INSTITUT D¡¯ELEVAGE ET DE MEDECINE VETERINAIRE DES...
INSTITUT D¡¯ELEVAGE ET DE MEDECINE
VETERINAIRE DES PAYS TROPICAUX
REVUE D¡¯?LEVAGE
ET DE
M?DECINE V?T?RINAIRE
DES PAYS TROPICAUX
Note sur l¡¯¨¦cologie
de la peste ¨¦quiue africaine
par P. BOURDIN et A. LAURENT
Tome XXVII (nouvelle s¨¦rie)
No 2 - 1974
VIGOT FRERES, EDITEURS
23, rue de I¡¯Ecole-de-M¨¦decine, Paris-VI¡±

Rev. Elev. M¨¦d. v¨¦t. Pays trop., 1974, 27 (2) : 163-168
Note sur l¡¯¨¦cologie de la peste ¨¦quine africaine
par P. BOURDIN (*) et A. LAURENT (*)
R E S U M E
L¡¯analyse des faits et travaux concernant l¡¯¨¦cologie de la P.E.A.
montre que cette affection s¨¦vit ¨¤ l¡¯¨¦tat end¨¦mique dans les pays ¨¤ climat
tropical sec et p¨¦riodiquement d¨¦borde au Sud et au Nord vers les uavs
Vo&s. Le cheval est-tr¨¨s sensible au virus mais dans les pays O?I ia
P.E.A. est ancienne. il a acquis une immunit¨¦ naturelle solide. Le mode
de transmission s¡¯apparente- ¨¤ celui des arbovirus, deux vecteurs sont
incrimin¨¦s : les moustiques et les culico?des. Dans la nature, l¡¯isolement
du virus est difficile et n¡¯a ¨¦t¨¦ r¨¦alis¨¦ que chez culico?des spp. La multi-
plication du virus chez les deux vecteurs reste encore ¨¤ prouver. Le
r¨¦servoir est hypoth¨¦tique et sa d¨¦termination, peu importante pour les
zones d¡¯end¨¦mie, est essentielle pour les pays indemnes. Une enqu¨ºte
s¨¦rologique r¨¦cente faite en fixation du compl¨¦ment chez 1 500 chevaux
s¨¦n¨¦galais, r¨¦v¨¨le que 60 p. 100 des chevaux vivant en zone d¡¯¨¦levage
intensif ou en zone sylvo-pastorale, ont eu un contact r¨¦cent avec le virus.
On peut penser que cette zone repr¨¦sente une niche ¨¦cologique o¨´ le
virus se maintient dans son cycle fondamental.
Le virus de la P.E.A., d¡¯apr¨¨s les travaux de
Dans cet expos¨¦, nous analyserons bri¨¨ve-
OLLERMAN, ELS et ERASMUS (1970) est
ment les principaux faits et travaux concernant
class¨¦ maintenant au m¨ºme titre que le virus
l¡¯¨¦cologie pour discuter trois questions ma-
de la ? Bluetongue ? dans un sous-groupe des
jeures :
diplornavirus, mais l¡¯¨¦pid¨¦miologie de la mala-
- l¡¯apparition d¡¯une ¨¦pizootie,
die l¡¯apparente ¨¤ celle des arbovirus. Ceci sup-
- le vecteur,
pose l¡¯intervention d¡¯un vecteur appartenant
aux arthropodes h¨¦matophages et l¡¯existence
- le r¨¦servoir.
d¡¯un h?te naturel ou r¨¦servoir. Le cheval, quant
¨¤ lui, joue le r?le d¡¯un h?te accidentel pouvant
dans certaines conditions constituer pour le
1. ETUDE ET ANALYSE DES FAITS
virus une impasse biologique.
ler point : La r¨¦partition g¨¦ographique
Jusqu¡¯ici, la preuve exp¨¦rimentale de la
transmission par un vecteur selon les crit¨¨res
Le berceau de la maladie est l¡¯Afrique tro-
de 1¡¯O.M.S. n¡¯est pas encore faite et l¡¯existence
picale, 1¡¯Ile de Madagascar en ¨¦tant exclue.
du r¨¦servoir est hypoth¨¦tique. Or, comme le
Sur le continent africain, on trouve la P.E.A.
souligne Mc INTOSH (lO), si l¡¯identification
de part et d¡¯autre de l¡¯¨¦quateur dans les pays
du r¨¦servoir est sans importance pour les con-
de climat tropical sec dont le type est le climat
tr¨¦es o¨´ la maladie est end¨¦mique, elle est pri-
sah¨¦lo-soudanais.
mordiale pour les pays neufs ou menac¨¦s.
P¨¦riodiquement, la P.E.A. sort de son ber-
ceau originel pour toucher des pays parfois
(*) I.E.M.V.T., Laboratoire National de l¡¯Elevage,
B.P. 2057, Dakar-Hann, R¨¦publique du S¨¦n¨¦gal.
¨¦loign¨¦s.
- 163 -

Les flamb¨¦es de la P.E.A. sont connues en
38 point : Le climat et la topographie
Afrique australe depuis le XVII¡± si¨¨cle et prin-
Tous les auteurs soulignent l¡¯influence favo-
cipalement en Union Sud africaine o¨´ la mala-
rable d¡¯une tension ¨¦lev¨¦e de vapeur d¡¯eau con-
die revient environ tous les 20 ans dans la
s¨¦cutive ¨¤ des pluies abondantes, associ¨¦es ¨¤
r¨¦gion du Cap.
la chaleur. Le froid et la s¨¦cheresse ont au
En Afrique septentrionale, ces flamb¨¦es sont
contraire une action d¨¦favorable.
beaucoup moins r¨¦guli¨¨res. En 1930-31, on
Du point de vue topographique, les auteurs
trouve la P.E.A. en Egypte. En 1943-44, on
reconnaissent aussi que la maladie est localis¨¦e
l¡¯observe de nouveau en Egypte, en Palestine
de pr¨¦f¨¦rence dans les zones humides, mar¨¦-
et m¨ºme au Liban. En 1959, l¡¯Iran est touch¨¦
cages, vall¨¦es et pr¨¨s des points d¡¯eau, puits et
puis vers l¡¯Est, elle s¡¯¨¦tend ¨¤ l¡¯Afghanistan, au
forages. En Afrique du Sud, on l¡¯observe rare-
Pakistan et ¨¤ l¡¯Inde (1960); vers l¡¯Ouest, elle
ment au-dessus de 500 m¨¨tres sauf dans des
est reconnue ¨¤ cette ¨¦poque, en Irak, Jordanie,
conditions climatiques exceptionnelles.
Syrie, Turquie, Liban et Chypre.
En 1965, elle franchit la barri¨¨re saharienne,
4e point : La r¨¦ceptivit¨¦ des animaux
touche le Sud marocain et le Sud alg¨¦rien, puis
Le cheval poss¨¨de une sensibilit¨¦ aigu?. Dans
apr¨¨s une accalmie pendant l¡¯hiver, elle passe
les effectifs neufs, d¡¯apr¨¨s RAFYI (23), 95 p.
en 1966 aux r¨¦gions Nords de ces deux pays
100 des animaux sont touch¨¦s. Le mulet est
et s¡¯¨¦tend en Tunisie. En octobre 1966, elle
moins sensible (50 p. 100 des sujets sont
touche le Sud de l¡¯Espagne. Depuis, la maladie
atteints). L¡¯?ne est insensible. Cependant,
s¡¯est retir¨¦e dans sa zone d¡¯origine o¨´ elle
ALEXANDER (1), en Egypte, SERS en Alg¨¦-
demeurera jusqu¡¯¨¤ la prochaine flamb¨¦e sous
rie (26), ORUE (16) au S¨¦n¨¦gal, ont observ¨¦
la forme end¨¦mique.
des cas chez cette esp¨¨ce.
A mentionner aussi les cas relev¨¦s parmi les
2e point : Aspect et diffusion de la P.E.A.
chiens de meute nourris avec de la viande de
Dans les pays africains ¨¤ climat tropical sec,
cheval malade, observ¨¦s par THEILER (29)
la maladie existe ¨¤ l¡¯¨¦tat end¨¦mique. Un ¨¦qui-
et PIERCY (21).
libre ¨¦cologique s¡¯¨¦tablit entre le vecteur, le
r¨¦servoir et les chevaux. Prenons l¡¯exemple
5¡± point : La transmission du virus
des pays d¡¯Afrique occidentale et centrale situ¨¦s
La transmission directe du virus est excep-
au Nord de l¡¯¨¦quateur entre les isohy¨¨tes
tionnelle, il est possible de faire vivre des ani-
250 mm et 1 000 mm. Ces deux isohy¨¨tes d¨¦li-
maux neufs et des malades dans une ¨¦curie
mitent une ¨¦troite bande traversant l¡¯Afrique
d¨¦sinsectis¨¦e et prot¨¦g¨¦e par des moustiquaires.
de part en part correspondant au climat tropi-
Le mode de transmission est essentiellement
cal sec. Cette bande est favorable ¨¤ l¡¯¨¦levage
indirect, il se fait par l¡¯interm¨¦diaire d¡¯arthro-
du cheval, on y d¨¦nombre pr¨¨s de 1500 000
podes h¨¦matophages.
¨¦quins, la diffusion de cette esp¨¨ce ¨¦tant limi-
t¨¦e au Nord par la proximit¨¦ du d¨¦sert et au
Sud par la mouche ts¨¦-ts¨¦. L¡¯introduction des
II. ETUDE ET ANALYSE
chevaux au Sud du Sahara remonte d¡¯apr¨¨s
DES TRAVAUX EXPERIMENTAUX
l¡¯inventaire des rupestres sahariens au deuxi¨¨me
mill¨¦naire avant notre ¨¨re. Il est vraisemblable
ler point: La r¨¦sistance du virus
que ces animaux, en raison des contacts fr¨¦-
quents avec le virus P.E.A., ont acquis peu
Le virus est thermo-stable, il r¨¦siste ¨¦gale-
¨¤ peu l¡¯¨¦tat de r¨¦sistance naturelle qui est pro-
ment ¨¤ la dessiccation, mais il est sensible ¨¤ des
pre aux races locales actuelles. La preuve du
pH l¨¦g¨¨rement acides.
contact avec le virus est fournie par les enqu¨º-
tes s¨¦rologiques, r¨¦alis¨¦es au Tchad par MAU-
2e point : La persistance du virus
RICE et PROVOST (9) au S¨¦n¨¦gal et pour une
chez les animaux sensibles
moindre part au Mali par BOURDIN, LAU-
La pr¨¦sence du virus chez les animaux mala-
RENT, BERNARD et MBAYE (1966-1972).
des et notamment le cheval est de courte dur¨¦e.
- 164 -

Neuf jours apr¨¨s le d¨¦but de la maladie, l¡¯isole-
avec le virus et ne peut ¨ºtre valable que si
ment du virus ¨¤ partir du sang est rare. Mc
le nombre d¡¯¨¦chantillons est suffisant. Il n¡¯existe
INTOSH (10) pense que cet isolement est rendu
pas ¨¤ notre connaissance d¡¯enqu¨ºte s¨¦rologique
difficile par la pr¨¦sence d¡¯anticorps neutrali-
¨¤ grande ¨¦chelle. Examinons les r¨¦sultats des
sants qui masquent le virus. Cet auteur est
enqu¨ºtes relev¨¦s dans la litt¨¦rature, PILO-
parvenu ¨¤ dissocier le virus P.E.A. masqu¨¦,
MORON (22) et ses collaborateurs, chez les
par un transfert chez le furet inocul¨¦ par voie
?nes des oasis du Sud alg¨¦rien, trouvent
intracardiaque.
69 p. 100 de r¨¦sultats positifs sur 84 ¨¦chantil-
lons. Chez les chiens, Mc INTOSH (10) trouve
3¡± point : Les vecteurs
des anticorps dans 1 s¨¦rum sur 13. SHAH (27)
aux Indes trouve des anticorps chez le chien
Les auteurs retiennent de nombreux arthro-
(10 s¨¦rums positifs sur 20), chez l¡¯?ne (8 s¨¦rums
podes. JOUBERT (8) en a dress¨¦ la liste, mais
positifs sur 42) mais ne trouve pas trace d¡¯anti-
il estime que beaucoup d¡¯esp¨¨ces ne jouent le
corps dans des s¨¦rums d¡¯oiseaux, de ch¨¨vres
r?le que de simples aiguilles ail¨¦es.
et de moutons.
A l¡¯heure actuelle, les principales esp¨¨ces
Les essais d¡¯isolement du virus par inocula-
incrimin¨¦es appartiennent au Culicidue, (mous-
tion au souriceau de pr¨¦l¨¨vements issus d¡¯ani-
tiques) et au Ceratopogonidae (culico?des).
maux autres que les chevaux ont toujours ¨¦t¨¦
Si l¡¯on examine les travaux des diff¨¦rents
n¨¦gatifs.
auteurs attach¨¦s ¨¤ cette question, on remarque
Cette grande difficult¨¦ ¨¤ isoler le virus P.E.A.
une certaine divergence dans les r¨¦sultats. Pour
soit ¨¤ partir des vecteurs, soit ¨¤ partir de l¡¯h?te,
NIESCHULZ, BEDFORD et DU TOIT (13),
est soulign¨¦e par les ¨¦tudes des chercheurs de
les moustiques du genre Aedes infect¨¦s sur che-
l¡¯O.M.S. sur les arbovirus.
vaux malades transmettent exceptionnellement
la maladie ¨¤ des chevaux neufs. Pour OZAWA
Au S¨¦n¨¦gal, ROBIN et I$RES (24), ROBIN
et ses collaborateurs (18, 19), il est possible de
et LE GONIDEC (25), TAUFLIEB, CORNET
transmettre le virus ¨¤ des chevaux sensibles ¨¤ et CAMICAS (28), ont inocul¨¦ 9 788 pr¨¦l¨¨ve-
partir d¡¯Anopheles stephensi, Culex pipiens fa-
ments provenant de l¡¯homme, d¡¯animaux sau-
tigans, et Aedes aegypti nourris in vitro avec
vages et d¡¯arthropodes h¨¦matophages. Ils ont
des suspensions de liquides virulents.
isol¨¦ 224 virus, mais aucun virus P.E.A. n¡¯a
DU TOIT (6) trouve le virus chez les culi-
encore ¨¦t¨¦ trouv¨¦ ¨¤ ce jour. Au Nig¨¦ria, les
co?des sans sp¨¦cification d¡¯esp¨¨ce et r¨¦ussit en
arbovirologistes de l¡¯O.M.S. (2) enqu¨ºtant sur
1969 la transmission, par l¡¯interm¨¦diaire de
place et dans les pays voisins, Dahomey, Came-
cet arthropode, d¡¯un animal malade ¨¤ un sujet
roun, Tchad et Togo, ont inocul¨¦ 39 696 pr¨¦l¨¨-
sensible.
vements et isol¨¦ 1 613 virus, aucun virus P.E.A.
ne figure parmi eux. Pourtant, ¨¤ plusieurs re-
R¨¦cemment, WETZEL, NEVILL et ERAS-
MUS (30) ne r¨¦ussissent pas ¨¤ isoler le virus
prises, les chercheurs ?uvrant au Nig¨¦ria ont
P.E.A. ¨¤ partir d¡¯Aedes aegypti, de Culex pi-
isol¨¦ le virus de la bluetongue chez des culi-
piens fatigans ou de culicoides spp. nourris in
co?des, or, ce virus appartient au m¨ºme groupe
vitro sur des liquides virulents, ou in vivo sur
que le virus P.E.A.
chevaux.
Ils ¨¦chouent ¨¦galement au cours d¡¯essais
III. DISCUSSION
de transmissions avec les culico?des.
Examinons ¨¤ pr¨¦sent les conclusions que
4e point : Le r¨¦servoir, sa recherche
l¡¯on peut extraire de ces analyses sur les pro-
et son identification
bl¨¨mes de l¡¯apparition d¡¯une ¨¦pizootie, du vec-
Pour cette ¨¦tude, on dispose de deux moyens,
teur et du r¨¦servoir.
l¡¯enqu¨ºte s¨¦rologique et les essais d¡¯isolement
du virus.
1. L¡¯apparition d¡¯une ¨¦pizootie
L¡¯enqu¨ºte s¨¦rologique d¨¦c¨¨le les esp¨¨ces sus-
Si l¡¯on se r¨¦f¨¨re ¨¤ l¡¯¨¦pid¨¦miologie des arbovi-
ceptibles d¡¯h¨¦berger ou d¡¯avoir eu un contact
roses, on peut concevoir que la P.E.A. se trans-
- 165 -

met comme les arbovirus selon plusieurs cycles,
39 000 000 de moutons h?tes sensibles contre
BRES et ROBIN (5).
380 000 chevaux pour le virus de la P.E.A.,
seuls h?tes ¨¤ partir desquels il est possible
Dans un pays vierge comme l¡¯Afrique avant
d¡¯isoler le virus.
l¡¯introduction des chevaux, on peut imaginer
l¡¯existence d¡¯un cycle fondamental selvatique,
Le deuxi¨¨me motif d¨¦coule de la biologie des
¨¦voluant en l¡¯absence du cheval et dont le dia-
culico?des. Certaines esp¨¨ces comme Culicoides
gramme est :
pallidipennis vivent en rapport ¨¦troit avec le
b¨¦tail et se reproduisent selon NEVILL (12)
Vert¨¦br¨¦ infect¨¦ -f arthropodes vecteurs --+
dans les excr¨¦ments frais des bovins, mais le
vert¨¦br¨¦ neuf.. .
reste de leur biologie est mal connue, on sait
Le cheval infect¨¦ peut ¨ºtre introduit dans une
toujours d¡¯apr¨¨s NEVILL (12) qu¡¯ils sont auto-
zone o¨´ vit une population ¨¦quine r¨¦ceptive ¨¤
g¨¨nes au premier cycle, autrement dit ils n¡¯ont
une saison o¨´ les anthropodes h¨¦matophages
pas besoin d¡¯un repas sanguin pour la premi¨¨re
sont nombreux et les conditions ¨¦cologiques
ponte et que, s¡¯il est possible de distinguer les
favorables. La P.E.A. devient alors ¨¦pizootique
culico?des ayant eu un cycle gonotrophique,
et le diagramme est :
la num¨¦ration des cycles est impossible.
Cheval infect¨¦ -+ arthropodes h¨¦matopha-
Quant aux moustiques, leur biologie est
ges -+ cheval neuf.
beaucoup mieux connue. Malheureusement,
dans le cas de la P.E.A., si la transmission
Dans cette zone, les conditions ¨¦cologiques
exp¨¦rimentale r¨¦ussit avec certaines esp¨¨ces,
peuvent varier fondamentalement selon l¡¯¨¦po-
l¡¯isolement du virus n¡¯a pu ¨ºtre r¨¦alis¨¦ dans la
que de l¡¯ann¨¦e et pr¨¦senter des diff¨¦rences mar-
nature. Ce qui fait des moustiques des vec-
quantes avec celles des pays ¨¤ end¨¦mie per-
teurs suspects, mais non confirm¨¦s. On peut
manente. Notamment retour au r¨¦servoir exclu,
expliquer la pr¨¦sence du virus en Iran et en
conditions climatiques plus tranch¨¦es interrom-
Alg¨¦rie pendant deux ann¨¦es successives par
pant brutalement la multiplication des vecteurs.
la persistance du virus chez certaines esp¨¨ces
Priv¨¦e alors de son support end¨¦mique, la mala-
pendant leur hibernation; il reste ¨¤ le prouver.
die s¡¯¨¦teint toute seule, soit au cours de l¡¯ann¨¦e,
ou l¡¯ann¨¦e suivante ou m¨ºme ¨¤ l¡¯extr¨ºme ri-
Disons, pour conclure ce probl¨¨me du vec-
gueur la troisi¨¨me ann¨¦e.
teur, que pour beaucoup de virus transmis par
les arthropodes et parmi eux la P.E.A., les
2. Le vecteur
crit¨¨res fix¨¦s par les arbovirologistes sont loin
d¡¯¨ºtre tous satisfaits.
Le contexte ¨¦cologique est en faveur d¡¯une
transmission par arthropodes h¨¦matophages,
3. Le r¨¦servoir
mais les preuves exp¨¦rimentales sont encore
contradictoires. Pourtant, deux groupes d¡¯ar-
Le probl¨¨me pos¨¦ par le r¨¦servoir est loin
thropodes sont retenus par les auteurs comme
d¡¯¨ºtre r¨¦solu. Le r¨¦servoir reste hypoth¨¦tique
vecteurs probables, les culico?des et ¨¤ un moin-
et selon l¡¯expression de MORNET et GIL-
dre titre les moustiques. Pour quel motif ¨¦colo-
BERT (ll), il. doit ¨ºtre consid¨¦r¨¦ pour le
gique est-il difficile de prouver exp¨¦rimentale-
moment comme un ? ¨ºtre de raison ?. Pour-
ment cette transmission ?
tant, sa mise en ¨¦vidence est d¡¯une grande
importance pour les pays indemnes de P.E.A.
La premi¨¨re raison est d¡¯ordre statistique.
comme le souligne Mc INTOSH (10).
En Afrique du Sud, il est difficile d¡¯isoler des
culico?des de virus de la P.E.A. tandis que
II est superflu de citer le nom des diverses
son cousin le virus de la bluetongue est faci-
esp¨¨ces animales suspectes d¡¯¨ºtre le r¨¦servoir.
lement isol¨¦ de ce m¨ºme groupe d¡¯arthropodes.
Il est pr¨¦f¨¦rable d¡¯envisager un plan de recher-
Cette diff¨¦rence peut provenir dans le rap-
che calqu¨¦ sur ceux habituellement appliqu¨¦s
port existant entre le nombre des h?tes. En
¨¤ l¡¯¨¦tude ¨¦pid¨¦miologique des arbovirus. Le
effet, le virus de la bluetongue a ¨¤ sa disposi-
point de d¨¦part de ce planning est une enqu¨ºte
tion 12 800 000 bovins h?tes r¨¦servoirs et
s¨¦rologique chez les chevaux afin de localiser
- 166 -

les zones ¨¤ forte end¨¦mie o¨´, les contacts entre
La zone agricole est largement d¨¦frich¨¦e,
virus et ¨¦quins ¨¦tant fr¨¦quents, la maladie existe
mais dans la zone pastorale, l¡¯¨¦levage se fait
sous la ? forme rurale ?. Ces contrats impli-
selon le mode extensif, l¡¯alimentation ¨¦tant
quent que le vecteur et le r¨¦servoir soient pr¨¦-
assur¨¦e par des p?turages naturels et l¡¯abreuve-
sents. Autrement dit, cette enqu¨ºte s¨¦rologique
ment se fait soit au puits, soit ¨¤ partir de
doit permettre de localiser la niche ¨¦cologique
forages. Autour des forages, vient entre 15 000
o¨´ le virus est maintenu dans son cycle fonda-
et 20 000 animaux : bovins, moutons, ch¨¨vres,
mental.
chevaux, ?nes, quelques dromadaires et des
chiens de berger. En outre, la faune sauvage
Au S¨¦n¨¦gal, BOURDIN, LAURENT, BER-
est repr¨¦sent¨¦e par de nombreux oiseaux, des
NARD et MBAYE ont examin¨¦ en fixation du
hy¨¨nes, des chacals et de nombreuses autres
compl¨¦ment 1500 s¨¦rums de chevaux prove-
esp¨¨ces.
nant de deux zones. La zone agricole et la zone
pastorale. La fixation du compl¨¦ment r¨¦v¨¨le
Aux abords des forages et des puits, on
que 20 p. 100 des chevaux de la zone agricole
trouve l¡¯eau stagnante et les excr¨¦ments frais
ont eu un contact r¨¦cent avec le virus contre
favorables ¨¤ la reproduction des vecteurs. Il est
66 p. 100 pour ceux vivant en zone pasto-
tr¨¨s probable que, compte tenu des conditions
rale.
¨¦cologiques, le r¨¦servoir est pr¨¦sent ¨¤ proximit¨¦.
SUMMARY
Note about ecology of african horse-sickness
The analysis of facts and experimental works concerning the ecology
of African Horsesickness (AHS), shows that this disease presents an
endemic character in countries with dry tropical climate. The affection
svreads veriodicallv into the neinhbourinn countries situated north and
s?uth of this zone. Horses ari very sensitive to the virus, but in
territories where the disease occurs since a long time they acquired a
natural and solid immunity.
The mode of propagation is similar to the transmission of arbo-
viruses. Two vectors are involved mosquitoes and Culico?des. In nature
the isolation of the virus is difficult and has only been achieved from.
Culico?des sp. The multiplication of virus in suspected vectors remains
to be proved. The reservoir is hypothetical and its determination presents
little consequence i n e n d e m i c areas;
however, this determination is
essential for free areas. A recent serological survey (CFT) carried out in
Senegalese horses living in a zone of extensive cattle breeding (sylvo
pastoral zone) shows that 60 p. 100 of the animal demonstrate a recent
contact with the virus.
The authors suggest that sylvo pastorale zone cari be considered
as an ecological niche where the existence of the virus is maintained
through a basic cycle.
RESUMEN
Nota sobre la ecologia de la peste equina africana (P.E.A.)
Seg¨´n la analisis de 10s trabajos sobre la peste equina africana, se
encuentra dicha enfermedad a1 estado endemico en 10s paises con un
clima tropical seco y sobrepasa a1 sur y a1 norte hacia 10s paises vecinos.
El caballo es sensible a1 virus pero, en 10s paises donde la P.E.A. es
antigua, ha adquirido una inmunidad natural solida. El modo de trans-
mision se emparenta a1 de 10s arbovirus; se incriminan dos vectores : 10s
mosquitos y 10s Culicoides spp. La multiplication del virus en 10s dos
vectores todavia queda por probar.
El reservorio es hipot¨¦tico y su determinacion poco importante para
las zonas de endemia es esencial para 10s paises indemnes. Una encuesta
serologica reciente utilizando la fijacion del complemento
en 1500 caballos
de Senegal muestra que 60 p. 100 de 10s caballos viviendo en zona de
cria intensiva 0 en zona silvopastoral, tuvieron un contact0 reciente con
cl virus. Se puede pensar que esta zona representa un sitio ecologico
donde se mantiene el virus en su ciclo fundamental.
- 167 -

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