CONTRIBUTION A L¡¯HARMONISATION DE COMPTE GLOBAL ...
CONTRIBUTION A L¡¯HARMONISATION DE COMPTE GLOBAL
FILIERE VIANDE BOVINE
Par
CHEIKH Mb. NDIONE¡¯
et
MBAYE YADE¡¯
¡¯ Institut S¨¦negalais de Recherches Agricoles.
¡¯ Institut du Sahel/ PRISAS.
1
Introduction
La fili¨¨re bovine comprend un circuit vif emprunt¨¦ par le b¨¦tail vivant et un circuit mort, celui
de la transformation du b¨¦tail en viande. Une ¨¦tude de la commercialisation, partant de
l¡¯amont vers l¡¯aval, bute sur la difficult¨¦ qui consiste ¨¤ exprimer tous les param¨¨tres en terme
de viande rouge : ce qui rendrait plus harmonieuse l¡¯expression des parts respectives. En effet,
depuis les zones de production jusqu¡¯aux centres de consommation, le bovin vivant est
caract¨¦ris¨¦ par son poids vif et carcasse. Entre ces points, l¡¯animal transport¨¦ puis transform¨¦
en viande, voit son poids vif et carcasse subir des changements. Ces variations sont transmises
d¡¯un acteur ¨¤ l¡¯autre ; depuis le producteur, en passant par les dioula puis le chevillard pour
arriver, en dernier lieu , au boucher.
Du producteur au dioula, ce sont les pertes de poids dus au transport qui sont transf¨¦r¨¦es ; le
chevillard en prenant le relais du dioula accuse des variations li¨¦es au rendement et au
ressuyage tandis que le boucher subit les pertes li¨¦es ¨¤ la d¨¦coupe. Habituellement, nous
exprimons les postes de d¨¦penses et de recettes selon l¡¯unit¨¦ caract¨¦ristique de l¡¯¨¦tat de
l¡¯animal ¨¤ chaque ¨¦tape. Cette d¨¦marche appara ?t insatisfaisante quand on veut ¨¦valuer et
analyser la r¨¦partition des charges et des marges entre les acteurs pour chaque kg de viande
produit. En effet le producteur et le dioula voient leurs charges et marges exprim¨¦es en kg vif
au moment o¨´ celles du chevillard et du boucher sont libell¨¦es en kg de viande rouge.
L¡¯harmonisation des unit¨¦s utilis¨¦es pour calculer ces ratios nous permet de mieux appr¨¦cier
les performances individuelles des acteurs.
Nous avons ¨¦t¨¦ confront¨¦s ¨¤ cette situation dans le cadre de l¡¯¨¦tude (sur l¡¯impact de la
d¨¦valuation) au moment de confectionner le compte global de la fili¨¨re bovine au S¨¦n¨¦gal.
L¡¯objet de ce travail est de pr¨¦senter la m¨¦thodologie d¨¦velopp¨¦e pour contourner cette
difficult¨¦.
Mat¨¦riel et m¨¦thode :
Il est devenu une pratique courante au S¨¦n¨¦gal de classer les bovins en cat¨¦gories selon un
?ge qui est suppos¨¦ correspondre ¨¤ une fourchette de poids typiques tout au moins en ¨¦levage
traditionnel extensif. Cette subdivision, qui est adopt¨¦e ici, permet de classer les bovins
destin¨¦s ¨¤ la commercialisation en veaux/velles ( ?g¨¦s de 0 ¨¤ 1 an), taurillons/g¨¦nisses (1)
( ?g¨¦s de deux ¨¤ trois ans) ; taurillons/g¨¦nisses (2) ( ?g¨¦s 3 ¨¤ 4 ans), taureaux (b ?ufs)/vaches au
del¨¤ de 4 ans.
L¡¯abattage des femelles de moins de 4 ans ¨¦tant interdit, nous sommes concern¨¦s uniquement
par les veaux, les taurillons, les taureaux et les vaches de r¨¦forme. A chacune de ces cat¨¦gories
correspond un rendement moyen carcasse accept¨¦ par les professionnels de la viande et v¨¦rifi¨¦
par les enqu¨ºtes de la Direction de 1¡¯Elevage ou la Soci¨¦t¨¦ de D¨¦veloppement de 1¡¯Elevage en
Zone Sylvo-Pastorale, SODESP. Dans le cadre de cette recherche nous nous sommes
int¨¦ress¨¦s aux m ?les de 5 ans pesant 450 kg perdant 15 % de son poids lors de son transport,
atteignant un rendement carcasse de 50 % et caract¨¦ris¨¦s par des pertes au ressuyage de 4 %
et ¨¤ la d¨¦coupe de 2 %.
Pr¨¦sentation de la fili¨¨re bovine : axe Dahra Dakar.
La fili¨¨re bovine (ici prise en exemple) s¨¦n¨¦galaise d¨¦bute en Zone Sylvo-pastorale qui est
localis¨¦e au nord du S¨¦n¨¦gal. Cette zone repr¨¦sente une multitude de points de collecte
primaire de bovins mat¨¦rialis¨¦s par les points d¡¯eau (forages et puits). Ce sont les dioula
charg¨¦s de la collecte primaire qui fr¨¦quentent ces march¨¦s dispers¨¦s un peu partout. Ensuite
les animaux collect¨¦s sont achemin¨¦s vers Dahra, foirai1 de rassemblement fr¨¦quent¨¦ par des
commer ?ants qui connectent ce point aux foirails de consommation dont un bel exemple est
le march¨¦ de Thiaroye. Thiaroye mat¨¦rialise la fin du circuit vif et le d¨¦but du circuit mort
qu¡¯affectionne le chevillard charg¨¦ de la transformation du b¨¦tail en viande. Le chevillard est
suppos¨¦ ¨ºtre le commer ?ant de gros pour la viande et celui de la viande au d¨¦tail est le
boucher.
Tableau 1 : Etapes successives dans la fili¨¨re bovine s¨¦n¨¦galaise : poids et prix de r¨¦f¨¦rence
(1996).
Etape
Zone Sylvo-Pastorale :
Dahra, foirai1 de
Thiaroye, foirai1
Abattoirs de Dakar
collecte primaire
rassemblement
de
consommation
Poids
450*
428*
385*
192*
Prix moyen avant
300
365
440
1040
d¨¦valuation
Prix moyen apr¨¨s
375
425
520
1240
d¨¦valuation
* Kg de poids vif
* * kg de viande
Calcul des coefficients de conversion :
En remontant le fili¨¨re ¨¤ contre courant, il devient possible d¡¯exprimer la part respective des
acteurs intervenant dans la commercialisation du b¨¦tail et de la viande en terme de kg de
viande rouge produit ou servi. Pour cela, il nous faut un coefficient de conversion d¨¦riv¨¦ des
coefficients techniques caract¨¦ristiques de chaque ¨¦tape. Cette remont¨¦e permet d¡¯isoler les
pertes et les variations suivantes :
n pertes ¨¤ la d¨¦coupe PD ;
H pertes au ressuyage PR ;
n rendement carcasse RC ;
W pertes lors du second transport PT2 : de Dahra ¨¤ Thiaroye;
W pertes lors du premier transport PT1 : des points de collecte primaire ¨¤ Dahra
Pour chaque acteur, le tableau ci-dessous est utilis¨¦ pour d¨¦terminer le coefficient de
conversion. A c ?t¨¦ de ces param¨¨tres, il faut tenir compte d¡¯un facteur de correction (FC)
permettant de ne tenir compte que du revenu du chevillard tir¨¦ de la viande rouge car le
cinqui¨¨me quartier participe ¨¤ ce revenu. On le d¨¦rive du
revenu du chevillard tir¨¦
uniquement de la viande rouge divis¨¦ par celui obtenu en vendant aussi bien la viande rouge
que le cinqui¨¨me quartier.
Comme les revenus dont il d¨¦rive ce facteur est variable. Ne pas corriger le revenu du
chevillard en isolant seulement la part de la viande rouge, c¡¯est surestimer la contribution
3
.
revenant aux acteurs situ¨¦s en amont. Le coefficient de conversion (CC) est obtenu en divisant
le facteur de correction (FC) par le produit de (l-PD), (l-PR), (l-RC), (l-PT2), (l-PTl).
Soit :
cc = FC / ((l-PD) ¡°(l- PR) ¡°(l- RC) * (1-PT2) * (1-PTl)).
Tableau 2 : D¨¦rivation du coefficient de conversion des revenus et charges des acteurs
exprim¨¦s en kg de viande rouge.
Acteurs
l-PD
l-PR
l-RC
l-PT2
1-P-I-l
CF¡¯
coefficient
conversion
producteur
0,98
0,96
030
09
0,95
0,93 / 092
231/2,28
dioula 1
0,98
0,96
050
0,90
1
093 /og2
2,19 / 2,16
dioula 2
098
0,96
050
1
1
0,93 1092
1,97/1,95
chevillard
0,98
1
1
1
1
l/l
1,02 / 1,02
boucher
1
1
1
1
1
111
I/l
Tableau 3 : Compte de la fili¨¨re
AVANT DEVALUATION
APRES DEVALUATION
MONTANT /kg vif
COEFFICIENT
MONTANT&
MONTANT par
COEFFICIENT
MONTANT/kg de
de conversion
VIANDE ROUGE
kg vif
de correction
viande rouge
viande rouge
viande rouge
CI PRO
4755
231
110
51,13
228
117
RBE PROD
252,45
231
583
323,87
228
738
CI DIOULA 1
1023
2,19
22
11,17
2,16
24
RNE DIOULA 1
38,98
2,19
8 5
19,09
2,16
41
CI DIOULA 2
923
1,97
1 8
10,66
195
2 1
I
I
I
RNE DIOULA 2
25,22
1,97
50
37,12
1,95
72
CI CHEVILLARD
63,25
1,02
64
68,ll
1,02
6 9
RNE chevillard
12649
* CF avant/apr¨¨s la d¨¦valuation
4
1,02
129
1793.5
1,02
183
CI BOUCHER
32,66
1
3 3
4559
1
4 6
RNE BOUCHER
156,OS
1
156
189,06
1
189
Total
L¨¦gende : CI = consommations interm¨¦diaires ; RBE = revenu brut d¡¯exploitation ;
En multipliant ce coefficient par les consommations interm¨¦diaires et les recettes obtenues par
enqu¨ºtes , on exprime les d¨¦penses consenties et les revenus re ?us par chaque acteur pour
produire ou servir un kg de viande rouge au consommateur. En agr¨¦geant ainsi, on obtient le
compte global de la fili¨¨re. Le coefficient de correction permet de passer de l¡¯¨¦leveur au
boucher d¨¨s l¡¯instant qu¡¯on sait que chaque fois que le boucher vend une unit¨¦ de viande, 2,31
unit¨¦s de kg vif ont ¨¦t¨¦ produites par l¡¯¨¦leveur.
Pour le producteur, nous obtenons un revenu brut d¡¯exploitation qui r¨¦tribue la main d¡¯ ?uvre
familiale, le management et le placement dans le troupeau. Pour les autres acteurs nous
parvenons ¨¤ un revenu net d¡¯exploitation.
En comparant les p¨¦riodes avant et apr¨¨s la d¨¦valuation, on constate que le pasteur ont pu
contenir l¡¯augmentation de ses consommations interm¨¦diaires (par kg de viande produit)
autour de 6,4 % tout en obtenant une hausse de son revenu brut d¡¯exploitation de 26,6 %.
C¡¯est l¨¤ une portion de la fili¨¨re qui a pu r¨¦sister au choc mon¨¦taire que repr¨¦sente la
d¨¦valuation. Ses charges ont augment¨¦ de 7f par kg de viande rouge offert pendant que son
revenu subissait une hausse de 155 f/kg.
Cependant, le chevillard est parvenu, qualitativement, au m¨ºme r¨¦sultat (8 % d¡¯augmentation
de CI et 42 % de hausse du revenu net). L¡¯explication est que les chevillards ont pu s¡¯opposer,
sur un terrain purement syndical, ¨¤ l¡¯augmentation des charges de transformation que la
SERAS3 voulait leur transf¨¦rer.
En comparant les p¨¦riodes avant et apr¨¨s la d¨¦valuation, on constate une baisse du coefficient
de correction viande du producteur et ceux des dioula ; pendant que ceux des acteurs du
circuit mort restent constants. On en d¨¦duit que le pasteur convertit mieux sa production en
viande depuis l¡¯av¨¨nement de la d¨¦valuation.
5
Quand la ligne ¡°total¡± du tableau ci-dessus est exprim¨¦e en f CFA/kg de viande rouge, la
somme des consommations interm¨¦diaires et des revenus nous donne le prix du kg de viande
au consommateur. Tandis que, horizontalement, on peut lire, pour chaque poste de d¨¦penses et
de revenus la contribution et la r¨¦tribution de chaque acteur pour un kg de viande rouge servi
au consommateur.
Cette approche du compte global de la fili¨¨re a l¡¯avantage de permettre la comparaison de
plusieurs syst¨¨mes de production et plusieurs fili¨¨res (d¡¯approvisionnement) en appr¨¦ciant
leur capacit¨¦ ¨¤ limiter leurs charges et ¨¤ engranger les b¨¦n¨¦fices de la d¨¦valuation ou d¡¯autres
chocs. On peut aussi utiliser cette approche pour calculer le prix aux acteurs exprim¨¦ en terme
de viande rouge. Ainsi le prix au producteur est ¨¦gal ¨¤ son revenu brut d¡¯exploitation + ses
consommations interm¨¦diaires ; le prix au dioula 1 est ¨¦gal au prix au producteur + (les
consommations interm¨¦diaires + le revenu net d¡¯exploitation) du dioula 1, etc...
Graphe 1 :Revenus d¡¯exploitation avant et aprbs d¨¦valuation
6 0 0
m Avant
-t apr¨¨s
Revenu
Revenu
Revenu
Revenu
Revenu
Brut
Brut
Brut
Brut
Brut
Pasteur.
dioula 1
dioula 2
chevillard
boucher
.
.
Consommation interm¨¦diaires des acteurs avant et apr¨¨s la
d¨¦valuation
~-Avant
+ A p r ¨¨ s
¡±
.
Prix aux acteurs avant et apr¨¨s la d¨¦valuation
1 6 0 0
1400
1 2 0 0
1000
mb Avant
-Apr¨¨s
600
Rix
Prix dioula
Rix dioula
Ri%
prix
Roducteur
1
2
chevillard
boucher
acteurs
FILIERE VIANDE BOVINE
Par
CHEIKH Mb. NDIONE¡¯
et
MBAYE YADE¡¯
¡¯ Institut S¨¦negalais de Recherches Agricoles.
¡¯ Institut du Sahel/ PRISAS.
1
Introduction
La fili¨¨re bovine comprend un circuit vif emprunt¨¦ par le b¨¦tail vivant et un circuit mort, celui
de la transformation du b¨¦tail en viande. Une ¨¦tude de la commercialisation, partant de
l¡¯amont vers l¡¯aval, bute sur la difficult¨¦ qui consiste ¨¤ exprimer tous les param¨¨tres en terme
de viande rouge : ce qui rendrait plus harmonieuse l¡¯expression des parts respectives. En effet,
depuis les zones de production jusqu¡¯aux centres de consommation, le bovin vivant est
caract¨¦ris¨¦ par son poids vif et carcasse. Entre ces points, l¡¯animal transport¨¦ puis transform¨¦
en viande, voit son poids vif et carcasse subir des changements. Ces variations sont transmises
d¡¯un acteur ¨¤ l¡¯autre ; depuis le producteur, en passant par les dioula puis le chevillard pour
arriver, en dernier lieu , au boucher.
Du producteur au dioula, ce sont les pertes de poids dus au transport qui sont transf¨¦r¨¦es ; le
chevillard en prenant le relais du dioula accuse des variations li¨¦es au rendement et au
ressuyage tandis que le boucher subit les pertes li¨¦es ¨¤ la d¨¦coupe. Habituellement, nous
exprimons les postes de d¨¦penses et de recettes selon l¡¯unit¨¦ caract¨¦ristique de l¡¯¨¦tat de
l¡¯animal ¨¤ chaque ¨¦tape. Cette d¨¦marche appara ?t insatisfaisante quand on veut ¨¦valuer et
analyser la r¨¦partition des charges et des marges entre les acteurs pour chaque kg de viande
produit. En effet le producteur et le dioula voient leurs charges et marges exprim¨¦es en kg vif
au moment o¨´ celles du chevillard et du boucher sont libell¨¦es en kg de viande rouge.
L¡¯harmonisation des unit¨¦s utilis¨¦es pour calculer ces ratios nous permet de mieux appr¨¦cier
les performances individuelles des acteurs.
Nous avons ¨¦t¨¦ confront¨¦s ¨¤ cette situation dans le cadre de l¡¯¨¦tude (sur l¡¯impact de la
d¨¦valuation) au moment de confectionner le compte global de la fili¨¨re bovine au S¨¦n¨¦gal.
L¡¯objet de ce travail est de pr¨¦senter la m¨¦thodologie d¨¦velopp¨¦e pour contourner cette
difficult¨¦.
Mat¨¦riel et m¨¦thode :
Il est devenu une pratique courante au S¨¦n¨¦gal de classer les bovins en cat¨¦gories selon un
?ge qui est suppos¨¦ correspondre ¨¤ une fourchette de poids typiques tout au moins en ¨¦levage
traditionnel extensif. Cette subdivision, qui est adopt¨¦e ici, permet de classer les bovins
destin¨¦s ¨¤ la commercialisation en veaux/velles ( ?g¨¦s de 0 ¨¤ 1 an), taurillons/g¨¦nisses (1)
( ?g¨¦s de deux ¨¤ trois ans) ; taurillons/g¨¦nisses (2) ( ?g¨¦s 3 ¨¤ 4 ans), taureaux (b ?ufs)/vaches au
del¨¤ de 4 ans.
L¡¯abattage des femelles de moins de 4 ans ¨¦tant interdit, nous sommes concern¨¦s uniquement
par les veaux, les taurillons, les taureaux et les vaches de r¨¦forme. A chacune de ces cat¨¦gories
correspond un rendement moyen carcasse accept¨¦ par les professionnels de la viande et v¨¦rifi¨¦
par les enqu¨ºtes de la Direction de 1¡¯Elevage ou la Soci¨¦t¨¦ de D¨¦veloppement de 1¡¯Elevage en
Zone Sylvo-Pastorale, SODESP. Dans le cadre de cette recherche nous nous sommes
int¨¦ress¨¦s aux m ?les de 5 ans pesant 450 kg perdant 15 % de son poids lors de son transport,
atteignant un rendement carcasse de 50 % et caract¨¦ris¨¦s par des pertes au ressuyage de 4 %
et ¨¤ la d¨¦coupe de 2 %.
Pr¨¦sentation de la fili¨¨re bovine : axe Dahra Dakar.
La fili¨¨re bovine (ici prise en exemple) s¨¦n¨¦galaise d¨¦bute en Zone Sylvo-pastorale qui est
localis¨¦e au nord du S¨¦n¨¦gal. Cette zone repr¨¦sente une multitude de points de collecte
primaire de bovins mat¨¦rialis¨¦s par les points d¡¯eau (forages et puits). Ce sont les dioula
charg¨¦s de la collecte primaire qui fr¨¦quentent ces march¨¦s dispers¨¦s un peu partout. Ensuite
les animaux collect¨¦s sont achemin¨¦s vers Dahra, foirai1 de rassemblement fr¨¦quent¨¦ par des
commer ?ants qui connectent ce point aux foirails de consommation dont un bel exemple est
le march¨¦ de Thiaroye. Thiaroye mat¨¦rialise la fin du circuit vif et le d¨¦but du circuit mort
qu¡¯affectionne le chevillard charg¨¦ de la transformation du b¨¦tail en viande. Le chevillard est
suppos¨¦ ¨ºtre le commer ?ant de gros pour la viande et celui de la viande au d¨¦tail est le
boucher.
Tableau 1 : Etapes successives dans la fili¨¨re bovine s¨¦n¨¦galaise : poids et prix de r¨¦f¨¦rence
(1996).
Etape
Zone Sylvo-Pastorale :
Dahra, foirai1 de
Thiaroye, foirai1
Abattoirs de Dakar
collecte primaire
rassemblement
de
consommation
Poids
450*
428*
385*
192*
Prix moyen avant
300
365
440
1040
d¨¦valuation
Prix moyen apr¨¨s
375
425
520
1240
d¨¦valuation
* Kg de poids vif
* * kg de viande
Calcul des coefficients de conversion :
En remontant le fili¨¨re ¨¤ contre courant, il devient possible d¡¯exprimer la part respective des
acteurs intervenant dans la commercialisation du b¨¦tail et de la viande en terme de kg de
viande rouge produit ou servi. Pour cela, il nous faut un coefficient de conversion d¨¦riv¨¦ des
coefficients techniques caract¨¦ristiques de chaque ¨¦tape. Cette remont¨¦e permet d¡¯isoler les
pertes et les variations suivantes :
n pertes ¨¤ la d¨¦coupe PD ;
H pertes au ressuyage PR ;
n rendement carcasse RC ;
W pertes lors du second transport PT2 : de Dahra ¨¤ Thiaroye;
W pertes lors du premier transport PT1 : des points de collecte primaire ¨¤ Dahra
Pour chaque acteur, le tableau ci-dessous est utilis¨¦ pour d¨¦terminer le coefficient de
conversion. A c ?t¨¦ de ces param¨¨tres, il faut tenir compte d¡¯un facteur de correction (FC)
permettant de ne tenir compte que du revenu du chevillard tir¨¦ de la viande rouge car le
cinqui¨¨me quartier participe ¨¤ ce revenu. On le d¨¦rive du
revenu du chevillard tir¨¦
uniquement de la viande rouge divis¨¦ par celui obtenu en vendant aussi bien la viande rouge
que le cinqui¨¨me quartier.
Comme les revenus dont il d¨¦rive ce facteur est variable. Ne pas corriger le revenu du
chevillard en isolant seulement la part de la viande rouge, c¡¯est surestimer la contribution
3
.
revenant aux acteurs situ¨¦s en amont. Le coefficient de conversion (CC) est obtenu en divisant
le facteur de correction (FC) par le produit de (l-PD), (l-PR), (l-RC), (l-PT2), (l-PTl).
Soit :
cc = FC / ((l-PD) ¡°(l- PR) ¡°(l- RC) * (1-PT2) * (1-PTl)).
Tableau 2 : D¨¦rivation du coefficient de conversion des revenus et charges des acteurs
exprim¨¦s en kg de viande rouge.
Acteurs
l-PD
l-PR
l-RC
l-PT2
1-P-I-l
CF¡¯
coefficient
conversion
producteur
0,98
0,96
030
09
0,95
0,93 / 092
231/2,28
dioula 1
0,98
0,96
050
0,90
1
093 /og2
2,19 / 2,16
dioula 2
098
0,96
050
1
1
0,93 1092
1,97/1,95
chevillard
0,98
1
1
1
1
l/l
1,02 / 1,02
boucher
1
1
1
1
1
111
I/l
Tableau 3 : Compte de la fili¨¨re
AVANT DEVALUATION
APRES DEVALUATION
MONTANT /kg vif
COEFFICIENT
MONTANT&
MONTANT par
COEFFICIENT
MONTANT/kg de
de conversion
VIANDE ROUGE
kg vif
de correction
viande rouge
viande rouge
viande rouge
CI PRO
4755
231
110
51,13
228
117
RBE PROD
252,45
231
583
323,87
228
738
CI DIOULA 1
1023
2,19
22
11,17
2,16
24
RNE DIOULA 1
38,98
2,19
8 5
19,09
2,16
41
CI DIOULA 2
923
1,97
1 8
10,66
195
2 1
I
I
I
RNE DIOULA 2
25,22
1,97
50
37,12
1,95
72
CI CHEVILLARD
63,25
1,02
64
68,ll
1,02
6 9
RNE chevillard
12649
* CF avant/apr¨¨s la d¨¦valuation
4
1,02
129
1793.5
1,02
183
CI BOUCHER
32,66
1
3 3
4559
1
4 6
RNE BOUCHER
156,OS
1
156
189,06
1
189
Total
L¨¦gende : CI = consommations interm¨¦diaires ; RBE = revenu brut d¡¯exploitation ;
En multipliant ce coefficient par les consommations interm¨¦diaires et les recettes obtenues par
enqu¨ºtes , on exprime les d¨¦penses consenties et les revenus re ?us par chaque acteur pour
produire ou servir un kg de viande rouge au consommateur. En agr¨¦geant ainsi, on obtient le
compte global de la fili¨¨re. Le coefficient de correction permet de passer de l¡¯¨¦leveur au
boucher d¨¨s l¡¯instant qu¡¯on sait que chaque fois que le boucher vend une unit¨¦ de viande, 2,31
unit¨¦s de kg vif ont ¨¦t¨¦ produites par l¡¯¨¦leveur.
Pour le producteur, nous obtenons un revenu brut d¡¯exploitation qui r¨¦tribue la main d¡¯ ?uvre
familiale, le management et le placement dans le troupeau. Pour les autres acteurs nous
parvenons ¨¤ un revenu net d¡¯exploitation.
En comparant les p¨¦riodes avant et apr¨¨s la d¨¦valuation, on constate que le pasteur ont pu
contenir l¡¯augmentation de ses consommations interm¨¦diaires (par kg de viande produit)
autour de 6,4 % tout en obtenant une hausse de son revenu brut d¡¯exploitation de 26,6 %.
C¡¯est l¨¤ une portion de la fili¨¨re qui a pu r¨¦sister au choc mon¨¦taire que repr¨¦sente la
d¨¦valuation. Ses charges ont augment¨¦ de 7f par kg de viande rouge offert pendant que son
revenu subissait une hausse de 155 f/kg.
Cependant, le chevillard est parvenu, qualitativement, au m¨ºme r¨¦sultat (8 % d¡¯augmentation
de CI et 42 % de hausse du revenu net). L¡¯explication est que les chevillards ont pu s¡¯opposer,
sur un terrain purement syndical, ¨¤ l¡¯augmentation des charges de transformation que la
SERAS3 voulait leur transf¨¦rer.
En comparant les p¨¦riodes avant et apr¨¨s la d¨¦valuation, on constate une baisse du coefficient
de correction viande du producteur et ceux des dioula ; pendant que ceux des acteurs du
circuit mort restent constants. On en d¨¦duit que le pasteur convertit mieux sa production en
viande depuis l¡¯av¨¨nement de la d¨¦valuation.
5
Quand la ligne ¡°total¡± du tableau ci-dessus est exprim¨¦e en f CFA/kg de viande rouge, la
somme des consommations interm¨¦diaires et des revenus nous donne le prix du kg de viande
au consommateur. Tandis que, horizontalement, on peut lire, pour chaque poste de d¨¦penses et
de revenus la contribution et la r¨¦tribution de chaque acteur pour un kg de viande rouge servi
au consommateur.
Cette approche du compte global de la fili¨¨re a l¡¯avantage de permettre la comparaison de
plusieurs syst¨¨mes de production et plusieurs fili¨¨res (d¡¯approvisionnement) en appr¨¦ciant
leur capacit¨¦ ¨¤ limiter leurs charges et ¨¤ engranger les b¨¦n¨¦fices de la d¨¦valuation ou d¡¯autres
chocs. On peut aussi utiliser cette approche pour calculer le prix aux acteurs exprim¨¦ en terme
de viande rouge. Ainsi le prix au producteur est ¨¦gal ¨¤ son revenu brut d¡¯exploitation + ses
consommations interm¨¦diaires ; le prix au dioula 1 est ¨¦gal au prix au producteur + (les
consommations interm¨¦diaires + le revenu net d¡¯exploitation) du dioula 1, etc...
Graphe 1 :Revenus d¡¯exploitation avant et aprbs d¨¦valuation
6 0 0
m Avant
-t apr¨¨s
Revenu
Revenu
Revenu
Revenu
Revenu
Brut
Brut
Brut
Brut
Brut
Pasteur.
dioula 1
dioula 2
chevillard
boucher
.
.
Consommation interm¨¦diaires des acteurs avant et apr¨¨s la
d¨¦valuation
~-Avant
+ A p r ¨¨ s
¡±
.
Prix aux acteurs avant et apr¨¨s la d¨¦valuation
1 6 0 0
1400
1 2 0 0
1000
mb Avant
-Apr¨¨s
600
Rix
Prix dioula
Rix dioula
Ri%
prix
Roducteur
1
2
chevillard
boucher
acteurs