITANTS
Valérie Auserehl Kelly
COMMENT COMPRENDRE LA DEMANDE DES EXPLOITANTS: UN ELEMENT
CRITIQUE DE L’ELABORATION DE PROGRAMMES EFFICACES DE
CMERCIALISATION ET DE DISTRIBUTION D’ENGRAIS
Depuis 1980 le Sénégal a évolue rapidement d'une politique de
distribution d'engrais basée sur des prix subventionnés et des crédits
accordés aux exploitants vers une politique basee sur des prix de revient

complets et des crédits limités.
Les organismes parapublics chargés
préalablement de gérer la distribution des facteurs de production ont perdu
leur mandat; le gouvernement, encouragé par certains organismes d'assistance
étrangers, voudrait que le "secteur privé" prenne le relais.
Ni le
gouvernement sénégalais ni le secteur privé ne possède une expérience de la
commercialisation des engrais dans ces nouvelles conditions de crédit et de
prix; par conséquent, il n'existe aucun moyen de prévoir la demande des
agriculteurs.

Du point de vue des distributeurs d'engrais, il est difficile
de savoir avec précision les produits qu'il convient de mettre à la
disposition des exploitants à tel endroit et à telle époque.
Compte tenu de cette situation, le Bureau d'Analyses Macroéconomiques
(BAME) de l'Institut Sénégalais de Recherches Agricoles (ISRA) a élaboré un
programme de recherche destiné a fournir aux décideurs, ainsi qu'aux
distributeurs dans le secteur privé, de plus amples renseignements
concernant la prise de décision par les exploitants à l'égard de
l'acquisition et de l'utilisation des engrais. Les objectifs de ce

programme étaient les suivants:
1.
Comprendre comment l'état d'esprit et les connaissances des
exploitants en matière de techniques de fertilisation font
obstacle aux achats;


2
2.
Identifier les facteurs qui ont influencé les achats d'engrais
antérieurs;
3.
Comprendre comment les exploitants évaluent les coûts et les
bénéfices liés aux achats d'engrais;

4.
Elaborer des modèles d'arbre de décision portant sur la prise de
décision en matière d'achats d'engrais;
5.
Identifier les principales contraintes a l'utilisation d'engrais
et proposer des mesures susceptibles de les surmonter.
Le present document est un rapport intérimaire qui présente des
résultats préliminaires concernant les perceptions des exploitants, les
modalités antérieures d'acquisition et d'utilisation d'engrais et les
processus qui influencent la prise de d8cision.l Un modèle d'arbre de
décision a été élaboré pour la campagne de 1985-86; les conséquences à
l'égard des stratégies et des programmes de commercialisation ont été
examinées.

Les résultats suggerent que les principaux obstacles aux achats
d'engrais pendant les années 1981-85 étaient les‘faibles récoltes
cérealières et une pénurie de liquidité financière au niveau des
exploitations.

Dans la mesure où ces contraintes sont allégées, les
insuffisances du systéme de distribution d'engrais et les préférences des
exploitants en faveur des investissements considérés les plus importants
(semences) ou les moins risqués (élevage, petit commerce et équipement
agricole) deviendront les principales contraintes à l'utilisation des
engrais.
CONTEXTE DE L'ETUDE ET DU PLAN DE RECHERCHE
Nous avons décidé d'effectuer une étude sur le comportement des
exploitants dans leur prise de décisions comme un premier pas vers une
meilleure comprehension de la demande d'engrais au Sénégal pour les raisons
suivantes:
1.
Un examen de la litterature a montré que les études antérieures
ont évalué la disposition des exploitants à acheter des engrais

lDes renseignements plus complets et une analyse approfondie figureront
dans la these de doctorat à paraître sur ce sujet.

3
surtout en déterminant si les rapports valeur/coût calculés sur la
base des rendements obtenus dans des essais contrôlés par des
chercheurs étaient acceptables en comparaison des normes données.
Malheureusement cette méthode n'utilise aucun renseignement
fourni par les exploitants eux-mêmes.

2.
Les techniques econométriques souvent employées pour estimer la
demande d'engrais sont peu appropriées vu le manque de données
fiables de séries chronologiques, et les changements importants en

matière de prix, de stratégies et de climat qui se sont produits
au Sénégal au cours des cinq dernières années.
3.
Les documents de projet ou de strategie récents se sont basés sur
des hypothèses non confirmées concernant les attitudes des
exploitants à l'égard de l'utilisation d'engrais.
La présente
étude cherche à nous éloigner de ce domaine d'hypothèses non
c0nfirmées.à l'égard du comportement des exploitants en
fournissant des descriptions concrètes de ce que les producteurs
ont réellement fait et pourquoi.

Compte tenu de la faiblesse des ressources financières et logistiques
disponibles pour effectuer des recherches, les Départements de Gossas et de
Nioro ont été choisis comme zones à étudier du fait qu'ils représentent deux
zones agro-écologiques relativement différentes 2 à l'intérieur du Sine-
Saloum, qui est la région la plus productrice d'arachide et de mil au
Sénégal.

Des entretiens-questionnaires formels effectués auprès de 98
exploitants ont été suivis de 46 entretiens non formels plus approfondis.
Quatre enquêteurs possedant une expérience en matière d'entretiens au niveau
de l'exploitation et de rassemblement de données ont administré les
questionnaires formels.

Les entretiens plus approfondis ont été effectués
par le chercheur principal et par un collègue économiste de la région.
*Gossas reçoit moins de précipitations et se caractérise par une
période de végétation moins longue et des sols plus sableux qu'à Nioro. Au
cours des récentes années, la politique gouvernementale a favorisé les
exploitants de Nioro en leur accordant une part plus importante des
semences et des engrais distribués par les circuits officiels.
Cette
stratégie a été appliquée parce que le gouvernement estimait que le fait
d'envoyer les rares ressources agricoles à des zones telles que Gossas, où
le risque de sécheresse était très élevé, constituait un gaspillage.

4
L'échantillon a été tiré d'un échantillon de 1983-84 composé de 105
exploitants enquêtés dans les Départements de Gossas et de Nioro par la
Société de Développement et de Vulgarisation Agricole (SODEVA).
L'utilisation de cet échantillon nous a permis d'avoir accès à deux à quatre
ans de données détaillées sur les intrants employés et les extrants produits
par les exploitants choisis pour la présente étude.

(Voir Annexe 1 pour les
caractéristiques des 98 exploitations et Annexe 2 pour une carte qui situe
les villages de l'échantillon.
Pour une description plus complète de la
méthodologie d'échantillonnage de la SODEVA, voir Gazagnes et D'Hiver,
1978).
LES CROYANCES ET LES CONNAISSANCES DES EXPLOITANTS EN
MATIERE D'ENGRAIS ET DE PRODUITS DE REMPLACEMENT
Bien que les engrais aient été disponibles aux exploitants sénégalais
depuis les années 1950, il existe peu de renseignements fiables sur les
perceptions des exploitants concernant l'efficacité des engrais. Brochier

(1965) a effectué une enquête au niveau de l'exploitation au début des
années 1960 concernant les attitudes des exploitants à l'égard des facteurs
de production modernes.
En trouvant que les exploitants estimaient que les
engrais chimiques coûtaient trop cher pour une utilisation générale mais
convenaient particulièrement aux sols ingrats, il a conclu que les
exploitants avaient une mauvaise comprehension
de la technologie des
engrais.

Dans ce chapitre nous examinerons les perceptions des exploitants à
l'égard des questions suivantes:
(a) l'importance des problèmes liés aux
engrais par rapport aux autres problèmes liés à la production agricole, (b)
l'efficacité des engrais par rapport à d'autres techniques de régénération
du sol, (c) l'augmentation du rendement due aux engrais destinés au mil et à
l'arachide, et (d) la technique correcte d'application d'engrais.


5
Imortance Relative des Problèmes Liés Aux Enwais
Aucun exploitant n'a indiqué que le manque d'engrais a constitué pour
lui la principale contrainte à la production pendant la période de 1981 à
1985.
Les contraintes citées le plus fréquemment étaient l'insuffisance des
précipitations et le manque de semences d'arachide. Cependant, 28 pour
cent des exploitants ont classé les problèmes liés aux engrais parmi leurs
trois principaux goulets d'étranglement.

les exploitants indiquant que l'absence d'engrais constitue une
contrainte sont plus susceptibles d'avoir acheté ce facteur de production au
cours des cinq années precédentes que ceux qui ne citent aucun problème lié
aux engrais.

Il est assez étonnant, cependant, de constater que les
exploitants ayant accès aux engrais organiques et a des terres en jachère
sont aussi susceptibles d'évoquer des contraintes liées aux engrais que ceux
qui n'ont pas un tel accès.
Perceotions a 1'Eqard d'Autres Techniques
de Réqénération du Sol
Les exploitants sénégalais disposent de trois options principales pour
ce qui est de la régénération du sol:
1.
Les engrais chimiques;
2.
Le fumier:
l'épandage du fumier produit par les animaux gardés à
proximité de la concession .familiale. Cette technique nécessite
une main-d'oeuvre intensive pour le transport et l'épandage du
fumier sur les champs choisis;

3 .
Le parcage:
l'application du fumier en laissant du bétail dans un
champ partjculier pendant une période prolongée.
Cette méthode
fournit en général plus de fumier par unité de terrain et exige
moins de main-d'oeuvre que la technique "fumier" citée plus haut.
Les commentaires exprimés par les exploitants concernant ces trois
techniques nous donnent un aperçu des critères qu'ils appliquent à
l'évaluation des différentes méthodes de fertilisation et des facteurs qui
font obstacle à une utilisation plus générale d'engrais. Les observations
citées le plus souvent sont les suivantes:


6
1.
Le parcage augmente les rendements céréaliers plus que l'épandage
de fumier ou d'engrais chimiques; il offre en plus un effet
continu qui dure de quatre à cinq ans.

2.
Les engrais chimiques augmentent les rendements d'arachide plus
que les autres techniques.
Les engrais organiques ont tendance à
augmenter les rendements de fane mais pas les rendements
d'arachide; par ajlleurs, ils entraînent des problèmes d'ordre
phytosanitaire.

3.
Le fumier de cheval favorise la multiplication des plantes
adventices striqa a Gossas et, en conséquence, les exploitants de
la zone préfèrent les engrais chimiques au fumier pour le mil. En
revanche, les exploitants de Nioro se soucient moins du striqa et

classent le fumier avant les engrais.
4.
Les engrais "tuent" le striqa.
5.
Les engrais chimiques et organiques peuvent se substituer
mutuellement, mais les exploitants ne sont pas du même avis sur
le taux auquel cette substitution peut se faire. Par exemple,
environ la moitié des exploitants pensent que 50 kilogrammes
d'engrais chimiques suffiraient pour fertiliser convenablement une
plus grande superficie que celle que pourrait fertiliser le fumier
produit par un cheval ,au cours d'une année, alors que l'autre

moitié est de l'avis contraire.
6.
La pénurie au niveau de la main-d'oeuvre, le manque de moyens de
transport et l'impossibilité de garder les animaux dans la
concession pendant toute l'année, compte tenu de l'insuffisance du
fourrage, contribuent à limiter l'utilisation de fumier.3

7.
L'insuffisance des pâturages autour des champs nécessitant une
application de fumier et la crainte que le bétail serait
facilement volé tant qu'il reste sur des champs éloignés
contribuent a limiter le recours au parcage.

3Lraccès direct aux engrais chimiques dans le cadre du programme de
crédit constitue une autre contrainte à l'utilisation de fumier dans la
mesure où 35 pour cent des exploitants ont avoué qu'ils n'ont pas utilisé
le fumier disponible aussi avantageusement que possible tant qu'ils avaient
les moyens de se servir d'engrais chimiques.

7
8.
En ce qui concerne les cultures, le parcage entraîne les pertes
plus importantes lorsque les pluies ne sont pas favorables et, par
conséquent, les exploitants considèrent qu'il représente la
technique la plus dangereuse a appliquer.

Malgré les risques plus élevés associés au parcage, les exploitants
continuent a l'appliquer.
La possibilité de dégâts au niveau des cultures
en temps de précipitations défavorables est compensée par l'effet continu
qui permet d'obtenir un bon rendement au cours des années suivantes. Dans
le cas des engrais chimiques, la perte initiale peut être moindre, mais il
n'existe aucun effet continu.

En outre, tant qu'il s'agit de courir des
risques, les exploitants adoptent deux stratégies différentes. Ils sont
disposés à tirer le meilleur parti possible des facteurs de production pour
lesquels il existe peu d'autres emplois (engrais organiques, main-d'oeuvre
familiale, traction animale) dans l'espoir qu'Allah fera venir les pluies
nécessaires.

Mais lorsqu'il s'agit d'investissements en espèces (engrais
chimiques, par exemple), la circonspection entre en jeu et les exploitants
tiennent compte des conséquences des faibles précipitations, sachant que le

même argent pourra être appliqué a l'achat de vivres si la récolte est
mauvaise.

Les recherches effectuées par Sarr (1984) confirment la croyance des
exploitants que le fumier augmente la production céréalière sans avoir une
grande incidence positive sur la culture d'arachide. Les résultats
préliminaires enregistrés par Thiam (1986) donnent à penser que le. fait
d'ajouter des engrais chimiques sur un champ de mil ayant déjà reçu des
engrais organiques n'augmentera pas sensiblement le rendement, dans le cas

de trois ou quatre variétés de mil qui ont été soumises à des essais, mais
que l'augmentation de la production due à l'application exclusive d'engrais
organiques sera considérable.

Les résultats obtenus par Thiam (basés sur
des essais effectués à Nioro) suggèrent que les exploitants n'ont presque
rien à gagner en ajoutant des engrais chimiques sur des champs de mil

fertilisés organiquement; bon nombre d'exploitants de Gossas, cependant,
n'accepteront pas d'utiliser le fumier tant qu'ils n'ont pas également assez
d'engrais chimiques pour "tuer" le striqa.

Le fait de comparer'les perceptions et les soucis des exploitants aux
questions examinées dans les récents rapports de recherche sur les engrais

8
organiques nous aide a identifier les futures orientations des programmes de
recherche et de vulgarisation.

Il est évident que les chercheurs et les
vulgarisateurs devraient accorder une plus grande attention aux problèmes du
striqa et d'autres ennemis des cultures liés à l'emploi de fumier, surtout à
Gossas.
Les chercheurs devraient également s'occuper davantage de
l'élaboration de recommandations pour des programmes de régénération du sol
dont le but serait d'arriver à une utilisation optimale des deux catégories

d'engrais.
A cet effet il conviendra de tenir compte des contraintes au
niveau de la main-d'oeuvre, du transport et de la liquidité, sans négliger
la disponibilité limitée du fumier.

Perceptions des ExDloitants a 1'Eqard
de l'Action des Enwais
Les perceptions des exploitants concernant l'effet des engrais sur la
production ont éte enregistrées parce que:
(1) les données existantes sont
tirées surtout des essais contrôlés par des chercheurs; leur utilité en tant
que guide de ce que les exploitants peuvent attendre comme résultats est

donc contestable; et (2) le rapport valeur/coût employé par les chercheurs
afin d'évaluer l'intérêt économique des engrais suppose que les exploitants
ont une idée générale des effets sur la production.
Le tableau 1 compare la
valeur médiane4 de l'action des engrais sur le rendement enregistré par des
exploitants qui étaient capables de mesurer cette action aux résultats de

divers essais et de certaines enquêtes menées au niveau des exploitations.
Il suffit de jeter un coup d'oeil sur le tableau pour identifier un des
dilemmes les plus importants du point de vue non seulement des exploitants
mais également des techniciens agricoles, des chercheurs et des
planificateurs:

les données existantes (qu'il s'agisse de simples
perceptions ou de données basées sur des essais contrôlés et des enquêtes)
sont extrêmement variables.

Cette variabilité au niveau des données est due
en bonne partie aux différentes façons dont les facteurs stochastiques sont
4Nous avons employé des valeurs médianes parce que nous voulions
diminuer l'influence des perceptions extrêmes, qui nous semblaient
attribuables surtout a une mauvaise compréhension de la part des exploitants
a l'égard des mesures utilisées (kilogrammes et hectares), plutôt qu'à un
effet réel sur les rendements.

9
TABLEAU 1
PERCEPTIONS DES EXPLOITANTS A L'EGARD DE L'ACTION
DES ENGRAIS PAR RAPPORT AUX RESULTATS DES ESSAIS,
DE LA VULGARISATION ET DES ENQUETES
Sans
Wha
Kg supp.
engrais
supplémentaires
par kg dz
Wg/ha)
avec engraisa
sub. nut.
Arachide
Gossas
Perceptions des exploitantsc
950
t300
Démonstration vulgarisationd
1104
t230
4::
Essats prévulgarisatione
1100
t210
IFDC
1209
+155-415
1 ,x,2
Nioro
Perceptions des exploitants
1300
t600
11,l
Démonstration vulgarisation
1600
t473
876
Essais prévulgarisation
1540
t250
IFDC
1708
+232-436
2 ,k!,8
Données enquête SODEVAg
1186
t228
496
Gossas
Perceptions des exploitantsh
400
t300
Essais prévulgarisation'
370
t320
:'i
Essais amélioration fonciere
383
t647
1514
IFDC
752
+491-874
3,5-6,24
Nioro
Perceptions des exploitants
600
t400
IFDC
664
+364-1003
2,?;,7
Données enquête SODEVAj
640
t74
2
Donn. unités expérimentalesk
358
t449
7,l
Sources: (1) Les perceptions des exploitants sont basées sur les données de
l'enquête de 1985-86 pour 31 exploitants qui étaient capables d'évaluer
quantitativement la reaction de l'arachide, et 23 exploitants qui étaient
capables de faire autant dans le cas du mil.
(2) Les données sur les
démonstrations dans le cadre de la vulgarisation sont tirées des essais
effectués pendant les années 1960 et 1970 par l'Institut de Recherches pour
1'Huile et les Oléagineux (IRHO) et par l’Institut de Recherches
Agronomiques Tropicales (IRAI) et publiés par le Centre International pour
le Développement des Engrais (International Fertilizer Development Center:
IFDC) en avril 1977 (Tableaux 28 et 29). (3) Les données relatives aux
essais de prévulgarisation se rapportent aux années 1965-71 et ont été
publiées par 1’ISRA (1972), Annexes III-2 et 111-3. (4) Les données de

Tableau.1 - Suite
1'IFDC ont paru dans IFDC (1980); voir la note 6 (a la page suivante) pour
une explication de la façon dont nous avons interprete ces données.
(5) Les
données de l'enquête de la SODEVA pour 1981 ont été analysées par nous et
publiées dans Kelly et Gaye (1985). (6) Les données relatives a
l'amélioration fonci&re sont des données non publiées tirées des essais
menés par 1’ISflA en 1973-80 dans le cadre du Programme amélioration foncière
à Boulel. (7) Les données sur les unités expérimentales viennent de
l'enquête effectuée en 1972 a Thyssé Kaymor; ces données ont été analysées
et presentées dans Raymond et Tournu (1974).
Notes.
-*
aLes quantites et les formules appliquées varient en fonction de la
source; par conséquent, une comparaison simple des kilogrammes
supplementaires obtenus a l'hectare n'est valable que lorsque les formules
et les quantités sont identiques.
La réaction par kilogramme de substance
nutritive, présentée dans la colonne suivante, constitue une mesure qui se
prête mieux aux comparaisons.
bLa réaction par kilogramme de substance nutritive a été calculée en
utilisant la formule et la quantité indiquées par chaque source. Dans le
cas où aucune formule n'a Bté spécifiée, nous avons supposé qu'il s'agissait
de l'engrais le plus facilement disponible pour la zone et les années en
question.
CL'utilisation de 60-20-10 (36 kilogrammes de substance nutritive/100
kilogrammes d'engrais) a éte supposée pour Gossas et Nioro. Les quantités
utilisées par hectare étaient de 50 a 225 kilogrammes; la réaction modale se
chiffrait a 150 kilogrammes et la réaction moyenne a 175 kilogrammes. La
réaction par kilogramme a été calculée pour chaque exploitant; nous avons
présenté la moyenne de tous les résultats.
dA Gossas comme a Nioro, les démonstrations ont utilisées 150
kilogrammes/hectare de 6-20-10.
eLes essais de prévulgarisation ont utilisé 150 kilogrammes/hectare de
6-20-10 a Gossas et 150 kilogrammes/hectare de 8-18-27 a Nioro.
fL'IFDC a élaboré des essais destinés a examiner l'effet de divers
niveaux de chaque substance nutritive lorsque les autres substances
nutritives sont maintenues a des niveaux approximativement optimaux.
Une
fonction quadratique, qui n'a pas compris les termes d'interaction des
substances nutritives, a éte estimée séparément pour N, P et K. Compte tenu
des limites de l'étude, il est impossible d'estimer avec précision l'effet
global du NPK sur les rendements.
Le champ de réactions présentées plus
haut reflete notre interprétation des donnees publiées par 1'IFDC en 1980.
La réaction minimale est obtenue en utilisant la fonction de 1'IFDC qui
s'applique a la substance nutritive la plus productive (normalement le
phosphore dans le cas de la production d'arachide ou de mil au Sénégal) puis
en calculant la réaction attendue sur le plan des rendements pour la dose
recommandée de cette substance nutritive.
La réaction maximale est obtenue
en soustrayant les rendements sans engrais du rendement total estimé avec

11
Tableau 1 - Suite
la même fonction.
Dans nos calculs nous avons utilisé,les taux
d'application suivants pour Tes substances nutritives:
Arachide:
bossas N(10 kg/ha)-P(30)-K(40); Nioro N(lO)-P(40)-K(40)
Mil:
Gossas N(60)-P(40)-K(40); Nioro N(60)-P(34)-K(40)
gL'utilisation de 6-20-10 a été supposée; la dose moyenne à l'hectare
etait de 64 kilograswnes.
hL'utilisation de 14-7-7 (28 kilogrammes de substance nutritive/100
kilogrammes d'engrais) a été supposee pour Gossas et Nioro; les taux
d'application ont varié.de 50 a 200 kilogrammes a l'hectare; la réaction
modale était de 150 kilogrammes et la réaction moyenne était de 135
kilogrammes.
La réaction par kiloqrannne de substance nutritive a été
calculée conwne pour l'arachide (VO~ r la note 3).
iVu que des données sur le mil n'etaient pas disponibles pour Gossas,
nous avons présenté ici des données sur l'utilisation de 150 kilogrammes a
l'hectare de 14-7-7 a Tip/Theneiba, qui se situe à l'interieur de la même
isohyète que le nord de Gossas, et (a la ligne suivante) de 150 kilogrammes
à l'hectare de 14-7-7 a Boulel, qui se situe a l'intérieur de la même
isohyète que le sud de Gossas.
jl'application moyenne a l'hectare était de 65 kilogrammes;
l'utilisation de 14-7-7 a été supposée.
kLa dose moyenne a l'hectare était de 119 kilogrammes; nous avons
supposé l'utilisation de 8-18-27.

12
traités dans l'analyse de l'action des engrais sur les rendements. Il
arrive souvent que les agronomes excluent les données obtenues pendant des

expériences qui n'ont pas "réussi" pour des raisons de maladie, d'insectes
ou de dégâts causés par le bétail; ce sont, cependant, des risques réels
auxquels les exploitants doivent faire face.

Plusieurs exploitants
interrogés ont évoqué les effets possibles de ces facteurs lorsqu'on leur a
demandé d'estimer l'effet des engrais pendant une année de précipitations
normales.

Pourtant, la plupart des exploitants n'étaient pas capables
d'analyser systématiquement l'incidence de ces facteurs à cause d'un rappel
imprécis de l'expérience du passé et d'une répugnance a analyser les
résultats agricoles en termes probabilistes (tout dépend d'Allah). Les
facteurs non stochastiques liés aux techniques culturales (les dates de
semis et de sarclage, l'utilisation de pesticides, la préparation du sol,
etc.) constituent une autre source de variation.

Les données tirées des
essais agricoles sont obtenues dans des conditions culturales qui sont
beaucoup plus favorables que celles qu'on rencontre dans une exploitation

sénégalaise typique.5
Les données présentées au tableau 1 sont caractérisées par très peu de
cohérence.
Les perceptions des exploitants à l'égard des rendements
d'arachide obtenus sans engrais sont uniformément inférieures aux rendements
obtenus sans engrais dans le cadre des activités de recherche et de
vulgarisation, mais toutefois supérieures aux résultats tirés de l'enquête
de la SODEVA.

Les perceptions des exploitants concernant l'effet des
engrais sur l'arachide sont supérieures à toutes les autres sources citées à
part la limite supérieure des résultats de 1'IFDC. Pourtant, les données
sur le mil ne se conforment pas à cet ensemble de perceptions.

L'optimisme
des exploitants à l'égard de la réaction de l'arachide est assez étonnant
dans la mesure où ils pratiquent des techniques de gestion culturale qui

sont moins efficaces que celles des chercheurs.
Il nous apparaît que les
perceptions des exploitants sont quelque peu exagérées à cause d'une
5Par exemple, 1'IFDC a appliqué des pesticides à 50 pour cent des
essais portant sur le mil.
Dans la mesure où les exploitants se servent
rarement de pesticides, ceci peut expliquer pourquoi l'action des engrais
enregistrée par 1'IFDC a tendance à être plus favorable que les perceptions
des exploitants.

13
tendance a déclarer les reactions aux engrais obtenues pendant une année
plutôt que les réactions moyennes auxquelles on peut s'attendre.

Les perceptions des exploitants donnent a penser que le rendement
économique sera meilleur si on applique des engrais à l'arachide (l'action
des engrais sur l'arachide étant plus prononcée que dans le cas du mil et le
prix de l'arachide étant supérieur).

Des conversations informelles avec
les exploitants de l'échantillon ont révélé, cependant, qu'ils préfèrent
appliquer les engrais au mil.

Il apparaît que les exploitants fondent leurs
décisions concernant l'utilisation des engrais sur les différences relatives
entre les champs avec et sans engrais plutôt que sur les augmentations
absolues.

En ce qui concerne les rendements de mil, les exploitants de
Gossas s'attendent à une augmentation de 75 pour cent et les exploitants de
Nioro à une augmentation de 67 pour cent, en comparaison d'une augmentation
de 31 et 46 pour cent seulement pour les rendements d'artchide.

Les rapports valeur/coût pour l'arachide et pour le mil calculés sur la
base des perceptions des exploitants (en employant les prix d'engrais
subventionnés pour 1986-87, soit 64 FCFA/kg) varient de 2,6 a 5,6. Dans
tous les cas le rapport valeur/coût attendu p'ar les exploitants dépasse
2,0--le niveau de rendement économique que les chercheurs ont uniformément

déclaré suffisant pour inciter les exploitants à investir dans les engrais.
L'examen de la perception de la réaction aux engrais s'applique à 50
pour cent seulement des exploitants capables de mesurer quantitativement
l'effet sur le mil et 67 pour cent des exploitants capables de mesurer
quantitativement l'action sur l'arachide.
Ceux qui étaient incapables de
mesurer les effets sur les rendements ont cru en général que ceux-ci étaient
positifs.

Il reste a déterminer si l'incapacité de ces exploitants de
mesurer quantitativement les effets sert à décourager les investissements
dans les engrais.
L'acheteur d'engrais le plus important et le plus
régulier parmi ceux qui ont été interrogés n'a pas été capable de donner une
réponse quantitative concernant l'action des engrais, ce qui suggère que de

telles connaissances ne constituent pas une condition nécessaire des
investissements dans les engrais.

14
PerceDtions des ExDloitants à 1'Euard de la Techniaue
ADDroDriée d'ADD1ication d'bmais
Il a été suggér6 que la faiblesse de la demande d'engrais provient du
manque d'attention de la part des exploitants en ce qui concerne les
pratiques recommandées.

On dit que les exploitants appliquent des quantites
inappropriées, a une epoque également inappropriée, sur les sols les plus
ingrats.

La médiocrité des résultats ainsi obtenus conduit les exploitants
3 sous-estimer la valeur des engrais et a choisir en conséquence d'autres
investissements possibles.
Dans la mesure où la plupart des exploitants ne
suivent pas les recommandations de 1'ISRA (répandage des engrais avant la
préparation du sol, puis incorporation des engrais au sol par le moyen d'un
labour léger), il est important de comprendre comment et pourquoi les
engrais sont réellement appliqués.

Plus de 50 pour cent des exploitants préférent épandre les engrais
destinés aux champs d'arachide après le premier sarclage et, dans le cas du
mil, après le démariage--bien après les dates recommandées.
Les dates
d'application citées dans les donnees de la SODEVA portant sur Nioro étaient
en fait ultérieures aux dates en principe préférées; 20 pour cent seulement
des champs d'arachide ont reçu des engrais avant le premier sarclage et 10
pour cent seulement des champs de mil ont été traités avant le démariage.

La date à laquelle les engrais sont appliqués est influencée dans une
certaine mesure par les contraintes au niveau de la main-d'oeuvre et de
l'équipement, mais les croyances personnelles concernant les relations
agronomiques et les stratégies de gestion des risques représentent également

des facteurs importants qui influencent les pratiques d'application
d'engrais.

Un exemple des croyances concernant les relations agronomiques
est la conviction générale qu'il est préferable de ne pas appliquer
d'engrais avant le sarclage et l'éclaircissage parce qu'une telle
application précoce aurait tendance a "gaspiller" les engrais sur les
mauvaises herbes et les tiges de mil qui seront arrachées par la suite. En
ce qui concerne les stratégies destinées à éviter les risques, nous avons
trouvé que la plupart des exploitants ne sont pas disposés a appliquer des
engrais avant la levée des plantes en raison du risque de perdre entièrement
l'investissement dans le cas d'une mauvaise germination.


15
Il se peut que certaines autres pratiques agricoles contribuent
également a un rendement pas tout a fait optimal de l'investissement dans
les engrais.
Les exploitants savent que les formules pour les engrais ne
sont pas identiques dans le cas de l'arachide et du mil mais considérent
tout de même que les deux sont plus ou moins remplaçables l'une par l'autre
et, par conséquent, peuvent obtenir des rendements en dessous du maximum

possible (par exemple, en utilisant trop d'azote dans le cas de l'arachide
ou trop peu dans le cas du mil).
Au cours des cinq derniéres années, les
engrais ont été appliqués presque exclusivement aux cultures ceréalieres
(mil et maïs), bien que les données sur les rendements et les perceptions
exprimées par les exploitants donnent a penser qu'il serait plus ventable
de les appliquer à l'arachide.

Les exploitants offrent plusieurs
explications a ce fait.
Il est plus facile d'appliquer de petites
quantités d'engrais autour de quelques pieds particuliers de mil que dans le
cas de l'arachide.

Par ailleurs, compte tenu de la faible différence entre
les prix de l'arachide et du mil, le besoin d'assurer le succés des cultures
céréalières est dominant.

Finalement, comme nous l'avons déjà remarqué plus
haut, les exploitants influencés par les augmentations de rendement
relatives plutôt qu'absolues préfèrent appliquer les engrais au mil plutôt

qu'à l'arachide.
Dewé Auauel les Crovances et les Connaissances Font
Obstacle aux Investissements dans les Enwais
Dans ce chapitre nous avons examiné les croyances et les connaissances
des exploitants concernant diverses techniques de régénération du sol et
analysé le degré auquel ces croyances et connaissances tendent à décourager
les investissements.

A présent la contrainte la plus importante s'opposant
aux investissements dans les engrais est la tendance des exploitants à
accorder une faible priorité aux problemes liés a la fertilitk-28 pour cent
seulement des exploitants la classent parmi les trois contraintes les plus
importantes.

Les exploitants ont des idées claires (bien que souvent
contradictoires) concernant les avantages et les inconvénients des engrais
chimiques et organiques.

En général, l'utilisation exclusive des engrais
organiques est considéree insuffisante. Au cours des récentes années,

16
cependant, la possibilité de sécheresse a amené les exploitants a compter
sur les engrais organiques plutôt que de courir le double risque de perte au
niveau des cultures et au niveau des investissements en espèces associés aux
engrais chimiques.

Il est difficile de faire des hypothéses concernant
l'incidence des perceptions exprimées par les exploitants a l'égard de la
réaction des cultures sur les décisions portant sur les investissements.
Bien que les exploitants aient tendance a pratiquer des techniques agricoles
qui n'encouragent pas une réaction maximale aux engrais, la valeur médiane
de l'action des engrais sur les rendements d'après les perceptions des
exploitants de l'échantillon était aussi favorable, sinon plus favorable,

que la plupart des resultats tires des essais et des enquêtes. Il nous
semble pourtant que le double risque associé à l'utilisation d'engrais
chimiques et la conviction des exploitants que personne ne peut prévoir la

pluviométrie contribuent a décourager les investissements dans les engrais
malgré les rapports valeur/coût relativement élevés calculés sur la base des
perceptions exprimées par les exploitants.

FACTEURS INFLUENCANT LES DECISIONS PRISES PAR LES
EXPLOITANTS CONCERNANT L'ACHAT D'ENGRAIS
Lorsaue le Crédit Etait Diwonible
Cette section examine les modalités d'acquisition d'engrais et
identifie les facteurs qui ont influencé la quantité et la fréquence des
achats au cours de la période 1958-81 lorsque des crédits pour engrais
étaient disponibles.6

Le tableau 2 résume les données concernant les modes
d'acquisition, la fréquence des achats et les quantités achetées.
La mode d'acquisition préférée Btait l'utilisation exclusive de
crédits, mais 35 pour cent des exploitants ont effectué des achats en
especes, le plus souvent auprés d'un membre d'une coopérative qui revendait
des engrais acquis par le biais de crédits du fait qu'il avait besoin

d'argent liquide tout de suite.
Soixante et onze pour cent des exploitants
ont acheté des engrais pendant plus de la moitié des campagnes agricoles où
6Des credits ont été disponibles a Nioro jusqu'a la campagne de 1981-82
et a Gossas jusqu'a la campagne de 1980-81.

17
TABLEAU 2
CARACTERISTIQUES DE L’ACQUISITION D’ENGRAIS PENDANT
LE PROGRAMME DE CREDIT PDUR ENGRAIS
Credit ou
Crédit
Crédit et
esp mais
Achats
Aucun
seule-
espéces
jamais
seule-
engrais
Dépt
Nbre de cas
ment
même année même année
ment
acquis
A. Mode d'acquisition
Gossas
(22)
55%
4%
23%
4%
14%
Nioro
(24)
42%
33%
17%
B%
0%
Total
(45)
48%
19%
1%
7%
7%
8. Fréquence des achats
Chaque
>50%
(50%
Dept
Nbre de cas
année
du temps
du temps
Jamais
Gossas
(22)
32%
27%
27%
1.4%
Nioro
(24)
2%
50%
21%
0%
Total
(45)
43%
28%
22%
7%
C. Quantités normalement achetees
Dépt
Nbre de cas
(5 sacs
5-10 sacs
>lO sacs
Zéro
Gossas
(20)
35%
15%
35%
15%
Nioro
(24)
2%
50%
21%
0%
Total
(44)
32%
34%
27%
7%

18
ils ont pratiqué l'agriculture durant la vie du programme de crédit;
pourtant, 43 pour cent seulement en ont commandé chaque année. Ceux qui en
ont commandé moins que la moitié du temps avaient accès à des engrais
organiques, ou encore, croyaient que les engrais ne représentaient pas un

bon investissement dans leur cas (soit ils possédaient des terres très
fertiles, soit ils estimaient que l'emploi des engrais était trop risqué).
Les exploitants de Gossas et de Nioro avaient tendance à commander des
quantités différentes.

(Ceci se rapporte probablement aux différences entre
les zones sur le plan de la superficie des exploitations et de l'accès aux
engrais organiques.)
Les exploitants ont expliqué qu'ils n'ont pas essayé d'analyser la
rémunération possible en prenant leur décision portant sur les quantités
d'engrais a commander pendant le programme de crédit du fait que les pluies
étaient généralement favorables, les engrais ne coûtaient pas cher et que
les exploitants n'étaient pas obligés de se soucier du problème de couvrir
leurs coûts.

Le tableau 3 présente les facteurs cités comme ayant influencé
les investissements dans les engrais pendant le programme de crédit.
L'arachide--les semences disponibles plus les revenus--a déterminé la
quantité de la plupart des commandes d'engrais du fait que l'arachide
constituait la principale, sinon l'unique, source de revenus pour le
remboursement de la dette.
Une prise de décision typique consistait à
estimer les revenus, en tenant compte de la disponibilité des semences, et à
en déduire les dettes agricoles escomptées (semences et équipement) ainsi
que les besoins personnels en espèces (vêtements, riz, dîme, dépenses

médicales, etc.).. On passait ensuite une commande d'engrais dont le montant
était égal ou inférieur au solde attendu. Trente-deux pour cent des
exploitants ont été guidés par la production escomptée pendant une année

favorable et 15 pour cent seulement ont tenu compte des garanties
disponibles.
Ces deux faits nous aident à comprendre pourquoi les défauts
de paiement ont été fréquents dans le cas de dettes agricoles.
Les exploitants ont déclaré que les augmentations de prix des engrais
étaient tellement faibles pendant la vie du programme de crédit qu'elles
n'ont pas eu un grand impact sur l'acquisition des engrais.

Le tableau 4
révèle que, en général, les augmentations de prix des engrais ont été
allégées par les augmentations de prix de l'arachide.

Un examen des

1 9
TABLEAU 3
FACTEURS INFLUENCANT LES DECISIONS PORTANT SUR
LES INVESTISSEHENTS DANS LES ENGRAIS PENDANT
LE PROGRAMME DE CREDIT POUR ENGRAIS
Nombre d'exploitants confirmant
Facteur
l'influence du facteur (N=46)
Revenus arachide attendus
1 9
Suc& relatif de la recolte précédente
1 1
Quantité de semences d'arachide disponible
1 0
Changement du prix d'engrais
1 0
Obligation sociale attendue
9
Valeur de la garantie disponible
7
pour rembourser la dette au cas
où la culture ne réussit pas
Superficie des champs a exploiter
6
Accés aux engrais organiques
6
Qualité du sol des champs disponibles
5
Revenus attendus de toutes les cultures
4
Revenus non agricoles attendus
0

20
TABLEAU 4
RELATIDNS DE PRIX ET QUANTITES D'ENGRAIS
DESTINES A L'ARACHIDE ET AU MIL
VENDUES AU SENEGAL, 1965-86
Prix
Prix au
d'engrais
Rapport
Ventes d'engrais
producteur payé par les
des prix
nationales pour
Campagne
-arachide
exploitants
arachide
arachide et mil
Agricole
(FCWW
( FCFWg)
/engrais
(tonnes)
1965-66
21,5
1,79
26,106
4,685
1966-67
20,5
1,71
38,423
9,122
1967-68
1,38
48,214
12,096
1968-69
:fl
195
25,891
9,645
1969-70
18,5
1,68
12,790
8,400
1970-71
19,5
1,77
6,490
6,199
1971-72
23,l
1,93
12,598
10,485
1972-73
23,l
1,93
22,426
16,435
1973-74
29,5
1,84
16,610
10,776
1974-75
41,5
2,59
30,473
24,909
1975-76
41,5
2,08
36,892
28,201
1976-77
41,5
1,66
46,859
30,644
1977-78
41,5
1,66
34,247
19,328
1978-79
41,5
1.66
36,700
33,133
1979-80
1;82
22,915
13,841
1980-81
2
23,595
26,640
1981-82
16,250
19,540
1982-83
1,500
8, 100c
1983-84
1,200
14,700
1984-85
i 67
8,920
11,548
1985-86
0:86
5,075
8,582
1986-87
1,4
non disp
non disp
Sources:
1965-79 - Agence des Etats-Unis pour le Développement International
(USAID), 1983; 1980-présent - communication personnelle avec l'USAID/Dakar.
Les données sont approximatives du fait que les différentes sources contiennent
souvent des renseignements contradictoires.
a50 FCFA moins une retenue de 6 FCFA pour le remboursement de la dette.
b70 FCFA moins une retenue de 10 FCFA pour les semences.
CDonnées non disponibles pour le mil en 1982 et 1983; données présentées ici
s'appliquent à toutes les cultures céréalières (mil, sorgho, maïs, riz).
d70 FCFA moins une retenue de 15 FCFA pour les semences et de 5 FCFA pour les
engrais.

21
Tableau 4 - Suite
e8O FCFA moins‘ une retenue de 15 FCFA pour les semences et de 5 FCFA pour les
engrais.
fPrix des engrais distribués dans le cadre du syst&me de retenue. En 1985-86
de petites quantitjs d'engrais subventionnées par 1'USAID ont été disponibles
pour la vente en espéces a un prix de 60 FCFA/kg; aucune vente n'a été
enregistrée dans le Sine Saloum.

22
quantités totales d'engrais destinées a l'arachide et au mil qui ont été
vendues donne à penser qu'il n'existait aucune relation évidente entre les
changements de prix des engrais et la demande d'engrais avant la fin du

programme de crédit en 1981.
Lorsaue le Crédit n'est nas Facilement Disoonible
Cette section présente les caractéristiques générales des transactions
portant sur les engrais au cours de la période de 1981 à 1985. Elle
examine le comportement des exploitants, relatif aux achats ainsi que les
facteurs qui déterminent les achats et les types de raisonnement économique
appliqués.

La plupart des acquisitions qui se sont produites pendant cette
période ont été effectuées en especes, mais les exploitants de Nioro avaient
accés à des engrais par le biais de contrats d'arachide de bouche ou de maïs
et les exploitants de Gossas pouvaient obtenir des contrats de niébé en
1985.
Caractéristiques Générales des Achats d'Engrais
Au cours d'une année donnée entre 1981 et 1985, 70 pour cent des
exploitants n'ont effectué ni des achats à crédit ni des achats en espèces.
Les 30 pour cent qui restent étaient répartis de façon inégale entre les
deux zones, avec deux à quatre fois plus d'exploitants effectuant des achats
à Nioro qu'à Gossas.

Les raisons sont les suivantes:
1 .
Les engrais ont été plus difficiles à trouver à Gossas (les
engrais gambiens n'arrivent pas aussi au nord que Gossas et le
programme'de crédit sénégalais y a terminé un an plus tôt qu'à
Nioro).

2 .
La situation financière globale des producteurs de Gossas s'est
gravement détériorée depuis 1980; les déficits alimentaires ont
conduit à des ventes d'urgence de bétail et d'équipement

agricole.
Dans de telles conditions, les achats d'engrais avaient
une priorité extrêmement faible (voir Kelly et Gaye, 1985).
La figure 1 résume les données sur les quantités totales des engrais
acquis par.le moyen de contrats ou d'achats en espèces ou dans le cadre du

Achats en Espbces Effectuées par
Achats en EspPces Effectuées par
les Exploitants de Gossas
les Exploitants de Nioro
M
50
45
45
4 0
3 40
y: 3 5
53 35
g30
g 30
Y2
u
5 2 5
s 25
g 2 0
g 20
!2 1 5
; 15
!$ 1 0
0 10
5
5
Y
0 I
0 1
1982
1983
1984
1985
1981
1982
1983
1984
1985
ANNEE
ANNEE
Source: Données sur 22 exploitants tirées de
Source: Données sur 24 exploitants tirées de
l'enquête 1985-86.
l'enquête 1 9 8 5 - 8 6 .
LEGENDE
Contrats d'engrais à Gossas et à Nioro
Engrais fournis par le système de
retenue 6 Gossar et à Nioro
m FAIS
5 0
5 0
tsJ MIL
4 5
m AFiACHIDE
45
D NIEBE
3 40
s 4 0
pia VENDU
5: 35
; 3 5
p34
3 0
2 25
u
c% 25
v>
‘il 20

x
2 0
2 15
g
1 5
a
g
1 0
L 10
5
5
0
0
1981
1982
1983
1984
1985
NlORO
GOSSAS
ANNEE
ANNEE
S o u r c e :
Donn6es sur 46 exploitants tir& de
Source: Données sur 46 exploitants tirees de
l'enquéte 1985-W.
l'enquête 1985-86.
Note: Les hachures montrent pour chaque ann&e la proportion des engrais appliqués & l'utilisatfon indiquk dans la Wgende.

24
système de retenue et indique, pour chaque source, le pourcentage appliqué
aux différentes cultures.7

Les engrais obtenus dans le cadre du programme
de retenue ont représenté 22 pour cent de toutes les acquisitions, les
contrats 26 pour cent et les achats en espèces 52 pour cent.
Les quantités
totales utilisées étaient très faibles, soit deux sacs en moyenne par
exploitation et par an.
La distribution parmi les exploitants était très
inégale.
La part des engrais acquis chaque année par l'acheteur le plus
important a varié de 48 a 89 pour cent à Gossas et de 25 a 56 pour cent à
N i o r o .
La figure 2 présente l'évolution des tendances de l'utilisation.des
engrais et confirme que les exploitants préférent appliquer des engrais aux
cultures céréalières.

A Nioro la part de plus en plus importante des
engrais appliqués au maïs est due a l'augmentation de la superficie
consacrée a cette culture, alors que, dans le cas du mil, le niveau
d'application reflète l'evolution des attitudes concernant la meilleure
utilisation des engrais.

Le tableau 5 montre que les prix des engrais ont
augmenté progressivement au niveau des marches paralléles, tout en restant
inférieurs aux prix officiels.

Quarante-cinq pour cent de toutes les transactions portant sur les
engrais se sont produites au niveau des marchés hebdomadaires, 22 pour cent
dans le village de l'acheteur ou dans un village avoisinant et 12 pour cent

dans les grands centres urbains (Gossas, Nioro, Kaolack),.
Quarante-huit pour cent des achats ont été négociés avec d'autres
exploitants qui cherchaient à vendre des engrais provenant de trois
sources--le système de retenue, les contrats ou, dans le cas des engrais
gambiens, la contrebande--alors que quarante pour cent des achats ont été
effectués auprès des commerçants.

Les ventes officielles (a la SODEVA ou à
une coopérative) n'ont représenté que 12 pour cent de toutes les,
transactions.

On s'attend à une réduction importante des transactions entre
'7Le système de retenue se rapporte a un programme gouvernemental où il
s'agissait de retenir une partie des recettes des cultivateurs d'arachide
afin de couvrir les coûts des semences d'arachide et des engrais.
Les
exploitants qui vendaient leur production d'arachide dans les circuits
officiels de commercialisation étaient obliges de participer au programme
s'ils voulaient recevoir ces facteurs de production ou non.
Voir Crawford,
et al. (1985) pour de plus amples détails.

25

2 6
TABLEAU 5
PRIX OFFICIELS DES ENMAIS ET PRIX
APPLIQUES AUX UARCHES PARALLELES
(FCFA/sac de 50 kg)
Prix Appliqués
Aux Marchés
Prix
Annde
Paralleles
Officiels
1 9 8 1
500-1250
1250
1982
500-1500
1250
1983
1000-2500
1250
1984
1000-1700
4550
1985
1500-2500
5250 pour engrais du système de
retenue; 3000 pour engrais
subventionnés par 1'USAID et
vendus contre espèces
Source:
Les prix appliqués au niveau des marchés parallèles n'ont pas accusé
de hausse en 1984 du fait que les engrais du systeme de retenue ont été
distribués en retard, ce qui a entraîné une inondation temporaire du marché
dans la mesure où les exploitants cherchaient à liquider leur stock non voulu.
(Voir Crawford, et al., 1985.)

27
exploitants en 1986-87 pour trois raisons: le systeme de retenue n'existe
plus, le bruit court que la Gambie va arrêter sa subvention et il existe peu

de possibilités d'obtenir des engrais a crédit.
Cinq exploitants seulement ont déclaré que tous leurs achats d'engrais
ont été financés par les recettes de la vente d'arachide. Sept exploitants
ont cité les recettes de la vente de bétail, mais dans la plupart des cas

l'animal en question n'a pas été vendu pour financer l'achat d'engrais. Les
exploitants ont été obligés de vendre des animaux pour acheter des produits
alimentaires; un certain montant restait et ils l'ont appliqué à l'achat de
petites quantités d'engrais.
Huit exploitants ont utilisé les recettes de
leurs activités d'embouche ou d'autres activités en dehors de l'exploitation
(maraboutage, agent de sante villageois, maçon, petit commerce).
La règle pratique au Sénégal est que les facteurs de production doivent
être disponibles à l'époque de la commercialisation de'l'arachide, lorsque
les exploitants ont le plus d'argent , afin d'encourager les investissements
dans l'agriculture.
Mais cette règle pratique ne s'applique pas aux
engrais.
Sur les 52 transactions d'engrais citées par les exploitants
participant a l'enquête, une seule s'est produite à l'époque de la
commercialisation.

Cinquante-trois pour cent des achats ont eu lieu au
début de la saison des pluies et 22 pour cent après l'époque des semis.
Encore 10 pour cent ont été effectués a divers moments de la saison sèche.
En général, les engrais n'ont pas éte disponibles à l'époque de la

commercialisation; la plupart des stocks proviennent de la distribution
gambienne ou du système de retenue, c'est-à-dire au début de la saison des

pluies.
Mais ceci ne constitue pas, cependant, l'explication principale des
achats "tardifs".
Bon nombre de producteurs s'approvisionnent en engrais en se servant
des recettes de ventes de bétail ou d'activités ayant lieu en dehors de
l'exploitation.

Les recettes de ces activités deviennent disponibles à la
fin de la saison séche, ce qui explique en partie pourquoi les achats sont
retardés.

En outre, ceux qui participent a des activités non liées à
l'agriculture (surtout le petit commerce) sont peu disposés à immobiliser
leurs ressources en achetant des engrais et préfèrent pouvoir s'en servir
pendant la saison sèche.


28
Dans la mesure où les exploitants considèrent que les engrais sont
comme "le sel dans la sauce", autrement dit quelque chose de souhaitable
mais non pas d'essentiel, les achats seront effectués aprés les

investissements plus importants.
Au cours de la campagne de 1985-86, a
usure que les exploitants participant a l'enquête obtenaient une idée plus
exacte de leur situation vis-a-vis des produits alimentaires et des recettes
d'arachide, ils ont baissé réguliérement leurs investissements escomptés
dans les engrais.

Les estimations au mois de mars étaient inférieures à 50
pour cent de celles qu'ils avaient exprimées en juillet. Finalement, afin
de réduire les risques, certains exploitants ne s'approvisionnent jamais en
engrais avant que les pluies et la levee des jeunes pousses ne soient bien
établies.
Caractéristiques Générales des Acheteurs d'Engrais
Trois facteurs distinguent les acheteurs d'engrais des non acheteurs:
1.
Comportement d'achat au cours du programme de crédit pour engrais;
2.
Attitudes vis-a-vis des investissements dans les engrais et vis-a-
vis d'autres investissements;

3.
Accés a des recettes non liées aux cultures.
Les résultats preliminaires suggèrent que:
1.
Les exploitants qui avaient effectué quelques achats en espèces
pendant le programme de crédit étaient plus susceptibles d'avoir
effectué des achats au cours des dernières années.

2.
Les exploitants dont le total des achats en espèces. et à crédit
pendant le programme de crédit avait dépassé 5 sacs par an en
moyenne étaient plus susceptibles d'avoir effectué des achats au
cours de la période de 1981 a 1985.

3.
Les exploitants qui disposaient de recettes non liées aux cultures
étaient plus susceptibles d'avoir effectué des achats que ceux qui
comptaient exclusivement sur les recettes de leurs cultures;

4.
Les exploitants qui n'ont pas effectué d'achats étaient plus
susceptibles de croire qu'un investissement consistant en 30 kg de

semences augmenterait leur rendement plus qu'un investissement
consistant en 2 sacs d'engrais.


29
5.
Les exploitants indiquant qu'ils appliquent des engrais tôt dans
la campagne (avant le premier sarclage) étaient plus susceptibles
d'avoir effectué des achats.

La corrélation entre les recettes non liées aux cultures et les achats
d'engrais souléve un certain nombre d'hypothès,es'différentes: (1) les
engrais ne peuvent pas s'autofinancer chaque annee et, par conséquent,
nécessitent souvent un financement provenant d'autres activités; (2) les
exploitants se servant d'engrais obtiennent suffisamment de bénéfices pour
pouvoir investir dans des activités non liées aux cultures; ou (3) ceux qui

ont des recettes non liées aux cultures ont des revenus disponibles plus
importants et peuvent donc se permettre d'effectuer des types d'achat qui se
situent plus bas sur la liste des priorités (par exemple, les engrais).
L'analyse menée jusqu'à présent ne démontre pas clairement qu'une de ces
hypotheses est plus valable que les autres. Dans les circonstances
actuelles (prix élevés, manque de crédit, faibles rendements sans engrais),

il est évident que la plupart des exploitants doivent avoir des recettes non
liées aux cultures avant de pouvoir effectuer les premiers achats dans le
cadre du nouveau système de vente contre paiement comptant.

Parmi les exploitants qui croient qu'un investissement consistant en 30
kg de semences augmentera les rendements d'arachides plus que deux sacs
d'engrais, aucun n'a acheté d'engrais entre 1981 et 1985. Ceci donne à
penser que les attitudes concernant la productivité relative des semences et
des engrais peuvent jouer un rôle important en distinguant les acheteurs des
non acheteurs.

La corrélation entre les achats et les applications effectuées tôt dans
la campagne nécessite un examen plus poussé:
Se peut-il que les exploitants
qui appliquent des engrais tôt dans la campagne obtiennent de meilleurs
résultats (comme la recherche agronomique laisse croire) et se sentent
encouragés par conséquent à acheter encore des engrais? Ou se peut-il, au
contraire, qu'il existe une autre caractéristique qui facilite une
application tôt dans la campagne et qui relie ceux qui pratiquent cette

méthode (par exemple, richesse relative ou accès a une source adéquate de
main-d'oeuvre)?

Plusieurs facteurs qui auraient pu en principe distinguer les acheteurs
des non acheteurs semblent ne pas être pertinents:

30
1.
Les exploitants qui étaient plus riches dans la mesure où ils
possédaient plus de bétail n'ont pas eu tendance à effectuer des
achats d'engrais plus que les autres.
2.
Il n'y avait pas de corrélation entre les achats effectués et
l'importance relative que les exploitants accordent aux
différentes techniques de régénération du sol; autrement dit, les
achats d'engrais effectués par les exploitants ayant classé les
engrais comme étant la technique la plus efficace pour l'arachide
et pour le mil n'ont pas eté plus fréquents que dans le cas de

ceux qui attribuent à l'utilisation d'engrais une valeur moins
importante.
3.
Les exploitants ayant accés au parcage n'ont pas été moins
disposés que les autres a acheter des engrais.
4.
Les exploitants qui croient que les rendements àvec engrais sont
toujours meilleurs (même lorsque les pluies ne sont pas bonnes)
n'ont pas été plus disponsés a effectuer des achats d'engrais.

ANALYSE ECONOMIQUE-ET STRATEGIES D’INVESTISSEMENT
Analvses Economiaues Effectuées Dar les Chercheurs
Les chercheurs au Sénégal ont utilise diverses approches afin de
déterminer les taux d'application d'engrais appropriés et d'évaluer les
rendements économiques.

En conséquence, il n'existe aucune entente
concernant les recommandations en matière d'engrais et les incitations
économiques associées.

La méthode appliquée le plus souvent par 1 ‘ISRA
comporte deux étapes: (1) une détermination des doses d'engrais appropriées
en assurant un remplacement presque total des substances nutritives et (2)
une analyse économique ex post basée sur des rapports valeur/coût calculés
en divisant la valeur du produit ajouté par le coût du traitement d'engrais.
L'ISRA a considéré un rapport égal ou supérieur à deux comme étant le

minimum nécessaire à encourager les exploitants à investir dans les engrais.
Les rapports valeur/coût calculés en employant les prix de 1985-86 et
les données des années 1960 et 1970 sur la réaction aux engrais dans le
cadre d'essais de confirmation menés dans des champs appartenant à des

31
exploitants ont été supérieurs a deux pour l'arachide. et pour. le mil dans le
Sine Saloum. Mais ceci n'a pas Bté le cas dans les zones du nord et du
centre-nord du bassin arachidier.
(Voir Muon, 1985; Yung, 1984; et' ISRA,
1975 pour des exemples de ce type d'analyse.) Le fait que l'utilisation
d'engrais a diminué bien que les rapports valeur/coût soient restes
superieurs a deux dans le Sine Saloum donne a penser qu'il y a lieu de
réexaminer la convention d'employer un rapport de deux comme un indicateur
du comportement de l'exploitant.

Le deuxiéme type d'analyse utilise des techniques econométriques pour
estimer la dose d'engrais qui portera au maximum les bénéfices réalisés par
les exploitants.

En 1976 et 1977, la SODEVA, avec le concours de la
Tennessee Valley Authority (Agence fédérale créee aux Etats-Unis.en 1933
pour développer par un programme de grands travaux la vallée du Tennessee)
et du Centre International pour le Développement des Engrais (International
Fertilizer Development Center: IFDC), a effectué des essais contrôlés dans

des champs appartenant a des exploitants afin d'élaborer des courbes de
réaction aux engrais et d'identifier la combinaison de N - P - K qui
porterait au maximum les bénéfices d'un exploitant dans la zone étudiée.8
Cette approche a dégagé des niveaux d'engrais optimaux qui seraient

impossibles a appliquer sans apporter des changements importants aux
formules actuellement recommandées par 1’ISRA. Les changements les plus
radicaux recommandés pour le Sine Saloum etaient l'élimination de l'azote
pour la culture d'arachide et une augmentation des proportions de phosphore
et de potasse dans les formules appliquées au mi1.g

*
On débat toujours les differences qui existent entre les
recommandations de 1’ISRA et celles de 1'IFDC. D'aprés les défenseurs de la
8La "maximisation des bénefices" a été abordée de deux points de vue:
(1) le point pur de maximisation des bénéfices (rapport valeur/coût = 1) et
(2) une approche plus conservatrice, représentant le point de vue de
l'exploitant, qui tient compte des risques et des conditions réelles de
gestion d'une exploitation (rapport valeur/coût = 2).
gPar exemple, la où 1’ISRA avait recommandé 150 kg de 6-20-10 par
hectare d'arachide, 1'IFDC a proposé 100 kg de O-27-24; et là où 1’ISRA
avait recommandé 150 kg de 14-7-7 par hectare de mil, 1’IFDC a proposé 110
kg de 12-36-35 plus 82 kg d'urée.
Ceci constitue une présentation trop
simplifiée des résultats obtenus par l'IFOC. Pour des renseignements plus
precis, voir IFDC, 1980.

32
méthode de "remplacement de substances nutritives", bon nombre des
recommandations basées sur la méthode de "maximisation de bénefices"
conduiraient a la detérioration irreversible des sols sénégalais; en
revanche, les défenseurs de cette derniére méthode soutiennent que le fait

de recommander des niveaux d'engrais qui ne sont pas justifiés sur le plan
bconomique et qui ne sont pas à la portée de l'exploitant moyen (notamment
dans les zones plus arides du nord) sert a gaspiller ses ressources.

Bien que les recherches expdrimentales du passé fournissent un certain
cadre pour l'évaluation des effets économiques des engrais, il est certain
que de meilleures donnees seront necessaires concernant l'action des engrais
sur les rendements obtenus par les exploitants. Quelques données sont déja

disponibles grâce aux travaux effectués au cours des années 1970 dans le
cadre des Unités expérimentales et du Programme Moyen Terme Sahel (voir

Raymond et Tournu, 1974; Raymond, Fall et Diop, 1976); néanmoins, compte
tenu des variations extrêmes d'une année et d'une zone à l'autre, la
necessité s'impose d'envisager un programme plus systématique de
rassemblement de données dans le temps et dans l'espace portant sur les
effets des engrais au niveau des champs des exploitants.

halvse Economiaue Effectuée Dar les ExDloitants
Cette section examinera (1) les types d'analyse economique employés par
les exploitants au moment de prendre des décisions relatives aux
investissements et (2) la mesure dans laquelle les méthodes employées par
les chercheurs peuvent aboutir aux mêmes conclusions que celles qui sont

employees par les exploitants.
Plusieurs techniques ont été appliquées a
l'évaluation de l'idée générale de la rentabilité du point de vue de
l'exploitant:

1.
On a demandé aux exploitants qui étaient capables de mesurer de
façon quantitative l'action des engrais au cours d'une année de
pluies normales de calculer la valeur ajoutee par hectare, puis de
déterminer si un exploitant qui paie
18.000 FCFA par sac d'engrais
pourra réaliser un benéfice; sinon, on leur a demandé d'estimer
l'investissement rentable maximum dans les engrais.


33
2.
Ensuite, on a demande a ces mêmes exploitants, ainsi qu'à ceux qui
n'étaient pas capables de mesurer de façon quantitative les effets
sur les rendements, de citer le prix maximum qu'ils accepteraient

de payer pour un sac d'engrais.
3.
On a également demandé aux exploitants d'estimer les revenus d'un
champ d'arachide auxquels ils devraient pouvoir s'attendre avant
d'investir 18.000 FCFA dans les engrais. Cette estimation a été
convertie en kilogrammes, puis le rendement d'arachide cité
antérieurement par l'exploitant en a été déduit afin d'appliquer
la différence au calcul du rapport valeur/coût représentant le
minimum acceptable du point de vue de l'exploitant.

4.
Finalement, on a demandé aux exploitants de déclarer les critères
qu'ils appliquent en jugeant si les engrais coûtent cher.

Aucune de ces techniques n'a obtenu de réponses très satisfaisantes.
Les réponses a la Premiere question ont beaucoup varié, d'une part a cause
du fait que les exploitants ont des perceptions différentes de l'action des
engrais sur les rendements ou de ce qui constitue un rendement "rentable,"
d'autre part parce que certains se font une idée instinctive des coûts
d'engrais sans tenir compte du rendement possible de l'investissement. Une
comparaison de quatre réponses servira a illustrer la gamme des réponses
aussi bien que l'aptitude à concevoir la question.

Un exploitant croyait que 2 sacs d'engrais (100 kg) produisent de 300 à
400 kilogrammes d'arachide en moyenne. O'aprés lui, si les engrais coûtent
5.000 FCFA le sac, l'investissement anéantira tous les bénéfices. En
supposant un prix d'arachide de 90 FCFA/kg, le bénéfice net de 300 kg de
produit ajouté se chiffre a 17.000 FCFA.

Dans son exemple, il est évident
que, en fait, tous les bénéfices ne seront pas perdus, mais il croit
fermement qu'un prix de 5.000 FCFA est trop cher pour les engrais.
Un deuxiéme exploitant a dit que n'importe quel prix d'engrais qui lui
permet de réaliser un bénéfice net d'au moins 2.000 FCFA par hectare au
cours d'une annee moyenne serait acceptable. Soit cet individu préfère
courir des risques, soit il est satisfait de réaliser des rendements plutôt
bas.

D'après un troisième exploitant, le rendement brut de tout
investissement devrait être deux fois plus important que le montant de

3 4
l'investissement--une fois pour couvrir le coût de l'investissement et une
seconde fois pour les bénéfices.
Il a remarqué que, dans un cas pareil, le
coût de l'investissement dans les engrais englobe non seulement le coût des
engrais mais également tous les autres coûts associés de main-d'oeuvre, de
transport, etc. (Cet exploitant, l'utilisateur d'engrais le plus important

de notre échantillon a Nioro, était capable de discuter des investissements
et des bénéfices en des termes qui feraient plaisir a un économiste, mais il
etait incapable de définir de façon quantitative le produit ajouté obtenu en
appliquant des engrais!)
Le dernier exemple concerne un exploitant qui était peu disposé à
accepter un prix qui dépasserait ses moyens pécuniaires plutôt limités--son
prix maximum était de 1000 FCFA par sac et il ne voulait pas tenir compte de

la possibilité qu'un prix supérieur pourrait être rentable.
Ce même genre de variabilité se présente parmi les réponses à la
question sur les rapports valeur/coût acceptables. Neuf exploitants ont
fourni une valeur qui était inférieure a leur perception des rendements
d'arachide sans engrais, donc il devient impossible de calculer des rapports
approximatifs qui soient significatifs.

Le grand nombre de réponses non
valables a tendance a diminuer la fiabilité des réponses qui paraissent
valables:

sont-elles véritablement le résultat d'une analyse réfléchie ou
s'agit-il plutôt de simples conjectures qui se sont avérées comme par hasard
supérieures aux valeurs citées antérieurement pour le cas de champs

d'arachide sans fertilisation? Néanmoins, les rapports calculés varient de
1,l a 11,7 avec une valeur médiane de 4.
Il est évident que l'utilisation
d'un rapport valeur/coût de 2 ne consititue pas un bon indicateur du
comportement des exploitants; premierement, la plupart des exploitants ne
basent pas leurs investissements dans les engrais sur de tels rapports et,

deuxiémement, le rapport médian suggéré par les exploitants était deux fois
plus élevé que la valeur employée par les chercheurs.
Il est difficile d'évaluer le prix maximum que les exploitants seraient
disposes à payer pour un sac d'engrais.
Plusieurs exploitants ont proposé
un prix trés faible, en tenant compte sans doute de leurs circonstances
financières actuelles.

D'autres exploitants, craignant que leurs réponses
ne soient utilisées pour justifier une hausse de prix, ont refusé de
répondre à la question ("Il incombe aux autorités d'établir les prix


35
d'engrais.") ou ont cité des prix inférieurs a ceux qu'ils accepteraient
réellement de payer.

Le tableau 6 resume les réponses. La.réponse médiane
ainsi que modale se situe entre 2000 et 2500 FCFA. Les exploitants de Nioro
avaient tendance a accepter un prix maximum plus élevé que les exploitants
de Gossas.

Sur les sept exploitants de Nioro qui ont indiqué qu'ils
accepteraient de payer un prix tableau 6 supérieur a 3000 FCFA, cinq ont
acheté, des engrais au cours des cinq dernières années, ce qui augmente Ta

crédibilité de leurs réponses.
Les crit&res appliqués par les exploitants en appréciant le coût des
engrais figurent au tableau 7.
Trois des critères (1, 3 et 4) se
rapportent d'une manier-e ou d'une autre au problème de ressources
financières.
Les exploitants ne considèrent pas que les engrais coûtent
trop cher du fait que les rendements moyens ne justifient pas
l'investissement, mais plutôt du fait que leurs recettes agricoles
n'arrivent même pas a couvrir d'autres besoins agricoles et non agricoles
plus pressants.

La clef pour comprendre ce point de vue réside dans une
enquête sur les dépenses qui identifie le rôle des engrais dans la stratégie
d'investissements et de dépenses de l'exploitant.1°
Certains exploitants se servent du rapport de prix arachide/engrais
pour apprécier le coût des engrais.
Le tableau 8 présente la distribution
de fréquences des rapports prix/coût (le prix d'un kilogramme d'arachide
divise par le prix d'un kilogramme d'engrais) qui sont acceptables du point
de vue des exploitants.

Pendant la vie du programme de crédit, le rapport
n'a dépassé 2 que quatre fois (voir tableau 4),‘mais 72 pour cent des
l"Les recherches antérieures donnent à penser que les produits
alimentaires et les autres dépenses liees à la consommation personnelle
(vêtements, lits, réparations au niveau de la maison, etc.) passent en
priorité au moment où les exploitants touchent les recettes des cultures
(Niang, 1984; Nguyen-Van-Chi-Bonnardel, 1978). Lorsque les moyens
pécuniaires manquent, les exploitants qui sont disposés à se servir de
crédit pour les produits alimentaires, les baptêmes, les funérailles et les
noces sont beaucoup plus nombreux que ceux qui sont disposés à contracter
des dettes sous forme d'investissements agricoles (Tuck, 1983). Ces
résultats suggérent que, pour mieux comprendre le point de vue de
l'exploitant en ce qui concerne la volonté et la capacité d'investir de
l'argent dans l'agriculture, des données plus complètes seront nécessaires
concernant le pourcentage des revenus affectés aux dépenses liées à la
consommation.

36
TABLEAU 6
PRIX D'ENMIS QUE LES EXPLOITANTS SDW DISPDSES A PAYER
(EN lWRCENTA6E D'EXPLOITANTS)
FCFA/SO kg
Arachide
Mil
c 1000
6
6
1001-1500
14
6
1501-2000
14
18
2001-2500
34
29
2501-3000
11
18
3001-3500
11
15
3501-4000
6
6
4001-4500
3
3
Les crit&res appliqués par les exploitants en appréciant le coût des engrais
figurent au Tableau 7.

37
TABLEAU 7
CRITERES APPLIQUES PAR LES EXPLOITANTS
EN APPRECIAKT.LE
COUT DES ENGRAIS
Pourcentage
Criteres
d'exploitants
1.
Le coQt est trop élevé tant qu'on n'a
pas les moyens d'en acheter aux prix
actuels.
4 0
2.
Si on pouvait compter sur les pluies,
on ne dirait pas que le coût est excessif,
1 7
3.
Il convient d'apprécier le prix d'engrais
en fonction du prix de l'arachide (5
repenses) ou du prix du mil (1 réponse).
14
4.
Tant qu'on n'a pas de semences d'arachide,
les engrais coûtent cher a n'importe quel
prix.
10
5.
Aux prix actuels, les engrais absorbent
ce qu'ils rapportent.
1 0
6.
le coût dépend de l'intensite des besoins;
ceux dont les sols sont ingrats et qui ne
disposent pas d'engrais organiques seront
disposés a payer plus cher.
7
7
On apprécie le prix en fonction de
l'expérience du passé et le prix actuel
est quatre fois plus élevé que celui auquel
on s'est habitué pendant le programme de
crédit.
2

38
TABLEAU 8
DISTRIBUTIDN DE FREQUENCES DES RAPPORTS
DE PRIX ARACHIDE/ENGWIS
ACCEPTABLES
Pourcentage
Rapport
d'exploitants
<l
4
l-1,99
25
2-2,5
54
>3
18

39
exploitants interroges estiment néanmoins qu'il devrait dépasser 2. Il
n'existe aucune indication que l'utilisation d'engrais a été perturbée
pendant les annees où le rapport arachide/engrais était inférieur a 2 tant
que des credits étaient disponibles; il reste à voir si ce sera le cas
également dans un systéme sans crédit.

Parmi les critères appliqués le plus souvent a l'appréciation du coût
des engrais, les risques occupent la deuxième position. Dix-sept pour cent
des exploitants ont indiqué que le prix des engrais ne serait pas considéré
excessif si,les pluies dtaient favorables, ce qui donne a entendre que les
engrais représenteraient un investissement rentable même aux prix actuels
si les pluies étaient bonnes.

Bien que la plupart des exploitants ne
connaissent pas les notions de la probabilité necessaires à une analyse
systématique des investissements risqués, ils arrivent tout de même à

classer les différents investissements dans des catégories présentant des
risques plus ou moins élevés.

Sur cette base les exploitants investissent
leurs ressources limitées dans le bétail ou le banabana (petit commerce)
avant les engrais.

Finalement, il est a noter que 17 pour cent des exploitants (critères 5
et 6) ont fourni des réponses qui révelent une certaine tendance a effectuer
une analyse des coûts et des bénéfices marginaux--le coût est évalué en
fonction de la valeur ajoutee qu'un investisse.ment rapporte a'l'investisseur
et ceux qui sont susceptibles d'obtenir une valeur ajoutée plus importante
sont susceptibles également d'accepter de payer des prix plus élevés.

Il est fort peu probable que ces criteres employés pour apprécier le
coût des engrais conduiraient a des conclusions concernant la rentabilité
qui ressemblent a celles des chercheurs qui emploient'des rapports
valeur/coût ou des analyses de maximisation de bénéfices.

Très peu
d'exploitants ont les connaissances requises vis-a-vis de l'action sur les
rendements et les compétences mathématiques (addition et
multiplication)
nécessaires pour calculer avec précision les bénéfices éventuels.
Point
plus important, les types d'analyses économiques employés le plus souvent
par les chercheurs etablissent une fausse dichotomie entre les choix "avec

engrais" et "sans engrais.'
Le véritable choix rencontré par l'exploitant
typique concerne les engrais, ou les semences, ou l’équipement, ou le

40
bétail, ou . . . toute une gamme d'investissements non agricoles et de
dépenses liées a la consommation.
Stratéqies d'investissement des ExDloitants
Pour ce qui est de l'utilisation de leurs faibles revenus, la plupart
des exploitants appliquent des priorités distinctes basées sur des analyses
rudimentaires de la rentabilité de l'investissement et sur d'autres
considérations telles que le fait de garder les enfants sur l'exploitation,

de maintenir suffisamment de liquidités pour parer a toute difficulté
éventuelle (déficits alimentaires, maladies) ou de s'occuper des obligations
sociales inattendues.

Au cours de la campagne de 1985-86, la survie, et non
pas les bénéfices, a été le critére le plus important de la prise de
décisions pour la plupart des exploitants.
On a demande aux 98 exploitants partic ipant a l'enquête générale
d'expliquer comment ils auraient investi 15 .OOO FCFA s'ils avaient disposé
de ce montant en mai 1985 (c'est-à-dire tou t de suite avant les pluies).
Cinquante-deux pour cent ont expliqué qu'ils auraient investi dans les
semences et 40 pour cent ont choisi les produits alimentaires.

Les second
et troisième choix ont également révélé une faible priorité accordée aux
engrais (voir figure 3).

La demande d'engrais dans l'avenir sera déterminée en bonne partie par
l'idée que les exploitants se font des besoins minimaux de graines
d'arachide et par leur capacité de constituer un tel stock de semences. Au
cours des entretiens plus approfondis, 69 pour cent des exploitants ont

indiqué que, dans le cas où ils disposeraient de suffisamment de vivres et
de 20.000 FCFA d'argent liquide mais n'auraient ni de graines d'arachide ni
d'engrais au début de la campagne agricole, ils appliqueraient le total a

l'achat de semences.
Sept pour cent appliqueraient une partie du montant a
l'achat de semences et garderaient le reste pour les besoins ordinaires
(kola, difficultés inattendues, etc.) alors que 24 pour cent achèteraient
des semences et une certaine quantité d'engrais (les achats de semences
constitueraient de 50 a 95 pour cent de l'argent disponible).

Soixante-dix-sept pour cent des exploitants ont précisé une quantité
minimale de semences dont ils auraient besoin avant de réfléchir aux

41
FIGURE 3
PRIORITES DES EXPLOITANTS VIS-A-VIS DES INVESTISSEMENTS 1985-86
(NUME DE REPONSES ENTRE PARENTHESES)
Réponse type 1
Première priorite
Semences
(5;)
Deuxiéme'priorité
I
I
I
1
Vivres
Achat d'équipement
Engrais
Autres
(10)
Troisième priorité
- Vivres (7)
- Achat d'équipement (3)
- Achat d'équipement (4)
- Engrais (4)
- Traction animale (2)
- Elevage (1)
- Economiser (2)
- Economiser (1)
- Réparation de
l'equipement (1)
- Encore des vivres (1)
Réponse type II
Premiere priorité
Vivres
Deuxiéme priorite
I
1
I
1
Semences
Traction animale
Equipement
Elevage
(73)
(y
(y
- Encore des
r-
animaux (1)
- Economiser (1)
l'équipement (3)
- Main-d'oeuvre (1)
- Engrais (2)
- Economiser (2)
- Traction animale (1)
- Banabana (1)

42
engrais.
Les repenses ont varié entre 100 et 2000 kg de graines
décortiquées.
La réponse médiane s'ést.chiffrée entre 300 et 500 kg, ce qui
represente entre 4 et 7 hectares d'arachide, destinés exclusivement au chef
de ménage.

Les quantités exprimées étaient en général plusieurs fois plus
élevées que les quantités semees en 1985.
Les conversations avec les exploitants donnent à penser que les
procédures suivies pour obtenir de la main-d'oeuvre et l'obligation de
fournir des graines d'arachide aux membres de la famille servent peut-être a
préserver les techniques de l'agriculture extensive et a contraindre les

achats.d'engrais.
Plus de 70 pour cent des exploitants n'effectueraient
aucun achat d'engrais avant d'obtenir une grande quantité de semences bien
qu'ils estiment qu'un investissement dans les engrais augmenterait la
production plus qu'un montant égal investi dans les semences; Ceci est dû
au fait que le chef de ménage doit être capable d'offrir des terres et des

graines d'arachide comme une partie du contrat lorsqu'il engage des ouvriers
saisonniers.
Pareillement, s'il tient a garder ses fils a la maison, il
doit leur offrir des terres et des semences susceptibles de produire des
revenus agricoles supérieurs A ce qu'ils pourraient espérer gagner a Kaolack
ou a Dakar.

Cette question mérite une étude plus approfondie.
Les réponses à une série de questions concernant la disposition des
exploitants a transformer leur argent liquide ou leurs ressources animales
en investissements dans les engrais une fois que les besoins plus pressants
au niveau des vivres et des semences auront été satisfaits révélent que 81

pour cent des exploitants seraient disposés a dépenser une partie de
l'argent restant pour acheter des engrais et que 61 pour cent seraient
disposés a vendre quelques animaux afin de financer des engrais. Mais la
probabilite que les deux premiéres conditions seront satisfaites demeure
relativement faible.

En ce qui concerne les semences, la plupart des
exploitants ont été trés loin de se procurer les besoins minimaux l'année
dernière et ce même phenomène risque de se produire de nouveau en 1986-87
(voir Gaye, 1986 et Niang et Sarr, 1986).
Les données'des enquêtes pour la
période de 1981-85 montrent que 94 pour cent des 98 exploitants ont
rencontré des déficits alimentaires au moins une fois; plus de 50 pour cent
ont connu 2 ou 3 années déficitaires.

Cinquante pour cent des exploitants
de notre échantillon craignaient qu'ils ne rencontrent encore des déficits

43
céréaliers cette année malgré les pluies relativement favorables et l'espoir
d'obtenir une bonne récolte en 1986.

La rentabilite relative des investissements que les exploitants
déclarent être plus rentables que les engrais (élevage et banabana) mérite
également une analyse plus poussée.

Il n'y a pas de données disponibles sur
le rendement du banabanq et, dans la mesure où les dtudes effectuées sur
l'élevage concernent des zones et des activites tres spécifiques, il est

difficile d'en tirer des conclusions générales. (Voir Faye et Landais,
1984; Demus et Tchakerian, 1977.) Les'données les plus récentes et les plus
fiables concernant les activités d'embouche bovine dans la région centre-
nord du bassin arachidier montrent que, en l'espace de 75 jours seulement,
les exploitants ont réalisé des bénéfices nets de plus de 50 pour cent par
rapport au coût de l'investissement (le coût du bétail et de son
alimentation a été compris dans la valeur de l'investissement initial) (Faye
et Landais, 1984, p. 16).

Du point de vue des exploitants, les bénéfices
paraissent encore plus élevés du fait qu'ils ne tiennent pas compte du coût
d'opportunite des résidus des cultures destinés a l'alimentation du bétail.
Outre les activites spécifiques liées a l'embouche, les exploitants estiment
que les investissements dans les petits ruminants ou dans les bovins, gardés
dans un troupeau ou libres de brouter dans les pâturages a proximité,
constituent des investissements fiables.

La valeur d'un animal augmente
grâce à la croissance et a la reproduction et le danger de maladie ou de
mortalité est moindre que le risque de perte associé aux engrais.

Par
ailleurs, les animaux peuvent être vendus a tout moment, ce qui constitue
une sorte de liquidité.

Ces perceptions de la rentabilité relative des investissements dans le
bétail et dans les engrais expliquent pourquoi 38 pour cent des exploitants
ne seraient pas disposes a vendre du betail afin d'acheter des engrais.

Même ceux qui seraient disposés h transformer des investissements animaux en
engrais n'accepteraient pas de le faire avant la fin de la saison sèche,
lorsque les vivres et les semences auront été assurés et que le fourrage
sera devenu rare et, par conséquent, l'alimentation du bétail plus coûteuse.

Il est difficile de calculer de façon quantitative et de comparer les
rendements des engrais et d'autres investissements éventuels, mais les
perceptions et les priorités des exploitants sont assez claires. Tant que


44
les politiques et les conditjons'climatiques actuelles persistent (coût
élevé des engrais, déficit de semences d'arachide, mauvaises récoltes de

mil, incertitude des pluies, manque de crédit), la consommation d'engrais
n'est pas susceptible de monter.

HIDELES DE DECISIOW
PORTANT SUR LES
INVESTISSEMENTS DANS LES, ENGRAIS
Mi?les Prescrintifs
L'analyse de la prise de décisions a été utilisée le plus souvent par
les agro-économistes cherchant a appliquer une approche systématique à
l'analyse de décisions risquees.

La figure 4 présente un modèle de
décision type qui s'applique aux decisions portant sur les investissements
dans les engrais.

Les résultats sont calcules en utilisant la perception de
l'effet des engrais sur le rendement du point de vue d'un exploitant de
notre échantillon qui utilisait des engrais chaque année.
Les résultats montrent que le bénéfice net attendu (la somme des
produits obtenus en multipliant la probabilité par le benéfice attendu pour
chaque état de la nature) est nettement plus élevé lorsque des engrais sont
utilisés.

Vu la percéption de cet exploitant concernant l'effet sur les
rendements, il ferait bien d'investir.
Ce genre d’analyse nécessite des renseignements sur les probabilités
associees aux décisions risquées aussi bien que sur les conséquences
probables
des différents états de la nature. Lesdonnées nécessaires pour
effectuer de telles analyses pourraient provenir,des données de séries

chronologiques sur la pluviométrie ajoutées aux effets sur les rendements
enregistrés dans le cadre de la recherche, des démonstrations faisant partie
de la vulgarisation ou des perceptions subjectives exprimées par les
exploitants eux-mêmes.

S'il existait des donnees sur les autres types
d'investissement tels que le banabana ou l'élevage, il serait possible
d'envisager une décision entre deux types d'investissement.

Ce genre de modèle de décision aide a déterminer ce que les exploitants
devront faire s'ils cherchent à maximiser les revenus nets attendus. De
telles analyses peuvent également aider les analystes de politiques

45
FISURE 4
WDELE DE DECISION PORTANT SUR LES INVESTISSEMENTS
DANS LES ENGRAIS BASE SUR IA PERCEPTION DU
RENDEMENT DU POINT DE VUE D’UN EXPLOITANT
Problème:
Investir 9.600 FCFA dans les engrais pour un hectare
d'arachide ou cultiver sans engrais
Etat
Rendements
Bénéfice
Bénéfice
de la
Attendus
Net
Net Attendu
Activité
Nature
Probabilité (kg/ha)
(FCFA)
(FCFA)
Bon
0,25
3000
260.400
Investir
Moyen
0,50
2000
170.400
165.900
Mauvais
0,25
800
62.400
Ne pas
Bon
0,25
1500
135.000
Investir
M o y e n
0,50
1000
90.000
90.000
Mauvais
0,25
500
45.000

45
agricoles à évaluer la rentabilite eventuelle des engrais dans le cadre de
l'agriculture pluviale dans la mesure où elles tiennent compte des risques

d'une maniére systématique (les analyses valeur/coût tiennent compte du
facteur risque en utilisant une norme de 2:1, mais n'essaient pas de
quantifier l'effet).
Malheureusement, le manque de données fiables sur les
rendements obtenus lorsque l'exploitant gére ses propres activités fait
qu'il est impossible d'employer ce genre d'analyse avec confiance.
Par ailleurs, même si de telles données étaient disponibles, ce type de
modele prescriptif ne contribue pas anotre compréhension des décisions
prises par les exploitants concernant les investissements dans les engrais.

Il est évident que les exploitants eux-mêmes n'effectuent pas ce genre
d'analyse--même a un niveau très rudimentaire. La plupart des exploitants
de notre échantillon seraient incapables de tenter une telle analyse du fait
qu'ils ne possedent ni les notions de probabilité ni les compétences
mathématiques nécessaires, ni par ailleurs un registre écrit ou un rappel
exact des événements du passé.

La plupart d'entre eux n'utiliseraient pas
le modéle--même si l'analyse avait déja été faite et leur etait offerte--a
cause de leur conviction qu'il serait inutile (sinon blasphématoire)
d'essayer de deviner la volonté d'Allah.

Modèles Descriotifs Hiérarchiaues
Il existe un autre type de modéle de décision qui permet de décrire la
véritable prise de décisions effectuée par un exploitant ou par un groupe
d'exploitants.

Ce modéle exige que les critéres appliques par les
exploitants soient identifiés et incorporés dans un arbre de décisions selon
la priorité accordée à chaque critére par l'exploitant. Les exploitants
sont classés sur la base de leur réponse a chacun des critéres.

Les
contraintes pesant sur la capacité des exploitants d'executer les
programmes d'action préféres sont ajoutees au modèle.
Un des objectifs.de ce programme de recherche consiste a élaborer un
modéle qui tient compte non seulement des critères et des contraintes qui
ont influencé les décisions d'achat d'engrais prises par les exploitants au
cours de la période de 1981-85 mais egalement des critéres cités en réponse
à des questions hypothétiques portant sur les investissements. Un tel


47
modéle montrerait comment divers facteurs et attitudes tendent a décourager
la consommation d'engrais et pourrait bventuellement servir à prévoir
combien d'exploitants seront susceptibles d'effectuer des achats d'engrais,

compte tenu de diverses suppositions concernant le nombre d'exploitants qui
risquent de faire face a une contrainte particuliére au cours d'une année
donnee.
Ce modele pourrait aider également a identifier les politiques qui
sont susceptibles d'exercer l'incidence la plus importante sur.la
consommation d'engrais.
L.a figure 5 présente un schéma simpT,ifié du modéle final. Les
modifications qui seront apportees aprés une analyse complémentaire
comprennent l'incorporation d'autres facteurs affectant la prise de
decisions et la réorganisation des priorités parmi les critéres et les
contraintes.
Dans la plupart des modéles de décision hiérarchiques, le décideur
commence par évaluer les caractbristiques de l'investissement (possibilité
d'augmenter les rendements, risques, rentabilité, etc.). Ces

caractéristiques sont évaluées sur la base de plusieurs critères differents
avant que l'exploitant ne prenne la décision d'investir ou non.
A ce stade
le décideur examine les contraintes possibles. En realité, les exploitants
interroges ont tendance a entamer le processus de décision en évaluant les

contraintes (a l'exception de trois non investisseurs invétérés figurant en
haut de la figure 5).

Pour la plupart des exploitants, l'insuffisance des
ressources financiéres constitue la contrainte la plus importante,
entraînant une décision separée concernant chaque catégorie de necessité

considérée plus essentielle a la survie que les engrais.
Chaque catégorie
est montrée parce que le niveau auquel les exploitants "sautent" de l'arbre
de decision se répercute sur tous les investissements agricoles, non
seulement les engrais.

Ceci a été notamment le cas en 1985-86 lorsque 46
pour cent des exploitants n'ont pas estimé qu'ils avaient constitué un
stock adéquat de produits alimentaires.

La plupart des exploitants affectent leurs ressources selon les
priorités indiquées dans le modèle:
les vivres, le niveau acceptable
minimum de semences et la réparation de l'équipement.
Très souvent,
cependant, les obligations sociales embrouillent la situation. Certaines
obligations sociales arrivent à l'improviste et ne peuvent pas être évitées


48
FI6URE 5
MIIXL D’ARUM DE DECISlW IIIllWCIIIQUE
IIE LkCISIUS D’ IWVESTISSfMNT
D’ENCItAIS PRISES PAR 46 CXPLUITAIIIS AlJ UNIILS BE IA PUlOUE 198S/86
Avez-vous d’iuportantes obligotlons s o c i a l e s a s a t i s f a i r e
(7) OUI
tiva”t d’envisager d’antres invcstissemrnts?
Non (10)
-
Vous resta-t-il suffisamment d’argc”t pour
(5) *y
envisager d’autres invcstisseaenks?
investlrsemet~ts plus appropriés
mentionnées
ci-dessus?
Achète drs
engrais (3)
B é t a i l ( 1 ) XJ
panure-vous que cela vaille la peine d’utiliser
las revenus de Cre activités pour acheter des
ressources que
(0) Non engrais si la saison se présente bien?
nui (5)
“O”S ères prêt à
vendre si la
I
saison se présent e
1 N o n ( 8 )
I
b
Cette saison se présente-
N’achêt
( 0 ) N o n t-elle blen?
pas (8)
Achète des
engrais (6)
NOTE:
Les chiffres figurant entre parenthèse sont les nombres d’exploitants ayant repondu à chaque
question.

49
(ceci est particulièrement vrai chez les Serer qui ont une tradition de
funérailles trés coûteuses).
L'argent liquide destiné à couvrir les
obligations sociales prévues (mariages, remboursement des dettes, baptêmes)
est affecté le plus souvent tout de suite aprés la récolte et ne pose pas le
même probléme que les obligations inattendues. Néanmoins, les mariages et
le remboursement de dettes auprés des parents et des amis ont souvent un
degré de priorité qui dépasse tous les autres soucis, y compris les
aliments.

S'il lui reste de l'argent aprés avoir assuré le niveau minimum pour ce
qui est de produits alimentaires, de semences, d'obligations sociales,
d'animaux de trait et de réparation de son équipement, l'exploitant passe au
stade d'évaluer d'autres utilisations éventuelles telles qu'un complément de
semences, un nouvel équipement, des animaux de trait, des économies sous
forme d'argent, des économies sous forme d'animaux, l'embouche, le banabana
ou les engrais.

Certains se décident en faveur des engrais à ce stade;
d'autres préférent attendre pour voir la situation de la nouvelle saison
pluvieuse qui s'annonce.
Parmi ceux qui choisissent de faire des économies
ou de financer d'autres investissements avant l'arrivée des pluies, certains
peuvent transformer ces investissements/économies en engrais par la suite.
Quelques-uns augmentent leurs avoirs en argent par le moyen d'activités se

déroulant en dehors de l'exploitation ou de liquidation de biens, puis
consacrent cet argent a l'achat d'engrais si la saison pluvieuse s'annonce
bien.

Dans la mesure où les engrais sont considérés comme un investissement
de faible priorité, ils peuvent être facilement négligés en faveur
d'innombrables besoins d'argent se produisant d'urgence entre l'époque de la

commercialisation de l'arachide et un mois environ après le début de la
saison des pluies.

Dans certains cas, même l'action d'acheter des engrais
ne représente pas la fin du processus de la prise de décision du fait qu'une
difficulté inattendue peut pousser l'exploitant à reconvertir son achat en
argent liquide, le plus souvent avec une perte considérable.

(Cet aspect ne
figure pas dans le modèle actuel parce que notre préoccupation se limite a
la décision d'acheter.)
Plusieurs critéres qui sembleraient être susceptibles d'influencer les
investissements dans les engrais-- notamment l'accès aux engrais organiques--

50
ne sont pas encore incorporés au modele.
L'accBs aux engrais organiques
semble influencer les quantités d'engrais qui sont achetées et utilisées,
mais non pas la décision d'effectuer un achat. Ceci est probablement dû au
fait qu'aucun exploitant n'a accès a suffisamment de matière organique pour
traiter convenablement tous ses champs.
Un autre facteur qui mérite une
analyse plus approfondie est le rapport qui existe entre l'augmentation de
la production de maïs et la demande d'engrais.
Ce modéle a certainement besoin d'être raffiné mais permet déjà de
tirer plusieurs conclusions.
Le manque de sécurité alimentaire de la part
des exploitants a constitué la contrainte la plus importante s'opposant aux
achats d'engrais en 1985-86.
Cela ne signifie pas que tous les exploitants
auraient acheté des engrais si cette contrainte alimentaire avait été.
supprimée-- la plupart d'entre eux auraient avancé au niveau suivant de

contraintes (semences) et auraient sans doute abandonné à ce stade leur
intention d'investir dans les engrais.
La route qui méne de la récolte a
l'achat d'engrais est rude et difficile.
Les exploitants ont tellement de
conditions préalables a remplir avant de penser aux engrais qu'une
augmentation de la demande dans un proche avenir est peu probable à moins
que la production céréalière et les revenus des exploitants n'accusent une
augmentation importante.

Il convient de mener d'autres recherches concernant les prévisions de
ce que les exploitants feront réellement si un jour toutes leurs conditions
préalables sont remplies sans que leur argent liquide soit complètement
épuisé.

Notre experience en posant aux exploitants des questions sur leurs
intentions d'acheter des engrais en 1986-87 répétées à plusieurs reprises au
cours de la campagne de 1985-86 montre clairement que les bonnes intentions
ne conduisent pas dans bien des cas a de bonnes actions.

La plupart des
exploitants reconnaissent les bénéfices des engrais et sont conscients du
fait que leurs sols sont en train de se dégrader. Compte tenu de
l'expérience récente de mauvaise pluviométrie, cependant, les exploitants
disposant de trés peu de ressources et par ailleurs ne disposant d'aucune
source de revenus exterieure ne sont pas susceptibles de risquer des

investissements dans les engrais avant que la production ne s'améliore.
Ceci pose un dilemme important pour la politique d'engrais au Sénégal--

51
est-il vraiment possible que ces exploitants puissent se rétablir, même si
les pluies deviennent plus favorables, sans investir dans les engrais?

RECOMANDATIONS POUR L'AVENIR
Les démarches susceptibles d'augmenter la consommation d'engrais au
Sénégal se rangent dans trois catégories différentes:
1.
Celles qui allégent les contraintes économiques (les déficits
alimentaires, la faiblesse des revenus au niveau de
l'exploitation, les prix elevés des facteurs de production, le

manque de crédit) s'opposant aux achats d'engrais;
2.
Celles qui allegent les contraintes au niveau des connaissances et
des croyances qui empêchent les exploitants d'investir dans les
engrais;

3.
Celles qui assurent que le système de distribution répond aux
besoins des exploitants, encourageant ainsi une augmentation de la
consommation d'engrais.
Contraintes Economiaues
Les actions prioritaires en abordant les contraintes économiques sont
les suivantes:
1.
Un effort d'ensemble de la part de tous les services techniques
destiné a identifier les causes spécifiques de la mauvaise
production de mil dans les régions ayant des problèmes importants

d'insectes ou de maladies et a proposer des solutions que les
exploitants sont en mesure d'appliquer.
2.
Assurer que les‘exploitants obtiennent les meilleurs prix
possibles pour leurs cultures. Ceci suppose un financement
adéquat en temps opportun des activités de commerc'ialisation des
arachides et des céréales de la part de la SONACOS, de la SODEVA
et du Commissariat de Sécurité Alimentaire.

Ceci suppose
également que les prix officiels de l'arachide et les prix
planchers des céréales reflètent avec réalisme la demande et


52
l'offre dans le cadre sénégalais aussi bien que les prix au niveau
du marché mondial.
3.
Assurer que les prix des engrais restent aussi bas que possible
par le moyen (1) d'un examen fréquent des formules recommandées en
tenant compte des prix des matières premiéres et des coûts de la
production locale et (2) de l'utilisation de systemes de
distribution qui diminuent'les frais généraux administratifs et
les coûts de transport (par exemple, en évitant des programmes
tels que le système de retenue qui exige de tenir des registres
selon des procédures compliquées, ou en livrant les engrais avec
les mêmes camions qui livrent l'arachide aux usines de
transformation ou encore en passant par les commerçants qui
fréquentent les marchés locaux).

Contraintes au Niveau des Attitudes
et des Connaissances
Les exploitants sénégalais préfèrent toujours l'agriculture extensive à
l'agriculture intensive.
Un complément de semences ou d'équipement
permettant de cultiver des superficies plus importantes occupe une priorité
plus élevée que les achats d'engrais.

Pourtant, cette préférence est liée
davantage aux obligations familiales et aux pratiques employées pour obtenir
de la main-d'oeuvre qu'à une opinion ferme que l'agriculture extensive est
plus rentable.

Par conséquent, il est difficile d'identifier les mesures
correctives qui pourraient encourager une approche plus intensive. La
solution réside peut-être dans la possibilité d'embauche alternative ou dans
la transformation progressive du sys tème traditionnel de contrats de main-

d'oeuvre basé sur la rémuneration en terre et en semences vers un système de
salariés payés en espèces.
Bien que l'incapacité des explo itants d'évaluer de façon quantitative
les effets des engrais ne semble pas décourager les investissements dans les
engrais, le manque de données fiables sur les effets obtenus dans les
conditions rencontrees par les exploitants pose une contrainte importante a
l'élaboration de politiques de prix d'engrais, de crédit, de distribution et
de vulgarisation.

Le rassemblement et l'analyse systématiques de données

53
portant sur les techniques appliquées par les exploitants et sur les
rendements obtenus sans engrais, avec des engrais organiques et avec des
engrais chimiques représentent des conditions préalables d'une analyse de
politiques solide.

Il convient de rassembler ces données dans une variété
de conditions pédologiques et pluviométriques. Le rassemblement et
l'analyse de ce genre de données constitueront une activité très coûteuse et
peut-être non digne de l'investissement nécessaire si les conditions de
sécheresse persistent au Sénégal.

L'alternative, cependant, consiste à
continuer à prendre d'importantes décisions en matière de politique agricole
sans l'appui de l'analyse systématique nécessaire a l'évaluation de diverses

options.
Contraintes au Niveau du Svstème
de Distribution
Des stratégies agressives de commercialisation seront nécessaires si
les distributeurs d'engrais vont arriver à vendre leurs stocks existants.
Compte tenu des renseignements fournis dans le cadre des entretiens plus
approfondis, il n'est pas étonnant que les engrais stockés depuis le mois de
décembre aux points de collecte de la SONACOS ne se vendent pas comme le

maïs vert à la fin de la saison de déficits alimentaires.
En premier lieu,
il existe un problème de chronologie--la plupart des exploitants
n'accepteront pas d'effectuer des achats avant les pluies.
Ce problème peut
être réglé si les stocks restent en place jusqu'à la fin du mois de juillet.
En deuxième lieu, cependant, il existe un problème d'ordre géographique.
Les ventes précédentes ont été effectuées au niveau des marchés locaux ou

des villages--non pas dans les endroits où se trouvent la plupart des
points de collecte de la SONACOS.

Une fois que la production d'arachide
aura été vendue, la plupart des exploitants n'auront aucune raison de
retourner aux points de collecte parce qu'il n'y aura pas de distribution de
semences cette année.

Si la SONACOS cherche à vendre ses stocks d'engrais,
il conviendra d'élaborer une stratégie destinée a les déposer dans des
endroits plus décentralisés pendant les mois de juin et de juillet.
Il existe quelques utilisateurs habituels d'engrais dans la région du
Sine-Saloum qui ont la volonté ét les moyens de parcourir de longues

54
distances et de transporter des engrais entre les points de collecte de
l'arachide et leurs champs.
Il y a bon nombre d'exploitants, cependant, qui
croient aux engrais mais qui ont peu de ressources et encore moins de
volonté.

Ces exploitants$i ne se rendront jamais à un point de collecte de
l'arachide afin d'acheter des engrais, mais choisiraient peut-être
d'investir dans les engrais s'ils en voyaient au marche local lorsqu'ils
avaient de l'argent en poche.

Cela ne veut pas dire qu'il existe une
demande importante qui attend simplement A ce.que des stocks arrivent aux
marchés hebdomadaires.

La demande, au moins de cette annee, sera très
faible; mais il existe une possibilité nettement meilleure de vendre des
engrais aux marchés locaux en juin et en juillet qu'aux points de collecte
de l'arachide.

Les principaux distributeurs devraient examiner la
possibilité de collaborer avec les camionneurs/commerçants qui fréquentent
les marchés hebdomadaires les plus importants dans le but d'améliorer
l'accès aux engrais de la part des exploitants.


55
ANNEXE 1
CARACTERISTIQUES (GENERALES DES EXPLOITANTS DE L’ECHANTILLON
Echantillon
Caractéristique
Moyenne
Médiane
Minimum
Maximum
Age de l'exploitant principal
49
49
21
79
Nombre total de personnes
/exploitation
10,2
895
2,33
37,33
Nombre d'actifs
/exploitationa
4,79
493
0,87
19,6
Hectares cultivés
/exploitation
9,48
7,67
0,77
39,86
Hectares cultivés
/actif
2,02
139
0,38
5,ll
1 .
Les normes de 1'ISRA utilisées: homme de 15 à 59 ans = l,O; femme de
15 à 59 ans = 0,51 garçon de 8 à.14 ans = 0,5; fille de 8 à 14 ans =
0,25; tous les autres = 0.
Commentaires:
aLes exploitants de l'échantillon de la SODEVA ont été interrogés au cours
de 1 a 4 ans de la période de 1981-84; la plupart ont été interrogés pendant
3 ou 4 ans.
Les donnees utilisées pour calculer les moyennes de
l'échantillon pour toutes les variables sauf celle de l'âge ont été obtenues
en prenant la moyenne des données sur chaque exploitant au cours de la
période pendant laquelle il a été suivi.
L'âge est basé sur les données de
1984.
bUne analyse de chi carré a été effectuée pour déterminer s'il existait une
différence significative entre les exploitants de Nioro et de Gossas vis-à-
vis de ces cinq caractéristiques.
La seule différence significative
(0,005) dégagée concernait la superficie cultivée par actif; les exploitants
de Gossas ont tendance a enregistrer une superficie plus importante par
actif que les exploitants de Nioro.

c
l 1
1
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