2 5 7 CREVETTICULTURE EN CASAMANCE Bertrand...
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CREVETTICULTURE EN CASAMANCE
Bertrand COUTEAUX*
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1111 Chef du Projet, France Aquaculture Ziguinchor.

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R E S U M E
Les crevettes p¨¦ngides, en raison de leur cycle de
croissance court, d'un march¨¦ international demandeur,de
la stagnation des d¨¦barquements de la p¨ºche au niveau
mondial depuis 1978, sont l'objet d'elevages dont le d@-
veloppement est devenu spectaculaire dans certaines J+I?*
ties du monde (Asie, Am¨¦rique du Sud).
Avec l'aide de France - Aquaculture,
filiale de
l'Ifremer, le Secr¨¦tariat d'Etat ¨¤ Pa p¨ºche et le Fond
d'aide et de Coop¨¦ration fran?ais se sont propos¨¦s d'¨¦tlr
dier les conditions d'un d¨¦veloppement de laczevetticul-
ture en Casamance.
En raison de certaines conditions originales (sali-
nit¨¦ ¨¦lev¨¦e en saison s¨¨che, sols sulfat¨¦s
acides) un
test a ¨¦t¨¦ mis en place depuis 1983 pour s¨¦lectionner
des esp¨¨ces, ¨¦tablir leurs conditions d'¨¦levage,
leurs
performances zootechniques et ¨¦conomiques. Une pr¨¦senta-
tion critique des r¨¦sultats obtenus est proposee et les
objectifs ¨¤ court terme sont d¨¦finis
A.B ST RAC7:
Because of their Xife cycle, of a favorable
inter-
national market and of the stagnation of the world lan-
dings since 1978, shrimp culture is quickly
developing
in Asia and South America.
The "Secr¨¦tariat C1'Etat ¨¤ la P¨ºche" and the
"Fond
d'Aide et de Coop¨¦ration fran?ais" With the help of
France-Aquaculture,
a branch of IFREMER, have been
stu-
dying the possibility of shrimp-culture in Casamance.
Because of some original aspects
( high salinity,
sulfato-acid grounds) a test started in 1983
t-0 Select
species to assess their growing conditions,
their
zoo-
technical and economical possibilitles.
A critical ana-
lysis of the results is presented and the short-time
aims are indicated.

I N T R O D U C T I O N
La production mondiale annuelle de crevettes repr¨¦sente en 1985 environ
1 700 000 tonnes. Les d¨¦barquements des p¨ºcheries stagnent depuis 1978. Les
crevettes p¨¦n¨¦ides sont l'objet d'un march¨¦ mondial porteur sur le plan des
prix. Le prix moyen international est de 7,8 $ le kg pour la crevette enti¨¨-
re de poids 20 ¨¤ 30 g (c'est-¨¤-dire no 3 et 4 selon la classification locale).
Ce march¨¦ est d¨¦ficitaire en quantit¨¦. D'ici 1990 on estime les besoins annuels
suppl¨¦mentaires ¨¤ 160 000 t et seule la crevetticulture est susceptible de
faire face ¨¤ ce suppl¨¦ment de demande.
Ces perspectives int¨¦ressantes sont apparues dans les ann¨¦es 68-70, ¨¦po-
que ¨¤ laquelle plusieurs ¨¦quipes dans le monde commencent ¨¤ d¨¦velopper la
recherche sur les ¨¦levages marins. Ainsi la crevette a ¨¦t¨¦ l'objet de nom-
breux travaux.
L'¨¦levage de la crevette s'est d¨¦velopp¨¦ dans le monde, dans la zone
intertropicale, la plus favorable, particuli¨¨rement en Asie du Sud-Est et en
Am¨¦rique du Sud. La production annuelle de crevette d'¨¦levage repr¨¦se.nte
100 000 tonnes en 1985. Ainsi certains pays, tels que l'Equateur, Con:naissent
un d¨¦veloppement spectaculaire de la crevetticulture ; dans ce pays la produc-
tion annuelle des bassins a atteint 35 000 t en 10 ans et a tr¨¨s largement
d¨¦pass¨¦ la production par p¨ºche.
Ce sont les zones de mangrove ou de tannes(l), semblables ¨¤ celles de la
Casamance, qui sont utilis¨¦es pour faire 'des bassins dont la taille varie de
quelques milliers de m¨¨tres carr¨¦s (tambak d'Indon¨¦sie) ¨¤ quelques hectares
(jusqu'¨¤ dix en Equateur).
Au d¨¦but, seul le grossissement des crevettes a ¨¦t¨¦ pratiqu¨¦ ¨¤ partir
de la capture de juv¨¦niles dans le milieu naturel.Avec le d¨¦veloppement de
L'activit¨¦, il fut n¨¦cessaire de satisfaire une demande accrue des producteurs
en juv¨¦niles autrement que par une augmentation al¨¦atoire des pr¨¦l¨¦vements
dans le milieu naturel dont les effets n¨¦gatifs se faisaient d¨¦j¨¤ sentir sur
la p¨ºche. Aussi de plus en plus le cycle de vie complet est obtenu en ¨¦levage.
La ponte des g¨¦niteurs est obtenue en ¨¦closerie par diff¨¦rents moyens (nourri-
ture sp¨¦ciale, ablation d'un ?il... ). Les larves sont ¨¦lev¨¦es dans des bacs,
en milieu strictement contr?l¨¦. A la sortie de l'¨¦closerie, les post larves
sont plac¨¦es dans des bassins dits de pr¨¦grossissement. Lorsqu'elles atteignent
:L,5 ¨¤ 3g, les crevettes sont transferr¨¦es dans les bassins de grossissement.
En France le CNEXO, avec le Centre Oc¨¦anologique du Pacifique, travaille
depuis 1970 sur les crevettes p¨¦n¨¦ides. La ma?trise de plus en plus compl¨¨te
des diff¨¦rentes phases du cycle de l'¨¦levage a permis le passage de la recher-
che au d¨¦veloppement d'¨¦levages commerciaux. Ainsi une filiale, FRANCE-AQUACUL-
TURE a ¨¦t¨¦ cr¨¦¨¦e pour valoriser ce savoir faire,
en particulier dans les ter-
ritoires et d¨¦partements fran?ais d'outre-mer et ¨¤ l'¨¦tranger.
(1) Les tannes sont des zones exondables nues ou herbac¨¦es.

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Cette soci¨¦te a ¨¦t¨¦ choisie par je Secr¨¦':.<jriat d'Etat .il ?.a Peche mari-
time (S¨¦n¨¦gal) et le Fond d'Aide et de Coop¨¦ration (France) pour ¨¦tudier les
possibilit¨¦s de d¨¦velopper la crevetticulture :SU S¨¦n¨¦gal.
1 .
A P T I T U D E S D E L A
CASAMANCE
L'Afrique de 1'Cuest et en particulier le S¨¦negal ont un certain nom-
bre de similitudes avec ces zones productrices a
- la latitude, intertropicale
- de grandes surfaces de complexe mangrovien
- une p¨ºcherie de crevette traditionnelle.
La Casamance pr¨¦sente en outre un certain ncmbre d%touts
pour l'¨¦le-
vage de la crevette :
- existence de grandes ¨¦tendues rizicole: affect¨¦es pa't- la s¨¦cheresse,
pouvant ¨ºtre valoris¨¦es par l'aquaculture
- int¨¦r¨ºt du d¨¦veloppement d'une activite r¨¦mun¨¦ratrice dans les zones
rurales o¨´ les cultures vivrieres, dominent,afin de freiner l'exode
- aptitude de riziculteurs r¨¦gionaux ¨¤ canstruire des endiguements et
¨¤ g¨¦rer l'eau.
Cependant certaines particularit¨¦s diff¨¦rencient la Casamance des zones
habituelles d'¨¦levage de la crevette :
- deux saisons sont marqu¨¦es par des variations impclrtantes, de la tem-
p¨¦rature de l'eau, sous l'influence de l'upwellinq c?tier, aet de la salini-
t¨¦, sup¨¦rieure ¨¤ celle de la mer en saison s¨¨che
- des sols sulfat¨¦s acides dont le comportement dans les fonds de bas-
sin d'¨¦levage est mal connu.
- l'absence de donn¨¦s sur l"¨¦levage de ?', jli,; Lia~is
- inexistence d'¨¦levage de crevette m¨ºme Oartisanal. en Afrique de :L'ouest.
2 .
T E S T D' E L E V A G E
Il a donc et¨¦ d¨¦cid¨¦ de faire un test pour :
- ¨¦viter ¨¤ tout promoteur public ou prive dE: partir ¨¤ l'aventure
- s¨¦lectionner des esp¨¨ces, ¨¦tablir leursperformanceset leur sch&a
d'¨¦levage
- ¨¦tablir les donn¨¦es ¨¦conomiques de l'¨¦levage de 1:1 crevette en Casa-
mance.
Le test a d¨¦but¨¦ en 11983 avec un financement oc* 1.35 millions de F CFA. Cinq
personnes dont un assistant technique sont affect¨¦es 6 cette phase. Le site
est accessible (fig. 1) de qualit¨¦ moyenne,
repr¨ºsentatif de grandes surfaces
exploitables.
Six bassins de 2000 m2, deux de K!O m2, un petit laboratoire
et une station de pompage ont et6 construits. Des s¨¦ries d'¨¦levage sont fai-,
tes ¨¤ partir de la capture de juv¨¦niles dans le milieu naturel ou de l'envoi
de post larves de nos ¨¦closeries du Pacifique, de France et d'Asie. Les r¨¦-
sultats prometteurs mais incomplets de cette phase ont encourag¨¦ les autori-
t¨¦s ¨¤ continuer en rendant le projet plus operationnel et ind¨¦pendant. Un
nouveau financement (157,5 MFCFA) a permis la construction d'une ¨¦closerie,
de 4 bassins de grossissement de un hectare chacun, d'un forage d'un b?timent
d'astreinte et d'une unit¨¦ de production d'¨¦lectricite. Nous avons obtenu
l'aide d'un homologue s¨¦n¨¦galais (v¨¦t¨¦rinaire) : d'un coop¨¦rant fran?ais V.S.N.
et avons recrut¨¦ 4 personnes suppl¨¦mentaires.

CAP ROXO
n Emplacement du leet
L ,,,.,,
. Y 1/l00000¡¯
C~V,. I . G . M .
F I G . T.- Zone du test
I¡¯IL, ¡®i .- Vari;lt i o n s ,!~JJ l a temp¨¦ratut.tj ct d e l a s a l i n i t ¨¦ d a n s l e s b a s s i n s

1) 6 2
Le site choisi est repr¨¦sentatif, mais,
i.l ne fait pas de doute qu'il
aurait ¨¦t¨¦ ais¨¦ de choisir une zone plus favorable sur le plan de la salini-
t¨¦. Les bassins sont implant¨¦s sur des tannes en bordure d'un boLon (bolon
Katakalousse) bien renouvel¨¦ par la mar¨¦e (1,50 m de marnage maximum). La
salinit¨¦ y varie annuellement de 20 ¨¤ 45%~ avec peu de diff¨¦rencsinteran-
nuelles.La temp¨¦rature de l'eau varie de 20 ¨¤ 32¡ãC (cf. plans et courbes).
3 *
R E S U L T A T S
D U
T E S T
Sept esp¨¨ces ont ¨¦t¨¦ test¨¦es : les deux esp¨¨ces locales, penzeus notiia-
lis et P. kerathurus ainsi que cinq esp¨¨ces ¨¦,t.rang¨¨res : P. japonicus, P.
indicus, P, vanamei, P. stylirostris, P. monodon (souche Ta:hiti et souche
Taiwan). Une tentative d'envoi de P. semisu~eatus
a partir du Koweit a
¨¦chou¨¦. Le but ¨¦tait de disposer de deux especes int¨¦ressantes par saison.
Nous avons pens¨¦ que des esp¨¨ces de M¨¦diterran¨¦e, de Mer Rouge ou du Golfe
¨¦taient adapt¨¦es aux salinit¨¦s ¨¦lev¨¦es et aux faibles temp¨¦ratures et que
d'autres plus tropicales, de Malaisie, du Pacifique ¨¦taient adapt¨¦es aux
eaux chaudes dessal¨¦es.
Les esp¨¨ces locales ont et? p¨ºch¨¦es au poids moyen Vde 2 ? 3 g pair un
petit chalut ¨¤
mai1l.e de 8 mm tract¨¦ par 2 hommes. Les zones de p¨ºches,
situ¨¦es de Ourong ¨¤ Farabane, ont produit des rendements moyens de 100 ¨¤ 500
individus par trait de 10 mn. Selon l'¨¦poque l.a proportion des esp¨¨ces est
de 5 ¨¤ 20 % de P. kerathwus, le reste en P. ,+9titi,6. Nous avons ainsi p¨ºch¨¦
plus de 80 000 P. no;l;icdd et 20 000 P. keratkurus. Les esp¨¨ces ¨¦trang¨¨res
nous ont ¨¦t¨¦ envoy¨¦es dans de petits cubitainers, remplis de 15 litres ¨¤ 20
litres d'eau de mer et gonfl¨¦s ¨¤ I'oxyg¨¨ne. Les post larves y ¨¦taient iB des
densit¨¦s de l'ordre de 500 pl par litre.
30 ¨¦levages ont ¨¦t¨¦ effectu¨¦s avec
un aliment de qualite moyenne et identique pour toutes les esp¨¨ces,
PENAEUS NOTIALIS
Nous avons r¨¦alis¨¦ 7 essais sur P. notialis. Des densit¨¦s de 5 ¨¤ 120
individus au m2 ont Elt¨¦ pratiqu¨¦es. P. notiaZ1r 'est une esp¨¨ce ¨¤ comportement
dominant en pr¨¦sence d'autres individus tel P, kerathurus. Sa survie et sa
croissance en captivit¨¦ sont bonnes jusqu'¨¤ 10 g.
L'esp¨¨ce a montr¨¦ des possibilit¨¦s en atteignant sur 15 jours ¨¤ un mois
des croissances journali¨¨res de O,2 g et m¨ºme Cl,3 g.
P. notialis est sensible ¨¤ I'¨¦mersion et ¨¤ la manipulation en p¨¦riode
chaude. Dans ces cas elle est souvent affectee par des crampes entrainant ¨¤
court terme la mort de l'individu. Au del¨¤ de 10 g dans tous les ¨¦levages
nous avons constate une augmentation de la mortalit¨¦ et une disparition des
lots de t¨ºte. C'est en r¨¦alite la manifestation spectaculaire d'une maladie
dont laquasikotalit¨¦ des individus sont porteurs. L'analyse a montr¨¦ :La
pr¨¦sence de microsporidies du th¨¦lahania ;
les manifestations ext¨¦rieures
caract¨¦ristiques sont l'apparition de train¨¦es blanch?tres et opaques sur le
dos puis sur l'abdomen, une anomalie de la pigmentation devenant ¨¦parse et
plus forte, des carapaces molles ; il a donc ¨¦t¨¦ d¨¦cid¨¦ d'abandonner cette
esp¨¨ce en attendant de pouvoir fabriquer des juv¨¦niles indemnes de germes en
¨¦closerie. La maturation des m?les se fait facilement ; les femelles sont g¨¦-
n¨¦ralement f¨¦cond¨¦es, Nous n'avons pas observ¨¦ de femelles matures, mais n'a-
vons pas pratiqu¨¦ L'¨¦p¨¦donculation.
A faible densit¨¦ il est ais¨¦ d'obtenir des femelles de 100 5~~

r 0
\\

I

2 6 4
PENAEUS KERATffURUS
Trois ¨¦levages de P. kerathwus ont ¨¦t¨¦ f,aits. Le premier ¨¤ ,partir d'ani-
maux re?us de M¨¦diterran¨¦e et ensemenc¨¦s ¨¤ la ;k-juin, .Le deuxi¨¨me ¨¤ partir
d'animaux p¨ºch¨¦s dans le milieu naturel d¨¦but juin,
le troisi¨¨me ¨¤ partir de
pontssnaturelles de g¨¦niteurs captifs (mi-d¨¦cembre-mi-janvier).
En outre une croissance d'animaux introduits accidentellement dans un
bassin par les arriviies d'eau a ¨¦t¨¦ constat¨¦e(2.5 g en 3,:s mIois ¨¤ ,partir de
post larves pour des animaux non nourris). Les survies ont ¨¦t¨¦ m¨¦diocres en
hivernage en raison des temp¨¦ratures trop ¨¦levPes pour cette esp¨¨ce. La tol¨¦-
rance ¨¤ la salinit¨¦ est bonne.. Les croissances maxima
observ¨¦es ont ¨¦t¨¦ de
0,17 g par jour. On trouve des femelles matures et f¨¦cond¨¦es d¨¨s le poids de
12 g. Il est n¨¦cessaire de disposer de juv¨¦niles au plus tard ¨¤ la mi-novem-
bre afin de profiter des basses temp¨¦ratures, D'au'tre part i?. kemthurus n¨¦-
cessite une alimentation plus prot¨¦ique que celle que nous avons apport¨¦e.
PENAEUS JAPON¡¯I CUS
Cette crevette de grande qualit¨¦ est affect¨¦e par les fortes temptkatu-
res. Pour des raisons techniques (saisons d'ecloserie en France), nous n'avons
pas dispos¨¦ de juv¨¦nilesen saison s¨¨che.
US :ieux '¨¦levages effectu¨¦s en hiver-
nage ont ¨¦t¨¦ bons au pr¨¦grossissement puis d¨¦cevants au niveau du grossisse-
ment, avec des survies tr¨¨s m¨¦diocres ; ceci nst du aux temp¨¦ratures ¨¦:Lev¨¦es
et ¨¤ un aliment ¨¤ trop faible teneur en prot¨¦ine.
Comme P. kerathmus, P. japonicus , adapt¨¦e au faibles ,temp¨¦ratures et
aux fortes salinit¨¦s, doit ¨ºtre ensemenc¨¦e en novembre. Nous avons ¨¦lev¨¦ P.
J@apCVZicuS jusqu'¨¤ 20 g et obtenu des g¨¦niteuxs de 90 g*
PENAEUS IND¡¯ICUS
C'est une des esp¨¨ces les plus faciles a Glever, Son seul inconv¨¦nient
est en g¨¦n¨¦ral un ralentissement de la croissance au-del& de 13-15 g. En gros-
sissement en Casamance nous n'avons pu faire que deux essais pour une question
de disponibilit¨¦ en juv¨¦niles, Les lots ne d¨¦passent pas le poids moyen de
15 g. Les survies, notamment en hivernage, sont bonnes (70 %) (pr¨¦grossisse-
ment et grossissement). On obtient pour cette esp¨¨ce des croissances journa-
li¨¨res de 0,l g par jour.
Les rendements sur le site sont faibles en raisons de densit¨¦s insuffi-
santes (5 par m2). Les g¨¦niteurs faciles ¨¤ obtenir pondent naturelleme:nt.
Nous avons eu des rec:rutements naturels dans Les bassins.
PE NAEUS VANAME 7
Deux pr¨¦grossissements et deux grossissements ont: ¨¦t¨¦ effectu¨¦s ¨¤ partir
de deux lots envoy¨¦s de France. Le premier lot a ¨¦t¨¦ re?u fin septembre 1984,
le deuxi¨¨me fin novembre 1984.
Il y a une tr¨¨s bonne survie au pr¨¦grossissement (98 %) avec un bon indi-
ce de conversion (0,88). En grossissement, le comportement ¨¤ la salinit¨¦ est
bon. On a obtenu des croissances de 0,l g par jour,de:s rendement de l,3 ton-
nes/ha/an avec un indice de conversion de 2,3. LE?S survies sont bonnes avec
des taux de 60 et 95 %. Les probl¨¨mes rencontres pendant ces ¨¦levages sont
essentiellement des probl¨¨mes dus ¨¤ l'aliment:at-.ion (quantit¨¦ et qual,i.t,o) et
¨¤ des densit¨¦s insuffisances.

Une nette am¨¦lioration des r¨¦sultats peut ¨ºtre obtenue en jcuant sur
ces facteurs. Des maturations, f¨¦condations et pontes surviennent naturelle-
ment. Cette esp¨¨ce interm¨¦diaire ressemblant ¨¤ P. duortnwx est une candidate
s¨¦rieuse ¨¤ l'¨¦levage. Elle est cependant tr¨¨s sensible aux temp¨¦ratures ¨¦le-
v¨¦es.
I'ENAEUS MOEJOPON
C'est de loin l'esp¨¨ce la plus perfcrmante particuli¨¨rement en hivernage.
Nous avons atteint des rendements nets de 4,5 tonnes avec des indices de
C:onvers:ion de 1,7 et des taux de survie
au grossissement de 97 00 : nous pen-
sons pouvoir am¨¦liorer ces r¨¦sultats en augmentant les densit¨¦s de 12 ¨¤ 20
animaux par m2. Cette esp¨¨ce, si elle est pr¨¦grossie avant la mi-juillet,
permettra d'obtenir des animaux de 20 ¨¤ 30 g vers le mois de d¨¦cembre.
PENAEUS STYLZROSTRIS
Un seul ¨¦levage destin¨¦ ¨¤ pr?parer des g¨¦niteurs a ¨¦t¨¦ fait ¨¤ partir de
700 postlarves re?ues de Nouvelle Cal¨¦donie en juillet 85. Cette quantit¨¦
insuffisante sur le plan densit¨¦ n'a pas permis d'obtenir des performances
en terme de rendement ; mais la survie excellente (100 % ¨¤ faible densit¨¦),
La bonne croissance (0,2 g par jour) et le bon comportement aux fortes salini-
t¨¦s
laissent augurer de bons r¨¦sultats pour les deux saisons. Ces animaux ma-
turent ais¨¦ment et nous avons eu des pontes naturelles.
4,
P R O B L E M E S
R E N C O N T R E S
Les probl¨¨mes rencontr¨¦s ont eu des cons¨¦quences importantes sur les
r¨¦sultats et ne pouvaient pas ¨ºtre r¨¦solus pendant les deux premi¨¨res ann¨¦es
car le budget ¨¦tait volontairement limit¨¦. L'existence de solutions est la
raison de notre optimisme, car elles apporteront toutes une am¨¦lioration
des performances d'¨¦levage.
Les saisons tr¨¨s marqu¨¦es par la salinit¨¦ et la temp¨¦rature exigent des
ensemencements de bassin ¨¤ des p¨¦riodes strictes. les ¨¦closeries de France-
Aquaculture dans le monde, d¨¦j¨¤ tr¨¨s sollicit¨¦es et parfois elles aussi r¨¦-
gl¨¦es sur les saisons, n'ont pas toujours pu fournir la qualit¨¦ et La quanti-
t¨¦ de juv¨¦niles n¨¦cessaires aux p¨¦riodes les plus favorables.
Les envois que nous avons obtenus,parfois du bout du monde, et sur des
dur¨¦esde 72 h sont d¨¦j¨¤ les envois les plus longs jamais r¨¦alis¨¦s. C'est la
raison pour laquelle certains ¨¦levages se sont faits ¨¤ des densit¨¦s quelque-
fois trop faibles ou ¨¤ une p¨¦riode peu favorable. De ce fait nous avons des
r¨¦sultats insuffisants en saison sGche.
Les sols sulfat¨¦s acides ont des effets n¨¦gatifs au niveau du Lessivage
des digues et de la min¨¦ralisation de la mati¨¨re organique sur les fonds de
bassins,, Nos premiers bassins ¨¦taient trop petits et pas assez profonds.
Nous avons eu des probl¨¨mes de concurrence nutritionnelle avec la proli-
f¨¦ration de poissons(type tilapie). Ainsi sur un grossissement de f, irh-iicus
ROUS avons p¨ºch¨¦ une biomasse de 171 kg dont 120 kg de tilapies et 51 kg de
crevettes. L'indice de conversion alimentaire ¨¦tait de 1,3 en g¨¦n¨¦ral mais
de 4,s pour les crevettes.

2 6 6
Ceci peut Gtre ¨¦vit¨¦ en s¨¦parant les phases de pr¨¦grossissement et gros-
sissement et en filtrant l'eau d'arriv¨¦e pendant les 15 a 30 premiers jours
de chaque phase sur des filtes de 1 et 0,5 mm,. Si le traitement des eaux ¨¤ la
rot¨¦none permet d'¨¦liminer certains poissons (gobiid¨¦s, gerr¨¦id¨¦s) il est
inefficace sur les tilapies.
Le facteur le plus limitant rencontr¨¦ est celui de :L'aliment ; pour d¨¦bu-
ter le test, nous avons travaill¨¦ avec un granu1B de composition moyenne
import¨¦ de France. Les cons¨¦quences en ont ¨¦te :
- une conservation d¨¦licate et parfois trop longue affectant la qualit¨¦
de l'aliment : la fra?cheur, notamment des vitamines et des lipides, est pri-
mordiale dans ce type d'¨¦levage : nous avons d? d¨¦plorer parfois l'appari-
tion de moisissures ou de parasites sur les aliments
- des ruptures de stock d?es aux difficultes de d¨¦douanement et de trans-
port - l'inadaptation d'une formule moyenne aux exigences des diff¨¦rentes
esp¨¨ces.
5 .
L E S
AME L I ORAT I ONS
L'extension en cours du test a pour but d'am¨¦liorer ces diff¨¦rents points.
Une ¨¦closerie a ¨¦t¨¦ construite. Elle devra r¨¦soudre les probl¨¨mes de fournitu-
re de juv¨¦niles aux dates souhait¨¦es, en quantit¨¦ et qualit¨¦ requises. Cette
¨¦closerie vient d'entrer en fonctionnement il y a tout juste un mois et a d¨¦j¨¤
produit ses 100 000 premi¨¨res post larves.
Au niveau de l'am¨¦lioration des sols,
nous pratiquons un lavage des bas-
sins puis un amendement calcique (chaux traditionnelle 0,5 ¨¤ 1 t/ha, phospha-
tes tricalciques de Xa?ba 0,5 t/ha), Des engrais complets N.P.K. sont parfois
utilis¨¦s pour favoriser le d¨¦marage des blooms planctoniques. Avec les quatre
nouveaux bassins plus grands et plus profonds
(un ha et 1,20 m d'eau) l'inf-
luence des digues sera r¨¦duite, le comportement de la masse d'eau plus homog¨¨-
ne, l'¨¦quilibre des fonds meilleur et la gestion de l'eau plus facile.
Nous n¨¦gocions actuellement avec un provendier pour fabriquer l'aliment
¨¤ Dakar. Deux formules devraient ¨ºtre utilis¨¦es, une 2~ 25-30 % de prot¨¦ines
convenant ¨¤ P. vanamh et P. ?lotiaZis, une ¨¤ 35-40 Y de prot¨¦ines convenant
¨¤ P. monodon, P. stylirostris et P. indicus. Les granul¨¦s seront faits par la
voie s¨¨che (type poulet) r¨¦cemment adapt¨¦e pour les crevettes et moins coi?teu-
se ; ceci devrait nous permettre d'¨ºtre assur¨¦s d'une qualit¨¦ et de quantit¨¦s
suffisantes.
Il faut cependant s'attendre ¨¤ une p¨¦riode de rodage. Nous dispo-
serons d'autre part d'un ¨¦l¨¦ment fondamental pour
l'apprdciation de la renta-
bilit¨¦ des ¨¦levages, le co?t du granul¨¦.
La dotation au projet d'un forage et de nouveaux bassins va permettre une
gestion plus souple et rationnelle des ¨¦levages ; lesanciens bassins seront
utilis¨¦s pour la stabulation des g¨¦niteurs et le pr¨¦grossissement. Cette phase
pourra ¨ºtre l¨¦g¨¨rement d¨¦cal¨¦e grace ¨¤ l'appoint d'eau douce en saison s¨¨che.
On utilisera les grands bassins pour le grossissement. La s¨¦paration des pha-
ses de pr¨¦grossissement et de grossissement permettra de mieux ajuster les
densit¨¦s ¨¤ chaque p¨¦riode.

6 *
O B J E C T I F S A
C O U R T
T E R M E
Nous nous appr¨ºtons ¨¤ faire des grossissements dans les nouveaux bassins
pendant la p¨¦riode favorable ¨¤ partir de la mi-juillet.
Il faut donc d'ici l¨¤ que l'¨¦closerie fournisse les 406 000 post: larves
n¨¦cessaires. Ces grossissements d'hivernage devront confirmer les r¨¦sultats
ob.tenus sur 1'. nmzotion.
Une fois ces ensemencements realis¨¦s, nous devrons pr¨¦parer des g¨¦niteurs
de t¡®. uarm1ei, f'. kerathurus e t PS ;.;t?liro~;t.ris pour disposer de post: larves
vers le mois de novembre et r¨¦aliser cette fois quatre essais complets de
saison s¨¨che.
Nous disposerons alors des deLtli¨¨res donn¨¦es manquantes pour proposer
,des sch¨¦mas d'¨¦levage assortis de performances (rendement, indice de conver-
sion et poids moyen ¨¤ la p¨ºche) s Il restera par la suite ¨¤ essayer d'¨¦taler
les p¨¦riodes de r¨¦coltes.
tJn inventaire des sites favorables ¨¤ la crevetticulture devra ¨ºtre effec-
tue; de m¨ºme, une ¨¦tude de faisabilit¨¦ technico-¨¦conomique adapt¨¦e ¨¤ un de
ces sites favorables extrapolera les r¨¦sultats moyens obtenus et r¨¦pet¨¦s sur
Le test : elle sera mise ensuite ¨¤ La disposition des op¨¦rateurs ¨¦conomiques.
Il reste que tout ceci est parfois une course contre le temps ou les
difficult¨¦s principales sont l'insuffisance de cadres, la lenteur de la mise
en place des financements (notre soci¨¦t¨¦ pr¨¦finance) et l'importance souvent
pr¨¦pond¨¦rante de la logistique au dt;triment de la biologie (l'ensemble des
travaux de la station, ¨¤ l'exceptioii des bassins,a ¨¦t¨¦ r¨¦alis¨¦ par le person-
nel) .
A titre d'information, signaloirs qu'il existe au niveau r¨¦gional deux
projets de fermes de crevettes en Gambie
: l'un, norv¨¦gien,correspond ¨¤ une
phase pilote de 100 ha projet¨¦e poux fin 1986, extensible ¨¤ 750 ha en 1988 ;
'autre,germano-gambien
--
assist¨¦ par France-Aquaculture,est au stade de l'etu-
de de faisabilit¨¦ d'une ferme de lO(; hectares.
C 0 N (' l U S 1. 0 N
Il n'y a a priori aucureraisorr pour que l'Afrique de l'Ouest ne puisse
pas elle aussi d¨¦velopper des ¨¦levages de crevettes ; nous nous effor?ons de
montrer cette opportunit¨¦. Nous esp$rons que le test de Casamance, bien que
limit¨¦ par ses moyens pourra induire une v¨¦ritable activite ¨¦conomique, ce
qui est sa raison d'¨ºtre. Une fois que les r¨¦sultats biotechniques seront ju-
g¨¦s suffisants, il restera ¨¤ inciter ies candidats par la mise en place de
mesures techniques (soutien, formati,In, disponibilit¨¦ en aliment, et en post
Larves) et ¨¦conomiques (fiscalit¨¦) o

2 6 8
D I S C U S S I O N
B. DIAW.-
Que1. est le co?t de crevettes produites en aquaculture ?
COUTEAUX .-
Le co?t des crevettes produites au niveau du projet ne peut
servir de r¨¦f¨¦rence car il a fallu r¨¦soudre de nombreux pro-
bl¨¨mes m¨¦thodologiques, tester sept espl¨¦ces... Pour estimer
le coflt commercial un test de faisabilit¨¦ devra ¨ºtxe r¨¦alis¨¦.
Le coQt d¨¦pendra de la surface des installations (le tout
relatif auqmente quand la surface diminue) du co?t de l'ali-
ment produit ¨¤ Dakar, de la qua.lit. de cet aliment, du type
d'exploitation a.O
TOURE . --
Sur quel type de sol ont ¨¦t¨¦ creus¨¦s les bassins ? tannes (qui
sont acides) ou mangroves apr¨¨s d¨¦frichement 3
COUTEAUX.-
Il aurait Bt¨¦ pr¨¦f¨¦rable de d¨¦fricher la mangrove mais le man-
que de temps n'a pas permis d'opter pour cette solution. Pour
pallier l'acidit¨¦ des sols, ils ont ¨¦t¨¦ amend¨¦s.
PANDARB.-
D'autres especes.que P. notia& sont-elles parasit¨¦es ?
COUTEAUX.-
Nous n'avons pas remarqu¨¦ de pct~~asitismf? cher: les autres esp¨¨-
ces pour le moment.
M. DIALLO.-
D'o¨´ viennent les g¨¦niteurs ?
couTEAux.-
Ils sont s¨¦lectionn¨¦s parmi les wevettes "provenant des post
larves import¨¦es.
DURAND.-
N'y a-t-il pas un risque de contamination du milieu naturel par
des esp¨¨ces import¨¦es 3
COUTBAUX.-
Ce risque existe car des pontes .snt lieu en bassin. Mais pour
qu'il y ait un effet sensible dans le milieu naturel il fau-
drait qu'il y ait une grande masse d'ciaufs lib¨¦r¨¦s,, ce qui est
susceptible de se produiresi 1 'aquaculture prend un grand d¨¦-
veloppement.
BADIANB.-
Quelles sont les r¨¦percussions du projet. sur le monde paysan ?
COUTEAUX.-
Pour le moment le projet se limite 2~ l'tstude d'un test mais une
phase (d'¨¦tude du d¨¦veloppement de fermes et de bassins artisa-
naux est pr¨¦vue ult¨¦rieurement.
GNING.-
Les crevettes d'¨¦levage ne risquent-elles pas de concurrencer
les crevettes p¨ºch¨¦es en Casamance z'
couTEAux.-
Le march¨¦ ¨¦tant insuffisamment approvisionne,; le risque de con-
currence est inexistant.