INSTITUT D'?LEVAGE ET DE M?DECINE V?T?RINAIRE...
INSTITUT D'?LEVAGE ET DE M?DECINE
V?T?RINAIRE DES PAYS TROPICAUX
M?DECINE V?T?RINAI
DES PAYS TROPICAUX *¡®*
Aphosphorose et botulisme au S¨¦n¨¦gal
par H. CALVET, P. PICART, M. DOUTRE et j. CHAMBRON
Tome XVIII (nouvelle serxz)
NC, 3 - 1965
-
__ VIGOT FR?RES, ?DITEURS
E
23, rue de l'?cole-de-M¨¦decine, PARIS-VI'
i ¡®,,
A -

Rev. E;ev. Med. V¨¦i. Pays trop., 1965, 18, 3 (219-282).
Aphosphorose et botulisme au S¨¦n¨¦gal
par H. CALVET, P. PICART, M. DOUTRE ef J. WAMf3RDN
R?SUM?
I
L¡¯affection animale observ¨¦e au S¨¦n¨¦gal, dans la reglon du Ferlo, et connue
localement 5ov5 te nom de ? Gniedio ? ou de ? maladie des forages ? raPPelte
Par son etiojogie, sa symptomatotogie
et sa pathog¨¦nie le Lamsiekte d¨¦crit par
THEILER en Afrique du Sud.
Elle r¨¦sulte de l¡¯association d¡¯un trouble nutritionnel, essentiellement une
carence en phosphore, et d¡¯une tox¨¦mie botulique.
Les analyses biochimiques, au Laboratoire de Dakar, ont mis en ¨¦vidence
l¡¯¨¦tat d¡¯aphosphorose chez les animaux. Les analyses chimiques des sols, des
eaux et des fourrages refl¨¨tent la m¨ºme insuffisance en cet ¨¦l¨¦ment.
L¡¯hypoth¨¨se de botulisme se voit confirm¨¦e par le succ¨¨s de la s¨¦roth¨¦rapie
sp¨¦cifique et de la prophylaxie ¨¤ l¡¯aide des anatoxines botuliques C et D.
La toxine botulique a ¨¦t¨¦ r¨¦v¨¦l¨¦e par s¨¦ro-neutralisation chez la souris, mais
jusqu¡¯¨¤ ce jour l¡¯isolement de Clostridium botulinum n¡¯a pu ¨ºtre r¨¦alis¨¦.
-.
A. - INTRODUCTION
Par ta suite Ia maladie, prenant une rapide
extension, devient un sujet d¡¯inqui¨¦tude pour
*
Depuis plusieurs ann¨¦es s¨¦vit sur le cheptel
10~s les ¨¦leveurs du Fer-10 et l¡¯objet d¡¯une pr¨¦oc-
d¡¯une large r¨¦gion d¡¯¨¦levage du S¨¦n¨¦gal une
cupation constante pour le Service de I¡¯Elevage
maladie ¨¤ allure enzootique connue sous le
du S¨¦n¨¦gal. En effet, le troupeau menac¨¦ cons-
nom vernaculaire de ? Gniedio ? (*) et SOUS
titue une partie importante du cheptel national.
l¡¯appellation locale de ? maladie des forages ?.
Evalu¨¦ ¨¤ plus de600.000 t¨ºtes, il est essentiellement
Cependant, cette derni¨¨re d¨¦nomination, qui
constitu¨¦ de z¨¦bus appartenant ¨¤ des propri¨¦-
para?t attribuer aux forages profonds une res-
taires peuls, attach¨¦s ¨¤ leur mode de vie nomade.
ponsabilit¨¦ directe dans I¡¯¨¦tiologie de l¡¯affection,
En raison du caract¨¨re extensif de l¡¯¨¦levage,
est impropre, la distribution g¨¦ographique de la
des d¨¦placements fr¨¦quents et impr¨¦visibles des
maladie et son caract¨¨re longtemps ind¨¦termin¨¦
pasteurs, de leur r¨¦pugnance ¨¤ fournir des
constituant sa seule justification.
donn¨¦es chiffr¨¦es permettant d¡¯¨¦valuer leur
Les premi¨¨res mentions concernant cette
effectif, ies pertes annuelles sont difficiles ¨¤.
+
affection apparaissent en juillet 1959 dans un
d¨¦terminer d¡¯une fa?on pr¨¦cise. N¨¦anmoins
rapport de la circonscription de Lingu¨¨re. En
les renseignements, recueillis au cours des cam-
1960, des experts de la SERESA fsnt ¨¦tat, dans
pagnes de vaccination ou de mission d¡¯¨¦tude
une ¨¦tude traitant de la commercialisation du
men¨¦es dans toute cette zone, permettent de
2
b¨¦tail, de parapl¨¦gies conduisant rapidement ¨¤ la
conclure ¨¤ une mortalit¨¦ importante.
mort (43).
A titre d¡¯exemple, nous citerons les informa-
tions obtenues en juillet 1963, lors d¡¯une prospec-,
(*) Dans la langue peule ? Gniedio ? signifie maladie
tien portant sur cinq campements, fous situ¨¦s
des membres.
¨¤ proximit¨¦ du forage de Lagbar.
I,
.
249,

Chacun des troupeaux comprend, ¨¤ I¡¯origin
200 ¨¤ 300 t¨ºtes. Dans le premier rassemblemen
de grandes variations probablement explicables
¡®~~.&.!&s Ont succomb¨¦ pendant les cinq der
Par l¡¯¨¦tat de- -rnq%spe physiologique aUqUe/
niers mois ; dans le second, 21 animaux vienner
parviennent les animaux en fin de maladie.
de dispara?tre, tandis que Ie troisi¨¨me a pr¨¦sent,
Toutefois, l¡¯existence d¡¯une perturbation du
10 cas d¡¯¨¦volution rapide. Au cours de Ia m¨ºmf
m¨¦tabolisme phospho-calcique se confirme. AU
niveau du squelette, les analyses mettent en
p¨¦riode 30 morts sont d¨¦nombr¨¦s dans la qua
¨¦vidence un certain degr¨¦ d¡¯ost¨¦omalacie avec
tri¨¨me communaut¨¦ et 50 autres signal¨¦s dan¡¯
un rapport mati¨¨res min¨¦rales$¡®protides
inf¨¦rieur
un troupeau stationn¨¦ ¨¤ proximit¨¦. Enfin lc
¨¤ la normale (25).
dernier ¨¦leveur rencontr¨¦ rapporte des perte:
En juillet 1963, deux nouvelles prospections
d¨¦passant 80 t¨ºtes.
sont effectu¨¦es dans la zone de forte end¨¦micit¨¦
Ces ¨¦valuations, effectu¨¦es dans une zone
des environs de Lagbar. Des ¨¦l¨¦ments concer-
r¨¦put¨¦e pour sa forte end¨¦micit¨¦, ne peuvent
tant la symptomatologie et la pathog¨¦nie de
¨¦videmment pas ¨ºtre ¨¦tendues ¨¤ l¡¯ensemble du
¡®affection sont recueillis. Ils permettent de d¨¦ga-
Ferlo. Elles permettent cependant de souligner la
Ier une hypoth¨¨se de travail comportant, d¡¯une
gravit¨¦ de la maladie, une des plus s¨¦v¨¨res qui
)art, l¡¯¨¦tude du trouble nutritionnel qui s¡¯ext¨¦-
frappe, ¨¤ l¡¯heure actuelle, l¡¯¨¦levage du Sahel
¡®iorise de fa?on diverse (le pica ¨¦tant un des
s¨¦n¨¦galais.
ignes caract¨¦ristiques) et, d¡¯autre part, la mise
L¡¯¨¦tude de cette affection a ¨¦t¨¦ entreprise d¨¨s
,n ¨¦vidence d¡¯une tox¨¦mie, vraisemblablement
1962 par les divers services du Laboratoire natio-
d!¡®origine botulique, responsable des ¨¦volutions
nal de I¡¯Elevage et de Recherches v¨¦t¨¦rinaires
rapidement mortelles.
du S¨¦n¨¦gal (24).
Les recherches ne tardent pas ¨¤ d¨¦gager
Les premi¨¨res observations r¨¦alis¨¦es dans IQ
1¡¯ importance que rev¨ºt la connaissance du milieu
r¨¦gion dite ?des six forages ? donnent lieu ¨¤ , naturel dans l¡¯¨¦tude de cette maladie. En effet,
des autopsies nombreuses, des examens h¨¦mato-
certaines particularit¨¦s g¨¦ologiques, hydrologi-
logiques et histologiques divers. L¡¯isolement d¡¯un
ques, botaniques, contribuent ¨¤ expliquer l¡¯exis-
virus OU d¡¯un germe ¨¦choue ; aucun parasite
tence de cette affection. Son apparition et son
n¡¯est d¨¦cel¨¦ dans le sang. Cependant, rapidement
extension paraissant plus sp¨¦cialement li¨¦3s ¨¤
les sympt?mes manifest¨¦s par certains malades
l¡¯¨¦volution des techniques d¡¯¨¦levage survenue
permettent d¡¯envisager un trouble du m¨¦tabo-
dans cette r¨¦gion ¨¤ la suite des grands travaux
lisme phospho-calcique, Une nouvelle orien-
d¡¯hydraulique qui y ont ¨¦t¨¦ enirepris. Ces consi-
tation est d¨¦sormais donn¨¦e aux recherches.
d¨¦rations justifient le large d¨¦veloppement
Des animaux atteints sont alors transport¨¦s ¨¤
donn¨¦ au chapitre suivant.
Dakar et gard¨¦s en stabulation au laboratoire.
En avril 1962, un premier lot est hospitalis¨¦,
suivi, d¨¦but 1963, d¡¯un autre plus important.
9. - MILIEU NATUREL
Ces z¨¦bus, dont l¡¯¨¦tat se trouve aggrav¨¦ par le
transport, auront une courte survie. Seule une
Empruntant son nom ¨¤ une vall¨¦: fossile, le
vache r¨¦sistera. Les paralysies, le refus de s¡¯ali-
Ferlo constitue une vaste plaine sah¨¦lienne,
menter et de boire font que, dans les 10 jours,
d¡¯une superficie approximative de 40.000 km2,
tous succombent en d¨¦pit des traitements exp¨¦ri-
situ¨¦e dans la partie septentrionale du S¨¦n¨¦gal
mentaux institu¨¦s.
(cartes I et Il), Ses limites, assez impr¨¦cises, des-
Des pr¨¦l¨¨vements syst¨¦matiques de sang et
sinent en gros un quadrilat¨¨re irr¨¦gulier. Le c?t¨¦
d¡¯urine sont effectu¨¦s ¨¤ des fins de dosages
occidental, marqu¨¦ approximativement par le
portant sur les prot¨¦ines sanguines et l¡¯ur¨¦e,
15e degr¨¦ de longitude Ouest, s¡¯inscrit entre les
les taux plasmatiques et urinaires du phosphore,
13e et IY degr¨¦s de latitude Nord. Le bord
calcium, sodium, poiassium et de la cr¨¦atinine.
oriental, port¨¦ par le 13e dEgr¨¦ de longitude,
Les os des animaux morts sont ¨¦galement SOUmiS
est compris entre les latitudes 150 20¡¯ et 140 Nord.
¨¤ l¡¯analyse.
Il touche par sa p¨¦riph¨¦rie le Fouta s¨¦n¨¦galais,
L¡¯interpr¨¦tation deces recherches biochimiques
le Baot, le Djolof, le Boundou et atteint sur ses
s¡¯av¨¨re &Iicate. Les r¨¦sultats pr¨¦sentent SOuVent
confins m¨¦ridionaux la zone arachidi¨¦re.?

h
Carte no 1. - Situation du Ferlo au S¨¦n¨¦gal.
.
10 Structure ghologique et p¨¦dologique.
processus de lat¨¦ritisation qui recouvre les for--
mations pr¨¦c¨¦dentes d¡¯une cro?te mince qu¡¯en-
G¨¦ologiquement, le Fer-10 repr¨¦sente la partie
taillent les vall¨¦es fluviales.
sud-est du bassin s¨¦dimentaire s¨¦n¨¦galo-mauri-
tanien. Sur le vieux socle granitique primaire,
Finalement, l¡¯¨¦rosion ¨¦olienne coiffe le Fer10
se sont superpos¨¦es, aux diff¨¦rentes p¨¦riodes,
de dunes rouges de sable ferrugineux apparte-
des formations plus r¨¦centes.
nant ¨¤ l¡¯ensemble dit ? Erg s¨¦n¨¦galo-maurita-
Les coupes g¨¦ologiques montrent :
nien ? (*).
Cette ¨¦volution g¨¦ologique a conf¨¦r¨¦ aux sols
- au secondaire : les sables ¨¤ eau douce du
du Fet-lo une certaine uniformit¨¦. Ceux qui
Maestrichtien ;
portent un tapis v¨¦g¨¦tal suffisant pour int¨¦resser
- au tertiaire : la couche de gr¨¨s argileux l¡¯¨¦levage sont essentiellement constitu¨¦s (33) :
du continent terminal, ce dernier profil, d¡¯une
¨¦paisseur consid¨¦rable, r¨¦sultant d¡¯une longue
p¨¦riode d¡¯¨¦rosion et de destruction des massifs
(*) Nous devons ces renseignements ¨¤ l¡¯amabilit¨¦ du.
anciens.;
Pr. Y. SAINT MARTtN auquel nous adressons tous nos.
- au d.¨¦but du quaternaire, intervient le remerciements.

. hGGLOMERz4T!Sb!g
A FORAGES
----VALLEES M O R T E S
. LO"rlBDL ~"ELUI
.LOUr-lBEL KhLIDI
Carte no 2. -Carte du Ferlo.
- Por des dunes sablonneuses peu ¨¦lev¨¦es, d¡¯ori-
- Par des sols sablonneux ou soblo-argileux,
gine ¨¦olienne. Ces sols, peu profonds, reposent
plus ou moins compacts, d¡¯origine complexe, qui
g¨¦n¨¦ralement sur une cuirasse ferrugineuse,
occupent de grandes superficies dans les secteurs
ou sur des produits remani¨¦s qui en d¨¦rivent.
inter-dunes. Ils proviennent des ¨¦l¨¦ments fins
Tr¨¨s repandues dans l¡¯ensemble du Ferlo,
dunaires qui ont ¨¦t¨¦ entra?n¨¦s par les pluies
ces dunes occupent de vastes surfaces planes.
ou de la d¨¦sagr¨¦gation du continent terminal.
Elles sont caract¨¦ris¨¦es dans le nord par une
- Par des sols hydromorphes, qui se rencon-
texture plus grossi¨¨re o¨´ se m¨ºle l¡¯argile. Dans
trent dans le fond et le pourtour des mares tem-
le Ferlo sud, par contre, la granulom¨¦trie est
porai res.
plus fine et la texture argilo-sableuse ou sablo-
- Par des affleurements calcaires ou marno-
argileuse plus ou moins limoneuse.
calcaires. Ces calottes calcaires jouent par leur
252

.
faible surface un r?le limit¨¦. Certaines portent
- la nappe du continent terminal, o¨´ les
en saison s¨¨che des p?turages recherch¨¦s par les
sables et les gr¨¨s argileux dominent. Ils alternent
¨¦leveurs. La pr¨¦sence d¡¯Aristida mutobilis, en
avec des bancs d¡¯argile dont l¡¯¨¦paisseur peut
tant qu¡¯esp¨¨ce dominante, et le fait que les ani- 1 d¨¦passer 130 m. Les puits atteignent cette nappe
maux l¨¨chent le sol, exercent une influence
¨¤ des profondeurs de 50 ¨¤ 80 m. Le d¨¦bit est
favorable sur les troupeaux.
l rarement sup¨¦rieur ¨¤ 30 m3 par jour ;
Enfin, il faut signaler quelques
-
SOIS salins,
la nappe du Maestrichtien exploit¨¦e par
rencontr¨¦s dans la r¨¦gion de Yang Yang. Ils
Ies forages profonds dont le d¨¦bit atteint de 50
pErmettaLent les ? cures hydro-min¨¦rales ? pr¨¦-
¨¤ 120 m3 par heure. Ces sables aquif¨¨res contien-
vues p¨¦riodiquement par les ¨¦leveurs iI y a
nent des eaux de nature diff¨¦rente. On dis-
encore quelques ann¨¦es.
tingue (5) :
A
- D-s eaux ¨¤ faci¨¨s alcalin, d¡¯une potabilit¨¦
20 Climat et hydrographie.
passable, utilisables la plupart du temps pour les
Le climat, de type sah¨¦lo-soudanien au nord
besoins de la population et du cheptel, mais
et soudano-sah¨¦lien au sud, se caract¨¦rise par
impropres ¨¤ l¡¯irrigation. Provenant du fleuve
:
des temp¨¦ratures ¨¦lev¨¦es et une longue saison
S¨¦n¨¦gal, ces eaux impr¨¨gnent le sous-sol par
s¨¨che.
infiltration dans les sables maestrichtiens qui
La pluviosit¨¦ moyenne et le nombre de jours
affleurent sur les rives.
de pluie augmentent ¨¤ mesure que l¡¯on se dirige
On y observe parfois une concentration ¨¦lev¨¦e
vers le sud (Matam : 536 mm avec 37 jours de
en chlorure de sodium d¡¯origine g¨¦ologique OU
pluie, Tambacounda : 942 mm avec 67 jours).
marine. C¡¯est ainsi que des forages ¨¤ eau sau-
Les pr¨¦cipitations ont lieu g¨¦n¨¦ralement du
m?tre se rencontrent ¨¤ l¡¯ouest de Dahra, sur la
d¨¦but ao?t ¨¤ la fin septembre, elles sont parfois
ligne Dahra-Louga.
interrompues par une p¨¦riode de s¨¦cheresse
- Des eaux ¨¤ faci¨¨s alcalino-terreux, d¡¯une
intercalaire n¨¦faste ¨¤ la v¨¦g¨¦tation (22).
potabilit¨¦ convenable et excellentes pour I¡¯irri-
De fortes chaleurs sont enregistr¨¦es de f¨¦vrier
gation. Ces eaux sont d¡¯origine m¨¦t¨¦orique et
¨¤ juillet, le thermom¨¨tre indiquant souvent plus
min¨¦ralis¨¦es par les terrains s¨¦dimentaires. Le
de 400 C. Les ¨¦carts diurnes sont alors tr¨¨s mar-
Lac de Guiers et le fleuve S¨¦n¨¦gal en seraient la
qu¨¦s (18 ¨¤ 20¡± C) et l¡¯hygrom¨¦trie tr¨¨s faible.
source.
Ces conditions sont accrues par I¡¯harmattan,
-
vent chaud et sec qui souffle en permanence.
3O V¨¦g¨¦tation.
L¡¯aridit¨¦ de la r¨¦gion se traduit par l¡¯absence
de cours d¡¯eau. Seules existent des vall¨¦es fossiles,
La v¨¦g¨¦tation est constitu¨¦e par une savane
dont la plus importante, celle du Ferlo, se d¨¦ve-
arbor¨¦e claire avec tapis de m¨¦sophytes fugaces
loppe sur une longueur de 400 km, depuis
(Schoenfeldio grocilis, Eragrosfis tremulo, Aristide
Bakel jusqu¡¯¨¤ la zone mar¨¦cageuse de Bounoum
mutobilis, Crofoloria eerotteti) et quelques grami-
et du Lac de Guiers,
n¨¦es vivaces (Andropogon gayarws, Aristida /on-
Pendant la saison des pluies de tr¨¨s nombreu-
giflera). Les esp¨¨ces I igneuses sont soit ¨¦pineuses,
ses mares naissent tout au long de ces vall¨¦es.
soit inermes, le plus souvent ¨¤ feuilles caduques
Certaines atteignent plusieurs hectares de super-
et cimes non jointives (Guiero senegalensis,
ficie et toutes se signalent par une v¨¦g¨¦tation
Combretum glutinosum, Balanites aegyptiaca, ScIero-
arbor¨¦e beaucoup plus dense prenant parfois
carya birea) (*).
*
l¡¯aspect de v¨¦ritables fourr¨¦s. Leur vie, qu¡¯on a
40 Le milieu humain.
vainement essay¨¦ de prolonger, ne d¨¦passe gu¨¨re
quatre mois. Elles perdent leur eau d¨¨s que l¡¯¨¦va-
On attribue au Ferlo une densit¨¦ humaine de
poration atmosph¨¦rique devient intense et lais-
*
0,8 habitant au km2 (1960) le chiffre est sujet ¨¤
sent un fond ¨¤ sol noir?tre, profond¨¦ment cra-
caution en raison des d¨¦placements encore
quel¨¦ et fissur¨¦ de toute part.
fr¨¦quents des populations.
Le SOUS-SOI offre, heureusement, au Ferlo,
des r¨¦serves aquif¨¨res importantes, Elles pro-
(*) Renseignements communiqu¨¦s par VALENZA J.
viennent de deux nappes diff¨¦rentes :
et N A E G E L E A .
253

Les Peuls, propri¨¦taires de la majorit¨¦ des
Comme dans toutes les zones pr¨¦sahariennes
troupeaux, constituent le groupement dominant,
l¡¯eau est le facteur limitant du peuplement, Les
Cependant dans les villages de cr¨¦ation r¨¦cente, faiblespossibilit¨¦soffertesautrefoistransformaient
autour des forages, s¡¯installent des communaut¨¦s
le FerIo en un d¨¦sert pendant une longue p¨¦riode
de cultivateurs ouolofs et des Maures, d¨¦tenteurs
de l¡¯ann¨¦e. AU cours de la saison s¨¨che les puits,
de quelques animaux, mais dont l¡¯activit¨¦ essen-
rares et profonds (40 ¨¤ 80 m), ne permettaient
tielle est le commerce.
pas l¡¯abreuvement des troupeaux importants qui
se d¨¦pla?aient alors vers des r¨¦gions plus hospi-
C. - LES FORAGES ET LEUR INFLUENCE
tali¨¨res. C¡¯est seulement au cours de ? I¡¯hiver-
SUR LA VIE PASTORALE
nage ? que pouvaient s¡¯¨¦tablir, dans cette r¨¦gion,
une activit¨¦ humaine et une densit¨¦ animale
L¡¯existence des grandes installations hydrau-
suffisantes : les premi¨¨res pluies, remettant en
liques et leur r¨¦partition dans l¡¯ensemble du
eau les mares abondamment r¨¦parties, ame-
Ferlo, constituent ¨¤ l¡¯heure actuelle, la caract¨¦ris-
naient le reflux des troupeaux. Une vie pastorale
tique essentielle de cette r¨¦gion.
intense se concentrait sur leurs bords jusqu¡¯¨¤
La r¨¦alisation de ces ouvrages a pu ¨ºtre envi-
leur tarissement, survenant en g¨¦n¨¦ral d¨¦but
sag¨¦e au S¨¦n¨¦gal ¨¤ la suite de plusieurs sondages
novembre. Le mode d¡¯¨¦levage ¨¦tait alors domin¨¦
r¨¦alis¨¦s en divers points du territoire. Une s¨¦rie
par la n¨¦cessit¨¦ de la transhumance.
de prospections r¨¦v¨¦la l¡¯existence d¡¯une ¨¦paisse
Aujourd¡¯hui, les forages profonds offrent en
couche de sables aquif¨¨res, d¡¯?ge maestrichtien,
abondance et en toute saison l¡¯¨¦l¨¦ment liquide
reposant sur le socle granitique. Affteurants dans
indispensable. D¨¦sormais, les grands d¨¦place-
la r¨¦gion de Dakar, ces sables sont, en g¨¦n¨¦ral,
ments du d¨¦but de saison s¨¨che ne sont plus
atteints ¨¤ 200 ou 300 m. Leur ¨¦paisseur est par-
n¨¦cessaires : d¨¨s l¡¯ass¨¨chement des mares les
fois consid¨¦rable (800 m ¨¤ Barkedji), aussi peu-
pasteurs transportent leur campement ¨¤ proxi-
vent-ils ¨ºtre consid¨¦r¨¦s comme la v¨¦ritable r¨¦serve
mit¨¦ de la station hydraulique voisine. L¡¯activit¨¦
d¡¯eau du S¨¦n¨¦gal.
pastorale a donc maintenant tendance ¨¤ devenir
Les premiers essais eurent lieu ¨¤ Kaolack en
permanente et ¨¤ s¡¯enfermer dans les limites du
1937 et un d¨¦bii de 50 m3 heure fut imm¨¦diate-
Ferlo pendant toute l¡¯ann¨¦e. Cette s¨¦dentarisa-
ment obtenu.
tion relative des populations et des troupeaux a
En 1938, ¨¤ l¡¯initiative du Service de I¡¯Elevage,
une r¨¦percussion certaine sur l¡¯¨¦quilibre du
une s¨¦rie de forages profonds est entreprise
milieu naturel.
sur la ligne de transhumance Kaolack-Matam.
L¡¯approche d¡¯un forage se signale en effet,
Dans les ann¨¦es qui suivent ces ouvrages r¨¦a-
sur un rayon de plusieurs kilom¨¨tres, par la
lis¨¦s sur fonds F. 1, D. E. S. se multiplient. Actuel-
disparition progressive des herbages et de la
lement, une vingtaine de stationsde pompage,
d¨¦gradation de la flore arbor¨¦e. La destruction
distantes de 40 ¨¤ 60 km peuvent ¨ºtre d¨¦nombr¨¦es.
est totale dans la p¨¦riph¨¦rie imm¨¦diate de la
Entre ces diff¨¦rents points des pare-feux ont
station. Ce ph¨¦nom¨¨ne r¨¦sulte du pi¨¦tinement des
¨¦t¨¦ am¨¦nag¨¦s qui r¨¦alisent, ainsi, un v¨¦ritable
troupeaux qui, chaque jour, convergent vers le
quadrillage de la r¨¦gion (26).
lieu d¡¯abreuvement. De m¨ºme, se multiplient
Les installations d¡¯une unit¨¦-type compren-
les ravages caus¨¦s ¨¤ la v¨¦g¨¦tation par les feux
nent : un bassin de r¨¦serve cylindrique en b¨¦ton
de brousse ou des pratiques n¨¦fastes comme
d¡¯une capacit¨¦ de 1.000 m3, une cabine abritant
? I¡¯¨¦branchage ?. Enfin, dans certaines r¨¦gions,
la pompe et le moteur d¡¯exhaure et un petit
les p?turages eux-m¨ºmes commencent ¨¤ souffrir
logement pour le gardien, l¡¯ensemble ¨¦tant
d¡¯une surcharge animale, bien que la fr¨¦quen-
entour¨¦ par une cl?ture. A l¡¯ext¨¦rieur ont ¨¦t¨¦
tation, variable d¡¯une ann¨¦e ¨¤ l¡¯autre, soit difficile
dispos¨¦s de longs abreuvoirs ¨¤ niveau constant
¨¤ appr¨¦cier. L¡¯impression de multitude ressentie
et une fontaine r¨¦serv¨¦e pour la consommation
par maintsobservateurs aux abords des forages
humaine (photo no 1).
a conduit parfois ¨¤ des surestimations.
La multiplication des forages profonds a en-
Ces transformations du milieu naturel jouent
tra?n¨¦ de grandes modifications du milieu, de la
certainement un r?le important dans l¡¯apparition
vie sociale et des modes d¡¯¨¦levage.
du trouble nutritionnel et de sa complication
2Q4

Photo n01, - Vue a¨¦rienne du forage profond de Lagbar.
toxinique, causes d¨¦terminantes de cette affection
et Louga, d¨¦montrent la large extension de
apparue dans la r¨¦gion des forages du Ferlo.
I
¡®affection.
D¡¯une fa?on g¨¦n¨¦rale tout le Fer-10 nord sem-
ble atteint, avec une intensit¨¦ particuli¨¨re dans
D. - LE GNIEDIO, MALADIE CARENTIELLE
la zone dite ?des six forages ?. Au sud-ouest,
ET TOXINIQUE
la maladie progresse vers Dahra et Louga. Plus
au nord, ¨¤ proximit¨¦ de Yang Yang et du Lac
En l¡¯absence d¡¯une ¨¦tude ¨¦pid¨¦miologique
de Guiers, les cas seraient plus rares. Les trou-
syst¨¦matique, les multiples observations rappor-
peaux venaient, autrefois, dans cette r¨¦gion,
t¨¦es de points aussi distants que Tatki, V¨¦lingara
subir de v¨¦ritables cures en ¨¦l¨¦ments min¨¦raux
255

Photo no 2. - Ch¨¨vre pr¨¦sentant une paralysie totale du train post¨¦rieur.
.
en absorbant les eaux sal¨¦es du Lac de Guiers
aberration est si commune que de nombreux
,pu en l¨¦chant les terres natron¨¦es de Yang Yang.
¨¦leveurs la consid¨¨rent comme naturelle chez
/¡¯ L¡¯affection ne frappe pas uniquement les z¨¦bus,
leurs animaux.
elle a ¨¦t¨¦ rencontr¨¦e ¨¦galement chez l¡¯?ne, le
Les autopsies viennent confirmer ce trouble.
i¡¯ chameau et plus rarement chez le mouton et la A l¡¯ouverture du rumen, on d¨¦couvre de gros
ch¨¨vre (photo no 2).
d¨¦bris osseux, des fragments de peau et des
corps ¨¦trangers divers ; dans la caillette, on ne
10 Description clinique. \\
trouve plus que des esquilles.
La fragilit¨¦ du squelette vient compl¨¦ter ce
En raison des connaissances acquises sur la
tableau clinique. Elle se traduit par de fr¨¦quentes
pathog¨¦nie de la maladie, il est possible de dis-
fractures, lors de s¨¦ances de vaccination par
tinguer d¨¨s ¨¤ pr¨¦sent :
exemple.
.
10 des sympt?mes dus ¨¤ j,it&osphorpSe,
Dans les troupeaux, o¨´ le pica est tr¨¨s accen-
pr¨¦sents chez un grand nombre de bovitk ;
tu¨¦, on note, en g¨¦n¨¦ral, un mauvais ¨¦tat d¡¯entre-
20 des manifestations de la tox¨¦mie botulique
tien et surtout un plus grand nombre de pertes
qui se greffent dans certains cas sur cet ¨¦taf
cons¨¦cutives ¨¤ des ¨¦volutions aigu?s.
carentiel.
Les sympt?mes nutritionnels attirent peu
I¡¯pttention des ¨¦leveurs. Pour eux, le ? Gniedio ?
Dans le premier groupe se range le pica avec
est essentiellement constitu¨¦ par les manifesta-
une forme particuli¨¨re, I¡¯ost¨¦ophagje. Cette
tions de l¡¯atteinte toxinique.
256

Dans la majorit¨¦ des cas l¡¯¨¦volution se d¨¦roule
La paralysie prend alors une allure ascendante
rapidement. La dur¨¦e est le plus souvent de
pour atteindre les muscles du pharynx, de la
six ¨¤ douze jours et, ¨¤ aucun moment, on ne
bouche et de la langue.
note d¡¯hyperthermie. Au d¨¦but on remarque
La pr¨¦hension des aliments, tr¨¨s lente, s¡¯ac-
une irr¨¦gularit¨¦ de l¡¯allure. L¡¯animal offre une
compagne d¡¯une salivation abondante. La d¨¦glu-
d¨¦marche raide, piqu¨¦e, une rigidit¨¦ accen-
tition des liquides devient impossible et l¡¯eau
tu¨¦e dans la r¨¦gion lombaire. Pour les ¨¦le-
absorb¨¦e s¡¯¨¦coule par les naseaux. L¡¯ext¨¦riori- ¡¯
veurs, cette partie du corps est ? le si¨¨ge du
sation manuelle de la langue s¡¯effectue avec
mal ?, aussi, pratiquent-ils l¡¯application de feux
aisance et l¡¯organe pend inerte sur le c?t¨¦ de la
en longues raies de part et d¡¯autre de la colonne
bouche.
vert¨¦brale.
Des ulc¨¦rations apparaissent au niveau du
c
Parfois un seul membre pr¨¦sente les signes
mufle; elles se couvrent de cro?tes et de souillures
d¡¯une premi¨¨re atteinte, L¡¯extension est difficile
cons¨¦cutives certainement ¨¤ des r¨¦gurgitations
et le bout de I¡¯onglon frotte le sol lors de la trans-
du rumen&es derni¨¨res l¨¦sions ¨¦voquent celles
lation de l¡¯extr¨¦mit¨¦ distale vers l¡¯avant.
observ¨¦es dans le coryza gangr¨¦neux. 1
Ces troubles fonctionnels, qui rev¨ºtent plus
En phase ultime, l¡¯animal maigrit rapidement,
le caract¨¨re de par¨¦sies que de boiteries, ne
I¡¯ceil s¡¯enfonce, la t¨ºte devient branlante puis
s¡¯accompagnent d¡¯aucune d¨¦formation percepti-
finalement se fl¨¦chit en position d¡¯auto-auscul-
ble au niveau des rayons osseux ou des articula-
tation. L¡¯animal ¨¦puis¨¦ succombe alors en quel- -
tions. Le malade demeure en queue de troupeau
ques jours (photo no 4).
puis finit par s¡¯abattre sous un ombrage (photo
Sur le plan biochimique, on note en g¨¦n¨¦ral
no3). Pendant quelques jours, le relev¨¦ est encore
tous les indices d¡¯une h¨¦moconcentration avec
possible, puis tout effort devient vain.
augmentation de I¡¯h¨¦matocrite et du taux des
Photo no 3. -Bovin atteint de la maladie des forages en d¨¦cubitus depuis plus d¡¯une semaine.

Photo na 4. - Bovin en phase terminale de la maladie.
prot¨¦ines. L¡¯ur¨¦mie souvent ¨¦lev¨¦e r¨¦v¨¨le un
Lorsque la paralysie des membres est d¨¦finitive,
catabolisme intense. En fin d¡¯¨¦volution, appara?t
il se peut que l¡¯on assiste ¨¤ une survie de plusieurs
fr¨¦quemment une hyperphosphor¨¦mie li¨¦e, peut-
mois si le malade est nourri au sol. La mort
¨ºtre, ¨¤ l¡¯¨¦tat l¨¦thargique qui s¡¯accompagne d¡¯une
est n¨¦anmoins in¨¦vitable ; elle survient dans
utilisation moindre des esters phosphoriques (24).
une mis¨¨re physiologique compl¨¨te, aggrav¨¦e
La dur¨¦e des ¨¦volutions habituelles est d¡¯envi-
par de nombreuses escarres. De tels bovins
ron une semaine. Parfois, s¡¯observe une forme
sont le plus souvent sacrifi¨¦s par leur propri¨¦-
suraigu? qui frappe des bovins g¨¦n¨¦ralement en
taire et livr¨¦s ¨¤ la consommation.
bon ¨¦tat et ¨¤ laquelle les m?les seraient plus
sensibles. L¡¯incubation est alors tr¨¨s courte et
20 Anatomie pathologique.
la mort survient sans qu¡¯aucun sympt?me ait
pu attirer l¡¯attention (43).
Les l¨¦sions n¡¯ont aucun caract¨¨re sp¨¦cifique.
Dans d¡¯autres cas, au contraire, l¡¯atteinte
Les plus constantes se rencontrent sur l¡¯animal
semble cirSonscrite aux membres et l¡¯animal se
vivant, au niveau des naseaux, du mufle, des
repose fr¨¦quemment en d¨¦cubitus sterno-abdo-
paupi¨¨res et de la vulve. Ces organes sont alors
minai. Cependant, il se rel¨¨ve pour s¡¯alimenter
le si¨¨ge d¡¯une inflammation s¨¦reuse tendant ¨¤
et boire. Des r¨¦missions se produisent et finale-
l¡¯ulc¨¦ration. Dans d¡¯autres cas, la muqueuse
ment l¡¯individu reprend sa place au sein du
s¨¨che, craquel¨¦e, appara?t comme br?l¨¦e.
troupeau. Les ¨¦leveurs pr¨¦tendent que de tels
Lors d¡¯¨¦volution aigu?, la peau, surtout au
sujets seront victimes presque fatalement d¡¯une
niveau de l¡¯encolure, se d¨¦shydrate et se parche-
rechute l¡¯ann¨¦e suivante.
I
mine rapidement.
258

Sur le cadavre on remarquesouvent un PIqUet¨¦
Nous avons eu l¡¯occasion d¡¯observer un exemple
h¨¦morraqique ay n i v e a u d u tractus disestif.
pr¨¦cis tr¨¨s d¨¦monstratif, qui para?t pr¨¦senter la
La kuquk-
valeur d¡¯un sch¨¦ma : un z¨¦bu d¨¦robe dans une
ment attei nte.
case, puis absorbe, un fragment de carcasse
Dans un exemple de forme suraigu? ces
d¡¯un animal abattu ¨¤ la phase extr¨ºme de la
l¨¦sions p¨¦t¨¦chiales. avaient pris l¡¯allure de pla-
maladie. Cette viande devait ¨ºtre livr¨¦e ¨¤ la
cards h¨¦morragiques enveloppant une anse
consommation humaine apr¨¨s cuisson. Dans les
intestinale et d¨¦bordant sur le m¨¦sent¨¨re et les
10 heures qui suivent, ce bovin succombe d¡¯une
ganglions lymphatiques,.
forme suraigu? du ? Gniedio ?.
Presque toujours on observe une tr¨¨s forte
Les travaux de recherche ont ¨¦t¨¦ inspir¨¦s
directement par les trois facteurs d¨¦terminants
de la maladie : ¡¯
caren;e min¨¦rale¡¯(hypophosPhorose)i-t ost¨¦o-
ulmonaire survenu en phase agonique.
phagie -+ botulisme.
Le n¨¦vraxe pr¨¦sente avec une certaine r¨¦gula-
Les¡¯ chapitres suivants sont constitu¨¦s par les
rit¨¦ une r¨¦duction de volume du cordon m¨¦du-
l
observations et les travaux effectu¨¦s.
laire. Les m¨¦ninges offrent parfois un aspect
Ils ont eu pour objet de d¨¦terminer, d¡¯abord,
ongestif surtout dans la r¨¦gion lombaire. L¡¯exa-
dans les conditions d¡¯environnement, les Facteurs
men histopathologique de coupesde la moelle n¡¯a
favorisant l¡¯apparition de l¡¯affection.
Fr¨¦v¨¦l¨¦ aucune l¨¦sion sp¨¦cifique (*).
En zone tropicale, en effet, l¡¯animal, trouvant
II Au niveau des articulations du carpe et du
les ¨¦l¨¦ments de sa subsistance uniquement dans
tarse on observe souvent un aspect particulier
les p?turagesqu¡¯il parcourt, est ¨¦troitement tribu-
du cartilage qui a attir¨¦ l¡¯attention d¨¨s le d¨¦but
taire du milieu naturel. On est donc amen¨¦,
des recherches. II s¡¯agit de larges ¨¦rosions, ¨¤
¨¤ consid¨¦rer la bioc¨¦nose form¨¦e par le sol, le,
desquelles le cartilage
v¨¦g¨¦tal et I¡¯herbivore comme un tout, et un d¨¦s¨¦-¡¯
l¨¦sions ont, sans nul doute, un
quilibre portant sur l¡¯un des termes retentit
Cependant, fait surpre-
fatalement sur les autres.,
s¡¯accompagner que¡¯de
L¡¯expos¨¦ de ces conditions pr¨¦disposantes
signes fonctionnels discrets1 On ne note jamais
sera suivi des recherches plus approfondies
en effet, de gonflement at?iculaire ou synovial.
effectu¨¦es sur l¡¯animal en vue de d¨¦terminer,
D¡¯autre part, ces alt¨¦rations articulaires ne
.v
d¡¯une part, l¡¯origine du trouble nutritionnel _et,
paraissent pas sp¨¦cifiques ?de la maladie des
d¡¯autre part, la nature de la tox¨¦mie qui le
forages ?. Elles ont ¨¦t¨¦ retrouv¨¦es assez r¨¦guli¨¨-
complique.,
rement sur les os provenant d¡¯animaux, pr¨¦sum¨¦s
sains, abattus ¨¤ Dakar. Elles sont probablement
dues ¨¤ un ¨¦tat carentiel tr¨¨s r¨¦pandu.
E. - OBSERVATIONS ET TRAVAUX
DE RECHERCHES SUR LE MILIEU NATUREL
3¡± Etiopathog¨¦nie.
10 Les sols.
La symptomatologie permet de d¨¦gager une
pathog¨¦nie de l¡¯affection. L¡¯entit¨¦ morbide en
La nature des sols conditionne de fa?on ¨¦troite
cause serait due ¨¤ deux ¨¦tiologies diff¨¦rentes.
la composition botanique et la richesse des her-
.
Les carences min¨¦rales et le botuliae, le pica.
bages qu¡¯ils portent.
cons¨¦quence du trouble rapDort¨¦ ¨¤ I¡¯hypophos-
Dans une r¨¦gion s¨¨che et chaude comme le
phorose, permettant ¨¤ l¡¯affection toxinique de
Ferlo, la diff¨¦renciation essentielle se fait ¨¤ partir
-r
S7nstaller.
de la perm¨¦abilit¨¦ et de la facult¨¦ plus ou moins
*
mes ¨¦leveurs sont en effet persuad¨¦s qui
grande ¨¤ retenir l¡¯eau, ces deux caract¨¨res
la contagion s¡¯effectue ¨¤ partir des cadavres.
¨¦tant fonction dans une large mesure de la
I
.
structure physique.
Par contre, la composition chimique agit
(*) Ces r¨¦sultats ont ¨¦t¨¦ confirm¨¦s par M. le Pr. DRIEUX.
directement sur la plante et sur sa valeur fourra-

g¨¨re. La v¨¦g¨¦tation d¡¯un sol pauvre en un ¨¦l¨¦ment
ju Nord (32). En France, des zones ¨¤ ost¨¦omala-
accuse la m¨ºme d¨¦ficience qui se transmet ainsi
:ie, rapport¨¦e ¨¤ une carence identique en phos-
aux troupeaux.
j
Ilhore, aggrav¨¦e par hypercalciose se rencon-
En outre, un bon ¨¦quilibre entre les consti-
,rent en Champagne dans la Ni¨¨vre et dans
tuants du sol est indispensable. Le d¨¦faut de
:ertains d¨¦partements du Nord.
calcium OU de phosphore produit un effet aussi
Au Ferlo, cette d¨¦ficience ne manquera pas de
grave que leur absence simultan¨¦e. Un d¨¦s¨¦qui-
-etentir gravement sur la sant¨¦ des troupeaux.
libre du rapport phospho-calcique est incompa-
<es r¨¦percussions sont de m¨ºme nature que
tible avec une assimilation satisfaisante de ces
:elles d¨¦j¨¤ signal¨¦es dans de nombreux autres
deux ¨¦l¨¦ments min¨¦raux.
3ays.
Les divers types de sols rencontr¨¦s au Ferlo
et d¨¦j¨¤ d¨¦crits, ont subi, sous l¡¯influence des
2O Les eaux.
conditions climatiques, le m¨ºme processus p¨¦do-
g¨¦nique de lat¨¦risation.
Le probl¨¨me de l¡¯eau au Ferlo et I¡¯abreuve-
On peut alors distinguer en fonction de I¡¯inten-
nent des troupeaux seront ¨¦tudi¨¦s en tenant
sit¨¦ des pr¨¦cipitations :
:ompte des modalit¨¦s particuli¨¨res n¨¦es de la
- dans le Ferlo nord, des sols ferrugineux
:r¨¦ation des unit¨¦s hydrauliques artificielles.
tropicaux peu ou pas lessiv¨¦s,
Pour la majorit¨¦ des troupeaux, l¡¯abreuvement
- dans le Fer-10 sud, des sols ferrugineux
l¡¯est pas quotidien. Apr¨¨s avoir p?tur¨¦ tout au
tropicaux lessiv¨¦s (33).
j
Iong d¡¯une journ¨¦e, les bovins se rendent le
Iendemain au forage souvent distant d¡¯une ving-
Quel que soit leur stade d¡¯¨¦volution les ana-
aine de kilom¨¨tres des herbages fr¨¦quent¨¦s.
lyses chimiques r¨¦v¨¨lent d¡¯une fa?on g¨¦n¨¦rale
IIans ces conditions, la quantit¨¦ d¡¯eau absorb¨¦e,
une grande pauvret¨¦ en ¨¦l¨¦ments nutritifs,i \\/ariant suivant les estimations entre 15 et 50 litres,
(tableaux no* 1, 2, 3).
lara?t faible. Ce fait souligne la profonde adap-
Les r¨¦serves min¨¦rales sont peu importantes. / I.ation, visant ¨¤ une ¨¦conomie de l¡¯eau, pr¨¦sent¨¦e
Le calcium repr¨¦sente la fraction dominante de
)ar les z¨¦bus des r¨¦gions sah¨¦liennes. Cette
la somme des bases, la teneur en potassium est
larticularit¨¦ physiologique a fait l¡¯objet d¡¯¨¦tudes
faible (0,Ol ¨¤ 0,05 p. 100) et celle en phosphore
-¨¦centes chez le chameau et les herbivores sau-
est nettement insuffisante. La valeur en P,O, est
Jages du d¨¦sert. Chez ces esp¨¨ces, des m¨¦canis-
presque toujours comprise entre 0,l et 0,2 p. 100. i Ines propres ¨¤ lutter contre la d¨¦shydratation
Les taux d¡¯azote et de mati¨¨res organiques, un
Dnt ¨¦t¨¦ mis en ¨¦vidence (28, 39).
peu plus ¨¦lev¨¦s dans les sols lessiv¨¦s du sud, l De plus, aux ¨¦poques des plus fortes chaleurs,
restent toujours faibles en valeur absolue.
I
Iles quantit¨¦s absorb¨¦es ne sont gu¨¨re sup¨¦rieures
Du point de vue granulom¨¦trie, les sols du
S celles des mois frais de l¡¯ann¨¦e. Cette observa-
Ferlo sud, plus riches en ¨¦l¨¦ments fins (argiles
tion contredit les nombreux travaux qui ont ¨¦ta-
et limons) ont des r¨¦serves en eau sup¨¦rieures ¨¤
bli une corr¨¦lation entre la temp¨¦rature ext¨¦-
celles des sols du nord, ¨¤ texture plus grossi¨¨re.
rieure et les besoins hydriques (27). Aux U.S.A.,
Nous retrouvons donc, au Ferlo, une des
LEVINGSTON, PAYNE et FRIEND (37) ont
grandes caract¨¦ristiques, soulign¨¦es dans les
montr¨¦ r¨¦cemment que des animaux soumis
nombreuses ¨¦tudes p¨¦dologiques effectu¨¦es en
¨¤ un r¨¦gime pauvre en azote sont plus aptes ¨¤
zone tropicale : la pauvret¨¦ en ¨¦l¨¦ments nutritifs
maintenir leur ¨¦quilibre ¨¦nerg¨¦tique lorsque
et tout particuli¨¨rement en phosphore (32,49,50).
leur abreuvement est restreint. Or, les analyses
L¡¯explication de ce ph¨¦nom¨¨ne r¨¦side dans
de fourrages prouvent que la ration des animaux
l¡¯absence d¡¯une couche perm¨¦able, proche de
du Ferlo est, en saison s¨¨che, extr¨ºmement
la surface, susceptible d¡¯emp¨ºcher l¡¯entra?nement
pauvre en azote. II se peut que les bovins limitent
des m¨¦taux et des m¨¦tallo?des par les eaux
leur absorption d¡¯eau afin d¡¯¨¦pargner leurs
d¡¯infiltration.
r¨¦serves azot¨¦es.
Une insuffisance analogue a ¨¦t¨¦ signal¨¦e sur
Par la composition chimique l¡¯eau de boisson
les sols de nombreux autres pays africains : joue un r?le indirect dans la nutrition par les
Afrique du Sud (48), Gambie (50); Rhod¨¦sie
sels min¨¦raux qu¡¯elle contient. Cette modalit¨¦
260
1

TABLEAU N"I
Composition des sols l
lo/ Sols fermgi.neuI non lessiv¨¦s, villags de Diougueul-Ssnarab¨¦,
piste Yonofen-Renan
¨¦chantillon no
26 - 1
26 - 2
26 - 3
26 - 4
26 - 5
profondeur cm
615
15-30
30-45
45-65
65-95
Terre fine p.100 terre totale ...........
100
100
100
100
100
Humidit¨¦ p.100 T.F .......................
0,'
OJ
%a
Os3
OP3
Gmnulom¨¦trie p.100 T.F.
Argile ...........................
2~3
5,O
62
5,O
4.8
Limon
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
3,5
2J
2,3
1*3
Sables fins ......................
67,I
66,4
66':
62,6
61,l
Sables grossiers ..................
26,7
26,0
24:0
29,7
32.3
14ati¨¨res organiques
Mat. erg. totale p.100 ...........
0.34
0,24
0,23
0.12
0,12
Mat.humiques p.100 ...............
0.07
0,06
0,05
0,03
0,03
Humidification p.100 .............
36,8
42,9
38,5
42,9
42,V
Carbone (C) p.iooO
...............
199
1,4
1.3
097
OP7
Azote (N) p.1000
...............
0.19
0,15
0,16
0,12
0.12
Ch ..............................
10,o
993
8,¡¯
5.8
58
P*05 'total p.1000
.......................
i!lx
o.is
u2
0.25
0.22
F203 libre p.1000
.......................
10,13
JO,9
13,5
12.8
13,l
F203 total p.lCOO
.......................
15,I
14.2
16,l
1419
14,4
Fer libre/Fer total .....................
68
77
84
86
91
Complexe absorbant meq./lOO g T.F.
Ca ...............................
0,66
0,27
0,15
0.12
0,49
Q ...............................
0,93
0,66
0,72
0,72
0,52
K ................................
0,03
0.02
0.01
0,Ol
Na ...............................
0,Ol
0.02
S ................................
1,63
0,95
oc=
0,85
1,03
T ................................
28
28
28
2.6
2.9
V ................................
El2
34
31
33
36
pH eau ...........................
6,¡¯
5.4
5.3
5,3
5,2
pH KCl ...........................
5,1
4,3
4,2
4,3
4,1
Pomsit¨¦ su mottes p.100
Humidit¨¦ ¨¦quivalente p-100 ..............
28
2.5
2,9
3,4
3.3
Point de fl4trissement
..................
1,2
1,7
2.2
2,6
295
Eau utile p.100
........................
OP8
098
097
OP8
08
StllXtUETaux d'agr. alcool p.100 .........
29,4
32.1
2913
taux d'agr. eau p.100 ............
29,8
28.7
28.9
taux d'agr. benz¨¨ne ..............
29,5
a.2
20,6
Penc¨¦abilit¨¦ K cm/h .....................
2.7
290
417
(*) WcmitS de " Reconnaissance p¨¦dologique du Fer10 Sud " O.R.S.T.O.M. avril 1964
d¡¯apport est particuli¨¨rement importante dans
contenus dans les sols ; on peut donc pr¨¦voir
le m¨¦tabolisme phospho-calcique. Un exc¨¨s de
que les eaux du Ferlo constitueront, pour le
min¨¦ralisation comme une insuffisance influen-
cheptel, un apport en ¨¦l¨¦ments min¨¦raux de
cent l¡¯¨¦quilibre physiologique. On conna?t des
faible valeur.
troublesdigestifs qui surviennentapr¨¨s laconsom-
Les forages profonds, devenus la source
mation abondante d¡¯une eau saum?tre et le ¡¯ d¡¯abreuvement des troupeaux pendant 7 mois
manque d¡¯iode ou de calcium compromet I¡¯¨¦le-
de l¡¯ann¨¦e, exploitent des nappes de composition
vage dans certaines r¨¦gions.
diff¨¦rente qui donnent soit des eaux calciques,
L¡¯¨¦l¨¦ment liquide dissout les sels min¨¦raux
soit des eaux sodiques (carte III).
.
261

,*
,
*
C
,
>
.
.sanbgm la sanb!pos
sau!-oAAainos
xnoa sap uogon+!s - ¡®E ¡°u aiAu
-sanbTr>-[ez qa sanbSpos sau[Eiiaznos xnea s a p uo?:
U3 WlVd
f
\\
I
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~~-d--~-~-~-,~¡¯ \\smngapae1/,

TABLEAU No11
Composition des sols (suite)
20/ ;O~S ferrugineu lessiv¨¦s,village
de Bantangueul, piste Koussanar-Daoudi
khantillon no
l - l
l - 2
l - 3
l - 4
- 5
- 6
-7
profondeur
O-20
20-35
z-55
55-100
CO-125
>5-150
150
Pen-e fine p.100 terre totale
100
00
0 0
00
FJ
x,
0
hmidit¨¦ p.100 T.F. .........
02
OP4
OP4
0,6
093
0.5
087
:ranulom¨¦trie p.100 T.F.
Argile ..............
11 ,l
13,9
19,9
!2,4
3,8
3.0
L i m o n ...............
28
2,5
392
290
295
2,8
Sables fins .........
3s,4
35,9
27,9
!4,5
!6,6
6,3
Sables grossiers ....
50,7
47,0
482
jO,b
16,b
7,2
titi¨¨res organiques
Mat. org.totale p.100
OA
0,36
0.33
0,21
0,20
Mat. humiques p.100
0,09
0,07
0,Ob
O,W
0,03
Humidification
p.100
34,6
33,3
31,6
33,3
!5,0
Carbone (C) p.1000
2,6
2.1
1,9
12
12
Azote (N) p.lCOO
0,x
0,w
0.29
0,19
0,18
C/N .................
790
790
6.6
6,3
687
P205 total p.1000 ...........
0,ll
0,15
0,15
0,lb
0,12
0,21
0,13
F203 libre p.1000 ...........
A,1
919
12,3
lb,3
16,7
16.7
7,9
"203 total p.1000 ...........
12.5
14,4
lb.6
20,4
22,3
22,l
!2,8
Fer libre/Fer total .........
70
69
73
80
75
76
'9
Complexe absortant mes/100 g T.F.
...................
1,02
0,94
0,86
0,90
O,t31
0,83
089
.
..................
0,38
0,36
0,72
0,82
1,26
1,02
1 ,oo
K ...................
0,04
0,03
O,M
0.04
0.03
0,05
0,03
Na ..................
0,07
0,04
0904
0,06
0,07
O,@J
0,06
s ...................
1,57
1,37
1,bb
1,82
2,17
1996
19%
T ...................
1,6
1,7
2,1
292
2.5
28
297
V ...................
94
81
79
83
37
71
3
pH eau ..............
691
5,9
6,O
6,o
6,2
6,O
58
pH KCl ..............
5,l
4,9
499
4,9
5.2
510
488
Pomsit¨¦ sur mottes p.lOCO
37,3
35,4
36.7
30,2
H!ni¨¤it¨¦ Qquiwl&e p.looo
2
399
496
or:
590
W3
7*6
Point de fl¨¦trissement p.100
;:2
28
397
591
6,3
6.1
58
Eau utile p.100 .............
190
1.1
os9
192
197
1,9
¡®98
Structure
taux ¨¤'agr. alcool p.100
54,0
53,0
56,6
taux d'agr. eau p.100
55,7
57,b
56.6
taux d'agr. benz¨¨ne.
57.3
50,9
51.7
Permkbilit¨¦ K cm/ h .........
1,7
199
395
399
3,4
*,9
223
Instabilit¨¦ str. I.S. ........
1.17
1.04
1,23
Quelle que soit la nature des ions rencontr¨¦s,
fournissent une source d¡¯¨¦l¨¦ments nutritifs non
le taux de min¨¦ralisation reste faible variant n¨¦gligeables.
entre 0,l et 0,15 g par litre de r¨¦sidu sec. Quant
Derni¨¨rement, ont ¨¦t¨¦ mises en ¨¦vidence
¨¤ la composition chimique des eaux de mares
(B. R. G. M. Dakar) des bact¨¦ries capables de
utilis¨¦es par les troupeaux pendant les mois
concentrer les m¨¦taux, l¡¯or en particulier. II
d¡¯hivernage, elle nous est ¨¤ l¡¯heure actuelle j n¡¯est donc pas impossible d¡¯envisager que cer-
inconnue (tableaux, 4, 5, 6, 7).
tains micro-organismes contenus dans l¡¯eau
Tout au plus peut-on dire qu¡¯elles sont d¡¯un
des mares, puissent jouer le m¨ºme r?le vis-¨¤-vis
aspect peu engageant. Troubl¨¦s par le pi¨¦tine- I du phosphore,
ment, souill¨¦s par l¡¯urine et les excr¨¦ments, ces
Concernant la ? maladie des forages ?, quels
lieux d¡¯abreuvement ne semblent gu¨¨re hygi¨¦ni-
¨¦l¨¦ments favorisants peut-on tirer de ces diverses
ques. Mais il se peut que l¡¯abondance des d¨¦chets donn¨¦es ?
organiques et la pullulation de la microflore
La carte situant la r¨¦partition des eaux souter-
263

.
TAEILFAU NOIII
.
COMPOSITION DES SOLS (suite)
3O/ Sols hydromorphes
villnp de Nak?, piste Sare Moude et M'Bouro
Profil 21
Profil 5'7
¨¦chantillon no
21 - 1
21 - 2
21 - 4
37 - 3
37 - 5
profondeur en cm
0 - 15
15 -II
45 - 75
45 - 7c
Terre fine p.100 terre totale
..........
lLu,
1OC
100
100
100
Humidit¨¦ p.100 ..........................
os7
2,4
4,O
194
Or4
kantiom¨¦trie p.100 T.F.
Argile ........................
15,5
35,5
47,2
43,2
11,7
12,s
13,l
Limon
........................
ll,o
4,3
2.7
6,3
491
9.6
697
1
Sables fins ...................
57,J
a,9
34,4
37,a
69.9
61,l
69,9
Sables grossiers ..............
14,13
12,5
11,5
11,3
12,4
17,7
12,8
Mati¨¨res organiques
Mat.org. totale p.100
.........
0,67
0,41
0,20
0,17
1,61
1,31
0,16
Mat. humiques p.100 ...........
0,ll
0,09
0,02
0,02
0,21
0.X
0904
\\
Humidification p.100 ...........
22.2
37,5
16.7
20,o
21,2
26,3
44,4
Carbone
(cl p.1000 ............
399
2,4
1 J
1 ,o
099
7,6
OP9
Azote (N) p.1000
..............
0,30
0,26
0,22
0,15
0,6i
0,55
0,13
Ch ...........................
13,O
912
595
6.7
14,8
13,8
6,OV
P205 total p.looo
.......................
0,14
0,14
0,18
0,17
0,21
0,ll
F203 libre p.lOCB .......................
12,2
23,1
24,3
27,Y
498
4,8
399
F203 total p.l(xx
.......................
15,b
29,l
34,6
34,4
892
7,5
697
Fer libre/Fer total .....................
78
49
70
81
59
64
58
Complexe absorbant meq/lOO g T.F.
............................
1,47
3.63
6,30
7,32
4,58
2,86
1.21
Ei ............................
1.44
2,20
3,29
3.26
1,05
1,66
0,65
K .............................
0,05
0,07
0,07
0,07
O*@?
0,06
0,03
Na ............................
0,16
0,34
0364
0,76
0.10
0,12
0,07
S .............................
3,12
6,24
10,30
11,41
5,Bl
4,70
1,96
T .............................
4,5
8~1
11,0
11,6
¡®TJ
52
2.4
V .............................
69
77
07
93
92
90
82
pH eau ........................
519
596
5,4
6.7
6.5
58
pH KC1 ........................
4,9
495
4,5
5:;
51'3
517
4.7
.
Pomsit¨¦ sur mottes
Humidit¨¦ ¨¦quivalente p.lCOO .............
11,Y
15,2
1713
18,Ol
7.2
6,7
5.0
Point de fGtrissement p.100 ............
491
2,;
13,0
12,2
32
28
2,7
Eau utile p.100 .........................
798
I
4,3
5,8
4,O
3,5
22
structure Taux d'agr. alcool p.100
22,8
31,6
33,2
26.2
31,8
14.3
Ta- d'agr. eau p.100
.........
20,2
18,4
23,9
25.9
27.0
12,5
Taux d'agr. benz¨¨ne ...........
10,2
14,4
12,4
23,7
20,l
12,3
Instabilit¨¦ str. I.S. ...................
3,n
4,43
4,34
0,7c
0,67
4,65
Perm¨¦abilit¨¦ K cm/h .....................
094
OP9
OP5
2,Lj
2.3
1,?
raines fournit d¡¯abord une indication int¨¦ressante.
longues marches pour se rendre au forage
En effet, la zone des eaux ¨¤ faci¨¨s alcal ino-terreux
accentuent encore le caract¨¨re de dure ¨¦preuve
correspond au Ferlo nord o¨´ l¡¯affection pr¨¦sente
que constituent pour les troupeaux les derniers
la plus forte end¨¦micit¨¦. II ne fait alors pas de
mois de la saison s¨¨che au Ferlo. L¡¯organisme
doute que le suppl¨¦ment de calcium apport¨¦
animal mobilise alors tous les m¨¦canismes
.
par ces eaux contribue ¨¤ l¡¯aggravation du d¨¦s¨¦-
physiologiques, restreint son abreuvement pour
quilibre phospho-calcique dont souffrent les
survivre jusqu¡¯aux premi¨¨res pluies. Durant
animaux.
cette p¨¦riode il est ¨¦videmment plus r¨¦ceptif ¨¤
D¡¯autre part, les fatigues caus¨¦es par les
toutes les maladies.
264

TABLEBU NO IV
Analyse d'eau de forege (B.R.G.M.)
Echantillon
Dodji
Date du pr¨¦l¨¨vement
13.9.61
28.11.61
13.1.62
N¡°IRH
PH
eto
12
78
Teneur par litre
mg
meq
mg
m-l
mg
w
Cl
13
0,36
14
0,40
i6,3
0,46
so4
92
1,92
113
2,343
109
23
coJH
120
4,00
120
4.00
123
4,lO
co3
0
0
0
NO 3
0
0
T
0
F
0
0
0
0
0
0
SiO,
'2'5
Total enions
6,2e
6.16
683
Ca +b
24
1,20
2516
I ,2e
26,4
1.32
Hg++
12
O,%
10
0980
Il,6
0,96
Na +
100
4,35
105
4,57
96
4,ie
Ic +
12.4
0,32
i2,e
0,33
13r3
08%
NH+4
0
0
T
0
Fe
*2'3
Total cations
6,e3
6,98
6,m
Extrait sec
416
1.396
428
Duret¨¦
d"Fr
meq
d¡°Fr
m-4
doFk
meq
30 Les fourrages.
Les productions des ? cades ? (Faidherbio olbida),
1)
des ?seings ? (Acacia forfilis), des ? sourous ?
Une richesse relative en esp¨¨ces fourrag¨¨res
(Acacia seyol), des ? beurs ? (Poupartio) et des
conf¨¨re ¨¤ la zone sah¨¦lienne une vocation pasto-
? rands ? (Boubrinio rufescens) sont particuli¨¨re-
raie. L¡¯herbe et l¡¯arbre s¡¯y trouvent associ¨¦s et si I ment appr¨¦ci¨¦es. La quantit¨¦ de feuilles et de
*
les l¨¦gumineuses et les gramin¨¦es repr¨¦sentent i d¨¦bris v¨¦g¨¦taux qui jonchent le sol, apr¨¨s le
les aliments de base des herbivores, lav¨¦g¨¦tation : passage d¡¯un feu de brousse, et que consomment
arbor¨¦e constitue un appoint important en saison 1 les ruminants m¨¦rite d¡¯¨ºtre soulign¨¦e. En 1955,
s¨¨che, Gousses, feuilles et fruits divers permettent ¡¯ dans la r¨¦gion de Lagbar, ADAM a pu l¡¯estimer
aux animaux de franchir des p¨¦riodes difficiles.
¨¤ plus de 870 kg ¨¤ l¡¯hectare (22). Leur valeur
265

.
TARLEAU BO¡¯?
.
Analyse d'eau de fore@ (B.R,G.K) (suite)
Echantillon
Ysre-Lao
Date du pn?lbvement
15.9.61
28.11.61
8.3.62
14.1.62
W'IBH
pa
8.0
7,4
725
2,8
Teneur par litre
mg
mq
mg
@Jeq
mg
meq
mg
meq
Cl
21
0,60
21
0,60
22,7
Oh¡®+
21,3
0,60
so4
4.8
0,lO
12
0,24
40,3
0984
24
0,50
CO 9
126
4,20
12,6
4120
118
3,95
121
4905
>
co3
0
0
0
0
No3
T
0
0
T 0
2
0,03
F
OP4
0,02
0 0
0
T
0
*
SiO,
'2'5
Total anions
4,92
5,@
5.43
5.18
Ca ++
24
1,20
25,6
1,28
22.4
1,12
24
1,20
Mg*
14.5
1,20
15>5
1,28
16.5
i
3
15,7
1,30
Na +
59,s
2,58
57,s
2,50
66
2,87
59
2,57
K f
12
0,31
il,1
0,28
12,0
0,31
il,2
029
NH+4
0
0
Fe
a12o3
Total cations
5129
5,34
5,66
5.36
Extrait sec
2%
468
288
344
Duret¨¦
d¡ãFr
meq
d0Fr
m-2
d¡ãFr
meq
do%
m-l
alimentaire ressortant, telle qu¡¯elle r¨¦sulte des
de repr¨¦senter une succession ? d¡¯unit¨¦s d¡¯¨¦le-
analyses chimiques (MAINGUY, 1955), ¨¦quivau-
vage? centr¨¦es par une installation hydrauli-
drait ¨¤ celle des pailles fourrag¨¨res.
que. A l¡¯int¨¦rieur de ces aires la r¨¦partition des
En outre, les bergers attribuent parfois des
troupeaux n¡¯est pas homog¨¨ne. Les campements
vertus th¨¦rapeutiques aux branchages donn¨¦s
ont tendance ¨¤ se concentrer dans une zone cir-
en vert aux bovins. Cette conception et la pau-
culaire situ¨¦e ¨¤ une distance de 6 ¨¤ 12 km du
vret¨¦ des p?turages expliquent la pratique de
forage. Plus pr¨¨s, les p?turages sont d¨¦grad¨¦s
l¡¯¨¦mondage qui contribue ¨¤ la destruction de la
par le pi¨¦tinement des troupeaux, au-del¨¤, ils
v¨¦g¨¦tation au Ferlo.
imposent aux z¨¦bus des marches trop longues
Des ¨¦tudes tr¨¨s compl¨¨tes sur cette r¨¦gion du
pour se rendre ¨¤ l¡¯abreuvoir. II en r¨¦sulte que
S¨¦n¨¦gal concernant le probl¨¨me botanique des
dans cette zone d¡¯implantation favorable, il
groupements v¨¦g¨¦taux et de leur inventaire
existe souvent une charge animale excessive
floristique ont ¨¦t¨¦ r¨¦alis¨¦es et publi¨¦es dans les
conduisant ¨¤ la malnutrition et ¨¤ I¡¯appauvrisse-
ouvrages de TROCHAIN (46), de ROBERTY (36)
ment progressif des herbages.
et dans les publications de MAINGUY et RAY-
La valeur nutritive des fourrages se d¨¦duit
NAL (35).
de leur analyse chimique. De nombreux ¨¦chan-
Depuis l¡¯implantation des forages profonds
tillonnages ont ¨¦t¨¦ effectu¨¦s, soit au cours de
la presque totalit¨¦ des surfaces p?turables peut
missions d¡¯¨¦tudes botaniques, soit lors des
¨ºtre exploit¨¦e. Sur la carte il serait possible
recherches sur ? la maladie des forages ?. Cer-
266

TAFG!JAU NOVI
hdpe d¡¯em de forage (B.R.G.M.) (suite)
Echantillon
Linguel-e
Date du pr¨¦l&n?ment
14.9.61
27.11.61
8.3.62
11.1.62
NOIRE
PR
7.6
795
7,6
715
Teneur par litre
og
meq
mg
meq
w
meq
mg
=+q
Cl
35.5
l,oo
35.5 1
39
1,lO
42,6
1,20
SO
CO)
280
120 4.00 5.84
336
126 4120 7,oo
288
118
6900
3,95
312
123
4,lO
6,50
co3
0
0
0
0
NO3
0
0
2
0,03
0
F
0 0
OP3
0.02
T
0
0
0
SiO2
'2'5
Total enions
lO,e4
12,22
11,ce
11,80
Ca ++
53.0
2-64
5494
2,72
53.4
2,67
448
2,24
Me++
20
1.68
21
1,76
22,9
189
25,9
2,14
Na +
155
6,74
190
8.26
145
6,30
155
6,75
K +
16,5
0,42
16,3 0.42
16,5
0,42
16
0,41
N E + 4
0
0
0
0,50
0,03
Fe
A12o3
Total cations
11,4@
13,16
11.28
11,57
Extrait sec
740
764
7%
700
Duret¨¦
dofi
meq
dofi
meq
d0Fr
meq
dOFr
meq
taines donn¨¦es, applicables au Ferlo, provien-
- enfin, le r?le tenu par le ? p?turagea¨¦rien ?
nent du C.R.Z. de Dahra. Toutefois, les r¨¦sultats
est d¡¯aDDr¨¦ciation
difficile.
des analyses chimiques n¡¯apportent qu¡¯une l
ns
L¡¯¨¦chantillon ne repr¨¦sentedoncqu¡¯imparfaite-
approximation dans la connaissancedu probl¨¨me 1 ment la composition globale du p?turage et plus
de l¡¯alimentation des herbivores. Des raisons
difficilement encore l¡¯aliment ing¨¦r¨¦. Si l¡¯on veut
multiples limitent leur signification (35) :
i
consid¨¦rer le nutriment, l¡¯impr¨¦cision s¡¯aqqrave
-I
- en premier lieu, le nombre des analyses / encore. L¡¯¨¦tude de la digestibilit¨¦ des diverses
s¡¯av¨¨re insuffisant pour donner des valeurs 1esp¨¨ces v¨¦g¨¦tales est ¨¤ ses d¨¦buts. Le calcul de
statistiaues certaines ;
/ la valeur fourrag¨¨re s¡¯effectue donc ¨¤ partir de
donn¨¦es purement th¨¦oriques.
- la nature et la proportion des diff¨¦rentes
Ces r¨¦serves ¨¦tant faites, que peut-on d¨¦gager
esp¨¨ces v¨¦g¨¦tales consomm¨¦es sont impr¨¦- de ces analvses ?
cises ;
Tout d¡¯aiord, le fait dominant r¨¦side dans la
- la plante est rarement utilis¨¦e dans sa
bri¨¨vet¨¦ du cycle v¨¦g¨¦tatif. D¨¨s les premi¨¨res.
totalit¨¦, les feuilles et les parties les moins ligneu-
pluies l¡¯herbe jaillit du sol, parvient ¨¤ maturit¨¦,
ses ¨¦tant les plus recherch¨¦es ;
puis se dess¨¨che rapidement. Au cours de la
267

TABLEAUNOVII
Bn¨¤lyse d¡¯eau de forage (B.R.G.M.) (swte et fin)
Echantillon
Lagbar
Date du p&l¨¨vement
15.9.61
28.11.61
8.3.62
13.1.62
NOIRE
PR
78
7,6
84
738
Tsneurparlitrs
w
w
mg
meq
Qw
m-2
w
m-2
Cl
7 1
2,00
71 2,00
772
2,12
74,5 2.10
SO
23
O,@
50
1104
6.1
0.20
30,4
0,80
CO :
14
5,80
120
4,oo
117
3180
117
3,90
co3
0
0
0
0
No3
0
0
0
T 0
P
094
0,02
0 0
0
02
0,Ol
SiO2
'2'5
Total anions
6.30
7104
6.22
6.81
Ca i-t
14,2
0,72
16
0980
13,8
0,69
14,4
0,72
&3++
5
0,40
10
0,80
9,9
0,82
992
0,76
Na +
120
5,22
120
5122
108
4170
125
5,44
II +
14,2
0,36
14,2
0,39
15.4
0,39
14,9
03
NH+4
T
0
0
0.5
0,03
F e
u2o3
Total cations
6,70
7,2i
6,60
7,33
Extrait sec
420
1.412
404
516
Duret
d¡ãFr
meq
dofi
meq
d¡ãFk
meq
dOr¡¯r
m-2
saison humide et de la saison s¨¨che, les bovins
effectu¨¦es (*) esi de 0,45 U. F. par kg de mati¨¨re
sont soumis ¨¤ une alimentation essentiellement
s¨¨che ¨¤ la saison humide. Elle tombe ¨¤ 0,15 ou
diff¨¦rente. Le taux des ¨¦l¨¦ments nutritifs et plus
0,20 U. F. d¨¨s le mois de janvier.
encore leur digestibilit¨¦ varient ¨¦norm¨¦ment
Le r¨¦sultat le plus significatif porte sur les
dans l¡¯ann¨¦e.
taux de phosphore et de calcium fournis par ces
Le tableau 8 donne des valeurs obtenues avec
analyses. On remarque, ¨¤ la fois, la faiblesse
des pr¨¦l¨¨vements r¨¦colt¨¦s les uns en fin de cycle
de la teneur en phosphore et la valeur ¨¦lev¨¦e du
v¨¦g¨¦tatif, les autres pendant la saison s¨¨che.
rapport phospho-calcique.
L¡¯examen de ces chiffres permet de noter tout
Des conclusions semblables ressortent des
d¡¯abord une d¨¦shydratation rapide et presque
compositions chimiques des fourrages port¨¦es
totale des fourrages. En quatre mois, l¡¯humidit¨¦
dans les tableaux 9 et 10.
moyenne est pass¨¦e de 68 p. 100 ¨´ 5 p. 100.
Les travaux de LABOUCHE et MAINGUY,
Le taux des mati¨¨res azot¨¦es, d¨¦j¨¤ faible ¨¤ la
confirmant ceux effectu¨¦s en Afrique du Sud (48),
bonne saison, diminue sensiblement dans les
pailles s¨¨ches.
(*) Travail en cours ¨¤ la section de chimie nutrition du
La valeur ¨¦nerg¨¦tique moyenne obtenue ¨¤
Laboratoire national de I¡¯Elevage de Dakar (VALENZA J.
partir de quelques exp¨¦riences de digestibilit¨¦
et BOUDERGUES R.).
/
268

TABLEAU N"VII1
Fourragss r¨¦coltks fin
Fourrages r¨¦colt¨¦s en
saison des pluies
saison s¨¨che
Dahra
Dakra
Loumbol
Lagbar
Dahre
I)&i?3
13.9.63
21.9.03
30.9.63
18.12.64
13.1.64
18.2.64
Mati¨¨res s¨¨ches
p.100 tico1te
23,43
28,59
41,ll
93,44
93988
95,@
Mat. azot6es totales
6,60
5,25
4908
2,98
1.97
2,14
Cellulose
39,65
35.15
39,4
41,19
43,34
42,09
Mat. totales
grasses
1,71
1,21
1~5
1,32
1,70
1,38
Mat. min¨¦rales totales
6,67
7129
6,03
11,04
5,05
3,57
Extractif non azot¨¦
45,29
51,lO
48,89
3889
47,90
46,51
Calcium
0,608
0,609
0,460
0.24
0,56
0,29
Phosphore
0,076
0,052
0,105
0,025
O,@+
0,019
Ca/P
890
il,71
4,38
9,60
14,oo
15,26
Remarque : Les r¨¦sultats sont exprim¨¦s en p.100 de mati¨¨res s¨¨ches,
ont montr¨¦ que la teneur des plantes en acide
¨¤ la mati¨¨re s¨¨che), lorsqu¡¯ils sont constitu¨¦s par
phosphorique cro?t jusqu¡¯¨¤ la floraison. Les sels
des herbes jeunes, avec un ¨¦quivalent amidon
de cet acide s¡¯accumulent alors dans les feuilles.
de 60,
D¨¨s que commence la d¨¦shydratation, I¡¯enrichis-
- 0,15 p. 100 d¡¯acide phosphorique lorsqu¡¯ils
sement des parties sup¨¦rieures du v¨¦g¨¦tal s¡¯ar-
ne sont plus que des pailles, o¨´ la valeur ¨¦nerg¨¦-
r¨ºte, puis le taux en phosphore diminue, les
tique est tomb¨¦e ¨¤ 20 dans la m¨ºme unit¨¦.
phosphates gagnant la racine et m¨ºme retour-
Le besoin particulier des bovins en phosphore
.
nant au sol.
est un fait connu. Pour cette esp¨¨ce, la valeur du
LEWITE (7) a observ¨¦ en outre que I¡¯appau- 1j rapport Ca/P doit ¨ºtre comprise entre 0,75 et
vrissement en phosphore, sous l¡¯effet de la s¨¦che- 1i1,2 (19).
x
resse, s¡¯accompagne d¡¯une augmentation de la
Les analyses montrent que, dans le Ferlo, les
teneur en calcium.
fourrages ne remplissent aucune de ces deux
Ces constatations sont valables pour la r¨¦gion
qui nous int¨¦resse. Pendant 7 mois de l¡¯ann¨¦e, conditions. Pendant la longue p¨¦riode de saison
s¨¨che on ne retrouve pas dans la ration le mini-
l¡¯animal consomme un aliment ligneux et indi-
geste contenant peu de phosphore et beaucoup
mum de phosphore indispensable et le rapport
de calcium.
phospho-calcique offre une valeur nettement
/
Or les quantit¨¦s de phosphore et de calcium ! d¨¦favorable. L¡¯apparition du trouble nutritionnel
apport¨¦es par l¡¯alimentation doivent r¨¦pondre ¨¤
est donc facilement explicable.
deux conditions (19). La premi¨¨re concerne un
Les conclusionsse retrouventdans le tableau 11
besoin minimum exprim¨¦ en poids, la seconde
extrait de l¡¯¨¦tude de RAYNAL J. (35).
implique qu¡¯un certain rapport, variable suivant
>
les esp¨¨ces, doit exister entre ces deux ¨¦l¨¦ments, /
F. - OBSERVATIONS ET RECHERCHES
Pour THEILER (47), la quantit¨¦ minimum de j
DE PATHOLOGIE
phosphore n¨¦cessaire journellement, exprim¨¦e
en P,O, est de 27 g, Au-dessous de cette limite,
L¡¯¨¦tude du milieu naturel a permis de souligner
w
I¡¯ost¨¦ophagie s¡¯installe (15, 17).
l¡¯insuffisance et le d¨¦s¨¦quilibre phospho-calcique
Les fourrages sont capables de satisfaire ces 1¡¯ des sols, des eaux et des p?turages du Ferlo.
exigences que s¡¯ils contiennent :
Les observations suivantes mettront en lumi¨¨re
le retentissement sur l¡¯animal de ces diverses
- 0,45 p. 100 d¡¯acide phosphorique (rapport¨¦
d¨¦ficiences.
269

TABLEAU NOIX
~nnlyses effectu¨¦es par le Laboratoire de Dakar sur des p&l¨¨vements ticolt¨¦s au Cours d'une mission
au Ferlo, conduite par N. ADAJS J.G., Ing¨¦nieur des travaux forestiers, d¨¦but 1953
Lieu de
Mati¨¨res
Mati¨¨res
Mati¨¨res
Cendres
pr¨¦1hw!Jent
Conposition botanique
Eau
min¨¦rales
grasses
Prot¨¦ines cellulc-
E.N.A.
P
c
ins.
siques
HC1
Dimar (DiGri)
Kragrostis tremula
Schoenfeldia nacilis
sol sablo-
Cenchrw biflorus
argileux
Abysicarpus vacindis
Zornia clip vlla
71,oB
103,40
20
68,4
303,6
433,52
0,635
234
68,4
Oldenlendria @?andiflOra
Merremia snmtifolca
Borreria stachydea
Aristida mutabilis
57>50
74,44
9,83
55,12
357,8
445,31
0,179
1,125
55,18
sic usv apinalis
3orreria r3diot.a
82,lO
117,2
23,90
97,2
300,s
378,80
1,087
6,s
51,50
:iorrwia staciwdea
Zor3io ¨´i phylla
Dominante
Schizach~ium exile
Zornia diuhylla
Schoenefeldia nacilis
90,5
68,9
17,40
73,50
335,lO
0,14
3,74
44,7
Aristida mutnbllls
Panicnm laetum
I~omea coscinoswvma
Tatki
Schoenefeldia gracilis
Polyc~a 1inearifolis
Alysicarpus va+nalis
&nchrw biflorus
Aristide. lontiflora
Aristida mutibiiis
L
75,35
103,17
12,15
49187
293,a
.L65,64
0,186
2,666
BO,64
correria ra¨´iatn
~Zitrullw COlOC. this
Dicoma touentosa
Lndimfera divhvlla
Indigofera tiscosa
r
*
.
*
f
M

0
8
3
.
%
.
m-
0
e
8
-*
.
a
?
c
c
l
0
4.
* . 7
z
4
5
¡®0s
.
Ln
F
.
-
?
N
8
N¡¯
%
$
tn
x
8.
\\o¡¯ -
0
c¨¹
\\D.
.
.

TABLEAU N¡±XI
Valeur moyenne de r¨¦sultats d¡¯analyses par groupement v6g¨¦tal *
¡®l-nati¨¨rt aati¨¨rs ZGG vati¨¨re
mati¨¨re
groupement v@xl
:¨¨che
Mrale Tasse n-ct¨¦iqu
ellu-
ENA prot¨¦ique CA P
ritale
lcse
digestible
Tephrcsia
platWirpa
279
75,v
20,4
If3
349
440
66,6
3,97
0,473
0.57
Mcnechm + Ekxreria
207
119
18
78,2
357
423
39,6
4$58
0,502
0.48
AXldrCPOgCn
.
+ Mcnecbma
272
72
11
41,v
433
441
9,55
2.16
0,266
W4
Andrcuwcn + Zcrnia
260
56,0
15
54.2
419
453
16,l
1.96 0,203
OS%
ZClTG.2.
211
79,l
15
108
364
433
63.5
3,98
0.45
0.61
Diheteropwcn
hwerupii + And.rcpcmn
pseudaPricus
317
62,46
13,s
56,4
406,! 457
22,4
1,135 0,141
Q,47
Zcrnia +
Schoenefe1di.s
231
05,2
1412
87
373.1 437
45,4
2.77 0,367
0.56
Aristida fkniculata
6ofl
70
Il,5
51,2
493
458
20
0,312 0,097
0,33
Bas fonds
231
106
12,5
4217
593
432
iv,7
3,24
0,63
0,43
(*) en p.looO de mati¨¨re s¨¨che
1¡± Le trouble nutritionnel. Hypophosphorose.
sont abondants et les animaux au mieux de leur
forme, l¡¯autre au mois de juin ¨¤ la fin de la saison
Faisant suite ¨¤ des observations ant¨¦rieures,
s¨¨che.
une enqu¨ºte syst¨¦matique a ¨¦t¨¦ entreprise sur un
La premi¨¨re p¨¦riode a port¨¦ sur les troupeaux
certain nombre de troupeaux du Ferlo.
des points suivants :
En effet, apr¨¨s les premi¨¨res recherches por-
tant sur 19 pr¨¦l¨¨vements sanguins effectu¨¦s dans
- Forage de Lagbar (150 50¡¯ N - 140 48¡¯ W),
cette r¨¦gion en juin/juillet 1963 et sur 4 pr¨¦l¨¨ve-
campement de Loumboul-K¨¦lely (15048¡¯ N -
ments provenant de vaches malades originaires
140 38¡¯ W),
campement
de Loubel-Kalidy
de Dahra et Louga transport¨¦es au laboratoire,
(150 50¡¯ N - 140 39¡¯ W), campement de Tilel
les r¨¦sultats avaient fait appara?tre un taux de
(150 48¡¯ N - 140 52¡¯ W).
phosphore inorganique sanguin assez faible
- La deuxi¨¨me p¨¦riode a port¨¦, autant qu¡¯il
(50,7 mg/1 +- 9,31) et un taux de calcium ¨¦gale-
¨¦tait possible, sur les m¨ºmes animaux. Ont ¨¦t¨¦
ment abaiss¨¦ (83,4 mg,/1 & 3,60). De m¨ºme les
¨¦limin¨¦s les campements de Loumboul-K¨¦lely
analyses effectu¨¦es sur des os d¡¯animaux morts
et Loubel-Kalidy dont les troupeaux avaient
de la maladie, pr¨¦sentant une teneur en lipides
transhum¨¦ au Oualo pendant la saison s¨¨che
tr¨¨s basse et un rapport mati¨¨re min¨¦rale/protide
et n¡¯¨¦taient pas encore revenus ; ont ¨¦t¨¦
inf¨¦rieur ¨¤ la normale, avaient permis de
ajout¨¦s les troupeaux du campement de Khadar
conclure ¨¤ un certain degr¨¦ d¡¯ost¨¦omalacie.
(150 44¡¯ N -14045¡¯ W) et du forage de Yar¨¦-Lao
Le troupeau de z¨¦bus du Centre de recherches
(160 02¡¯ N - 140 33¡¯ W) d¨¦pendant du cercle de
zootechniques de Dahra-Djolof qui, recevant
Podor.
une alimentation compl¨¦ment¨¦e,
peut ¨ºtre consi-
C
d¨¦r¨¦ comme non carenc¨¦, a constitu¨¦ le terme de
Les examens faits sur le troupeau de Dahra
comparaison.
et lors de la premi¨¨re partie de l¡¯enqu¨ºte
Cette enqu¨ºte a comport¨¦ deux p¨¦riodes
ont port¨¦ sur les prot¨¦ines plasmatiques to-
d¡¯¨¦tudes : l¡¯une au mois de d¨¦cembre quand,
tales, le phosphore inorganique plasmatique, le
apr¨¨s la fin de la saison des pluies, les p?turages
calcium libre plasmatique, le pH urinaire,
272
a

.
TABLEAU NOXII
Rkultats de la premi¨¨re pkiode d'enqu¨ºte (intervalle de confiance de la moyenne au niveau O,%)
I
moyenne
IAGBAR
TILEL
LOUBEL
LQLJMEOUL
DAmA
g¨¦n¨¦rale
Phosphor¨¦mie en mg/1
45
52,8
25
52,7
18
50,3
29
56,7
117
5314
57
60,6
2 4,33
k4.73
+ 4.07
2 5,86
2 2,40
+ 3,35
(Calc¨¦mie en m$l
41
101,8
25
102,3
18
102.0
30
103,3
114
102,3
57
103,l
2 2,x)
2 2,24
& 3,14
+ 3,ll
5 13
* 0,90
Prot¨¦ines totales en $ 1 40
86,3
25
a3,g
17
@4,3
29
90,5
111
86,6
54
a,5
+ 2,91
i: 3,71
2 2,79
+ 3.95
5 1,72
+ 2.17
pH urinaire
24
8,16
20
8,24
14
8.27
2 6
8,22
84
8,21
55
8.24
5 0908
+ 0,12
+ 0,17
+ 0,19
2 0.07
2 o,w
P urinaire
cr¨¦atinine urinaire
29
14,6
16
14,3
14
1511
22
22,5
81
16,9
37
19,7
r. 3,16
* 4,85
f. 3,57
-: 6973
+ 2,35
+ 2,57
Remarque : Le rapport Ca urinaire/cr¨¦atinine urinaire est beaucoup trop inconstant pour que le calcul d'une moyenne
soit possible.
TABLEAU N"XII1
R¨¦sultats de la deuxi¨¨me p¨¦riode d'enqu8te (intervalle de confiance de la moyenne au niveau O,gS)
LhGBAR
TILEL
DlO~~IUE?
l- KHADAR
YARJ-LAO
LAGMR-TILEL
phosphor¨¦xie en mg/1
37
49.5
15
45,2
52
48,2
41
47.0
54
2
2 3,95

& 8.50
&
2
2 Jr95
2 3,47
calc¨¦mie en mg/1
37
101,v
15
100,3
52
101,4
41
93,6
54
+
+ 1,82
f.
f. 2,31

2
2 0,72

2 1,95
prot¨¦ines totales en g/l
37
69,5
15
71,l
52
69,9
41
63,4
54
2
2 2,16
2
2 3,96

2
2 0,72

L 2,30
pression osmotique du
plasma en milliosmoles
37
284,9 15
15
286,2
52
285,3
41
280.9
54
2
2 4,18

1: 6,12
+ 0.65
f 3,78
273

phosphore urinaire
l e r a p p o r t ~~-
(m¨ºme pour le phosphore inorganique plasma-
et le rapport
cr¨¦atinine urinaire
tique o¨´ t = 1,04 pour 520 de libert¨¦).
calcium urinaire
Entre les deux p¨¦riodes de l¡¯enqu¨ºte la seule
cr¨¦atinine urinaire ¡¯
diff¨¦rence significative a port¨¦ sur les prot¨¦ines
Le rapport constituant urinaire/cr¨¦atinine
totales du plasma (t = 10,41 P ( 0,Ol) ce qui est,
urinaire a ¨¦t¨¦ introduit en supposant constante
semble-t-il assez normal, eu ¨¦gard aux conditions
l¡¯excr¨¦tion de cr¨¦atinine pour ¨¦liminer le facteur
climatiques et alimentaires rencontr¨¦es au cours
de concentration urinaire qu¡¯il ¨¦tait impossible
de cette seconde p¨¦riode.
d¡¯¨¦valuer. Lors de ladeuxi¨¨me p¨¦riode d¡¯enqu¨ºte,
II semble donc que le taux de phosphore inor-
les pr¨¦l¨¨vements d¡¯urine, assez mal support¨¦s
ganique plasmatique ne varie pas entre le mois
par les animaux et tr¨¨s peu appr¨¦ci¨¦s des ¨¦le-
de d¨¦cembre et le mois de juin. II existe donc,
veurs peuls, ont ¨¦t¨¦ supprim¨¦s. La d¨¦termination
dans les troupeaux de cette r¨¦gion, une hypophos-
de la pression osmotique a ¨¦t¨¦ ajout¨¦e ¨¤ Ia liste
phor¨¦mie manifeste et en quelque sorte ? instal-
pr¨¦c¨¦dente.
l¨¦e ?.
R¨¦sultols.
Variation g¨¦ographique.
Ils sont expos¨¦s dans les tableaux 12 et 13.
On remarque d¡¯autre part des diff¨¦rences
Hypophosphorose.
significatives entre les moyennes de troupeaux
particuliers :
La comparaison des moyennes obtenues ¨¤
Dahraet au Ferlo au cours de la premi¨¨re p¨¦riode
1) le troupeau de Loumboul-K¨¦lely dont la
permet d¡¯¨¦tablir que seule la phosphor¨¦mie
phosphor¨¦mie et la phosphaturie sont peu diff¨¦-
est significativement diff¨¦rente entre les deux
rentes de celles du troupeau de Dahra ;
groupes de bovins (t = 7,249 P < 0,02). Les
2) le troupeau de Khadar qui montre un
taux de la calc¨¦mie, de la prot¨¦in¨¦mie et de la
effondrement du taux de prot¨¦ines plasmatiques
phosphaturie ne le sont pas. Il est ¨¤ noter que dans
et une baisse sensible du taux de calcium, cepen-
le cas de la phosphaturie, le troupeau de Loum-
dant que le taux de phosphore inorganique
boul-K¨¦lely apporte une perturbation, car,
reste comparable ¨¤ celui de Lagbar et Tilel
compar¨¦ aux autres troupeaux, il en est signi-
( t = 4,61 p o u r les prot¨¦ines plasmatiques,
ficativement diff¨¦rent (t = 2,434 P < 0,05) mal-
t = 6,34 Po;t- le calcium) ;
gr¨¦ un intervalle de confiance tr¨¨s ¨¦tendu. Sa
3) le troupeau de Yar¨¦-Lao comparable ¨¤
suppression des calculs rend l¡¯excr¨¦tion de
celui de Lagbar au point de vue protidique
phosphore des autres troupeaux de la r¨¦gion
pr¨¦sente un taux de phosphore inorganique
tr¨¨s significativement diff¨¦rente de celle du
plasmatique singuli¨¨rement abaiss¨¦ (t = 4,74 P
troupeau de Dahra (t = 2,606 P < 0,Ol).
< 0,Ol). II en est de m¨ºme pour le calcium
L¡¯hypophosphorose des troupeaux de la r¨¦gion
(t = 3,54 P < 0,Ol). Ce troupeau a ¨¦t¨¦ particu-
de Lagbar est donc confirm¨¦e, m¨ºme apr¨¨s la
li¨¨rement atteint par la maladie.
saison des pluies, lorsque les p?turages sont les
Des conditions¨¦daphiques particuli¨¨res(Loum-
plus riches. Elle se traduit par un taux de phos-
boul-K¨¦lely est install¨¦ au bord d¡¯une mare),
phore inorganique plasmatique et une excr¨¦tion
des conditions d¡¯¨¦levage diff¨¦rentes (ce m¨ºme
de phosphates abaiss¨¦e par rapport aux normes
troupeau transhume au Oualo en saison s¨¨che),
d¡¯un troupeau non carenc¨¦.
des conditions ¨¦cologiques variant l¨¦g¨¨rement
pourraient expliquer de telles divergences
Variofion saisonni¨¨re.
entre les troupeaux g¨¦ographiquement peu ¨¦loi-
Du fait qu¡¯il n¡¯a ¨¦t¨¦ possible de retrouver
gn¨¦s les uns des autres (distance Lagbar/Yar¨¦-
que deux des quatre troupeaux s¨¦lectionn¨¦s ¨¤
Lao = 45 km).
la premi¨¨re p¨¦riode de l¡¯enqu¨ºte, la comparai-
son des deux p¨¦riodes ne comprend pour le
20 Etude de la tox¨¦mie. Botulisme.
calcul de la moyenne de la seconde que les
campements de Lagbar et Tilel. Ceux-ci ne sont
Les recherches portant sur la mise en ¨¦vidence
jamais significativement diff¨¦rents entre eux
d¡¯une tox¨¦mie d¡¯origine botulique sont actuelle-
214

ment en cours d¡¯ex¨¦cution. Des r¨¦sultats ont ¨¦t¨¦ ;
a) Reproducfion ae la molodie sur z¨¦bu au labo-
.
obtenus, mais ils sont encore incomplets. Les , Moire.
isolements de la toxine et du germe ana¨¦robie
Au cours d¡¯une des toutes premi¨¨res tourn¨¦es
en cause, Clostridium boiulinum, ¨¤ partir de
D
effectu¨¦es au forage de Lagbar, des pr¨¦l¨¨vements,
pr¨¦l¨¨vements provenant d¡¯animaux ¨¤ l¡¯agonie
en vue d¡¯une exp¨¦rience pr¨¦liminaire, furent
ou de cadavres permettront seuls d¡¯apporter
pratiqu¨¦s sur des carcasses de bovins morts en
une conclusion d¨¦finitive*. A l¡¯heure actuelle, les
brousse, Ils ¨¦taient essentiellement constitu¨¦s
travaux ont port¨¦ sur :
de lambeaux de muscles noir?tres, plus ou moins
a) la reproduction de la maladie naturelle chez
dess¨¦ch¨¦s, adh¨¦rents aux os ou ¨¤ la peau. Des
le z¨¦bu ¨¤ partir de produits ing¨¦r¨¦s r¨¦colt¨¦s sur
morceaux de viande et d¡¯ossements putr¨¦fi¨¦s
bovins ayant succomb¨¦ ¨¤ la forme aigu? de la
furent ¨¦galement recueillis.
?
maladie des forages ;
La presque totalit¨¦ de ces produits, apr¨¨s
b) l¡¯emploi de la s¨¦roth¨¦rapie antibotulique
broyage et mise en suspension en s¨¦rum physio-
C et D dans le traitement d¡¯animaux malades ;
logique, fut administr¨¦e ¨¤ lasonde cesophagienne
c) des essais de vaccination en zone d¡¯end¨¦mi-
¨¤ trois bovins.
*
cite ¨¤ l¡¯aide des anatoxines C et D :
Deux veaux moururent sans pr¨¦senter de
d) la reproduction de la maladie chez des
signes de botulisme. Le troisi¨¨me succomba au
souris inocul¨¦es avec un filtrat d¡¯une culture
bout de 4 jours en pr¨¦sentant des sympt?mes de
mixte st¨¦rile ;
paralysie des membres, de la langue, du p¨¦nis,
e) une exp¨¦rience de s¨¦ro-neutralisation pra-
qui rappellent le tableau clinique de la maladie
tiqu¨¦e chez cette esp¨¨ce de laboratoire.
des forages.
Photo no 5. - Exemple de n¨¦crophagie.
* N. D. L. R. - Ce diagnostic bact¨¦riologique est maintenant effectu¨¦ ; il s¡¯agit de Closfridium bofulinum type C.
Une prochaine publication compl¨¨tera ¨¤ ce sujet, ce premier article.
275
REV¡±IT I)¡®I::LKVAGE
3

c
b) S¨¦rofh¨¦rapie anfibofulique C ef D (*).
pas de m¨ºme de la motricit¨¦ des membres et
5
En raison du prix ¨¦lev¨¦ du s¨¦rum antibotulique
3 mois apr¨¨s l¡¯animal est toujours paralys¨¦.
bivalent, l¡¯exp¨¦rimentation a pot-t¨¦ sur une
quinzaine de cas. Bien souvent, il a ¨¦t¨¦ impossi-
Observafion no 5.
ble de renouveler l¡¯intervention comme il e?t ¨¦t¨¦
Elle porte sur 2 g¨¦nisses pr¨¦sentant tous les
utile de le faire. En r¨¨gle g¨¦n¨¦rale, une seule
sympt?mes d¡¯une ¨¦volution aigu?. Ces animaux
injection de 200 ml de s¨¦rum par voie sous-
ont ¨¦t¨¦ surpris quelques jours auparavant en
cutan¨¦e a ¨¦t¨¦ pratiqu¨¦e. Nous rapportons ici
train d¡¯absorber des fragments d¡¯os provenant
quelques observations :
d¡¯un cadavre de bovin mort.
L¡¯une re?oit 150 ml de s¨¦rum, tandis que l¡¯autre
Observation no 1.
est laiss¨¦e sans traitement. Au bout de 8 jours,
L¡¯animal pr¨¦sente des sympt?mes depuis
la premi¨¨re a rejoint le troupeau, la seconde ne
j
2 jours : ptyalisme, allure ?piqu¨¦e ?, titube I¨¦g¨¨-
tarde pas ¨¤ succomber.
rement. Dans les 8 jours qui suivent le traitement,
une am¨¦lioration se dessine et l¡¯animal tr¨¨s
Observafion no 6.
amaigri reprend sa place au sein du troupeau.
f
G¨¦nisse en d¨¦cubitus, relev¨¦ impossible, jetage,
Observation no 2.
larmoiement et ptyalisme abondant.
Vache ayant v¨¦l¨¦ quelques jours auparavant.
L¡¯injection de 150 ml de s¨¦rum entra?ne la
Demeure couch¨¦e en brousse. Avec l¡¯aide des
r¨¦gression des sympt?mes au bout de 5 jours.
¨¦leveurs le relev¨¦ est encore possible et l¡¯animal
Les observations pr¨¦c¨¦dentes portent sur des
se d¨¦place lentement. L¡¯ceil est enfonc¨¦, larmo-
cas ¨¤ ¨¦volution rapide. Celles qui suivent int¨¦res-
yant, le mufle sec et les naseaux souill¨¦s de jetage
sent des exemples pr¨¦sentant une allure chroni-
abondant.
que aboutissant ¨¤ une paralysie des membres.
Apr¨¨s injection du s¨¦rum antibotulique le
Cet ¨¦tat, fr¨¦quent dans le Ferlo, sur de vieux
comportement redevient normal et tous les signes
animaux et en fin de saison s¨¨che, peut ¨ºtre la
pathologiques disparaissent.
cons¨¦quence tout aussi bien d¡¯une malnutrition
g¨¦n¨¦rale que de l¡¯action d¡¯une toxine.
Observafion no 3.
-3
Taureau de 4 ans, en d¨¦cubitus depuis 3 jours.
Observation no 7.
Relev¨¦ encore possible lorsque l¡¯animal y est
Vache ?g¨¦e, en d¨¦cubitus depuis plus de
pouss¨¦. La langue reste pendante apr¨¨s extirpa-
10 jours. Etat de d¨¦nutrition extr¨ºme, comporte-
tion manuelle. Des cro?tes ¨¦paisses recouvrent
ment l¨¦thargique, inapp¨¦tence, inrumination,
les narines.
constipation.
L¡¯injection de s¨¦rum n¡¯ayant produit aucun
L¡¯injection de s¨¦rum semble sortir la malade
effet, le taureau est abattu 3 jours apr¨¨s.
de sa torpeur, la rumination reprend, les excr¨¦-
ments sont de nouveau ¨¦mis, l¡¯app¨¦tit augmente.
Observation no 4.
Vache en d¨¦cubitus sterno-abdominal depuis
Observafion no 8.
2 jours. T¨ºte en position d¡¯auto-auscultation.
L¡¯intervention porte sur une g¨¦nisse abandon-
N¡¯absorbe plus aucune nourriture depuis le
n¨¦e sans soins depuis 14 jours. Aucune am¨¦lio-
d¨¦but de la maladie. Ptyalisme abondant,
ration n¡¯est enregistr¨¦e ei la mort survient
naseaux souill¨¦s, paralysie de la langue.
quelques jours apr¨¨s.
;
Quatre heures apr¨¨s l¡¯injection de s¨¦rum le
malade s¡¯abreuve gloutonnement, la d¨¦glutition
Observation no 9.
¨¦tant ¨¤ nouveau possible. Exceptionnellement,
le traitement est renouvel¨¦ le lendemain. L¡¯app¨¦-
Vache dans un ¨¦tat d¡¯extr¨ºme maigreur,
tit et la rumination r¨¦apparaissent. II n¡¯en va
mangeant et buvant peu, couch¨¦e depuisl0jours.
Une l¨¦g¨¨re am¨¦lioration semble se mani-
fester le lendemain de l¡¯injection de s¨¦rum.
(*) Le s¨¦rum antibotulique ainsi que les anatoxines
Cependant, l¡¯animal ¨¦puis¨¦ succombe quelques
bivalentes Cet D proviennent de l¡¯Institut Pasteur de Paris.
temps apr¨¨s.
216
i

.
Alors que les nombreuses th¨¦rapeutiques ins-
d) Reproduction de la maladie chez des souris
1
titu¨¦es jusqu¡¯alors, tant au laboratoire que sur le
nocul¨¦es avec un filfraf d¡¯une culfure mixfe sf¨¦rile.
terrain, ¨¦taient toujours demeur¨¦es vaines, la
A l¡¯occasion d¡¯un nouveau d¨¦placement accom-
s¨¦roth¨¦rapie antibotulique C et D a permis de
)Ii ¨¤ Lagbar en mars 1965, des ensemencements
noter, pour un certain nombre de formes aigu?s,
ont effectu¨¦s sur place ¨¤ partir de pr¨¦l¨¨vements
une r¨¦gression des sympt?mes en particulier la
livers (foie, contenu d¡¯anses intestinales) obte-
paralysie du pharynx.
IUS sur 4 bovins diff¨¦rents (43) :
- 2 cadavres, vieux de 48 heures, provenant
c) Vaccination exp¨¦rimenfole avec les anafoxines
l¡¯animaux dont l¡¯un (C) aurait pr¨¦sent¨¦ un
C ef D.
ltyalisme abondant et une paralysie totale de
.
On s¡¯est propos¨¦ par cette exp¨¦rimentation
a langue,
de rechercher dans une ¨¦ventuelle protection
- 2 bovins en d¨¦cubitus depuis 10 jours,
de troupeaux vaccin¨¦s, la preuve de I¡¯intoxica-
#acrifi¨¦s par des ¨¦leveurs dispos¨¦s ¨¤ faciliter
tion botulique.
iotre action.
.
Au mois de juin 1964, 1.752 animaux de la
Les cultures mixtes obtenues sur bouillon VF
r¨¦gion de Lagbar sont vaccin¨¦s suivant le proto-
jlucos¨¦, sont incub¨¦es ¨¤ l¡¯¨¦tuve ¨¤ 370 C pendant
cole recommand¨¦, soit 2 injections sous-cutan¨¦es
Jne semaine, puis filtr¨¦es sur bougie Chamber-
de 10 ml d¡¯anatoxine C et D, pratiqu¨¦es ¨¤ un
and L,.
mois d¡¯intervalle.
La st¨¦rilit¨¦ des filtrats recueillis est v¨¦rifi¨¦e
Ces animaux ont fait l¡¯objet d¡¯une surveillance
>ar ensemencement d¡¯un bouillon VF glucos¨¦ et
exerc¨¦e par les agents du Service de I¡¯Elevage (*).
nis ¨¤ l¡¯¨¦tuve pendant 48 heures ¨¤ 370 C.
II est ¨¦videmment tr¨¨s difficile de tirer des
Avec chaque filtrat, les trois lots de souris
conclusions pr¨¦cises d¡¯exp¨¦rimentations de ce
;Ont inocul¨¦s par voie intrap¨¦riton¨¦ale (0,15 ml).
genre, r¨¦alis¨¦es sur des troupeaux transhu-
mants, qui se scindent et se redistribuent ¨¤
R¨¦sulfafs.
longueur d¡¯ann¨¦e, dans les diverses zones du
24 heures apr¨¨s l¡¯inoculation, les souris ayant
Ferlo. De plus, quand les pertes sont signal¨¦es,
re?u le filtrat de culture mixte de l¡¯anse intesti-
on ne peut savoir si elles sont caus¨¦es par la
nale du bovin (C) pr¨¦sentent des sympt?mes typi-
maladie ¨¦tudi¨¦e ou par quelqu¡¯autre facteur
ques de paralysie flasque (photo no 6) et meurent
morbide.
dans les heures qui suivent.
Quoi qu¡¯il en soit, les divers rapports parvenus
Par la suite, des filtrats de subcultures obtenues
du Ferlo et les observations des ¨¦leveurs de la
¨¤ partir des germes retenus lors de notre pre-
r¨¦gion de Lagbar semblent indiquer que les
mi¨¨re filtration se r¨¦v¨¨lent atoxiques. De m¨ºme,
animaux vaccin¨¦s sont rest¨¦s indemnes alors
¨¤ partir de ces subcultures, des inoculums sont
que les pertes n¡¯ont fait qu¡¯augmenter dans les
pr¨¦par¨¦s par chauffage de 30 minutes ¨¤ 800 C
troupeaux voisins non vaccin¨¦s.
et ensemenc¨¦s en bouillon VF glucos¨¦. Les filtrats
Une preuve de l¡¯efficacit¨¦ de cette prophylaxie
de ces derni¨¨res cultures, inocul¨¦s ¨¤ de nouveaux
est apport¨¦e par les fr¨¦quentes et pressantes
lots de souris n¡¯entra?nent l¡¯apparition d¡¯aucun
interventions des propri¨¦taires qui r¨¦clamen
sympt?me paralytique chez ces animaux.
avec insistance une vaccination g¨¦n¨¦rale de leur!
En pr¨¦sence de ces r¨¦sultats, on est amen¨¦ ¨¤
troupeaux.
formuler les hypoth¨¨ses suivantes :
En 1965, 450 bovins, appartenant au lot exp¨¦
- Clostridium botulinum est pr¨¦sent dans la
rimental de 1964, re?oivent une nouvelle injec
premi¨¨re culture et, par lasuite, devenu atoxig¨¨ne
tion d¡¯anatoxine botulique bivalente dans le:
dans les diff¨¦rentes subcultures. Ce qui para?t
m¨ºmes conditions que l¡¯ann¨¦e pr¨¦c¨¦dente.
peu probable.
I- Le contenu de l¡¯anse intestinale renferme
non pas le germe, mais la toxine qui s¡¯est dilu¨¦e
(*) Nous remercions le Directeur du Service de I¡¯Ele
vage du S¨¦n¨¦gal ainsi que les agents du Secteur d¡¯Elevag<
dans le bouillon VF glucos¨¦ initial et qui a ¨¦t¨¦
de Lingu¨¨re pour l¡¯aide efficace qu¡¯ils nous ont apport¨¦1
inocul¨¦e apr¨¨s filtration sur bougie Chamber-
au cours de ces recherches.
land L,.
211

Photo no 6. - Paralysie des membres post¨¦rieurs d¡¯une souris ayant re?u
le tiltrat de culture mixte C.
e) Exp¨¦rience de s¨¦ro-neufralisafion chez la
r
S¨¦n¨¦gal. Des observations analogues ont ¨¦t¨¦
souris.
effectu¨¦es dans de nombreux pays o¨´ existent
les m¨ºmes d¨¦ficiences du sol.
1 ml de filtrat de culture mixte de l¡¯anse intes-
tinale du bovin est m¨¦lang¨¦ ¨¤ 1 ml de s¨¦rum
Pour s¡¯en convaincre, II suffit de rappeler les
antibotulique C et ¨¤ 1 ml de s¨¦rum antibotulique
travaux de THEILER et de ses collaborateurs
0. L¡¯ensemble est maintenu ¨¤ 30 minutes ¨¤ I¡¯¨¦-
(23, 42, 47) qui, d¨¨s 1929, ¨¦tudient le Lamsiekte.
tuve ¨¤ 370 C. Deux lots de souris sont ensuite
En Australie, et tout particuli¨¨rement au Queens-
imm¨¦diatement inocul¨¦es par voie intrap¨¦rito-
land, une affection analogue caus¨¦e par Clos-
n¨¦ale, trois avec 0,30 ml de m¨¦lange et les trois
tridium botulinum a ¨¦t¨¦ signal¨¦e (20, 49) de m¨ºme
autres avec 0,lO ml du filtrat pur.
qu¡¯en Nouvelle-Z¨¦lande et en Louisiane.
Ces trois derni¨¨res meurent dans les 48 heures
Au S¨¦n¨¦gal, il semble que l¡¯apparition de
en pr¨¦sentant une paralysie flasque d¨¦butant par
I¡¯aphosphorose et du botulisme soit li¨¦e ¨¤ I¡¯¨¦vo-
les membres post¨¦rieurs. Les trois souris ino-
lufion relativement r¨¦cente des techniques d¡¯¨¦le-
cul¨¦es avec le m¨¦lange filtrat + s¨¦rum antibotu-
vage.
lique C et D ne manifestent aucun sympt?me.
Du fait de l¡¯implantation des forages profonds
Cette simple exp¨¦rience de s¨¦ro-neutralisation
qui am¨¦liorent tr¨¨s sensiblement les conditions
semble mettre en ¨¦vidence la toxine botulique
d¡¯abreuvement, les ¨¦leveurs du Ferlo r¨¦duisent
de fa?on indiscutable.
l¡¯amplitude de leurs transhumances et tendent ¨¤
se fixer dans le p¨¦rim¨¨tre d¡¯influente des diff¨¦ren-
tes unit¨¦s hydrauliques. Les animaux consom-
DISCUSSION
ment un fourrage insuffisant, sec et ligneux,
pendant toute la dur¨¦e de la saison s¨¨che.
L¡¯affection observ¨¦e au Ferlo, associant dans
Dans le pass¨¦, en saison s¨¨che, d¨¨s la dispari-
son m¨¦canisme pathog¨¦nique I¡¯aphosphorose et
tion des mares, les troupeaux quittaient le Fer-10
le botulisme, ne semble pas constituer un ph¨¦-
devenu inhospitalier pour gagner les rives
nom¨¨ne pathologique nouveau, localise au
humides du Fleuve S¨¦n¨¦gal ou celles du Lac de
i

Guiers. Certains rejoignaient m¨ºme la petite
devrait permettre la disparition du pica et tout
c?te (Mbour, Joal) ou tout au moins les zones
danger de contamination pour les bovins (15,
moins arides du Ferlo Sud.
16, 17).
La d¨¦ficience en phosphore et l¡¯affection qu¡¯elle
La suppl¨¦mentation agira, en outre, sur toutes
entra?ne apparaissent comme un cas particulier
les autres cons¨¦quences de la carence phospho-
d¡¯un probl¨¨me plus g¨¦n¨¦ral, celui des polyca-
r¨¦e, particuli¨¨rement n¨¦fastes ¨¤ la production
rentes dans les zones pastorales sah¨¦liennes o¨´
des troupeaux (7, 19).
u n e t e n t a t i v e d e s ¨¦ d e n t a r i s a t i o n h u m a i n e e t
Cette mesure ne devrait pas pr¨¦senter au
animale se dessine. Bien que les transhumances
S¨¦n¨¦gal, gros producteur de phosphate, des
deviennent un anachronisme politique et social,
difficult¨¦s insurmontables. De nouvelles unit¨¦s
elles permettaient aux herbivores de recevoir,
de traitement sont en voie de cr¨¦ation, qui met-
au cours des d¨¦placements dans des milieux
traient ¨¤ la disposition de l¡¯agriculture des engrais
diff¨¦rents, les ¨¦l¨¦ments nutritifs vari¨¦s indispen-
phosphat¨¦s. L¡¯¨¦levage, dont les besoins en phos-
sables.
phate purifi¨¦, assimilable, sont importants,
La notion de suppl¨¦mentation semble donc
devrait pouvoir profiter de cette ¨¦volution des
constituer la ran?on de la s¨¦dentarisation.
industries chimiques.
L¡¯inqui¨¦tude grandissante des ¨¦leveurs du
Une telle action constituera un nouvel effort
Ferlo t¨¦moigne de la gravit¨¦ de l¡¯affection. D-s
dans l¡¯am¨¦lioration de l¡¯¨¦levage sah¨¦lien. Les
mesures doivent ¨ºtre prises pour juguler les
importants investissements r¨¦alis¨¦s pour I¡¯¨¦qui-
effets d¡¯une maladie qui a d¨¦j¨¤ frapp¨¦ une frac-
pement hydraulique des zones de p?turages et
tion importante du cheptel s¨¦n¨¦galais. Lavaccina-
ceux engag¨¦s depuis ces d¨¦cades dans la lutte
tion par les anatoxines botuliques C et D dont
contre les maladies infectieuses, justifient la
l¡¯efficacit¨¦ a ¨¦t¨¦ prouv¨¦e exp¨¦rimentalement,
recherche et l¡¯application sur le terrain de
constitue un moyen de lutte imm¨¦diat. II supprime
m¨¦thodes capables de soustraire les troupeaux
les pertes mais demeure sans effet sur le trouble
aux effets des carences nutritionnelles.
nutritionnel.
A la suite des travaux pr¨¦liminaires on peut
Instifuf d¡¯Elevage ef de M¨¦decine v¨¦t¨¦rinaire
admettre qu¡¯une solution efficace r¨¦side dans la
des Pays Tropicaux.
c
suppl¨¦mentation
en phosphore des animaux.
Laboratoire national de /¡®Elevage
L¡¯apport de cet ¨¦l¨¦ment en quantit¨¦ suffisante
et de Recherches v¨¦t¨¦rinaires. Dakar-Hann.
.
S U M M A R Y
Aphosphorosis and botulism in Senegal
A new animal disease has been observed in Senegal, in a northern part of the
country called Ferlo. Known as ? Gniedio ? by the cattle owners and ? maladie
des forages ? (deep-Wells disease) by the veterinary staff, this affection recalls by
its epizootiology, symptomatology and pathogeny ? Lamsiekte ? studied by
THEILER, H. in South Africa.
It results of the association of a nutritional det?ciency, essentially a lack of
phosphorus in food, and of the action of botulism toxin.
Biochemical analysis made in the Laboratory of Dakar have shown the
state of aphosphororis presented by cattle. Chemical analysis of soils, waters and
forages have revealed the same deficiency in this element.
The hypothesis of botulism has been confirmed
by the successful results obtai-
ned with the use ofspecific serotherapy and vaccination with toxoids C and D.
Botulism toxin has been demonstrated by a sero-neutralisation test carried out
in mice, but till ncw the isolation of Clostridium botulinum has not been achieved.
219

RESUMEN
i
Afosforosis y Botulismo en el Senegal
La afeccion animal encontrada en el Senegal, en la regi6n del Ferlo, y llamada
localmente ? Gniedo ? o ? maladie des forages ? (Enfermedad de 10s horada-
mientos) hace pensar, por su etiologia, su sintomatologia y su patogenia, a1
Lamsietke descrito por THEILER en Africa del Sur.
Resulta de la asociacion de un desorden de la nutrition, esencialmente una
carencia en fosforo, y de una toxemia botulica.
Las analisis bioquimicas, en el Laboratorio de Dakar, mostraron el estado de
afosforosis en 10s animales. Este elemento es tambien insuficiente en 10s suelos,
las aguos y 10s forrages analizados quimicamente.
Se confirma la hipotesis de botulismo por el exito de la seroterapia especifica
y de la profilaxia mediante anatoxinas botulicas C y D.
La sero-neutralizacoin
mostr6 la toxina botulica en el raton, pero hasta ahora
no se ha podido obiener el aislamiento de Closiridium bofulinum.
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