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INSTITUT S ENU;BLaLSDERECEfKRCHRS
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DEPARTEMENT DE RECHERCHES
AGRICOLES (I.s.R.A.)
SUR LES PRODUCTIONS
ETLASANTEANIMALES
LABORATOIRENATIONALDEL'EXEVAGE
ETDERECHERCEI.BSVETERINAIR.RS
DAKAR-HANN
DIAGNOSTIC SYNTBET IQUE DES INFORMATIONS
RELATIVES A LA VEGETATION :
BIOLOGIE, ECOLOGIE ET MODALITES D'EXPLOITATION
Par Rh, DIETE
REF. No 009/8GRosTO.
FEVRIER 1990

RESUME
Le développement de l'élevage extensif en milieu sahélien tel le Ferlo
sénégalais est succinctement analysé en termes de contraintes majeures. Sans
être une panacée, les groupements végétaux constituent probablement le cadre
le plus précis de la contribution que l'écologie végétale (ou l'agropastoralisme)
peut apporter à la connaissance exacte des ressources naturelles d'une région
et des perspectives logiques et rationnelles de l'identification de certaines
contraintes ainsi que des modalités de mise en valeur des écosystèmes concernés.
A la lumière d'un diagnostic des conditions stationnelles et du contexte
floristique. deux exemples concrets, utilisant autant que faire se peut, les
informations relatives à toua les taxons et non seulement à quelques unes sont
4
discutées.

t
INTR0IllJcT101p
Parce que la nature a horreur du vide, les écosystèmes pastoraux
sahéliens constituent des états de pseudo-équilibre caractérisés par l’impact
de l'interaction des éléments du système 'climat-sol-végétation" d'une part et
d'autre part des pressions anthropozoogènes résultant des différents modes
d'exploitations excercés sur le milieu. C'est précisément, dans ce contexte que
les parcours naturels
du Ferlo sénégalais ont été le théâtre de profondes
perturbations liées à une longue période de sécheresse ayant sévi dans la région
au cours des dernières années (1968-1983).
Les conséquences de cette péjoration climatique sont nombreuses. Elles
se traduisent actuellement par des pluies annuelles atteignant à peine 300 mm
là où, auparavant, elles avoisinaient 560 à 600 mm. En outre, ces quantités
d'eau, très irrégulièrement réparties dans le temps et dans l'espace, sont
généralement enregistrées sur une courte période pluvieuse (2 à 3 mois) au
terme de laquelle, l'herbe produite, jaunie et se transforme rapidement en un
maigre paillasson constituant la principale source d'alimentation du cheptel
et ce, pendant toute la durée de la saison sèche, (9 à 10 mois). Comment peut-on
dès lors envisager dans ce contexte précis, le développement de l'élevage ex-
tensif.
I- PROBLEMATIQUE DE DEVELOPPlMENT DE L'ELEVAGE EXXENSIP
1 . 1 - Les contraintes majeures : Quelques considérations générales
Les phénomènes de dégradation persistante du milieu, voire de la déser-
tification posent aujourd'hui avec accuité le besoin de développement de
l'élevage extensif pour lequel l'amélioration de la productivité,définie en
terme de vitesse de production en fonction des intrants, comme du reste de son
insertion dans le circuit économique s'imposent.
Il faut néanmoins constater que la réalisation de cet objectif s'avère
à priori, incompatible avec l'option de la "croissance zéro ou de la thésauri-
sation", option demeurant à bien des égards, la préoccupation de base de
l'éleveur traditionnel.
. . . / . . .

-2-
Pourtant,
si l'on en juge par le nombre et la pertinence des travaux
de la recherche, initiés depuis plus de vingt ans, les efforts d'encadrement
des sociétés de développement (SODESP, ect... ), les solutions proposées ne
semblent pas faire défaut. Il faut cependant préciser que s'il est déplorable
que, structures de recherche et structures de développement n'ont pas toujours
coordonné à souhait leurs actions, il faut également souligner, qu'au niveau
de la recherche, les solutions proposées (pas toutes en général) revêtent
souvent un cachet plus théorique que pratique en raison essentiellement de la
faible prise en considération de la dimension humaine et sociale, laquelle
représente la finalité de toute recherche tournée vers le développement d'un
pays.
Cette brève analyse, permet de situer la philosophie devant sous entendre
la recherche des remèdes susceptibles d'aider à la résolution des contraintes
majeures particulièrement liées à la désertification et à l'autosuffisance
alimentaire.
En effet, que ce soient les contraintes de nature purement humaine :
stratégies de transfert des acquis de la recherche en direction des populations
ciblées ; ou physiques : édaphoclimatiques ; ou biotiques : altération de la
production primaire, baisse de la biomasse et appauvrissement des écosystèmes,
les solutions à envisager procèdent d'abord, d'un certain ETAT D'ESPJCIT,
lequel étant l'expression d'un refus catégorique de tout fatalisme. Si le
"Désert n'est pas une terre morte c'est simplement une maladie qu'il importe
de savoir guérir" P. MAUROY* (1982). N'a-t-on pas vu dans la même foi et déter-
mination, les chercheurs américains de la Texas Research Foundation à Renner,
déployer des efforts considérables pour restaurer des pâturages permanents sur
des sols jadis productifs mais dénudés par des pacages excessifs et abusifs
causés
par d'immenses troupeaux ? Ils avaient uniquement pour slogan
'*L'herbe créa nos sols et l'herbe nous les rendra".
* P. MAUROY : Ancien Premier Ministre Français

-3-
Cet euphémisme interpelle à la fois la conscience des chercheurs sénéga-
lais tant du point de vue organisationnel que de la conception des programmes
de recherches ainsi que des protocoles d'exécution des travaux. En termes clairs,
pourquoi faut-il travailler en équipe pluridisciplinaire ?
1.2 - Contraintes techniques : Nécessité d'une approche pluridisciplinaire.
L'acceptation de la trilogie "Climat-sol-végétation' et l'appartenance
de ce système à une entité ethno-socio-culturelle sans laquelle la notion de
l'espace pastoral (ou de l'écosystème) serait exempte de toute signification
selon le ProfesseurChe-ikh BAÎ prouve, si besoin en est du caractère de complé-
mentarité si l'on considère les différentes prestations de services attendues
aussi bien auprès des spécialistes de la Recherche que ceux du Développement.
La raison est simple. En effet, prise isolément,aucune discipline n'est sensée
résoudre efficacement les problèmes apparemment simples mais profondément com-
plexes des écosystèmes pastoraux ou agraires (agropastoralisme, zootechnie,
pathologie,
socio-économie, etc . ..). Ce faisant, l'exemple de l'agropastoralisme
pour les uns, de l'écologie végétale pour les autres est probablement une contri-
bution pouvant permettre la connaissance exacte des ressources naturelles d'une
région et des perspectives logiques et rationnelles de la mise en valeur des
parcours. Tel est l'objet de cette communication.
II - ROLE DE L'AGROPASTORALISME BT CONTRIBUTION A L'IDENTIFICATION DES
- NAJEDRES.
2 . 1 - Les fondements du diagnostic écologique
A l'instar du Mathématicien Français POINCARRE, rappelons qu'un "tas de
briques n'a jamais construit de maison...". De la même façon une maison (projet
*Cheikh BA : Professeur à l'lhniversité de Dakar - Thèse doctorat es-lettre (1982)

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de développement) ne se battit pas n'importe où, n'importe comment et sur
n'importe quel substrat. Cela nécessite auparavant, un plan minutieusement
élaboré, un objectif précis. Ainsi peut-on définir succinctement le rôle et
l'importance de l'étude de la végétation en préalable à de nombreux travaux
(aménagement,
alimentation, etc...).
Surfaces à végétation naturelle ou semi cultivée, la reconnaissance et
l'inventaire préalable des parcours naturels permettent de les délimiter, de les
décrire et d'évaluer leurs potentialités naturelles (pastorale , forestière,
agricologie, etc...).
Cette phase comprend nécessairement trois étapes dont :
- l'échantillonnage ou étape analytique comportant un aspect méthodolo-
gique et non des moindres mais non abordés dans cet article,
- la phase de dépouillement des données ou étapes synthétiques 1
- la phase de l'expression des résultats sous forme de documents carto-
graphiques que nous n'évoquerons pas ici, également.
2.1.1 - Phase analytique
C'est la phase d'investigation et de collecte d'information. L'inven-
taire de la végétation pour être complète et précise doit reposer sur des
opérations essentielles devant procéder l'échantillonnage.
2.1.1.1 - Choix des sites de relevés
Différentes techniques permettent d'acquérir une connaissance préa-
lable de l'espace pastoral et de réaliser une stratification adéquate du milieu,
pour le choix de sites représentatifs où les relevés seront exécutés.
Une première possibilité est offerte par les principaux documents dis-
ponibles telles que les cartes bio-physiquea: cartes climatiques, cartes géolo-
giques, géomorphologiques et des cartes biotiques.:cartes de végétation et
d'occupation humaine.
. . . / . . .

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La superposition de ces documents.permet de faire ressortir ces diffé-
rences écologiques sur la base desquelles pourront être identifiées, les sites
à retenir. Un autre procédé repose sur l'utilisation de la photographie aérienne
et actuellement de manière plus fidèle, l'imagerie satellitaire, notamment
de SPOT*.
Par conditions écologiques stationnelles, il faut entendre, celles qui
exercent une influence réelle sur la croissance et le développement des commu-
nautés végétales (et animales) et sur leur relation sociale. En d'autres termes,
le choix de l'emplacement des conditions stationnelles représente la pierre
d'achoppement de ce travail, étant entendu que de leur bonne ou de leur mauvaise
identification dépend donc la pertinence des résultats escomptés. Rappelons, par
ailleurs que l'établissement d'un diagnostic des conditions écologiques station-
nelles à partir des informations fournies par la composition floristique de la
végétation est évidemment fonction de la possibilité d'identifier chaque taxon
avec certitude et avec le maximum de précision quant au niveau systématique
(aspect fort souvent négligé ou limité uniquement à quelques appellations ver-
naculaires).
2.1.1.2 - Informations liées à la systématique des taxons
Très souvent, on oublie que la simple désignation d'une “espèce"
recouvre une quantité considérable d'informations de nature biologique et écolo-
gique. Prenons l'exemple de Acacia nilotica (le Gonakvé).
Ce binome, au sens large, intègre les caractères suivants :
. Caractères écoumrphologiques
- Type biomorphologique : Mesophanérophyte
- Type d'appareil souterrain : enracinement pivotant peu profond
(Acacia nilotica ssp adstringens), assez profond à variable (Acacia
nilotica ssp tomentosa)
. . . / . . .
* Satellite français

-6-
. Caractères écophysiologiques
b
- Type phénologique : fructification et maturation éphémères où les
seuls critères de différenciation des sous-espèces tiennent à la
morphologie des gousses.
- Type hydrique : mésophile pour le premier, large amplitude pour l'autre,
- Type édaphique textural : argilo-sableux de préférence
- Type structural : sols compactés en surface
. Autres caractères écologiques
- Très sensible à la sécheresse d'où "l'hécatombe" enregistrée le long
de la vallée du fleuve Sénégal.
On pourrait multiplier les exemples de cette nature. Si l'on étend ce
raisonnement à l'ensemble des taxons d'une communauté, la quantité d'informations
obtenues s'acrro?t naturellement de même que leurs précisions. Lors de la phase
analytique, il n'est donc pas superflu de noter :
- la localité géographique,
- le type de station,
- le numéro du relevé,
- l'état végétatif du taxon (Chétif, vigoureux),
- l'époque de prélèvement,
- la couleur des fleurs,
- la forme biogéomorphologique : Phénérophytes, Chaméphytes, Hémicrypto-
phytes, Thérophytes, Géophyte, Hydrophyte,
- la hauteur moyenne ou strate,
- l'appétabilité,
- le nom vernaculaire,
- le nom scientifique et la famille (au besoin après identification au
laboratoire).
. . . / . . .

-7-
2.1.3 - Les méthodes d'échantillonnage des CODXEUMutés végétales
c
Il n'est pas dans notre propos d'entrer dans les détails de cette
rubrique.Quelle que soit la méthode adaptée en fonction de l'objectif poursuivi,
l'inventaire floristique est toujours un préalable indispensable. En milieu
sahélien, les peuplements ligneux et herbacés doivent cependant faire l'objet
d'analyses séparées.
2.1.3.1 - Les critères qualitatifs
Par définition, le relevé est la liste de toutes les espèces présentes
dans la station, celle-ci étant complétée par des indications relatives aux
variables écologiques (géomorphologie, canevas topographiques, etc...). Les es-
pèces sont complétées chacune par son recouvrement en pourcentage (Z), leur abon-
dance - dominante et sociabilité, etc...
2.1.3.2 - Les critères quantitatifs
Il s'agit essentiellement de l'évaluation de la production'primaire
nette en terme de disponibilité, de qualité, de quantité et des modalités de
leur utilisation.
La production primaire est la quantité de matière sèche produite en un
temps donné par unité de surface. Si l'on peut distinguer la production primaire
globale découlant du potentiel des parcours naturels, on peut égaleme,nt parler
de la production primaire consommable du fait même que toutes les espèces ne sont
pas consommées par le cheptel. Par ailleurs, la production primaire consommable
est fortement tributaire du type biogéomorphologique,
de la phénologie et
des conditions du milieu. (Stratégies d'adaptation).
- Concernant les ligneux, il y a un véritable problème de méthodologie
à résoudre. Dans l'état actuel des choses, la biomasse foliaire n'est que très
approximativement estimée.
- Pour les herbes deux possibilités existent soit par la coupe directe
soit par les cartes de biomasses avec comme support la Télédétection.
. . . / . . .

-8-
L
2.2 - Typologie des communautés végétales : Diagnostic des contraintes majeures
2.2.1 - Techniques de caractérisation des parcours naturels
C'est précisément celles qui sont utilisées pour l'étude des groupements
végétaux en général. Toutefois, en milieu sahélien, pour donner des résultats
fiables, ces techniques doivent être adaptées aux réalités de ce type d'envi-
ronnement.
Dans ce contexte, la composante .des ligneux doit être analysée séparément
par rapport aux herbacées annuelles.
Les ligneux reflètent effectivement et plus, fidèlement les conditions
du milieu alors que la strate herbacée sera utilisée non pas à des fins de typo-
logie mais de classification en fonction des préoccupations des utilisateurs :
nutritionnistes et zootechniciens pour les aspects "alimentation du bétail",
pastoraliste pour le suivi et la dynamique évolutive du milieu,
agriculteurs
pour la malherbologie, etc....
Parmi les techniques utilisées, citons l'analyse en composantes prin-
cipales, l'analyse factorielle des correspondance. Mentionnons toutefois, que
les sens
pouvant être accordés aux groupements végétaux peuvent différer selon
les critères et les objectifs poursuivis.
. Critères physionomiques
Ils conduisent à la notion de formation végétale qui s'applique à
tout groupement présentant une physionomie homogène-et constante due à la
dominante soit d'une ou plusieurs espèces sociales, soit d'espèces ayant un
caractère biologique commun.
Pour l'Afrique intertropicale, ces formations sont classées d'après
la nomenclature élaborée par le colloque de Yangambi en 1956. Cette classi-
fication cherche à préciser les notions de forêt, savane, steppe, praireie, etc...
. . . / . . .

-9-
Si cette classification répond parfaitement à des préoccupations
phytogéographiques à l'échelle régionale, il faut savoir que les régions cli-
matiques telle que définies, présentent quelques inconvénients. En effet, les
isohyètes n'étant pas figées, on est bien tenté de se poser la question de
savoir comment différencier concrètement steppe boiséedes savanes herbeuses, etc...
. Critères floristiques
L'unité de descrimination étant la communauté végétale, celle-ci se
definie par une combinaison originale d'espèces caractérisée par la liste de la
totalité des taxons et non de quelques unes.
Cette démarche permet,au travers de la connaissance de la répartition de
la végétation de mieux appréhender les variables prépondérantes du milieu.
. . . / . . .

-lO-
2.2.2 - Diagnostic des contraintes majeures : Cas de deux types de parcours
naturels
Voici deux exemples de communautés végétales réalisés dans des
parcours voisins, différenciés uniquement par la position topographique.
Parcours à relief
"Glacis"
marqué
Catégorie de comportement
Nombre
C Goef.
Nombre
C Chef.
Espèces
Ab. dom.
Espèces
Ab. dom.
Ensemble des communautés
44
8
30
I
12
Hemicryptophytes
4
1
7
Enracinement pivotant
profond
1 2
El
3
u
Indicatrices d'un bon drai-
nage
+
Indicatrices d'un drainage
insuffisant
1
+
5
Indicatrice de sol compact
6
+
7
Psammophiles
3
+
+
Acidophiles
1
+
+
Neutro-basophile
El 14
+
1
+
Exigences minérales élevées
lzl 16
4
3
-t+
Exigences minérales flaibles
IIJ
7
On voit d'après ce tableau, que ces deux stations pourtant peu éloignées,
portant la même communauté herbacée et dont la situation générale (plateau
légèrement ondulé)
et sensiblement analogue, correspond à des conditions de
sols nettement différentes en regard des peuplements ligneux, ce qui entraîne,
probablement des repercussions pratiques importantes, concernant la valeur
. . . / . . .

-ll-
qualitat&e des fourrages et éventuellement des modalités de reboisement ou
d'installation de culture appropriée.
Si, dans cet exemple on s'était basé sur la seule considération des
espèces dominantes (au lieu de faire appel à l'ensemble floristique de la
communauté),
on n'aurait obtenu aucune information concernant les rubriques
3, 6, 7, 8 et 10. En outre, l'interprétation comparative de la rubrique 2 aurait
été inversée.
CONCLUSIONS GENERALES
Telle qu'elle se présente, malgré de nombreuses lacunes et imperfections
dues en particulier à l'absence ou à l'insuffisance de la maftrise méthodolo-
gique et de la connaissance de l'écologie des taxons, nous pensons que, sans
constituer une panacée, les études agropastorales peuvent être utiles dans de
nombreux cas.