Institut Sénégalais de Recherches Agricoles Le...
Institut Sénégalais de Recherches Agricoles
Le Projet d’Entreprise
de 191SRA
ou
la recherche agricole
sénégalaise
à l’horizon 2015

Le Projet d’Entreprise
de 1’ISRA
ou
la recherche agricole
sénégalaise
à l’horizon 2015
Isra, Dakar 1998
Institut Sénégalais de Recherches Agricoles

l
I
Institut Sénégalais de
Recherches Agricoles

Route des Hydrocarbures, Bel-Air, Dakar (Sénégal)
BP 3120 Dakar
Téléphone : (221) 832.24.31 - 832.24.23 ; Télécopie : (221) 832.24.27
Télex : 61117 ISRA SG ; E-mail : bakhayok@isra.refer.sn

Référence
Le Projet d’Entreprise de I’ISRA ou la recherche agricole sénégalaise
à l’horizon 2015
Isra, Dakar, 1998 - 82 pages
Conception et réalisation
Direction Générale de I’ISRA
L’impression de ce document a été financée par 1’USAID
dans le cadre du Projet Isra/NRBAR
0 Isra
Editions ISRA

5

SOMMAIRE
Avant propos
-9-
Introduction
- 11 -
Analyse historique
- 17 *-
Analyse diagnostique
- 27 -
Analyse prospective
- 43 -
La vision souhaité de la recherche agricole
à l’horizon 20 15
- 57 -
Conclusions
- 75 -
Liste des sigles
- 79 -
Proiet d’Entremise
de I’ISRA
7

Avant-propos
--)- assurer la compétitivité du secteur agricole sur le
Avant-propos
marché sous-régional et le marché international ;
renverser la tendance actuelle à la dégradation des
ressources naturelles ;
Le contexte économique et institutionnel du Sénégal est
actuellement marqué par le désengagement de l’Etat, la
apporter des réponses fiables à la libéralisation
libéralisation, l’émergence d’organisations de produc-
accélérée de l’économie agricole qui a impliqué
teurs, d’un secteur privé agricole et agro-industriel et
entre autres l’émergence de nouveaux partenaires ;
d’ONGs, le processus de décentralisationkégionalisation
avec une forte responsabilisation des collectivités régio-
répondre aux exigences des nouvelles politiques
nales. Ces réformes et dynamiques de développement
de régionalisation/décentralisation ou transfert de
multiplient les acteurs privés et les interlocuteurs publics
responsabilités aux collectivités locales.
de l’Institut Sénégalais de Recherches Agricoles (ISRA).
En outre, elles sont plus que jamais favorables à la défini-
L’Etat a déjà engagé des politiques volontaristes de déve-
tion de nouveaux rapports égalitaires entre ces différents
loppement agricole pour relever ces défis. De par sa voca-
acteurs et les services publics de recherche et de vulgari-
tion, 1’ISRA est, sans nul doute, l’un des principaux orga-
sation agricoles.
nismes nationaux capable d’y apporter une contribution
significative. Pour y parvenir et accomplir sa mission au
Le secteur agricole est depuis deux décennies confrontée à
sein du dispositif national de recherche et de développe-
des difficultés majeures malgré les moyens matériels et
ment agricole, l’Institut s’est attaché à faire l’analyse cri-
financiers consentis par 1’Etat et ses partenaires au déve-
tique de ses forces et de ses faiblesses tant sur le plan de
loppement. Le déficit pluviométrique et la dégradation des
ses performances scientifiques que sur celui de son orga-
ressources naturelles marquée entre autres par une baisse
nisation et de son fonctionnement. Il a également analysé
notable de la fertilité des sols, ont entraîné une nette ten-
les changements et mutations en cours ou attendus dans
dance à la stagnation, voire à la baisse des productions pri-
son environnement national et international.
maires.
L’Institut a voulu que sa démarche soit le momentum d’un
Une croissance démographique soutenue s’est ajoutée à
processus de transformations profondes à engager consen-
,
ces difficultés entraînant une baisse progressive de la pro-
suellement et volontai-rement par l’ensemble de son per-
duction agricole par habitant et le développement de la
sonnel et souhaitées par ses partenaires et sa tutelle.
pauvreté des populations rurales et urbaines dont les reve-
nus provenaient du secteur agricole et agro-industriel.
Il s’agit, en fait, pour l’Institut de se donner une autre
image de lui-même. Telle est l’ambition du Projet
Les tendances actuelles constituent une véritable menace
d’Entreprise qui est un cadre de définition des grandes
d’aggravation de la situation d’insécurité alimentaire et de
orientations politiques et des options stratégiques de
pauvreté.
I’JSRA pour les vingt cinq (25) prochaines années. En
d. autres termes, le présent document a le mérite de faire

L’évolution du contexte économique et institutionnel et les
ressortir les idées forces centrées sur le contexte pluriel et
tendances placent ainsi le secteur agricole sénégalais
les défis à relever ainsi que les orientations stratégiques
devant les défis suivants :
retenues par l’Institut en accord avec ses partenaires.
--w assurer une croissance agricole soutenue ;
Le Ministre d’Etat, Ministre de l’Agriculture
-+ affranchir une grande partie de la population de
l’emprise de la pauvreté ;

Introduction
Une stratégie globale
Un séminaire (( Stratégies et Plan d’Actions 1995-1996 )>
des responsables de l’Institut et auquel des partenaires ont
été invités, a permis, en Septembre 1995, de présenter le
Un constat
diagnostic de la situation, de débattre des idées forces de
la relance de I’ISRA, de mobiliser le personnel et d’orga-
niser et planifier la réflexion. Les débats et discussions ont
abouti à un consensus autour de la définition de nouvelles
L’ISRA est né en 1975, du regroupement de l’ensemble
orientations, de la mise en place d’une nouvelle organisa-
des structures de recherche concernant l’agriculture, l’éle-
tion découlant du diagnostic et des orientations, et de la
vage, les forêts et la pêche créées pour la plupart par la
proposition d’une stratégie et d’un plan d’actions.
France pendant les périodes coloniale et post-coloniale
(1960- 1975). Depuis sa création, l’Institut Sénégalais de
La stratégie globale proposée est une démarche de type
Recherches Agricoles n’a toujours pas trouvé une organi-
Projet d’Entreprise. Cette démarche se déroule suivant
sation et un fonctionnement stables nécessaires à ses acti-
cinq axes principaux: (1) sortir I’ISRA de la crise ce qui
vités et adaptés à ses contraintes et à son environnement.
s’est traduit depuis Juillet 1995 sous la forme d’un plan
d’urgence puis d’un plan d’actions pour 1996 avec tout un
La revue conjointe à mi-parcours de Janvier-Février 1995
ensemble de mesures prises pour assainir la gestion de
a procédé à un diagnostic global de I’ISRA et a relevé des
l’institution et améliorer la qualité et la pertinence de ses
difficultés importantes non seulement sur les aspects
activités; (2) construire une vision d’avenir; (3) élaborer
scientifiques mais aussi au niveau de la gestion des res-
des politiques et/ou des options stratégiques; (4) élaborer
sources humaines, financières et administratives et au
un plan stratégique; (5) définir une culture et une éthique
niveau de la gestion des infrastructures et équipements.
d’entreprise.
Une réflexion
Un projet ambitieux, vaste
et nécessaire

Pour remédier à cette situation, la revue a proposé l’éla-
boration d’un plan stratégique avec la participation des
Le Projet d’Entreprise de 1’ISRA qui a pour horizon l’an
partenaires scientifiques de I’ISRA et des utilisateurs des
2015, est volontairement ambitieux. Il doit susciter l’en-
résultats de la recherche. La démarche de planification a
thousiasme et l’intérêt de tout son personnel mais aussi
été accompagnée d’une réflexion menée à partir du dossier
celui de ses clients et partenaires. Il est vaste car il prend
de la revue à mi-parcours et aussi d’un ensemble de rap-
en compte toutes les dimensions de l’entreprise (technolo-
ports internes et externes sur 1’ISRA ces dernières années.
gique, économique, financière, humaine, environnementa-
Cette réflexion s’appuyait sur la nécessité d’assainir et de
le, individuelle et collective). 11 est indispensable à la sur-
redresser rapidement 1’ISRA et, sur le long terme, de
vie, à la pérennité et au développement de l’entreprise.
construire un système national de recherche viable.
Enfin, il est nécessaire parce qu’il doit permettre de faire
face à des échéances incontoumables pour que l’Institut ne
se retrouve pas à court de ressources financières (démar-
rage du PSAOP).
13

Introduction
Toutefois, il ne constitue qu’une étape dans le processus
Les centres régionaux de recherche sont localisés dans les
de réflexion et de concertation interne sur l’avenir de la
différentes zones agro-écologiques du Sénégal. 11 regrou-
recherche agricole et agroalimentaire sénégalaise et sur la
pent en un seul programme intégré et pluridisciplinaire
place de I’ISRA en son sein. Il devra permettre la défini-
l’ensemble des activités de recherche menées dans la
tion des grandes options ou politiques stratégiques et
région quel que soit le domaine concerné.
d’aboutir à un Plan Stratégique tous les six ans et à une
Charte Culturelle.
Les centres nationaux de recherche regroupent les activi-
tés de recherche d’appui et les groupes disciplinaires par
grands domaines scientifiques : productions animales,
Un nouveau statut
productions forestières, productions végétales, production
halieutiques, socioéconomie et politique agricole. Ces
activités peuvent correspondre à un ou plusieurs pro-
grammes. De par la nature de leurs activités, les centres
L’urgence à stabiliser l’organisation de l’Institut et à satis-
nationaux accueillent les grands outils scientifiques et les
faire dans la limite des ressources disponibles les revendi-
laboratoires et équipements communs (laboratoires cen-
cations légitimes du personnel milite en faveur de la créa-
traux d’analyse). En plus de ses propres programmes,
tion d’un nouveau statut. Le statut d’Etablissement Public
chaque centre national est chargé de la formation, de l’ap-
à caractère Scientifique et Technique (EPST) conférera à
pui, de l’animation scientifique de tous les chercheurs de
I’ISRA une autonomie de gestion, une participation des
l’Institut dans les disciplines du ressort de I’ISRA. Lès
clients au pilotage de la recherche agricole, un statut moti-
centres nationaux doivent apporter aux centres régionaux
vant au personnel, une souplesse de gestion, une réactivi-
les appuis scientifiques nécessaires. Ils doivent assurer
té stratégique. Ces changements par rapport au statut
une veille scientifique et maîtriser les nouvelles théma-
d’EPIC seront des atouts importants dans la réussite du
tiques et méthodes et les nouveaux outils de recherche
Projet. Le vote de la loi de changement de statut sera suivi
dont l’Institut a besoin pour améliorer et enrichir ses com-
de l’élaboration d’un projet de décret organique et de
pétences.
règlement d’établissement.
Les activités de production importantes, et que I’ISRA
doit assurer conformément à son mandat, concernent les
semences et les vaccins qui sont maintenant organisées en
Une nouvelle organisation
structures de production gérées de façon autonome. Les
autres sont négligeables (productions agricoles, géniteurs)
et ne nécessitent pas, pour l’instant, cette organisation.
Les activités de service concernent l’information scienti-
La définition d’une nouvelle organisation de l’Institut était
fique et technique, et la direction générale. L’information
une mesure urgente à prendre pour conformer le système
scientifique et technique est organisée en une structure de
de gestion interne au Projet d’Entreprise. La philosophie
gestion opérationnelle qui appuie et anime toutes les cel-
et les principes de l’organisation se devaient d’être en adé-
lules de documentation et publications de toutes les struc-
quation avec ceux de la démarche proposée.
tures de recherche sans les gérer. La direction générale est
aussi organisée en une structure de gestion opérationnelle
La nouvelle organisation très décentralisée est basée sur
lui imposant les mêmes règles de rigueur que les autres
des centres autonomes et faciles à gérer, qui favorisent
centres. L’organisation de I’ISRA à la base en structures de
l’initiative, la créativité et la responsabilité. Elle privilégie
gestion opérationnelle permet de recentrer la direction
les liaisons avec le développement sur le terrain et les liaisons
générale sur le management stratégique de I’ISRA. Pour
avec les partenaires scientifiques nationaux et extérieurs.
cela, des modifications ont été nécessaires.
Une direction générale modeste mais bien structurée assure
un bon management et une bonne réactivité stratégique
1 Basse et moycnnc Casamance - BMC, Sénégal Oriental/Ilautc Casamance -
c’est à dire oriente, coordonne, affecte les ressources, éva-
SOHC, Sud Bassin Arachidier - SUA, Centre Nord Bassin Arachidier - CNBA,
lue et contrôle.
Zone Fleuve - ZF, Zone Sylvo-Pastorale - ZSP, Zone des Niayes - ZN, Zone
Maritime - ZM
14
Proiet d’Entre
je de I’ISRA

Introduction
La direction scientifique centre ses attributions sur la ges-
Le conseil en prospective, planification stratégique et politi-
tion de la qualité scientifique des activités de recherche
quede coopération est fondamentalement une attribution du
(programmation, suiviiévaluation, animation scientifique
Directeur Général. Pour cette raison, ce dernier s’est entou-
et valorisation) et sur la gestion de la carrière des cher-
ré d’un conseiller qui prépare, anime, coordonne la planifï-
cheurs et du personnel de recherche (formation, évalua-
cation stratégique, la réflexion prospective et sur les poli-
tion, avancement), l’évaluation des travaux de recherche,
tiques de coopération scientifique et fait des propositions au
la valorisation des résultats. Pour remplir ses attributions,
directeur général.
les centres régionaux, les centres nationaux et I’UNIVAL
sont rattachées au directeur scientifique. Ce dernier dispo-
Le contrôle de gestion n’a pas vu de changements profonds
se d’un service de programmation et de formation et est
dans ses amibutions. Par contre, l’audit interne tiendra
assisté de chargés de mission.
désormais davantage compte des aspects scientifiques et
techniques. La direction comptable et financière sera plus
souple et autonome. Les services d’appui sont rattachés au
Secrétariat Général élargissant ainsi ses compétences.
-..
.
.__ _
Celles-cl ont travaillé pour la construction du Projet
Des instances de prospective et de
d’Entreprise sur la base d’une réflexion prospective qui
planification stratégique
tient compte de la complexité et de la diversité des activités
de 1’ISRA. Elles ont mobilisé environ 110 agents de
l’Institut. Leur méthode est basée sur la combinaison des
Le GPS est chargé de détailler, finaliser la démarche et de
trois types d’analyse (historique, diagnostique et prospecti-
planifier et répartir les tâches. Le GPS s’appuie sur plusieurs
ve) pour déboucher sur l’esquisse de scénarios d’évolution
instances principales travaillant de façon interactive: comités
de l’Institut. Un scénario souhaité est ensuite proposé en ter-
national et régional de prospective et de planification stra-
mes de grandes orientations et d’options ou politiques stra-
tégique, cellules régionales de prospective et de planification
tégiques.
stratégique, commissions de travail sectorielles.
Proiet d’Entreorise de I’ISRA
1 5

Introduction
INTER-RELATIONS ENTRE LES
DIFFERENTES INSTANCES
Comité national de
Comité national de
prospective et de
prospective et de
planification
planification
stratégique
stratégique
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Conseil
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Inter-Ministériel
16
Proiet d’Entreprise de I’ISRA

Analyse historique
de la recherche agricole
au Sénégal’

contient :
La période coloniale ............................................................................
1 9
De l’indépendance à la création de I’ISRA
en 1974, une recherche
agricole a u service d’un Etat opérateur économique.. .................... .22
1921 - 1948, une histoire qui débute...ave c l’arachide ............... 19
1974-1996, mise en place d’une recherche agricole nationale.........2 4
1948 - 1960, une recherche agricole à l’échelle de I’AOF, au ser-
,,
Y,.X de 1 econotme de traite
.........................................................
2 0
La recherche agronomique ...............................................
20
La recherche vétérinaire ..................................................
2 1
La recherche forestière ....................................................
2 1
La recherche océanographique ........................................
2 1
Conclusions ..,...,,.....___.,__...,...................,....................................
22
1 7

Analyse historique de la recherche agricole au Sénégal
Dans l’histoire de la recherche agricole au Sénégal, on A partir des années trente, un dispositif de recherche cal-
peut distinguer trois (3) grandes périodes :
qué sur l’extension des zones de culture de l’arachide se
met progressivement en place pour satisfaire la demande
La période coloniale qui peut être découpée en
croissante de la puissance coloniale. La station de Bambey
l
deux, celle d’avant la fin de la deuxième guerre
est alors dotée de plusieurs sous-stations : Nioro du Rip
mondiale et celle d’après guerre ;
(1936) dans le Sud du bassin arachidier, Louga au Nord du
bassin arachidier, Sinthiou Malème (1937) au Sénégal
La période post indépendance, de 1960 à 1974,
Oriental, Guérina en Casamance et Boulel-Kaffrine
l
période pendant laquelle le jeune Etat confie la
( 1946-47).
gestion et la conduite de sa recherche aux instituts
de l’ancienne puissance coloniale ;
Entre 1933 et 1937, les activités de recherche sont initiées
sur les cultures vivrières comme le mil, le sorgho, le niébé
La période de 1975 à nos jours, où le Sénégal
en rotation avec l’arachide, le riz (par la Mission
l
prend en main sa recherche.
d’Aménagement du Fleuve Sénégal - MAS) et sur la
mécanisation de la culture arachidière. Un laboratoire de
chimie est construit pour conduire des études agro-pédo-
logiques pendant cette même période.
La période coloniale
En 1938, Bambey devient la principale station de
recherche de l’Afrique Occidentale Française (AOF) et le
siège du Secteur Soudanais de Recherches Agronomiques.
A peu près à cette période, la création de stations fruitières
dans les régions de Casamance (Djibélor), de Thiès (sta-
1921-1948, une histoire qui débute...avec l’arachide
tion de Mboro) et de Dakar (pépinière de Sangalkam, sta-
tion du Km 15 de la route de Rufïsque) marque le début
Les prémisses d’une recherche agricole au Sénégal se
des recherches sur les productions horticoles avec, comme
situent en 1820 avec le Baron Roger qui fit des expéri-
principaux objectifs, l’introduction des agrumes, l’amélio-
mentations sur la culture du cotonnier (à Richard Tell,
ration des espèces locales existantes et le développement
dans la vallée du fleuve Sénégal) et sur beaucoup d’autres
d’activités maraîchères.
plantes, locales ou introduites. Mais la véritable histoire de
la recherche agricole a débuté au Sénégal avec la specta-
Sur le plan vétérinaire, les études cliniques et épidémiolo-
culaire extension de la culture de l’arachide. Comme cul-
giques ainsi que la description des races autochtones et de
ture alimentaire, elle s’était partiellement substituée au
leurs modes d’élevage ont abouti vers la fin du 19ème
voandzou local, botaniquement très proche, mais à la fari-
siècle à la publication des premiers travaux d’ethnologie et
ne beaucoup moins riche en matières grasses. Ce n’est
de pathologie tropicales par les vétérinaires de l’escadron
cependant que vers 1840 que cette richesse en matière
des Spahis. D’abord essentiellement descriptive, la
grasse a attiré l’attention des industriels anglais et français
recherche vétérinaire vise, au début des années trente, sur-
et que, au Sénégal, l’administration coloniale française
tout à maîtriser les grandes maladies infectieuses, qui
décide d’encourager sa culture et de soutenir son commer-
revêtent un caractère spectaculaire tant les pertes engen-
ce pour répondre aux besoins de la métropole en oléagi-
drées étaient importantes, de façon à pouvoir assurer un
neux. Cette décision explique quelques décennies plus
approvisionnement correct des populations territoriales en
tard la création à Bambey, au coeur de la zone de produc-
lait, viande et peaux. Contrairement à la recherche agro-
tion, de la première structure de recherche agricole au
nomique, elle ne vise pas l’exportation. Les recherches sur
Sénégal. Celle-ci voit le jour en 1921 avec la transforma-
les productions animales commencent dans le Djoloff et
tion de la ferme école de Bambey, créée 8 ans plus tôt, en
en 1935, le Laboratoire Central de 1’Elevage établi à
station expérimentale de l’arachide. Cette station est char-
Dakar favorise la production de vaccins et de sérums et
gée des recherches sur l’amélioration variétale et la cultu-
conforte l’augmentation du cheptel grâce à une protection
re de l’arachide.
sanitaire mieux assurée.
Proiet d’Ent[
,se de I’ISRA
19

Analyse historique de la recherche agricole au Sénégal
L’aspect zootechnique proprement dit ne bénéficie tou-
Le Sénégal qui est la plus ancienne colonie et qui héberge
jours pas du même niveau d’intérêt que la santé, et ce,
la capitale de la Fédération recueille une part importante
malgré la référence souvent faite à la discipline dans l’ap-
du dispositif de recherche et joue le rôle de leader pour ce
pellation des services officiels : (< Service de Zootechnie et
qui concerne les recherches agronomiques et sur la santé
des Epizooties )).
animale dans toute la zone soudano-sahélienne.
C’est à la fin des années quarante et au début des années
La recherche agronomique. Un Comité de Coordination
cinquante que la recherche halieutique et océanographique
et de Contrôle des Recherches Agronomiques et de la
a commencé à se structurer réellement. Mais bien avant le
Production Agricole est créé en 1949 pour définir une
20eme siècle, des récits de navigateurs et d’explorateurs
véritable politique de recherche agronomique, coordonner
ont tenté de faire une description du paysage maritime de
et évaluer les activités de recherche et de vulgarisation, et
la côte d’Afrique Occidentale Française. Au début du
pour gérer leurs budgets à l’échelle de la Fédération. Un
vingtième siècle, la puissance coloniale a manifesté un
an plus tard, le Comité décide de transformer les Secteurs
intérêt dans les pêches en Afrique Occidentale Française
régionaux de Recherches Agronomiques en Centres de
avec la création du laboratoire colonial près le Muséum en
Recherches Agronomiques Administratifs de la Fédération
1901, puis avec le début de la Mission Permanente des
de I’AOF. C’est ainsi que la station de Bambey devient le
pêcheries en AOF.
Centre de Recherches Agronomiques (CRA) pour toute la
zone à climat soudano-sahélien de I’AOF pour les cultures
Le Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris, ainsi
industrielles et vivrières. Le CRA de Bambey qui dispose
que l’Institut Français d’Afrique Noire (IFAN) créé et ins-
alors d’une station de 640 hectares s’appuie sur toutes les
tallé à Dakar en 1936-1938 sont les deux structures s’im-
stations agronomiques régionales en place au Sénégal
pliquant dans la recherche sur l’océanographie et les
(Nord et Sud Bassin Arachidier, Sénégal Oriental et Haute
pêches à l’époque. La nécessité impérieuse de développer
Casamance, Moyenne et Basse Casamance) et sur les sta-
la recherche afin de pouvoir fournir aux pêcheurs et aux
tions existantes en Mauritanie, au Soudan (actuel Mali), en
industriels (de la métropole) des bases rationnelles de tra-
Haute Volta (Burkina Faso), en Nord Côte d’ivoire, au
vail )), a conduit, en 1949, à la création de l’office de
Nord Dahomey (actuel Bénin) et au Niger. Le centre de
Recherches Scientifiques Outre-Mer (ORSOM).
Bambey reçoit, à cette époque, des équipes scientifiques
de la Section Technique d’Agronomie Tropicale (devenu
La seconde guerre mondiale entraîna une pause dans l’es-
plus tard I’IRAT) de Nogent sur Marne en France.
sor de la recherche agricole.
La même année, en 1950, une station agronomique à voca-
tion rizicole, qui remplace le casier expérimental rizicole,
1948-1960, une recherche agricole à l’échelle de I’AOF,
est créée à Richard-TO11 et gérée par la Société pour le
au service de l’économie de traite
Développement de la Riziculture au Sénégal (SDRS).
Après la deuxième guerre mondiale, une politique vigou-
Dans le même temps, une section IRHO s’implante au
reuse de développement des recherches sur les produc-
CRA Bambey et crée deux stations à Louga et Darou
tions végétales et animales est mise en place, organisée et
(1952), afin de renforcer les recherches sur l’arachide,
coordonnée à l’échelle de I’AOF. La création du Fonds
notamment en fertilisation (diagnostic foliaire) et tech-
d’bivestissements et de Développement Economique et
niques de culture. Parallèlement, dès 1948-49, un ambi-
Social (FIDES) va permettre de financer les infrastruc-
tieux projet de développement de la production arachidiè-
tures et les activités de recherche. La recherche en faveur
re, via des complexes agro-industriels hautement motori-
d’une agriculture de rente reste cependant dominante,
sés et concentrés, est conçu pour le Sénégal (et le Moyen
même si celles sur les céréales locales, la fertilisation
Congo): il s’agit toujours de combler le déficit oléagineux,
minérale, la culture attelée, les races locales et la santé ani-
énorme (200 à 300 000 tonnes), de la métropole dans
male prennent une importance plus grande.
l’après-guerre.
20
Proiet d’Entt
$0 de l’lSR4

Analyse historique de la recherche agricole au Sénégal
La Compagnie Générale des Oléagineux Tropicaux
La recherche océanographique. Le premier événement
(CGOT) créée à cet effet, s’implante à Séfa et en 1950,
majeur est la création sur le plan fédéral du Centre
elle se dote d’une station expérimentale à laquelle le CRA
d’Etudes Scientifiques
et Techniques des Pêches
Bambey ne cessera d’apporter son appui scientifique avant
Maritimes (1952). Le centre d’études scientifiques et tech-
même que cette station de Séfa ne devienne l’une de ses
niques des pêches comporte (i) une section océanographie
stations régionales.
et biologie marine confiée à 1’IFAN ; (ii) une section de
recherches techniques confiée à I?nspection Générale de
La recherche vétérinaire. Les recherches sur les produc-
1’Elevage ; (“‘)
in une section économique confiée à la
tions animales sont elles aussi réorganisées, dimension-
Direction des services économiques.
nées à l’échelle de I’AOF et financées sur les ressources
des territoires de la Fédération suivant le même modèle
La section de recherches techniques est divisée en (i) une
que les productions végétales. Afin d’instaurer une
section technique des pêches maritimes à Dakar ; (ii) un
meilleure coordination des efforts d’amélioration de l’éle-
centre d’études des pêches (CEP) à Joal construit en 1949 ;
vage dans les colonies, l’Institut d’Elevage et de Médecine
(iii) un centre d’études des pêches (CEP) à Saint-Louis
Vétérinaire des Pays tropicaux (IEMVT) fut créé en 1948
construit en 1952.
en France. La période de 1948 à 1958 est une période de
transition décisive. L’accent est nettement mis pour la pre-
En 1954, l’Office de la Recherche Scientifique et
mière fois sur la recherche zootechnique. Le Centre
Technique d’outre Mer (ORSTOM) est créé. Cette époque
d’Elevage du Djoloff est créé en 1950 et entreprend des
est marquée par de gros efforts dans la connaissance du
recherches sur l’amélioration de la race chevaline. Il
milieu marin et de l’exploitation des ressources halieu-
devient en 1954 le Centre de Recherches Zootechniques
tiques. Les centres d’études des pêches procèdent aux des-
(CRZ) de Dahra.
criptions détaillées des éléments du sous secteur artisanal :
lieux de pêche et de débarquement, systèmes de propul-
Afin de mieux répondre aux exigences économiques de
sion, principales espèces exploitées et leur répartition,
I’AOF, le Laboratoire Central est remplacé par le
engins de pêche, . . . etc. Le laboratoire de biologie marine
Laboratoire Fédéral d’Elevage et de Recherches
de I’IFAN et sa station implantée à Gorée réalisent un
Vétérinaires (LFERV) établi à Hann. Cette structure
inventaire systématique des différentes espèces marines.
devient le principal centre de recherches sur la Santé et
La section technique des pêches maritimes se dote en 195 1
1’Alimentation Animales à travers I’AOF. La même année,
d’un bateau de recherche, le « Gérard Tréca )). Celui-ci
une ferme expérimentale est créée à Sangalkam non loin
accroît l’éventail et l’effort des recherches sur les fonds de
de Dakar. Le Laboratoire regroupe toutes les recherches
pêche et permet d’étudier les conditions et paramètres du
sur la pathologie animale, sur les moyens de prévention et
milieu, les possibilités de chalutage, la systématique, la
de lutte, et fabrique des vaccins destinés au marché inté-
biologie et la répartition des ressources, les embarcations
rieur et extérieur.
(pirogues et bateaux), les systèmes de propulsion des
pirogues et techniques de pêche. Toutes ces connaissances
La recherche forestière. Elle n’existe pas en tant qu’enti-
sont mises au service de l’administration, des profession-
té autonome. Elle est menée au sein de l’administration
nels, mais également de la communauté scientifique.
des Eaux et Forêts. On peut imaginer qu’à cette époque les
ressources ligneuses des zones humides de l’AOF et de
L’année 1958 marque une étape importante avec l’appli-
I’AEF intéressent davantage la France et le Centre
cation de la loi-cadre et 1960 constitue le début des indé-
Technique Forestier Tropical (CTFT). Néanmoins, la créa-
pendances des colonies de I’AOF. Le Sénégal se dote d’un
tion de nombreuses forêts classées témoignent du souci de
service de l’océanographie et des pêches maritimes.
préservation de la ressource forestière. Des programmes
de reboisement sont aussi menés. En outre, les premières
tentatives d’association arbre/cultures annuelles sont lan-
cées dès les années cinquante (50), notamment dans le
Sine Saloum, la future agroforesterie naissait...
21

Analyse historique de la recherche agricole au Sénégal
,
Conclusions
De l’indépendance à la création de I’ISRA
L’organisation de la recherche agricole mise en place par
en 1974: une recherche agricole au service
l’administration coloniale autour des années cinquante,
d’un Etat opérateur économique
n’a pratiquement pas changé jusqu’au moment des indé-
pendances des pays africains à l’exception du regroupe-
ment en 1958 en un seul Comité de Coordination des
Recherches Scientifiques et Techniques des productions
A l’avènement de l’indépendance en 1960, le Sénégal
végétales et animales.
hérite des structures de recherches existantes sur son terri-
toire. Le faible nombre de chercheurs nationaux oblige le
Durant cette période, la recherche agricole cantonnée en
Sénégal, comme presque tous les autres états de l’ex-AOF,
station et en milieu contrôle accumule de nombreux résul-
à confier la gestion et la conduite de sa recherche agricole
tats et d’importantes connaissances. Elle propose du maté-
à la France. Dans le cadre des accords de coopération, une
riel végétal amélioré pour les principales cultures plu-
Convention Générale de Coopération Scientifique est
viales, pour le riz irrigué, pour le maraîchage et l’arbori-
signée. La France apporte le personnel scientifique et
culture fruitière, du matériel de culture attelée asine, équi-
prend en charge la moitié du budget, le Sénégal apporte le
ne, bovine pour la culture de l’arachide et en partie des
personnel technique et l’autre moitié du budget. Une com-
céréales pluviales, des techniques de fertilisation minéra-
mission mixte qui se réunit annuellement est le principal
le et organique, des vaccins pour lutter contre les grandes
mécanisme de programmation et de budgétisation de la
épizooties. Une bonne connaissance du milieu physique,
recherche agricole. Le Ministère de 1’Economie Rurale
végétal, climatique, marin et des ressources halieutiques a
qui a en charge la recherche agricole maintient néanmoins
été développée. Ces résultats bien que répondant à la
le Comité des Recherches Scientifiques et Techniques.
demande adressée à la recherche agricole, n’ont pas été
largement diffusés à l’exception des semences sélection-
L’Institut de Recherches Agronomiques Tropicales et des
nées car, dans la relation recherche - vulgarisation - pay-
Cultures Vivrières (IRAT), se voit confier le Centre
sans, ces derniers n’ont pratiquement pas leur mot à dire,
National de Recherche Agronomique (CNRA) de Bambey
ce sont les vulgarisateurs qui ont l’initiative.
et les stations de Nioro du Rip, Sinthiou Malème, Richard-
Toll, Séfa et Djibélor. Les services agricoles créent une
Aussi, la recherche agricole ne s’est pas occupée de déve-
quinzaine de Points d’Appui de Prévulgarisation et
lopper une connaissance des exploitations agricoles, de
d’Expérimentation Multilocales (PAPEM) permettant à la
leurs savoir et savoir-faire ni de leurs contraintes, mais elle
recherche agronomique de bénéficier d’un dispositif cou-
est au service de l’économie de traite c’est à dire une éco-
vrant la plupart des situations agricoles du Sénégal et de
nomie orientée par les besoins de la métropole coloniale et
modifier ses rapports avec la vulgarisation. An niveau de
dominée par les intérêts privés des maisons de commerce
ces PAPEM , la recherche agronomique a commencé par
(CFAO, SCOA, NOSOCO, Maure1 et Prom, Vezia, Buhan
la mise au point de (( paquets technologiques » intégrant
et Tesseire, etc...) ou de leurs traitants.
variétés améliorées, rotations culturales, techniques cultu-
rales mécanisées, fertilisation chimique et traitement des
semences. Autour des PAPEM les chercheurs travaillent
de plus en plus avec des paysans « de pointe » chez qui
sont mis en démonstration les paquets technologiques
éprouvés en milieu contrôlé.
Le CNRA de Bambey crée en 1962, la Section
d’Application de la Recherche à la Vulgarisation (SARI)
qui remplit plusieurs fonctions : gestion technique de
toutes les stations de recherche y compris Bambey, gestion
des PAPEM, la production de semences de base et de pré-
base, la mise en place des essais multilocaux, l’intégration
22

Analyse historique de la recherche agricole au Sénégal
des résultats de la recherche sous forme de paquets tech-
Le Laboratoire National de 1’Elevage et de Recherches
nologiques puis de modèles d’exploitation. Elle a aussi la
Vétérinaires
(LNERV) de Dakar-Hann (ancien
responsabilité de la liaison avec les services techniques,
Laboratoire Fédéral) et la section de recherches zootech-
les écoles d’agriculture (Louga puis Néma et Guérina) et
niques de Dahra, en étroite collaboration avec la Direction
les organismes de développement.
de 1’Elevage du Sénégal concourent à l’exécution des pro-
grammes définis dans les plans quadriennaux de dévelop-
En 1967, une station sur le riz submergé est créée à
pement élaborés par le Gouvernement du Sénégal, dont les
Djibélor, en zone guinéenne sèche, faisant office de sous-
objectifs généraux en matière d’élevage sont :
station par rapport à celle de Séfa, pour mener des
recherches sur le riz pluvial et de mangrove (amélioration
intensification de la lutte contre les maladies qui mena-
l
variétale, agropédologie, aménagement des sols submer-
cent le cheptel ;
gés et salés, techniques culturales et défense des cultures).
amélioration des conditions d’entretien du cheptel ;
l
amélioration génétique du troupeau par les recherches
l
L’Institut des Recherches sur les Huiles et Oléagineux
sur la sélection et le croisement.
(IRHO) se voit confier une partie des recherches sur l’ara-
chide conjointement avec l’IRAT, et la gestion des stations
L’Institut d’Elevage et de Médecine Vétérinaire Tropicales
de Darou et Louga.
(IEMVT) gère le LNERV et la ferme de Sangalkam. Il uti-
lise aussi le Centre de Recherches Zootechniques (CRZ)
L’Institut de Recherche sur le Coton et les Fibres Textiles
de Dahra et, plus tard, le CRZ de Kolda créé en 1972 pour
(IRCT) prend en charge les recherches sur le coton (intro-
prendre en compte les préoccupations de l’élevage en zone
duction de variétés améliorées, agronomie, entomologie)
subhumide. Les recherches zootechniques menées dans
qui démarrent en 1963 avec le premier projet de dévelop-
les centres de Dahra et Kolda sont axées sur l’amélioration
pement de la culture cotonnière au Sénégal.
des races locales (Zébu Gobra à Dahra, Taurin Ndama à
Kolda) et l’introduction de races étrangères (Zébu pakista-
Pour favoriser davantage le transfert des acquis de la
nais et Guzerat pour le lait, etc...). Les recherches sur la
recherche il a été créé en 1968 des Unités Expérimentales
traction animale continuent à être menées seulement à
à Thyssé Kaymor et Koumbidia. Dès lors, il a été possible
Bambey par 1’IRAT et celles portant sur l’agrostologie et
pour différents agents du développement rural (chercheur,
l’étude des pâturages au LNERV.
agent du développement et de la vulgarisation) de tra-
vailler ensemble en milieu réel et de prendre en compte les
En matière de recherches halieutiques, le début des années
facteurs sociaux, techniques, culturels et biologiques dans
60 voit la mise en place de la Direction de l’océanographie
leur globalité.
et des Pêches Maritimes (DOPM) et la séparation de la
pêche de la Direction de 1’Elevage. Le Centre de Recherches
La FAO, dans le cadre d’un projet financé par le PNUD
Océanographiques de Dakar-Thiaroye (CRODT) est créé en
(1972-1975) puis par la Belgique, implante et gère le
1961 et dépend de la DOPM. Il est géré et financé par
Centre de Développement Horticole (CDH) de
1’ORSTOM qui y démarre un programme d’océanographie
Cambérène. Des recherches sur l’horticulture y sont
physique. A partir de 1966, l’arrivée de biologistes des
menées en plus d’activités de production de semences, de
pêches permet le démarrage du système de collecte des sta-
prévulgarisation et de formation de techniciens de l’horti-
tistiques de pêche industrielle au port de Dakar (1968), la
culture.
mise en place de programme sur les sardinelles, les thons, les
crevettes (dans le Saloum, la Casamance et en mer) et les
Concernant les recherches vétérinaires, le Gouvernement
larves de poissons pélagiques et de crevettes. C’est à cette
du Sénégal confie en 1960 l’exécution des programmes de
date que démarre une étude systématique de l’hydrologie du
recherches en matière d’élevage et de médecine vétéri-
plateau Continental.
naires à 1’IEMVT qui crée à Dakar une Direction
Régionale.
23

Analyse historique de la recherche agricole au Sénégal
,
Le développement du CRODT s’est réellement amorcé avec
On commença alors à diversifier les essences exotiques à
le démarrage d’une fructueuse coopération avec la FAO.
croissance rapide (acacias australiens et Prosopis SP.) pour
Celle-ci, dans le cadre du projet régional d’étude des res-
mieux confirmer l’option du reboisement tout en s’inté-
sources pélagiques met à sa disposition le navire de recherche
ressant à la gestion du potentiel ligneux des formations
(( Laurent Amaro » en 1969 et démarre le projet d’adaptation
naturelles. Au même moment, les recherches forestières se
de la senne tournante coulissante à la pirogue sénégalaise.
développent et couvrent le bassin arachidier avec une sta-
tion à Kaolack (Keur Mactar, 197 1). Les activités se ren-
C’est de cette époque que date la participation du CRODT
forcent dans la région de Thiès (Bandia, 1976) et en Basse
aux réunions des commissions pêche pour l’élaboration
Casamance (Bayottes, 1977).
des plans quinquennaux de développement du Sénégal. La
recherche y est invitée à faire le point sur ses résultats et à
y proposer des projets d’études participant à la solution
des problèmes posés par les autorités en charge du déve-
1974-1996, mise en place d’une recherche
loppement des pêches. Les objectifs de recherche au
agricole nationale
CRODT étaient essentiellement orientées vers la pêche
industrielle, suivant en cela l’orientation prise par le gou-
vernement pour « la constitution d’une pêcherie indus-
trielle nationale >) (ex. de la SOSAP en 1962). C’est à la fin
des années 60 que commencent les enquêtes au port de
La nationalisation du secteur de la recherche coïncide avec
les préparations du second Plan de Développement
Dakar et au début des années 70 que démarrent les pro-
Economique et Social. A la même époque, I’IJNESCO
grammes de collecte de données de pêche artisanale à
pousse les pays africains nouvellement indépendants à
Gorée, Mbour, Joal, Kayar et Saint-Louis.
définir une politique de recherche scientifique et à se doter
d’une structure de conception et de coordination au niveau
La recherche forestière est confiée au Centre Technique
gouvernemental. En 1966, le gouvernement du Sénégal
Forestier Tropical (CTFT) qui prend en charge Centre
crée un Conseil Interministériel bisannuel sur la
National des Recherches Forestières (CNRF) créé en
Recherche Scientifique et Technique et un Bureau des
1965. Il développe des programmes sur la conservation et
Affaires Scientifiques et Techniques (BAST), tous deux
la régénération des forêts naturelles, sur l’introduction
attachés au Secrétariat d’Etat à la Présidence. Ces entités
d’espèces à croissance rapide (Eucalyptus en particulier)
administratives sont chargées de mettre en place une poli-
et sur les techniques et méthodes de reboisement. A partir
tique de recherche. En 1970, le BAST devient la Direction
de 1966, et pendant une dizaine d’années, le principal pro-
des Affaires Scientifiques et Techniques (DAST) respon-
gramme de recherche sur les ligneux s’est résumé à la
sable de la politique scientifique et placé sous la tutelle du
Sylviculture avec un accent particulier sur le comporte-
Secrétariat au Plan et à la Coopération. En 1973, la DAST
ment et les conditions d’installation et de production des
devient la Délégation Générale à la Recherche
essences exotiques. Des points d’appui et stations ont
Scientifique et Technique (DGRST). C’était alors la pre-
alors été implantés dans toutes les régions : Dakar (Mbao),
mière organisation à contrôler tous les instituts de
Thiès (Niayes), Sine-Saloum (Koutal, Kabatocki),
recherche agricole (sénégalais et français confondus) qui
Sénégal Oriental (Makacoulibantan) et Casamance
jusque là étaient sous la tutelle du Ministère du
(Djibélor), Fleuve (Ross-Béthio), Diourbel (Linguère).
Développement Rural. En Novembre 1974, la DGRST
Cette année correspond aussi au démarrage de la station de
créé l’Institut Sénégalais de Recherches Agricoles (ISRA).
recherches piscicoles de Richard-TO11 qui mène ses activi-
tés dans le delta et la moyenne vallée du Fleuve Sénégal.
L’ISRA est alors l’héritier dans tous les sens du terme des
Après les sécheresses répétées des années 70 et face à la
anciens instituts français qui intervenaient au Sénégal.
dégradation rapide du couvert végétal, on note une
Héritier sur le plan scientifique en termes d’acquis tech-
inflexion assez marquée avec des programmes nouveaux
nologiques et de connaissances accumuIées,
en terme de
centrés sur l’étude des formations naturelles, I’améliora-
thématiques, de priorités et d’organisation disciplinaire et
tion génétique en vue de trouver des espèces et prove-
décentralisée de la recherche, héritier en terme d’infia-
nances adaptées à la sécheresse, et sur la valorisation des
structures et d’équipements conçus dans un cadre géogra-
sols salés du sud du bassin arachidier,
phique plus vaste.
24

Analyse historique de la recherche agricole au Sénégal
L’Institut adopte le statut d’Etablissement Public à carac-
Dès 1978, à l’initiative du nouveau Secrétaire d’Etat à la
tère Industriel et Commercial (EPIC) et est doté d’un
recherche scientifique et technique un plan indicatif est éla-
Décret Organique et d’un Règlement d’Etablissement.
boré. Ce plan indicatif couvre la période de Juillet 1978 à
L’année 1975, c’est surtout le début d’une sénégalisation
Juilllet 1983 et répond à un souci de mieux organiser et
du personnel chercheur : huit chercheurs sénégalais en
structurer le recherche agricole. Il a permis de traduire les
1975,93 en 1982, 116 en 1990 et 124 en 1995.
besoins du développement en programmes de recherches
pluridisciplinaires.
Les autorités mettent l’accent sur la coordination et le ren-
forcement des institutions en créant en 1978 un Secrétariat
Le Projet de Recherche Agricole (PRA) financé par plu-
d’Etat à la Recherche Scientifique et Technique (SERST)
sieurs bailleurs de fonds dont la Banque Mondiale, 1’USAID
prenant le relais de la DGRST. Dans un souci d’intégration
et la France démarre en 1982. Il vise à réorganiser l’Institut,
des recherches dans le domaine agricole et agro-alimen-
à réorienter ses priorités de recherche grâce notamment à
taire le SERST crée une Direction des Recherches
l’introduction et à la généralisation de la méthodologie de
Agricoles et Agro-Industrielles (DRAAI). Il initie égale-
recherche sur les systèmes de production permettant une
ment des comités régionaux de développement spéciaux,
approche ascendante, pluridisciplinaire et régionalisée. Les
qui chaque année, permettent à la recherche de faire le
premières recherches macro-économiques ont aussi démarré
bilan par secteur et par région administrative et de
avec ce projet. Le PRA 1 comme le PRA II qui a suivi en
recueillir les besoins du développement. A cette étape, les
1991 ont tenté, avec plus ou moins de réussite, de mettre
producteurs n’étaient pas directement concernés, leurs
I’ISRA au service des producteurs agricoles grâce à une
préoccupations étaient « remontées » par les services d’en-
démarche partant de l’analyse de leurs contraintes pour y
cadrement.
apporter des solutions techniques avec leur participation.
>t d Entreprise de I’ISga
25

Analyse diagnostique
de la recherche agricole
au SénégaP
‘1 contient :
Le contexte ..........................................................................................
2 9
L e s facteurs explicatifs d e s performances.. ........................................
.38
Les performances.. ..............................................................................
2 9
Ressources humaines ..................................................................
3 8
Ressources financières.................................................................
3 8
Productions végétales ..................................................................
2 9
Infrastructures et équipements ....................................................
3 9
Santé et productions animales......................................................
3 1
Partenaires scientifiques ..............................................................
4 0
Productions halieutiques .............................................................
3 2
Clients de la recherche .................................................................
4 0
Productions forestières .................................................................
3 3
Statut d’Etablissement
Public à caractère Industriel et
Impact sur la production agricole .................................................
3 4
Commercial .................................................................................
4 1
Publications et informations scientifiques et techniques.............3 4
Planification, programmation et affectation des ressources........4 1
Production de semences ...............................................................
3 4
Conclusions.. ...............................................................................
4 1
Production de vaccins ..................................................................
3 6
Expertises et services ...................................................................
3 6
Formations et évaluation des chercheurs .....................................
3 7
27

Analyse diagnostique de la recherche agricole au Sénégal
La recherche agricole a produit d’importants résultats
dans les différents domaines (productions végétales,
Les performances
productions halieutiques, santé et productions animales,
productions forestières) et amélioré considérablement les
connaissances sur l’agriculture tropicale.
Evaluées en termes d’innovations, d’impact sur la produc-
Cependant ces performances ont été remises en cause
tion agricole, de publications scientifiques, de production
depuis les grandes sécheresses des années 70 et la
de semences et de vaccins, d’expertises et de services, les
recherche confrontée à de nombreuses difficultés liées à :
performances de I’ISRA sont restées en deçà des attentes
placées en l’Institut dans ce contexte de crise.
l’inadaptation de certaines techniques ;
l
la réactivité lente par rapport aux bouleversements
l
advenus au niveau de l’environnement physique,
Productions végétales
international et économique.
L’arachide. La sélection pour l’adaptation à la sécheresse
Cette partie diagnostique analyse la situation de l’Institut
a permis la création de deux nouvelles variétés qui sont
et ses performances en se fondant sur les conclusions de la
actuellement en cours de vulgarisation. Une variété pour
revue à mi-parcours du PRAII (Janvier - Février 1995).
la zone nord, la GC 8-35, à cycle court (80 jours alors que
la 55.437 a un cycle de 90 jours), à graines plus grosses et
à rendement supérieur de 33% à la 55.437, dans des condi-
tions identiques (zone de Louga). Une autre variété pour la
Le Contexte
zone centre, Fleur 11 (d’origine chinoise) variété sans
caractéristiques qualitatives particulières mais ayant une
productivité 30% supérieure à celle de la 73.33 et de la
55.437, avec de grosses graines et une grande plasticité
L’économie nationale en général et agricole en particulier
vis-à-vis des différents types de sécheresse (cycle de 90-
se meut dans une situation de crise imposant des change-
95 jours). L’approche physiologique conduite au
ments voire des mutations profondes. La croissance démo-
CERAAS en collaboration avec le CNRA de Bambey a
graphique rapide d’une part, la faible productivité d’autre
abouti à la mise au point d’un modèle développé pour la
part entraînent une baisse tendancielle de la production par
prévision agricole à l’usage des structures de développe-
habitant.
ment et des décideurs. Il s’agit du modèle ARABHY (ara-
chidebilan hydrique) permettant de faire une estimation
Sur le plan économique, la libéralisation conduit 1’Etat au
de récolte dès la fin du mois d’août. En matière d’agrono-
désengagement progressif (recherche d’une alternative en
mie, le CERAAS a aussi développé une méthode de
matière de conseil rural et agricole, dépérissement des
conduite de l’irrigation de l’arachide, applicable à d’autres
structures publiques de vulgarisation, suppression des sub-
espèces. Cela intéresse les développeurs pour les péri-
ventions, . ..). Parallèlement un important mouvement
mètres irrigués villageois. Cette méthode a été testée pen-
associatif se développe au niveau des producteurs et des
dant deux ans sur 200 ha d’arachide dans la zone de
différents acteurs. L’intégration sous régionale et la mon-
Thiago-Guiers (1992 et 1993) et permet une économie de
dialisation font de la compétitivité un des défis les plus
2/9 sur les coûts d’irrigation. En matière de technologie
significatifs que l’agriculture doit lever.
post-récolte, de techniques de contrôle de qualité, de stoc-
kage et de conditionnement des semences sont au point et
11 est vital dans ce contexte que la recherche agricole se
applicables par les structures de développement.
redéfinisse en identifiant ses forces mais aussi ses fai-
blesses face au rôle qui doit être le sien dans un processus
La filière arachide est un des secteurs où les résultats des
de relance de l’agriculture et d’une croissance durable.
recherches et les innovations produits par 1’ISRA en colla-
boration avec ses partenaires, ont été nombreux.
29

Analyse diagnostique de la recherche agricole au Sénégal
Cependant, paradoxalement, on assiste au Sénégal à un
Les céréales. Les tests menés sur des variétés de riz intro-
déclin de la culture arachidière passant de un million de
duites ont permis d’identifier du matériel végétal adapté à
tonnes à environ 600 000 tonnes lors des dernières cam-
divers types de riziculture (bas-fond, nappe, mangrove) et
pagnes. Outre les aléas climatiques et l’effondrement du
mis à la disposition des producteurs.
système de vulgarisation, le problème majeur se situe en
aval avec une organisation économique défaillante du
La recherche s’est tardivement intéressée au mil et au sor-
développement de la filière que la recherche arachidière
gho. Des variétés de mil ont été créées (IBWOOI,
devra désormais prendre en compte.
IBV8004, IBMV8402, ISM19101, ISMI9102) et des tests
de matériels en provenance de I’ICRISAT ont permis
Le cofon. Concernant la recherche sur le coton en Haute
d’identifier des variétés à cycle court ou moyen s’adaptant
Casamance et au Sénégal Oriental, malgré une baisse ten-
aux conditions de culture du centre et du nord. En
dancielle de sa productivité due essentiellement à une
revanche, très peu d’intérêt est accordé aux variétés à
diminution des emblavures au profit de l’arachide concur-
cycle long encore adaptées aux zones subhumides.
rente, celle-ci donne l’exemple d’une recherche appliquée
bien liée au développement et produisant des variétés, des
Pour le maïs, seules les variétés JDB, BDS, CP75 et la
formules d’engrais, des produits et des techniques de pro-
Synthétique C ont connu une vulgarisation significative.
tection des cultures. Les priorités et opérations de
recherche se sont portées sur la sélection et l’amélioration
D’une manière générale, en matière de céréaliculture. des
variétale, l’agronomie et la phytotechnie et enfin l’ento-
avancées significatives ont été enregistrées notamment
mologie.
dans les domaines des itinéraires techniques et des tech-
nologies de transformation primaire.
En matière de génétique cotonnière, la recherche agricole a
mis l’accent sur l’augmentation du rendement agronomique,
Le ni&&. De nouvelles variétés (Mouride, Melakh, et
du rendement à l’égrenage, et sur l’amélioration de la quali-
Diongoma) ainsi que des techniques de protection des cul-
té de la. Des introductions variétales ont permis d’identifier
tures et des stocks ont été mises au point. Leur adaptation
du matériel présentant un gain de rendement variant de 10 à
aux conditions de production dans les zones nord et centre
15 % et un gain à l’égrenage allant de 0.2 à3 % par rapport
explique leurs bons niveaux d’adoption.
à la variété témoin (BJA). Parallèlement d’importantes créa-
tions ont été réalisées (ISCO X440, IX0 PG438 et ISCO
En matière de cultures et systèmes pluviaux, quelques fai-
PG444, ISCO 10700). Celles-ci procurent un gain moyen de
blesses sont relevées. Le diagnostic des contraintes de la
20% en fibres à l’hectare et une baisse de la nepposité de
production reste incomplet, la valorisation des résultats de
50% par rapport aux variétés introduites.
la recherche est globalement insuffisante et les ressources
humaines (chercheurs et personnel d’appui) déployés sont
Pour l’agronomie, de nouvelles formules d’engrais et des
insuffisantes. En outre, les nombreux acquis technolo-
combinaisons avec la matière organique ont permis de
giques antérieurs ne sont pas suffisanimcnt pris en comp-
faire des économies en matière de fertilisation par le
te par le personnel scientifique. A cela s’ajoutent la fai-
réduction des coûts de production.
blesse dans la pratique de I’interdisciplinnritZ à l’intérieur
et entre les programmes ainsi qu’avec d’&res Directions
Malgré ces performances, comme nous l’évoquions plus
de Recherche.
haut, la production du coton baisse tendanciellement
depuis quelques années. En effet, la vente du coton en des-
Avant de conclure ce paragraphe sur les productions \\$gé-
sous de son prix de revient a entraîné non seulement I’ab-
talcs annuelles, il faut signaler le regain d’intérct des pro-
sente d’effet dévaluation mais aussi une démotivation des
ducteurs pour des cultures de diversifïcation comme le
paysans qui ne sont plus incités à cn augmenter sa pro-
sésame, le bissap, la pastèque et la manioc.
duction. Ainsi, les intrants destinés au coton sont le plus
souvent détournés au profit de l’arachide. De fait, les
Les cuIture.s horticoles. La recherche maraîchère s’est
conditions socio-économiques ne permettent pas aux pro-
révélée très efficiente et a produit de nombreuses innova-
ducteurs d’utiliser et de s’approprier de façon optimale les
tions destinées à la filière horticole.
innovations techniques de I’ISRA.
30
Proiet d’Entrenrise de I’ISKA

Analyse diagnostique de la recherche agricole au Sénégal
Les acquis sont importants sur les techniques culturales
Enfin, le manque de personnel scientifique et technique et
(calendrier cultural et techniques de pépinières) et les tech-
la concentration des activités de recherche au niveau du
niques de production et de conservation. En matière de
CDH (zone des Niayes) au détriment des autres zones
sélection, la création et l’introduction de plus de 3000 varié-
agro-écologiques sont aussi des faiblesses du secteur dans
tés améliorées d’espèces maraîchères adaptées et résistantes
l’Institut.
aux maladies et ravageurs est un des points forts des activi-
tés du CDH. En matière de défense des cultures, I’inventai-
re et l’étude des principaux ravageurs et maladies ont per-
Santé et productions animales
mis de développer des méthodes de lutte appropriées large-
ment diffusées auprès des producteurs. La création d’une
En matière de santé animale, les résultats obtenus portent
banque de données de commercialisation de produits maraî-
sur :
chers (organisation des marchés, compréhension des cir-
cuits de commercialisation des produits et processus d’éla-
boration des prix) a été très utile aux différents acteurs de la
la génération de connaissances scientifiques sur la bio-
filière. Il est à noter également l’essor considérable consta-
logie et l’écologie des parasites et/ou des micro-orga-
té en sélection variétale et fruitière qui a abouti à l’obtention
nismes pour une meilleure compréhension de l’épidé-
d’un patrimoine variétal très riche d’agrumes, de bananiers,
miologie des maladies. Des cartes épidémiologiques
de manguiers, de papayers. La formation et l’élaboration, la
ont été établies par la suite pour répondre à la deman-
production et la distribution de documents techniques et
de de partenaires. Cette recherche s’est en outre illus-
didactiques (fiches techniques) se sont faites en direction du
trée par sa vision prospective, en envisageant des
développement.
modifications écologiques éventuelles dans certaines
zones et en réalisant à cet effet une surveillance épidé-
Malgré ces résultats, un certain nombre de faiblesses sont
miologique étalée dans le temps. L’évolution clima-
identifiables dans la filière horticole. A de rares excep-
tique et les aménagements hydro-agricoles ont confïr-
tions, le potentiel de réalisation et de diffusion de docu-
mé la justesse de ce point de vue qui a permis d’ins-
ments techniques, en direction du développement, est
taurer un système d’alerte précoce idoine et réduire les
insuffisamment exploité (fiches techniques, manuels,
risques de pertes ;
guides pratiques, résultats d’essais, ouvrages de synthè-
se...). Ceci est particulièrement observé dans la relative
l’éradication de vecteurs ou leur contrôle dans cer-
incapacité d’adaptation aux différents niveaux de deman-
taines zones écologiques propices au développement
de des utilisateurs ciblés. D’autre part, les techniques post-
des productions animales (lutte contre les mouches tsé-
production ne sont pas suffisamment prises en compte et
tsé dans les Niayes et les tiques) ;
développées. Ainsi, malgré les interpellations de plus en
plus importantes du développement en matière de tech-
la mise au point de technologies. Dans le cas d’espèce,
niques et de technologies post-production, très peu d’iti-
les produits élaborés sont des vaccins et leurs condi-
néraires sont actuellement proposés. Quelques tentatives
tions d’utilisation. Certains de ces vaccins ont fait l’ob-
ont été faites en matière de conservation des productions,
jet d’un transfert de technologie ou d’une amélioration,
notamment avec le développement du hangar-séchoir à
il s’agit notamment des vaccins tissulaires introduits
oignons par les recherches horticoles. Les besoins sont
(vaccins contre la peste bovine, la peste des petits
réels quand on sait que la zone des Niayes concentre la
ruminants et contre la peste équine). Par contre,
population urbaine la plus importante du pays grande
d’autres souches vaccinales ont été isolées en Afrique :
demandeuse de produits transformés. D’autres aspects
souche pestaviforme (Guinée), la souche Varisec
sont également à prendre en considération comme l’im-
(Hann), la souche anabot (Djoloff) et la souche du car-
plantation forte des industries de transformation, les stra-
cosympto (Thiès). Des actions sont en cours pour ache-
tégies de production pour l’exportation, les objectifs
ver l’étude de l’utilisation sur le terrain d’autres vac-
d’écoulement régulier des productions, l’étalement de la
cins récemment mis au point.
production en saison des pluies notamment, etc...
31

Analyse diagnostique de la recherche agricole au Sénégal
Les recherches en alimentation, en agrostologie et en cul-
Productions haiieutiques
tures fourragères occupent une place de choix dans les
activités régulièrement conduites par le LNERV. Elles ten-
A l’heure actuelle, devant l’intérêt sans cesse croissant
tent de répondre aux préoccupations d’une amélioration
porté à la pêche, intérêt qui se traduit par une augmenta-
des conditions d’entretien du cheptel par la détermination
tion de la pression de pêche surtout artisanale, les autori-
des besoins des animaux vivant en milieu subtropical, la
tés tentent de procéder à un aménagement global du sec-
valeur alimentaire des sous-produits, des cultures vivrières
teur, ce qui explique l’élaboration en cours d’une Nouvelle
et industrielles et l’estimation des ressources fourragères.
Politique des Pêches à moyen et long termes.
La plupart des résultats obtenus ont fait l’objet d’une
bonne diffusion auprès des producteurs et certaines tech-
Des innovations techniques et des connaissances ont été
nologies comme l’imagerie satellitaire, le suivi et le dia-
mises à la disposition des partenaires de la recherche
gnostic des écosystèmes sont aujourd’hui transférées à des
halieutique. Parmi ces innovations, on peut citer :
structures comme le Centre de Suivi Ecologique (CSE).
la conception d’un prototype de pirogue améliorée ;
l
L’amélioration génétique du zébu Gobra a permis de réa-
l’étude économique et financière, la diffusion et le
l
liser en station des progrès génétiques. Malheureusement,
suivi de containers isothermes pour la conservation des
devant la péjoration du milieu et la réduction des moyens,
produits en mer ;
ce progrès n’a pu être diffusé en milieu réel. Les
l’introduction (avec les partenaires du développement)
l
recherches menées au CRZ de Kolda sur la race Ndama
et le suivi de la senne tournante dans la pêcherie artisa-
ont contribué à la caractérisation de cet animal et à encou-
nale ;
rager sa sélection. Ces études ont donné un label de quali-
. l’introduction et le suivi du casier pliant pour la pêche
té à ce taurin sénégalais très apprécié sur le marché afri-
de la seiche ;
cain si l’on se réfère aux exportations. La méthodologie
. la contribution significative du CRODT à l’aménage-
d’amélioration génétique est basée sur la sélection à noyau
ment de la pêcherie crevettière dans le sud du Sénégal ;
ouvert qui prend en compte davantage la composante
la typologie des marchés intérieurs de poissons ;
l
femelle et la participation des éleveurs. La vétusté des
les estimations régulières de biomasse et évaluation de
l
infrastructures et la réduction des moyens rendent diffici-
la production potentielle des ressources sur le plateau
le la poursuite de ce travail d’amélioration. Le développe-
continental sénégalais ;
ment de la production laitière locale, particulièrement en
la mise au point du modèle CLIMPROD qui a été
l
zone périurbaine, est le fmit des recherches conduites par
adopté et largement diffusé par la FAO ;
une équipe pluridisciplinaire qui a su lever successivement
les relations, plus générales, entre la ressource et le cli-
l
les contraintes d’adaptation, d’alimentation et de patholo-
mat ont fait l’objet de plusieurs tentatives de modélisa-
gie. L’accompagnement par les chercheurs des résultats de
tion. La dynamique de l’upwelling de la zone sénéga-
ces essais en milieu éleveur a assuré la réussite de l’intro-
lo-mauritanienne est mieux connue avec les récents
duction des animaux exotiques à haute productivité dans
développements permis par UTIS. Actuellement, la
les systèmes de production.
recherche halieutique tente, certes timidement, de pré-
voir les schémas et intensités de migration des res-
En dépit de ces résultats importants obtenus notamment
sources pélagiques (sardinelles, tassergal) comme
grâce à un niveau scientifique élevé des chercheurs, des
démersales (tiof) en relation avec la variabilité de l’up-
faiblesses sont relevées dans le domaine des productions
welling ;
animales. Parmi elles, il convient de souligner des insuffi-
. l’étude de la dynamique des flottilles artisanales a
sances en matière de ressources humaines (vieillissement
apporté un début de solution aux conflits technolo-
du personnel, insuffisance du personnel chercheur et d’ap-
giques enregistrés dans le sous secteur traditionnel.
pui, absence d’équipes thématiques fortes), dans la pro-
Ainsi, la réglementation et la surveillance des pêches
duction scientifique (baisse tendancielle de la qualité et
restent redevableb des scénarii fournis par le CRODT.
faible valorisation), dans la pratique de l’interdisciplinari-
té au sein de certaines équipes de recherche. Enfin, un
manque de diversifïcation des partenaires scientifiques au
niveau international est noté.
32
Proiet d’Entreorise
de I’ISKA

Analyse diagnostique de la
herche agricole au Sénégal
L’esprit d’ouverture qui a longtemps prévalu au CRODT
Pour autant, le CRODT n’a cessé de jouer un rôle essentiel
explique le développement de techniques et outils de pointe
dans la fourniture de données statistiques et d’informations
(télédétection, informatique, modélisation et intelligence
pertinentes aux pouvoirs publics, organisations intematio-
artificielle), la présence de disciplines d’intégration (biomé-
nales, ONG, projets et promoteurs privés même si ces der-
trie-biostatistique), et la place importante faite aux parte-
nières années, on a noté un retard dans la publication à temps
naires extérieurs (ORSTOM, ACDI....) et aux nombreux sta-
de ces statistiques de pêche. A la longue, ce retard peut
giaires locaux et étrangers. Il est souhaitable que le CRODT
constituer un handicap pour les partenaires intéressés par ces
redynamise cet esprit d’ouverture qui constitue une de ses
questions. Enfin les moyens mis à la disposition de la
principales forces.
recherche halieutique sont faibles par rapport aux outils dis-
ponibles (coûts d’entretien du bateau Louis Sauger, UTIS) et
Pour finir, le CRODT dispose d’une importante banque de
à l’importance économique de la pêche au Sénégal.
données halieutiques (biologiques, économiques) et océano-
graphiques et de puissants moyens de traitement. Il dispose
d’agents de terrain répartis sur les principaux points de
Productions forestières
débarquement de la pêche artisanale et au port qui assurent
le lien quotidien avec les professionnels de la pêche.
La recherche forestière a essayé de prendre en compte les
Le secteur de la pêche présente cependant plusieurs fai-
préoccupations des populations dans un environnement en
blesses qu’il convient de relever. D’abord la difficulté pour
perpétuel changement. Ceci s’est traduit par une couvertu-
le CRODT de répondre comme il l’aurait souhaité aux pré-
re géographique quasi-complète et une diversifïcation des
occupations des producteurs. Cette diffkulté vient de l’im-
thèmes de recherche (allant de la sylviculture à l’agrofo-
précision et de l’inconstance des demandes formulées par les
resterie en passant par les programmes d’appui tels que la
différents partenaires et qui ne permettent pas toujours au
génétique et la microbiologie).
CRODT de satisfaire à ces besoins. Ensuite, il y a un manque
évident de contacts suivis avec les utilisateurs des résultats
Les résultats les plus significatifs de la recherche forestiè-
de la recherche. De ce fait, il existe peu de possibilités réelles
re ont trait :
de mesurer l’impact des résultats transmis à la base. Les
chercheurs du CRODT ont tenté ces dernières années d’as-
à l’amélioration de la qualité des semences ;
l
socier les producteurs à l’élaboration des opérations de
à la mise au point de techniques de production de
l
recherche. Il faudrait cependant que ces derniers puissent
plants de quelques espèces locales de valeur (Acacia
ensuite apprécier et évaluer les résultats qui en sont issus. La
senegal, Anacavdium occidentale, Khaya senegalensis,
forme et le mode de restitution des résultats de recherche
Eucalyptus SP., . ..etc) ;
sont donc à améliorer. Par exemple, les séries de publications
. à la sélection d’espèces performantes (sélection des
actuelles (Documents Scientifiques, Archives, Documents
espèces forestières adaptées à chaque zone écologique
internes) sont le plus souvent inaccessibles aux principaux
du pays, techniques de pépinière et de plantations
utilisateurs. Seules les Notes Techniques sont réclamées par
forestières, techniques de saignées des gommiers, tech-
ceux-ci de manière ponctuelle.
niques d’enrichissement des forêts par les layons) ;
à l’agroforesterie (diagnostic agroforestier dans les
l
De plus, la recherche halieutique met au point ou adapte cer-
principaux systèmes d’utilisation des terres, modalités
taines techniques au contexte local de l’exploitation des res-
d’installation et de gestion de technologies agrofores-
sources halieutiques sénégalaises. Or, il n’existe pas de
tières (( haies vives, brise vent, banques fourragères et
structure relais appropriée pour la vulgarisation et la diffü-
amélioration de la jachère » , typologie des parcs agro-
sion de la technologie considérée ni de mécanisme pour
forestiers au Sénégal) ;
assurer un suivi des performances de celle-ci.
à la microbiologie, la physiologie et l’écologie des
l
végétaux (production d’inoculum pour les légumi-
Le problème plus global de faiblesse dans la circulation de
neuses à graines et les légumineuses pérennes ; tech-
l’information se pose au sein même de la recherche. En effet,
niques d’identification des Rhizo-bium et des myco-
le cloisonnement des programmes n’a pas favorisé un véri-
rhizes par la biologie moléculaire).
table esprit d’équipe d’une part et, d’autre part, la rareté de
chercheurs seniors n’a pas permis une véritable animation
scientifique.
33

Analyse diagnostique de la recherche agricole au Sénégal
Toutefois, on a pu noter un manque de chercheurs dans les
Actes de Réunions, Bulletin Analytique Documentaire,
disciplines telles que sciences du sol, technologie du bois,
Thèses et Mémoires, etc... Les chercheurs de I’ISRA plus
phytopathologie et des compétences insufflsamment repré-
que dans le passé, s’efforcent de publier les résultats de leurs
sentées en sylviculture et aménagement. De plus, les aspects
travaux. Ce phénomène est assez perceptible dans la plupart
socio-économiques sont très peu pris en compte dans les
des départements et ce, particulièrement après les évalua-
programmes de recherche. A cela s’ajoutent le déficit en per-
tions qui ont été faites.
sonnel de recherche et le déséquilibre du ratio
techniciens/chercheurs.
En matière de documentation et d’information, pour des rai-
sons financières, les achats d’ouvrages et les abonnements
aux revues ne sont pas assurés rendant difficile les
Impact sur la production agricole
recherches documentaires pour les chercheurs. Les acquisi-
tions récentes sont surtout des dons reçus des centres inter-
Du point de vue quantitatif, l’impact global de l’action de
nationaux. Tous les centres principaux, disposent d’un servi-
I’ISRA sur le plan de la production agricole est difficile à
ce de documentation qui, à l’exception de Bambey et Saint
apprécier pour deux raisons principales. D’une part, les aléas
Louis, ne fonctionne pas faute de documentaliste victime des
climatiques des trente (30) dernières années ont rendu les
déflations successives qu’a connu l’Institut. En conséquen-
productions agricoles très erratiques. D’autre part, la présen-
ce, les cellules de documentation ne répondent pas aux
ce et l’action de nombreuses sociétés de développement dans
attentes des chercheurs et des agents de I’ISRA et des utili-
les zorw ct domaines d’intervention de l’Institut rend difi-
sateurs externes. Néanmoins il convient de noter des efforts
cile 1.
,IIuation de l’impact direct et exclusif des activités
substantiels de la cellule de documentation centrale de
!. I \\ K ;\\ sur les productions agricoles.
l’Univa dans la capitalisation des informations avec un stoc-
kage sur plusieurs types de supports (microfiches, Films et
vidéocassettes, CD-ROM). Des bases de données bibliogra-
Publications et informations scientifiques et techniques
phiques, même si elles sont incomplètes, ont été constituées
au niveau d’Univa1 mais aussi dans certaines cellules régio-
La collecte, le traitement et la valorisation de l’information
nales de documentation. Malgré ses faiblesses, I’ISRAconti-
scientifique et technique sont un des points particulièrement
nue à être partie prenante d’un certain nombre de réseaux
faible de l’Institut. Un effort limité mais significatif a été fait
documentaires. Il convient notamment de rappeler sa parti-
à la création de l’Institut pour rassembler une documentation
cipation au Réseau Agricole Sénégalais (RESAGRIS), au
scientifique. Cette information, quoique devenue aujour-
Réseau Sahélien de Documentation (RESADOC), aux
d’hui rétrospective, est une mémoire scientifique institution-
réseaux de la FAO (CARIS et AGRIS) et au réseau de docu-
nelle qu’il faudra conserver comme collection d’archives et
mentation en agroforesterie dans la zone semi-aride de
valoriser avec pragmatisme. Malgré les financements secto-
l’Afrique de I’Ouest (AFRENA-SALWA). Dans le domaine
riel dont a bénéficié l’Institut depuis sa création avec comme
de la francophonie, I’ISRA participe également aux produits
ultime mesure, la mise en place d’une unité de valorisation
du réseau SESAME (bulletin et CD-ROM) et accueille un
(Unival) en 1987, il n’y a jamais eu une évolution signifïca-
point SYFED de I’AUPELF-UREE Cependant ses liaisons
tive de l’organisation de la gestion de l’Information
et ses échanges avec les différentes réseaux documentaires
Scientifique et Technique (IST) dans l’Institut (absence d’un
sont le plus souvent passifs.
cadre politique, inadéquation entre l’ofli-e en information et
la demande, érosion des ressources humaines, inadaptation
des diverses publications de I’ISRA, manque de suivi de la
Productions de semences
documentation, obsolescence des outils).
De par son ancienneté et son expérience, la filière des
Les publications sont un des éléments tangibles de l’activité
semences céréalières et légumières est la mieux organisée.
scientifique de l’Institut. Plusieurs séries de collections ont
Cependant la demanc!c est moins bien appréhendée actuelle-
permis aux chercheurs de diffilser quelques résultats de
ment que par le passé et les besoins en semences certifiées à
recherche. A côté des rapports annuels, il faut aussi citer la
l’échelle nationale ne sont pas connus avec précision. Des
Revue Sénégalaise
des Recherches Agricoles et
estimations peuvent être faites à partir des superficies culti-
Halieutiques, et des séries telles que Réflexions et
vées et des délais de renouvellement du matériel végétal.
Perspectives, Etudes et Documents, Fiches Techniques,
34
Proiet d’tktn
se de I’ISRA

Analyse diagnostique de la recherche agricole au Sénégal
Les besoins estimés sont de 60000 tonnes pour l’arachide, de
1 greffés (manguiers et agrumes) et 8000 pieds-francs de
800, 500 et 200 t respectivement pour le mil, le maïs et le
fruitiers locaux, 1’ISRA reste le pivot de la filière, mais est
sorgho, de 200 t pour le niébé et enfin de 1600 t pour le riz.
loin de satisfaire la demande sans cesse croissante. On note
Ces besoins sont loin d’être couverts. En plus de l’ISRA, qui
ces dernières années une augmentation considérable du
était limité à la production des semences prébases, il existe
nombre d’exploitations fruitières qui associent surtout le
des producteurs privés qui sont insuffisamment organisés et
maraîchage à l’arboriculture. La Casamance connaît actuel-
moyennement opérationnels. La demande de semences pré-
lement des difficultés d’écoulement de sa production de
bases et bases exprimée par les privés semenciers est la sui-
plants vue la situation d’insécurité qui y prévaut, et l’encla-
vante : arachide (55 t) ; mil (32 kgs) ; sorgho (32 kgs) ; niébé
vement géographique par rapport aux autres zones de prédi-
(200 kgs) et riz (3 t). Cette demande est couverte à 95% pour
lection horticole du pays.
l’arachide et à 100% pour les autres espèces. Il existe cepen-
dant, une demande relativement importante en provenance
La satisfaction des besoins nationaux en semences fores-
des ONG et producteurs pour la consommation.
tières est actuellement confiée au Projet National des
Semences Forestières (PRONASEF) dont le volet recherche
La production des semences maraîchères est en général
est pris en charge par le CNRF de 1’ISRA. Avant le PRO-
satisfaite par I’ISRA (CDH), le Projet Semences L&umières
NASEF (1994), 1’ISRA était le seul organisme chargé de la
(PSL), les privés (TROPI-CASEM, SENCHIM, etc...), les
récolte, du stockage, de la conservation et de la diffusion des
particuliers non autorisés et par autoproduction au niveau
semences forestières au Sénégal. Actuellement la diffusion
des paysans. L’état considère que I’ISRA doit produire les
à grande échelle de celles-ci est confiée au PRONASEF.
semences prébases, le PSL les semences bases, et les Privés
Cependant, I’ISRA, en plus du volet recherche, continue à
les semences standards commerciales. Mais en réalité, toutes
mener des activités limitées de production et de diffusion de
ces structures produisent des semences standards (Rl). Les
semences forestières (en moyenne 200 kg/an). Dans ce
besoins en graines s’élèvent à 76 tonnes par an dont 60 t/an
cadre, I’ISRA a été doté du Laboratoire National de
pour les haricots verts couverts à 100% par les importations,
Recherches sur les Semences Forestières (LNRSF) installé
16 t/an pour les autres légumes couverts à 12- 15 % par la
au CNRF de Hann ainsi que des infrastructures d’appui
production locale (75% pouvant être produits localement).
(chambre froide de grande capacité, pépinière, serre, etc).
Les besoins en semences pour la pomme de terre s’élèvent à
Cette structure de recherche dispose actuellement d’une des
2600 t/an, couverts à 4% seulement par la production loca-
plus grandes collections de l’Afrique de l’Ouest. Les besoins
le. Ceci démontre que les potentialités existantes sont loin
exprimés pour les 20 prochaines années à 1 O- 15 millions de
d’être exploitées. Grâce aux acquis de l’ISRA, il devrait être
plants forestiers par an pourraient être couverts à 100 %,
possible par une production locale contrôlée, d’accroître les
grâce à l’abondance des ressources et à condition que l’ap-
semences des légumes de type africain et de la pomme de
proche participative de la population initiée par les projets
terre. Il convient de noter que la filière semences maraî-
forestiers soit poursuivie par le PRONASEF.
chères est contrôlée par la DISEM qui est aussi chargée de
l’homologation des semences et des variétés.
La filière des semences de coton est assez particulière, car
elle est totalement contrôlée par la SODEFITEX. Celle-ci
La production de semences et plants fruitiers est principale-
finance I’ISRA pour la production de plantes initiales. Les
ment faite par l’ISRA, à travers ses pépinières des stations
générations ZOO0 et ZOO sont produites dans la station de
fruitières du Km 15 (Dakar), de Ndiol et du Jardin d’essais
Sinthiou Malème et dans les PAPEM de Missirah et
de Sor (Saint Louis). Cependant il existe une production à
Vélingara. Les générations ultérieures sont produites par les
petite échelle de plants fruitiers faite par des pépiniéristes
paysans encadrés par la SODEFITEX. Une des caractéris-
privés en Casamance (Projet de Diouloulou, AK. Rupert,
tiques de cette filière est que la multiplication n’est pas dis-
Vartrop Gérard, etc...) et dans les Niayes (FRUITAF, Daouda
sociée de la production de coton fibre, la semence étant
SARR, etc...). La production des privés concernent plus par-
considérée comme un sous-produit. La demande est satisfai-
ticulièrement les plants de manguiers. Il existe également de
te avec une production globale de l’ordre d’une tonne/an.
petits producteurs de fleurs d’ornement qui intègrent dans
leur production des plants fruitiers issus de semences (man-
Les contraintes et faiblesses identifiées pour la rentabilisa-
guiers pieds-francs, sapotilliers, corrossoliers, goyaviers,
tion du secteur des semences à I’ISRA se situe au niveau de
etc...). Avec une production annuelle d’environ 20000 plants
la production, de la commercialisation et de la gestion. Ainsi,
les capacités réelles de production sont sous exploitées en
35

Analyse diagnostique de la recherche agricole au SBnégal
raison de moyens de production insuffisants, de difficultés
organisationnel avec la recherche permanente d’une organi-
d’écoulement des produits et de contraintes réglementaires.
sation alliant label de qualité et autonomie de gestion de pro-
La limitation quantitative (semences de prébase (G3) pour
duction, et par une absence de réglementation rapprochant la
les espèces diverses et semences de base pour l’arachide)
production des éleveurs. Il existe aussi un problème dans la
constitue aussi une faiblesse de la structure de production
répartition des recettes entre la production et les autres acti-
des semences céréalières et légumineuses. De même, la
vités du centre. Il convient de noter des lenteurs dans le sys-
faible enveloppe budgétaire alloué au secteur, l’insuffisance
tème de commande des intrants et l’absence d’une véritable
et la vétusté des équipements, la non maîtrise des coûts de
politique de commercialisation marquée par la faiblesse du
production, la connaissance insuffisante des besoins réels
réseau de distribution malgré l’importance du marché
par variété des utilisateurs, l’inadéquation entre l’offre
domestique et étranger. Enfin, le secteur des vaccins ne maî-
(faible) et la demande, et l’absence totale de politique com-
trise pas ses coûts de production à cause en particulier de la
merciale sont autant de faiblesses dans la production de
proportion importante de constituants chimiques importés
semences de l’Institut. Concernant la commercialisation,
entrant dans la fabrication.
celle-ci est souvent réduite à la demande « traditionnelle » ,
et le potentiel réel existant est très peu exploité faute de pros-
La capacité de production de vaccins au LNERV est supé-
pection. Enfin, les investissements initiaux de 1’ISRA ne
rieure à la demande actuelle. En 199 1, le LNERV n’a fonc-
sont pas pris en compte dans la détermination des coûts de
tionné qu’à 30% de sa capacité à cause principalement d’une
production. Plus particulièrement, la gestion administrative
concurrence importante des nombreux laboratoires africains
et financière est inadaptée aux exigences d’une structure de
et internationaux. La production de vaccins doit donc être
production et se traduit par un manque et/ou une insufisan-
réorganisée dans un souci de productivité et de rentabilité au
ce de la trésorerie, des diffkultés pour le respect du calen-
sein d’une structure autonome car il existe un marché poten-
drier cultural, le retard de paiements de la main d’oeuvre
tiel, renforcé par l’effet de la dévaluation, aussi bien au
journalière - entraînant une démotivation du personnel aux
niveau national qu’au niveau sous régional. L’Institut doit
activités de production - et des approvisionnements en
saisir cette opportunité majeure pour innover de façon à
intrants agricoles, un processus de décaissement complexe et
améliorer ses recettes financières propres.
pour finir par un amalgame entre les activités de recherches
et celles de production. Les prix de vente pratiqués ne tien-
nent pas toujours compte des prix réels du marché.
Expertises et services
Les nombreuses sollicitations de I’ISRA et des chercheurs
Productions de vaccins
nationaux sont la preuve de la qualité de l’expertise scienti-
fique. L’Institut accueille dans ses stations expérimentales,
Comme pour la production de semences, 1’ISRA possède de
dans ses laboratoires et services, des élèves, des étudiants et
nombreux atouts en ce qui concerne la production de vac-
des chercheurs stagiaires en provenance aussi bien des autres
cins. Le Laboratoire National d’Elevage et de Recherches
structures nationales (UCAD, ENSUT, ENSA, ENCR,
Vétérinaires (LNERV) fabrique actuellement 24 types de
EATA) que des autres pays africains en particulier des uni-
vaccins commercialisés concernant la plupart des grandes
versités pour la formation pratique des étudiants. Il contribue
maladies endémiques des espèces animales domestiques et
à la formation des professionnels de l’agriculture, plus parti-
sauvages.
culièrement ceux de l’horticulture, et des industriels. Les
enseignements dispensés dans les institutions nationales de
Le LNERV dispose pour la production d’une bonne infra-
formation et l’énorme production scientifique des cher-
structure et d’équipements légers et performants. De par la
cheurs confirment leurs performances. Les chercheurs natio-
gamme variée de vaccins proposée et la longue histoire de la
naux sont de plus sollicités pour des conseils aux décideurs
recherche en santé animale (70 années d’existence), le
politiques et pour des conseils scientifiques au niveau régio-
LNERV bénéficie d’une reconnaissance importante de la
nal et international.
qualité de son expertise dans toute l’Afrique. La production
destinée à 60 - 70% à l’exportation le prouve. Pourtant des
faiblesses importantes sont à noter dans la filière vaccins.
Dans leur majorité, elles sont du même ordre que celles des
semences. Elles sont marquées par une instabilité d’ordre
>
36

Analyse diagnostique de la recherche agricole au Sénégal
Formation et évaluation des chercheurs
Les formations de longue durée sont en contradiction avec la
fonction des techniciens d’assistance au chercheur et de
L’effectif de I’ISRA, toutes catégories confondues se chif-
suivi des activités de recherche pendant l’absence de ce der-
frait en Septembre 1995 à 538 agents (442 contractuels, 31
nier. De plus, il n’existe pas de possibilité de reclassement
expatriés, 62 fonctionnaires et 3 militaires) dont moins de
pour les techniciens à un poste de catégorie supérieure après
10% de femmes. Le nombre de chercheurs s’élevait à 15 1
la formation.
dont 33 expatriés.
Malgré une formation diplomante de qualité, il faut relever
Un des objectifs fixés à 1’ISRA lors de sa création était la
plusieurs faiblesses dans ce secteur. La principale faiblesse
promotion et la participation à la formation du personnel de
est l’absence de politique, de stratégie et de planification
recherche. On peut affirmer que, quantitativement et qualita-
concertées - à l’exception de la tentative faite à l’occasion de
tivement, les résultats sont appréciables et constituent même
l’adoption du plan quinquennal 1988-1992 - avec pour
une des forces majeures de l’Institut. Le nombre de cher-
conséquences non seulement un arrêt systématique et donc
cheurs sénégalais qui était de huit (8) en 1975, a été forte-
un manque de continuité des recherches en cas d’absence
ment accru surtout à partir de 1978/79 et jusqu’en 1987
d’un chercheur pour une formation de longue durée mais
grâce à une politique très active de recrutement et de forma-
aussi des relations médiocres entre les activités de formation
tion de jeunes chercheurs nationaux en provenance de pays
et les besoins des programmes de recherche (p.e. la biomé-
occidentaux. Une autre voie consistait à recruter des étu-
trie et les sciences sociales ont été constamment marginali-
diants titulaires de diplômes de deuxième cycle universitaire
sées). Certains de ces programmes peuvent ainsi être
et de les envoyer en formation de longue durée à l’étranger
dépourvus de compétences suffisantes dans les domaines et
pour une spécialisation dans les différentes disciplines scien-
disciplines scientifiques essentiels pour la réalisation des
tifiques. Ce nombre baisse cependant entre 1985 et 1987 du
objectifs de recherche.
fait des départs volontaires. En 1987, I’ISRA comptait envi-
ron 150 chercheurs dont un tiers d’expatriés. Après la pre-
En outre, les chercheurs bénéficient d’un faible appui tech-
mière déflation de personnel qui n’a d’ailleurs pas concerné
nique avec un seul technicien supérieur pour plus de deux
le corps des chercheurs, 1’ISRA a eu la volonté, dans le cadre
chercheurs et avec en moyenne deux techniciens par cher-
du PRAl, d’organiser la formation sous la forme d’un plan
cheur. Pour finir, il convient de souligner l’insuffisance de
quinquennal. Ce plan, qui n’a pas réellement abouti, visait
l’encadrement des jeunes chercheurs.
entre autres objectifs, l’augmentation du nombre de cher-
cheurs généralistes par la formation diplomante. A partir de
Le niveau de formation des techniciens de laboratoire ou de
1990, 1’ISRA a pu réaliser un nombre important de forma-
terrain au recrutement dépasse rarement le brevet élémentai-
tion de longue durée qui a permis d’améliorer le niveau des
re de premier cycle pour les plus anciens. Ils sont expérimen-
chercheurs et qui permettra encore d’augmenter sensible-
tés dans leur grande majorité. Un effort très important a déjà
ment le nombre de titulaires d’un phD d’ici 1998.
été réalisé par I’ISRA pour leur formation de courte durée, en
particulier pour leur perfectionnement pour des techniques
La majorité du personnel chercheur a aujourd’hui un bon
essentielles à l’exécution des programmes auxquels ils sont
niveau de formation. Sur un effectif de cent vingt quatre
associés. Des formations leur permettant d’acquérir des
(124) chercheurs, il est reporté par le Service de
connaissances de base ont été plus difficiles à réaliser.
1’Administration et des Ressources Humaines en 1994 que
quarante (40) sont titulaires d’un doctorat (toutes thèses
Les cadres supérieurs techniques assurent l’assistance en
confondues) et quatre vingt quatre (84) ont le niveau d’un
matière d’informatique, de documentation/publication, de
Master (tous niveaux Bac plus cinq ans confondus). Les
maintenance et de production nécessaire à la bonne condui-
chercheurs recrutés proviennent d’écoles, d’universités et
te des recherches. Leur nombre est limité à sept (7) et leur
d’instituts de formation très diversifiés géographiquement
catégorie professionnelle n’est pas spécifiée. Certains sont
(USA, Canada, URSS, Europe, Maghreb).
assimilés par compromis aux chercheurs, d’autres aux assis-
tants. A l’instar du personnel cadre de recherche, les salaires
Les techniciens supérieurs sont très peu nombreux. Plusieurs
que leur otfi-e l’Institut sont peu compétitifs quoiqu’un effort
questions relatives à la politique de formation et de gestion
particulier ait été consenti aux informaticiens.
des carrières de l’Institut se posent quant à la formation
diplomante et la promotion des techniciens.
f’roiet d’Entr ~~ulse de I’ISRA
37

Analyse diagnostique de la recherche agricole au Sénégal
Les cadres supérieurs de gestion ont le niveau de la licence
Ressources humaines
ou de la maîtrise en sciences économiques et sociales.
Certains sont titulaires d’un DESS. Les besoins pour ce
Pour des raisons financières l’Institut a subi deux déflations
niveau de recrutement sont largement couvert par le marché
successives en 1987 et 199 1. Ceci a fait passé ses effectifs de
du travail. Les cadres moyens de gestion ont une formation
1400 à 600 agents.
équivalente au baccalauréat plus deux années d’études supé-
rieures. Ils sont souvent utilisés à des postes de cadres supé-
A cela s’ajoutent les effets d’une mauvaise politique de ges-
rieurs et sont bien rémunérés par rapport aux cadres moyens
tion des ressources humaines :
techniques. Les problèmes liés à la formation des personnels
administratifs relèvent des mesures d’accompagnement de
absence de plan de carrière ;
l
l’information du système comptable et concernent essentiel-
distorsion en matière de politique de formation entre
l
lement des formations en informatique et sur l’outil infor-
chercheurs et autres catégories de personnels ;
matique auxquelles il faut associer les secrétaires pour des
d’un système d’évaluation fiable et acceptable par toutes
l
besoins spécifiques. L’aménagement du temps de travail
les parties impliquées.
pour une formation diplomante pose problème aux person-
nels administratifs et comptables. Pour ces personnels, celle-
ci n’a ainsi pas donné satisfaction malgré l’effort de finance-
Ressources financières
ment consenti par la direction générale. Outre le problème de
disponibilité, se pose celui de motivation pour une formation
Les bailleurs de fonds ont joué un rôle important dans le
contraignante non sanctionnée par une promotion ou une
financement de la recherche agricole publique sénégalaise.
rémunération compétitive.
Entre 1975 et 1985, les bailleurs les plus importants étaient
la France, I’USAID, la Communauté Européenne, et la
En terme d’évaluation, les procédures et les critères existent
Banque Mondiale. Au début des années 80, quatre projets
et fonctionnent mais ne sont pas appliqués dans les prises de
d’envergure sont financés par des bailleurs internationaux:
décisions. La session extraordinaire du Comité Scientifique
(1) le projet FAO/Belgique sur les cultures horticoles; (2) le
et Technique tenue du 24 au 29 Mai 1993 a permis à I’ISRA
projet CILSFA de (< lutte intégrée »; (3) le projet de
de procéder pour la première fois à l’évaluation initiale de
recherche agricole de la Banque Mondiale; (4) le projet
son personnel sur la base d’un dossier individuel constitué
Agricultural Research and Planning MSU/ USAID. Depuis
par chaque chercheur. L’examen de 89 dossiers a donné des
1985, les fonds d’aide ou prêts permettent à I’ISRA d’assu-
résultats acceptés par la majorité des chercheurs mais qui
rer une grande partie (quelquefois jusqu’à plus de 70%) de
n’ont eu jusqu’à présent aucun effet sur leur carrière (avan-
ses dépenses en personnel et en fonctionnement. Toutefois, à
cement, prime de productivité, etc...).
la fin des années 80, la quantité de fonds étrangers alloués a
enregistré une baisse qui est régulière depuis 1990.
Aujourd’hui, les prêts constituent une part importante des
ressources.
Les facteurs explicatifs des performances
Cette situation qui conditionne le fonctionnement des pro-
grammes et des structures n’a pas influé sur l’indépendance
de I’ISRA dans la définition de ses priorités de recherches au
niveau national ou régional.
Le Sénégal dispose d’un important potentiel de compétences
Il est difficile d’avoir des données précises et détaillées pour
et d’expertises confirmées dans les différents secteurs de la
évaluer les contraintes financières de l’Institut mais on peut
recherche agricole et agro-alimentaires. Il bénéficie aussi
au moins énumérer celles qui sont bien connues. Les res-
d’une bonne implantation de la recherche agricole sur l’en-
sources financières semblent globalement suffisantes. La
semble des zones agro-écologiques et d’équipements et
diversité des sources et les règles d’utilisation entraînent des
infrastructures modernes. Malgré ces atouts, I’ISRA est
rigidités importantes. Ainsi certains secteurs peuvent se trou-
confronté à de nombreuses contraintes qui limitent ses per-
ver dans l’aisance, alors que d’autres ne disposent pas de res-
formances.
sources sufIkntes.
38
f’roiet d’Entremise
de I’ISFU

Analyse diagnostique de la recherche agricole au Sénégal
La plupart des projets et conventions se sont traduites par la
Compte tenu de la diminution progressive des ressources
mise en oeuvre de nouvelles activités qui sont venues s’ajou-
financières et de l’absence d’une véritable politique de ges-
ter à celles existantes d’où des charges de personnel, de fonc-
tion patrimoniale, cette richesse de l’outil de travail s’est
tionnement, et d’entretien qui restent après. Cela explique
transformée au cours des années en un réel poids pour le
pour une part le découvert budgétaire permanent auprès du
développement de la recherche agricole.
Trésor Public qui est en fait un déficit. Le budget national est
entièrement absorbé par les salaires du personnel national.
La deuxième cause est liée au surdimensionnement des
Seuls les financements des bailleurs de fonds ont permis
infrastructures et des équipements compte tenu des res-
jusque là de disposer de fonds pour le fonctionnement et les
sources financières disponibles. Entre 1982 et 1995,
investissements. Il résulte de cela une évolution erratique du
l’Institut a connu beaucoup de bouleversements concernant
budget liées à la signature, au renouvellement ou à l’arrêt des
son organisation et son fonctionnement. Face au refus de
financements extérieurs. Cette situation est aggravée par les
régulation, on assiste à un surdimensionnement de l’institu-
faiblesses de gestion souvent soulignées. En fait, I’ISRA est
tion avec pour conséquence la détérioration des infrastruc-
souvent confronté à une crise de trésorerie et à l’incertitude
tures, des gros équipements et des laboratoires. Plusieurs
quant à la mise en oeuvre des activités programmées et leur
structures mises en place avant la création de 1’ISRA et en
poursuite avec des conséquences évidentes sur les activités
particulier de nombreux PAPEM et les Unités
de recherche.
Expérimentales sont abandonnés. Il faut malheureusement
insister et noter que la propension à s’équiper est favorisée
non seulement par l’Institut mais aussi par les bailleurs de
Infrastructures et équipements
fonds. Ces derniers financent en effet quelquefois des équi-
pements qui ne sont justifiés par aucun programme de
Si les ressources humaines sont le capital le plus important
recherche. Enfin, le dernier problème posé par les équipe-
d’un institut de recherche (d’où l’importance de leur bonne
ments et les infrastructures concerne leur entretien. La vétus-
gestion), les ressources matérielles n’en sont pas moins pré-
té de certains laboratoires crée des doutes sérieux sur la fia-
cieuses La très grande majorité des infrastructures,
gros
bilité des résultats. Un peu partout du matériel et des appa-
équipements et laboratoires de l’Institut ont été hérités de la
reils obsolètes coexistent avec des équipements neufs et
période coloniale et post-coloniale (1960-l 975). Toutefois,
sophistiqués dans des locaux délabrés, non entretenus et ne
depuis sa création, le patrimoine de 1’ISRA a augmenté
remplissant pas les normes de sécurité. Le manque de per-
significativement, avec notamment l’installation des centres
sonnel compétent et de moyens explique pour une grande
de recherche de Kaolack en 1978, de Saint Louis en 1985
part cette carence dans l’entretien et la maintenance. La
(initialement conçu pour abriter la Direction Générale), et
négligence et le manque de rigueur et d’organisation y ont
celui de Tambacounda en 1986, la construction du PAPEM
cependant leur part.
de Thilmakha en 1976 et d’une dizaine de points d’appui
concernant les productions forestières entre 1976 et 1992.
Enfin, la gestion du patrimoine de l’Institut révèle des pro-
Les deux projets de recherche agricole (PRA 1 et II) qu’a
blèmes semblables à ceux rencontrés dans la gestion des res-
connu l’Institut, ont renforcé les infrastructures avec un dou-
sources humaines que sont l’absence de planification, l’in-
blement des surfaces en bureaux, avec notamment la
suffisance de coordination, la faiblesse des procédures pour
construction de la Direction Générale à Bel-Air, en labora-
la planification des besoins en matière de parcelles d’expéri-
toires et logements et l’acquisition d’importants équipe-
mentation, la lenteur dans l’approvisionnement en matériel
ments. Ainsi, un certain nombre de laboratoires sont créés et
et intrants, des procédures d’acquisition et d’affectation, le
de gros équipements acquis (MIRCEN, 1983; bateau L.
manque de personnel technique qualifié et enfin l’absence de
Sauger et le laboratoire CRODT de Ziguinchor, 1985; UTIS,
solidarité entre programmes et centres. Tous ces constats
1988; CERAAS, 1990; URCI, 1992; LNRSF, 1994).
d’insuffisances soulevés en matière d’infrastructures et
Pourtant, cette richesse matérielle n’a pas toujours été un
d’équipements portent inévitablement préjudice aux activi-
atout pour les activités de recherche. Aujourd’hui, I%RA
tés de recherche et de productions.
doit faire face à un patrimoine foncier de 12402 ha, 41 sites,
et 43 laboratoires.
La gestion de tout ce patrimoine n’a pas posé énormément
de problème avant la création de I’ISRA.
Proiet d’Entr eorise dr I’ISRA
39

Analyse diagnostique de la recherche agricole au Sénégal
Partenaires scientifiques
Clients de la recherche
L’ISRA évolue depuis 1975 dans un système de recherche
Les trois groupes importants de clients pour la recherche
agricole au sein duquel on trouve d’autres organismes.
agricole sénégalaise sont: (1) 1’Etat et les décideurs de la
politique agricole; (2) les agences de développement chargés
Au niveau national, plusieurs organismes publics (ITA,
de la vulgarisation agricole, les organisations non gouveme-
UCAD/ISE, ENSA) et privés (CSS, ONG) mènent des acti-
mentales; (3) les producteurs agricoles et leurs organisations.
vités de recherche dans le secteur agricole. Cependant les
relations et les collaborations de ces organismes n’ont jamais
L’ISRA doit fournir au gouvernement sénégalais, et plus
été systématiques et sont toujours restées occasionnelles. Il
spécialement aux ministères en charge de l’agriculture, des
est aisé de constater que la volonté politique, régulièrement
informations et des conseils pour l’élaboration de la poli-
affichée par l’Etat, de structurer ses institutions de recherche
tique agricole. Il doit recevoir en retour des instructions et
et de les piloter ne s’est pas traduite par la mise en place d’un
des moyens pour la définition de ses priorités de recherche.
véritable système national de recherche agricole. En effet,
De son côté, l’Institut réclame une reconnaissance par les
malgré l’existence d’un cadre relationnel plus ou moins suivi
décideurs de son rôle primordial dans le développement
entre les différentes structures de recherche et de développe-
agricole du Sénégal et un dialogue effkient avec des interlo-
ment, force est de reconnaître que les conditions nécessaires
cuteurs spécialistes de la recherche agricole.
à la mise en oeuvre d’un système efficace et durable ne sont
pas réunies. Il apparaît que très peu de synergies d’actions se
Initialement confiée aux services techniques des ministères,
sont développées dans le sens d’une prise en charge perma-
la vulgarisation des résultats de la recherche est progressive-
nente, concertée et opérationnelle, des objectifs du dévelop-
ment passée sous la responsabilité des agences de dévelop-
pement du secteur agricole, à l’échelle nationale. Les mul-
pement et des ONG qui devaient transmettre aux chercheurs
tiples tentatives de coordination n’ont pas abouti aux résul-
les besoins et les priorités des producteurs.
tats attendus, probablement du fait que le Sénégal ne s’est
pas donné les moyens d’une telle politique, au niveau des
Jusqu’à une date très récente, l’Institut n’a pas eu de poli-
différentes structures chargées de mener cette mission
tique très active en direction des Organisations Non
(SERST, DRAAI, DAST...). Il s’y ajoute la multiplicité des
Gouvernementales. Pourtant, les ONG de plus en plus nom-
tutelles. Cela a beaucoup gêné la prise en charge de grands
breuses, ont aujourd’hui une rôle important du fait du désen-
thèmes fédérateurs et les négociations avec les bailleurs de
gagement de 1’Etat et sont maintenant reconnues comme
fonds vers qui les différentes structures sont allées en ordre
parties prenantes dans le développement agricole.
dispersé. Il s’y ajoute aussi une situation de monopole de
I’ISRA à qui 1’Etat a alloué la quasi totalité des ressources
La plupart des relations entre la recherche et les producteurs
affectées à la recherche agricole et qui n’a pas eu les moyens
se font à travers des structures intermédiaires. Des travaux
nécessaires à une couverture correcte des différents
de recherche sont aussi menés directement avec les produc-
domaines de recherche.
teurs agricoles sous la forme d’essais en champs paysans
correspondant à la dernière phase d’expérimentation de nou-
Aujourd’hui, 1’ISRA participe aux réseaux de recherche
velles variétés ou de produits phytosanitaires avant qu’ils ne
crées ces dernières années en Afrique et coordonnées par la
soient proposés à la prévulgarisation.
CORAF et le SAFGRAD, ILRI, ADRAO, l’Institut du Sahel
et le projet de Lutte Intégrée CILSS qui ont permis le déve-
Ce n’est qu’en 1987 qu’a été créée une Unité d’Information
loppement des échanges de matériel végétal, la concertation
et de Valorisation des résultats de la.recherche (UNIVAL)
entre chercheurs des centres internationaux et des instituts
qui est en fait qu’un service centralisé de publications. A par-
nationaux.
tir de 1995, I’ISRA a contribué à la mise en place d’un cadre
de concertation entre la recherche, la vulgarisation et les pro-
Sur le plan international, la recherche agricole sénégalaise
ducteurs.
tente d’élargir et de diversifier sa coopération.
40
Proiet d’htreorise de I’ISRA

Analyse diagnostique de la I
herche agricole au Sénégal
Statut d’Etablissement Public à caractère Industriel et
producteurs qui s’organisent pour mieux affkmer leurs exi-
Commercial
gences et accroître leur efficacité dans leurs actions. Les
comités de programme assurent cette concertation. La
Le choix de ce statut pour I’ISRA était un compromis lui per-
Direction scientifique effectue le dernier arbitrage, avant la
mettant une certaine autonomie de gestion et d’un contrôle a
soumission des programmes au comité Scientifique et tech-
posteriori de sa gestion sauf pour ce qui est son personnel.
nique qui se prononce sur la pertinence des activités retenues
Ce choix induisait une logique différente de sa finalité scien-
et sur l’adéquation avec les ressources humaines et finan-
tifique. Les implications de cette logique ses inconvénients
cières affectées à ces recherches.
et ses contraintes sont apparus dans l’exercice de la tutelle,
dans la gestion scientifique administrative, dans la gestion
Les ressources financières annuelles ne sont arrêtées que sur
financière, comptable et du personnel ainsi que dans la ges-
la base d’une certitude de leur acquisition avec des proto-
tion des services et outils communs.
coles d’accord dûment signés par l’autorité de 1’ISRA. Un
effort a été fait par ailleurs ces dernières années par la
L’organisation de I’ISRA en grands domaines de recherche
Direction Générale pour un suivi de l’ensemble des conven-
ne favorise pas l’interdisciplinarité. En effet, les programmes
tions et des projets ; ces financements ne sont gérés hors
de recherche ne résultent pas d’une problématique consen-
budget que sur autorisation du Directeur Général et de
suelle acceptée par l’ensemble des spécialistes. Cette organi-
manière transitoire en attendant le prochain remaniement
sation ne facilite également pas la prise en compte effective
budgétaire.
de la dimension régionale dans la programmation des activi-
tés de recherche. Celle-ci se fait de façon sectorielle, entraî-
Les ressources sur budget national ne couvrent pas la masse
nant ainsi un cloisonnement au préjudice des programmes
salariale et les ressources des projets et conventions sont
conjoints. De plus l’existence de nombreux démembrements
pour l’essentiel affectées à des activités précises. Il y a donc
des directions de recherche (DRA, chercheurs leader, coor-
toujours eu très peu de flexibilité dans l’affectation des res-
donnateurs), multiplie les centres de décisions, allonge les
sources.
niveaux hiérarchiques et ne permet pas une bonne circula-
tion de l’information. Ceci est d’autant plus vrai, que la dis-
persion géographique des centres sous tutelle ne facilite pas
Conclusions
une prise de décision efficace. Les centres de décision (la
tutelle) étant souvent éloignés des dépositaires de l’informa-
Les facteurs explicatifs des performances insuffkantes par
tion.
rapport aux exigences du développement agricole du pays
sont multiples.
Le statut d’EPIC présente des inconvénients qui se reflètent
dans l’organisation administrative, financière et comptable.
Malgré les efforts importants déjà faits, la qualité des res-
En effet, il existe un décalage entre l’organisation scienti-
sources humaines n’est pas encore en adéquation avec les
fique et l’organisation de gestion exagérément centralisée et
besoins qu’il s’agisse des chercheurs, des techniciens et des
rendant inopérationnelles les procédures. De même, le
gestionnaires. Les politiques et les règles concernant la
manque de flexibilité, la mauvaise circulation de l’informa-
sélection du personnel et sa motivation ne sont pas toujours
tion suite à l’allongement des niveaux hiérarchiques sont des
efficientes ni toujours appliquées.
contraintes à la gestion.
La baisse progressive des ressources du budget national et
les contraintes de mobilisation, liées à l’ajustement structu-
Planification, programmation et affectation
rel, la dépendance structurelle des ressources financières
des ressources
extérieures, la multiplicité des procédures financières sont
une contrainte permanente à la réalisation effective des acti-
La procédure d’élaboration des programmes de recherche et
vités planifiées et programmées. Ces contraintes financières
des budgets de 1’ISRA est annuelle. Elle implique tous les
entraînent un cloisonnement et un émiettement des
partenaires de la recherche (services techniques, ONG, OP).
recherches.
Les orientations et les priorités du gouvernement comme
dans le passé sont donc prises en compte ainsi que celles des
4 1

Analyse diagnostique de la recherche agricole au Sén&al
Elles se traduisent aussi par une détérioration progressive
L’organisation et les procédures de planification-évaluation
des infrastructures et des équipements, détérioration qui
et de gestion scientifique, administrative, financière et
remet en cause la qualité scientifique des expérimentations
comptable font depuis la création de l’Institut, l’objet de
menées sur le terrain et en laboratoire.
multiples tentatives de réforme sans succès probant.
42

Analyse prospective
de la recherche agricole
au Sénégalü’
“‘contient :
Les demandes adressées A I’ISRA
.................................................
.45
Environnement socio-économique.. ..................................................
.53
L e s contraintes et opportunités internes.. .....................................
.45
Evolution démographique ............................................................
5 3
Institutions e t acteurs d u développement
agricole..
.................... 5 4
Environnement a g r i c o l e . . ................................................................
.45
Evolution financière.. .................................................................
.54
Avancées scientifiques et techniques. ..........................................
5 4
Secteurs agricoles: des performances aux défis. ...................... 4 6
Evolution d e s ressources humaines.. ..........................................
.55
Gestion d e s ressources naturelles............................................
.49
L e s futurs
o u scénarios possibles d’évolution.. ..........................
.55
Aspect économique d u secteur a g r i c o l e . . ................................
.5 1
Politiques a g r i c o l e s ..................................................................
5 1

Analyse prospective de la recherche agricole au Sénégal
L‘analyse prospective doit tenir compte d’un ensemble de la masse salariale après deux déflations limitant fortement
d’éléments qui sont les demandes adressées à I’ISRA et
les possibilités de recrutement et contraignant à des écono-
les contraintes et opportunités internes.
mies d’échelle; (3) la dispersion des infrastructures et des
équipements sur tout le territoire national qui est un avanta-
ge dans la mesure où elle rapproche la recherche de ses
clients et facilite la prise en compte des diversités agro-éco-
Les demandes adressées à I’ISRA
logiques, mais qui est aussi une forte contrainte en termes de
communications et de coût élevé des investissements à réa-
liser, à entretenir et à renouveler; (4) le statut de l’Institut qui
remplit une mission de service public limitant forcément
L’Institut doit répondre à plusieurs types de demandes: (1)
l’autonomie et la souplesse de fonctionnement mais qui
des demandes d’innovations techniques et organisation-
donne une légitimité et facilite l’accès à des fonds publics:
nelles par les acteurs économiques. Ces innovations sont
budget national, prêts et subventions rétrocédés par I’Etat.
produites par l’institution ou importées et adaptées par elles
(variétés créées au Sénégal ou produits chimiques testés sur
place et validés); (2) des demandes de connaissances scien-
tifiques produites ou transférées servant aux chercheurs qui
Environnement agricole
doivent les maîtriser pour mettre au point des innovations;
(3) des demandes d’informations scientifiques où dans le
domaine de ses compétences, l’Institut a mandat de mettre à
la disposition des utilisateurs, producteurs, décideurs, cher-
L’agriculture peut jouer trois (3) rôles importants dans l’éco-
cheurs et citoyens, l’information scientifique et technique
nomie sénégalaise :
produite par elle et importée (livres, articles de revue, fiches
techniques, etc...); (4) des demandes de produits (semences,
acquisition de devises ;
l
vaccins, géniteurs, etc...); (5) des demandes d’expertise (ana-
facteur d’intégration régionale ;
l
lyses chimiques, contrôles de qualité, études techniques et
élément de régulation de l’exode rural.
l
socio-économiques, etc...); (6) des demandes de formation
en y répondant dans le domaine de ses compétences et en
Pour être en mesure de jouer durablement ces trois rôles fon-
contribuant à la formation à la recherche par la recherche.
damentaux, l’agriculture devra être compétitive, diversifiée
et durable.
Pour ce faire, il y a un ensemble de préalables à considérer :
Les contraintes et opportunités internes
(1) les collectivités locales devront s’organiser pour obtenir
des outils adaptés à la gestion de systèmes de production en
pleine mutation (cadres législatifs adaptés en particulier dans
le domaine foncier, structures décentralisées de crédit agri-
L’organisation de l’Institut doit lui faciliter la réponse à ces
cole, aménagements concertés des terroirs); (2) les produc-
demandes c’est à dire lui permettre d’analyser et si possible
teurs agricoles devront également pouvoir s’organiser et
d’anticiper sur ces demandes et d’y répondre avec célérité et
influer sur la définition des politiques agricoles, de pair avec
efficience. Cela suppose que les acteurs extérieurs puissent
les distributeurs, transformateurs et consommateurs des pro-
comprendre facilement la structure pour identifier leurs
duits agricoles; (3) la transparence et la prévisibilité des mar-
interlocuteurs et les solliciter.
chés des produits agricoles devront être optimisés, l’envi-
ronnement macro-économique de la production devra être
Les principales contraintes internes qui doivent être prises en
favorable, en particulier, en limitant la pression à l’importa-
compte dans la définition de l’organisation sont: (1) la rare-
tion de produits subventionnés comme c’est le cas, au
té des chercheurs seniors capables de planifier, évaluer, coor-
Sénégal, pour le riz.
donner et animer les travaux de recherche, la difficulté à atti-
rer des gestionnaires comptables et administratifs et des
cadres techniques de haut niveau; (2) la nécessaire maîtrise
Proiet d’Entremise
de I’ISRA
45

Analyse prospective de la recherche agricole au Sénégal
Secteurs agricoles : des performances aux défis
La quantité de niébé produite a été de 42.000 tonnes en
19950996 pour une superficie cultivée de 97.000 ha soit un
La production agricole sénégalaise provient essentiellement
rendement en augmentation relative de 430 Kg/ha et une
des cultures pluviales (96% des surfaces emblavées).
augmentation de 45% par rapport à la campagne précédente.
L’analyse des statistiques agricoles enregistrées au cours des
dix dernières campagnes montre que les productions agri-
Le recul constant de l’arachide d’huilerie (678.000 tonnes en
coles vivrières notamment céréalières (mil/sorgho, riz, et
94/95 contre 1.139.000 tonnes en 1982/1983) par rapport
maïs) ont connu une légère progression avec néanmoins des
aux autres cultures trouve son origine dans la dégradation
fluctuations très marquées selon les années et la pluviomé-
des conditions agricoles et pédologiques, le vieillissement
trie. Elles sont passées de moins de 700.000 tonnes en
des équipements et la diminution en quantité et en qualité
moyenne sur la période 1960/1985 à un peu plus d’un mil-
des semences. Il faut pourtant noter que la production reste
lion de tonnes en 1995/1996 dont 794.000 t de mil/sorgho
bonne chaque fois que les conditions climatiques ont été
(+27% par rapport à la campagne précédente), 107.000 t de
favorables. Néanmoins, même si les productions et les ren-
mais (+7.4%), et 155.000 t de riz-paddy (+7.8%). Cette
dements annuels connaissent des variations liées aux situa-
hausse relative constatée au cours de la dernière décennie,
tions pluviométriques, il est peu probable que la surexploita-
est imputable à l’accroissement des emblavures en céréales
tion des terres du Bassin Arachidier déjà sufftsamment épui-
au détriment des spéculations arachidières mais aussi à de
sées permettra difficilement de dépasser un rendement de
meilleures conditions hivernales entraînant un accroisse-
1000 Kg à l’hectare.
ment sensible des rendements.
Pour la filière cotonnière, la production a progressé avec une
La production de riz est passée de 136.000 tonnes en
percée de 52.000 tonnes au cours de la campagne
1984/1985 pour atteindre uneproduction record de plus de
199111992. Cependant l’évolution observée ces quatre der-
193.000 tonnes au cours de la campagne 199311994. Depuis
nières années indique une tendance à la baisse. La produc-
cette campagne, la tendance est à la baisse (155.000 tonnes
tion s’est établie à 30.000 tonnes par an en moyenne. Cette
en 1995/1996) dans la vallée du fleuve du fait en particulier
baisse s’explique par une légère diminution des surfaces cul-
des modifications intervenues dans la commercialisation et
tivées, passant de 44.000 hectares en 91-92 à 33.900 ha en
la transformation et des difficultés d’accès au crédit. Ceci a
94-95 du fait d’une concurrence commerciale avec l’arachi-
été accentué par un endettement considérable des agricul-
de dans la zone cotonnière. A moyen terme, les objectifs de
teurs et le renchérissement des coûts de production consécu-
production visent 80.000 tonnes de coton graine sur une
tif à la dévaluation du CFA.
superficie de 67.000 ha.
Malgré les performances de la production céréalière natio-
L’horticulture est un domaine où le Sénégal a un avantage
nale enregistrées ces dernières années, avec un taux de crois-
comparatif certain. La filière horticole a enregistré, une satis-
sance moyen annuel de 3% sensiblement équivalent au taux
faction des besoins de l’ordre de 70% pour une période de 6
de croissance démographique, le déficit de la filière reste
à 8 mois sur l’année. La production est passée de près de
important. Les importations céréalières (riz, blé) sont esti-
152.000 tonnes en 1990/1991 à 182.000 tonnes en
mées à 468.700 tonnes par an dont 357.500 tonnes de riz.
1993/1994 dont 80% proviennent de la zone des Niayes. Les
Elles pourraient atteindre 700.000 tonnes à l’horizon 2015.
exportations qui avaient fortement régressé, ont connu une
progression de 70% entre 1991/1992 et 19920993. Depuis
Concernant l’arachide de bouche, la production est passée de
cette
période, elles connaissent une stagnation.
13.000 tonnes en 19840985 à 36.000 tonnes en 19950996
Contrairement aux autres filières dont les productions sont
soit une progression moyenne annuelle de 9.1%. Les super-
conditionnées par la pluviométrie et la quantité ou la qualité
ficies consacrées à l’arachide de bouche ont connu durant la
des surfaces cultivées, le développement de la filière horti-
période une progression passant de 15.000 ha en moyenne
cole est entravé essentiellement pour des raisons de distribu-
au début des années 80 à environ 40.000 ha en 1995 alors
tion. La conservation et le stockage, I’insufEïsance du réseau
que le rendement à l’hectare diminuait et passait à 915
de frêt aérien, la sous-exploitation du frêt maritime, la vive
Kgiha.
concurrence des autres pays et la cherté du coût du frêt en
sont les obstacles principaux.

Analyse prospective de la recherche agricole au Sénégal
Avec 7% du PIB national, dans le secteur primaire, l’éleva-
Il existe donc des menaces qui pèsent sur les ressources
ge vient au second rang après l’agriculture. Concernant les
halieutiques. Concernant la pêche continentale, il a été
productions animales, le cheptel est passé pour les bovins,
constaté une régression des captures due essentiellement au
les ovins et les caprins respectivement de 2.424.000 à
déficit pluviométrique de ces dernières années, à des modi-
2800.000, de 1.966.000 à 4.600.000 et de 982.000 à
fications hydrodynamiques des principaux cours d’eau et à
3.200.000, de 1981 à 1994. Cette croissance est le fait d’une
la pollution chimique. En outre, la mauvaise organisation
amélioration de l’organisation de la filière élevage et du
des pêcheurs et l’usage de méthodes d’exploitation inappro-
développement de la pratique d’embouche bovine et ovine.
priées font que la pêche continentale ne connaît toujours pas
Le secteur bénéficie en outre d’une quantité importante de
de développement à la mesure de son potentiel.
biomasse herbacée évaluée à 40 millions de tonnes de matiè-
re sèche. Ainsi, la production annuelle de viande de ruminant
Enfin, le secteur forestier contribue, entre autres, à la satis-
est passée de 46 000 en 1981 à 77 000 tonnes en 1994. Elle
faction des besoins énergétiques de la population sénégalai-
devra atteindre 134.000 tonnes en l’an 2000. En conséquen-
se qui consomme en grande quantité du charbon de bois
ce, les importations ont baissé (5000 tonnes en 1987 et 2000
(60% du bilan énergie nationale). Cependant, la superficie
tonnes en 1992). Le taux de couverture des besoins en pro-
des formations forestières ne cesse de régresser passant de
duction de poussins a atteint 45% en 1992 grâce au double-
12.7 millions d’hectares en 1981 à 11.9 millions en 1991,
ment de la production entre 1987 et 1992. La production lai-
soit une déforestation nette de 80.000 ha par an. De fait, les
tière, quant à elle, ne satisfait pas encore la demande, ce qui
ressources ligneuses se dégradent de plus en plus avec une
nécessite des importations de l’ordre de 20.000 tonnes par
surexploitation évaluée à 2 millions de m3 par an sur une
an. Malgré des performances certaines, la progression de la
potentialité de 8.638.000 m3. A court terme, des problèmes
production de viande est loin de suivre l’évolution du taux de
dans l’approvisionnement en bois vont apparaître dans les
croissance démographique entraînant la baisse moyenne de
foyers sénégalais.
la quantité de viande disponible qui est passé de 18 à 10 kg
per capita de 1985 à 1993. On peut craindre que ce déséqui-
Comme dans la grande majorité des pays en développement,
libre se renforce dans les prochaines années. Le sous-secteur
au Sénégal, le secteur primaire a la lourde responsabilité
de l’élevage est aujourd’hui marqué par les systèmes exten-
d’assurer au mieux l’approvisionnement des populations
sifs, malgré certaines expériences d’intensification des pro-
urbaines en produits vivriers (céréales, produits maraîchers,
ductions animales que la recherche est en train de mettre en
viande, poisson), en bois d’oeuvre et d’énergie et en autres
oeuvre. Il souffre cependant de la fragilité du pâturage due
produits d’origine agricole. Cependant, les performances
au droit foncier et à la mauvaise gestion du milieu naturel.
actuelles de l’agriculture sénégalaise ne permettent pas l’op
Ces tendances risquent de se confirmer dans l’avenir. La
timisme. Face aux contraintes des différents sous-secteurs
contribution de la recherche devra être importante pour les
agricoles, le secteur primaire devra relever un ensemble de
renverser.
défis majeurs dont les plus importants sont :
S’agissant des productions halieutiques, le sous-secteur de la
1. diversifier et augmenter les productions non
pêche assure aujourd’hui l’approvisionnement du marché
seulement en cultures vivrières afin d’approvi-
intérieur en produits frais de qualité. Il est aussi un des prin-
sionner les villes en produits agricoles, mais
cipaux pourvoyeurs de devises. La pêche artisanale a connu
aussi en cultures de rente afin d’exporter pour
un développement soutenu depuis les années soixante dix
avoir des devises ;
(70) grâce à la motorisation et à l’introduction de nouvelles
techniques de pêche et aussi grâce aux mesures incitatives
2. tirer profit du commerce international ;
dont elle a pu bénéficier. Les productions halieutiques ont
été estimées à 398.110 tonnes en 1994 contre 354.310 tonnes
3. créer des revenus et des emplois en milieu
en 1990. Toutefois, la contrainte du renouvellement du
rural.
stock, la tendance à la surexploitation (toutes pêcheries
confondues), le développement de la pêche à l’explosif et la
pollution des côtes sénégalaises sont des facteurs qui, à
terme, peuvent gêner le développement de ce sous-secteur
La recherche agricole et agm-alimentaire ê l ’ h o r i z o n 2015

Analyse prospective de la recherche agricole au Sénégal
L’agriculture sénégalaise doit faire face à une série de défis
Le Sénégal éprouve les plus grandes difficultés à diversifier
qui sont :
ses exportations et reste très ouvert aux importations. Avec la
crise économique, la baisse du pouvoir d’achat a coïncidé
Le taux de croissance élevé de la population ;
avec l’arrivée, sur les marchés mondiaux, d’excédents mas-
l
L’ampleur de la pauvreté ;
sifs de produits agricoles subventionnés condamnant
l
Les difficultés liées à l’approvisionnement des
l
presque toute tentative de production concurrente locale.
grandes villes ;
Relever le défi de la sécurité alimentaire ne pourra pas se
L’importance grandissante accordée aux pro-
l
faire sans reconquérir le marché national de plus en plus
duits transformés ;
approvisionné par des produits importés. 11 faudra pour cela
La mondialisation des marchés agricoles ;
que l’agriculture et ses productions se diversifient et s’inten-
l
La compétition scientifique ;
sifient.
l
La dégradation de l’environnement et des res-
l
sources naturelles.
L’urbanisation de la population sénégalaise va entraîner
comme on le constate déjà de profonds changements dans
Face à ces défis, I’ISRA doit :
les préférences et les styles alimentaires des consommateurs.
Pour lutter contre la concurrence des produits importés non
Renforcer et élargir sa compétitivité ;
l
seulement les agriculteurs devront diversifier et intensifier
Se diversifier ;
leurs systèmes de production mais ceux-ci devront de plus
l
Gérer ses ressources.
en plus s’intégrer dans un système agro-alimentaire national
l
capable de transporter, conserver, transformer et condition-
Le premier défi à relever est celui de la sécurité alimentaire
ner pour répondre à la demande de produits variés, bon mar-
et ses corollaires, la lutte contre la pauvreté et l’approvision-
ché et facile à préparer des consommateurs urbains. Les
nement des grandes villes. Le taux d’autosufisance alimen-
modèles de consommation qui se développent donnent une
taire est aujourd’hui à peine supérieur à 50% et tend à bais-
grande importance aux produits transformés et conditionnés
ser. Malgré une très bonne campagne agricole en 1995-l 996,
qui posent moins de contraintes pour les ménagères sou-
la production totale nette ne couvrira guère que 54% de la
mises à un nouveau style de vie qui réclament des produits
demande du pays. La disponibilité en produits alimentaires
prêts à consommer et bon marché. La transformation devient
per capita est passée de 204 Kg en 198411985 à 125 Kg en
ainsi un goulot d’étranglement dans le processus production/
1995. La population rurale et urbaine vivant en dessous du
transformation/consommation. Elle conditionne de ce fait la
seuil de pauvreté, du fait de la détérioration de son pouvoir
demande avec des retombées certaines sur la production.
d’achat, ne cesse de s’accroître et pourrait atteindre 50% de
la population totale à l’horizon 2015. A cela s’ajoute le
Les projections des tendances actuelles montrent que le
divorce entre les modèles de consommation urbaine et les
Sénégal trouvera difficilement les devises nécessaires à l’im-
capacités de production de l’écosystème local expliquant en
portation des produits vivriers et que l’aide alimentaire ne
partie l’importance des importations. A titre d’exemple, à
pourra s’y substituer. Les risques d’aggravation de la pau-
Dakar, 95.5% du riz et 98% du lait ou produits laitiers
vreté en milieu rural et en milieu urbain sont très élevés.
consommés sont importés. De plus, les villes sont caractéri-
L’agriculture sénégalaise devra donc augmenter la produc-
sées par un taux de croissance élevé de la consommation.
tion vivrière à un rythme supérieure à 3% par an tout en aug-
Pour les fruits et légumes, Dakar absorbe 40% de la consom-
mentant les productions de rente pour augmenter les res-
mation nationale ; pour le riz, la consommation per capita en
sources en devises nécessaires au comblement du déficit
milieu urbain est de 110 Kg contre 57 Kg en milieu rural et,
vivrier. L’augmentation de la production agricole sera d’au-
pour le blé, 3.8 Kg contre 3 Kg. Enfin, des problèmes de
tant plus difficile à réaliser qu’elle devra se faire essentielle-
logistique distributive se posent dans l’approvisionnement
ment par une augmentation des rendements à l’hectare et de
des centres urbains sénégalais. L’agriculture est aussi
la productivité du travail, les nouvelles surfaces à mettre en
confrontée à un taux de croissance élevé de la population
culture étant de plus en plus réduites. Les paysans devront
nationale avec un doublement prévu tous les trente ans et
donc utiliser davantage que par le passé des intrants agri-
tous les vingt cinq pour la seule ville de Dakar. En outre,
coles et des techniques améliorées accessibles à moindre
64% de la population totale du pays est concentrée sur 18%
coût.
du territoire.
48

Analyse prospective de la recherche agricole au Sénégal
Le second grand défi auquel l’agriculture sénégalaise devra
cultivées au détriment des ressources naturelles. L’effet
rapidement s’adapter est celui de la mondialisation des mar-
cumulé de cette pression foncière et de la baisse de la plu-
chés agricoles. L’agriculture est, par excellence, le secteur
viométrie enregistrée ces dernières décennies a contribué à
d’activité où pratiquement tous les biens sont échangeables
la dégradation de l’environnement et à une diminution signi-
sur le marché international. Il est donc impossible à un pays
ficative des rendements agricoles. A l’heure actuelle, la bais-
de créer une offre agricole globale stable, suffkante en quan-
se de la fertilité des sols et l’épuisement des ressources
tité, satisfaisante et quabté, rémunératrice pour les produc-
halieutiques, forestières et pastorales sont des tendances
teurs et compétitive. Autrement dit, il faut opter pour la sécu-
fortes au Sénégal. La salinisation des terres irriguées du delta
rité alimentaire.
du fleuve Sénégal, des rizières de Casamance, la dégradation
des pâturages du Ferlo par exploitation extensive, la défb-
En 1994, le commerce international a augmenté en volume
restation de la partie Sud du territoire, la dégradation des
de 9%. Cette augmentation va s’accélérer au cours du temps
terres du Bassin Arachidier, la stagnation des prises de la
à cause précisément de la libéralisation. En effet, partout on
pêche artisanale le prouvent et montrent les risques encou-
constate une mutation essentielle à savoir le passage d’une
rus. Dans ces zones, malgré une augmentation très substan-
agriculture administrée à une agriculture d’inspiration libé-
tielle de la force de travail à l’hectare, aucun accroissement
rale. L’émergence d’un secteur informel fort intégrant les
de productivité à base de travail ou de capital ne se manifes-
divers compartiments de l’économie rurale vient renforcer
te. A titre d’exemple, dans le Bassin Arachidier qui regroupe
une telle option.
la majorité de la population active rurale, on constate une
baisse de la productivité de l’ordre de 3 à 5% par an. Si les
L’augmentation de la production, l’amélioration des rende-
surfaces irriguées (4% des cultures emblavées) ont doublé en
ments et de la productivité devront assurer à la fois de
vingt ans, les superficies cultivées n’ont pas sensiblement
meilleurs revenus aux producteurs et des prix compétitifs par
varié et sont estimées à 2.237.000 ha en 1995 pour 3.800.000
rapport aux produits importés et accessibles à la grande
ha de terres cultivables correspondant à 19% de la surface
masse des consommateurs urbains. Il s’agit là, d’un troisiè-
totale du territoire. Les disponibilités en terres cultivables
me défi important pour le secteur primaire. Relever ce défi
sont déjà et seront encore plus limitées à l’avenir. En dehors
suppose que les producteurs bénéficient d’innovations et
des aménagements irrigués (300.000 ha de terres irrigables),
d’un environnement leur permettant d’accroître leur compé-
ce sont des terres marginales, sols peu profonds et sols de
titivité et leur productivité à l’unité de surface et par actif, et
pente, qui pourront être défrichées et mises en culture.
de façon durable. Les tendances actuelles ne sont pas opti-
Concernant les ressources forestières, les réserves sylvopas-
mistes. De 1976 à 1995, les superficies cultivées en arachi-
torales et les forêts classées occupent moins de 20% de la
de, en culture de rente par actif sont passées de 1.6 à 1 ha, de
superficie totale du pays. Selon certaines études -
1.0 à 0.4 ha respectivement. Elles n’ont pas varié pour les
Prospective Sénégal 20 15 (1989) et Plan d’Action Forestier
cultures vivrières. Pour augmenter la productivité, il est
du Sénégal (1993) - «les tendances qui se sont manifestées
nécessaire que le secteur primaire réunisse rapidement les
depuis deux décennies concernant la dégradation du milieu
conditions pour une intensification et une agriculture
naturel, la persistance de la sécheresse et la régression des
durable.
formations forestières, se sont confirmées et vont certaine-
ment se poursuivre longtemps encore malgré les actions de
Pour que les acteurs économiques puissent relever les défis
reboisement et de conservation entreprises ici et là par l’Etat,
du secteur primaire, 1’Etat devra être capable d’élaborer et de
les populations rurales, les ONG et les privés,...»
coordonner des politiques agricoles, agro-alimentaires et de
gestion des ressources naturelles.
L’analyse de la demande en produits forestiers montre en
effet les tendances suivantes :
Gestion des ressources naturelles
Produits ligneux
Au Sénégal, comme dans la plupart des pays de l’Afrique
Bois de service. Même si les projections faites montrent
l
de l’Ouest, le développement de la production agricole a
un bilan global positif entre les ressources forestières et
été essentiellement obtenu par accroissement des surfaces
les besoins jusqu’à l’an 2015, certaines régions (Dakar,
49

Analyse prospective de la recherche agricole au Sénégal
Thiès, Saint-Louis, Louga, Kaolack et Diourbel) présen-
disparition des gommeraies dans la zone sylvopastorale.
tent un déficit important. Cette situation entraîne l’ex-
Le niveau actuel peut cependant être augmenté jusqu’à
ploitation d’essences de valeur qui n’ont pas une voca-
5 000 tonnes/an vers l’horizon 2015, grâce au dévelop-
tion de bois de service (Acacia albida (Kad),
pement de vergers agro-sylvo-sylvicoles, à la création de
Pterocarpus erinaceus (Vène), Prosopis afiicana (Ir).
génotypes performants, l’exploitation rationnelle des
Concernant les poteaux électriques et téléphoniques, le
gommeraies, . . . etc. La production nationale de noix
Sénégal importe la totalité de ses besoins. Ceux-ci pour-
d’anacarde (Anacardium occidentale), actuellement esti-
raient cependant être satisfaits localement si les options
mée à près de 2 000 tonnesjan, va probablement doubler
de conversion des plantations de Teck (Tectona grandis),
à l’an 2015, compte tenu des efforts soutenus de reboise-
d’aménagement et de valorisation des plantations de
ment, des prix incitatifs et du taux annuel de croissance
filaos (Cusuarina equisetifolia) étaient prises.
de la demande mondiale qui est de l’ordre de 3,2 %.
Toutefois, il sera nécessaire de tenir compte des exi-
Bois d’œuvre. Le Sénégal est largement déficitaire dans
l
gences de normes de qualité pour accéder au marché
sa production de bois d’œuvre et doit faire face à une
mondial et y présenter des produits compétitifs. La pro-
demande sans cesse croissante. Qui plus est, la faible pro-
duction de gomme Mbep (Sterculia setigera) semble se
ductivité des formations naturelles va accroître la dépen-
stabiliser autour de 1 200 tonnes/an. Ce niveau de pro-
dance vis-à-vis de l’extérieur au moins jusqu’à l’horizon
duction pourrait certainement baisser du fait de I’exploi-
2015.
tation systématique des formations naturelles, des mau-
vaises techniques d’exploitation et des difficultés de
Combustibles ligneux. Le potentiel ligneux accessible
régénéra.tion des peuplements. Cette situation pourrait
l
(3,l millions de m3/an) est actuellement inférieur à la
même s?aggraver du fait que la demande est de plus en
consommation annuelle (3,5 millions de m3). Cet écart
plus forte et que l’espèce ne fait pratiquement pas l’objet
traduit ainsi une situation de déficit. Même si la situation
de reboisement.
se présente différemment selon les régions, les risques de
rupture d’approvisionnement des grandes zone de
On voit donc que les défis dans le secteur primaire sont
consommation sont d’autant plus probables que le ryth-
importants. Pour les relever tout en préservant l’environne-
me de déboisement annuel, pour l’utilisation du bois
ment, il faudra développer des techniques, des méthodes et
combustible, est deux fois plus élevé que celui de la refo-
des règles qui préservent le potentiel productif des res-
restation.
sources naturelles et permettent une augmentation à grande
échelle de la productivité des sols, des productions animales
Produits non ligneux
et de la main d’oeuvre afin de ralentir et d’arrêter le rythme
de dégradation des ressources. En d’autres termes, il faudra
Les populations s’orientent de plus en plus vers I’exploita-
trouver une alternative à leur exploitation par la mise en
tion et la commercialisation des produits non ligneux tels
oeuvre d’un système de gestion apte à garantir leur exploita-
que les l?uits, gomme, racine, écorces, feuilles, huiles, . . . etc,
tion pérenne et rationnelle.
compte tenu des revenus qu’ils génèrent.
Pour conserver les écosystèmes et préserver les ressources
Fruits et huile de palme. Les besoins du marché local
naturelles, l’agriculture est désormais contrainte à augmen-
l
sont couverts grâce à une forte importation en provenan-
ter la productivité des terres et à engager un processus d’in-
ce des pays limitrophes. Cette dépendance s’explique par
tensification. La recherche agricole aura un grand rôle à
une baisse constitue des productions nationales. Pour
jouer dans cette voie et devra trouver les moyens permettant
infléchir cette tendance, certaines dispositions ont été
de réduire, voire supprimer, le rythme de destruction des
prises : protection intégrale de certaines espèces,
forêts et de dégradation des sols et pérenniser l’exploitation
recherche en amélioration génétique, mais le déficit
durable des ressources naturelles.
demeure préoccupant.
Produits d’exportation (gomme arabique, noix d’ana-
l
carde et gomme Mbep). La production de gomme ara-
bique (Acacia senegaZ), actuellement située entre 500 et
800 tonnes, a connu des baisses importantes du fait de la
50

Analyse prospective de la recherche agricole au Sénégal
Aspect économique du secteur agricole
arachide d’huilerie devrait se poursuivre avec la réduction
des coûts de fonctionnement de la SONACOS. Concernant
Le secteur agricole occupe plus de ‘60% de la population
la crise que connaît la filière cotonnière, la tendance à la
active et s’affk-rne toujours comme un des principaux
baisse de la production est en partie imputable à un système
moteurs de l’économie sénégalaise, en termes de revenu, de
de crédit inadapté. L’objectif de redressement économique
budget et de balance commerciale. Toutefois, depuis deux
de la filière devrait se poursuivre.
décennies le secteur est en crise et la production reste insuf-
fisante. La conjonction de ressources limitées et d’une mau-
La faiblesse des revenus monétaires et l’importance relative
vaise situation climatique n’a pas permis à la production
des facteurs de péjoration climatique peuvent expliquer glo-
agricole de dépasser la croissance démographique. Ainsi le
balement la baisse sensible dans l’acquisition des facteurs
taux de croissance agricole moyen sur la décennie 198 l-
techniques de production entraînant l’absence d’une véri-
1991 a été de 2.8% soit un taux sensiblement égal à celui de
table politique d’intensification. Si les revenus des paysans
la croissance de la population rurale. La tendance actuelle du
ont enregistré une hausse par rapport à ceux des citadins, ils
secteur agricole à être déficitaire risque de s’affhmer et de
ont diminué en valeur réelle par rapport à leur niveau des
réduire son importance dans l’ensemble de l’économie séné-
années 60. Cette baisse du revenu réel des paysans a provo-
galaise.
qué la réduction très sensible de l’utilisation des intrants
agricoles. Ceci explique la baisse de la production qui n’a
La contribution du secteur agricole au PIB qui était de 18.8%
pas dépassé le croît démographique sur la période
sur la période 1960-1986 est aujourd’hui inférieure à 12%.
1980/1994. Enfin, peu adapté aux conditions réelles de pro-
Outre l’évolution défavorable de la pluviométrie, cette situa-
duction, le diffkile accès au crédit rural ne favorise pas les
tion trouve son origine notamment dans les insuffkances de
investissements.
la politique agricole et dans la baisse des cours des produits
de base sur le marché international, baisse liée à la réduction
La faiblesse de la productivité du secteur, les fortes varia-
progressive des subventions qui ont contribué à la diminu-
tions de la production, la tendance à la baisse des cours mon-
tion des revenus réels en milieu rural.
diaux du coton et de l’arachide, la dégradation des revenus
monétaires et le fort exode rural constituent une situation
Les autorités ont procédé à des relèvements de prix des pro-
préoccupante pour le secteur agricole. L’augmentation du
duits agricoles pour encourager la production et freiner les
déficit alimentaire, résultant, par ailleurs, de la forte crois-
flux de migrants vers la capitale et vers d’autres centres
sance démographique, de l’urbanisation accélérée et de la
urbains. Même si le prix moyen des cultures de rente a pro-
divergence du système de la production agricole et du systè-
gressé de 13% en termes réels entre 1980 et 1987, le bas
me de consommation est tout aussi préoccupante.
niveau des cours mondiaux, comme en 1988, a souvent
conduit les autorités à réduire le prix à la production de l’ara-
Les contraintes diverses de la croissance agricole liées aux
chide. Une analyse du prix réel au producteur pour l’arachi-
facteurs climatiques, à la saturation et à la dégradation des
de fait ressortir une baisse de 53% en termes réels sur la
terroirs, à l’utilisation de technologies inapropriées, à la
période 196 1 - 199 1. De même, le prix du riz local ne permet
dégradation des revenus monétaires ruraux par tête et enfin
pas, en l’absence de subvention, de dégager un niveau de
au mauvais fonctionnement du crédit rural sont des enjeux
rémunération suffisant pour le producteur.
capitaux pour la recherche agricole.
En fait, les filières d’exportation manquent de compétitivité
et accumulent des déficits importants. Les prix au producteur
Politiques agricoles
se situent à des niveaux relativement faibles du fait de la
pression d’une part des cours mondiaux et d’autre part du
La mise en oeuvre, au début des années 80, de la politique
coût de production des segments industriels des filières agri-
d’ajustement structure1 s’est traduite, dans le secteur agrico-
coles. Les déficits connus par les filières cotonnière (plus de
le, par l’élaboration et l’application de La Nouvelle Politique
2 milliards en 1993) et arachidière (4 milliards en 1993)
Agricole (NPA). Cette NPA a été complétée deux années
confirment les difficultés des filières traditionnelles d’expor-
plus tard par le Plan Céréalier et, en fin 1989, par le
tation. L’Etat s’est récemment fixé des objectifs pour inver-
Programme d’Ajustement Sectoriel Agricole.
ser la tendance. L’objectif de réduction des coûts de la filière
J’roiet d’Entrer>rise
de I’ISRA
51

Analyse prospective de la recherche agricole au Sénégal
Aujourd’hui encore, le secteur agricole est toujours un centre
Les orientations actuelles de la politique agricole sénégalai-
des préoccupations majeures pour le gouvernement sénéga-
se doivent être analysées dans le contexte du processus
lais. La Déclaration de Politique de Développement Agricole
d’ajustement de l’économie dans son ensemble et du chan-
(DPDA) élaborée en 1994 par le Ministère de l’Agriculture
gement de parité du Franc CFA. L’objectif principal du Plan
le prouve.
d’Ajustement Sectoriel Agricole (PASA) est, d’une manière
générale, de tendre à obtenir une modification des prix et des
La NPA visait l’autosuffisance vivrière à SO%, le relèvement
revenus au bénéfice des producteurs de biens agricoles
du niveau de vie des populations rurales et la réduction du
échangeables en vue d’assurer un équilibre financier interne
champ d’intervention de 1’Etat. Les objectifs fixés dans la
des filières. A court et moyen termes, cette équilibre devra
filière céréalière (Plan Céréalier élaboré en 1986) devaient
assurer aux filières agricoles un fonctionnement autonome
aboutir essentiellement à l’augmentation de la production et
satisfaisant, grâce notamment à l’institution d’un système de
l’introduction de variétés adaptées aux différentes zones éco-
prix agricoles cohérent. A long terme, grâce à l’équilibre des
logiques. L’accroissement de la production devait s’accom-
filières et à leur cohérence économique, il s’agira de mettre
pagner d’un certain nombre de mesures favorisant la substi-
en oeuvre un programme d’investissement conséquent pour
tution des importations par une plus grande promotion des
la relance du secteur agricole. Suivant ces grands principes,
céréales locales. Dans la filière arachidière, les objectifs
le gouvernement du Sénégal, à travers le PASA, se fixe pour
principaux étaient d’augmenter la production afin de relever
objectifs d’améliorer la croissance agricole et la sécurité ali-
les revenus des paysans et d’améliorer les transformations
mentaire, de préserver les ressources naturelles, de générer
industrielles. Ces objectifs devaient s’accompagner d’un
des emplois et d’accroître les revenus en milieu paysan et,
certain nombre de mesures comme la sauvegarde d’un capi-
enfin, de promouvoir les investissements privés. La
tal semencier en qualité et quantité et l’amélioration des
recherche agricole devra favoriser et faciliter la réussite de
techniques de production. S’agissant du coton, les mesures
ces objectifs majeurs. C’est pourquoi, dans le cadre de sa
devaient porter sur l’accroissement de la production en vue
Déclaration de Politique de Développement Agricole, 1’Etat
de relancer les exportations de coton et d’atteindre les capa-
s’est engagé à développer les activités de recherche et de
cités d’égrenage de 60.000 tonnes. Dans le domaine hortico-
vulgarisation en visant à remédier au manque d’interaction
le, l’autosuffisance en pommes de terre et en oignons mais
entre les bénéficiaires des résultats de la recherche et les
aussi la génération d’excédents exportables en fruits et
chercheurs.
légumes étaient les principaux objectifs. Enfin, la fonction
de crédit, assurée jusque là essentiellement par les Sociétés
Malgré les énormes investissements consentis dans le sec-
Régionales de Développement Rural (SRDR) et les projets,
teur agricole, plus de 330 milliards de francs CFA entre 1987
se voyait confier au secteur privé.
et 1995, la production agricole n’a cessé de stagner ou de
baisser au cours des dix dernières années. La seule région où
D’une manière générale, la NPA n’a pas atteint les objectifs
on observe une croissance de la production qui dépasse de
attendus. C’est pourquoi, de nouvelles orientations ont été
loin le niveau des investissements que l’on y injecte, c’est
prises dans le cadre de la DPDA dont les objectifs majeurs
dans les Niayes, c’est à dire dans la filière horticole. Très
s’articulent autour d’une croissance agricole soutenue, de la
prochainement, le Gouvernement sénégalais mettra en place
sécurité alimentaire à travers une bonne gestion des res-
un Programme d’investissement du Secteur Agricole (PISA)
sources naturelles et une sécurisation foncière, de I’amélio-
pour relancer les investissements qui, jusqu’à ce jour, se sont
ration des revenus des paysans, de la promotion de l’inves-
avérés faiblement efficaces. Qu’il s’agisse de I’investisse-
tissement privé et enfin de l’efficacité des dépenses
ment des producteurs privés ou de l’investissement public,
publiques. Il s ‘agit de modifier les prix et les revenus au
pour le favoriser et réussir, il faudra impérativement rétablir
bénéfice des producteurs des biens agricoles tout en assurant
la confiance en définissant des stratégies claires à moyen
l’équilibre financier des filières. Les pouvoirs publics, dans
terme sur la relance de la production agricole. Pour inverser
le cadre de cette politique, ont libéralisé les prix et le com-
la tendance, toute une série de mesures doivent être prises
merce des produits agricoles et se sont retirés complètement
dans les secteurs micro et macro-économiques. Au delà de
des fonctions de production, de transformation et de com-
cela, il y aura certainement une réflexion à mener sur la
mercialisation au profit du secteur privé.
façon d’améliorer le capital semencier, la fertilisation des
sols, le niveau d’utilisation des intrants et aussi l’articulation
agriculture-élevage et une meilleure utilisation des matières
organiques.
52

Analyse prospective de la recherche agricole au Sénégal
C’est dans cet environnement politique que I’ISRA va évo-
Evolution démographique
luer dans les prochaines années. Il devra, de par ses activités
de recherche, contribuer à relancer les investissements en
Avec un taux moyen de croissance démographique de 2.9%
apportant des solutions durables.
par an, la population sénégalaise qui était de 6.9 millions de
personnes en 1988 sera de l’ordre de 15 millions à l’horizon
2015. Cette population déjà très jeune (plus de 45% de
moins de quinze ans) vivra de plus en plus en ville avec un
Environnement socio-économique
taux d’urbanisation de 40.6% de la population totale en 1988
qui passera à taux supérieur à 50% en 2015. Cette croissan-
ce de la population urbaine de l’ordre de 4% par an n’empê-
chera pas la population rurale de continuer à croître au ryth-
Les insuffisances des performances du secteur agricole séné-
me de 2% par an.
galais s’avèrent préoccupantes. Entre 1980 et 1991, c’est à
dire en pleine période d’ajustement, la production agricole
Face au boum démographique, la population sénégalaise a
n’aurait crû, en moyenne, que de 0.3% par an, soit bien peu
réagi de façon souvent individualiste en émigrant ou en
face à la croissance de la population qui avoisine les 3%.
serapprochant des villes pour se doter d’un cadre de vie
Cette situation explique pour une bonne part la paupérisation
acceptable. Ainsi, malgré les changements dans les flux
croissante du monde rural et les mouvements d’exode mas-
migratoires avec le tarissement des migrations vers la
sif des paysans vers les agglomérations. En fait, la relance de
France, le tassement des migrations vers les pays du Golfe
la production se heurtait à un ensemble de contraintes qui
du Bénin, et le glissement des populations du bassin arachi-
sont le résultat d’un engagement trop profond de 1’Etat dans
dier vers le Sud du pays, la majorité de la population rurale
la gestion des filières au cours des années précédentes. Cela
continueront à se concentrer encore sur les parties Centre et
a entraîné de nombreux dysfonctionnements et créé des
Ouest du territoire et en particulier, le bassin arachidier et la
situations de rente.
capitale déjà surpeuplés et/ou dégradés. Ces régions regrou-
paient, à elles seules en 1994, 63.4% de la population totale
Confronté à un environnement agricole difficile, à des
alors qu’elles ne couvrent que 18% de la superficie totale.
contraintes et opportunités internes, et à des défis majeurs
Ceci se traduit par de fortes disparités en terme de densité.
auxquels doit répondre l’agriculture sénégalaise, I’ISRA
La ville de Dakar qui concentre 23% de la population totale
devra aussi évoluer dans un environnement socio-écono-
sur 0.3% du territoire national connaît une densité moyenne
mique, institutionnel, politique, financier et scientifique qui
de 3399 habitants au Km’ tandis que la région de Tamba,
change de plus en plus vite. Ces évolutions lui imposent de
avec 5.6% de la population sur 30% du territoire ne dépasse
s’y adapter en permanence. Elles doivent être prises en
pas 8 habitants au Km?.
compte si l’Institut veut maintenir et améliorer ses perfor-
mances.
Comme nous l’avons déjà vu, les tendances de l’évolution
démographique constituent un des défis majeurs pour le sec-
Très récemment, dans la filière céréalière, 1’Etat s’est désen-
teur primaire qui sera chargé d’approvisionner 15 millions
gagé totalement de la commercialisation du riz d’importa-
de sénégalais dont plus de 8 millions de citadins en 2015.
tion qui constituait un très grand poste de la balance com-
merciale du Sénégal. Même tendance libérale dans la filière
arachidière. Quant à la filière fruits et légumes, elle devrait
bénéficier à plein de la réforme du monopole des transports
aérien et maritime accusés d’imposer des handicaps trop
sévères aux exportations.
En outre, il faut admettre que parmi les facteurs qui vont
interférer sur l’environnement de la recherche agricole,
l’évolution démographique est un facteur déterminant qui en
conditionne beaucoup d’autres.
Proiet d’Entreorise
de I’ISRA
53
La r e c h e r c h e a g r i c o l e e t a g r o - a l i m e n t a i r e à l ’ h o r i z o n 2 0 1 5

Analyse prospective de la recherche agricole au Sénégal
Institutions et acteurs du développement agricole
Sur le plan régional, la recherche agricole avec la CORAF,
l’INSAH, le SAFGRAD est un des secteurs où l’intégration
Pour l’Institut, l’environnement institutionnel est certaine-
est la plus avancée mais où la concurrence pour les mêmes
ment le plus contraignant dans l’immédiat. Une analyse
ressources et pour l’accueil des projets est forte avec les
prospective en terme d’institutions et d’acteurs révèle plu-
autres institutions nationales de recherche. Des programmes
sieurs changements en cours ou prévisibles.
régionaux se mettent en place et se développent surtout avec
la volonté clairement affichée des bailleurs de fonds de jouer
Sur le plan national, le désengagement économique de
sur les économies d’échelle et les avantages comparatifs.
l’Etat, l’émergence d’organisations de producteurs, d’un
secteur privé agricole et agro-industriel et d’ONG, la décen-
Au niveau international (SPAAR, FAO, AUPELF, CGIAR)
tralisation de 1’Etat avec la création de collectivités régio-
et au niveau bilatéral (CIRAD, ORSTOM, Universités amé-
nales vont multiplier les acteurs et les interlocuteurs publics
ricaines, etc...), les mêmes évolutions se dessinent. La ten-
de l’Institut. L’ISRA va devoir traiter avec un dizaine d’au-
dance est à une coopération de plus en plus étroite basée sur
torités publiques régionales en plus des autorités politiques
l’intérêt réciproque. Même si le principe de subsidiarité est
et administratives nationales. Le contexte institutionnel et
admis par tous, celui-ci est très difficile à définir. Les
économique du Sénégal est actuellement, plus que jamais,
bailleurs de fonds (y compris 1’Etat) et les utilisateurs de la
favorable à la définition de nouveaux rapports entre les dif-
recherche auront toujours un rôle important d’arbitrage dans
férents acteurs que sont les producteurs, les industriels et pri-
ce domaine. Plutôt que de revendiquer des droits exclusifs à
vés, les organisations intermédiaires (les ONG et les organi-
faire telle ou telle recherche, il vaut mieux bâtir une coopé-
sations de producteurs) et les services publics ou parapublics
ration de 1’ISRA sur la base de ses compétences et de ses res-
de recherche et de vulgarisation agricoles. Au niveau de
sources dans le cadre de son mandat.
l’Etat, la volonté politique ne fait l’objet d’aucun doute. Le
Ministère de l’Agriculture a systématisé l’implication des
producteurs dans les divers programmes de définition des
Evolution financière
politiques de développement rural. Sur le plan institutionnel,
le développement d’organisations de producteurs et d’appui
La forte dépendance de I’ISRA en ressources extérieures
aux initiatives rurales a favorisé le développement d’une
(70%) comporte des risques élevés compte tenu de la baisse
demande plus formalisée de partenaires critiques et plus exi-
tendancielle de l’aide internationale et bilatérale.
geants. En conséquence, il importe que les différents parte-
naires développent un cadre et des procédures qui permettent
Dans cet environnement financier et face au désengagement
aux producteurs de savoir où trouver des solutions qu’elles
de I’Etat, il est impératif pour l’Institut de faire des écono-
attendent des institutions locales.
mies d’échelle et d’opérer un redimensionnement si on ne
veut pas que le départ d’un des bailleurs de fonds principaux
Du point de vue scientifique, les frontières entre les institu-
entraîne l’effondrement de pans entiers d’activités. Ces éco-
tions nationales ne sont pas nettes et de toutes les facons, une
nomies sont d’autant plus nécessaires que la réflexion sur le
certaine compétition est nécessaire à l’émulation et à la créa-
financement durable montre qu’à court terme, il n’y a pas
tivité des équipes et préférables aux situations de monopoles.
d’autre alternative que l’aide extérieure et que de toute
Un recoupement partiel des mandats et des missions est sou-
façon, l’amélioration de l’eficience de 1’ISRA et de la trans-
haitable pour la recherche agricole sénégalaise. La fin du
parence sont des préalables.
quasi-monopole sur la recherche agricole va de plus obliger
1’ISRA à se positionner au sein d’un réseau de partenaires/
concurrents scientifiques en fonction de ses avantages com-
Avancées scientifiques et techniques
paratifs. Cette évolution doit d’autant plus être prise en
compte que l’Institut souhaite la mise en place d’un véritable
Au cours de la dernière décennie, les avancées scientifiques
système national de recherche agricole et agro-alimentaire.
et techniques n’ont jamais été aussi importantes. Nous évo-
Le passage d’un réseau plus ou moins informel de collabo-
luons dans un monde qui change et qui doit s’adapter de
ration scientifique avec d’autres institutions nationales de
façon permanente à de nouveaux outils mis à sa disposition.
recherche à un système national va forcément entraîner une
Les nouvelles technologies appliquées au secteur agricole
adaptation institutionnelle.
devront l’aider à relever les défis auxquels il est confronté.
54

Analyse prospective de la r cherche agricole au Sénégal
Parmi elles, les biotechnologies et l’outil informatique joue-
Les futurs ou scénarios possibles d’évolution
ront un grand rôle. Dans sa réflexion prospective, l’Institut,
de par sa vocation doit tenir compte des évolutions scienti-
L’ISRA pourrait continuer sur la pente glissante actuelle où
fiques et techniques dans ces deux domaines. 11 en est de
ses performances se dégradent, où l’outil de travail se dété-
même de la convergence entre l’informatique, les télécom-
riore, où l’organisation et le fonctionnement de l’institution
munications et l’audiovisuel qui permet d’accroître forte-
obéissent de moins en moins à des règles d’efficacité et de
ment la productivité du chercheur en terme d’information
productivité scientifiques. Cette évolution n’est possible que
disponible, de capacité et de rapidité de traitement et de dif-
si les bailleurs de fonds poursuivent leur soutien financier et
fusion des résultats.
si I’ISRA effectue tous les trois ou quatre ans un réajuste-
ment brutal de son personnel.. Ce scénario tendanciel ne
Que ce soit dans le domaine des biotechnologies ou dans
pourrait pas durer plus de quatre à cinq ans. Les consé-
celui de l’informatique, ces développements scientifiques et
quences sur le personnel, toutes catégories confondues,
techniques risquent d’accroître le fossé entre la recherche
seraient catastrophiques et caractérisées par une baisse du
agricole du Nord et celle du Sud. L’Institut doit se préparer
pouvoir d’achat des chercheurs, une démotivation générale,
et réagir très vite face à un contexte mondial d’automatisa-
des ruptures de paiement de salaires, le départ des meilleurs
tion des tâches pour que ce fossé soit le plus étroit possible.
chercheurs, techniciens et gestionnaires. La logique de ges-
tion patrimoniale de ce scénario aboutirait très vite à une
dégradation de l’image de l’Institut et à terme à sa disparition.
Evolution des ressources humaines
A un moment ou l’autre, le scénario s’accélérera et I’ISRA
De l’analyse diagnostique qui a précédé, il est apparu claire-
passera à un scénario de rupture par le bas pouvant être pro-
ment que la gestion des carrières du personnel, elle-même
voqué par plusieurs événements comme un retrait d’un ou
sous-tendue par la faiblesse des moyens financiers et la
des deux principaux bailleurs de fonds de I’ISRA (Banque
nécessaire maîtrise de la masse salariale, demeure le problè-
Mondiale et USAID) ou encore une grève du personnel. La
me le plus important dans le domaine des ressources
lente détérioration de la situation peut aussi entraîner un
humaines. Pourtant, dans les vingt prochaines années, de
effondrement subit. La plupart des activités s’écrouleraient
nombreux recrutements seront nécessaires pour pallier au
sauf quelques-unes bénéficiant de financements spécifiques
départ à la retraite. Concernant le personnel chercheur, la
et de la présence de chercheurs expatriés. Il s’agirait en fait
projection du rythme de départ à la retraite des chercheurs
d’une recolonisation scientifique.
nationaux montre qu’en 2011, I’ISRA ne pourrait compter
que sur vingt neuf (29) chercheurs en activité sur l’effectif
Un troisième scénario possible serait un scénario de rupture
actuel de 124 au cas où des recrutements nouveaux ne
par le haut où l’excellence scientifique serait au service d’un
seraient pas opérés. La disponibilité en personnel qualifié et
développement agricole et agro-alimentaire durable. Un
compétent - en adéquation avec les options stratégiques de
redimensionnement brutal serait opéré, basé sur un élagage
l’Institut - ne pourra être effective seulement dans trois ou
de toutes les activités ne répondant pas à certaines exigences
quatre ans avec la mise en place d’un nouveau statut d’allo-
de qualité, sur une sélection sévère du personnel basée sur le
cataire de recherche souhaité par I’ISRA. En ce qui concer-
mérite et sur une forte réduction des infrastructures et équi-
ne les recrutements en personnel, les opportunités offertes
pements.
aujourd’hui par le marché du travail sont importantes au
Sénégal. Elles couvrent les besoins avec des niveaux de for-
Aucun des trois scénarios esquissés ci-dessus n’étant sou-
mation satisfaisants et elles ne sont pas d’un coût trop élevé.
haitable, il est de l’intérêt de tous les acteurs de la recherche
Ainsi, seuls les besoins en personnel non chercheur, c’est à
agricole sénégalaise (institutions, personnel de la recherche,
dire cadres techniques et de gestion, personnel administratif,
Etat, partenaires scientifiques, utilisateurs, bailleurs de
pourront être couverts très rapidement.
fonds), de construire un scénario réaliste mais attractif. Ce
sont les éléments essentiels de ce scénario qui sont proposés
dans la partie suivante comme base de départ pour une
construction collective.
J’roiet d’Entreorise de I%RA
55

La vision souhaitée
de la recherche agricole
à l’horizon 2015”
1” contient :
U n cadre stratégique p o u r I’ISRA..
................................................
.59
L’ISRA
positionné en fonction
de ses avantages comparatifs
au
sein d ’ u n Système National d e Recherche Agricole . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
Micro- et macro-environnement ...............................................
5 9
Les domaines d’activités stratégiques......................................
5 9
Définir et construire un système national de recherche agricole
e t agro-alimentaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
Une recherche pilotée par la demande, une recherche de qualité et
Positionner I’ISRA au sein du SNRAA en fonction de ses avan-
valorisant ses résultats.. ..................................................................
.60
t a g e s comparatifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
Adapter la taille de I’ISRA aux exigences scientifiques et en
3.
,
Une rccherchc pilotée par la demande .....................................
6 0
tenant compte de I evolutlon
dc 1 enwonnement ..____._......,._._
61
Une recherche de qualité.. ........................................................
6 2
Adapter une organisation et un fonctionnement décentralisés
et
Une recherche valorisant ses résultats......................................
6 3
ouverts sur les partc”alres
et les chents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .61
Développer u n e politique infonnatiquc
. . . . . .._...._.................. 67
Des ressources humaines compétentes, productives, réactives
A s s u r e r u n f i n a n c e m e n t durablc d e I ’ I S R A à c o u r t
etmotivées.. .........................................................
rt.. .......................... .63
terme _.__...._..._.___.........................................................,..........,.,, 68
Des ressources humaines compétentes.. ...................................
6 3
Des ressources
humaines productives.......................................
6 3
Un système national de recherche agricole performant et
Des ressources humaines réactives ...........................................
6 4
durable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
Des ressources humaines motivées ...........................................
6 4
Les principes de l’organisation du SNRAA _.._,.._.._.._...,.,.......... 69
La démarche de construction du SNRAA __.___.,..,...__.___...,........, 70
La mise en place de projets structurants
Des mécanismes d’allocation des ressources
Echanges et diffusion de l’information sur les recherches
Un comité de pilotage . . . . . . ..________...............................................
73
Relations de coopération du SNRAA avec I’extrieur .__._.______...___. 74

La vision souhaitée de la recherche agricole à l’horizon 20 15
libéralisation et le désengagement de l’Etat, la construction
d’une capacité scientifique et technique durable. Les
Un cadre stratégique pour I’ISRA
réponses ou stratégies que l’Institut devra développer pour
répondre à ces enjeux sont, respectivement, l’approvisionne-
ment vivrier des campagnes et surtout des villes avec une
lutte contre la pauvreté et la protection des ressources natu-
Micro- et macro-environnement
relles, le développement de cultures d’exportation de quali-
té, les appuis aux organisations de producteurs, et enfin le
Les analyses historique, diagnostique et prospective nous
développement de ressources humaines compétentes et
ont permis de faire un diagnostic complet de la recherche
d’une politique de coopération régionale et internationale.
agricole au Sénégal. Elles nous permettent aussi de dresser
L’institut devra se doter d’un micro-environnement oi?timal
un cadre stratégique pour I’ISRA face à des enjeux majeurs
dans un contexte macro-environnemental globalement défa-
que sont, rappelons le, la population et la migration vers les
vorable. Les champs de réflexions du cadre stratégique pour
villes, les besoins de devises pour investir et importer, la
I’ISRA sont données synthétiquement dans le tableau ci-après.
Champs de réflexion du cadre stratégique de I’ISRA
Enjeu majeur
Micro-environnement
Macro-environnement
Attirer et retenir du personnel scientifique, technique
Evolution des ressources financières de l’état dans le
et de gestion compétent et motivé
cadre du Plan d’Ajustement Structurel, y compris la
dévaluation du franc CFA
Maîtriser les ressources financières et assurer l’adé-
quation entre ressources et emplois
Evolution du soutien financier des bailleurs de fonds
à la recherche agricole dans les pays du Sud, y com-
Organiser et gérer la recherche dans un dispositif
pris prise en compte des rémunérations
structure1 et institutionnel décentralisé
Evolution du marché des vaccins et semences et des
Développer des thématiques scientifiques et valori-
ressources propres à 1’ISRA
ser les résultats de la recherche
Construire durablement la
Politique de régionalisation et de décentralisation
capacité scientifique et
Construire un partenariat avec les utilisateurs et
technologique de
clients de la recherche
Désengagement de 1’Etat et capacités de I’Etat à
l’Institut
orienter, évaluer et contrôler les entreprises
Contribuer, participer à une coopération scientifique
publiques
nationale, régionale, internationale et avec les pays
du Nord
Politique salariale de I’Etat et évolution du marché
du travail
Etablir avec le Conseil d’Administration, le Comité
Scientifique et Technique, les ministères de tutelle et
Emergence et budget des organisations profession-
les bailleurs de fonds, des relations permettant
nelles, des ONG et participation à la recherche agri-
l’orientation des recherches, l’évaluation des perfor-
cole
mances et l’affectation des ressources nécessaires
Evolution de la coopération scientifique nationale,
régionale, internationale et avec les pays du Nord
Les domaines d’activités stratégiques
En fonction du mandat de I’ISRA et des compétences qui le
L’expertise par ses diagnostics permet de caractériser et
distinguent, on peut définir les domaines d’activités straté-
d’évaluer les contraintes et les potentialités de chaque situa-
giques de l’Institut que sont l’expertise, le processus de créa-
tion locale ou régionale, en identifiant la contribution de la
tion-difision, la valorisation des résultats de recherche, la
recherche nécessaire à la mise au point de réponses adaptées.
valorisation commerciale des produits agricoles. Nous allons
Elle permet aussi d’élaborer des protocoles de recherche et
brièvement voir pour quelles raisons.
de mener des projets de développement agricole.
Proiet d’Entremise
de I’ISKA
59

La vision souhaitée de la recherche agricole à l’horizon 2015
La création de connaissances, en milieu réel, en station expé-
l’irrigation en raison de son coût élevé et prohibitif. Afin
rimentale, et en laboratoire doit intégrer dans ses thèmes et
d’éviter la pénurie alimentaire et la destruction de l’environ-
sa démarche les représentations et les préoccupations des
nement, il faut veiller à ce que les exploitants agricoles des
acteurs, tout en s’appuyant sur les derniers développements
pays en voie de développement aient notamment accès à des
de la science.
technologies et des techniques de gestion nouvelles afin
qu’il puissent augmenter la productivité agricole sans dégra-
L’appui technique à des projets de développement doit
der plus avant les sols et les ressources naturelles.
désormais permettre une articulation entre recherche et
développement de la science.
Au Sénégal, les problématiques de la sécurité alimentaire et
de la gestion des ressources naturelles constituent, comme
La production de synthèses et l’activité prospective permet-
nous l’avons déjà souligné, des défis majeurs à relever. L’IS-
tent de dresser à une échelle spatiale et temporelle pertinen-
RA et ses partenaires devront désormais avoir une autre
te, le bilan des travaux conduits par l’établissement et par
approche dans leurs activités de recherche s’attachant non
d’autres institutions de recherche sur de grandes thématiques
seulement à la demande exprimée par les utilisateurs mais
et d’identifier les principaux enjeux à venir.
aussi à la qualité et à la valorisation de leurs résultats.
La difkion des connaissances et des savoir auprès des uti-
lisateurs et des communautés scientifiques du Nord et du
Une recherche pilotée par la demande
Sud s’effectuent par la formation, l’accueil de chercheurs et
la production d’informations scientifiques et techniques sur
Les demandes adressées à I’ISRA peuvent aller des
des supports adaptés.
demandes d’innovations techniques et organisationnelles
aux demandes de formation en passant par des demandes de
Enfin la valorisation commerciale de la production agricole
connaissances scientifiques, d’informations scientifiques et
par la vente de savoir-faire et de produits et services est un
techniques, de produits ou d’expertise.
enjeu stratégique.
Depuis la création de l’ISRA, la définition des priorités de
recherche agricole n’a pas fait suf&amment l’objet d’une
planification élaborée malgré les efforts de conceptualisation
Une recherche pilotée par la demande,
de ces dernières années. Celle-ci ne traite, le plus souvent,
une recherche de qualité et valorisant
que de la nécessité d’améliorer les liaisons entre les cher-
cheurs et les vulgarisateurs, les paysans et tous les autres
ses résultats
clients de la recherche. Des priorités claires par produit, par
région, par catégorie d’exploitants agricoles ne sont que
rarement dégagées. Cette situation a été souvent responsable
En 1994, un rapport de la Banque Mondiale indiquait que ((
de l’inadéquation entre la recherche et la demande de ses
réduire les efforts de recherche constitue une menace pour la
clients et constitue une des faiblesses majeures dans les per-
sécurité alimentaire » . Comme nous l’avons vu dans I’ana-
formances de l’Institut.
lyse prospective, l‘offre alimentaire deviendra bientôt insuf-
fisante d’ici quelques décennies à moins de financer dès
Nous l’avons vu dans l’analyse historique, la recherche agri-
maintenant la recherche agricole et d’axer les efforts sur le
cole sénégalaise a tenté à plusieurs reprises de définir et de
rendement. La diminution des efforts de recherche agricole
mettre en place un processus de création-diffùsion sans réel-
sur les variétés à haut rendement dans le contexte actuel
lement y parvenir comme ce fût le cas pour le Projet des
d’explosion démographique mondiale provoquera une pénu-
Unités Expérimentales. Pour y réussir et pour mieux identi-
rie alimentaire sans précédent. Pour satisfaire la demande, il
fier et répondre aux nombreuses demandes dont il fait l’ob-
faudra augmenter énormément la production alimentaire. Le
jet, l’Institut a l’ambition de créer, dans le cadre de sa mis-
surplus de production devra donc résulter de l’augmentation
sion, des interfaces avec les utilisateurs et autres clients de la
des rendements agricoles, rendue possible par des moyens
recherche et de faire ainsi appel à leur participation effective
scientifiques, et de l’adoption de techniques d’exploitation
au processus de création-difFusion.
plus rationnelles étant donné que les terres les plus fertiles
sont déjà exploitées et qu’il paraît difficile de développer
60

La vision souhaitée de la recherche agricole à l’horizon 2015
La constitution, à l’initiative de I’ISRA, d’une cellule de liai-
et à appuyer pour la recherche des fonds nécessaires à l’exé-
son RechercheDéveloppement régionalisée avec le CNCR,
cution du programme. Ce sera au niveau de la Cellule
le PNVA/ANCAR, l’ITA, devrait pouvoir aider l’Institut à
Régionale de R/D que tous les acteurs évoluant dans la
réaliser cette option stratégique. Ce cadre formel de concer-
région administrative concernée pourront participer aux acti-
tation devrait non seulement minimiser les faiblesses consta-
vités dans leurs domaines de compétences. Celle-ci permet-
tées dans la programmation et le suivi-évaluation des résul-
tra de développer des coopérations Recherche/
tats, mais aussi aboutir à de véritables activités de
Développement avec les organisations paysannes, les ONG,
recherche/développement et favoriser l’émergence d’opéra-
les Opérateurs Economiques Privés, les Sociétés Régionales
teurs privés de développement. La mission de I’ISRA sera
de Développement Rural ou les Institutions Publiques de
d’aider ces derniers à acquérir des compétences en transfert
Développement Rural.
de technologies au niveau des régions. De par les institutions
qui la constituent, la cellule couvre les fonctions majeures du
De façon globale, la cellule de Recherche/ Développement
développement rural (la recherche agricole et agro-indus-
participera à la réalisation de diagnostics participatifs régio-
trielle avec 1’ISRA et I’ITA, le conseil agricole avec le
naux. Ceux-ci contribueront à construire une vision partagée
PNVA/ANCAR et les producteurs avec le CNCR). La cellu-
du développement et des problèmes et des priorités en matiè-
le aura pour mission de promouvoir des rapports de type
re d’appui aux producteurs (recherche, recherche/développe-
nouveau entre les institutions assumant les fonctions de
ment, conseil agricole, appui institutionnel). De plus la cel-
recherche agricole, de vulgarisation, et de production afin de
lule devra rechercher et mettre en oeuvre des réponses à la
renforcer leur synergie et de développer leur aptitude à
crise des systèmes de production agricole dans le cadre de la
accroître durablement la productivité de l’agriculture
programmation de la recherche et de la validation des résul-
sénégalaise.
tats. Enfin, elle devra diffuser les expériences et les résultats
concluants de recherche et des innovations prometteuses
Dans le cadre de sa mission la cellule devra assumer un cer-
développées par les producteurs.
tain nombre de fonctions. Les producteurs et les autres utili-
sateurs devront être clairement impliqués dans l’identifïca-
Les actions à mener par les Cellules R/D devront partir des
tion des contraintes à la production et à la transformation des
problématiques régionales et classées selon leur complexité
produits agricoles ainsi que dans l’identification des besoins
et leurs objectifs en Actions Concertées Systémiques (ACS)
de recherche. La cellule devra alors mobiliser des compé-
et en Actions Concertées Thématiques (ACT). Les ACS cor-
tences internes et externes pour l’exécution et le suivi des
respondent à des projets R/D recouvrant plusieurs champs
activités de recherche, favoriser la constitution de réseaux
d’étude. Il s’agira d’une concertation large, durable et appro-
d’échanges d’informations et d’expériences en matière de
fondie établie entre la recherche, les structures de vulgarisa-
diffusion des innovations et formaliser les expériences.
tion et de conseil agricole, les organisations paysannes, les
Ainsi, elle devra contribuer au renforcement des capacités
ONG et d’autres services publics. Ces projets constitueront
techniques et technologiques de tous les utilisateurs des
des observatoires de la réalité agraire et de la société rurale,
résultats de la recherche en relation avec les services de
de ses transformations en rapport avec les introductions d’in-
recherche et de conseil agricole. La recherche/ développe-
novations techniques et organisationnelles et les change-
ment constitue un cadre conceptuel régional et national pour
ments au niveau de l’environnement institutionnel. Les ACT
la cellule de liaison. Elle se basera sur une vision systémique
correspondent à des tests centrés sur un thème ou une inno-
et une démarche participative de la recherche que la cellule
vation précise. Elles constitueront en fait une entrée dans un
devra systématiser en milieu rural.
système donné et pourront évoluer vers les ACS. Le suivi
des actions concertées permettra surtout d’analyser l’évolu-
La cellule bénéficiera de l’appui de trois instances dont deux
tion des innovations dans un système de production et les
officiant au niveau national (Comité National d’orientation
adaptations qui sont faites par les producteurs. Comme dans
de la R/D, Comité National de Coordination de la R/D) et
le cas des ACS, les engagements partenariaux se traduiront
une au niveau de chaque région administrative (Cellule
par des contrats reposant sur une définition claire des rôles et
Régionale de RiD). Le Comité National d’Orientation sera
responsabilités de chacun des acteurs.
composé par les responsables de l’ISRA, I’ITA, le CNCR et
le PWA et aura à définir les options stratégiques en matière
de R/D, à favoriser la mise en oeuvre d’activités conjointes

La vision souhaitée de la recherche agricole à l’horizon 2015
La Cellule Régionale de Recherche/Développement consti-
activités et projets à présenter aux institutions de recherche.
tuera le premier niveau de réalisation du partenariat. C’est à
cette échelle que les activités et initiatives dominantes de
Pour répondre aux nombreux types de demandes et compte
chaque région devront être prises en charge. Pour ce faire, un
tenu de la situation budgétaire nationale et de la baisse ten-
travail préalable d’analyse des projets et plans locaux de
dancielle de l’aide internationale et bilatérale, les centres de
développement par le Comité Local de Concertation et de
recherche seront probablement amenés à trouver une partie
Développement du CNCR d’une part, et du PNWVANCAR
de leurs ressources sur le marché par des appels d’olfres, des
d’autre part, et les projets de développement dans chaque
conventions particulières, ou encore des prestations de servi-
région devra être réalisé. Le Comité Régional de
ce rémunérées.
Recherche/Développement, sur la base de ses documents et
de la documentation secondaire procédera à une première
Enfin, l’Institut devra être capable d’anticiper les demandes
analyse de la demande et planifiera les différentes séances de
des utilisateurs. Il devra donc assurer une réactivité straté-
diagnostic, du partage des rôles et des tâches, de la valorisa-
gique, c’est à dire organiser et entretenir une réflexion pros-
tion et de la diffusion des connaissances.
pective et une planification stratégique institutionnalisée qui
stimule l’adaptation permanente à l’évolution de son environ-
La cellule de liaison RechercheDéveloppement régionalisée
nement et la prise en compte des contraintes et opportunités.
devra servir d’appui à des Comités Régionaux et Nationaux
de Programmation de la recherche qui devront donc être ins-
titutionnalisés. Ces comités seront composés pour 113 de
Une recherche de qualité
chercheurs au niveau des centres régionaux et nationaux de
recherches, des structures de production et de services de
La nouvelle organisation de I’ISRA permettra des procé-
1’ISRA et des chercheurs des autres institutions nationales
dures de programmation-budgétisation et de suivi assurant
(ITA, Université, Ecoles de formation ou autre partenaires
une gestion intégrée de la qualité.
scientifiques) et pour 213 de ses partenaires locaux (prove-
nant de services publics ou privés) et les organisations de
Elle devra non seulement favoriser les qualités individuelles
producteurs. Au niveau régional, ces derniers évolueront
et collectives nécessaire à une bonne recherche (sens de
bien entendu dans la région agi-o-écologique concernée.
l’initiative, créativité, disponibilité, esprit d’équipe) mais
Leur mandat sera de présenter les contraintes que rencon-
aussi faciliter la gestion de la qualité scientifique des activi-
trent les producteurs dans l’exécution de leurs activités et de
tés et la gestion de la carrière du personnel scientifique. Une
définir le cadre d’application des technologies à générer et
évaluation systématique des performances et des résultats
devant permettre de résoudre les problèmes identifiés. Le
pourra être effectuée par le Comité Scientifique et Technique
choix des représentants des partenaires de la recherche et des
ouvert sur l’extérieur et par des publications dans des sup
organisations de producteurs devra être défini clairement.
ports reconnus par la communauté scientifique et les ins-
Celui-ci pourrait reposer sur l’importance de leurs activités
tances d’évaluation.
dans la région concernée en vue de garantir la représentati-
vité de la demande. Tous les ans, dans chaque région, une
A travers ses groupes disciplinaires, l’Institut se dotera de
réunion d’évaluation des activités retenues l’année précé-
pôles scientifiques forts. Cela permettra de construire des
dente par le Comité Régional de Programmation de la
passerelles avec la recherche amont et l’enseignement supé-
Recherche devra être organisée. Il s’agira non seulement
rieur et de coopérer avec les instituts internationaux et les
d’évaluer les résultats des recherches exécutées au cours de
organismes de recherche avancés des pays du Nord. Ainsi, a
l’année mais aussi de déterminer ceux qui présentent un inté-
partir des besoins identifiés, des demandes exprimées par les
rêt pour les producteurs et dont la diffusion peut être propo-
utilisateurs, les chercheurs de 1’ISRA pourront y répondre en
sée. En outre, cette réunion devra permettre de déterminer
remontant assez loin vers les recherches amont. Ils devront
les activités de recherches à poursuivre et de formuler de
cependant aller aussi loin qu’il est dans l’accompagnement
nouvelles propositions. Au niveau national, un comité de
de l’innovation.
programmation devra harmoniser les propositions régionales
dans le cadre d’une vision nationale de la demande de
recherche. Il mettra aussi à profit les complémentarités
régionales et déterminera un ordre de priorité des nouvelles
62

La vision souhaitée de la recherche agricole à l’horizon 2015
Une recherche valorisant ses résultats
Pour y réussir, I’ISRA doit être capable de mettre en place
une véritable politique de ressources humaines et de prendre
Une politique et des procédures de valorisation des résultats
en charge ces quatre objectifs principaux dont un des axes
de la recherche seront mises en place pour les chercheurs
majeurs est de mettre en oeuvre les moyens nécessaires per-
mais aussi pour les clients de la recherche et les candidats
mettant d’améliorer la qualification de ses agents, par la qua-
chercheurs. Pour l’Institut, il s’agira non seulement d’inté-
lité des recrutements et la formation continue. Le deuxième
grer les activités de valorisation dans les programmes de
objectif, découlant du premier, est d’améliorer la productivi-
recherche et d’en tenir compte dans leur évaluation, mais
té de toutes les catégories de personnel. Le troisième est de
aussi d’avoir une véritable politique d’information scienti-
pouvoir analyser, anticiper les demandes et s’adapter rapide-
fique et technique utilisant les techniques modernes (multi-
ment aux besoins futurs en s’appuyant sur l’activité pros-
.
média) de diffusion de l’information. Cette ambition devrait
pective développée au sein de l’Institut. Enfin, il faut impé-
conduire à la création d’un espace commun IST multimédia
rativement susciter la motivation, la mobilisation, et l’enga-
ISRA-ORSTOM-ITA à Hann et à la mise en place d’un
gement des personnels, par une communication interne
réseau informatique dans le cadre du SNRAA, souhaité par
dynamique, une clarification des missions de chaque agent
l’Institut, pour diI-Iùser L’IST.
et de chaque service, l’adoption de procédures d’évaluation
des travaux individuels et collectifs et la mise en place d’une
Pour les clients ou utilisateurs des résultats de la recherche,
véritable politique sociale. En outre, la réalisation de ces
la valorisation se concrétisera à travers un programme de
objectifs devra de trouver une réelle adéquation entre le per-
formation avec la création d’un service de formation au
sonnel de I’ISRA et la demande des clients de la recherche.
niveau de la région de Dakar, l’accueil de stagiaires et aussi
la participation aux formations extérieures à tous les
niveaux.
Des ressources humaines compétentes
L’institutionnalisation de la formation à la recherche par la
Dans la conjoncture financière actuelle, 1’ISRA doit maîtri-
recherche permettra aux candidat chercheurs de répondre à
ser sa masse salariale ce qui limitera fortement le nombre de
des appels d’ofhes 3ème cycle pour leur accueil au sein de
nouveaux recrutements. Pour rentabiliser au maximum, l’in-
l’Institut.
vestissement que cela représente, une planification des
besoins en personnel, une sélection sérieuse et une élévation
Enfin des études d’impact de la recherche et une bonne poli-
du niveau de diplômes (ou d’expérience) seront exigés au
tique de communication et d’image permettront de dévelop-
recrutement. L’amélioration des compétences de I’ISRA
per la culture scientifique et de sensibiliser les décideurs au
devra passer aussi et surtout par la voie de la formation
financement de la recherche.
continue. Le choix de l’une ou de l’autre voie pour amélio-
rer les compétences sera dicté par l’évaluation des compé-
tences potentielles actuelles par champ disciplinaire et par
niveau et devra être en adéquation avec les priorités et
Des ressources humaines compétentes, pro-
grandes orientations de recherche de 1’ISRA. L’évaluation
ductives, réactives et motivées
fine des besoins en ressources humaines sera faite plus pré-
cisément dans le cadre du Plan Stratégique de 1’ISRA.
Toutefois on peut présenter dès maintenant un certain
nombre de teudances en abordant le problème sous l’angle
La qualité des ressources humaines d’un organisme de
des disciplines scientifiques.
recherche est sa principale richesse. Pour l’ISRA, les nou-
veaux et importants enjeux du développement, la diversifi-
cation des produits, le dynamisme dont il faudra faire preu-
Des ressources humaines productives
ve pour obtenir des financements, la nationalisation du per-
sonnel de l’Institut supposent l’acquisition et la mise en
La politique de formation permanente souhaitée par l’Institut
oeuvre de compétences professionnelles et de qualités
humaines nouvelles. En d’autres termes, il s’agit de déve-
pour toutes les catégories de personnel permettra d’améliorer
lopper le capital humain de l’Institut en adéquation avec ces
les capacités du personnel à planifier et organiser le travail
dans un souci d’économie de main d’oeuvre et de ressources
enjeux.
63

La vision souhaitée de la recherche agricole à l’horizon 2015
financières et de gain de temps. En outre, elle formera le per-
La récente démarche de Projet d’Entreprise adoptée par
sonnel à l’utilisation d’outils et d’appareils permettant d’au-
I’ISRA est aussi et surtout un projet pour sortir de cette crise
tomatiser les taches en systématisant la formation à la
de confiance. Le projet d’entreprise est un projet commun où
bureautique, en formant à l’utilisation des chaînes d’analyse
le personnel toutes catégories confondus sont des acteurs.
automatisées dans les laboratoires et de chaînes de traite-
Pour réussir, le projet a besoin de cette motivation et de ce
ment dans les structures de production et enfin, en formant à
dynamisme qu’il devra lui même générer.
l’utilisation de moyens motorisés et mécaniques dans les sta-
tions.
Dans leur vie professionnelle, les agents de I’ISRA devront
désormais pouvoir avoir l’occasion de vivre une aventure
4
personnelle intéressante. Il faut pour cela savoir reconnaître
Des ressources humaines réactives
et évaluer la qualité de leur travail. Cette évaluation devra se
traduire dans l’évolution des rémunérations et des responsa-
Comme nous l’avons signalé plus haut, les activités de
bilités. Elle doit être homogène pour faciliter les mobilités
recherche à I’ISRA seront pilotées par la demande. Pour
internes rendues nécessaires par l’évolution des activités.
mener à bien cette orientation, l’Institut développera les
capacités de ses chercheurs et cadres à l’observation et à
La première étape dans l’évaluation des agents sera la mise
l’analyse permanente des évolutions de leur environnement,
en place de lettres de missions individuelles. La lettre de
à l’intégration de la notion de service aux clients et à l’anti-
mission décrit le contexte de la mission et sa durée prévi-
cipation par rapport à la demande des clients, aux évolutions
sible, la position de l’agent dans l’Institut et ses relations
sur le plan scientifique et technique et aux changements dans
avec les organismes extérieurs ; elle fixe également un calen-
les approches et les priorités des bailleurs de fonds. De plus,
drier prévisionnel pour faire régulièrement le point sur la
1’ISRA mettra en place un mécanisme garantissant sa parti-
réalisation de la mission.
cipation dans la réalisation des grands chantiers de 1’Etat
(p.e. Canal du Cayor, Vallées Fossiles, etc)
La deuxième étape est la mise en place par l’Institut d’un
système d’évaluation qui tienne compte de son mandat et de
ses missions en rapport avec les autres instituts de recherche
Des ressources humaines motivées
agricole de la sous-région.
Nous l’avons vu et analysé dans le diagnostic, le personnel
Une autre mesure importante à prendre pour motiver les res-
de 1’ISRA est pour diverses raisons globalement démotivé
sources humaines est d’instaurer une politique sociale et de
Parmi ces raisons, l’absence de profil de carrière et de rému-
santé en direction du personnel et de leurs familles (santé,
nération au mérite, l’absence de procédures et de critères
activités sociales, sportives, culturelles).
d’évaluation clairs et équitables pour toutes les catégories de
personnel sont les plus avancées. Dans ces conditions, après
un certain nombre d’années d’expérience professionnelle,
des chercheurs de 1’ISRA posent leurs candidatures dans des
institutions (industries agro-industrielles, projets de dévelop-
pement, Organisation Non Gouvernementales, organisations
internationales) où ils pourront gérer leur carrière et où les
salaires sont attrayants. Alors face a cette situation, comment
faire que les scientifiques sénégalais soient des chercheurs
nationaux qui aient envie de le rester ? Leur choix va
dépendre de leurs aspirations individuelles, du statut social,
voire du prestige plus ou moins élevé conféré à cette profes-
sion au Sénégal. Il semble néanmoins qu’au Sénégal, le sta-
tut de chercheur ne bénéficie pas dans l’opinion du prestige
qu’ont leurs collègues occidentaux et la recherche n’a ni le
même statut ni la même considération.
64

La vision souhaitée de la recherche agricole à l’horizon 2015
main d’oeuvre disponible (3% par an); (3) d‘une améliora-
L’ISRA positionné en fonction de ses avan-
tion de la sécurité alimentaire en augmentant la consomma-
tages comparatifs au sein d’un Système
tion journalière de calories de 20% pour la porter à une
moyenne annuelle de 2000 à 2400 calories au cours des deux
National de Recherche Agricole
prochaines années; (4) de gestion des ressources naturelles
en trouvant les moyens permettant de réduire, voire suppri-
mer le rythme de destruction des forêts et de dégradation des
Les grandes orientations, les politiques et options straté-
sols et de pérenniser l’exploitation durable des ressources.
giques de l’Institut sont liées bien évidemment à ses activi-
tés spécifiques de recherches mais aussi à la qualité de ses
A l’évidence, sans une prise en charge concertée de ces pro-
ressources humaines. Aucun projet d’avenir n’est cependant
blèmes par toutes les structures présentes sur le territoire et
possible, s’il n’aborde dès le départ les contraintes princi-
intervenant à l’amont et à l’aval des filières agricoles, il
pales de l’Institut à la réalisation de ses orientations et n’y
serait impossible de trouver des solutions appropriées.
apporte de solution satisfaisante.
La première peut être énoncée de façon provocante mais
Définir et construire un système national de
simple. Les ressources financières apportées par 1’Etat et
recherche agricole et agro-alimentaire
affectables à la masse salariale ne permettent pas de rému-
nérer de façon satisfaisante plus d’une centaine de cher-
Il s’agit pour I’ISRA de renoncer définitivement à la tenta-
cheurs. Ce qui voudrait dire que 1’lSRA doit être dimension-
tion permanente à vouloir répondre à toutes les sollicitations
né sur cette base. Cette réponse n’est cependant pas satisfai-
ou à vouloir tout accaparer. L’ISRA renoncera alors au
sante pour 1’Etat et pour les producteurs agricoles, car cette
monopole de fait ou de droit sur la recherche agricole pour
dimension est en deçà des enjeux du développement agrico-
se positionner au sein d’un système national en fonction de
le du Sénégal et de son économie tout court.
ses avantages comparatifs.
L’énoncé de la deuxième contrainte n’en est pas moins pro-
Ce système national intégrera la recherche agro-alimentaire,
vocante. Aucun plan stratégique ne remplacera la volonté de
car les synergies entre les deux secteurs sont telles qu’il n’est
privilégier certaines valeurs et règles d’éthique indispen-
plus avantageux de piloter séparément les deux domaines de
sables pour les attitudes, les comportements et les exigences
recherche. Les marchés et en particulier, les demandes de
qui sous-tendent une recherche agricole efftciente. Il faut
marchés urbains en produits transformés et conditionnés sont
donc intégrer dans le projet d’avenir, la construction d’une
de plus en plus déterminants. Le pilotage du processus de
culture d’entreprise.
production/ transformation/ conservation/ mise en marché
par l’aval s’impose par rapport à un pilotage par 1 ‘amont.
Malgré le monopole que lui confère son statut, 1’ISRA n’a
Une recherche orientée par la demande est d’autant plus
pas les ressources humaines et financières sufftsantes pour
nécessaire que l’économie sénégalaise devient une écono-
relever les deux contraintes principales à son projet d’avenir.
mie de la demande de produits et non une économie de
Il faut rappeler que, compte tenu de ses défis majeurs, l’agri-
l’offre. Et, de plus en plus, les plus-values se réalisent hors
culture sénégalaise est aujourd’hui condamnée à élargir et
de la production agricole. Ainsi la recherche agricole, qui
diversifier sa compétitivité, se diversifier et s’adapter ou
intègre bien sûr la gestion des ressources naturelles, serait
anticiper continuellement aux messages du marché, et enfin
associée à la recherche agro-alimentaire au sein d’un systè-
gérer d’une façon optimale ses ressources pour garantir la
me national qu’on définirait comme l’ensemble des institu-
durabilité des activités agricoles. C’est fort de ces défis que
tions présentes au Sénégal ayant des compétences scienti-
les autorités sénégalaises ont assigné au secteur agricole les
fiques dans ces domaines et qui accepteraient certaines
objectifs (1) d’une croissance agricole de 4% permettant de
règles communes. Le pilotage du système nécessitera un
réduire la facture d’importation et d’augmenter les recettes
mécanisme qui pourra revêtir plusieurs formes institution-
cl’ exportation; (2) d’un accroissement des revenus en milieu
nelles (cf. 3 Comité de Pilotage du SNRAA).
rural et d’une génération d’emplois pour réduire la pauvreté.
11 s’agit d’augmenter l’emploi agricole et rural d’au moins
2% par an pour faire face à l’exode rural et au surcroît de
65

La vision souhaitée de la recherche agricole à l’horizon 2015
L’avantage d’une nouvelle définition d’un système national
Le quatrième avantage découle du dispositif de centres et
pour I’Etat et les utilisateurs est que ce ne sont plus les cent
stations régionaux que I’ISRA est seul à posséder. Ce dispo-
cinquante chercheurs de I’ISRA et de I’ITA qui seraient
sitif en fait le seul organisme de recherche sénégalais dispo-
mobilisés en permanence sur les priorités du développement
sant de personnel présent sur tout le territoire. Ce dispositif
agricole et agro-alimentaire mais quelques quatre à cinq cent
lui donne un avantage comparatif à mener des recherches en
chercheurs dont la plupart sont déjà rémunérés par 1’Etat. Un
milieu contrôlé et en milieu réel dans toutes les zones agro-
deuxième avantage est que I’Etat pourrait affecter de façon
écologiques du pays avec la participation des producteurs et
plus effkiente les ressources disponibles. Un troisième avan-
de leurs organisations. II fait aussi de l’Institut un partenaire
tage potentiel devrait être la possibilité de concevoir un
privilégié des futures autorités régionales élues qui auront en
mécanisme de pilotage permettant une cogestion du système
charge la planification et la mise en oeuvre du développe-
par tous les acteurs et donc une contribution des acteurs éco-
ment rural donc aussi de la recherche agricole régionale.
nomiques au financement du système.
De l’ensemble de ses avantages comparatifs, il ressort que
I%RA doit centrer ses activités sur : (1) les disciplines de
Positionner 1’ISRA au sein du SNRAA en fonction
l’intégration c’est à dire les disciplines qui permettent un
de ses avantages comparatifs
diagnostic global des systèmes de production et des écosys-
tèmes mais aussi l’intégration des innovations techniques et
La réforme du SNRA basé sur un seul Institut assez fermé et
organisationnelles dans des ensembles cohérents et adaptés
monopolisant les ressources financières en un système basé
aux utilisateurs ; (2) les disciplines scientifiques, qui ont
sur plusieurs institutions partageant les ressources existantes
besoin de travailler de façon permanente en milieu contrôlé
doit se faire sur la base des avantages comparatifs de chacu-
et en milieu réel pour faire des diagnostics et mettre au point
ne et donc sur la base de ceux de I’ISRA.
des solutions (sélection variétale, entomologie, parasitolo-
gie, microbiologie, physiologie, agrostologie, etc...).
Le premier avantage de l’Institut est historique. C’est tout le
capital de connaissances, de résultats, de relations scienti-
Une analyse détaillée permet d’évaluer un nombre minimum
fiques, d’infrastructures et d’équipements accumulé avant sa
de chercheurs par discipline nécessaire à I’ISRA. Compte
création et depuis sa création. Ce capital est unique au
tenu des activités de production (semences, vaccins), d’in-
Sénégal et sans doute en Afrique francophone.
formation scientifique et technique, de formation à la
recherche par la recherche et de gestion que l’Institut doit
Le deuxième avantage découle des compétences de son per-
mener, les ressources financières disponibles suffisent à
sonnel de recherche. Composé en grande partie de cher-
peine pour rémunérer ce nombre.
cheurs généralistes et de chercheurs maîtrisant des procédés
de production agricole au sens large (agriculture, élevage,
Si on accepte le raisonnement ci-dessus, cela voudrait dire
pêche, forêts), l’Institut est l’organisme le plus à même d’in-
que I’ISRA devrait faire jouer le principe de la complémen-
tégrer les connaissances, les savoir-faire et les techniques au
tarité dans les recherches qui ne correspondent pas à ses
niveau des exploitations agricoles et au niveau des écosys-
avantages comparatifs. Dans ces domaines de recherche,
tèmes anthropisés. L’ISRA doit donc mettre l’accent sur les
I’ISRA devrait avoir à terme le minimum de chercheurs pour
sciences de l’intégration : agronomie, zootechnie, économie,
assurer une fonction de veille scientifique et être en mesure
sociologie, géographie, écologie, sciences du sol, agrofores-
d’utiliser les résultats de la recherche amont pour innover.
terie en particulier et sur les approches pluridisciplinaires.
La coopération nationale, régionale, internationale et avec les
Le troisième avantage découle du deuxième. Le rôle d’inté-
pays du Nord devra de plus en plus nous permettre d’amé-
gration des connaissances et des savoir-faire permet à
liorer l’articulation avec la recherche amont. La même attitu-
I%RA mieux qu’à quiconque de lier l’amont et l’aval de la
de doit être apportée pour ce qui est de la recherche aval. Tout
recherche dans les domaines des recherches agricoles et sur
ce qui est transfert de technologies et adaptation simple de
la gestion des ressources naturelles. En ce qui concerne
technologies devrait être laissé progressivement aux services
l’agro-alimentaire, l’Institut de Technologie Alimentaire
techniques publics, aux opérateurs privés (ONG, secteur
(ITA) bénéficie du même avantage.
privé) ou publics de développement qui seraient appuyés en
la matière par les équipes régionales de 1’ISECA.
66

La vision souhaitée de la recherche agricole à l’horizon 2015
Adapter la taille de I’ISRA aux exigences scienti-
institutions partenaires dans ce domaine considérant l’infor-
fiques et en tenant compte de l’évolution de l’envi-
matique comme une véritable discipline d’appui aux activités
ronnement
de 1’ISRA et de soutien des outils et procédures de gestion.
L’Institut a hérité d’un ensemble de centres et stations
La politique informatique bénéficiera de manière équitable
implantés sur l’étendue du territoire national. Dans le but
et juste à l’ensemble du personnel pour permettre à I’ISRA
d’assurer une allocation optimale des ressources disponibles,
d’améliorer significativement ses performances dans tous
il conviendra d’établir la nécessaire corrélation qui doit exis-
les domaines concernés. Elle envisage simultanément le
ter entre celles-ci et les réseaux des centres et des stations. Le
développement des gros centres informatiques et celui des
repositionnement de l’Institut tel que défini ci-dessus per-
centres et stations, et propose les moyens de développer les
mettra un redimensionnement qui permettra de faire de nom-
connaissances du personnel et la gestion du matériel. Les
breuses économies de charges de fonctionnement. Ces éco-
communications internes et entre les structures de I’ISRA,
nomies seront réalisées grâce à une utilisation judicieuse et
de même que celles avec les institutions partenaires et avec
effkiente des infrastructures (stations, points d’expérimenta-
les réseaux internationaux se développeront. Les disciplines
tion) et des équipements (laboratoires, matériel de laboratoi-
connexes telles que la biométrie, les statistiques, la docu-
re, véhicules, . . .etc). La mise en commun (à chaque fois que
mentation se développeront et bénéficieront pleinement des
c’est possible) de certains services (information scientifique
outils et méthodes informatiques mises en place.
et technique, entretien, maintenance, . ..etc) et l’automatisa-
tion des travaux de laboratoire et des activités de production
L’informatique devra assurer quatre (4) principales missions
(vaccins, semences) devront aussi non seulement permettre
au sein de l’Institut : (1) favoriser une bonne gestion des infra-
de faire des économies mais aussi, comme nous venons de le
structures, des moyens matériels et logiciels à travers un sys-
voir, de générer des ressources additionnelles. Pour ce faire,
tème efficace de communication ; (2) fournir un appui amé-
des options stratégiques retenues dans le sens du redimen-
lioré à la gestion administrative, comptable et financière ; (3)
sionnement de l’Institut, seront justifiées sur la base d’études
appuyer efficacement la conduite des programmes de
chiffrées.
recherche ; (4) animer, coordonner, informer et former les uti-
lisateurs.
Adapter une organisation et un fonctionnement
Gérer les infrastructures, les moyens matériels et logiciels,
décentralisés et ouverts sur les partenaires et les
offrir les supports et les bases d’une communication
clients
Quel que soit son domaine d’activité, l’entreprise d’aujour-
d’hui doit avoir une vision claire de ses moyens informa-
Une organisation matricielle en centres régionaux de
tiques. Cela est d’autant plus diffkile que l’informatique,
recherche, en centres nationaux de recherche et en structures
souvent centralisée autour de gros systèmes à ces débuts, est
de production (vaccins, semences) et de service (information
aujourd’hui un conglomérat organisé en réseau de systèmes
scientifique et technique, gestion) avec une direction généra-
répartis où le micro-ordinateur joue pleinement son rôle.
le chargée du management stratégique de l’ensemble, ren-
L’informatique à 1’ISRA sera donc responsable de la défmi-
drait l’Institut plus efbcient et plus sensible aux demandes
tion des choix de matériel, assurera l’exploitation, son suivi,
des utilisateurs et aux évolutions de son environnement.
et participera au choix des logiciels thématiques.
Mais une organisation ne peut fonctionner si les procédures
ne sont pas soigneusement définies ainsi que les attributions.
Fournir les outils de la gestion administrative, comptable
et financière

Développer une politique informatique
L’ISRA a conlïrmé son orientation de gestion décentralisée de
ces centres de recherche répartis sur le territoire national. La
La définition et la mise en place d’une véritable politique
remontée des informations financières pour consolidation et
informatique adaptée au contexte actuel de I’ISRA et tirant
agrégation au siège d’une part, mais également la restitution
pleinement les conséquences de la situation passée est néces-
de ces mêmes informations enrichies au niveau des centres
saire pour s’engager dans une voie volontaire de développe-
d’autre part sera sous tendue par des procédures et un système
ment. Elle s’inspire largement des expériences vécues par les
d’information fiable et adapté aux besoins de l’Institut.
Proiet d’Entreurise
de I’ISRA
67
La recherche agricole et agro-alimentaire à l‘horizon 2015

La vision souhaitée de la recherche agricole à l’horizon 2015
Appuyer les programmes de recherche
Vente de produits et de prestations
La conduite d’activités scientifiques ne peut plus se conce-
Dans le secteur des semences, on observe actuellement un
voir sans l’aide ou l’appui de l’informatique. Le micro-ordi-
accroissement de la demande en semences de qualité. Cet
nateur est devenu le compagnon idéal du chercheur. Afin de
accroissement résulte en particulier de la dévaluation du
conserver l’effkacité globale du système, et de concentrer
franc CFA qui a entraîné l’intensification des cultures pour la
les compétences sur chaque métier, il est indispensable que
consommation locale et l’exportation. 11 résulte aussi de la
le chercheur puisse trouver un appui en terme de moyens et
privatisation et la libéralisation du secteur semencier qui
de conseils auprès d’informaticiens sensibilisés aux diffé-
provoque également une augmentation de la demande en
rentes thématiques de la recherche. L’informatique inter-
semences qertifïées.
viendra aux quatre grandes étapes qui caractérisent le flux
des données scientifiques :
Concernant, les vaccins, il existe un marché potentiel impor-
tant, renforcé par l’effet de la dévaluation, aussi bien au
mesure, acquisition, et échantillonnage des don-
l
niveau national qu’au niveau sous régional.
nées ;
gestion des données ;
l
L’ISRA dispose à travers ses structures de production
traitement des données ;
l
(semences et vaccins) d’atouts assez substantiels et de son
production d’outils opérationnels (biométrie et
l
expérience pour la satisfaction des besoins. De plus, les pro-
SIG).
ductions de semences et vaccins sont les secteurs capables
de générer des recettes propres. Ceci justifie l’intérêt de
Animer, coordonner, appuyer aux utilisateurs
développer les capacités de production au sein de l’Institut.
Cependant, la rentabilité économique des structures de pro-
Pour atteindre les objectifs contenus dans les missions ci
duction n’a pas été prouvée jusqu’à présent. 11 s’agira alors
dessus confiées à l’informatique, il sera mis en place une
d’optimiser la rentabilité en prenant en compte les
action d’animation, de concertation, d’information et de for-
contraintes et les faiblesses identifiées au niveau de la pro-
mation imposant la constitution d’une équipe d’informati-
duction (quantité et qualité des semences et vaccins, outils),
ciens chargée de prendre en charge ce domaine. Leur répar-
de la commercialisation (analyse de la demande) et de la
tition devra être envisagée afin d’assurer à la fois l’opératio-
gestion administrative et financière (prise en compte des
nalité du système et l’appui indispensable à apporter aux
investissements).
équipes.
Les prestations de services de façon générale (formation,
enseignement, analyses de laboratoire, UTIS, . ..etc) et l’ex-
Assurer un financement durable de I’ISRA à court
pertise en particulier (études et évaluation de projets, consul-
terme
tation) constituent pour l’Institut d’autres activités suscep
tibles de générer des ressources additionnelles. L’ISRA met-
Face au diagnostic de la situation financière (dépendance de
tra en place un bureau d’étude interne dont les activités
I’ISRA à 70% en ressources extérieures, contribution de
seront basées sur les compétences internes.
1’Etat de 23% entièrement absorbé par les charges en per-
sonnel), à l’évolution tendancielle de l’environnement finan-
Partenariat avec les structures régionales décentralisées
cier (baisse de l’aide internationale et bilatérale) et à la mise
en place du futur SNRAA, 1’lSRA s’est engagé dans une
Dans le contexte de régionalisation/décentralisation,
réflexion posant le problème de la pérennité du financement
l’Institut sera amené à appuyer les régions pour le dévelop
de l’Institut. Plusieurs possibilités de financement ont pu être
pement local et régional et ainsi accompagner les dyna-
explorées. Elles concernent essentiellement l’instauration
miques, les initiatives, les actions, les processus de dévelop
d’un partenariat avec les structures régionales décentralisées,
pement porteur de changement. Il s’agira d’établir des
la création d’un fonds de recherche et le renforcement du
connaissances en terme de dynamique permettant de plani-
financement par les conventions particulières de recherche.
fier le développement et d’aider les acteurs régionaux à défï-
A un degré moindre, la vente des produits (semences et vac-
nir leurs problématiques qui seront traduites en probléma-
cins en particulier) et de prestations par l’Institut peuvent
tiques de recherche. L’ISRA développera et proposera un
être des possibilités.
portefeuille de projets de recherche régionaux dont la prise
68
>
i



La vision souhaitée de la recherche agricole à l’horizon 2015
en charge sera assurée avec les acteurs régionaux (opérateurs
associations...) ayant des compétences en recherche agrico-
économiques, organisations de producteurs, conseils régio-
le et en recherche agro-alimentaire sur la base de leurs avan-
naux).
tages comparatifs. Cependant les faiblesses qui ressortent du
diagnostic des relations entre les différentes institutions au
Fonds et Fondation pour la recherche
Sénégal (voir analyse diagnostique) ainsi que les enjeux du
développëment évoqués et les objectifs majeurs assignés par
La mise en place d’un fonds de la recherche constitue une
l’Etat, commandent la définition d’un cadre organisationnel
autre possibilité d’instauration de mécanismes de finance-
pouvant prendre en charge la mise en oeuvre des synergies
ment et d’allocation de ressources que l’ISR4 compte mettre
requises.
en place pour financer ses activités scientifiques. Ce fonds
sera alimenté par l’Etat, les bailleurs, les organisations, les
acteurs nationaux et régionaux du secteur public et privé. Il
Les principes de l’organisation du SNRAA
sera doté de procédures de fonctionnement et de gestion
souples, efficaces, rigoureuses et transparentes. Son accès se
La nécessité de redéfinir la mission actuelle des structures
fera par appel d’offres et avis motivé d’un comité de sélec-
impliquées dans le système national à la recherche agro-ali-
tion constitué de scientifiques internes et externes à l’Institut.
mentaire, à la gestion raisonnée et durable des ressources
De plus, il rendra la recherche plus sensible aux intérêts de
naturelles, à la mise au point d’itinéraires adaptées aux
ses clients et à travers l’établissement de contrats de perfor-
conditions socio-économiques qui naîtront des difficultés
mances. Il rendra l’Institut redevable envers ses donateurs.
d’approvisionnement des villes, apparaît indispensables à
Enfin, ce fonds sera un prélude à la mise en place de la fon-
l’établissement d’un système en adéquation avec les évolu-
dation pour la recherche prévue dans le cadre du Système
tions des stratégies de productions. L’émergence du secteur
National de Recherche Agricole et Agro-Alimentaire.
informel des biens et services, liés à la satisfaction des
besoins de base, devra également retenir l’attention du sys-
Conventions particulières
tème. Il s’agit d’intégrer les itinéraires techniques aux réali-
tés socio-économiques auxquelles font face les acteurs
Il s’agira de valoriser l’expérience de 1’ISRA dans le monta-
directs du secteur pour définir leurs stratégies. De fait, il
ge de projets de recherche en exploitant toutes les opportu-
s’agit de raisonner en termes d’économie agro-alimentaire
nités qui s’offrent au niveau régional et international
mais également en terme (< d’économie populaire » .
(réseaux, CIRA, organisations internationales).
Les mutations rapides en cours (croissance démographique
galopante, dégradation des ressources naturelles fragilisées
par l’exploitation minière et l’absence de gestion rationnelle,
ajustement structurel, mutations socio-politiques, etc...)
Un Système National de Recherche
appellent à une adaptation rapide. Ceci obligera le système à
se doter de moyens et de capacités de prospection et d’anti-
Agricole performant et durable
cipation pour prévoir les changements rapides en cours. La
mobilisation et la répartition des tâches de manière concer-
tées entre les composantes du système, selon leurs compé-
tences et expertises, doit déjà permettre de réduire voire éli-
L’argument fondamental dans la mise en place d’un Système
miner les disparités d’approches, de capacités d’analyse et
National de Recherche Agricole et Agro-alimentaire
de programmation. Ces situations se sont souvent traduites
(SNRAA) est celui de la gravité, de la complexité et de I’in-
par le passé, par une faible articulation entre les priorités de
terdépendance des défis auxquels le Sénégal doit faire face
la recherche et celles du développement national. En un mot,
pour son développement économique et social. Comme nous
l’interdisciplinarité des recherches doit être une réalité dans
l’avons déjà dit, un SNRAA permettra d’organiser et de sys-
les synergies à développer entre les structures impliquées.
tématiser les coopérations entre toutes les institutions séné-
galaises ou présentes au Sénégal et ayant des capacités de
Une recherche durable requiert une stratégie à long terme et
recherche dans les domaines agricole et agro-alimentaire. 11
des ressources financières stables. Il apparaît nécessaire, à ce
consistera à remplacer les monopoles de I’ISRA et de I’ITA
niveau, de bien définir les champs d ‘action du système pour
par une mise en synergie des institutions (publiques, privées,
Proiet d’Entreorise
de I’ISRA
69

La vision souhaitée de la recherche agricole à l’horizon 20 15
élaborer des politiques et des options stratégiques et un pro-
mécanismes et des procédures souples et légères, faisant appel,
gramme pluriannuel et multisectoriel. En clair, il s’agit
pour une grande part. aux compétences de ces institutions.
d’avoir un approche participative (système/partenaire/utili-
sateurs), de partir des besoins et des demandes, de tenir
La mise en place de projets structurants
compte des connaissances scientifiques et des technologies
disponibles, d’élaborer un cahier des charges tenant compte
Les organismes participants au SNRAA pourraient définir et
des avantages comparatifs. Une approche concertée et coor-
mettre en oeuvre des pro-jets les regroupant tous ou en partie.
donnée nécessite cependant un rapprochement voire une
On peut distinguer deux types de projets par leur nature. Les
uniformisation des statuts et règlements définissant chacune
projets de mise en commun de moyens et de compétences et
des structures impliquées dans le système. Cela suppose éga-
les projets de recherche collaborative.
lement, créer des conditions de motivations et gérer les rcs-
sources humaines concernées (formations, perfectionne-
(i) Les projets de mise en commun de moyens
ments, plans de carrière, etc...) en adéquation avec les
et de compétences
besoins identifiés du système.
Dhwloppm~ent
d ‘un I-chmr injtirmntipc,
L’in fonnatique
La mobilisation au mieux des compétences et expertises des
doit jouer un rôle important dans la conduite et l’exécution
structures existantes doit permettre une meilleure utilisation
des activités scientifiques d’un Institut de recherche. Elle
des ressources allouées au secteur agricole et agro-alimen-
devra intervenir aux quatre grandes étapes qui caractérisent
taire par I’Etat et les bailleurs de fonds. La gestion perma-
le flux des données scientifiques : ( 1) mesure. acquisition, et
nente de la qualité (efficacité et durabilité) de la réponse aux
échantillonnage des données; (7) gestion des données; (3)
utilisateurs doit également être un fil conducteur du système
traitement des données; (4) production d’outils opérationnels
à édifier. Il ne s’agit pas d’adapter des itinéraires à des pré-
(biométrie et SIG).
occupations ponctuelles mais plutôt de se préoccuper de
manière permanente de la qualité des itinéraires propos&.
Plus précisement, l’informatique offre de nombreuses pers-
Enfin, l’émergence de l’approche G éco-régionale )) et l’éla-
pectives, notamment avec les systèmes de gestion de bases
boration des cadres d’action pour la revitalisation de la
de données dont l’accès doit être organisé autour d’un systè-
recherche en Afrique par le SPAAR sont des éléments qu’il
me client-serveur. La réflexion à mener sur ce thème au sein
faut nécessairement prendre en compte dans un SNRAA
de I%RA devra aboutir à la mise en place d’outils fonction-
ouvert et à l’écoute permanente des changements et évolu-
nels adaptés aux besoins des différentes structures de
tions de son environnement, pour faire face aux nouveaux
l’Institut. L’un des premiers résultats attendus sera la possi-
enjeux de la recherche agricole en Afrique.
bilité de valoriser certaines bases de données existantes,
aujourd’hui éparpillées dans différents services, en les ren-
Un premier préalable à l’édification d’un système efficace
dant accessibles et partageables par le plus grand nombre (ex
est la nécessaire transformation de l’organisation fonction-
: données météo, imagessatellites, analyses de sol, enquêtes,
nelle de chacune des structures impliquées en une organisa-
statistiques agricoles, . ..).
tion divisionnelle (structures opérationnelles) sur le modèle
de I’ISRA par exemple. Un avantage du système proposé est
De plus, l’lnformatique joue aujourd’hui un rôle incontour-
lié au fait que la plupart des agents des structures qui le com-
nable dans l’analyse, la représentation, et l’édition des don-
posent sont déjà rémunérés par 1’Etat.
nées scientifiques. La qualité des résultats dépend aussi beau-
coup de la qualité de l’analyse des données : il ne peut y avoir
de résultats fiables sans une bonne analyse. L’exploitation
La démarche de construction du SNRAA
d’outils informatiques est nécessaire dans cette étape : elle
permet le traitement rapide sur des volumes importants de
Elle consiste à structurer et à piloter le système national sui-
données, avec des logiciels statistiques et graphiques. La qua-
vant trois types d’activités qui sont des projets structurants,
lité de la recherche nécessite aussi de communiquer les résul-
des mécanismes d’allocation de ressources et enfin les
tats sous une forme lisible et compréhensible aux différents
échanges et la diffusion de l’information sur les recherches,
partenaires et clients. Dans ce domaine aussi l’Informatique
les résultats et les compétences des institutions participantes
est indispensable grâce au développement des outils et
au SNRA. Ces activités devront être pilotées suivant des
méthodes d’édition, de cartographie et de présentation assistée
par ordinateur.
70
CQLi se de I’ISRA

La vision souhaitée de la recherche agricole à l’horizon 2015
Enfin, l’informatique permet de formaliser, d’intégrer, de syn-
sous forme de cartes ces données spatialement référencées.
thétiser les connaissances scientifiques de manière dynamique
La description d’un tel système correspond à ce que l’on
et accessible aux différents partenaires et clients. Elle aide
désigne communément sous le nom de Système
aussi à fédérer dans des outils cohérents (ex : modèles, sys-
d’Information Géographique (SIC). Le développement et à
tèmes experts, SIG, ‘) des connaissances et résultats pluridis-
la banalisation des SIG partout dans le monde renforce l’in-
ciplinaires généralement éparpillés dans différentes structures
térêt d’une telle approche à I’ISRA, à la fois pour ses besoins
de recherche. Elle contribue par conséquent à l’élaboration
propres, et pour la création d’outils de suivi et d’aide à la
d’outils opérationnels exploitables aussi bien par la recherche
décision destinés à ses clients. Schématiquement on peut
que par ses clients. La production des ces outils joue donc un
imaginer que les besoins se situent à trois niveaux d’échelle
rôle important dans la valorisation et le transfert des innova-
que sont le niveau national, le niveau régional (département,
tions, ainsi que dans l’afftchage des compétences.
périmètre irrigué, communauté rural, terroir, . ..) et le niveau
local (gestion des stations). Le développement d’une telle
Les activités devraient être de trois types: (1) la recherche
activité implique des moyens, et des compétences pour les
avec la mise au point de méthodes statistiques pour résoudre
utiliser. Dans ce domaine, 1’ISRA ne pourra pas tout faire, et
certains problèmes particuliers posés par les chercheurs,
des collaborations devront être recherchées à l’extérieur.
techniques d’échantillonnage, modélisation mathématique,
D’ores et déjà il est important que I’ISRA sorte de son isole-
etc...; (2) l’appui grâce à la réalisation d’analyses de données
ment en renforçant ses collaborations locales avec notam-
complexes (fonction centre de calcul), conseil aux cher-
ment l’université, I’ENSUT et le CSE.
cheurs pour la planification d’expériences et d’enquêtes,
pour leur traitement, assistance pour l’utilisation des logi-
L’informatique en réseau en tant qu’outil de communication,
ciels statistiques mis à leur disposition; (3) la formation pour
d’accès et de partage de ressources, des logiciels, des bases
une amélioration de la rigueur méthodologique et de l’auto-
de données aux utilisateurs, etc... est devenu indispensable.
nomie des chercheurs par la formation aux méthodes statis-
La notion de mise en réseau de systèmes d’information à des
tiques et aux outils logiciels. Ces activités, en dehors de ses-
fins de partage et d’échange d’information est apparue dès
sions de formation ou d’appuis ponctuels, paraissent diffici-
les années 70 dans les centres de recherche. Aujourd’hui
lement sous-traitables à l’extérieur. Les chercheurs ont
aucun système d’information ne se construit sans ce concept
besoin d’un appui continu et de proximité, et les biométri-
de réseau. Dans le cadre d’une institution localisée sur plu-
tiens doivent être à leur écoute, connaître et comprendre par-
sieurs centres, l’informatique doit être exploitée dans la mise
faitement leurs problèmes, intervenir à plusieurs étapes
en réseau de ces différents centres et apporter les premières
(avant, pendant, et après les expériences). Par ailleurs, on
bases d’une véritable communication d’entreprise.
sait que les biométriciens sont une espèce rare et volatile.
L’ISRA en a déjà fait l’expérience. Pour les retenir il faut
Il serait souhaitable, à partir du réseau ORSTOM, du réseau
donc les intéresser en leur proposant une part d’activité de
de I’AUPELF, des projets de réseaux ISRA et de
recherche valorisante et un plan de carrière attractif. Enfin,
l’Université, de développer un réseau qui structure l’en-
pour assurer un véritable service de proximité, il y aurait
semble du SNRA tout en étant ouvert sur l’extérieur et à
intérêt à répartir de telles compétences non seulement au sein
d’autres organismes.
des plus grosses équipes des services centraux, mais aussi
auprès des centres régionaux les plus importants. Dans les
Le développement d’un tel réseau pourrait s’accompagner
autres centres, on pourrait imaginer d’identifier et de former
d’une politique ambitieuse de formation des personnels à la
un correspondant parmi les chercheurs en place.
bureautique mais aussi en biométrie, ou modélisation, SIG, ..,
etc. Il devrait aussi permettre aux utilisateurs d’avoir accès à
L’ISRA, comme la plupart des organismes de recherche
l’information disponible au niveau des organismes du système
agronomique, et plus particulièrement ceux ayant pour voca-
national sous forme d’un WEB.
tion une recherche appliquée pour le développement, produit
ou utilise essentiellement des données localisées ou locali-
Développement d’un réseau d’Information Scient$que et
sables dans l’espace géographique. L’Institut intervient sur la
Technique. Ce projet consistera à regrouper les services IST
totalité du territoire, à travers plusieurs thématiques (pêche,
de certaines structures comme l’ISRA, 1’ORSTOM et 1’ITA
élevage, forêt, cultures pluviales, et?), et dans une approche
prévoient de le faire pour offrir les meilleures services à leur
régionale. Il a donc besoin d’un ensemble d’outils informa-
personnel et aux utilisateurs, à mettre en réseau l’ensemble
tiques permettant de saisir, stocker, analyser et présenter
des services IST grâce à l’informatique, à réaliser des bases
Proiet d’Entremise
de I’ISRA
71
70

La vision souhaitée de la recherche agricole à l’horizon 2015
de données, des publications et peut-être même à mener une
de produits chimiques et des organismes publiques et non
politique commune à l’acquisition des documents.
gouvernementaux sur le même modèle que les précédents.
Développement d’un réseau de laboratoires. Ce réseau s’or-
ganisera sur le même modèle que I’IST, chaque structure se
Des mécanismes d’allocation des ressources
spécialisant sur certains types d’analyses.
Le SNRA pourrait disposer de fonds donnés par les bailleurs
(ii) Développement de recherches collabora-
ou par I’Etat pour financer des activités spécifiques nécessi-
tives
tant la collaboration de chercheurs ou d’équipes de
recherche de plusieurs organismes. On peut distinguer des
Les projets possibles sont très nombreux et le SNRAA ne
fonds de type incitatif et des fonds pour la formation à la
devrait pas chercher à piloter toutes les collaborations scienti-
recherche.
fiques entre organismes de recherche. Il devra plutôt s’intéres-
ser premièrement, à inciter et appuyer les collaborations sur
(i) Des fonds incitatifs
les recherches jugées prioritaires par rapport aux problèmes de
développement. Deuxièmement, il devra s’assurer que les
L’intérêt des fonds incitatifs est de permettre de mettre en
projets collaboratifs remplissent un certain nombre de critères
place et développer rapidement des travaux de recherche sur
d’excellence et qu’ils intègrent la recherche, la formation et la
des thèmes jugés prioritaires ou utilisant des méthodologies
valorisation et associent les partenaires extérieurs,
originales, et mettant en compétition des équipes de
recherche pluridisciplinaires constituées de personnes appar-
A titre d’exemple, un projet de recherche collaborative sur
tenant à au moins deux institutions de recherche, en utilisant
l’utilisation des biotechnologies pour l’amélioration géné-
une procédure d’appel d’affres. Par exemple un fonds inci-
tique, l’adaptation des plantes à la sécheresse, l’amélioration
tatif pour financer des recherches sur la gestion des res-
de la fertilité des sols, pourrait, autour du laboratoire de cul-
sources naturelles par les communautés rurales, un fonds
ture in vitro de I’UCAD et de I’URCI, le MIRCEN associant
incitatif pour financer des recherches sur l’artisanat agro-ali-
I’ISRA et I’ORSTOM, le CERAAS qui associe I’ISRA, le
mentaire en milieu rural, etc...
CIRAD, I’ENSA et I’UCAD, développer certaines
recherche en génétique, microbiologie et physiologie végé-
(ii) Des fonds pour la formation à la recherche
tales, créer ou développer des enseignements universitaires
correspondants et valoriser certains résultats.
La priorité sera certainement donnée à la formation à la
recherche par la recherche en mettant en place un fond et une
Un projet de recherche collaborative sur la politique agrico-
procédure de financement de Thèses de 3ème cycle pour les
le pourrait également être réaliser au sein du SNRAA. En
étudiants sénégalais. L’idée serait de financer des thèses réa-
effet, plus que de technologies améliorées, les acteurs éco-
lisées au sein d’organismes de recherche et dirigées conjoin-
nomiques ont aujourd’hui davantage besoin d’un environne-
tement par un chercheur d’un organisme de recherche et par
ment socio-économique sécurisé et incitatif. Une politique
un Directeur de thèse de l’université. Les bourses seraient
agricole basée sur des informations précises, actuelles et sur
attribuer suivant une procédure d’appel d’otfres mettant en
des analyses de spécialistes sont une priorité. Il s’agit alors
concurrence des étudiants parrainés par un chercheur et un
de mobiliser les compétences de I’ISRA, de I’UPA, du
enseignant chercheur. L’intérêt de tels fonds est multiple. Ils
CREA, de I’UPE, etc... autour des questions essentiels que
permettent de former des chercheurs nationaux et donc d’as-
se posent les décideurs politiques, par exemple sur la sécuri-
surer le renouvellement du personnel chercheur, de dévelop-
té alimentaire et/ou la lutte contre la pauvreté. En plus des
per la collaboration entre enseignants, et de développer les
activités de recherche, ce projet pourrait comprendre un
formations de troisième cycle au Sénégal.
volet formation visant à créer au Sénégal un enseignement
supérieur en économie agricole.
Enfin, un autre projet de ce type pourrait concerner la lutte
intégrée contre les ennemis des cultures horticoles. II devra
mobiliser les compétences universitaires, des sociétés privées
72

La vision souhaitée de la recherche agricole à l’horizon 2015
Echanges et diffusion de 1 ‘information sur les recherches
de développement agricole et agro-alimentaire. Suivant les
modalités à préciser, il sera nécessaire que les partenaires du
Un des problèmes rencontrés par les partenaires d’un futur
SNRAA s’accordent sur des orientations et des priorités de
SNRAA et aussi par les utilisateurs de la recherche est de
recherche pour une période donnée. Celles-ci serviront ensui-
savoir, quelle institution, quel chercheur travaille sur quel
te de référence pour approuver ou non les activités proposées.
sujet ? Quelles sont leurs compétences et quels sont leurs
résultats ? Cette information, indispensable à une bonne col-
Il ne s’agit pas d’imposer des orientations ou des priorités
laboration entre partenaires et à une valorisation des résultats
aux partenaires du SNRAA mais de les amener à les définir
de recherche, est difficilement accessible. L’accès à une telle
ensemble, donc d’y adhérer et de les intégrer volontairement
information pourrait être facilité par la création d’une base
dans les propres exercices de planification-programmation.
de données informatisées dans le cadre du réseau informa-
tique. Sous une forme simple, celle-ci pourrait renseigner sur
La deuxième fonction sera d’approuver, éventuellement de
les institutions, les programmes de recherche, le personnel
financer, de suivre et d’évaluer les activités du SNRAA. Si
de recherche et ses compétences, et les résultats obtenus.
on veut éviter la mise en place de mécanismes coûteux et
L’accès à l’information pourrait aussi passé par la création
bureaucratiques pour remplir cette fonction, il faudra retenir
d’un bulletin du SNRAA présentant périodiquement les
des procédures légères. Pour cela une règle simple serait que
résultats de recherche disponibles aux utilisateurs. Il ne
les instances à créer n’aient pas à élaborer ou à gérer les acti-
s’agirait pas d’une publication scientifique mais d’une publi-
vités du SNRAA. Il appartiendrait aux organismes du systè-
cation de vulgarisation scientifique. Enfin, une revue scien-
me intéressés par un projet ou une activité de l’élaborer, de
tifique informatisée serait aussi un bon support à la diffusion
le faire approuver par l’instance habilitée, d’en rechercher le
de l’information.
financement, puis de l’exécuter et d’en rendre compte.
L’instance habilitée devrait se contenter d’inciter à l’élabo-
ration de projets correspondant aux orientations définies, de
Un comité de pilotage
les approuver, d’aider éventuellement à la recherche d’un
financement, de les suivre et de les faire évaluer. En quelque
Le système national de recherche agricole n’existera que si
sorte, l’instance habilitée donnerait un label SNRAA garan-
il est piloté. Plusieurs formes de pilotage du système peuvent
tissant le caractère prioritaire et la qualité scientifique de
être envisagées comme une direction nationale, un conseil
l’activité à financer sur des fonds de recherche, l’instance de
national ou une fondation associant tous les acteurs. Quel
recherche aurait à allouer le financement demande. Même
qu’il soit, ce mécanisme devra au moins assurer les fonctions
dans ce cas, on peut imaginer que la gestion des fonds de
d’évaluation-planification et d’affectation des ressources. La
recherche soit confiée à un des organismes membres qui
possibilité de concevoir un mécanisme permettant une
aurait à rendre compte aux instances concernées et au
cogestion du système par tous les acteurs et donc une contri-
bailleur de fonds, plutôt que de créer des structures spéci-
bution des acteurs économiques au financement du système,
fiques pour leur gestion. Par exemple en matière de réseau
ne doit pas être écartée. Outre les ressources traditionnelles
informatique, un groupe de travail constitué des personnes
(subventions de l’Etat, crédits de bailleurs de fonds), le sys-
compétentes des organismes concernés serait mis en place
tème devra pouvoir attirer, sur la base de la qualité de son
pour élaborer le projet, Ie faire labelliser SNRAA et en
expertise, des financements plus inhabituels comme des
rechercher le financement avec l’appui si nécessaire des ins-
fonds de soutien, prêts bancaires, recherches contractuelles,
tances habilitées, et de l’exécuter. Un des organismes
prestations de services, et financements par les utilisateurs
membres serait responsable juridiquement vis-à-vis du
directs. La recherche d’une autonomie avec des modes de
bailleur de fonds. Les procédures ci-dessus éviteraient une
gestion lui permettant de générer des ressources propres sera
bureaucratisation coûteuse et permettraient la participation
à la base d’une plus grande capacité du système à répondre
de tous les organismes membres du SNRAA pour le faire
rapidement aux sollicitations et s’adapter aux évolutions.
fonctionner.
Pour la mise en oeuvre de projets structurants et d’allocation
Une troisième fonction sera d’assurer la participation des uti-
de fonds, le mécanisme de pilotage devra remplir plusieurs
lisateurs de la recherche, des organisations professionnelles
fonctions. La première fonction que doit remplir le mécanis-
des chercheurs, des institutions de recherche et de dévelop-
me est une fonction d’orientation. Elle consiste à définir
pement et des décideurs au pilotage du SNRAA. En effet, si
ensemble les priorités de recherche par rapport aux priorités
pour l’essentiel les activités seront menées par les organismes
roiet d’htre
se de I’ISRA
73

La vision souhaitée de la recherche agricole à l’horizon 2015
ayant des compétences en matière de recherche, il serait
Relations de coopération du SNRAA avec
essentiel que les utilisateurs et les décideurs participent au
l’extérieur
pilotage du SNRAA pour que les priorités soient détermi-
nées par les demandes de recherche des utilisateurs. Les
Le SNRAA devra avoir une vocation naturelle d’implication
ministères et leurs directions nationales, les organisations
dans les évolutions en cours tar? au niveau sous-régional
professionnelles, les privés, les organisations de producteurs
qu’au niveau international. Les exigences de l’heure qui
et les ONG doivent pouvoir adhérer au mécanisme au même
s’articulent autour des tendances au regroupement et à l’har-
titre que les organismes de recherche et d’enseignement
monisation des approches militent de toute évidence en
supérieur.
faveur d’un SNRAA ouvert en direction des autres parte-
naires susceptibles de contribuer d’une manière ou d’une
Enfin, un quatrième fonction est que les mécanismes et pro-
autre à un effort national commun de recherche. Il s’agira
cédures retenus soient attrayants pour les bailleurs de fonds
pour le SNRAA de s’insérer au sein d’un réseau Ouest-afri-
et les personnes morales qui souhaiteraient soutenir le
cain de coopération scientifique et au sein de la coopération
recherche agricole et agro-alimentaire, c’est à dire leur
NordSud et internationale pour une mise en commun des
garantissent la transparence et l’efficacité dans l’utilisation
compétences, des économies d’échelle, des transferts de
de leurs fonds.
compétences. Cette dimension internationale pourra se sys-
tématiser grâce, par exemple, à un rôle actif au sein de la
Compte tenu des différentes fonctions que doit remplir le
CORAF ou du SAFGRAD et à une participation aux
mécanisme de pilotage, la création d’une fondation de la
réseaux de recherche et aux programmes écorégionaux.
recherche agricole ou agro-alimentaire semble la plus appro-
L’ISRA a déjà une bonne coopération extérieure et malgré la
priée. La fondation permettra un pilotage souple mais effica-
détérioration de son image, joue encore un rôle actif. Il s’agi-
ce du SNRAA sans bouleversement institutionnel important.
ra de systématiser ces coopérations et surtout de les élargir à
Elle permettra un copilotage du système par l’Etat, les béné-
l’ensemble du système national.
ficiaires et les professionnels de la recherche et donc l’orien-
ter vers la satisfaction des besoins des utilisateurs. La fonda-
Au niveau sous-régional, il s’agira de renforcer le crédit que
tion amènera les utilisateurs à participer progressivement à
le Sénégal a dans le secteur de la recherche agricole et agro-
son financement et de répondre aux exigences de transparen-
alimentaire en se positionnant dans les domaines straté-
ce et d’efficacité des partenaires financiers et scientifiques
giques et porteurs.
extérieurs. Enfin elle renforcera la collaboration entre cher-
cheurs nationaux sur la base de l’équité et de l’efficacité.
Au niveau international, il s’agira d’insérer le système natio-
nal au sein d’une coopération internationale où les exigences
de performances sous-tendent une compétition de plus en
plus difficile. Le SNRAA devra constamment faire la preu-
ve de sa fiabilité pour pouvoir être pris en compte dans les
différentes initiatives au niveau du CGIAR, du SPAAR, de
la FAO, de I’AUPELF, etc... Les relations Nord/Sud, en par-
ticulier avec les organismes de coopération comme le
CIRAD, 1’ORSTOM et les universités américaines devront
permettre des collaborations sur la base de la complémenta-
rité des domaines de compétence et de la formation perma-
nente des agents.

Conclusions
75

Conclusions
CONCLUSIONS
Le Projet d’entreprise devra permettre à I’ISRA de conforter
ces succès et d’en obtenir d’autres dans un environnement
international dans lequel « l’avantage compétitif a supplanté
l’avantage comparatif » (L. Stoléru, dixit). Pour relever ces
De 192 1 à 1995, la recherche agricole sénégalaise a tenté de
nouveaux défis, des choix difficiles et des efforts’ durables
définir un processus de création-diffusion cohérent et effka-
sont nécessaires.
ce entre chercheurs et vulgarisateurs . Au début des années
80, elle a essayé de favoriser l’émergence d’une recherche
Les orientations proposées dans le Projet d’entreprise ne
pluridisciplinaire. Ces différentes tentatives ont connu des
visent pas à provoquer une rupture totale par rapport à la
succès parmi lesquels on note :
situation actuelle et, encore moins, une révolution. Elles sont
une combinaison de ruptures et d’évolutions lentes. Elles
des infrastructures et des équipements (certes
supposent néanmoins des efforts de la part de tous, agents et
l
dégradés aujourd’hui) répartis sur tout le territoire
partenaires de I’ISRA.
national ;
des chercheurs nationaux bien formés, compétents
l
et patriotes ;
des relations de coopération très solides avec de
l
grands pays de la recherche (France, USA, Canada,
etc.) ;
. une solide soutien des bailleurs de fonds tradition-
nels de la recherche (Coopération française, Banque
Mondiale, USAID, CRDI, etc.).
77

Liste des sigles
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Liste des sigles
Liste des sigles
EPIC
Etablissement Public à caractère Industriel et Commercial
E P S T
Etablissement Public à caractère Scientifique et
Technologique
ACDI
Agence Canadienne de Développement International
F A O
Organisation des Nations Unies pour I’Alimentation et
ACS
Actions Concertées Systémiques
l’Agriculture (Food and Agriculture Organization)
A C T
Actions ConcertéesThématiques
F I D E S
Fonds d’investissement et de Développement Economique
A D R A O
Association pour le Développement de la Riziculture en
et Social
Afrique de l’Ouest
G P S
Groupe de Prospective et Synthèse
AEF
Afrique Equatoriale Française
ICRISAT
Institut International de Recherches sur les Zones
SALWA
Semi-Arid Low Lands in West Africa
Tropicales Semi-Arides
AGRIS
Système International d’Information pour les Sciences et
IDA
Association Internationale de Développement
la Technologie Agricoles
(International Development Association)
ANCAR
Agence Nationale de Crédit Agricole et Rural
IEMVT
Institut d’Elevage et de Médecine Vétérinaire des pays
AOF
Afrique Occidentale Française
Tropicaux
ARABHY
Arachide Bilan Hydrique
IFAN
Institut Fondamental d’Afrique Noire
AUPELF
Association des Universités Partiellement ou Entièrement
ILRI
Réseau Africain de Recherches sur les Petits Ruminants
de Langue Française
INSAH
Institut du Sahel
BAST
Bureau des Affaires Scientifiques et Techniques
IRAT
Institut de Recherches Agronomiques Tropical
B M C
Basse et Moyenne Cacabante
IRCT
Institut de Recherches sur le Coton et Textiles
C E P
Centre d’Etudes des Pêches
IRHO
Institut de Recherches sur les Huiles et Oléagineux
C D H
Centre pour le Développement de I’Horticulture
ISE
Institut des Sciences de l’Environnement
C D - R O M
Compact Disk-Read Only Memory
ISRA
Institut Sénégalais de Recherches Agricoles
CERAAS
Centre d’Etudes Régional pour I’Amélioration de
IST
Information Scientifique et Technique
1’Adaptation à la Sécheresse
ITA
Institut de Technologie Alimentaire
CFA
Communauté Financière Africaine (franc de la)
LFERV
Laboratoire Fédéral d’Elevage et de Recherches
CGIAR
Consultative Group on International Agricultural
Vétérinaires
Research
L N R S F
Laboratoire National de Recherches sur les Semences
CGOT
Compagnie Générale des Oléagineux Tropicaux
Forestières
CILSS
Comité Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse au Sahel
LNERV
Laboratoire National d’Etudes et de Recherches
CIRAD
Centre de Coopération Internationale en Recherche
Vétérinaires
Agronomique pour le Développement
M A S
Mission d’Aménagement du fleuve Sénégal
C N B A
Centre Nord Bassin Arachidier
MIRCEN
Centre International de Recherche en Microbiologie
CNCR
Comité National de Concertation des Ruraux
M S U
Mishigan State University (Université de 1’Etat du
CNRA
Centre National de Recherches Agronomiques
Michigan)
CNRF
Centre National de Recherches Forestières
N P A
Nouvelle Politique Agricole
CORAF
Conférence des Responsables de la Recherche
NRBAR
Projet de Recherche Agricole Basée sur la Gestion des
Agronomique Africaine
Ressources Naturelles
CRA
Centre de Recherches Agronomiques
O N G
Organisation Non Gouvernementale
CRODT
Centre de Recherches Océanographiques de Dakar
O P
Organisation de Producteurs
Thiaroye
O R S O M
Offtce de Recherche Scientifique Outre Mer
CFU
Centre de Recherches Zootechniques
O R S T O M
In.stitut Français de Recherche Scientifique pour lee
C S B A
Centre Sud Bassin Arachidier
Développement en Coopération
CSE
Centre de Suivi Ecologique
PAPEM
Point d’Appui de Prévulgarisation et d’Expérimentation
c s s
Compagnie Sucrière Sénégalaise
Multilocale
C T F T
Centre Technique Forestier Tropical
PASA
Plan d’Ajustement Sectoriel Agricole
D A S T
Direction des Affaires Scientifiques et Techniques
PIB
Produit Intérieur Brut
D E S S
Diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées
PISA
Programme d’investissement du Secteur Agricole
DGRST
Direction Générale de la Recherche Scientifique et
P N U D
Programme des Nations Unies pour le Développement
Technique
PNVA
Programme National de Vulgarisation Agricole
D I S E M
Division des Semences
PRA
Projet de Recherche Agricole
DOPM
Direction de I’Océanographie et des Pêches Maritimes
P R O N A S E F Projet National des Semences Forestières
DPDA
Déclaration de Politique de Développement Agricole
PSL
Projet Semences Légumières
D R A
Directeur de Recherche Adjoint
R/D
Recherche/Développement
DRAAI
Direction des Recherche Agricoles et Agro-Industrielles
REMEDE
Réseau des Médiateurs du Développement Rural
D R P F
Direction de Recherche sur les Productions Forestières
RESADOC
Réseau Sahélien de Documentation
D R P H
Direction de Recherche sur les Productions Halieutiques
RESAGRIS
Réseau Agricole Sénégalais
EATA
Ecole des Agents Techniques en Agriculture
SAFGRAD
Programme de Recherche et de Développement des
ENCR
Ecole Nationale des Cadres Ruraux
Cultures Vivrières dans les Zones Semi-Arides de
ENSA
Ecole Nationale Supérieure d’Agronomie
l’Organisation de l’unité Africaine
ENSUT
Ecole Nationale Supérieure Universitaire de Technologie
I: de I’ISBB
81

Liste de s sigles
S A R V
Section Application de la Recherche à la Vulgarisation
S R D R
Société Régionale de Développement Rural
S D R S
Société pour le Développement de la Riziculture au
S Y F E D
Système Francophone d’Edition et de Diffusion
Sénégal
U C A D
Université Cheick Anta Diop
SENCHIM Sénégal Chimie
UNESCO
Organisation des Nations Unies pour Wducation, la
SERST
Secrétariat d’Etat à la Recherche Scientifique et
Science et la Culture
Technique
UNIVAL
Unité d’Information et de Valorisation
SIG
Système d’Informations Géographiques
URCI
Unité de Recherche Commune en culture in vitro
SNRA
Syst&me National de Recherches Agricoles
UREF
Université des Réseaux d’Expression Française
SNR4‘4
Syst&me National de Recherches Agricoles et Agro-
USAID
Agence des Etats-Unis pour le Développement
Alimentaires
International (United States Agency for International
SODEFITEX
Société de Développement des Fibres Textiles
Development)
SOHC
Sénégal Oriental Haute Casamance
UTIS
Unité de Traitement d’Images Satellitaires
SOMIVAC
Société de Mise en Valeur de la Casamance
ZM
Zone Maritime
SONACOS
Société Nationale de Commercialisation
ZSP
Zone Sylvo-Pastorale
SPAAR
Programme Spécial pour la Recherche Agronomique
Africaine
82

Institut Sénégalais de Recherches Agricoles
Route des Hydrocarbures, BP 3120
Dakar Bel-Air, Sénégal
Téléphone : (221) 832.24.31 - 832.24.20
Télécopie : (221) 832.24.27
Télex : 61117 ISRA SG