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Ou 30 Avri 1 au 14 Wai 1983, j'ai effectué une mission d'ehde en
Haute-Volta et Sierra-Léone, mission financée par le CENTRE DE RECHERCHES
POUR LE DEVELOPPEMENT INTERNATIONAL (C.R.D.I.).
Le but de ce voyage était de discuter des rilsultats obtenus et des
méthodologies utilisées dans les projets de stockage du niébé (Vigna
lata walp) dans ces deux pays. Ces deux projets (3-P-77-0159 et-FF7
respectivement en Haute-Volta et Sierra-Leone) financigs par le CRDI et exé-
cutés par des chercheurs nationaux ont pour objectif principal la réduction
des pertes durant le stockage du niébé et plus spécifiquement :
- la dgtermination des techniques de stockage qui peuvent &tre
appliquées avec succès aux systèmes traditionnels de !;tockage dans les zones
concernées.
- et l'amélioration de ces systèmes par l'introduction et
l'adaptation de techniques ayant montré leur validité dans d'autres zones de
la sous-region.
J"ai ainsi pu rencontrer les divers responsables qui m'ont fait le
point sur l'avancement de leurs travaux, en particulier sur les résultats
obtenus mais aussi sur les difficultés rencontrees à tous les niveaux tant du
côté technique qu'administratif. J'en profite ici pour les remercier de la
sollicitude qu'ils ont montrée à mon égard et pour leur esprit de confrontation
positive sans lesquels il n'y a pas de progrès scientifique possible : que
Mme DABIRE Loule Clementine, entomologiste à Kamboinsii, Haute-Volta, le Profes-
seur TAYLOR, Directeur du projet ACRE (Agricultural Crops Research Extension)
et le Dr UACHID NOAH, responsable du projet stockage niéb6 à Njala, Sierra-
Leone, trouvent ici toute l'expression de mes remerciements. Ils m'ont commu-
niqué beaucoup de leur expérience.
Je remercie enfin le CRDI gràce auquel j'ai pu faire ce voyage qui
m'a été très profitable du point de vue scientifique.

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Le financement du projet d'un montant de lOl.lOD dollards canadiens,
a et@ acquis en 1977 mais sa réalisation n'a commencb qu'en 1980 avec l'arrivee
de Mme DABIRE entomologiste à KAMBDIHSE et responsable dudit projet. Le projet;
est en fait la suite logique d'un autre projet d'amélioration du niébe finance
par le CRDI et dont l'exécution est confiée à 1’I.I.T.A. Dans sa première
phase qui a dure deux ans et demie, le projet était géré par la Direction des
services Agricoles du Ministère du Développement Rural et son execution tech-
nique confiée à la Station Agricole de KAMBOINSE, ce qui a parfois cr& des
difficultés d'ordre administratif ayant eu pour conséquence un certain retard
dans les travaux. Maintenant que la 2eme phase du projet est confiée à 1'IVRAZ
(Institut Voltaïque de Recherches Agronomiques et Zootechniques),on peut espérer
une plus grande souplesse dans la gestion.
Le personnel exécutant est composé d'un technicien, de deux observa-
teurs et d'un chauffeur.
Le projet est domicili ‘e à KAMBOINSE (0 12 kilomètres eu Nord de
OUAGADOUGDU mais concerne tou%e la Haute-Volta.
METHODOLOGIE ET RESULTATS
1 - RECENSEMENT DES METHODES TRADITIONNELLES DE COl\\iSERVATIOW DU NIEBE EM
HAUTE-VOLTA
La Haute-Volta est divisée en Onze(111 Organis'mes régionaux de Déve-
loppement, structures au sein desquelles les enquêtes ont &é effectuées
grâce à la collaboration des responsables et des agents d'encadrement. Soixante
six (66) villes et villages ont été visités compte tenu de leur situation géo-
graphique et des ethnies qui composent les populations, les conditions clima-
tiques et les traditions pouvant être pour beaucoup dans la conception du
système de stockage.
Il s'agissait de recueillir le maximum d'informations fiables con-
cernant l'importance du niébe (production et usages), les variétés cultivées,
les précautions prises avant l'engrangement, les iiroyens de stockage, les techni-
ques de stockage et de lutte, la durëe de conservation et le contrôle des
stocks, ainsi que les probl&es rencontree (insectes, rongueursg moisissures9
vols9 feux, etc...) une fois le niebë stock&.
Ainsi, il résulte que le niébé se place en tête des légumineuses ali-
mentaires et en quatrième position après le mil, le sorgho et le maïs9 avec
une production moyenne annuelle de 50.000 tonnes. Il est largement cultive dans
toutes les régions de la Haute-Volta et generalernent en association avec le mil,
le sorgho, le riz pluvial ou le maïs ; il se trouve quelque fois en culture pure
principalement dans les champs nouvellement défrichés. Les principales varié-
tes cultivées sont Beng Pelega, Beng raga et Bang Bèda. Les rendements en
culture traditionnelles sont faibles (de 100 a 200 kg/ha) à cause des attaques

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d'insectes, des techniques culturales et de problèmes varietaux. Le niebé est
largement consommé en Haute-Volta aussi bien dans les campagnes qu'en milieu
urbain sous formes de beignets, galettes, tô, benga, sauce de graines et sauce
de feuilles. Les fanes servent a l'alimentation des aniimaux.
Après la recolte, les gousses de niebé sont hitalées au soleil, soit
sur une aire prevue à cet effet à proximité du champ, soit sur un hangar, en
attendant la fin de la période de recolte des céréales:, soit enfin transport6
au village et séchi sur les terrasses des maisons ou dans les seccos. Dans
tous les cas5 le niébe est recouvert de branches de plantes insecticides ou
insectifuges.
Les principaux moyens de stockage sont les greniers en paille tressee
(secco) et les greniers en argile pétrie (banco) auxquels il convient d'ajouter
les jarres et les canaris en argile cuite, ainsi que les bouteilles qui ont
remplace les gourdes traditionnelles pour la conservation des semences.
Les greniers en paille tressêe servent au stockage des céréales en
épis et du niébé en gousses. Ce type de grenier est généralement construit
dans le cour de la maison, mais on peut aussi le trouver à l'intérieur dans cer-
taines localités des Hauts Bassins au Sud-Ouest du pays (HOUNDE). Il est cons-
titué de trois (3) nattes en paille d'Andropogon gayanus Kunth, de forme coni-
que ; deux (2) de ces cônes emboîtés sont renversés pour constituer le grenier
proprement dit qui repose sur un plancher en bois croises et soutenu par des
pieux de 50 à 60 cm de haut ou par de grosses pierees quand il s'agit de grands
greniers. La pointe du cône repose souvent sur une pierre. La troisième natte
sert de couvercle. Des bois de 1 à 1,50 mètres sont attaches au grenier afin
de renforcer sa solidité. Ce type de grenier est très extensible et peut donc
contenir une grande quantite de produits. Cependant, il n'est pas étanche et
les échanges avec l'extérieur sont ainsi favoris&.
Le grenier en banco sert très souvent au stockage des grains ; il
peut être cylindrique ou carré et ses dimensions sont variables d'une région à
l'autre. Les greniers de petites dimensions (environ 200 kg de grains) se
trouvent à l'intérieur des maisons et sont recouverts d'une dalle en banco,
tandis que les moyennes et grandes dimensions se trouvent à l'exterieur et sont
couvertes d'un chapeau de paille. Ces greniers sont construits avec de l'argile
(terre de termitière) melangée & de la paille fine pour que la structure soit
très solide. Très souvent, on introduit des branches de plantes insecticides
dans la dalle de base pour lutter contre les termites, 6tant entendu que le sup
port de cette dalle est un ensemble en bois reposant lui-même sur un carré de
grosses pierres. Ces greniers, surtout ceux avec couvercle en banco, sont très
étanches, offrant ainsi une bonne protection contre les agents exterieurs. Leur
construction pourtant demande une specialisation certaine que n'ont pas tous les
paysans.
Le stockage du niebé se fait en gousses ou en grains, ce dernier mode
étant prédominant en Haute-Volta. S'agissant du stockage en gousses9 il se fait
dans les greniers en paille, selon la méthode dite en "sandwich" : on dépose (au
fond du grenier une couche de plantes odorifiantes sur une épaisseur de trois
(3) centimètres environ ; suit une couche de niebe allant de 40 a 50 cm, bien
tassée (le niëbé est quelquefois aspergé d'eau afin de ne pas casser les gousses)
puis une couche de plantes odorifiantes, et ainsi de suite. La dernière couche
de niébe, souvent aspergee de plantes toxiques et de résidu de beurre de karité
délayé dans l'eau , est recouverte de branches de plantes odofifiantes, Cette
opération terminée, on coiffe le secco de son chapeau de paille. Quant au sto-
ckage en graines, il se fait selon le principe suivant : on malaxs- les graines

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avec la cendre de bois mort dans les proportions d'un volume de cendre pour
trois (3) voluws de graines9 ou bien 5 volume egal. Le melange est exposé au
soleil puis mis dans le grenier en banco (ou dans les ,jarres, canaris et bou-
teilles} par petites quanti% chaque fois bien tassêes ; une couche de cendre
recouvre le tout. Comme précédemment, le grenier est coiffé de sa dalle OU de
son chapeau de paille. Quant aux canaris et jarres> il,s sont fermés par un
couvercle en terre cuite ou d'un enduit de terre.
Bien qu'évoquant de nombreuses croyances ancestrales qui conditionne-
raient la reassite du stockage, le paysan voltaïque utilise un ensemble de
méthodes physiques et chimiques nour supprimer ou réduire la population des
insectes dans les stocks de ni6b6. Parmi ces méthodes, nous mentionnerons :
- la récolte dès que le niebe arrive â maturité
- le séchage repete au soleil
- le chauffage des graines avec de la cendre dans une marmite
(5 a 15 mn)
- l'utilisation des sous-produits du beurre de karité (Vitellaria
paradoxal
- les centres de bois mort mais plus specifiquement :
. Ptérocarpus erinaceus poir
Afzelia africana Sm
: Vitcllaria paradoxa Gaerth
. Pennisétum gargb'ense
- les plantes odorifiantes et écorces d"arbre employées entières
gousses ou en poudre souvent melangée i4 la cendre (graines).
. tiyptis spicigera lamb P
. Oci ri‘lUill cymhopogon
. Qcimum basilicurs
i (LABIEES)
Ocimum gratissimum i
?
. Lippia cheralieri Nold
(VEKBENACEES)
Cymbopogon schoenanthus spreng IGRA&iIIYEES)
: Cassia nigricans Vahl
(CESALPINACEES)
Khaya senegalensis Huss I .,
: Asadirachta indica
i (riELIACEES)
. Boscia senegalensis
(CAPPAREDACEES)
. Capsicum frutescens
(SOLANACEES).
II - ETUDE CRITIQUE DES STRUCTURES TRADITIONNELLES DE IbTDCKAGE ET DE QUELQUES
IVIETHODES DE LUTTE CDIYTRE LES DRUCHES
Après avoir recensé les méthodes de conservation actuellement en usage
en Haute-Voltâ,
la @me étape du travail a consistë dans la détermination de
l'efficacité de ces structures et des méthodes de lutte. Ces études ont été
faites aussi bien sur le terrain qu'en laboratoire.
2.1. - Etude critique des structures traditionnelles de stockage
L'objectif était double :
- determiner la nature et l'importance rtielles des dégâts in-
tervenant dans ces structures traditionnelles ;

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- comparer les deux principaux types de grenier.
Des greniers en paille et en banco ont donc i?té construits dans trois
localités de la Haute-Volta et on a stocke du niébé en gousses dans le premier
type et du niebé-grain dans le second pendant une année. Les prélèvements des
échantillons s'est effectue ragulièrement (tous les deux Inois).
2.1.1. - La nature et l'importance des pertes
Les plus grands dégâts sur le niébe sont dus aux insectes, les bruc:hes
du niébé. Ces insectes occasionnent surtout une perte de poids mais aussi de
qualité, les graines attaquees etant perforées ou comportant des débris d'in-
sectes. Le bon stockage du niébé dépend essentiellement de l'attaque initiale
et du séchage-. Les bruches attaquant le niGbé au champ, les dégâts seront très
limités si la récolte se fait des maturation et l'engrangement aussitot après
un bon Gchagr. Si par contre l'attaque est très élevee au départ, la ds:nrée
sera rapidement détruite en cours de stockage. C'est ce qui se passe générale-
ment en milieu paysan ou la rëcolte est tardive et le stockage du niébë se fait
aprës celui des céréales. Le niveau des attaques demeure donc très élevé dans
ces structures, bien qu'il dépende du type de grenier : partant d'une infesta-
tion de 6 % pour le secco et 13 % paur le banco9 on arrive respectivement à
55 % et 35 40 au bout d'un an de stockage selon les méthodes traditionnelles
c'est-à-dire gousses + branches d't-lyptis specigera dans, le secco et graines +
cendre de bois mort dans le banco. Le témoin qui n'a subi aucun traitement a
atteint 55 % d'attaque au bout de huit (8) mois.
2.1.2. - Comparaison des deux types de grenier
Les attaques des insectes sont plus elevees dans le secco que dans
le banco en partant d'infestations équivalentes. En effet, le secco est très
aéré et offre des conditions physiques quasimant identiques aux conditions ex-
térieures. En saison de pluies, 1'humiditC relative est trës Elevée à l'inté-
rieur du grenier et la teneur en eau des graines atteint 15 %> ce qui favorise
la multiplication des insectes ainsi que l'ont prouve les essais menés à
KAMBOIWSE. Ainsi, l'infestation élevee rencontr& dans les seccos sont dus 5
deux phénomènes :
1/ - Une multiplication rapide des individus stockés avec le niébë, le
grenier offrant de bonnes conditions.
2/ - Les ëchanges avec le milieu exterieur : des élëments peuvent péné-
trer dans 1~ secco et augmenter le niveau de l'attaque. Ceci a été confirmée par
une expérience mer& à MAMEDINSE. Les bruches qui sortent des seccos étant de
la forme voiliëre, elles ont la possibilite d'infester les champs de niébé au
moment de la formation des gousses.
Le banco est étanche, ne pêrmet pas de reinfestation et offre la
possibilitë d'un traitement au fumigant. Il peut durer plusieurs années alors
que le secco doit être refait chaque année.
Ainsi, le sccco prescrite beaucoup d'inconvénients mais les enquêtes
ont montré que les paysans y sont trës attachés, l'utilisent depuis très long-
temps et n'ont aucune difficulté 2 le construire, alors que le banco demande
des spécialistes.
2.2. - Etude de quelques mbthodes de lutte contre les bruches

2.2.1. - Utilisation de la chaleur
Il s'agissait oc? detcrminer la temp6rature minimale n6cessaire pour
tuer tous les stades dz développement de la bruche du niebé. Les stress ther-
miques ont donc ete effectues sur les adultes, les larves de differents âges
et les oeufs. Les graines portant les oeufs et les larves sont exposes dans
des boîtes de @tri à 1'Gtuve pendant 15 QU 30 minutes â differcntes tcmpéra-
tures9 seules ou melangées à de la cendre. Après chauffage, on suit l'evolu-
tion des oeufs et des larves. Les adultes sont exposes à la chaleur pendant
5 à 30 minutes et on note la mortalité.
Il resulte qu'une exposition de 15 minutes à la temperature de 60°C
tue tous les stades de développement de la bruche. Lorsque les graines sont
mélangées â de la cendre, la temp6rature minimale est 55°C pendant 15 minutes.
Les tests de germination ont montré que la graine maintient son pouvoir germi-
natif jusqu'à 75T.
2.2.2, - Utilisation des huiles et des tourtzaux de graines de neern
Les graines sont traitees â la dose de 16 ml/kg et l'huile d'ara-
chide sert de référence.
t'huile de coton, tout comme l'huile d'arachide et le beurre de
karite réduit la durée de vie des bruches et la ponte des femelles. Le traite-
ment est efficace sur les oeufs et les jeunes larves niais a peu d'effet sur
les larves âgées et les nymphes qui peuvent émerger et recammencer a pondre ;;
cependant, ces oeufs êtant deposés sur des graines traitëes ne pourront pas
évoluer et l'on rëduit ainsi graduellement la population des insectes,
tes graines de neem contiennent de l'huilo qui est toxique pour les
larves de bruches au meme titre que les huiles de coton,d'arachïde et le
beurre de karit6.
2.2.3. - Utilisation de la cendre
La cendre Gduit la vie des adultes et diminue les pontes des femel-
les, Les bruches dans les graines en prësence de cendre remontent à la Surfac:e
et restent rarement dans le produit. L'on a constate à Houndé que si l'on part
de grains infestes â 13 %9 on arrive après un an de stockage â 27 % dans le
grenier plein et 35 % dans le grenier rempli à moitié, tandis que le témoin
est complètement detruit.
La cendre des @pis de petit mil a donne les meilleurs résultats.
2.2.4. - Utilisation des plantes insecticides ou répulsives
D'une façon génerala, les observations faites deux annëes durant
montrent que ces plantes ont un effet negligeable sur le developpement em-
bryonnaire e,t larvaire, Elles contribuent essentiellement à réduire la durée
de vie des adultes et la f&ondîtG des femelles.
2.2.5. - Expërimentation de deux insecticides
L'essai a porte sur le pyrimiphos de méthyle (actellic) et le phos-
phore d'aluminium (phostoxin). Le traitement à l'actel'lic s'est fait en sand-
wich â la dose de 50 y d"actellic 1 % pour 100 kg de gousses dans le secco,

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alors qu'on a introduit 3 comprimés de phostoxin dans un grenier en banco
contenant 300 kg de grain et hermetiquement fermé par une dalle en banco.
Ces traitements ont été compares aux traitements traditionnels
(Hyptis et cendre ).
L'actellic protegc efficacement le niébé pendant six (6) mois. Les
attaques deviennent plus grave après cette période : 'le traitement est donc à
renouveler.
Quant au phostoxin, il detruit tous les stades de developpement des
insectes et, une réinfestation n'étant pas possible dans le banco9 les graines
restent bien conservées.
Le stockage avec les insecticides, tout comme la chaleur s"avère
être le meilleur moyen de protéger les graines de niébë contre la bruche. Il
y a lieu cependant de tenir compte du prix de ces insecticides (rapport coût/
gain par rapport aux autres traitements) et des dangers potentiels pour le
consommateur, d'autant plus qw ces produits sont très toxiques et les pay-
sans peu oupoint formés pour leur manipulation.
I I I - COtUUSION
A la fin de la Premiere phase et au vue des resultats obtenus> le
projet a donne les conseils suivants en matiëre de stockage de niebet :
A/ - r@thodes preventives
- Récolter le niébé dès maturation et ne pas laisser trop sècher
au champ afin d'éviter une forte attaque des gousses ;
- Battre le plus tpt possible et continuer le Gchagc des grains
car une faible teneur en eau ne permet pas le développement des larves ;
- Vanner et trier afin de ne stocker que les graines entiëres et
saines ;
- Stocker en grain, de preférence dans des greniers en banco dont
l'intérieur devra être passé au feu et nettoyé. Dans cet ordre d'idee, l'intro-
duction du grenier amélioré serait souhaitable à plus d'un titre : construc-
tion avec les matêriaux locaux que les paysans ont l'habitude d'utiliser, ré-
sistance aux termites, herméticité aux insectes et prelëvements faciles.
B1 - Ftéthodes curatives
- Stocker les semences avec les poudres insecticides.
- Fumiguer à la dose d'un (1) comprimé pour cent (100) kilogrammes de

grains (phosphure d'aluminium).
- Chauffer 15 à 30 minutes les grains à une température de 7O’C.
- oialaxer les graines avec de l'huile d'arachide, coton eu beurre
de karité à la dose de 200 a 250 ml pour 100 kg de gra'ines.
- Nalaxer les graines avec les tourteaux de graines de neem ou avec
le résidu du beurre de karite dans les proportions d'un volume de tourteau ou
residu de beurre de karité pour deux (2) volumes de grains.

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- Malaxer les graines avec la cendre des Gpis de petit mil et au
cas 06 cela ferait défaut, compl&tcr avec la cendre ordinaire.
*
*
*
Nous pensons que dans la lutte contre les ravageurs des stocks de
niéb5, il faut mettre l'accent sur les méthodes prCventives ainsi que sur les
moyens de lutte disponibles localement, tout au moins jusqu'à ce que le paysan
acquiert une plus grande technicite ct/ou un revenu qui favorise des investis-
sements relativement coûteux et bien sûr rentables. Le:; Gtudcs sur les plantes
insecticides ou insectjfuges doivent continuer afin de choisir la meîlleure
combinaison. On peut pourtant d6Jà se demander si une utilisation massive de
ces plantes n'est pas un risque à long terme dans un pays sahélien OU la
sëcheresse est un véritable fléau. L'usage des insecticides doit se faîre avec
beaucoup de circonspection car ces produits sont très toxiques et nous savons
que le paysan consomme sa production au fur et à mesure de ses besoins et qu'en
cas de disette,même les semences sont consommées. C'est pourquoi, nous pensons
que l'adoption du grenaer améliore, le chauffage et l'utilisation des résidus
cie beurre de karite et de la cendre doivent être les axes privilégias de re-
cherche en matière de stockage du niebe en Haute-Volta,, avec naturellement les
autres méthodes préventices en plus. Nous avons pu voir un prototype de grenier
amélioré : il a donn6 des resultats satisfaisants par rapport aux greniers
traditionnels. Son principal défaut pourrait provenir de la non herm6ticité
totale au niveau de la trappe de prél@vecient apres plusieurs opérations car il
est probable qu'il se créera un certain "Jeu" que les *insectes metteront à
profit pour infester le grenier. Une solution consisterait à replâtrer toutes
les fois que ce sera nécessaire. C'est un problsme à etudier de plus pres.
Ainsi, l'adoption du grenier amélioré et le chauffage des graines
mélangties avec la cendre à 70°C pendant 15 minutes semblent être la meilleure
solution dans les conditions actuelles du stockage du niëbe en Haute-Volta.

tE PROJET 3P - 79 - 0007 DE SIERRA-LEONE
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Le financement du projet stockage du niébci (Co\\rrpea storage project) en
Sierra-Leone a éte acquis en 1979 mais les structures et le materiel n'ont et6
mis en place qu'en Octobre 1982. Ce projet, domiciiié au Njala University College
est dirige par le Dr NOAH Rachld et benéficie de l'apport de toute l'équipe du
Agricultural Crops Research Extension dirigée par le Professeur TAYLOR. Bien que
les structures nloketc mises en place qu'en Octobre 198i!, ce projet bénéficie dé
déjà d'un acquis non nëgfigeable, c'est-â-dire les résultats d'une enquête
nationale sur les légumineuses alimentaires et sur le stockage du niébé en
Sierra-Léone.
Ce type d'enquete est en fait toujours necessaire dans tout projet
agricole qui envisage l'ïntroduction d'une nouvelle technologie, car il permet
de mesurer l'ippact de cette nouvelle technologie et d'identifier les zones où
des modifications s'averent nécessaires afin de faciliter l'introduction de la
technologie.
RESULTATS DE L'ENOJETE SUR LE NIEBE
Il ressort de cette enquête que :
- La moyenne d'âge des paysans (chefs de ménage) est 40 ans ou
plus. Les femmes et les enfants constituent la main-d'oeuvre principale. Les
exploitations, qu'elles soient de bas-fonds ou des hauts-plateaux, sont petites
(2 a 3 acres, soit 0,8 â 1,2 hectare) et plus de 70 % des paysans s'y consacrent
à temps plein.
- La culture du niébe est repandue sur tout le pays mais elle est
plus intense dans le Nord et le Sud du pays.
- Le semis du niebé se fait entre Avril et Juin tandis que la
rëcolte commence en Novembre et peut continuer jusqu'en Fevrier de l'année
suivante.
- Le niébé se fait en culture pure ou associée. On Te trouve très
peu en culture intermédiaire.
- En gënéral, on ne met pas de fertilisants et la pratique du
mulch est pratiquement inconnue pour ce qui est des légumineuses. Le semis se
fait au hasard et non en lignes, en poquets ou à la volée.
- Le niébé est généralement consomni6! par liagriculteur soit en
vert (gousse t graines en formation), soit en graines. On vend très peu.
- Le séchage se fait au soleil, sur des plateformes spécialement
construites àcet effet, en terre battue ou en paille tressée ; les plateformes
en cizient sont quelquefois utilisees dans certaines régions (Tonkol-ili et Port
Loko) tandis que l'usage des tôles métalliques est tres rare.
- Le niébé est stocke en gousses ou en graines, les deux modes de
stockage étant également rëpandus.

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- L'utilisation de moyens de préservation durant le stockage des
légumineuses en général n'est pas une pratique courante parmi les paysans. Là
où cette pratique existez elle prend la forme d'additifs naturels comme le poivre9
le clou de girofle, le gingembre ou la cendre.
- Il n'y a pas de structures specifiques pour le stockage du niebé
et des autres logumineuses alimentaires. Ces structuras servent pour toutes les
productions. Elles sont : la chambre de stockage avec une plateforme seus la-
quelle se trouve un feu, le sac de jute, le panier, le cribg le banco9 la caisse
en bois, le bidon, la bouteille et le container.
- Les ravageurs dos stocks de niébé sont principalement les in-
sectes, les moisissures et, dans une moindre mesure, les rengeurs.
METHODOLOGIE
Les enquêtes prlliminaires combinees du "Food Legume Project" et du
Yowpea Storage Project" ont recensé toutes les structures de stockage existant
en Sierra-Leone ainsi que les methodes de preservation durant le stockage.
Dans une Premiere phase, le projet experimentc les diverses méthodes
traditionnelles de stockage, telles qu'elles existent dans la réalité, et les
compare entre elles. Cette experimentation se fait en station. C'est ainsi qu'un
dispositif a éte mis sur pied à l'ljal a et comprenant les structures suivantes :
- Caisse en bois avec parois intérieures recouvertes de feuilles
plastiques
- Bidon
- Bouteille
- Panier tapisse interieureoent de sacs plastiques
- Container
- Sac de jute "plastifié"
- Crib avec dispositif de protection contre les rongueurs
- Banco
- Chambre de stockage.

Chaque structure comporte 4 ou 5 traitements Mmoin, cendre, clou de
girofle, gingernbre, poivre) et plusieurs répétitions,
Le calcul d~dornmages causés se fait selon les formules standards
% des pertes de poids =
(e x b) - (d x lc)
x 108
e x a
oü a = nombre total de grains
b= "
Ii
grains attaques
II
II
grains sains
3 f poids total de grains endommag@s
e= '!
v
II
sains
% des dommages causês par les insectes =
ItP x 100
% des dommages causes par les moisissures = M : P
x 100
a

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avec 1 = nombre de grains attaques par les insectes
pi=
Il
Il
II
II
1' moisissures
p=
'@
II
II
II
'1 insectes et les moisissures
L'appareillage complet pour l'&hantillonnage, les mesures d'humidite, la dé-
tection des infestations et pour les pes&s est dGja mis en place.
C&cc première phase doit durer 2 ou 3 ans. Aucun résultat n'est
encore disponible.
La deuxième phase consistera à aller chez le paysan avec les résultats
obtenus en station. Des discussions exhaustives s'ensuivront avec toutes les
explications necessaires, étant entendu que le dernier choix reviendra au paysan.
Ctfiu+cEi~ aura d'ailleurs à choisir entre plusieurs solutions en conformité avec
ses moyens humains9 techniques et financiers. Les etudes economiques se feront
sur la base des choix effectues par les paysans. Ce cheminement nous semble très
interessant et très pratique car, non seulement le paysan a la possibilité de
faire un choix raisonné sur la base d'une comparaison riielle entre ces structures
et celles proposées par le projet (installation des nouvelles structures en
milieu réel), mais le projet pourra vérifier sur le terrain pratique la validité
de ces propositions par rapport aux structures traditionnelles, c'est-&-dire le
devenir de ses structures améliorées une fois qu'elles sont laissees à la libre
gestion des paysans. Il se crée ainsi un phenonene de feed-back qui permet au
projet de modifier certaines orientations techniques ou, tout simplement, cer-
tains choix.

Description and objectives of proposals for the Cowpea storage project
3-P-774159 in Upper Vol&a
- IDRC
SOME SALIE0 Jean AKSEHE
"Le stockage traditionnel du ni9bé en Haute-Volta - Etude et proposition
d'amélioration"
Mémoire de fin d'études - Juin 1982.
Projet de stockage du ni6bé 3-P-77-0159
Rapport de campagne 1982.
Project proposals for the continuation of the Cowpea storage pro.ject
3-P-79-0007, Sierra-Leone.
Agricultural Survey report with
Emphasis on foof legume cultivation - Storage and use in Sierra-Leone
I.U.R.C./N,U.C. - April 1982.