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=xmJama
Rev. Elev. M¨¦d. V¨¦t. Pays trop., 1979, 32 (3) : 277-284.
Crise pond¨¦rale des z¨¦bus sah¨¦liens
lors de l¡¯installation des premi¨¨res pluies
Etude exp¨¦rimentale des causes et des moyens de lutte possibles
par J. P. DENIS (*), J. BLANCOU (**), P. 1. THIONGANE (*)
(avec la collaboration technique de A. DOUCOURE)
RESUM ?
La perte de poids des z¨¦bus sah¨¦liens constat¨¦e tout au long de la saison
s¨¨che s¡¯accentue en d¨¦but de la saison des pluies, o¨´ elle peut atteindre 50 p. 100
de la perte totale des six mois pr¨¦c¨¦dents. De leurs observations, les auteurs
concluent que ce ph¨¦nom¨¨ne rtsulte, suivant le cas, soit d¡¯une sous-consomma-
tion marqu¨¦e de la paille qui, mouill¨¦e par les premi¨¨res pluies, fermente puis
moisit, soit d¡¯une carence ? en facteurs de croissance ? de la population micro-
bienne du rumen. La distribution d¡¯un aliment sec mis ¨¤ l¡¯abri des pluies dans
le premier cas et l¡¯addition de ? facteurs de croissance ? sous forme de culture
bact¨¦rienne fra ?che dans le second ont permis ¡®de r¨¦duire respectivement les
pertes pond¨¦rales de 5,5 p. 100 et de 8,2 p. 100.
INTRODUCTION
jeunes, on rencontre le plus souvent une forte
diminution, voire un arr¨ºt total de la croissance.
II est bien ¨¦tabli que les pertes de poids des
Cette chute de poids peut atteindre, en 1 mois et
bovins en ¨¦levage extensif, durant la saison s¨¨che,
selon les races de z¨¦bus, de 31 ¨¤ 63 p. 100 de la
sont un des obstacles majeurs au rendement ¨¦co- perte totale enregistr¨¦e durant les 7 mois de
nomique de ce type d¡¯¨¦levage en zone tropicale
saison s¨¨che (7), ce qui lui a valu, au Nord-
s¨¨che (4, 6, 7, 10).
S¨¦n¨¦gal, la qualification de ? Crise de juillet ?.
Les zones d¡¯¨¦levage du Nord-S¨¦n¨¦gal ne font
C¡¯est ce ph¨¦nom¨¨ne particulier que l¡¯on s¡¯est
pas exception ¨¤ cette r¨¨gle et les pertes qui en
propos¨¦ d¡¯¨¦tudier et le pr¨¦sent document rap-
r¨¦sultent pour l¡¯¨¦levage national sont tr¨¨s ¨¦le-
porte les r¨¦sultats relatifs aux exp¨¦riences r¨¦ali-
v¨¦es ; elles ont ¨¦t¨¦ quantifi¨¦es tant en ¨¦levage
s¨¦es en 1976 et 1977.
extensif traditionnel (6) qu¡¯en station exp¨¦rimen-
L¡¯id¨¦e de d¨¦part a ¨¦t¨¦ de d¨¦terminer l¡¯¨¦poque
tale (7) et des solutions ont ¨¦t¨¦ propos¨¦es et exp¨¦-
de la chute de poids par rapport aux ph¨¦nom¨¨nes
riment¨¦es pour les r¨¦duire (5, 6, 8).
Cependant, cette perte de poids n¡¯est pas uni-
climatiques naturels, l¡¯intensit¨¦ de cette chute, les
facteurs qui en sont la cause. Le poids moyen
forme pendant la saison s¨¨che et on assiste, au
diminue et plusieurs hypoth¨¨ses se pr¨¦sentent ¨¤
mois de juillet, c¡¯est-¨¤-dire ¨¤ l¡¯¨¦poque o¨´ com-
l¡¯esprit : l¡¯a.nimal ne mange plus, ou consomme
mence ¨¤ s¡¯installer la saison des pluies, dans le
quelque chose qui s¡¯oppose ¨¤ une utilisation cor-
cas de la zone consid¨¦r¨¦e, ¨¤ une chute pond¨¦rale
recte des aliments, le transit intestinal est acc¨¦-
spectaculaire chez les animaux adultes. Chez les
l¨¦r¨¦... L¡¯observation du comportement des ani-
maux exp¨¦rimentaux montre qu¡¯ils consomment
(*) Laboratoire National de YElevage et de Recherche
peu de paille mouill¨¦e ou humidifi¨¦e ; cette paille
V¨¦t¨¦rinaires, B. P. 2057, Dakar-Hann, R¨¦p. du S¨¦n¨¦gal.
(**) Adresse actuelle : C. E. R., Domaine
sent le moisi et lorsqu¡¯on l¡¯analyse, on y trouve
de Pix¨¦r¨¦-
court, B. P. 9, 54220, Malz¨¦ville.
des quantit¨¦s importantes de mycotoxines.
- 277 -
Bien que l¡¯adjonction de divers aliments
-- Le lot t¨¦moin A est nourri exclusivement
entra ?ne une att¨¦nuation de la perte de poids,
sur le p ?turage naturel ;
l¡¯action observ¨¦e n¡¯est pas compl¨¨te et la pr¨¦-
-- Le lot B dispose du p ?turage naturel et
sence de ces m:ycotoxines pourrait en ¨ºtre res-
d¡¯un aliment sec distribu¨¦ ¨¤ volont¨¦ ;
ponsable.
Les travaux projet¨¦s ¨¤ la suite de ces r¨¦sultats
-~- Le lot C suit le m¨ºme r¨¦gime que le lot B,
consistent donc ¨¤ ¨¦tudier de fa ?on d¨¦taill¨¦e les
auquel est ajout¨¦e une suppl¨¦mentation min¨¦rale
esp¨¨ces fongiques en cause, leur mode d¡¯action
et azot¨¦e.
¨¦ventuel et les moyens ¨¤ mettre en ?uvre pour les
En 1977, il s¡¯agit de 3 fois 20 femelles z¨¦bus
¨¦liminer ou dirninuer et mieux, supprimer les
Gobra ?g¨¦es de 2 ¨¤ 3 ans et pesant, en moyenne,
cons¨¦quences de leur pr¨¦sence.
215; kg en d¨¦but d¡¯exp¨¦rience. Le choix des
femelles a ¨¦t¨¦ fait dans l¡¯intention d¡¯observer ¨¤
plus long terme les effets du traitement sur les
1. MAT ?RIEL ET M ?THODES
productions du troupeau.
1.1. LES HYPOTH ?SES DE TRAVAIL
Les lots se d¨¦composent comme suit :
- - Le lot t¨¦moin A est aliment¨¦ exclusivement
En 1976, les hypoth¨¨ses relatives ¨¤ la perte de
sur le p ?turage naturel ;
poids ¨¦taient les suivantes :
- - Le lot B re ?oit le p ?turage naturel et un
- diminution de la consommation (herbe
suppl¨¦ment min¨¦ral et azot¨¦ identique ¨¤ celui
mouill¨¦e partiellement ferment¨¦e, ensuite herbe
distribu¨¦ en 1976 ;
tr¨¨s jeune) ;
- - Le lot C, quant ¨¤ lui dispose du p ?turage,
- diminution des facult¨¦s de transformation
d¡¯un aliment sec, non concentr¨¦, abrit¨¦ des pluies,
(modification cle la population du rumen) ;
et enfin de ?facteurs de croissance ?.
- acc¨¦l¨¦ration du transit intestinal entra ?-
nant un ¨¦tat de d¨¦pl¨¦tion du tractus digestif.
1.3. INFRASTRUCTURES
En 1977, il S¡¯$agit, d¡¯une part, de confirmer les
r¨¦sultats pr¨¦c¨¦clemment obtenus, d¡¯autre part,
compte tenu de ces r¨¦sultats, d¡¯aller plus loin
Les diff¨¦rents lots sont r¨¦partis dans 3 parcelles
dans l¡¯analyse du probl¨¨me. Ainsi les buts de ce
de p ?turage nature1 du C. R. Z. de Dahra, cl ?tu-
nouvel essai visent ¨¤ d¨¦finir l¡¯utilit¨¦ pratique de la
r¨¦es,
sensiblement ¨¦quivalentes en surface
distribution en fin de saison s¨¨che d¡¯un aliment
(200 ha) et en couverture v¨¦g¨¦tale. Dans 2
sec non concentr¨¦, d¡¯un suppl¨¦ment min¨¦ral
d¡¯entre elles, des abris cl ?tur¨¦s et couverts ont
et azot¨¦, de facteurs favorisant la croissance de la
¨¦t¨¦ am¨¦nag¨¦s afin de prot¨¦ger les aliments des
population microbienne du tractus digestif.
pluies ¨¦ventuelles. L¡¯abreuvement est ¨¤ volont¨¦
Les ? facteurs de croissance ? (2) qui ne sont
constitu¨¦ d¡¯eau pure en 1976 et d¡¯eau additionn¨¦e
pas connus avec certitude, ne sont ni titr¨¦s, ni
de ? facteurs de croissance ? (3) e; 1977. Cette
conserv¨¦s. Ils sont ¨¦labor¨¦s extemporan¨¦ment au
boisson est offerte aux animaux dans 16 demi-
sein d¡¯une culture bact¨¦rienne d¨¦velopp¨¦e direc-
f ?ts m¨¦talliques de 100 1.
tement sur un substrat plac¨¦ dans l¡¯eau de bois-
son du ruminant. Cette culture, men¨¦e selon la
1.4. ALIMENTATION
technique d¨¦crite en 1.4. donne naissance, sous
la chaleur tropicale, ¨¤ un m¨¦lange complexe de
La composition des aliments et suppl¨¦ments
m¨¦tabolites interm¨¦diaires (acides amin¨¦s, acides
distribu¨¦s ¨¤ volont¨¦ a ¨¦t¨¦ choisie en fonction des
organiques, acides gras volatils, purines, pyri-
r¨¦sultats pr¨¦c¨¦demment acquis (6) en zone sah¨¦-
midines, vitamines) utilisables imm¨¦diatement
lienne (tableau 1).
par les micro-organismes de la panse.
L¡¯aliment sec distribu¨¦ est diff¨¦rent de celui
pr¨¦vu initialement qui devait ¨ºtre de la paille de
1.2. ANIMAUX
brousse, r¨¦colt¨¦e s¨¨che et distribu¨¦e donc sous
._Nk
abri ; ce qui aurait permis de comparer l¡¯utilisa-
En 1976, 3 lots sont constitu¨¦s de 3 fois
tion de cette m¨ºme paille soit s¨¨che, soit humidi-
20 z¨¦bus Gobra. m ?les ?g¨¦s de 3 ¨¤ 6 ans, pesant
fi¨¦e par les pluies. D¡¯autre part, l¡¯aliment utilis¨¦
en moyenne 315 kg en d¨¦but d¡¯exp¨¦rience :
(1976) est relativement concentr¨¦, ce qui est assez
- 2 7 8 - -
TABLEAU 1. - Composition.
- une p¨¦riode de maintien ou d¡¯am¨¦lioration
des aliments distribu¨¦s (en p. 100)
de poids jusqu¡¯au 15 juillet ;
- une 2¡± p¨¦riode de perte rapide du poids
Aliment sec
Suppl¨¦ment
durant 15 jours jusqu¡¯¨¤ la fin du mois de juillet ;
min¨¦ral et azot¨¦
1976
1977
- enfin, une 3¡± p¨¦riode durant laquelle les
poids augmentent r¨¦guli¨¨rement jusqu¡¯¨¤ la fin
Coque d¡¯ara-
Coque de grai . ,Chlorure de so-
1de l¡¯essai.
chide
51 ne de coton
dium
40
Son de bl¨¦
4 5
Phosphate bi-
calcique
20
Carbonate de
Phosphate alu-
chaux
2
minocalcique 20
Chlorure de
sodium
2
Pr.larir
critiquable puisque ¨¤ valeur UF ¨¦gale (soit 45
¨¤ 5,2 par t¨ºte et par jour), il aurait fallu que les
bovins consomment 18 ¨¤ 20 kg de foin sec pour
conserver le m¨ºme b¨¦n¨¦fice pond¨¦ra]. C¡¯est pour-
quoi, dans l¡¯essai 1977, l¡¯emploi de coque de
graine de coton, de valeur sensiblement ¨¦gale ¨¤
celle du foin sec de Dahra (0,25 UF/kg) a ¨¦t¨¦
pr¨¦f¨¦r¨¦.
Les facteurs de croissance sont apport¨¦s par la
boisson offerte aux bovins. Elle est constitu¨¦e
par le m¨¦lange ferment¨¦ spontan¨¦ment apr¨¨s
24 h d¡¯exposition au soleil, de 100 1 d¡¯eau addi-
.
tionn¨¦e de 6.50 g de gros sel et de 2 kg de coque
d¡¯arachide (titre final = 109,4 bact¨¦ries par ml).
G R A P H I Q U E 1 - E v o l u t i o n p o n d ¨¦ r a l e a u cours d e
l ¡¯ e x p ¨¦ r i e n c e 1976
1.5. M ?THODES DE TRAITEMENT DES
P¨¦riode II
DONN ?ES
Pendant cette p¨¦riode, le lot t¨¦moin (A) main-
Le principe de l¡¯analyse repose sur le calcul
tient son poids alors que les 2 lots suppl¨¦ment¨¦s
des diff¨¦rentes droites de r¨¦gression relatives ¨¤
montrent des gains significatifs de 286 ¨¤ 502 g
l¡¯¨¦volution des poids moyens dans les 3 lots ;
par jour, la. diff¨¦rence ¨¦tant significative entre les
la signification des diff¨¦rents coefficients de
lots B et C, le lot B suppl¨¦ment¨¦ uniquement ¨¤
r¨¦gression (pentes) est test¨¦e par analyse de
l¡¯aide de l¡¯aliment sec ayant le meilleur gain.
variante, les comparaisons entre eux se font ¨¤
P¨¦riode 2
l¡¯aide d¡¯un test de t et par analyse de variante
et le coefficient moyen est ¨¦ventuellement calcul¨¦
Durant cette p¨¦riode de 14 jours, le lot t¨¦moin
ainsi que son intervalle de confiance.
(A) perd du poids d¡¯une mani¨¨re significative
(1,75 kg par jour) par rapport aux autres lots qui
perdent respectivement 0,83 (B) et 1,16 (C) kg/j.
II. R ?SULTATS ET DISCUSSIONS
P¨¦riode 3
11.1. EXP ?RIENCE 1976
Les animaux des 3 lots pr¨¦sentent des gains de
poids significatifs. Il n¡¯y a pas de diff¨¦rence signi-
i
11.1.1. R¨¦sultats
ficative entre les 3 lots et il est donc possible de
calculer un coefficient de r¨¦gression commun
A) Evolution pond¨¦rale
dont la valeur est 1,446 -t- 0,277. Ce gain de
A la lecture du graphique no 1, il appara ?t
poids se poursuivait au moment de l¡¯arr¨ºt de
3 p¨¦riodes :
l¡¯exp¨¦rience.
- 279 -
B) Consommation des aliments
La chute de poids est donc apparemment bien
La consommation moyenne journali¨¨re de
due au fait que les animaux ne consomment pas
compl¨¦ment (43 j) est d¡¯environ 5,2 kg par t¨ºte,
la paille de fin de saison s¨¨che lorsqu¡¯elle est
soit 4,5 UF. Il faut, cependant, remarquer que
mouill¨¦e. D¡¯ailleurs, au moment des pr¨¦l¨¨ve-
du 18/7 au 30/7, soit pendant 14 jours de chute
ments effectu¨¦s ¨¤ cette p¨¦riode, une odeur carac-
brutale du poids, la consommation s¡¯est ¨¦lev¨¦e ¨¤
t¨¦ristique de moisi a ¨¦t¨¦ observ¨¦e. Il est fort
6 kg par jour, soit 5,2 UF/jour.
probable que les animaux n¡¯appr¨¦cient pas cette
Le foin recueilli au C. R. Z. de Dahra vaut
odeur. La pr¨¦sence de moisissures devient ¨¦vi-
environ 0,30 UF. Il faudrait, par cons¨¦quent,
dente dans les pailles couch¨¦es par les pluies
de 15 ¨¤ 17,5 kg de foin pour que l¡¯animal b¨¦n¨¦fi-
8 jours apr¨¨s l¡¯humidification : elle est le corol-
cie d¡¯un apport ¨¦nerg¨¦tique ¨¦quivalent, soit 13,5
laire des fermentations bact¨¦riennes qui, en
¨¤ 15,8 kg de MS (rapport MS/UF = 3,6 ¨¤ 3,0).
abaissant le pH, favorisent le d¨¦veloppement des
myc¨¦liums. L¡¯identification et le titrage des
C) Consommation du compl¨¦ment min¨¦ral et azot¨¦
mycotoxines ¨¦ventuelles ont ¨¦t¨¦ effectu¨¦s par le
La consommation du compl¨¦ment n¡¯est pas
Laboratoire de Pharmacologie et Toxicologie de
constante dans le temps. Tr¨¨s ¨¦lev¨¦e au d¨¦but
1¡¯1. N. R. A. ¨¤ Toulouse. Les r¨¦sultats complets
(112,5 g/j), elle diminue r¨¦guli¨¨rement pour se
sont pr¨¦sent¨¦s en annexe. Il en ressort qu¡¯il existe
fixer approximativement ¨¤ une trentaine de
un important d¨¦veloppement d¡¯une ?flore de
grammes par jour ¨¤ la fin de l¡¯essai.
champ ? ¨¤ caract¨¨re phytopathog¨¨ne (1, 2, 3, 4)
et saprophytique (5, 6,7, 8) suivi tr¨¨s rapidement
de l¡¯apparition d¡¯esp¨¨ces de stockage thermo-
II.1.2. Discussion
tol¨¦rantes (9, 10, 11, 12). Sur le plan purement
Soixante-trois jours apr¨¨s le d¨¦but de l¡¯exp¨¦-
toxicologique, l¡¯emploi d¡¯un tel fourrage serait
rience, les animaux t¨¦moins n¡¯ont gagn¨¦ que
d¨¦c:onseill¨¦ selon les normes fran ?aises en raison
18,25 kg, soit environ 290 g par jour alors que les
du nombre d¡¯esp¨¨ces susceptibles d¡¯¨¦laborer des
lots exp¨¦rimentaux ont gagn¨¦ 34 (C) et 31,45 kg
m¨¦tabolites toxiques, et de leur abondance.
(B), soit environ 540 et 500 g par jour, ce qui
Les fermentations bact¨¦riennes puis, ¨¦ventueI-
repr¨¦sente un peu moins du double de la crois-
lement myc¨¦liennes, entra ?nent donc une baisse
sance du lot t¨¦moin.
de la consommation de mati¨¨res s¨¨ches. Ce ph¨¦-
L¡¯examen du graphique montre que la crise
nom¨¨ne, d¨¦j¨¤ d¨¦crit pour les produits de l¡¯ensi-
pond¨¦rale a pu ¨ºtre tr¨¨s s¨¦rieusement amortie
lage (baisse de 20 ¨¤ 30 p. 100) a ¨¦t¨¦ red¨¦montr¨¦
dans les lots exp¨¦rimentaux puisqu¡¯en moyenne,
exp¨¦rimentalement au L. N. E. R. V. (11). Ainsi,
on a pu ¨¦viter 5,55 p. 100 de pertes par rapport
sur 10 moutons consommant de la coque d¡¯ara-
aux t¨¦moins.
chide, la consommation passe de 694 g/t¨ºte/jour
L¡¯¨¦tude du comportement des animaux permet
¨¤ 576 g/t¨ºte/jour lorsque la coque est mouill¨¦e
de pr¨¦ciser certaines questions. D¨¨s la premi¨¨re
48 h auparavant, soit une diminution de la
pluie marquante (28 mm le 15/7), les animaux
consommation de 17 p. 100. La m¨ºme exp¨¦rience
commencent ¨¤ ne plus consommer la paille de
effectu¨¦e sur fane d¡¯arachide entra ?ne une r¨¦duc-
fa ?on r¨¦guli¨¨re et la chute de poids commence ¨¤
tion de consommation de 10 p. 100.
se manifester. D¨¨s le 18/7, 51,6 mm sont tomb¨¦s,
Il faut remarquer que les lots suppl¨¦ment¨¦s,
ce qui suffit pour assurer un d¨¦marrage normal
bien que la perte ne soit pas significative, perdent
de la pouss¨¦e des gramin¨¦es. On compte 4
aussi du poids. La suppl¨¦mentation a prouv¨¦ son
ou 5 jours pour la lev¨¦e et une dizaine de jours
efficacit¨¦ durant la p¨¦riode pr¨¦c¨¦dente, mais le
pour que les plantules atteignent une dimension
poids diminue tout de m¨ºme et ce, malgr¨¦ une
suffisante pour ¨ºtre happ¨¦es convenablement par
consommation sup¨¦rieure.
les bovins. On peut donc noter que les animaux
commencent tr¨¨s t ?t la consommation de l¡¯herbe
II. 1.3. Conclusions
et que d¨¨s qu¡¯elle commence, la chute de poids
cesse. La reprise de poids ¨¦tant imm¨¦diate, il
n¡¯appara ?t donc: pas d¡¯effet d¨¦pressif suppl¨¦men-
Les conclusions ¨¤ tirer de cette 1¡± exp¨¦rience
taire d ? ¨¤ la consommation d¡¯une herbe verte,
sont les suivantes :
s
jeune, aqueuse, riche en prot¨¦ines et en potassium
(l) La suppl¨¦mentation alimentaire compense,
tel qu¡¯il est observ¨¦ en Europe ¨¤ l¡¯occasion de la
en partie seulement, le fait que les animaux ne
classique ? crise de la mise ¨¤ l¡¯herbe ?.
consomment plus la paille mouill¨¦e ou humidifi¨¦e.
- 280 --
Il est probable que la consommation de toxines
verte nouvelle. La chute de poids semble bien due
est en plus une entrave au bon fonctionnement du
au fait que les animaux :
tractus digestif. L¡¯op¨¦ration est, cependant, ren-
- ne consomment pas ou tr¨¨s peu la paille de
table apr¨¨s la remont¨¦e des poids des animaux
fin de saison s¨¨che lorsqu¡¯elle est mouill¨¦e ;
(fin du mois d¡¯ao ?t) et tr¨¨s rentable pendant la
- n¡¯assimilent pas ou assimilent peu les
p¨¦riode de poids minimal (fin juillet). En effet,
1
quantit¨¦s d¡¯aliments absorb¨¦s.
d¡¯une esquisse ¨¦conomique sommaire de l¡¯op¨¦ra-
tion, il ressort que le co ?t du kg suppl¨¦mentaire
observ¨¦ chez les animaux suppl¨¦ment¨¦s en fin
II.2. EXP ?RIENCE 1977
d¡¯exp¨¦rience est d¡¯environ 140 F. Mais, la
remont¨¦e des poids des animaux t¨¦moins ne rend II.2.1. R¨¦sultats
pas ¨¦vidente la diff¨¦rence entre ces animaux et les
suppl¨¦ment¨¦s sur le plan de la conformation. Par
- Evolution pond¨¦rale (graphique no 2)
contre, si les r¨¦sultats sont analys¨¦s au plus bas
L¨¤ encore, 3 p¨¦riodes peuvent ¨ºtre identifi¨¦es :
de la chute de poids, on note alors l¡¯int¨¦r¨ºt
majeur de l¡¯apport alimentaire au moment o¨´ les
P¨¦riode 1
animaux pr¨¦sent¨¦s sur le march¨¦ sont classique-
Aucun des lots ne pr¨¦sente de pente significa-
ment au plus bas de leur forme, (le co ?t du kg tivement diff¨¦rente de 0, donc on peut consid¨¦rer
suppl¨¦mentaire devient alors de 44 F environ).
que les poids restent statistiquement constants.
De plus, ¨¤ cette p¨¦riode, les animaux suppl¨¦-
ment¨¦s n¡¯ont pas un aspect aussi ¨¦prouv¨¦ que les
P¨¦riode 2
t¨¦moins.
Le lot ci recevant suppl¨¦ment et additif ne
b) Il ne semble pas exister d¡¯effet d¨¦pressif
montre pas de modification du poids, par contre
suppl¨¦mentaire d ? ¨¤ la consommation d¡¯herbe
les lots A et B en perdent d¡¯une mani¨¨re non
--- L o t A (temoin)
2 0 0
. . . . . . . Lot 6
++++Lot c
- H a u t e u r s d ¡¯ e a u c u m u l ¨¦ e s
2 5 0 K
/
, Jour:
6
2 0
3 0
1017
2 0
3117
10
2 0
3 1 8
1018
GRAPHIQUE II - Evolution pond¨¦rale au cours de l¡¯exp¨¦rience
1977.
- 281 -
-
significativement diff¨¦rente. 11 est donc possible
faible (0,5 p. 100 d¡¯¨¦cart entre les lots A et B) sans
de calculer un coefficient de r¨¦gression commun
signification statistique, comme en 1976 (mais il
b,, = 0,539, soit une perte de poids de 539 g/j.
s¡¯a.git ici d¡¯une valeur ajout¨¦e ¨¤ une alimentation
d¨¦.j¨¤ am¨¦lior¨¦e).
P¨¦riode 3
En ce qui concerne les facteurs de croissance, il
Les 3 coefficients sont significativement diff¨¦-
semble qu¡¯ils aient produit un effet particulier
rents de 0, mais pas significativement diff¨¦-
d¡¯economie de la ration, puisque l¡¯indice de
.¡¯
rents entre eux.
Il est donc possible de
consommation, relev¨¦ en 1977, est 4 ¨¤ 5 fois
a
calculer un coefficient de r¨¦gression commun
moindre que celui observ¨¦ en 1976. La compa-
b
raison stricte est ¨¦videmment impossible, mais un
ARC
= 0,830 k 0,175, soit un accroissement de
poids de 830 g/j.
essai ult¨¦rieur doit permettre d¡¯¨¦tayer ou non
cette hypoth¨¨se.
Le comportement des animaux dans les diff¨¦-
17.2.2. Discussion
rents lots ne diff¨¨re en rien de celui observ¨¦ en
1976. On remarque, cependant, que la chute des
Quatre-vingt-douze jours apr¨¨s le d¨¦but de
poids est plus progressive suivant en cela I¡¯instal-
l¡¯exp¨¦rience, les animaux ont gagn¨¦ respective-
lation plus lente des pluies, en particulier entre le
ment 88 kg soit 95 g par jour dans le lot t¨¦moin
14/7 et le 14/8 (34 p. 100 de quantit¨¦ d¡¯eau
(A) 9,2 kg, soit 100 g par jour dans le lot (B)
tomb¨¦e en moins en 1977).
et enfin 27,55 kg, soit 299 g par jour dans le
lot (C). II faut remarquer qu¡¯¨¤ l¡¯image de la pre-
mi¨¨re exp¨¦rience, la croissance journali¨¨re des
animaux est la m¨ºme dans les 3 lots au cours de la
III. CONCLUSION G ?N ?RALE
3¡± p¨¦riode et la sup¨¦riorit¨¦ finale obtenue dans le
lot suppl¨¦ment¨¦ (C) est due ¨¤ une diminution de
la perte des poids observ¨¦e pendam la 2¡± p¨¦riode.
La premi¨¨re exp¨¦rience (1976) fond¨¦e sur la
On peut donc en conclure qu¡¯il y a int¨¦r¨ºt ¨¤ sup-
premi¨¨re hypoth¨¨se (sous-consommation de la
_
pl¨¦menter les animaux uniquement en fin de
paille mouill¨¦e) a permis de r¨¦duire la chute pon-
saison s¨¨che au moment de l¡¯installation des
deraie de 5,5 p. 100, mais non de l¡¯annuler.
I
premi¨¨res pluies. Cette suppl¨¦mentation devient
La seconde exp¨¦rience (1977) fond¨¦e sur
inutile une fois que l¡¯herbe nouvelle commence ¨¤
l¡¯hypoth¨¨se suppl¨¦mentaire d¡¯une carence en
¨ºtre consomm¨¦e.
facteurs de croissance de la population micro-
La crise pond¨¦rale a, semble-t-il, ¨¦t¨¦ mieux
bienne du tractus digestif a pratiquement annul¨¦
ma ?tris¨¦e qu¡¯en 1976. Par ailleurs, le co ?t du trai-
la chute de poids, et port¨¦ l¡¯¨¦cart ¨¤ 8.23 p. 100
tement, compte tenu du faible prix de revient de
(entre A et C).
la coque de gra.ine de coton, tombe ¨¤ 12 F par kg
Dans les 2 cas, l¡¯op¨¦ration s¡¯est av¨¦r¨¦e finan-
vif conserv¨¦ 2 mois apr¨¨s le d¨¦but de l¡¯exp¨¦rience
ci¨¨rement rentable. Cette rentabilit¨¦ est parti-
(p¨¦riode optimale de commercialisation).
culi¨¨rement ¨¦lev¨¦e dans la seconde exp¨¦rience du
Les effets respectifs des traitements appliqu¨¦s
fait de l¡¯utilisation d¡¯un a!iment peu co ?teux et
peuvent ¨ºtre appr¨¦ci¨¦s de la mani¨¨re suivante au
de la r¨¦duction tr¨¨s nette de l¡¯indice de consom-
moment de leur impact maximal (12 ao ?t).
mation.
L¡¯effet du traitement complet est obtenu en com-
Plusieurs enseignements peuvent ¨ºtre tir¨¦s de
parant les poids pond¨¦r¨¦s du troupeau exp¨¦ri-
ces 2 observations : les plus importants sur le
mental (C) et ceux du troupeau t¨¦moin (A). Cet
plan pratique semblant ¨ºtre, d¡¯une part, que la
¨¦cart est de 823 p. 100 en faveur du troupeau
distribution d¡¯un compl¨¦ment alimentaire ¨¤ des
trait¨¦.
z¨¦bus disposant d¡¯un p ?turage naturel non totale-
L¡¯effet du traitement aliment sec (coque de
ment d¨¦grad¨¦, n¡¯a d¡¯efficacit¨¦ ¨¦conomique que si
graine de coton) et des facteurs de croissance est
elle est pratiqu¨¦e lors des premi¨¨res pluies ;
obtenu en comparant l¡¯¨¦cart entre les poids pon-
auparavant, elle conduit ¨¤ un gaspillage. D¡¯autre
d¨¦r¨¦s du troupeau (B) et ceux du troupeau
part, que la suppl¨¦mentation min¨¦rale et azot¨¦e
t¨¦moin (A). Cet ¨¦cart est de 7,73 p. 100 en faveur
semble devoir ¨ºtre faite sur une longue p¨¦riode
du troupeau trait¨¦. On constate ¨¤ l¡¯occasion de
(6) : elle perd son efficacit¨¦ si elle est faite trop
cette comparaison que l¡¯effet du seul suppl¨¦-
tard.
ment min¨¦ral et azot¨¦, est apparemment tr¨¨s
II SC confirme enfin que la mise ¨¤ la disposition
- 2 8 2 -
de ? facteurs de croissance ? ¨¤ la population
Enfin, et c¡¯est l¡¯apport le plus nouveau de ces
microbienne du tractus digestif semble agir plus
observations, il semble qu¡¯on puisse attribuer
comme ¨¦l¨¦ment d¡¯¨¦conomie de la ration en abais-
une grande part des ph¨¦nom¨¨nes observ¨¦s ¨¤ des
sant consid¨¦rablement l¡¯indice de consommation
agents responsables bien identifi¨¦s : des toxines
que comme ayant une unique action de maintien
d¡¯origine fongique. C¡¯est donc sur ce point que
ou d¡¯am¨¦lioration du poids.
les recherches devront se poursuivre.
S U M M A R Y
Weight crisis in Sahelian zebu cattle at the begirming of the rainy season.
Experimental study of contributing factors and of possible control means
Weight loss in Sahelian zebu cattle during the dry season, increases at the
outset of the rainy season and it cari reach up to 50 p. 100 of the total loss of
the 6 previous months.
From these observations, the authors conclude that the weight loss is the
result of either a marked underconsumption of hay which has been soaked by
the first rains, and has formented then mildewed, or a deficiency in growth
elements of the microbial population of the rumen.
The distribution of a dry meal ration which has been stored in a dry place
in the first case, and in which growth elements have been added, such as fresh
bacterial cultures in the second case, have reduced respectively the weight
losses by 5.5 p. 100 and 8.2 p. 100.
RESUMEN
Modification de peso de 10s cebus sahelianos
durante la instalacion de las primeras lluvias
Estudio experimental de las causas
y de 10s medios posibles de lucha
La perdida de peso de 10s cebus sahelianos a lo largo de la estacion seca
se acentua a1 principio de la estacion de las lluvias, en que puede alcanzar
50 p. 100 de la perdida total de 10s seis meses precedentes.
Segim sus observaciones, 10s autores concluyen que este fenomeno pro-
viene segun 10s casos ya de un subconsumo acentuado de la paja que, mojada
por las primeras lluvias, fermenta, luego enmohece, ya de una carencia de
? factores de crecimiento ? de la poblacion microbiana de la panza.
La distribution de un alimento seco preservado de las lluvias en el primer
caso y la adicion de ? factores de crecimiento ? bajo forma de cultiva bacteriano
fresco en el segundo permitieron reducir respectivamente las perdidas de peso
de 55 p. 100 y de 8,2 p. 100.
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grazing on veld. Rhod. J. agric. Res., 1968,6 (2) : 93-
mentations min¨¦rales, alimentaires et pertes de poids
101.
- 283 -
5
ANNEXE
R¨¦sultats de l¡¯analyse mycologique
effectu¨¦e sur du p ?turage naturel de Dahra
R¨¦colte 15 jours apr¨¨s le d¨¦but des pluies
(29-7-76)
Esp¨¨ces fongiques
Abondance (*)
1. Curvularia sp . . . . . . . . . . . . . .
. . .
10%
2. Helminthosporium
sp. . . . . . . .
. . .
10%
3. Eusarium rigidiusculum
. . . . . .
. . .
5 x lOb/g
4. Fusarium sp. . . . . . . . . . . . . . . .
. . . .
3 x 106/g
5. Stachybotrys atra. . . . . . . . . . .
. .
2 x 1oqg
6. Acremoniella atra. . . . . . . . . . .
. .
1o¡®vg
1. Cladosporium herborum. . . . . .
.
2 x 106/g
8. Cladosporium cladosporioides ~
. . .
2 x 106/g
9. Aspergillus ochraceus. . . . . . . .
. .
2 x 106/g
10. Aspergillus niger. . . . . . . . . . . .
. *
lO¡¯/g
11. AsperKillus
nidulans.
. . . . . . . .
1 os/g
12. Aspergillus Jiavus. . . . . . . . . . .
. .
1 O¡±h
13. Penicillium
sp . . . . . . . . . . . . . .
. . .
3 x lOS/g
(*) Habituellement exprim¨¦e en croix. Ici, la plupart
des esp¨¨ces d¨¦passaient la gamme habituelle utilis¨¦e au
Laboratoire.
- 284 --
Rev. Elev. M¨¦d. V¨¦t. Pays trop., 1979, 32 (3) : 277-284.
Crise pond¨¦rale des z¨¦bus sah¨¦liens
lors de l¡¯installation des premi¨¨res pluies
Etude exp¨¦rimentale des causes et des moyens de lutte possibles
par J. P. DENIS (*), J. BLANCOU (**), P. 1. THIONGANE (*)
(avec la collaboration technique de A. DOUCOURE)
RESUM ?
La perte de poids des z¨¦bus sah¨¦liens constat¨¦e tout au long de la saison
s¨¨che s¡¯accentue en d¨¦but de la saison des pluies, o¨´ elle peut atteindre 50 p. 100
de la perte totale des six mois pr¨¦c¨¦dents. De leurs observations, les auteurs
concluent que ce ph¨¦nom¨¨ne rtsulte, suivant le cas, soit d¡¯une sous-consomma-
tion marqu¨¦e de la paille qui, mouill¨¦e par les premi¨¨res pluies, fermente puis
moisit, soit d¡¯une carence ? en facteurs de croissance ? de la population micro-
bienne du rumen. La distribution d¡¯un aliment sec mis ¨¤ l¡¯abri des pluies dans
le premier cas et l¡¯addition de ? facteurs de croissance ? sous forme de culture
bact¨¦rienne fra ?che dans le second ont permis ¡®de r¨¦duire respectivement les
pertes pond¨¦rales de 5,5 p. 100 et de 8,2 p. 100.
INTRODUCTION
jeunes, on rencontre le plus souvent une forte
diminution, voire un arr¨ºt total de la croissance.
II est bien ¨¦tabli que les pertes de poids des
Cette chute de poids peut atteindre, en 1 mois et
bovins en ¨¦levage extensif, durant la saison s¨¨che,
selon les races de z¨¦bus, de 31 ¨¤ 63 p. 100 de la
sont un des obstacles majeurs au rendement ¨¦co- perte totale enregistr¨¦e durant les 7 mois de
nomique de ce type d¡¯¨¦levage en zone tropicale
saison s¨¨che (7), ce qui lui a valu, au Nord-
s¨¨che (4, 6, 7, 10).
S¨¦n¨¦gal, la qualification de ? Crise de juillet ?.
Les zones d¡¯¨¦levage du Nord-S¨¦n¨¦gal ne font
C¡¯est ce ph¨¦nom¨¨ne particulier que l¡¯on s¡¯est
pas exception ¨¤ cette r¨¨gle et les pertes qui en
propos¨¦ d¡¯¨¦tudier et le pr¨¦sent document rap-
r¨¦sultent pour l¡¯¨¦levage national sont tr¨¨s ¨¦le-
porte les r¨¦sultats relatifs aux exp¨¦riences r¨¦ali-
v¨¦es ; elles ont ¨¦t¨¦ quantifi¨¦es tant en ¨¦levage
s¨¦es en 1976 et 1977.
extensif traditionnel (6) qu¡¯en station exp¨¦rimen-
L¡¯id¨¦e de d¨¦part a ¨¦t¨¦ de d¨¦terminer l¡¯¨¦poque
tale (7) et des solutions ont ¨¦t¨¦ propos¨¦es et exp¨¦-
de la chute de poids par rapport aux ph¨¦nom¨¨nes
riment¨¦es pour les r¨¦duire (5, 6, 8).
Cependant, cette perte de poids n¡¯est pas uni-
climatiques naturels, l¡¯intensit¨¦ de cette chute, les
facteurs qui en sont la cause. Le poids moyen
forme pendant la saison s¨¨che et on assiste, au
diminue et plusieurs hypoth¨¨ses se pr¨¦sentent ¨¤
mois de juillet, c¡¯est-¨¤-dire ¨¤ l¡¯¨¦poque o¨´ com-
l¡¯esprit : l¡¯a.nimal ne mange plus, ou consomme
mence ¨¤ s¡¯installer la saison des pluies, dans le
quelque chose qui s¡¯oppose ¨¤ une utilisation cor-
cas de la zone consid¨¦r¨¦e, ¨¤ une chute pond¨¦rale
recte des aliments, le transit intestinal est acc¨¦-
spectaculaire chez les animaux adultes. Chez les
l¨¦r¨¦... L¡¯observation du comportement des ani-
maux exp¨¦rimentaux montre qu¡¯ils consomment
(*) Laboratoire National de YElevage et de Recherche
peu de paille mouill¨¦e ou humidifi¨¦e ; cette paille
V¨¦t¨¦rinaires, B. P. 2057, Dakar-Hann, R¨¦p. du S¨¦n¨¦gal.
(**) Adresse actuelle : C. E. R., Domaine
sent le moisi et lorsqu¡¯on l¡¯analyse, on y trouve
de Pix¨¦r¨¦-
court, B. P. 9, 54220, Malz¨¦ville.
des quantit¨¦s importantes de mycotoxines.
- 277 -
Bien que l¡¯adjonction de divers aliments
-- Le lot t¨¦moin A est nourri exclusivement
entra ?ne une att¨¦nuation de la perte de poids,
sur le p ?turage naturel ;
l¡¯action observ¨¦e n¡¯est pas compl¨¨te et la pr¨¦-
-- Le lot B dispose du p ?turage naturel et
sence de ces m:ycotoxines pourrait en ¨ºtre res-
d¡¯un aliment sec distribu¨¦ ¨¤ volont¨¦ ;
ponsable.
Les travaux projet¨¦s ¨¤ la suite de ces r¨¦sultats
-~- Le lot C suit le m¨ºme r¨¦gime que le lot B,
consistent donc ¨¤ ¨¦tudier de fa ?on d¨¦taill¨¦e les
auquel est ajout¨¦e une suppl¨¦mentation min¨¦rale
esp¨¨ces fongiques en cause, leur mode d¡¯action
et azot¨¦e.
¨¦ventuel et les moyens ¨¤ mettre en ?uvre pour les
En 1977, il s¡¯agit de 3 fois 20 femelles z¨¦bus
¨¦liminer ou dirninuer et mieux, supprimer les
Gobra ?g¨¦es de 2 ¨¤ 3 ans et pesant, en moyenne,
cons¨¦quences de leur pr¨¦sence.
215; kg en d¨¦but d¡¯exp¨¦rience. Le choix des
femelles a ¨¦t¨¦ fait dans l¡¯intention d¡¯observer ¨¤
plus long terme les effets du traitement sur les
1. MAT ?RIEL ET M ?THODES
productions du troupeau.
1.1. LES HYPOTH ?SES DE TRAVAIL
Les lots se d¨¦composent comme suit :
- - Le lot t¨¦moin A est aliment¨¦ exclusivement
En 1976, les hypoth¨¨ses relatives ¨¤ la perte de
sur le p ?turage naturel ;
poids ¨¦taient les suivantes :
- - Le lot B re ?oit le p ?turage naturel et un
- diminution de la consommation (herbe
suppl¨¦ment min¨¦ral et azot¨¦ identique ¨¤ celui
mouill¨¦e partiellement ferment¨¦e, ensuite herbe
distribu¨¦ en 1976 ;
tr¨¨s jeune) ;
- - Le lot C, quant ¨¤ lui dispose du p ?turage,
- diminution des facult¨¦s de transformation
d¡¯un aliment sec, non concentr¨¦, abrit¨¦ des pluies,
(modification cle la population du rumen) ;
et enfin de ?facteurs de croissance ?.
- acc¨¦l¨¦ration du transit intestinal entra ?-
nant un ¨¦tat de d¨¦pl¨¦tion du tractus digestif.
1.3. INFRASTRUCTURES
En 1977, il S¡¯$agit, d¡¯une part, de confirmer les
r¨¦sultats pr¨¦c¨¦clemment obtenus, d¡¯autre part,
compte tenu de ces r¨¦sultats, d¡¯aller plus loin
Les diff¨¦rents lots sont r¨¦partis dans 3 parcelles
dans l¡¯analyse du probl¨¨me. Ainsi les buts de ce
de p ?turage nature1 du C. R. Z. de Dahra, cl ?tu-
nouvel essai visent ¨¤ d¨¦finir l¡¯utilit¨¦ pratique de la
r¨¦es,
sensiblement ¨¦quivalentes en surface
distribution en fin de saison s¨¨che d¡¯un aliment
(200 ha) et en couverture v¨¦g¨¦tale. Dans 2
sec non concentr¨¦, d¡¯un suppl¨¦ment min¨¦ral
d¡¯entre elles, des abris cl ?tur¨¦s et couverts ont
et azot¨¦, de facteurs favorisant la croissance de la
¨¦t¨¦ am¨¦nag¨¦s afin de prot¨¦ger les aliments des
population microbienne du tractus digestif.
pluies ¨¦ventuelles. L¡¯abreuvement est ¨¤ volont¨¦
Les ? facteurs de croissance ? (2) qui ne sont
constitu¨¦ d¡¯eau pure en 1976 et d¡¯eau additionn¨¦e
pas connus avec certitude, ne sont ni titr¨¦s, ni
de ? facteurs de croissance ? (3) e; 1977. Cette
conserv¨¦s. Ils sont ¨¦labor¨¦s extemporan¨¦ment au
boisson est offerte aux animaux dans 16 demi-
sein d¡¯une culture bact¨¦rienne d¨¦velopp¨¦e direc-
f ?ts m¨¦talliques de 100 1.
tement sur un substrat plac¨¦ dans l¡¯eau de bois-
son du ruminant. Cette culture, men¨¦e selon la
1.4. ALIMENTATION
technique d¨¦crite en 1.4. donne naissance, sous
la chaleur tropicale, ¨¤ un m¨¦lange complexe de
La composition des aliments et suppl¨¦ments
m¨¦tabolites interm¨¦diaires (acides amin¨¦s, acides
distribu¨¦s ¨¤ volont¨¦ a ¨¦t¨¦ choisie en fonction des
organiques, acides gras volatils, purines, pyri-
r¨¦sultats pr¨¦c¨¦demment acquis (6) en zone sah¨¦-
midines, vitamines) utilisables imm¨¦diatement
lienne (tableau 1).
par les micro-organismes de la panse.
L¡¯aliment sec distribu¨¦ est diff¨¦rent de celui
pr¨¦vu initialement qui devait ¨ºtre de la paille de
1.2. ANIMAUX
brousse, r¨¦colt¨¦e s¨¨che et distribu¨¦e donc sous
._Nk
abri ; ce qui aurait permis de comparer l¡¯utilisa-
En 1976, 3 lots sont constitu¨¦s de 3 fois
tion de cette m¨ºme paille soit s¨¨che, soit humidi-
20 z¨¦bus Gobra. m ?les ?g¨¦s de 3 ¨¤ 6 ans, pesant
fi¨¦e par les pluies. D¡¯autre part, l¡¯aliment utilis¨¦
en moyenne 315 kg en d¨¦but d¡¯exp¨¦rience :
(1976) est relativement concentr¨¦, ce qui est assez
- 2 7 8 - -
TABLEAU 1. - Composition.
- une p¨¦riode de maintien ou d¡¯am¨¦lioration
des aliments distribu¨¦s (en p. 100)
de poids jusqu¡¯au 15 juillet ;
- une 2¡± p¨¦riode de perte rapide du poids
Aliment sec
Suppl¨¦ment
durant 15 jours jusqu¡¯¨¤ la fin du mois de juillet ;
min¨¦ral et azot¨¦
1976
1977
- enfin, une 3¡± p¨¦riode durant laquelle les
poids augmentent r¨¦guli¨¨rement jusqu¡¯¨¤ la fin
Coque d¡¯ara-
Coque de grai . ,Chlorure de so-
1de l¡¯essai.
chide
51 ne de coton
dium
40
Son de bl¨¦
4 5
Phosphate bi-
calcique
20
Carbonate de
Phosphate alu-
chaux
2
minocalcique 20
Chlorure de
sodium
2
Pr.larir
critiquable puisque ¨¤ valeur UF ¨¦gale (soit 45
¨¤ 5,2 par t¨ºte et par jour), il aurait fallu que les
bovins consomment 18 ¨¤ 20 kg de foin sec pour
conserver le m¨ºme b¨¦n¨¦fice pond¨¦ra]. C¡¯est pour-
quoi, dans l¡¯essai 1977, l¡¯emploi de coque de
graine de coton, de valeur sensiblement ¨¦gale ¨¤
celle du foin sec de Dahra (0,25 UF/kg) a ¨¦t¨¦
pr¨¦f¨¦r¨¦.
Les facteurs de croissance sont apport¨¦s par la
boisson offerte aux bovins. Elle est constitu¨¦e
par le m¨¦lange ferment¨¦ spontan¨¦ment apr¨¨s
24 h d¡¯exposition au soleil, de 100 1 d¡¯eau addi-
.
tionn¨¦e de 6.50 g de gros sel et de 2 kg de coque
d¡¯arachide (titre final = 109,4 bact¨¦ries par ml).
G R A P H I Q U E 1 - E v o l u t i o n p o n d ¨¦ r a l e a u cours d e
l ¡¯ e x p ¨¦ r i e n c e 1976
1.5. M ?THODES DE TRAITEMENT DES
P¨¦riode II
DONN ?ES
Pendant cette p¨¦riode, le lot t¨¦moin (A) main-
Le principe de l¡¯analyse repose sur le calcul
tient son poids alors que les 2 lots suppl¨¦ment¨¦s
des diff¨¦rentes droites de r¨¦gression relatives ¨¤
montrent des gains significatifs de 286 ¨¤ 502 g
l¡¯¨¦volution des poids moyens dans les 3 lots ;
par jour, la. diff¨¦rence ¨¦tant significative entre les
la signification des diff¨¦rents coefficients de
lots B et C, le lot B suppl¨¦ment¨¦ uniquement ¨¤
r¨¦gression (pentes) est test¨¦e par analyse de
l¡¯aide de l¡¯aliment sec ayant le meilleur gain.
variante, les comparaisons entre eux se font ¨¤
P¨¦riode 2
l¡¯aide d¡¯un test de t et par analyse de variante
et le coefficient moyen est ¨¦ventuellement calcul¨¦
Durant cette p¨¦riode de 14 jours, le lot t¨¦moin
ainsi que son intervalle de confiance.
(A) perd du poids d¡¯une mani¨¨re significative
(1,75 kg par jour) par rapport aux autres lots qui
perdent respectivement 0,83 (B) et 1,16 (C) kg/j.
II. R ?SULTATS ET DISCUSSIONS
P¨¦riode 3
11.1. EXP ?RIENCE 1976
Les animaux des 3 lots pr¨¦sentent des gains de
poids significatifs. Il n¡¯y a pas de diff¨¦rence signi-
i
11.1.1. R¨¦sultats
ficative entre les 3 lots et il est donc possible de
calculer un coefficient de r¨¦gression commun
A) Evolution pond¨¦rale
dont la valeur est 1,446 -t- 0,277. Ce gain de
A la lecture du graphique no 1, il appara ?t
poids se poursuivait au moment de l¡¯arr¨ºt de
3 p¨¦riodes :
l¡¯exp¨¦rience.
- 279 -
B) Consommation des aliments
La chute de poids est donc apparemment bien
La consommation moyenne journali¨¨re de
due au fait que les animaux ne consomment pas
compl¨¦ment (43 j) est d¡¯environ 5,2 kg par t¨ºte,
la paille de fin de saison s¨¨che lorsqu¡¯elle est
soit 4,5 UF. Il faut, cependant, remarquer que
mouill¨¦e. D¡¯ailleurs, au moment des pr¨¦l¨¨ve-
du 18/7 au 30/7, soit pendant 14 jours de chute
ments effectu¨¦s ¨¤ cette p¨¦riode, une odeur carac-
brutale du poids, la consommation s¡¯est ¨¦lev¨¦e ¨¤
t¨¦ristique de moisi a ¨¦t¨¦ observ¨¦e. Il est fort
6 kg par jour, soit 5,2 UF/jour.
probable que les animaux n¡¯appr¨¦cient pas cette
Le foin recueilli au C. R. Z. de Dahra vaut
odeur. La pr¨¦sence de moisissures devient ¨¦vi-
environ 0,30 UF. Il faudrait, par cons¨¦quent,
dente dans les pailles couch¨¦es par les pluies
de 15 ¨¤ 17,5 kg de foin pour que l¡¯animal b¨¦n¨¦fi-
8 jours apr¨¨s l¡¯humidification : elle est le corol-
cie d¡¯un apport ¨¦nerg¨¦tique ¨¦quivalent, soit 13,5
laire des fermentations bact¨¦riennes qui, en
¨¤ 15,8 kg de MS (rapport MS/UF = 3,6 ¨¤ 3,0).
abaissant le pH, favorisent le d¨¦veloppement des
myc¨¦liums. L¡¯identification et le titrage des
C) Consommation du compl¨¦ment min¨¦ral et azot¨¦
mycotoxines ¨¦ventuelles ont ¨¦t¨¦ effectu¨¦s par le
La consommation du compl¨¦ment n¡¯est pas
Laboratoire de Pharmacologie et Toxicologie de
constante dans le temps. Tr¨¨s ¨¦lev¨¦e au d¨¦but
1¡¯1. N. R. A. ¨¤ Toulouse. Les r¨¦sultats complets
(112,5 g/j), elle diminue r¨¦guli¨¨rement pour se
sont pr¨¦sent¨¦s en annexe. Il en ressort qu¡¯il existe
fixer approximativement ¨¤ une trentaine de
un important d¨¦veloppement d¡¯une ?flore de
grammes par jour ¨¤ la fin de l¡¯essai.
champ ? ¨¤ caract¨¨re phytopathog¨¨ne (1, 2, 3, 4)
et saprophytique (5, 6,7, 8) suivi tr¨¨s rapidement
de l¡¯apparition d¡¯esp¨¨ces de stockage thermo-
II.1.2. Discussion
tol¨¦rantes (9, 10, 11, 12). Sur le plan purement
Soixante-trois jours apr¨¨s le d¨¦but de l¡¯exp¨¦-
toxicologique, l¡¯emploi d¡¯un tel fourrage serait
rience, les animaux t¨¦moins n¡¯ont gagn¨¦ que
d¨¦c:onseill¨¦ selon les normes fran ?aises en raison
18,25 kg, soit environ 290 g par jour alors que les
du nombre d¡¯esp¨¨ces susceptibles d¡¯¨¦laborer des
lots exp¨¦rimentaux ont gagn¨¦ 34 (C) et 31,45 kg
m¨¦tabolites toxiques, et de leur abondance.
(B), soit environ 540 et 500 g par jour, ce qui
Les fermentations bact¨¦riennes puis, ¨¦ventueI-
repr¨¦sente un peu moins du double de la crois-
lement myc¨¦liennes, entra ?nent donc une baisse
sance du lot t¨¦moin.
de la consommation de mati¨¨res s¨¨ches. Ce ph¨¦-
L¡¯examen du graphique montre que la crise
nom¨¨ne, d¨¦j¨¤ d¨¦crit pour les produits de l¡¯ensi-
pond¨¦rale a pu ¨ºtre tr¨¨s s¨¦rieusement amortie
lage (baisse de 20 ¨¤ 30 p. 100) a ¨¦t¨¦ red¨¦montr¨¦
dans les lots exp¨¦rimentaux puisqu¡¯en moyenne,
exp¨¦rimentalement au L. N. E. R. V. (11). Ainsi,
on a pu ¨¦viter 5,55 p. 100 de pertes par rapport
sur 10 moutons consommant de la coque d¡¯ara-
aux t¨¦moins.
chide, la consommation passe de 694 g/t¨ºte/jour
L¡¯¨¦tude du comportement des animaux permet
¨¤ 576 g/t¨ºte/jour lorsque la coque est mouill¨¦e
de pr¨¦ciser certaines questions. D¨¨s la premi¨¨re
48 h auparavant, soit une diminution de la
pluie marquante (28 mm le 15/7), les animaux
consommation de 17 p. 100. La m¨ºme exp¨¦rience
commencent ¨¤ ne plus consommer la paille de
effectu¨¦e sur fane d¡¯arachide entra ?ne une r¨¦duc-
fa ?on r¨¦guli¨¨re et la chute de poids commence ¨¤
tion de consommation de 10 p. 100.
se manifester. D¨¨s le 18/7, 51,6 mm sont tomb¨¦s,
Il faut remarquer que les lots suppl¨¦ment¨¦s,
ce qui suffit pour assurer un d¨¦marrage normal
bien que la perte ne soit pas significative, perdent
de la pouss¨¦e des gramin¨¦es. On compte 4
aussi du poids. La suppl¨¦mentation a prouv¨¦ son
ou 5 jours pour la lev¨¦e et une dizaine de jours
efficacit¨¦ durant la p¨¦riode pr¨¦c¨¦dente, mais le
pour que les plantules atteignent une dimension
poids diminue tout de m¨ºme et ce, malgr¨¦ une
suffisante pour ¨ºtre happ¨¦es convenablement par
consommation sup¨¦rieure.
les bovins. On peut donc noter que les animaux
commencent tr¨¨s t ?t la consommation de l¡¯herbe
II. 1.3. Conclusions
et que d¨¨s qu¡¯elle commence, la chute de poids
cesse. La reprise de poids ¨¦tant imm¨¦diate, il
n¡¯appara ?t donc: pas d¡¯effet d¨¦pressif suppl¨¦men-
Les conclusions ¨¤ tirer de cette 1¡± exp¨¦rience
taire d ? ¨¤ la consommation d¡¯une herbe verte,
sont les suivantes :
s
jeune, aqueuse, riche en prot¨¦ines et en potassium
(l) La suppl¨¦mentation alimentaire compense,
tel qu¡¯il est observ¨¦ en Europe ¨¤ l¡¯occasion de la
en partie seulement, le fait que les animaux ne
classique ? crise de la mise ¨¤ l¡¯herbe ?.
consomment plus la paille mouill¨¦e ou humidifi¨¦e.
- 280 --
Il est probable que la consommation de toxines
verte nouvelle. La chute de poids semble bien due
est en plus une entrave au bon fonctionnement du
au fait que les animaux :
tractus digestif. L¡¯op¨¦ration est, cependant, ren-
- ne consomment pas ou tr¨¨s peu la paille de
table apr¨¨s la remont¨¦e des poids des animaux
fin de saison s¨¨che lorsqu¡¯elle est mouill¨¦e ;
(fin du mois d¡¯ao ?t) et tr¨¨s rentable pendant la
- n¡¯assimilent pas ou assimilent peu les
p¨¦riode de poids minimal (fin juillet). En effet,
1
quantit¨¦s d¡¯aliments absorb¨¦s.
d¡¯une esquisse ¨¦conomique sommaire de l¡¯op¨¦ra-
tion, il ressort que le co ?t du kg suppl¨¦mentaire
observ¨¦ chez les animaux suppl¨¦ment¨¦s en fin
II.2. EXP ?RIENCE 1977
d¡¯exp¨¦rience est d¡¯environ 140 F. Mais, la
remont¨¦e des poids des animaux t¨¦moins ne rend II.2.1. R¨¦sultats
pas ¨¦vidente la diff¨¦rence entre ces animaux et les
suppl¨¦ment¨¦s sur le plan de la conformation. Par
- Evolution pond¨¦rale (graphique no 2)
contre, si les r¨¦sultats sont analys¨¦s au plus bas
L¨¤ encore, 3 p¨¦riodes peuvent ¨ºtre identifi¨¦es :
de la chute de poids, on note alors l¡¯int¨¦r¨ºt
majeur de l¡¯apport alimentaire au moment o¨´ les
P¨¦riode 1
animaux pr¨¦sent¨¦s sur le march¨¦ sont classique-
Aucun des lots ne pr¨¦sente de pente significa-
ment au plus bas de leur forme, (le co ?t du kg tivement diff¨¦rente de 0, donc on peut consid¨¦rer
suppl¨¦mentaire devient alors de 44 F environ).
que les poids restent statistiquement constants.
De plus, ¨¤ cette p¨¦riode, les animaux suppl¨¦-
ment¨¦s n¡¯ont pas un aspect aussi ¨¦prouv¨¦ que les
P¨¦riode 2
t¨¦moins.
Le lot ci recevant suppl¨¦ment et additif ne
b) Il ne semble pas exister d¡¯effet d¨¦pressif
montre pas de modification du poids, par contre
suppl¨¦mentaire d ? ¨¤ la consommation d¡¯herbe
les lots A et B en perdent d¡¯une mani¨¨re non
--- L o t A (temoin)
2 0 0
. . . . . . . Lot 6
++++Lot c
- H a u t e u r s d ¡¯ e a u c u m u l ¨¦ e s
2 5 0 K
/
, Jour:
6
2 0
3 0
1017
2 0
3117
10
2 0
3 1 8
1018
GRAPHIQUE II - Evolution pond¨¦rale au cours de l¡¯exp¨¦rience
1977.
- 281 -
-
significativement diff¨¦rente. 11 est donc possible
faible (0,5 p. 100 d¡¯¨¦cart entre les lots A et B) sans
de calculer un coefficient de r¨¦gression commun
signification statistique, comme en 1976 (mais il
b,, = 0,539, soit une perte de poids de 539 g/j.
s¡¯a.git ici d¡¯une valeur ajout¨¦e ¨¤ une alimentation
d¨¦.j¨¤ am¨¦lior¨¦e).
P¨¦riode 3
En ce qui concerne les facteurs de croissance, il
Les 3 coefficients sont significativement diff¨¦-
semble qu¡¯ils aient produit un effet particulier
rents de 0, mais pas significativement diff¨¦-
d¡¯economie de la ration, puisque l¡¯indice de
.¡¯
rents entre eux.
Il est donc possible de
consommation, relev¨¦ en 1977, est 4 ¨¤ 5 fois
a
calculer un coefficient de r¨¦gression commun
moindre que celui observ¨¦ en 1976. La compa-
b
raison stricte est ¨¦videmment impossible, mais un
ARC
= 0,830 k 0,175, soit un accroissement de
poids de 830 g/j.
essai ult¨¦rieur doit permettre d¡¯¨¦tayer ou non
cette hypoth¨¨se.
Le comportement des animaux dans les diff¨¦-
17.2.2. Discussion
rents lots ne diff¨¨re en rien de celui observ¨¦ en
1976. On remarque, cependant, que la chute des
Quatre-vingt-douze jours apr¨¨s le d¨¦but de
poids est plus progressive suivant en cela I¡¯instal-
l¡¯exp¨¦rience, les animaux ont gagn¨¦ respective-
lation plus lente des pluies, en particulier entre le
ment 88 kg soit 95 g par jour dans le lot t¨¦moin
14/7 et le 14/8 (34 p. 100 de quantit¨¦ d¡¯eau
(A) 9,2 kg, soit 100 g par jour dans le lot (B)
tomb¨¦e en moins en 1977).
et enfin 27,55 kg, soit 299 g par jour dans le
lot (C). II faut remarquer qu¡¯¨¤ l¡¯image de la pre-
mi¨¨re exp¨¦rience, la croissance journali¨¨re des
animaux est la m¨ºme dans les 3 lots au cours de la
III. CONCLUSION G ?N ?RALE
3¡± p¨¦riode et la sup¨¦riorit¨¦ finale obtenue dans le
lot suppl¨¦ment¨¦ (C) est due ¨¤ une diminution de
la perte des poids observ¨¦e pendam la 2¡± p¨¦riode.
La premi¨¨re exp¨¦rience (1976) fond¨¦e sur la
On peut donc en conclure qu¡¯il y a int¨¦r¨ºt ¨¤ sup-
premi¨¨re hypoth¨¨se (sous-consommation de la
_
pl¨¦menter les animaux uniquement en fin de
paille mouill¨¦e) a permis de r¨¦duire la chute pon-
saison s¨¨che au moment de l¡¯installation des
deraie de 5,5 p. 100, mais non de l¡¯annuler.
I
premi¨¨res pluies. Cette suppl¨¦mentation devient
La seconde exp¨¦rience (1977) fond¨¦e sur
inutile une fois que l¡¯herbe nouvelle commence ¨¤
l¡¯hypoth¨¨se suppl¨¦mentaire d¡¯une carence en
¨ºtre consomm¨¦e.
facteurs de croissance de la population micro-
La crise pond¨¦rale a, semble-t-il, ¨¦t¨¦ mieux
bienne du tractus digestif a pratiquement annul¨¦
ma ?tris¨¦e qu¡¯en 1976. Par ailleurs, le co ?t du trai-
la chute de poids, et port¨¦ l¡¯¨¦cart ¨¤ 8.23 p. 100
tement, compte tenu du faible prix de revient de
(entre A et C).
la coque de gra.ine de coton, tombe ¨¤ 12 F par kg
Dans les 2 cas, l¡¯op¨¦ration s¡¯est av¨¦r¨¦e finan-
vif conserv¨¦ 2 mois apr¨¨s le d¨¦but de l¡¯exp¨¦rience
ci¨¨rement rentable. Cette rentabilit¨¦ est parti-
(p¨¦riode optimale de commercialisation).
culi¨¨rement ¨¦lev¨¦e dans la seconde exp¨¦rience du
Les effets respectifs des traitements appliqu¨¦s
fait de l¡¯utilisation d¡¯un a!iment peu co ?teux et
peuvent ¨ºtre appr¨¦ci¨¦s de la mani¨¨re suivante au
de la r¨¦duction tr¨¨s nette de l¡¯indice de consom-
moment de leur impact maximal (12 ao ?t).
mation.
L¡¯effet du traitement complet est obtenu en com-
Plusieurs enseignements peuvent ¨ºtre tir¨¦s de
parant les poids pond¨¦r¨¦s du troupeau exp¨¦ri-
ces 2 observations : les plus importants sur le
mental (C) et ceux du troupeau t¨¦moin (A). Cet
plan pratique semblant ¨ºtre, d¡¯une part, que la
¨¦cart est de 823 p. 100 en faveur du troupeau
distribution d¡¯un compl¨¦ment alimentaire ¨¤ des
trait¨¦.
z¨¦bus disposant d¡¯un p ?turage naturel non totale-
L¡¯effet du traitement aliment sec (coque de
ment d¨¦grad¨¦, n¡¯a d¡¯efficacit¨¦ ¨¦conomique que si
graine de coton) et des facteurs de croissance est
elle est pratiqu¨¦e lors des premi¨¨res pluies ;
obtenu en comparant l¡¯¨¦cart entre les poids pon-
auparavant, elle conduit ¨¤ un gaspillage. D¡¯autre
d¨¦r¨¦s du troupeau (B) et ceux du troupeau
part, que la suppl¨¦mentation min¨¦rale et azot¨¦e
t¨¦moin (A). Cet ¨¦cart est de 7,73 p. 100 en faveur
semble devoir ¨ºtre faite sur une longue p¨¦riode
du troupeau trait¨¦. On constate ¨¤ l¡¯occasion de
(6) : elle perd son efficacit¨¦ si elle est faite trop
cette comparaison que l¡¯effet du seul suppl¨¦-
tard.
ment min¨¦ral et azot¨¦, est apparemment tr¨¨s
II SC confirme enfin que la mise ¨¤ la disposition
- 2 8 2 -
de ? facteurs de croissance ? ¨¤ la population
Enfin, et c¡¯est l¡¯apport le plus nouveau de ces
microbienne du tractus digestif semble agir plus
observations, il semble qu¡¯on puisse attribuer
comme ¨¦l¨¦ment d¡¯¨¦conomie de la ration en abais-
une grande part des ph¨¦nom¨¨nes observ¨¦s ¨¤ des
sant consid¨¦rablement l¡¯indice de consommation
agents responsables bien identifi¨¦s : des toxines
que comme ayant une unique action de maintien
d¡¯origine fongique. C¡¯est donc sur ce point que
ou d¡¯am¨¦lioration du poids.
les recherches devront se poursuivre.
S U M M A R Y
Weight crisis in Sahelian zebu cattle at the begirming of the rainy season.
Experimental study of contributing factors and of possible control means
Weight loss in Sahelian zebu cattle during the dry season, increases at the
outset of the rainy season and it cari reach up to 50 p. 100 of the total loss of
the 6 previous months.
From these observations, the authors conclude that the weight loss is the
result of either a marked underconsumption of hay which has been soaked by
the first rains, and has formented then mildewed, or a deficiency in growth
elements of the microbial population of the rumen.
The distribution of a dry meal ration which has been stored in a dry place
in the first case, and in which growth elements have been added, such as fresh
bacterial cultures in the second case, have reduced respectively the weight
losses by 5.5 p. 100 and 8.2 p. 100.
RESUMEN
Modification de peso de 10s cebus sahelianos
durante la instalacion de las primeras lluvias
Estudio experimental de las causas
y de 10s medios posibles de lucha
La perdida de peso de 10s cebus sahelianos a lo largo de la estacion seca
se acentua a1 principio de la estacion de las lluvias, en que puede alcanzar
50 p. 100 de la perdida total de 10s seis meses precedentes.
Segim sus observaciones, 10s autores concluyen que este fenomeno pro-
viene segun 10s casos ya de un subconsumo acentuado de la paja que, mojada
por las primeras lluvias, fermenta, luego enmohece, ya de una carencia de
? factores de crecimiento ? de la poblacion microbiana de la panza.
La distribution de un alimento seco preservado de las lluvias en el primer
caso y la adicion de ? factores de crecimiento ? bajo forma de cultiva bacteriano
fresco en el segundo permitieron reducir respectivamente las perdidas de peso
de 55 p. 100 y de 8,2 p. 100.
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grazing on veld. Rhod. J. agric. Res., 1968,6 (2) : 93-
mentations min¨¦rales, alimentaires et pertes de poids
101.
- 283 -
5
ANNEXE
R¨¦sultats de l¡¯analyse mycologique
effectu¨¦e sur du p ?turage naturel de Dahra
R¨¦colte 15 jours apr¨¨s le d¨¦but des pluies
(29-7-76)
Esp¨¨ces fongiques
Abondance (*)
1. Curvularia sp . . . . . . . . . . . . . .
. . .
10%
2. Helminthosporium
sp. . . . . . . .
. . .
10%
3. Eusarium rigidiusculum
. . . . . .
. . .
5 x lOb/g
4. Fusarium sp. . . . . . . . . . . . . . . .
. . . .
3 x 106/g
5. Stachybotrys atra. . . . . . . . . . .
. .
2 x 1oqg
6. Acremoniella atra. . . . . . . . . . .
. .
1o¡®vg
1. Cladosporium herborum. . . . . .
.
2 x 106/g
8. Cladosporium cladosporioides ~
. . .
2 x 106/g
9. Aspergillus ochraceus. . . . . . . .
. .
2 x 106/g
10. Aspergillus niger. . . . . . . . . . . .
. *
lO¡¯/g
11. AsperKillus
nidulans.
. . . . . . . .
1 os/g
12. Aspergillus Jiavus. . . . . . . . . . .
. .
1 O¡±h
13. Penicillium
sp . . . . . . . . . . . . . .
. . .
3 x lOS/g
(*) Habituellement exprim¨¦e en croix. Ici, la plupart
des esp¨¨ces d¨¦passaient la gamme habituelle utilis¨¦e au
Laboratoire.
- 284 --