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~2
REPUBLIQUE DU SENEGAL
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_ ,+-
MINISTERE DE L’AGRICULTURE
Direction des recherches
------
sur les Cultures et Systèmes
INSTITUT SENEGALAIS DE
Pluviaux
RECHERCHES AGRICOLES
------
ctifld 84
H4#
BAL
r
RAPPORT D’ACTIVITE 1994195
DU SERVICE D’ENTOMOLOGIE
Par
Dr. Mamadou BALDE
Abdoulaye DIOP
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,, ,:* ,: .: . _, ‘<ci& 1..... ,. e
Avril 1995
CENTRE NATIONAL DE RECHERCHES AGRONOMIQUES DE BAMBEY
(C.N.R.A.)
,-

2
Durant la campagne 1994/95, deux actions de recherches ont été
menées sur la culture du niébé par le service d’Entomologie. La première action
avait trait à la réaction de différentes variétés de niébé à une protection chimique.
Cet essai a été mené en station dans différentes localités, notamment à Bambey,
Thilmakha (Centre-Nord), à Louga (Zone Nord) et à Nioro (Zone Centre-Sud).
L’objectif de cet essai multilocal était de pouvoir vérifier certaines tendances qui
s’étaient dégagées les années précédentes dans la station du CNRA de Bambey.
La deuxième action consistait pour la 3ème fois à voir l’impact d’un
traitement de semence combiné à un mode de semis (semis à sec ou humide) sur
l’attaque de la culture du niébé par la chenille poilue du niébé (Amsacta moloney].
En effet, compte tenu de la faible pression de ce ravageur les deux années
précédentes, aucune influence du traitement de semence sur Amsacta n’avait pu
être constatée.
Les résultats obtenus sur ces deux actions font principalement l’objet
de ce rapport.

1.1. MATERIEL ET METHODE
Dans tous les sites, le terrain avait subi un labour et un hersage suivi
d’un apport d’engrais NPK à raison de 150 kg à l’hectare. Le dispositif était identique
dans toutes les localités. II était fait de telle sorte que chaque variété soit répétée 8
fois avec 4 répétitions au traitement chimique et les autres sans traitement,toutes
dans des blocs complets randomisés. Le nombre de variétés testées était de 12 (58-
57, Mouride, Diongoma, Mélakh, Bambey 211, Ndiambour, Mougne, TVX-3236,
Baye Ngagne, IT81 D-l 137, CB5 et Ndiaga Aw),
sauf à Bambey où la Ndiaga Aw
n’a pas été testée. Pour des questions pratiques, chaque variété correspond à un
numéro allant respectivement de 1 à 12.
Les variétés étaient semées à des écartements qui variaient en
fonction du port de la plante. Pour des variétés rampantes et semi-rampantes, les
écartements étaient de 50 cm x 50 cm, tandis qu’il était de 25 cm x 50 cm (distance
entre poquets x distance entre lignes) chez les variétés érigées. Le démariage à une
plante paf poquet avait eu lieu partout une semaine après la levée.
Le traitement chimique avec du DECIS (deltaméthrine) à raison de 15 g
de matière active à l’hectare a été effectué à partir de l’apparition des premières
fleurs de la variété la plus précoce et poursuivi chaque semaine jusqu’à la
maturation. Dans l’ensemble 5 traitements à Nioro et 4 chez les autres sites ont été
réalisés. Avant chaque traitement, le nombre de thrips était déterminé par des
prélèvements et analyses de boutons floraux.
L’évaluation de l’impact du traitement était faite sur la base du
comportement vis-à-vis des thrips (nombre de thrips par fleur), du rendement en
gousses et en graines.
1.2. OBSERVATIONS
Durant cette campagne, la présence des pucerons (Aphis croccivora)
était importante dans la zone Centre-Nord, particulièrement à Thilmakha. Certaines
plantes étaient complétement mortes dans les parcelles non traitées des variétés
très sensibles. Dans les parcelles à protéger, un traitement préventif à I’endosulfan a

4
été effectué dans cette localité contre les pucerons. Cette apparition des pucerons a
été constatée à Thilmakha le 22 Août 1994, soit 29 jours après le semis et s’est
prolongée jusqu’au début de la floraison où leur présence a été interrompue
certainement par les pluies relativement importantes de septembre avec un cumul
de 93 mm. Son apparition est due à cette relative poche de sécheresse qui s’était
établie du 10 à fin Août où le cumul pluviométrique ne dépassait pas les 23 mm.
II y avait eu aussi une apparition des chenilles de Amsacta à Bambey
quelques deux semaines après le semis qui a nécessité un traitement à I’Endosulfan
aussi bien dans les parcelles T1 que dans les TO (témoin).
Par contre la présence d’autres lespèces de ravageurs du niébé était
pratiquement inéxistante dans les différentes localités, sauf celle de Acanthomia
horrida à Bambey au stade maturité du niébé.
1.3. RESULTATS ET DISCUSSIONS
1.3.1. Effet du traitement sur les thrips
Sur la base de prélèvement de boutons floraux, on a pu constater non
seulement une différence variétale, mais également entre les sites, comme le
momtre le tableau 1.
L’analyse statistique montre des différences significatives entre
certaines variétés dans les parcelles non traitées et une différence hautement
significative entre les traitements. L’examen du tableau montre par ailleurs que la
Mélakh (B89-504) était d’une manière générale la variété la moins attaquée par les
thrips, sauf à Thilmakha où l’invasion des plantes par les pucerons a un peu
perturbé cette tendance, tandis que la NX faisait partie toujours des variétés les
plus attaquées. Ces résultats confirment ceux obtenus durant la campagne 1993/94
dans la station de Bambey.
D’une manière générale, l’efficacité du traitement en terme de baisse
de la population des thrips par rapport au témoin non protégé varie en fonction de la
pression parasitaire qui dépend de l’humidité. En effet, la différence entre le
traitement et le non traitement était de 40 % dans la partie sèche (Louga) et de 72 %
à Nioro, zone beaucoup plus humide. En général, les variétés 153-275, IS-283, la
Mougne et la CB5 étaient les plus attaquées dans cette dernière zone écologique.
‘-
- ~-_---.
_.__
-.-.
----
--- -... ..---_
_--.

Le nombre de thrips trouvés dans les parcelles traitées à la station de
Nioro était même plus important que celui des parcelles non protégées de Louga et
Bambey. Ce qui montre I’existance d’une forte pression parasitaire dans cette zone
plus arrosée. En effet, la différence entre les parcelles Tj de Nioro et des parcelles
TO de Bambey s’élevait à 385 %.
Tableau 1 : Nombre total de thrips selon les sites.
Variété
Bbey
Louga
Thil.
Nioro
TO
Tl
TO
Tl
TO
Tl
TO
Tl
1
191
97
305
174
317
216
1117
383
1 0
283
152
220
186
432
178
1105
271
11
230
134
284
166
425
176
1328
261
1 2
265
181
345
195
1501
499
Moyenne
250.4
125.0
305.1
184.1
400.5
182.9
1354.8
373.4
Bbey = Bambey ; Thil. = Thilmakha

6
DU point de l’évolution des populations des thrips du premier au dernier
prélèvement, on a pu constater que l’activité de cette espèce de ravageur peut
s’étaler sur une longue période de plusieurs semaines en fonction probablement de
la quantité de nourriture disponible (fig. 1). Cependant, cette hypothèse sur la durée
ou la période d’activité des thrips mérite de faire l’objet de vérification dans la
perspective d’approfondissement des connaissances de la dynamique des
populations de cette espèce de ravageur en relation avec le cycle phénologique du
niébé. En analysant ces courbes d’évolution pour les 4 zones écologiques, on peut
constater que la densité maximum de thrips dans les boutons floraux est atteinte au
troisième prélèvement, soit 3 semaines après le début de la floraison. A partir de ce
moment, l’importance de la population diminue progressivement à fur et à mesure
que la floraison prenait fin.
Figure 1 : Evolution des populations de Thrips.
Milliers
_..---... -- - _._. ._.-..- .--..-...~. --.---- ~-
r- Louga +Bambey +-Thilmakha +-Nioro
.~___ _-_-..
..--..
.---.
------.--.-.---
1.3.2. Impact du traitement sur le rendement
Lors de la récolte, les gousses des lignes centrales étaient séparées
de celles des lignes de bordure pour éliminer l’effet de bordure.
1.3.2.1 Rendement en gousses
Les résultats montrent d’une manière générale dans tous les sites que
les rendements étaient plus importants dans le cas du traitement chimique, même SI
la différence n’était pas significative à Louga (Tab.2).

7
Tableau 2: Effet sur le rendement potentiel en gousses
Louga
Thilmaka
Nioro
l
TO
Tl
TO
Tl
1
1820.9
316.5
737.5
1552.1
1619.2
2
1-I 77.9
645
667.5
899.9
1167
3
591.1
1332.7
152.5
178.5
814.1
1802.9
4
1322.0
2168.3
1063.5
5
926.9
2121.3
315
6
1049.0
1310.5
670
969.6
936.4
1794
*
7
662.1
1428.5
982.4
813
2204.5
8
l 613.9
1138.5
680
1180.2
1225.6 1389.8
9
688.6
1845.2
151.5
264
1271.3
2244.4
649
2167.5
1 0
555.6
735.2
592.5
665
981.9
1686.4
372.3 I 1591.9 I
11
997.0
1647.3
299
1332.3
1646.6
1 2
526
708.1
864.2
1640.7
428.5
979
1386.8
693 1 1qO3.6 1
A.
var.= Variétés
Le niveau de la différence entre le traitement et la non protection
augmentait indépendamment de la variété, à fur et à mesure que l’on descend vers
les zones plus arrosées. En effet, cette différence était d’environ 26% à Louga, 29%
à Thilmakha 42% à Bambey et de 57% à Nioro.
Dans tous les sites considérés, la différence entre les variétés était
significative. Le tableau ci-dessus montre que la 58-57 réagit non seulement
-----
-

8
positivement à un traitement chimique, mais qu’elle est très performante dans des
conditions hydriques optimales.
L’étude des effets du parasitisme sur la capacité potentielle de
production du niébé montre dans les différentes localités des corrélations négatives
hautement significatives entre la densité de thrips dans les boutons floraux et la
production de gousses, sauf à Louga où celle-ci était très faible. Ce qui expliquerait
en partie la différence non significative entre le traitement et la non protection du
point de vue rendement aussi bien en gousses qu’en graines. A fur et à mesure que
l’on avance vers la zone humide, cette corrélation prenait de l’importance. En effet,
elle était de -0,lO à Louga, -0,45 à Thilmakha, -0,49 à Bambey et de -0,67 à la
station de Nioro.
1.3.2.2. Rendement en oraines
-
Compte tenu du fait que la récolte du niébé a eu lieu dès la maturité,
caractérisée par le jaunissement des gousses, l’impact des punaises des gousses
telle que A horrida était pratiquement inexistant cette année dans tous les sites. Les
graines obtenues étaient généralement de très bonne qualité. A l’image de ce qui a
été observé chez les gousses, la différence entre le traitement et le non traitement
était partout hautement significative sauf à Louga comme le montre la figure 2.
Figure 2: Importance du traitement en fonction des sites
Rdt (Kg/ha)
--.--..--
~..._ -.. ..-.__--.-._ ---.--
-~---. -. --.
‘T-- --
0 i,L
.l~_
~.
_ . 1... . ..-
- .--_._L. .---.. ~-
.._
_ -.. _”
L o u g a
Bambey
Thilmakha
Nioro
L o c a l i t é
Cette figure montre en outre que la différence entre les parcelles
traitées et celles non protégées varie également d’une zone écologique à l’autre.
Pour toutes les variétés confondues, cette différence prenait de l’importance
-
~-- . .
--- ..--_.-_-- .- ---“.Ix

9
numérique de fur et à mesure que l’on avançait vers les zones plus humides. En
effet, cette différence était de 26.3% à Louga (zone Nord), 34.4 et 36.7%
respectivement à Thilmakha et Bambey (Centre-Nord) et de 68.8% à Nioro (Centre-
Sud). Comme le montre également le tableau 3, les plus grandes pertes de
rendement étaient observées à Nioro dans les parcelles non protégées.
Tableau 3: Influence sur le rendement en graines (kg/ha)
Var.
Bambey
Louga
Thilmaka
NIORO
TO
Tl
TO
Tl
TO
Tl
TO
T l
1
1926.6
2448.5
364
749.8
2180.9
2188.1
1714.1
4820.2

10
D’autre part, les variétés 58-57 et NDiaga Aw, qui sont des variétés
traditionnelles et rampantes semblent bien se comporter, même dans les conditions
d’une non protection chimique. En effet, la différence entre le traitement et le témoin
etait de 64,4 et 40,8 % à Nioro respectivement pour la 58-57 et NDiaga Aw,
comparée aux variétés Mouride, CB5, Diongoma, 81 D-l 137 et Bambey 21 où les
différences variaient dans les mêmes conditions à Nioro entre 79 % (Mouride) et
88,5 % (Bambey 21) qui semblaient être les plus sensibles à l’attaque des thrips.
1. 3. 3. Attaque primaire des gousses par les bruches.
Bien que l’objectif de l’essai n’était pas de déterminer l’influence du
traitement sur l’infestation primaire du niébé par les bruches, nous avons jugé
important d’avoir une idée sur les facteurs favorisant les attaques des gousses au
champ par les bruches. Ce-ci est d’autant plus important que cette ataque peut
faciliter l’infestation secondaire selon les conditions de stockage.
L’analyse des graines à l’attaque de,,c bruches a été effectuée après la
récolte en prélevant 100 graines par variété à l’aide d’un compteur aux graines. Le
pourcentage des graines endommagées a était déterminé grâce à une observation
municieuse de chaque graine. Le pélèvement n’a été réalisé que sur les graines des
parcelles non traitées (TO) et uniquement sur les sites de Bambey et Niort. Dans
tous les deux sites, la récolte avait eu lieu à la maturité physiologique du niébé suite
à une recommandation de I’Agrophysiologiste des semences du CNRA de Bambey.
Les résultats portés au tableau 4 montrent que les attaques des bruches
sont plus sévéres à Nioro qu’à Bambey. Ce qui semble indiquer que les bonnes
conditions d’humidité favoriseraient le développement des populations de cette
espèce de ravageur. Pour toutes les variéte,,
‘c’ confondues, la différence entre les
deux localités était en moyenne de 65.9% en faveur de Nioro, zone plus humide.
Les résultats montrent également une différence considérable entre les
variétés sur le plan de leur sensibilité aux bruches. Aussi bien à Bambey qu’à Nioro,
les variétés Mouride (IS-275) et IT81 D-l 137 étaient de loin moins attaquées. Leur
infestation par les bruches était pratiquement inexistante à Bambey et elle n’était à
Nioro que de 7 et 12% respectivement pour Mouride et IT81 D-l 137. Elles étaient
suivies sur ce plan par la Diongoma (IS-283) et de la Melakh (B89-504) dont
l’attaque étant même inférieure à 28%. Les varietés Mougne et 58-57, suivies de
Bambey 21 et Ndiambour semblent être les plus sensibles à I’infestation au champ
par les bruches.

II
Tableau 4: Incidence des bruches (nombre de graines
touchées sur un total de 100 graines)
VARIETES
BAMBEY
NIORO
DIFF(%)
1.58-57
1 8
83
78.3
2.Mouride
1
7
85.7
3. Diongoma
3
25
88.0
4.Melakh
74.0
7.Mougne
1 4
85
83.5
8.n/X-3236
1 2
/T:,
ll.CB5
1 2
12.NDiaga Aw
64
MOYENNE
18.7%
54.9%
65.9%
Du point de vue de la sévérité de l’attaque, définie comme étant le nombre
de trous observés chez une graine, on a pu observer chez certaines graines à Nioro
même jusqu’à 10 trous (Bambey 21), tandis que toutes les graines de Mouride et de
II-81 D-l 137 infestées n’avaient indépendamment du site qu’un seul trous. Dans
l’ensemble, la sévérité était plus élevée à Nioro qu’à Bambey.

1 2
1.4. CONCLUSIONS
Parmi les variétés soumises à une forte pression parasitaire dans les
conditions de non traitement chimique à Nioro, la Mélakh était la moins attaquée,
suivie de la TVX-3236, de la 81 D-l 137, de #a 58-57 et de la Baye Ngagne. Les
résultats obtenus sur le rendement en graines et en gousses montrent que la variété
58-57 est très performante dans des conditions hydriques optimales et qu’elle
présenterait même une certaine tolérance aux thrips, mais qu’elle est très sensible
au stress hydrique.
Les résultats confirment également la résistance de la Mélakh et de la
TVX-3236 aux thrips. Compte tenu de la densité de thrips par fleur chez ces deux
vanétés et le niveau de rendement surtout en gousses, on peut dire que la
résistance de la Mélakh serait de type Antibiose, tandis que celle de la TVX-3236
serait une tolérance aux thrips.
Les observations effectuées durant la phase végétative à Thilmakha
ont permis de confirmer la résistance de la Mélakh aux pucerons et la relative
tolérance de la TVX-3236 à ce ravageur, même si l’appréciation n’a été réalisée que
d’une manière qualitative (visuelle) en plein champ.
Du point de vue de la nécessité de protection phytosanitaire du niébé,
ces essais multilocaux peuvent nous permettre de formuler des recommandations
suivantes relatives au nombre de traitements selon les différentes zones
écologiques déjà étudiées. En effet, on pourrait envisager dans la zone Nord du
pays au plus un traitement, 2 dans la zone C,entre-Nord et selon la variété, 3 à 4
traitements dans le Centre-Sud. Cependant, des essais de démonstration en milieu
paysan s’avèrent nécessaires pour confirmer ou infirmer ces résultats.
Sur le plan de l’impact des techniques culturales sur le développement
du parasitisme, les résultats obtenus durant ces deux dernières années montrent
que le respect des densités de semis recommandées pour chaque variété permet à
celles ci de bien se comporter vis-à-vis des ravageurs, particulièrement des thrips et
de bien exprimer son potentiel de production. En effet: l’écartement de 25m x 50m
de la 58-57 semblait avoir défavorisé en 1993/94 la formation des boutons floraux,
contrairement à l’écartement 50m x 50m réalisé cette année.
Le constat fait cette année sur j’attaque du niébé au champ par les
bruches mérite de faire l’objet d’études beaucoup plus approfondies dans le cadre
d’une collaboration entre le service d’Entomologie des cultures, celui des stockages

13
et le sevice d’Agrophysiologie des semences, pour une meilleure connaissance des
interactions entre plante-hôte et cette espèce d’insecte nuisible. En effet, il existe
encore beaucoup questions relatives à la bio-écologie, à la dynamique des
populations dans la nature ainsi qu’au comportement de cette espèce vis-à-vis de la
plante et c’est malgré les nombreux résultats obtenus au Sénégal et dans la sous-
région dans certains de ces domaines évoqués. La maîtrise de la période exacte
d’attaque du niébé par les bruches au champ et des causes réelles de cette
apparition, nous permettra sur la base de la connaissance de la période de maturité
physiologique des graines, de mieux formuler des recommandations relatives à la
protection du niébé contre une infestation primaire.

14
1 E S S A I T R A I T E M E N T D E S E M E N C E 1
Dans le cadre de la recherche de méthodes de contrôle des chenilles
poilues du niébé (Amsacta moloneyi), qui est un ravageur très redouté au Sénégal,
des essais de traitement de semences sont entrain d’être menés depuis deux ans,
aussi bien en station qu’en milieu paysan. Durant ces années d’études, aucune
conclusion sur l’impact du traitement n’a pu être tirée, compte tenue de la faible
pression d’Amsacta constatée chaque année dans ces sites. Le but de cet essai
était de reconduire ces recherches dans l’espoir d’avoir cette année des conditions
optimales de pression parasitaire pour une meilleure appréciation de l’impact d’un
traitement de semence.
2.1. MATERIEL ET METHODE
Les essais ont été implantés cette année egalement en station à
Thilmakha et en milieu paysan, exactement à Baback (département de Thiès) et à
Ndoungou Ndiaye (département de Louga).
La variété Mouride (IS 86-275), très sensible aux attaques des insectes
ravageurs, a été choisie pour tous ces trois sites,
Le traitement a été réalisé au MARSHAL (Carbosulfan 25 STD) aux
doses de 1, 2 et 3 g matière active/kg de semence et au GRANOX (10 % Benomyl,
10 % Captafol, 10 % Carbofuran) aux doses de 3, 4 et 5 g. m.a/kg. Ce traitement de
semence a été combiné à deux modes de semis : un semis à sec effectué avant le
début des pluies et un semis humide le 110811994 dans le site de Baback, suite à la
pluie importante du 29 Juillet. Le semis à sec a été effectué à Ndoungou Ndiaye au
début Juillet et le semis humide le 12 Août. A Thilmakha, le semis à sec a été réalisé
le même jour qu’à Baback et celui à humide le 2 Août.
2.2. OBSERVATIONS
Durant cette campagne, quelques difficultés ont été rencontrées dans
la réalisation des essais. A Ndoungou Ndiaye, une mortalité importante de plantules
due à une longue poche de sécheresse, a été constatée. Une visite de cet essai

effectuée le Ier septembre a montré également que l’essai n’a pas été correctement
entretenu par le paysan responsable. Après analyse, cet essai fut abandonné faute
de possibilité d’interprétation des résultats qui y seraient issus.
A Thilmakha, une levée relativement bonne et homogène a été
observée 10 jours après le semis humide. Cependant, suite à l’apparition des
pucerons à partir du 22 Août, une partie importante des plantes a été complètement
détruite, d’où l’impossibilité de procéder à des comparaisons entre les traitements,
malgré l’apparition durant cette période des chenilles de Amsacta moloneyi.
Les résultats du traitement de semence qui font donc l’objet de ce
rapport, concernent uniquement ceux obtenus à Baback.
Pour l’évaluation de l’impact du traitement de semence et du mode de
semis sur la levée, le n .nbre de poquets manquants a été déterminé lors du
démarriage.
Quelques larves de la chenille poilue du niébé ont été observées vers
la fin du mois d’Août dans l’essai. Un comptage du nombre de plantes attaquées par
ce ravageur a été effectué le 24 Août 1994 pour déterminer l’incidence et la sévérité
de l’attaque.
2.3. RESULTATS ET DISCUSSIONS
2.3.1. Impact sur la levée
Les résultats montrent d’une manière générale que le semis humide
était meilleur que celui à sec du point de vue de la levée du niébé (Tab. 5). En effet,
cette levée variait en moyenne entre 75 et %7 % chez le semis sec, tandis qu’elle
s’élevait entre 87 et 98 % chez le semis humide. La comparaison des traitements
montre que la levée était plus faible chez les parcelles non traitées que chez les
autres, pour toutes doses et modes de semis confondues. Pour un produit et un
mode de semis donnés, l’effet des différentes doses sur la levée n’était pas
significativement différent. D’autre part, indépendamment des doses utilisées, le
MARSHAL, avec une différence en moyenne de 5%, était Iégérement meilleur que le
GRANOX dans le cas du semis à sec. Par contre, dans le cas du semis humide,
c’est le GRANOX qui domine largement avec une différence en moyenne de 11%.

lb
Tableau 5: Pourcentage de plantes levées
Fongicide
0
1
2
3
SS SH SS
SH SS SH SS SH
MARSHAL
75.3
07.8
82.4a
87.Oa
86.9a
83.0a
82.4a
86.4a
GRANOX
75.3
87.3
75.6a
98.3b
84.1 a
92.6b
79.7a
97.7b
SS = semis à sec ; SH = semis humide
0 = sans traitement; 1 = 1 ère dose; 2= 2ème : 3= 3ème dose
Les chiffres ayant la même lettre alphabétique dans une colonne ne sont pas
significativement différents (P-4%).
2.3.2.lnfluence sur l’attaque du niébé
Ces résultats mentionnés dans le tableau ci-dessous (Tab. S),
montrent une certaine irrégularité de l’attaque des chenilles. Ce manque de
régularité est due certainement à la manière dont les insectes pénétrent dans les
parcelles. En effet, on avait pu observer lors de la vérification des attaques, des
parcelles qui n’ont pas été du tout touchées.
D’une manière générale, les chenilles avaient attaqué plus les jeunes
plantules que les autres plus avancées sur le développement végétatif. Ces
dernières étaient utilisées plutôt comme niche de protection contre le soleil.
L’analyse du tableau ci-dessous montre aucune différence significative entre les
deux modes de semis pour toutes les doses et produits confondus, même si les
plantes du semis humide étaient Iégérement plus attaquées. La différence entre les
deux produits n’était manifeste que chez le semis humide où l’incidence (nombre de
plantes attaquées) chez le traitement au MARSHAL était de 39% au dessus de celui
du GRANOX, pour toutes les doses confondues.
D’une manière générale, l’incidence était relativement faible cette
année dans cette zone. Pour la sévérité de l’attaque (nombre de feuilles attaquées
par plante), les mêmes tendances que pour l’incidence ont pu être observées.
L’attaque était plus sévére chez le semis humide pour le MARSHAL.

17
Tableau 6 : Importance des attaques d’Amsact(a
Fongicide
MS
0
1
2
3
I(%)
S(%)
I(%)
S(%)
(0x3)
S(%)
I(%)
S(%)
-
MARSHAL
S S
11.8
17.2
3.8
37.8
5.5
17.0
4.3
13.8
I
SH
3.1
38.4
6.8
19.3
7.0
59.8
0.0
20.0
GRANOX
SS
11.8
17.2
3.3
89.3
2.3
8.5
8.5
54.3
SH
3.1
38.4
2.0
22.5
4.5
20.0
4.5
20.0
MS = mode de semis
2.3.3. rendement en gousses et en graines
Pour avoir une idée de l’effet de la destruction foliaire par les chenilles
sur le rendement du niébé, le nombre potentiel de gousses ainsi que le rendement
potentiel en graines ont été déterminés après la récolte (Tab. 7).
Tableau 7 : Rendement en gousses et graines (kglha)
I
2
3
NPGo
RPGr NPGo RPGr
171.4
505.3
200.9
604.0
87.0
238.8
85.3
274.4
-
181 7
556.5
215.5
604.9
.-
64.8
183.9
50.0
201.4
MS = Mode de semis

18
Les résultats montrent aussi bien pour le rendement en gousses qu’en
graines une différence hautement significative entre les deux modes de semis. Pour
toutes les doses et traitements confondus, le rendement en graines était en
moyenne de 591,2 kglha chez le semis à sec, c.ontre 268,9 kg chez le semis humide,
soit une différence de 54,5 %. Pour le nombre potentiel de gousses, ces moyennes
étaient respective-ment de 1954 et 84,8, soit une différence de 56,6 %.
Cette différence est liée certainement à l’effet de l’attaque des jeunes
plantes par les chenilles, mais également et surtout à l’avantage que constitue le
semis a sec sur le plan agronomique pour le developpement de la culture.
Sur le plan traitement, aucune différence significative n’a été observée
entre les deux produits, même si en moyenne le MARSHAL dominait Iégèrementl
indépendamment de la doses et du mode de semis. II n’y avait également pas de
différence significative entre les doses employées.
2.4. CONCLUSIONS
Les résultats de l’essai montrent que dans le cas d’un semis humide, le
GRANOX permet une meilleure levée du niébé que le MARSHAL. Cependant, tous
ces deux produits perdent leur efficacité dans le cas d’un semis à sec. Sur cette
base, on peut conclure que le semis humide valorise mieux le traitement de
semence et que le traitement dans le cas d’un semis à sec est pratiquement inutile.
Du point de vue attaque de la culture par Amsacfa, le semis à sec
semble présenter un certain avantage à cause de la croissance rapide des plantes
qui échappent ainsi aux chenilles de cette espèce. Ces résultats confirment
tendantiellement ceux obtenus l’année précédente dans le même site.
Sur le plan rendement, l’effet du semis à sec a été significativement
supérieur à celui du semis humide. Ces résultats confirment également l’hypothèse
émise l’année précédente relative à l’avantage du semis à sec pour le
développement du niébé.
Compte tenu de la faible pression de Amsacfa cette année dans la
zone d’étude, ces résultats et ceux des deux dernières années, ne permettent pas
de tirer des conclusions définitives relatives à l’importance du traitement de
semence comme moyen de protection de la culture du niébé contre les attaques des
chenilles de A. moloneyi.

19
Compte tenu également de l’irrégularité de ses apparitions et du coût
important des essais, il est plus réaliste de les abandonner dans ces conditions et
de mener des tests dans des conditions d’infestations artificielles. Ces essais seront
.
menés dans des conditions de non choix pour les larves, afin d’avoir une réponse
précise sur l’impact du traitement de semence avec ces produits sur attaques de ce
ravageur.
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