~ojooLf47 * 6440 NrA REPUBLIQUE DU...
~ojooLf47 *
6440
NrA
REPUBLIQUE DU SENEGAL
DELEGATION GENERALE
PRIMATURE
A LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE
t.
Modernisation agricale et transformation
du système agraire dans
le Sud du Sine Saloum
(SENEGAL)
Par
*.,
I
MadickB NIANG
: '
Q
Décembre 1978
Centre
National de Recherches Agronomiques
de BAMBEY
INSTITUT SENEGALAIS DE RECHERCHES AGRICOLES
>
(1. S. R. A.)
AVERTISSEMENTS AU LECTEUR
-_---1---_---1-1-"-------
La version originale
de ce texte a ét6 pr6sentGe au col-
loque sur le th&me
“Maftrise
de l'espace agraire
en Afrique au
Sud du Sahara : logique paysanne et rationalité Technique” or-
ganis6 par
1'ORSTOM et le CVRS à Ouagadougou du 4 au 8 Décembre
1978. Elle a été ensuite revue
grke aux observations et com-
mentaires ,
a
qui ont été faites là
dessus durant les
discussions./-
R E S U M E
--w----w-"-
L'introduction de techniques de culture modernes et l'ins-
titution d'une législation foncière ont amorce dans le sud du
Sine Saloum (Sénégal) des transformations dans le systeme agrai-
dont les aspects les plus perceptibles sont :
re,
- Extension des superficies
cultivées et recul des jachères
et friches
- Crise
du système foncier traditionnel
- R u p t u r e d ’ é q u i l i b r e d a n s l ’ u t i l i s a t i o n d e l ’ e s p a c e
- Apparition
de signes de dégradation des terres (érosion
pluviale) dans les terroirs
intensément
cultivés.
A B S T R A C T
I-l-m"---""----
Introduction of modern agricultural
methods and the pro-
mulgation of a land system law are
involving in the south Sine
Saloum (Sénégal) changes, with :
- the increase
of cultivated land and suppression of fal-
.
lolus
- Crisis
in the traditional land
tenure and land use
systems
- Soi1 erosion pro&uems
L .
11 c:,,
4 '
En 1964, avec l'opération productivité arachide mil confiés
,.
-'
a la SATEC, le Sénégal a entrepris le ciéveloppement de son agri-
culture selon deux axes :
*
'
- Augmentation de la productivité par une intensification des
_. .I '
techniques agricoles
- Augmentation de la production de ceréales et diversifica-
tion
des cultures
de rente
notamment avec le développement de
*
la culture du coton.
Ces deux objectifs devaient être
réalisés grace
à la diffusion
c r en milieu rural des résultats
de la recherche agronomique par
un
important
dispositif d'encadrement.
Pour résoudre les problèmes fonciers posés par ce
développement
d e llagriculture,
notamment dans le'vieux bassin arachidier, il
fut promulgué une legislation foncière
connue sous l'appellation
"Loi sur le
domaine national".
Les résultats de l’opération
arachide - mil furent
nettement en
. . ;
1:'
*
dessous de ceux escomptes.
I
Pour expliquer
ce demi-échec, certains parleront
d'inefficacité
I
et d!inadaptation des solutions techniques proposées par la re-
\\
: *-.* ’ c h e r c h e 9
Devant cette situation,
..-.___,___-._
1 'MAT Senegal entreprenait en
L i
tJ
7968
une opération originale
de recherche
en milieu paysan, dans
*
le cadre du projet
Unités Expérimentales,
dans 2 terroirs
du Sud
Sine Saloum (1).
(1 )
Thyssé Kaymor/Sonkorong,
dans le Départoment de Nioro
du Rip,
sous Préfecture de Médina
Sabakh et Koumbidia, dans le DQparte-
P
ment de Kaffrine, sous Préfecture de Koungheul. Elles ont été
reprises
en 1974 par l'Institut Senégalais de Recherches Agricoles
. . .,,,
à s a c r é a t i o n .
Cette opération est considérée aujourd'hui conlfne
une véritable
expérience de développement rural.
En meme temps, une société de developpement la SODEWA qui a pris
la relève de la SATEC continue le travail d'encadrement
commencé
par celle ci.
Dans les pages qui suivent, nous essayerons de voir,/comment,
-.
Q\\, _z..ek
, ".
c-9
sous l'effet combiné de l'introduction
de techniques modernes i.w:*i"c"
de culture et l'existante de la loi sur le domaine national, le i i
~
/
<..*a
j
"
>d
système agraire, plus particulièrement dans ses
aspects concor-'
~ ,,c c
i
t
nant
l'utilisation de l'espace, évolue, dans la communauté ru- !
rale
de Kaymor où est située l'Uni.te Expérimentalo de Thysse
Kaymor/Sonkorong.
1 - LJ;J_oEération
de déveloeeement rural
expérimental
.s-m"------I------
e----I-"-L-I-- -----.m----m-
C'est donc devant les faibles rgsultats obter.us par les socidtés
de développement sur le terrain
que la recherche
agronomique a,entre-
pris au Sénégal à partir
de 1968, de prolonger les
travaux menés jus-
,
que là uniquement dans les stations, dans le milieu même de leur appli-
cation future.
Cette dgcision avait un triple objectif :
- Déceler les contraintes
à la diffusion des innovations techni-
,
ques, qu'elles soient d'ordre social, économique, ou liées au milieu
. i*
t I'd, $hysique, pour leur trouver des
solutions
- of,,
- leur apporter
les adaptations nécessaires, pour les rendre
corn-
patibles avec lessystèmes et techn'iques de production existants
- Nettre au
point des techniquesint&grG,?s et des systèmes de pro-
duction directement utilisables par les organismes
d'encadrement pour
r6pondre aux objectifs
du développement agricole.
Cetta opération est
menge directement sur le terrain par
une équipe
multidisciplinaire de chercheurs, Ils ont cherché
des solutions & tous
les problhmes
que pose le développement de l’agriculture :
.
approvisionnement en facteurs de production, transformation et stoc-
kage des récoltes, commercialisation des produits,
Un serhinaire organisé en
1977 a permis de faire
$e bilan de cette
*: opkration
dont les points suivants ont ét6 considérés
comme des acquis :
,i~ &
--"---% *--VIC _I"/u_-
- faisabilité technique et efficacité économique du mode d'inten-
d.Li
sification agricole préconisé par la recherche ;
- dcveloppement rapide
de cultures
nouvelles, contribuant à la
diversification du revenu monétaire des paysans et un meilleur
équi-
libre des
assolements. C e t t e d i v o r s i f i c a t i o n e s t e s s e n t i e l l e m e n t 10
fait du coton et surtout
du maïs ;
- accération
du niveau d'équipement des exploitations en matÉrie
et moyens de traction,
avec les chafnes d'&quipemcnt Sine-Ariana,les
polyculteurs à grand rendement, les charrettes
de transport équincs
,, .
- contribution
à la satisfaction des besoins cérealiers au
sein
des exploitations et un dégagement de surplus commercialisables
- développement de la capacit6 et de la qualiti: d3 stockage des
céréales à la
ferme par
l'adoption des silos l'carrérastt des cribs à
maïs et des cellules de stockage, ainsi quepar l'utilisation do pro-
duits de conservation ;
- adoption des premières propositions de motorisation à la forme :
.
battage des mils et sorgho, ot égrenage
du maïs
. labour
de début et fin de cycle au tractour en
système d'en
t r c p r i s e y
- recherche sur ias systèmes traditionnels
d'élevage et mise au
point d'une methode de suivi des troupeaux g
- couverture sanitaire des trsupoaux
qui a abouti à la suppres-
sion dos grandes
endémies, y compris
chez les petits ruminants sou-
vent décim8s par
des épidémies de pesta et de pasteurellose;
- mise au point
d'une méthodologie stlre
de suivi des parcelles
et d'évaluation du progrés
Economique des exploitations agricoles ;
- connaissance du régims foncier,
et mise au point d'une methode
pratique de remembrement
et d'am6nagement des terroirs
: définition
dlune politique et de structures
de gestion des terres
au niveau de
la communauté rurale dans le cadre
de la loi sur 10
domaine national ;
- démarrage
d'une recherche
sur les méthodes d’approche
du milieu
rural
conjugant à la fois l'animation de groupes et la vulgarisation
ponctuelle.
* L’intégration de l’arbre
dans le système de production avec par-
celles
de production
de bois d'oycalyptus h raison
d'un quart
d'hec-
tare
par paysan qui le désire.
* Roboisemcnt avec,&tsatio~ de brise-vents autour
des champs, plan-
tation d’arbres
le long dos chemins et sur las zones 'mises en defends
/
-_-
-em
Cependant, des problèmes importants,
comme l'intensification de
l’elevage et son intégration avec l’agriculture ne
sont pas encore
résolus j d’autrcskont apparus
et font l'objet de nouveaux program-
mes de recherche,
notamment ceux relatifs à l'amenagcmcnt de l'es-
pace et à la protection du patrimoine foncier.
La loi sur le-domaine national
.--
En 1364 donc, le Sénégal, pour faciliter le
développement de son
-._.._ -.._ _ . .---."--*
agriculture a institué la "loi sur le domaine national" destinée h
sui,primor les droits
excessifs de certains maîtres de terres et pcr-
.
mettre a la grande
masse des paysans d'avoir directement accès à la
terre. Les principes
généraux de la loi sont les suivants :
-L 'J,'ensemble des terres
qui jusquel& n!awaient pas fait l'objet
d'une immatriculation
ni d'une inscription
ti la convention des hy-
..v; . ':
potheques constitue de plein droit
le domaine national
- les terres du domaine national sont classées en 4 catégories :
. les
zones urbaines
,
les zones classées (zones à vocation foro;tière ou
zones
?
d e p r o t e c t i o n )
. les zones de terroirs correspondant
& la date de la publi-
cation de la loi
a celles qui sont regulierement exploitéos
pour
l'habitat rural, l a c u l t u r e o u l’elcvage
. les
zones pionieres
- les terres
de la zone des terroirs sont affectées aux membres
dos communautés rurales
qui assurent leur
mise en valeur et les ex-
ploitent
sous le
contrble de l'État. Los communautes rurales elles
mf?mes sont crees dans le cadre
d'une reforme
administrative qui de-
alu r r
vrait - _ + *
rt
progressivement
l'enscnble du pays et dont le but est
ii la fois 1L décentralisation et la participation
des populations
à l ’ a d m i n i s t r a t i o n l o c a l e , par l’intermédiaire
du conseil rural au-
quel l'état confie la gestion des terres
de la communauté rurale ;
celle ci englobe plusieurs villages.
La définition suivante est donneo du terroir :
"Le terroir comprend, autant que possible, les terres
de cultu-
re,? de jacheres et
de pâturages et parcours, et les boisements
r é g u l i è r e m e n t u t i l i s é s p a r l e o u l e s v i l l a g e s
qu'il c o u v r e ,
ainsi
que les terres en friche jugées necessaires à son extension".
Le conseil rural a
compétence dans tout ce qui concerne l'aména-
gcment, l'utilisation et la conservation
des terres
de la commu-
nauté rurale. C'est lui qui affecte des terres de cultures ou
de défrichement aux membres
de la communauté. Il peut aussi pro-
coder
à une désaffectation pour
insuffisance de mise en valeur
ou cessation d'exploitation par
l'affectataire lui meme, ou s'il
ne réside plus dans le terroir,
A u d r o i t d e p r o p r i é t é e$?substitué,
l e d r o i t d ’ u s a g e
qui i n t e r d i t
la vente, la location ou toute forme de transaction sur la terre.
Dans le sud du Sine Saloum,
il existait antérieurement à la loi
sur le domaine national, un système foncier traditionnel régis-
sant
l'utilisation de l'espace,
j . Utilisation traditionnelle
de l'espace :
Les habitants de chaque village contrblent
un ensemble de ter-
res sur
lesquelles ils ont un droit
d'usage issu d'un droit de
. -
hache quo leur a conféré le fondateur du village ou ses descen-
dants,
sinon son représentant (1).
(1) Cas do villages fondés par des
chefs religieux résidants
ailleurs. Cependant, ceux ci ne sont pas de Larnanes, comme
il y en eu dans le Nord du Sénégal.
-7-
Les limites du terroir
avec celui des villages voisins ont été
fixées d'un commun accard entre leurs fondateurs ou chefs rcs-
pectifs.
Elles sont souvent impr&cîses(zone cuirassée,
bas fond
ou simplement ligne imaginaire joignant deux grands arbres ou
deux termitières sur
laquelle les uns et les autres ont
décid6
f
d’arretor l e u r s
ddfrichements).
.
I
A l’intérieur de
ces limites, les terres
non encore attributes
restent sous le contrôle du chef du village
(2) qui autorise les
habitants à y effect%r de nouveaux dt5frichements,
et Bventuelle-
ment ltinstallatîon d'immigrants. En attendant, elles servent
de paturages
fréquentés par les animaux appartenant ou non au
v i l l a g e .
1
.
--.-
( 2 ) C e contrBle
ne correspond toutefois pas à u n d r o i t d e hache
L .
mais simplement à un droit de primauté.
. . 8 -
Il existe tout un ensemble dc regles et d'usages relatifs B l'oc-
cupation, la transmission et*l'exploitation de la terre. Un sys-
tème de prêt permet B ceux qui ne disposent pas d’assez ou pas du
tout de terre
d'en emprater. à d’autres personnes. Ces prêts
peu-
vent parfois intéresser
l'ensemble d'un village qui du fait de sa
localisation dispose de peu de terres cultivables.
I
Dans chaque terroir, les terres
de cultures se répartissent dans
.
,
3 zones, du village à périphérie.
Autour des habitations se trou-
.
vent les tolkeur, ou champs de case, de petites dimensions, appelés
plus cammunement "Souna",
en raison du systeme de culture qui y est
pratiqué. Viennent ensuite les Diatti, champs sur
vielles défriches :
plus loin, ce sont les défrichements recents ou Gor (champs de brousse}.
Les tolkeur
sont cultivés continuellement en céréales
(mil souna),
sous la responsabilité
du chef de carré
qui pourvoit à l'alimentation
de la famille. La fertilité y est
maintenue par un apport de
fumure
animale en saison sèche, mais ceux qui ne possBdent pas d'animaux
ne oeuvent pas faire fumer régulibrement leurs tolkeur y” aussi, au
*
bout de quelques années de céréale
sur céréale,
lorsque le sol com-
. .
nence & montrer des signes de fatigue,
ils passent à la rotation
c%réale
-arachide.
Contrairement à la zone des tolkeur entièrement occupée par les cul-
. -
turcs,
les diatti présentent en hivernage l’aspect
d'une mosaïque où
l e s p a r c e l l e s d ’ a r a c h i d e s e m ê l e n t a u x jacherns et friches. Ils
sont
cultivés une annee en arachide, et laissés en jachere
l'année sui-
vante.
Lprsque leurs sols
sont Bpuisés, le chef de carré préfère les
affecter
à ses femmes, sourga familiaux ou navétans (main d’oeuvre
saisonnière), e t v a d é f r i c h e r e n b r o u s s e . Les
gor sont cultivés pen-
dant les
deux ou trois premières années en céréales pour en ameublir
l e s o l . Deux
types de rotations y sont pratiqués
ensuite : arachide -
jach&re ni, ~rgq,-hido-rAn&caln
(hnnnh- -la.- P - A - . . -
, \\
I
I
certain
nombre d'années à la suite desquelles, ils sont abandonnés
pour une longue jachère forestiére.
Lessystèmes de cultures et la différence dans
l'ancienneté de la mise
9 ntre
en valeur créent ces zones des nuances édaphiques qui confèrent des
ii*
valeurs
différentes à
une parcelle
selon qu'elle est située dans les
tolkeur,
les diatti ou les gor.
.P
Du fait de la culture continue, les tolkeur ont été essouchés pro-
‘
gressivement
au fil des années et leur
sol s'est ameubli, devenant
L
"un dior”.
Dans le diatti, subsistent quelques grands arbres
corne
.
posés d'essences utiles maintenues volontairement
et aussi de nom-
breuses
souches et
des repousses (combretum
glutinosum surtout) ;
le sol (deck-dior) est moins léger
que dans le tolkeur.
Les gor
présentent un aspect.hirsute, avec les troncs d’erbustes
coupés ti mi-hauteur, pour permettre à la végétation naturelle de se
reconstituer, les grands arbres
21 moitié calcinés, et les souches qui
énergent du sol.
,&A,. , &L&a
<&,
En hivernage 9
h-
les
bovins séjournent à la peripherie
du village, en 1: ,z&:“T
/fi
-
”
un e n d r o i t
spécialement d é f r i c h e à cet effet et utilisent les som- I( :., il.
.)i 1, ,;A. *
mets de plateaux ou les bas fonds comme terrains de parcours.
.
Une fois le mil récolté et rangé
(début Octobre), ils changent de
*-
lieu de séjour et passent la nuit
dans les tolkeur qui vont ainsi
à
&tre
Fumes.
. _
Ils continuent/fréquenter les
m@meszones de paturage,
mais peuvent aussi accéder
aux champs
de mil ou de maïs déjà récol-
tés sous la surveillance du berger pour éviter
qu'ils pénétrent dans
les parcelles d’arachide.
En début Janvier, après la récolte de llara-
chide,
ils peuvent accéder
à tous les champs pour ramasser les rési-
dus de rocoltes s a n s s u r v e i l l a n c e . Cette vaine pature dure
jusqu'en
Juin.
L'élevage des ovins et caprins est l’affaire des femmes; les hommes
'qui en possèdent les leur
confient en gestion. En hivernage, elles
les conduisent tous les matins sur les jach&res et les friches, non
I
loin du village où ils So$t attaches au bout d'une corde, et vont
les chercher le soir.
En saison sèche, ils sont laissés en toute li-
berté sur les
champs,
Il existe un certain nombre
d'obligations sociales liées à la néces-
sité d’assurer
le paturage et la circulation
du bétail
en hivernage
et la défense des cultures.
Un systéme de jachère groupée, servant
de paturage aux animaux ap-
1
z
partenant ou non au village est organisé dans la zone des champs de
.
brousse. Pour leur permettre de passer
d'une zone de paturage à une
autre ou d’aller s’abreuver
aux puits du village, il existe tout un
réseau
de chemins de passage. On peut en distinguer
deux sortes :
- Les chemins permanents
qui traversent les terroirs
de plusieurs
Villages e t j o u e n t u n r6le tres important dans les transhumances
vers le Bao
- Bolong notamment.
- Les chemins non permanents, d’intérêt local, permettent
de pas-
ser
d'un village au plateau ou au bas fond voisin. Ils sont delimi-
.
tés chaque annee entre les
champs cultivés. Certains
passent à la
limite des terroirs de 2
villages et sont chaque année aménagés sur
*
les champs de l'un ou
de l’autre, alternativemont.
%
a\\‘: Ce
système qui a permis
jusqu'ici une exploitation harmonieuse du -,,,+,,.+L
6 &,%A8
il
i;'milieu est a,ctuellement en crise.
h‘
-
I
Le système
en crise
L’introduction
de la mecanisation en milieu paysan avait pour
but
d'augmenter à l a f o i s l a p r o d u c t i v i t é
du t r a v a i l e t c e l l e d e l a t e r r e
en pormettant au paysan de réaliser les travaux de préparation du
sol et de semis dans des délais suffisamment courts, en
début de
saison des pluies, pour que les cultures puissent boucler leur cycle
dans les limites d’uns saison des pluies de
plus en plus aleatoirc.
E l l e d e v r a i t oermettre aitssi
rin rbnlinnr IP= tra\\/sr+v f-la cn~mlnnn
- il -
pcnùailt,
si grace à la m6cani.sati0n9
le paysan a ou semer vite on
d6but de saison des pluies, il ne reporte pas toujours le ternps ainsi
1ibSrFi: sur les autres techniques culturalcs, mais prBf&re souvent étcn-
I ”
d r o l e s s u p e r f i c i e s cultiw6es. Il
s'agit 12 d'un phénomène général oo-
c
Y
s c r v c;
1 dans llcnsernblc du bassin arachidier.
Cependant ici, l'extcnsio;!
des superficies s’est faite non seulement lar u n e ruduction des tzrrcs
1
en jachùro, mais aussi par
1'3 dgfrichcment des plateaux dont 12 tra-
.
vail manuel n'avait pas permis
jusque Ii: la mise
en valeur
des sols
trop lourds. Certes, certains villages,
soit du fait de leur localisa
tion,
soit du fait de l'augmentation de leur
population manquent uf-
fcctivemant
d e terres,
mais on peut dire qu-e cette contrainte foncikru
ca---
-d_-_nw .wl.M..-
. . ..--I - e-.-w a.-- -.a.-
j
-WL=..-.-. ,
a 6 >i r.:
y exacerbue nar
l'augmentation de l a cariacitci! da travail_gui a en- i
.- -.- - - .s..,,---
w_-.-_-u ^
,-,.,.--,--*.,,.,,.J-.,,,, -,.-. II&_ -uI..
l-.+. -- - --
train:; l a ruoturc
d e 1’6jyiuilibrc
. -.- -----.--~.~.-,-.,.,,.
& existailAu-s-que l à cnkrc la d i s -
/
-.-L-_-m-.L
.-_- -a . ..- .e e.-
..II - *- I .- 4 .a.- -. - a....+.
p o n i b i l i t d e n terre ct l e s
-2-I - - - -.--.--.U_---.
technijlucs de pr-~~dSu,C,i-~~!. Cette con trainte
p--w- -a-
foncikre trouvait
une solution au moins partielle
dans le syst3r:le POII-
ci:?r traditionnel.
.
Les habitantsd'mvillage
disposant de r8scrves ~:I;I- /Fr+S
. iI
ci3rcs
\\
permettaient volontiers
ü des voisins ne disposant pas d'assez
i JI
*
i.+,a,
dz tcrrcs
de cultiver
souvent pendant de longues années sur
une l,artL:-! ’
d e leur terroir,
sans que ceux ci n'aiont aucune prétention 12 dessus,
mais l’interprétation
qui 3
ht6 faite
de la loi sur
le domaine national,
**
selon laquelle, celui qui exploite
une parcelle
pondant 3 années .con.-
sGcutives y acquiert
un droit d’usage
a vite changé les choses. Air,si,
,_
"_
désormais
aux pr@ts
de terre
& long terme,
on substitue des prets pour
une campagne et il est interdit
au heneficiairc d’aFpli.quer sur la par-
ccl13
.toute technique culturale
pouvant laisser
une trace durablo, su@-
ceptiblc d'et re considérée comme une mise en valeur
(,.ossouchage, la-
botir,
bornage, otc,.. ). Même
lorsqu'un prBt est renouvelé, il ne por-
t o pas
sur la
meme parcelle,
On a m@ne vu des habitants d'un village
reprendre des terres qu'ils avaient prêtbes
à ceux d'un hameau voi-
sin depuis plusieurs
annees,
pou,r
les donner à ceux d'un village plus
Eloigné qui seraient
sans doute moins tentés d'y avoir des prétentions.
Devant cette situation, ceux qui n'ont pas assez de terres
ou qui n'en
n 'ont pas du tout (ikmigr0s)
vont simpler?.ent dgfricher
des terres jus-
- _---.
..,.. _ _-. 1
-,
qu'ici réservées
au bétail ou considérées comme "mauvaises terres. Ge-
vant la nouvelle situation socio -économique, et l'impact psychologi-
*.b
que résultant
des interprétations
que les uns et les autres ont pu
faire
ou ont reçu
de 1o loi, puisque en fait, aucun paysan ne l'a
/ L
t
lue, i l y a
une v é r i t a b l e c o u r s e p o u r l ’ o c c u p a t i o n d e s t e r r e s ,
Beau-
-_-- __. ,_-__"... 1,--. ,_, ".. .I... .."--- . . ,_
<.- .,
?
coup de paysansexpliquent cette attitude de par 13
possibilité qu'ils
auront à l’avenir,
gr&ce a l'équipement en matériel agricole de met-
tre en valeur plus de terres
qu'ils n'en cultivent actuellement. D'au-
tres pensent à assurer
à leurs
enfants l'actes & la terre’“qui
de-
.,-. _ .-.-....." ^_ ..-
viendra de plus en plus rare".
Mais il y a aussi ceux qui, du fait de
leur
position sociale ont : soit la possibilité de mettre en valeur
de grandes superficies,
soit suffisamment d'influente pour se faire
affecter par
le conseil rural des terres non encore appropr,iées pour
se constituer
de “grands
domaines", Sur
une vingtaine de demandes
4
d 'a u to ri s a t ion s de défrich er r e ç u e s par le président
de la communau-
.
té rurale
en AoOt 1975, 17 émanaient do notables, 61~1s locaux, com-
merçants et transporteurs et celles ci portaient sur des terres ser-
i
vant de t e r r a i n d e p a r c o u r e à 3 v i l l a g e s v o i s i n s e t l e s s u r f a c e s dei
. .
mand&es atteignaient dans certains cas 15 hectare.
Dans l'Unité Experimentale d e T h y s s é Kaymor, les superficies culti-
vées sont passées de 1302 ha en 1970 à 2049 ha en 1976, soit une
augmentation de 57 $ alors que durant 13 .méme période, la population
t o t a l e s’est accrue
de 38 $ et la population active de 23 $. Cette
augmentation des superficies
cultivées a 6th facilitées par l'aug-
m e n t a t i o n d e l’equipement et 13 c a p a c i t é d e t r a v a i l a v e c p a s s a g e
pour certains paysans d’instruments
SI utilisation manuo,lle, où
2472 1s +&wot,i.;n ssin.5 3 $3 traction b o v i n c
Ainsi des
sols considérés jusqu'ici par 10s paysans eux memes comme
ina;jtùs à l a c u l t u r e
(sols gravillonairos), do m9mo que 112s sommets
1_1-_
tif: versants
o n t éte depouilles de la maigro végétation qui les pro-
*_
tbgait
pour Stro cultivés avac
comme ko,nséquoncc une aggravation
*.
+>
-----MS.--
do l'erosion par ruisscllcmont, qui a atteint une proportion tulle
qu '011~2 constitua actuollcment unu preoccu;:~a%ion majourc pour 12s
chzrchours.
L'introduction de nouvellos cultures dz rantc et d’engrais minéraux
.
sont on
t r a i n d o boulcverser le système dû culture t r a d i t i o n n o l .
La distinction qui faisait des tolkcur dos torrcs h ceréalcs culti-
Ver!s chaque anneo on souna avec furnure animalc, dus diatti des top-
r 0 s II culture
de rente avec
une rotation
annuelle arachide jacherti,
0 t sur
les Cor
un système extensif,
tond actuellement à dispaq\\tro.
Dans certains
terroirs,
l ’ a r a c h i d e ct l e ccton
sont introduits dans
12s tolkeur o ù i l s
or-kront en rotation av3c le riiil. Celui ci est dz-
vonu avec le maïs dos cultures
do plain cha;n;,s, SC subsituant h la ja-
Les Gor évoluent progressivomont L’I-I diatti
( c h a m p s porrnancnts).
??????? ?
.
F)ans les unités expérim,entalcs avec
l'introduction do 1’amolForration
fonci~:rc~
base de l'intensification agricole,
du fait de la localisa-
tien de la presque totalite des champs en amélioration fonciere SUI
.
les diatti r i l s e p r o d u i t e n m@mo temps
une modification de la repar-
tition des differcntes catégories d’utilisateurs
du sol (chef d'ox-
ploitations,
sourqa
familiaux femmes et navetane), dans le terroir.
A
Thyssé Kaymor 90 >i des champs en amélioration foncière (92 7~ à
Kournbidia) sont cultivés par les chefs d'exploitations.
Avec la disparition progressive des jacheros
et l'extension des cul-
.
turcs le
problème des patures so pose
de plus en plus. Certains
pay-
1.
Sans refusent dgsormais de ceder quelques metreç do terres pour le
oassagc d e s
animaux ou de laisser
une partie
de leurs champs en ja-
chbro,
SUrtOUr slilS n’nnt nfiR’rif7inimniIv
I nc ?rlO~c-.~ A,...----‘--- -.
vont boiro 1~s animaux on hivornagc, ut 10s bas fonds risquant d'etrù
comblés par la torro
ontrainéo par l'érosion. Los résidus do récoltus
qui etaiont laissés dans las charnos sont ramasés p o u r Btrc distribués
aux animaux de traits ot ceux qui n'en ont pas vendant leur
fane d'a-
rachidc qui est
dovonu uno source do rovonu non négligeable. Son prix
pouvant aller en saison sècho, dans les villes à 20 F 10 kg. Mais, cGt-
to situation qui ûst ipquiétante pour lu moment va p..:Ut I!trLl ZmSnL’r las
.t
,x...
paysans h trouver
cuxfune solution aux problèmes
qu'elle pose tant
du
point de vue de l'organisation de l'espace do l'i.nt:Tgrrtion nficaaraj.re
de ltagriculture e t l ’ é l e v a g e .
Dans les villages où se pose un pro-
blème de terre,
les chemins de passage du bétail tendent à Gtro déli-
mites de manière définitive pour Qviter
la multiplication des conflits
ot le renouvellement
des discussions
à la vaille do chaque campagne,
& propos de leur tracé.
Dans de nombreux villages les paturages et
les déplacements des petits animaux sont organisés
collectivement pour
mieux les surveiller. A cet effet, u n b e r g e r e s t r e c r u t é p a r
l*enscm-
ble des personnes
qui posstsdent des animaux pour la durée de la sai-
son des cultures.
Dos parcs collectifs sont aménagés autour
de la place publique ;
tous les matins les moutons et ch&vres
qui passent la nuit dans les
concessions y sont attachés par les
femmes avant d'aller aux champs
et c'est entre
14 à 15 heures que le berger
vient les détacher Four
les conduire aux pdturages.
Dans certains villages,
depuis le recours
au berger
collectif, l’entretien des
haies qui
défendaient les champs
autour du village n’est plus assure, malheureusement, mais peut @trc,
,k
n’est ce
plus nécessaire !
C'est sans doute pour les bovins, dont la situation alimentaire a éte
agravée par
les années de sécheresse
que l'évolution kera
plus décisive.
On a vu
des propikiétaires
de gros troupeaux vendre la plupart de leurs
animaux pour
ne conserver
que quelques tetes. Des gestionnaires de
- 15-
troupeaux
o n t rcandu dst bdtcs à l e u r s prcpriÉtaircs, parce
q u o lcuru
qnfants
b_>
rcfusont
d'en a ssurcr la c o n d u i t e et le r e c r u t e m e n t
d ' u n bvr-
ger coûte de plus cn plus cher. "L'cmbcuche ddguisec" quo ccnstituo
1 'élevage des animaux de trait est peut C?trc llnmmcrce
d'une intcgra-
tion agriculture 61evûge,
avec l'introduction d'une :;O~U foLlrrECj~r7 dans
l'nxploitation y mais si les paysans ont jusqu'a- pr6scnt montr6
peu
do disposition à l'adapticn do ce themc, c'est parce
que, comme ils
disent, lorsqu’on nc
psoduit pas
suffisamment 2 manger
on no
peut pas se permettre
de faucher une culture
pour la donner aux ani-
maux. Maintenant que llautosuffisancc alimentaire
tond à 62trc rgali-
s6c avec l'augmentation des rendements et le develcppoment de la cul-
corré
ativomont
turc du
maïs, avec
j
un accroissement
des résidus
de réccl-
te, on
peut espérer
que la situation alimentaire
du bétail ira en s’a-
m6licrant.
Tout ceci montre
que certain%conccpticns
du dbvcloppcment rural de-
v r a i e n t Btrc rC?vis&cs,
ct que celui-ci nc doit plus @tro considér5
uniquement du point de l’accroissement de la prcduction.UTcu-t
nrc-
.,I.. ,,, ..
jet
do doveloppement rural devrait @tre
envisage comme une cpércticn
d'aménagement de l'espace, permettant de répondre
ii des objectifs
5ccncmiques, sans toutefois entraîner
dc doséquilibre dans le sys-
tème de production traditionnel,
ni affecter les
facteurs naturels
dc p r o d u c t i o n .
Cet aménagement doit tenir
compte de l'evolution fu-
turr des techniques de productions. Plais c e l a pose l e p r o b l è m e
d u
comportement
des paysans face à l'introduction d'innovations tech-
niques. En effet,
dans les Unites Experimcntales devant la pcssibi-
lit5 qui leur a été offertc
de passer
d'une agriculture extensive 21
l'utilisation de techniques
I’
!
C$c. 44,
intensives permettantjaugmentation do
1 G
; / ,fdf.!&4’
la production à l’unité de surface,
en meme temps que l’amélioration :i; CI
CU lo maintien de la fertilite du sol, les paysans ont rdagit
en
adcp
tant plus facilement celles sui.
t
tout en diminuant la ccnibilite du
travail leur permettati d’assurer le
contr8le foncier de l'espace 'i
.<
.
par la mise en culture,
dont le besoin a FstB suscité par la loi sur
-“--
le
domaine national. En aurait-il t#té
autrement s'il n'y avait pas
e u l a l o i
? On peut aussi se dcmander si dans un milieu où la terre,
*
qui demeure le premier facteur
de production, est
encore abondante,
il soit réellement
possible de faire Passer
les paysans d'un syste-
imo extensif
à
une agriculture
intensive, Le comportement des Sorê-
+
ri?. transplantes dans les Terres Neuves
du Sertegal Oriental est
ins-
s
tructif
à cet Egard. En effet, dans leurs terroirs surpeuplos du Sine
1
(jusqu'à 100 hab/km dans certains
endroits), ils ont mis ou point une
agriculture
intensive avec une organisation de l’espace permettant
une intogration poussée de l’blevage. Passés au:: Terres
Neuves, oii
à cbté des blocs officiels d'amenagements il existait d’importantes
rbserwes f o r e s t i è r e s , ils ont vite detourn6s certaines des
techni-
ques de culture
intensive mise à leur
disposition (traction bovine), ; -
"'
pour se lancer’& la
conqu@te de l'espace d’abord, &y” t
wors~.nt ie ,
Br$i!ma de systéme de production qui leur
avait 6té propos6 (1).
.
.“----“---_-_1--_---_1_____1________1___----”----------------------------------“--
A*
P.MILLEVILLE
(1)
/
I
et J.P.
DUBOIS, - Réponses paysannes à une operation
de mise en valeur
des terres
Neuves au Sénegal. Colloque sur la
Maf-
trise
de l'espace agraire
et le développement en Afrique au Sud du
Sahara, Ouagadougou Décembre 1978.