crJ390005 ISI&A CIRAD Institut...
crJ390005
ISI&A
CIRAD
Institut Sénégalais
Centre de Coopération Internationale
de Recherches Agricoles
en Recherche Agronomique pour
le Développement
C.N.R.A. Bambey
CA-Département des
Cultures Annuelles
Centre National de
CALIM-Programme des
Recherches Agronomiques
Cultures Alimentaires
Phytotechnie Arachide
Rapport sur le dépérissement de
l’arachide
d’origine inconnue à Bambey
Août 1999
José MARTIN

Un dépérissement de l’arachide
d’origine inconnue à Bambey
par José MARTIN
avec le concours d’Emmanuel ALIAS,
Arthur DASSYLVA,
Benoît Clerget,
Philippe GODON,
Benoît SARR,
Moctar WADE,
Kisma WAGUE, chercheurs,
et de Abdou FALL,
Ameth SY,
Mor FALL,
et Almamy NDIAYE, techniciens.

ISRA Bambey-Plytotechnie Amchide / Nouvelle maladie de l’amchide / José URRTIN, agronome Cimd-Ca / août 1999.
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-
-
-
SOMMAIRE
Rék4??&
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3
Introduction
-
3
Repérage spatio-ternporei
-
5
Hivernage 1997 -_______________________________________-------------------------------------------------------..------
5
Hivernage 1998----- ____l___l________l___ - II______________________________I
- ___________-____..______ 5
Contre-saison 1999 --------__----------______1____11_______---------------------------------------------~-~-----
6
Description, évolution et edension des symptômes
-
7
A l’échelle de la plante ----___________---__--------------------------------------------------------------------~---~--
7
A l'échelle du foyer -----___________ - ___l___________l______l_____l___________---- - ____-_ -_-- _~__~~~-__..__-- 7
A l’é&e& de la sole ---- ______________________________
- ________________________________________---------------..---
--8
Spécificité arachide ------------------------------------------------------------------------------------------~.---~--a
Les conditions naturek et agro-culturales
-
8
Le climat __________ -___- ________________________________________--------------------------------------
I --______.-__-_ 8
Les ~01s ____ - __________ - ________________________________________-------------------------------------
I ______ -_ _..___ --g
Historique et conduite des cultures à la feme irr+& -__------___ - _I______---_____________ - __.____ ---g
Historique et conduite des cultures à la station ---_ - ________________________________
- _____ ----- __.. -..- 10
Constats, hypothèses et investigations
-11
Dem &dences fortes _____________________
- ________________________________________----------------
I___~~~~-_.._~_~ 11
Syn&ome nouveau au S(&a1 _________________________ - ________________________________________-----------.-----

]

Développement ~0~s forte hufi&,& ________________________________________------------------______________..___
I 11
L'hypothèse bactériose-------------------------------------------------------------------------------------~---~
11
Elémats & charge ________________________________________------------------------------------~----------------..----
12
Eléments à décharge ---- -~~~~~~~~~~~
- ________________________________________------------------------------------
12
poursuivre les investigations ____ -- -----_--- - ____ - ____________________________ - ____________________---------..----
13
Ecarter l’lq.y&èse ba&nose à f’. so/anaceamm ________________________________________---- I ___--___._-- 13
Une nouvelle ba&fiose ? -- _____ ---- ________________________________________-------------------~------------.~---~
14
bppr&em& avec. m syndrome Vois~ sur le Fleuve ________________________________ - ____ I __________._____ 14
Mesures de précaution
- 1 5
Conclusion
1 6
Références bibliographiques
- 1 6
Annexes
- 1 7

ISXA Bambq-Phytotechnie Amchide /Nouvelle maladie de l’amchide /José MARTIN, agronome Cirad-Ca l’août 1999.
3
Résumé
Au cours de l’hivernage 1997 une maladie de l’arachide encore inconnue au Sénégal s’est déclarée à la ferme
irriguée de Bambey. Elle s’est étendue de façon spectaculaire sur une culture saine et vigoureuse d’environ
40 jours peu après l’installation des pluies de mousson, par agrandissement d’un premier foyer et apparition
d’autres foyers, jusqu’à la fin de l’hivernage. Les plants atteints brunissaient, flétrissaient et dépérissaient en
quelques jours. Ce syndrome dévastateur s’est reproduit en 1998 dans les mêmes circonstances sur la même
parcelle, sur précédent mil engrais vert irrigué en contre-saison, et a fait son apparition avec quelques
semaines de retard sur au moins deux soles de la station de Bambey, situées à 3 km de la ferme irriguée. Il
s’est également manifeste en 99 dans les cultures de contre-saison sur les deux sites, une des soles de la
station ayant été particulièrement affectée. Le syndrome semble pour le moment circonscrit au domaine du
Centre de Bambey, aussi bien sur les sols alcalinisés par un long historique d’irrigation que sur les sols à
tendance acide des soles non irriguées. Les deux types botaniques d’arachide, spanish et virginia, sont
sensibles et aucun cultivar n’a arrêté la progression de proche en proche du syndrome. L’hypothèse d’une
bactkiose à Pseudomonus solanacearum, responsable du flétrissement bactkien de l’arachide sévissant
notamment en Asie du Sud-est et présente en Afrique du Sud, en Ouganda et au Nigeria a été mise en
défaut, car les tests du nuage de lait et de culture sur milieu spécifique ont été négatifs. Il est proposé
d’effectuer les tests sérologiques de l’krisat pour écarter définitivement l’hypothèse P. solanacearwn.
D’abondantes bactéries ayant été isolées dans les plantes malades, l’hypothèse d’une autre bactériose est
avancée. Elle résulterait de bactéries devenues pathogènes dans des circonstances particulières, liées à la
qualité biologique de l’eau d’irrigation séjournant dans les bassins de reprise et les tuyaux entre deux
arrosages. Compte tenu du faciès observé en deux campagnes et une intercampagne, et de ce qu’on sait des
bactérioses en général, des mesures agronomiques et sanitaires préventives sont proposées. Il est également
conseillé de suivre attentivement l’évolution de ce syndrome qui prendra des allures de fléau s’il continue de
s’étendre au même rythme que jusqu’à présent. Il est également conseillé de se rapprocher des chercheurs du
Fleuve car un syndrome de dépérissement de l’arachide présumé de type bactériose y avait été observé en
98. Le présent document rédigé par un phytotechnicien arachide non spécialisé en phytopathologie vise à
documenter le syndrome de Bambey ; il constitue en quelque sorte un fond de dossier pour l’instruction d’un
projet de recherche à dominante phytopathologie ayant pour but de diagnostiquer le phénomène et d’élaborer
ensuite une stratégie de httte intégrée et adaptée. La mobilisation d’un ou plusieurs phytopathologistes sur
ce problème de dépérissement de l’arachide en forte progression à Bambey apparaît d’autant plus
importante que Bambey est un centre d’obtention, de multiplication et de diffusion variétale.
Introduction
En 1997 est apparu à la ferme irriguée de Bambey un syndrome occasionnant des dégâts spectaculaires sur
arachide et encore inconnu au Sénégal. Le syndrome s’est déclenché à partir d’un foyer humide avec l’arrivée
de la mousson (mi-août), sur une culture saine et vigoureuse d’environ 40 jours. Il s’est étendu par
agrandissement du premier foyer (de façon à peu près concentrique) et par apparition d’autres foyers,
pendant toute la période humide, jusqu’à fin septembre - début octobre. Les plants atteints brunissaient,

ISRA Bambey-Phytotechnie Arachide /Nouvelle maladie de l’arachide /José UARTLS’, agronome Cimd-Ca /août 1999.
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-
-
flétrissaient et dépérissaient en quelques jours. La vitesse de progression du rayon des foyers était de l’ordre
d’un mètre par semaine.
Ce phénomène dévastateur s’est reproduit en 1998 dans les mêmes circonstances - pendant la mousson - sur
la même parcelle, qui pendant la contre-saison avait été cultivée en mil engrais vert sous irrigation.
Cependant, les foyers étaient plus nombreux mais moins étendus. Bn outre, le syndrome a fait son
apparition avec quelques semaines de retard sur au moins deux soles de la station de Bambey, situées à
moins de 3 km au sud de la ferme irriguée, un aire pâturée et quelques rangées d’arbres (des neems
Azudiruchtu indicu) séparant les deux implantations.
En cultures de contre-saison, plusieurs désordres de nature indéterminée avaient été observés à Bambey
ferme irriguée en 98 ; l’un d’eux ressemblait au syndrome en question, avec la phase de brunissement en
moins (flétrissement en vert puis dépérissement). Par contre, en 99, le syndrome est apparu sans équivoque
sur les deux sites : ferme irriguée et station. Sur la station, il était présent sur au moins deux des trois
parcelles cultivées en arachide, et en particulier sur la sole B2-sud, très affectée.
Toutes les soles affectées par le syndrome (cultures pluviales 97 et 98, cultures de contre-saison 98 et 99)
servaient de support à des multiplications de variétés fixées ou de lignées en sélection, appartenant aux
types botaniques spanish et virginia. Aucun cultivar n’a arrêté la progression de proche en proche du
syndrome. Le syndrome semblait progresser aussi bien sur les sols alcalinisés par un long historique
d’irrigation avec des eaux calco-sodiques (ferme irriguée et soles irriguées de la station) que sur les sols à
tendance acide des soles non irriguées de la station. Dans tous les cas, les plants touchés étaient vigoureux
et sains au moment de l’apparition des premiers symptômes, environ 45 jours après le semis (stade début
formation des gousses).
Ce document présente les descriptions et investigations informelles d’un agronome généraliste fortuiitement
confronté à un syndrome dévastateur, circonscrit pour le moment au Centre de Bambey. 11 vise à
documenter le phenomène, car aucun autre document n’a été produit à ce jour sur le sujet, et à alerter sur
son évolution, car il atteindra la dimension d’un authentique fléau à l’issue de l’hivernage 99 s’il continue de
s’étendre au même rythme que jusqu’à présent. Cette menace est d’autant plus importante que Banibey est
un centre d’obtention et de multiplication variétale, d’où deux types de risques supplémentaires :
perte de germplasm, par anéantissement de la production des foyers atteints précocement
??
(multiplications sur petites parcelles),
transmission éventuelle par les semences, à partir des plantes atteintes tardivement (en bordure des
?
foyers).
Ce syndrome de dépérissement fulgurant de l’arachide, apparemment nouveau au Sénégal, mérite la
mobilisation d’un ou plusieurs phytopathologistes, avec mise en œuvre d’un programme d’investigation
formel.

ISRA Bambey-Phytotechnie
Arachide /Nouvelle maladie de l’amchide / José MARTIN, agronome Cimd-Ca li août 1999.
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Repérage spatio-temporel
Hivernage 1997
Le premier foyer d’environ 1 mz fut observé le 21 août 97 à Bambey ferme irriguée au centre d’une très
légère dépression du terrain. Celle-ci montrait des marques de stagnation passagère d’eau et d’infiltration
lente, consécutives aux deux fortes pluies d’environ 50 et 30 mm survenues les 14 et 17 août. L’hypothèse
d’une asphyxie par engorgement, suffisante pour tuer les plantes au centre de la dépression et affecter les
plantes périphériques, fùt avancée par les techniciens. Cette hypothèse fùt infirmée lors de la visite suivante,
le 29 août. En effet, contre toute espérance le foyer s’était étendu, alors qu’avec la disparition des conditions
présumées asphyxiantes, les plantes partiellement atteintes auraient dû survivre. Ce foyer n’a cessé de
s’étendre régulièrement de façon approximativement concentrique jusqu’à fin septembre, malgré l’arrachage
progressif des plants tués ou atteints pratiqué spontanément par les techniciens (cliché 1). A noter que cet
arrachage n’a plus été pratiqué par la suite.
Toujours le 29 août 97 à Bambey ferme irriguée, quelques plantes présentant des flétrissures brunes, molles
et légèrement collantes, sur tout ou partie de certaines folioles situées plutôt à la périphérie de la plante,
furent observés au sein de la végétation saine (comme sur le cliché 18). Les visites suivantes (à partir du 4
septembre) montrèrent que ces flétrissures marquaient l’apparition d’un nouveau foyer. Plusieurs foyers
importants furent observés au cours des visites suivantes, distants de quelques mètres des deux premiers, et
répartis sur l’ensemble de la sole, dont la surface totale est d’environ 3000 mz.
Fin septembre 97, le bilan s’&ablissait à un site atteint : Bambey ferme irriguée (parcelle sud), avec trois
gros foyers (clichés 1 et 2 datant du 26 septembre 1997, et plusieurs petits foyers ou amorces de foyers
(localisation approximative sur le plan schématique de la ferme irriguée). On peut raisonnablement avancer
que seule la ferme irriguée était atteinte, à l’exclusion de Bambey station, car les prospections extensives
effectuées dans toutes les soles arachide de la station furent négatives.
Hivernage 1998
A la ferme irriguée, les premiers foyers apparaissent début août. Les plantes sont alors âgées de près de 40
jours (stade début de formation des gousses pour les variétés précoces), car les semis ont été effectués avant
le début de l’hivernage, grâce à l’irrigation. A Bambey station, la maladie se déclare mi-septembre, soit plus
tard par rapport au calendrier, mais sur des cultures ayant grosso modo le même âge et le même
développement qu’à la ferme irriguée, à cause du décalage des dates de semis (le premier foyer de Bambey
station fut détecté le 15 septembre sur quelques plantes en début de fkissement, à la sole B2-nord Arasec).
Dans les deux situations, la progression des symptômes cesse approximativement en même temps, en début
.
de saison sèche.
Fin 98, le bilan s’établit à deux sites inclus dans le domaine du Centre National de la Recherche
Agronomique de Bambey (CNRA) : la ferme irriguée et la station (voir plans schématiques). A la ferme
irriguée, les deux bandes en arachide sont concernées, soit celle déjà touchée en 97, à nouveau très <atteinte
avec des foyers plus nombreux mais moins vastes qu’en 97 (clichés 3 à 6 datant du 22 septembre 1998), et

ISRA Ramhey-Phytotechnie
Amchide / Nouvelle maladie de l’arachide / José MARTIN, agronome Cimd-Ca ! août 1999.
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une nouvelle bande, modérément atteinte (voir plan de la ferme). A Bambey station, deux parcelles sur un
total de quatre cultivées en arachide sont touchées, à raison d’un à deux foyers principaux par sole, entourés
de quelques foyers secondaires assez proches les uns des autres (clichés 7 et 8). Les soles touchées sont Dl -
sud (sélection générale arachide) et B2mord (Arasec). Les parcelles apparemment non touchées sont
également situées dans la sole Dl -sud (Ceraas et Gestion des stations). Qn peut supposer que le mal est
circonscrit dans le Centre CNRA de Bambey (ferme irriguée et station), car rien de semblable n’a été
observé ou signalé lors des tournées, voire des prospections ad hoc, effectuées dans les champs d’arachide
des environs de Bambey (villages de Bambey Semer, Dangahna, essais en milieu paysan de Ndiakane), ou
ailleurs dans le Nord et le Sud du Bassin arachidier (tests et essais variétaux multilocaux en milieu paysan,
station Isra de Nioro, parcelles paysannes).
Contre-saison 1999
Au cours de l’intercampagne 98, plusieurs désordres furent observes sur les multiplications de Bambey
ferme irriguée ; l’un d’eux ressemblait au syndrome en question, avec la phase de brunissement en moins
(flétrissement en vert puis dépérissement), mais en l’absence de critères autres que visuels, on ne affirmer
qu’il s’agissait de le même chose. En revanche au cours de l’intercampagne 99, six foyers cmt été
dénombrés à Bambey ferme irriguée (voir plan) sans équivoque possible. Ils présentaient le même faciès
qu’en hivernage, mais avec vitesse de progression moins rapide (2 foyers de taille moyenne (diamètre > 1
mètre) et 4 petits foyers (diamétre < 1 mètre)). Le syndrome ne fùt pas observé sur les multiplications de
Bambey station, limitées cette année-là à 1000 m2 sur la sole F (Arasec et Sélection générale).
Le syndrome s’est également fortement exprimé dans les multiplications de contre-saison 99 à Bambey
station (soles B2-sud et F). La sole B2-sud Upse, semée entre le 11 et le 13 février, a été particulièrement
touchée sur 13.000 m2 de culture. La maladie, bien installée dès fin avril, se serait déclarée début avril ; elle
s’est fortement propagée jusqu’à la récolte début juin, avec des foyers très nombreux et parfois importants
(voir plan). Une observation complémentaire fort intéressante a pu être faite à cette occasion : outre
l’extension de façon plus ou moins concentrique à partir d’un point central, la maladie s’étend aussi en
colonisant les plantes situées le long des petites ravines de ruissellement des eaux d’irrigation (excédents
d’eau accidentels). Dans la sole F, la parcelle de moins de 1000 m* emblavée par les services Arasec et
Sélection générale, semée fin février et début mars, a été touchée avec un foyer moyen et 3 petits foyers.
Quant à la troisième parcelle cultivée en arachide au cours de l’intercampagne 99 à Bamhey station, aucun
foyer n’a été décelé. Il s’agit de l’essai irrigation / stress hydrique du Ceraas (sole D3,
18 blocs totalisant
2250 m* de culture), semé fin mars et irrigué par aspersion avec un système de rampes oscillantes a poste
fixe. 11 convient de signaler que dans cet essai, la culture d’arachide n’a pratiquement pas montré de
symptômes de chlorose ferrique, alors que les deux parcelles de multiplication de Bambey station et celle de
Bambey ferme irriguée sont devenues de plus en plus chlorotiques à mesure que l’on approchait de la
récolte, les parties les plus chlorotiques étant les plus arrosées (superposition très nette des gradients
d’arrosage et de chlorose sur les bandes latérales de la ferme irriguée, par exemple).
Au terme de l’intercampagne 99, il apparaît que le syndrome peut parfaitement s’exprimer en contre-saison.
Absent sur la sole D, il s’est manifesté de façon modérée à la ferme irriguée et sur la sole F, et de façon

ISRA Bambq-Phytotechnie Arachide / Nouvelle maladie de l’arachide /José h44RTIN. agronome Cirad-Ca / aollt 199.9.
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forte sur la sole B2-sud, où la colonisation a été particulièrement spectaculaire et de grande ampleur
Compte tenu de la progression observée depuis l’hivernage 97, il est fondé de craindre pour l’hivernage 99
des taux d’attaques très élevés à la ferme irriguée et à Bambey station.
Description, évolution et extension des symptômes
Toutes les observations effèctuées entre 97 et 99 sont concordantes quant à l’évolution des symptômes a
l’échelle de la plante, du foyer ou de la sole, celles effkctuées en contre-saison 99 les complétant à ‘l’échelle
du foyer.
A l’échelle de la plante
Ramollissement, brunissement et flétrissement de quelques folioles, puis de l’ensemble du feuillage, puis des
rameaux. La mort de la plante survient en quelques jours (de l’ordre d’une semaine). Les premières folioles
atteintes sont souvent situées sur la partie médiane à haute des rameaux, le mal progressant ensuite vers le
haut et vers le bas des rameaux. Contagion de rameau à rameau. Les rameaux peuvent prendre un aspect
huileux olivâtre, malheureusement non restitué par le cliché 16 (à hauteur de la main).
Très bon enracinement et très bonne nodulation à la ferme irriguée, enracinement et nodulation normaux â
Bambey station. Aucune anomalie apparente des vaisseaux racinaires ou caulinaires de plants arrachés SUI
le front de progression (coupes longitudinales effkctuées au couteau et observées à I’œil nu). Quelques cas
de pivots racinaires en dessèchement ont été observés sur plantes en cours de flétrissement avancé
(occurrence faible, relation de causalité douteuse).
Production anéantie pour les plantes touchées précocement, et épargnée pour celles touchées tardivement
(cliché 13). Dans ce dernier cas, les plantules issues de germinations de graines non dormantes présentaient
au stade 4 feuilles un aspect tout à fait normal, contrastant avec l’aspect anormal du feuillage du pied mère
totalement grillé (cliché 14).
A l’échelle du foyer
Progression de proche en proche au sein du foyer, souvent de façon concentrique (clichés I à 6), parfois de
façon plus irrégulière (cliché 7), notamment le long des mini-ravines de ruissellement. Lorsque la
progression de la maladie est rapide, notamment au cœur de ltiivemage, les foyers sont très nettement
délimités. Le front de progression forme une démarcation franche entre les plants atteints et les plants sains
(clichés 15 et 16). A l’intérieur du foyer, les plantes irrémédiablement flétries noircissent, se décomposent et
finissent par disparaître (clichés 5 et 6). Des plantes partiellement flétries peuvent survivre lorsque la vitesse
de progression de la maladie diminue, comme par exemple en début de saison sèche en culture pluviale.
Les petites allées séparant deux bandes d’arachide, soit l’équivalent d’une ou deux lignes, n’empêchent pas
l’extension des foyers, pas plus que le changement de variété ou de type botanique, virginia et spanish
(cliché 2). Les nombreuses variétés présentes, d’origine sénégalaise ou fournies par l’lcrisat, se montrent
apparemment aussi sensibles les unes que les autres.

IX4 Bamhey-Phytotechnie
Arachide / Nouvelle maladie de l’arachide / José kURTIN. agronome Cimd-Ca I août 1999.
8
A l’échelle de la sole
En 1997 à la ferme irriguee, ainsi qu’en 1998 à Bambey station, les nouveaux foyers (foyers secondaires 1)
sont apparus quelques jours après et à quelques mètres de distance du premier foyer observé (foyer
primaire ?). L’absence d’apparition de nouveaux foyers à grande distance des premiers foyers (echelle
décamétrique) pourrait être due à des limitations spatio-temporelles : exiguïté des parcelles à la ferme
irriguée, et brièveté de la saison Edvorable après l’apparition plus tardive des premiers foyers sur le:s deux
soles de Bambey station. Quant à la sole B2-sud en contre-saison 1999, plusieurs foyers seraient apparus
simultanement (pas d’observation précise), d’autres foyers apparaissant par la suite.
SpcScificité arachide
Ce syndrome semble spécifique de l’arachide. Les cultures de niébé situées à proximité des parcelles
d’arachide, à la ferme irriguée et à la station, semblent avoir été épargnées (prospections négatives en 98 à
la ferme irriguée). Il en est de même pour certaines adventices épargnées au coeur des foyers flétris
(observations de fm septembre début octobre 98, voir photos) : Cyperus rotondus, Boerhavïa erecta,
Euphorbia hirta, Heliotropium bacrlferum,

Hibïscus sabdarnffa (le bissap), CommeEina forskalaeï.
Aucune de ces adventices n’appartient à la fàmille de l’arachide, les Fabacées .
Les conditions naturelles et agro-culturales
Le climat
La localité de Bambey (14’ 42’ N - 16” 28’ 0) est caractérisée par un climat typiquement sahélien avec
deux saisons bien contrastées : une saison des pluies de juillet à octobre à distribution unimodale (maximum
entre août et septembre) et une saison sèche de novembre à juin. Les conditions hygrométriques,
pluviométriques et thermiques dépendent étroitement de la translation nord-sud du front intertropical (FIT)
au cours de l’hivernage. Les débuts et la fin de l’hivernage sont caractérisés par l’occurrence de pluies
d’orages, très irrégulièrement réparties dans l’espace et dans le temps et d’intensité variable en liaison avec la
position du FIT. A mesure que l’on s’approche du cœur de l’hivernage le FIT atteint sa position Ia plus
septentrionale : cette période correspond à l’intensification du flux de mousson.
L’hivernage dure environ 100 jours, de juillet à octobre, la mousson s’établissant pendant une période de 40
à 50 jours à partir de début ou mi août . La mousson instaure un changement notable du climat .- et du
pédoclimat - qui deviennent moins chauds et plus humides qu’en début et en fin d’hivernage. L’irrigation
artificialise le milieu en créant des conditions pédoclimatiques et microclimatiques intermédiaires entre
celles du début dhivemage et celles de la mousson.
Les circonstances marquant le début de la mousson ont quelque peu différé entre les deux années. En 97, la
mousson est arrivée tardivement (indiscutablement le 14 août) mais énergiquement, avec deux pluies
abondantes modifiant drastiquement les conditions climatiques. En 98, l’arrivée de la mousson a été plus
précoce tardive (certainement le 7 août) mais moins spectaculaire, avec des pluies plus modestes.

ISR.4 Bambey-Phytotechnie Amchide /Nouvelle maladie de l’arachide /José MARTIN, agronome Cimd-Ca 1’ août 1999.
9
Les deux graphes présentes en annexe 1 ont été construits à partir des données méteorologiclues 97 et 98 de
la station de Bambey. La phase d’augmentation de Ikunidité relative de l’air aux heures chaudes de la
journée et de dkochage concomitant de la demande évaporative correspond à la mousson. Les données de
99 n’ont pas et.4 encore recueillies, il faudra le faire pour comparer les données d’avril à juin aux moyennes
inter-annuelles, car notre impression est que cette contre-saison a été moins sèche que d’habitude à Bambey,
l’harmattan étant resté très discret cette année.
Les sols
Les sols de la ferme irriguée et ceux des soles non irriguées de la station sont même nature, mais de rktion
acide-basique différente. Il s’agit de sols ferrugineux tropicaux peu ou pas lessivés, formés sur d’anciennes
dunes très émoussées : les fameux sols dior, sableux et meubles, voués à la culture de l’arachide et du mil.
Les parcelles de la ferme irriguée ont été alcalinisées par le cumul des irrigations, l’eau étant très chargée en
calcaire et en sel (forage profond dans des couches marneuses). Le pH du sol en surface se situe entre 7 et
8, ce qui provoque par endroits des chloroses ferriques. Celles-ci s’accentuent en cours de culture de contre-
saison avec le cumul des irrigations, et s’atténuent avec les pluies en culture pluviale (phenomène
réversible). Des apports au sol de sulfate d’ammoniac (effet acidifiant) ou de fkr chélaté ou des applications
de fer sous forme de d’engrais foliaires permettent de corriger les chloroses ferriques.
L’alcalinisation concerne aussi des parcelles irriguées de la station de Bambey, mais pas celles réservees à la
culture pluviale. Ces dernières ont une réaction légèrement acide à acide (pH entre 6 et 5,5). Quelques
irrigations d’appoint sur une sole d’ordinaire non irriguée (cas de B2-nord Arasec au cours de l’hivernage
98) ne suffisent pas à alcaliniser le sol.
Historique et conduite des cultures à /a ferme irriguée
La ferme irriguée fut exploitée de 1973 à 1983, en pépinière d’arbres fruitiers et maraîchage. La partie
centrale, celle qui nous concerne, fut ensuite laissée en jachère plus ou moins boisée (neems Azudiruchta
indica
A. JU~S) jusqu’en 1996 où elle fut réhabilitée par le Groundnut Germplasm Project (GGP) pour la
multiplication de variétés d’arachide, susceptibles d’être difisées en Afrique de l’Ouest et Centrale. A l’est
et à l’ouest de cette partie centrale, ainsi qu’au Nord, d’autres soles ont continué d’être cultivées de façon
plus ou moins régulière, et parfois irriguées, pour les besoins de l’Unité de Production de Semences de 1’Isra
(UPSE), en céréales, niébé et arachide.
En 97, la partie centrale de la ferme, celle réservée au GGP, fut divisée en deux soles clôturées, sud et nord,
elles-mêmes divisées en deux bandes sud et nord, afin d’y pratiquer des rotations bisannuelles mil-arachide
(2 cultures/an). Les deux parcelles furent mises en culture successivement, d’abord la parcelle sud
(hivernage 97) puis la parcelle nord (contre-saison 98). La préparation des parcelles consista en un apport
massif de fumier de bovins accompagné d’un apport modéré de carbofuran et d’un labour.
Les assolements et rotations pratiquée depuis la remise en culture de la ferme sont présentés dans la planche
ferme irriguée. Les cultures de mil servent d’engrais vert (notamment en contre-saison) ou éventuellement de
production de semences (notamment en hivernage). Avant chaque semis d’arachide, le sol est traite au

ISRA Bambey-Phytotechnie
Amchide /Nouvelle maladie de l’arachide /José h4ARTIN. agronome Cirad-Ca / août I9Y9.
10
carbofuran et les semences au benomyl-thyrame-carbofuran.
A la levée, de l’engrais minéral NPK est
apporté en sidedressing. Les cultures de contre-saison sont entièrement conduites sous irrigation. Celles
d’hivernage sont irriguées en début de cycle et parfois en fin de cycle (variétés tardives). En effet, la saison
des pluies étant trop brève pour multiplier valablement les variétés à cycle long (4 mois), les semis sont
réalisés vers le 1 er juillet, alors que l’hivernage débute souvent mi ou fin juillet.
Historique et conduite des cultures à la station
Les parcelles touchées pendant l’hivernage 98 et l’intercampagne 99 sont soit attribuées à des services
particuliers soit gérées par le service central de la Gestion des stations. Dans tous les cas, les terres sont
preparées par un travail du sol de type cover-crop et les semences sont traitées avant semis par poudrage
fongicide-insecticide (bénomyl-thyrame-carbofuran).
La sole BL-nord est affectée au projet Arasec (sélection pour l’amélioration de l’adaptation à la sécheresse
de l’arachide) depuis de nombreuses annees (1984). La sole est partagée en deux bandes est et ouest,
l’arachide revenant sur la même parcelle tous les deux ans. Une rotation avec engrais vert de mil enfoui
avant la fin hivernage ou jachère naturelle herbeuse gyrobroyée en début de saison sèche y est pratiquée,
sans apport d’engrais ni de carbofuran (sauf exceptionnellement en 98 sur un essai particulier nécessitant
une protection et une homogénéité accrues). Exceptionnellement aussi, il y eu en 98 trois irrigations
destinées à faire lever les adventices, qui furent enfouies au cover-crop le 14 juillet. L’arachide fùt semée le
24 juillet et irriguée le 30 juillet. La pluviosité aidant, l’arachide se développa sans stress et aboutit à une
bonne production avec une excellente maturité (variétés de cycle court à très court). Pas de probleme de
chlorose ferrique.
La parcelle de la sole F touchée en intercampagne 99 est réservée depuis quelques années à cet usage.
Laissée en jachère naturelle pendant l’hivernage, elle porte des multiplications en intercampagne. Les
problèmes de chlorose ferrique s’accentuent en cours de campagne et semblent progresser d’une campagne
à l’autre.
La sole Dl-sud est gérée par le service central de la Gestion des stations, qui en 98 l’a allouée en partie au
service Sélection G&&ale Arachide pour y produire des noyaux génétiques et y conduire des essais
variétaux (variétés de cycle court à moyen). A défaut de rotation précise, des successions diverses y sont
pratiquées, en évitant la retour dune culture sur elle-même. Ainsi, la très belle arachide de 98 suivait une
culture de mil. L’arachide, semée le 24 juillet sans irrigation, reçut 150 kg/ha d’engrais NPK titrant 8- 18-27,
mais en octobre les variétés les plus tardives (environ 100 jours) reçurent une ou deux irrigations. Pas de
problème de chlorose fenique.
La sole B2-sud est également gérée par le service de Gestions des stations, qui pour l’intercampagne 99 l’a
alloué à I’UPSE pour la production de semences. Il semble que cette sole est régulièrement affectée à la
production de cultures de contre-saison, et l’arachide de 99 a subi les problèmes liés à cette situation :
développement de chloroses ferriques, notamment sur les parties sur-arrosées,

ISRA Bambey-Phytotechnie
Amchide / Nouvelle maladie de l’amchide / José MARTIN, agronome Cimd-Ca /août 1999.
1 1
-..
Constats, hypothèses et investigations
Deux évidences fortes
Syndrome nouveau au Sénégal
De l’avis unanime des chercheurs et des techniciens du Centre de Bambey spécialisés dans l’arachide, le
syndrome observé au cours des hivernages 97 et 98 et en contre-saison 99 est tout à fait nouveau. Les
dégâts de maladies ou ravageurs, les désordres et hétérogénéités divers qui se manifestent sur arachide à
Bambey et dans le bassin arachidîer leur sont bien connus. A titre d’exemple, on peut citer les fontes de
semis (Aspergillus niger, autres), la pourriture sèche (Macrophomina phaseolina), les rosettes, le chunp
(rabougrissement viral transmis par le champignon tellurique Polymixa graminis), les chloroses ferriques en
parcelles irriguées, les chloroses acides en parcelles pluviales, etc. Le syndrome observé à Bambey depuis
97 ne correspond à rien de ce que les praticiens expérimentés connaissent au Sénégal.
Développement sous forte humidité
En culture pluviale, l’expression de ce syndrome - son apparition soudaine, sa progression rapide et
régulière par agrandissement des foyers et multiplication de leur nombre, puis sa cessation - coïncident avec
l’arrivée (ferme irriguée en 97 et 98), la permanence et le retrait de la mousson (ferme irriguée 97 et 98,
station 98), qui instaure des conditions d’humidité édaphique et micro-climatique élevée.
En culture de contre-saison en 99, le syndrome s’est fortement exprimé malgré l’absence de changement
climatique équivalent à la mousson. Il s’est exprimé à partir d’avril, lorsque les plantes ont atteint un
développement végétatif important. La conjonction d’une saison moins sèche que la moyenne (absence
anormale de vents d’harmattan) et d’arrosages fréquents et abondants sur un couvert transpirant à un
régime proche de I’ETP a peut-être recréé localement, à l’échelle du couvert, des conditions micro-
climatiques peu différentes de celles de la mousson. La maladie ne s’est jamais déclarée à un stade :Précoce
du développement des plantes.
Outre l’humidité comme condition de développement du syndrome, le rôle direct de l’eau comme vecteur de
propagation le long des micro-ravines est clairement apparu en culture de contre-saison en 99.
L’hypothése bactériose
Suite à la consultation d’ouvrages de référence sur l’arachide, à savoir le “Compendium of peanut diseases”,
le “Smartt” et le “GroundnUtS” de la série Pest. Control du NRI (voir références bibliographiques),
l’hypothèse du flétrissement bactérien de l’arachide dû à Pseudomonas solanacearum a été sérieusement
envisagée.
Pseudomonas solanacearum est la bactérie pathogène de l’arachide la plus répandue dans le monde. Elle
est présente dans pratiquement toute les zones de production de l’arachide, mais elle se rencontre surtout en
Asie (Chine, Inde) et aux USA ainsi qu’en Afiique du Sud, au Nigeria et en Ouganda. Elle constitue un

ISRA Bambey-Phytotechnie
Amchide / Nouvelle maladie de l’arachide / José MARTIN, agronome Cirad-Ca i août 199!?.
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-
-
authentique fléau dans le sud-est asiatique, où plusieurs congrès lui ont été consacrés. Cependant, à ‘ce jour,
elle n’a jamais été signalée en Afrique de l’Ouest, hormis le Nigeria.
Pseudomonas solanacearum est une bactérie aérobie ne formant pas de spores. Elle se maintient dans le sol
grâce aux débris végétaux des précédents culturaux et à quelques adventices hôtes. La maladie est
disséminée dans la parcelle à partir de plantes mortes déplacées par les pluies et l’eau d’irrigation. Elle est
disséminée dans d’autres parcelles par le matériel agricole et selon certains auteurs par la graine.
Les mesures visant à réduire le niveau d’infestation comprennent la destruction des débris végétaux après
chaque récolte et la rotation avec des cultures de plantes non hôtes, telles que les céréales. La température
optimale de croissance de la bactérie étant de 30-35*C avec arrêt de la croissance à 41*C, une solarisation
du sol en post-labour pré-semis permettrait de réduire la population présente dans le sol. L’arrachage et la
destruction systématique des pieds présentant les premiers symptômes de la maladie sont conseillés. Le
nettoyage du materiel agricole est obligatoire. L’emploi de semences issues de sites de production exempts
de cette maladie est également recommandé.
Eléments à charge
Dans notre situation, les arguments suivants peuvent être avancés à l’appui de l’hypothèse bacteriose /
flétrissement bactérien :
lli
absence apparente de sporulation,
13
développement en conditions dhumidité et de température élevées,
1
il rapidité d’action du pathogène à l’échelle de la plante (mort du végétal en quelques jours),
!l
agrandissement régulier et rapide des foyers, compatible avec la dispersion des bactéries dans le sol à
partir des résidus des plantes crevées à la faveur des pluies ou des arrosages (effets « splash » et
ruissellement)
[?
augmentation du nombre de foyers par transport de sol infesté, compatible avec les preparations de sol
(disques du cover-crop), les sarclages manuels (lames des « ilers ))), ou peut-être aussi les tours de
station des chercheurs (semelles des bottes, lames du couteau).
Eléments à décharge
A l’encontre de l’hypothèse bactériose, trois contre-arguments de taille peuvent être avances :
0
absence d’altérations vasculaires,
?
test du nuage de lait bactkrien négatif,
I l
recherches de germes pathogènes négatives,
Aucune décoloration des vaisseaux du xylème et de la moelle n’a été constatée (observation à l’œil nu) sur
les coupes longitudinales pratiquées sur les pivots racinaires, les tiges ou rameaux de plantes prélevkes sur

I&RA Ram&-Phytotechnie Arachide / Nouvelle maladie de i’amchide /José MARTIN, agronome Cimd-Ca / août 1999.
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le front de progression de la maladie (en cours de flétrissement et brunissement). Absence également de
racines mortes ou pourries, excepté a un stade très avance (plantes crevées a l’intérieur du foyer).
Le test du nuage de lait (ou de la fumée de cigarette), présenté dans le Conpendium et dans “The bactérial
wilt of groundnut” (Icrisat, 1994), a été tenté à plusieurs reprises au cours de l’hivernage 98, toujours avec
le même résultat négatif. Ce test consiste à placer des fragments de tiges de plantes malades dans un tube à
essai contenant de l’eau ; le test est positif lorsqu’un écoulement d’aspect laiteux apparaît, signalant la
présence d’abondantes bactéries. La variante “plante entière” conseillée par le Dr. Subrahmanyam
(communication personnelle du co-editeur du Conpendium, Bamako, début octobre 98) fut également tenté
tout à fait en fin de saison, avec le même résultat négatif. Dans cette variante, une plante fraîchement
contaminée (en première ligne sur le front de progression c la maladie), déracinée le matin (à pleine
turgescence), rincée abondamment, et amputée de son pivot racinaire, est mise à tremper dans l’eau par
lhypocotyle, la lecture du test ayant lieu à 30 minutes.
Les premières recherches de germes pathogènes furent faites à partir de plantes malades fraîches, prélevees
le mardi 22 septembre 1998, et dirigées les unes vers le laboratoire de phytopathologie du Cirad-Amis de
Montpellier, et les autres vers le laboratoire de phytopathologie du CNRA de Bambey. Les plantes furent
lavées et conservées au frais dans le magasin de semences d’arachide, puis acheminées à Montpellier grâce à
deux missionnaires de passage à Dakar (Mmes Guis et Jourdan-Ru@ Notre correspondant
phytopathologiste, Didier Tharreau, réceptionna les plantes en très bon état le 23 au matin, trouva de
grandes quantités de bactéries dans les pétioles et à la base des folioles des plants malades, et alerta son
collègue bactériologiste Philippe Rott. Ils isolèrent des bactéries et les repiquèrent sur un milieu de culture
spécifique à P. solanacearum, avec un résultat négatif. La caractérisation des bactéries isolées, supposées
saprophytes, ne put être poussée davantage, les activités de recherche du laboratoire redevenant prioritaires
dès lors que les activités de service réalisées bénévolement nécessitent des prolongements coûteux en travail
eUou en matériel.
Les recherches de pathogénes effectuées dans le laboratoire de phytopathologie du CNRA de Bambey par
les soins d’Arthur Dassylva sur des plantes malades prélevées le même jour furent également négatives.
De nouveaux échantillons frais prélevés fin mai 99 sur la culture d’mtercampagne fortement infestée furent
envoyés à Montpellier dans les mêmes conditions (grâce à MM. Dubemard et Vaissayre), avec le même
resultat négatif : absence de bactéries pathogènes, isolement de quelques champignons ne pouvant être tenus
responsables des symptômes (Altemaria sp , ).
Poursuivre les in ves tiga fions
Ecarter l’hypothèse bactériose à P. solanacearum
L’hypothèse Pseudomonas solanacearum semblant mise en défaut, peut-on pour autant écarter
dét7rnitivemen.t une origine bactérienne à ce dépérissement de type “feu bactérien” ?
Le “Compendium of peanut diseases” décrit deux maladies bactériennes, le flétrissement ou “bacterial wilt”
dû à P. solanacearum, et la maladie des taches foliaires ou “bacterial leaf spot”. La première est une

ISR4 Bambey-Phytotechnie
Arachide / Nouvelle maladie de l’amchide /José MU?TIN, agronome Cirad-Ca ; aorit 199!X
14
-
-
contrainte importante en culture arachidière dans de nombreuses régions alors que la seconde est
d’importance secondaire. Celle-ci, causée par des Pseudomonas non identifiés et signak en Inde, au
Vietnam et au Zimbabwe, est également présente au Sénégal (à Bambey et en milieu producteur), mais sans
incidence économique.
Mehan et a1 (1994) signalent à propos du fletrissement bactérien de l’arachide des progrès considérables
dans la connaissance de l’épidémiologie, des races et des “biovars”. Des antiserums ont eté produits pour
plusieurs biovars et des tests sérologiques sont disponibles pour la détection du pathogène dans les tissus
végétaux et le sol. Compte tenu du polymorphisme potentiel de ce genre de maladie bactérienne, ne
conviendrait-il pas de procéder à une investigation complète pour pouvoir écarter définitivement l’hypothèse
P. solanacenrum.
Une nouvelle bactériose ?
L’hypothèse d’une maladie bactérienne différente des deux maladies citées cidessus a été fkrnulée
récemment par B. Clerget lorsqu’il a été confronté sur son essai de contre-saison cultivé en sorgho à une
maladie qui présentait des caractkistiques de bactériose : grandes trakkes olivâtres, se développant à partir
des feuilles du haut et gagnant la tige en progressant vers le bas. Comme pour le syndrome arachide, cela ne
ressemblait a rien de connu sur place. Faisant le rapprochement entre les syndromes arachide et sorgho, B.
Clerget a pensé à une contamination directe par l’eau d’irrigation, apportée par aspersion et collec& par le
cornet du sorgho, bien développé au stade montaison. L’eau d’irrigation, pompck à partir de forages
profonds, transite dans un bassin de reprise riche en matières organiques, en algues et b;actéries
normalement non phytopathogènes. Celles-ci se multiplieraient activement entre deux irrigations dans le
bassin de reprise ou dans l’eau restant dans les tuyaux entre deux arrosages. Déversées a haute
c,oncentration sur les cultures en début de séance d’arrosage, elles seraient à l’origine des foyers infectieux.
L’apparition de la maladie à un stade relativement avancé de la culture (pleine floraison / d6but de
formation des gousses pour l’arachide, stade montaison pour le sorgho) tiendrait à plusieurs fàcteulrs, dont
une surface foliaire importante susceptible de maintenir via la transpiration un microclimat humide au
niveau du couvert, et une teneur décroissante des feuilles jeunes en éléments minéraux susceptible d“induire
une sensibilité accrue vis à vis de certaines agressions. Pour des raisons directes ou indirectes, le stade de
développement de la plante n’est certainement pas neutre vis à vis de l’expression de la maladie.
Peut-il s’agir d’une même bactériose sur sorgho et arachide, à partir de bactéries devenues pathogènes à la
faveur de ci.rconstances particulières ? Des échantillons de tiges de sorgho, prélevés et conditionnés à
Bambey pour être envoyés au Cirad à Montpellier (via M. Benoît-Cattin), restèrent bloqués à Thiès,
Montpellier nous ayant fait part de son impossibilité de traiter cette demande. Aucun 181ément
supplémentaire n’étant venu renforcer ou infirmer cette hypothèse.
Rapprochement avec un syndrome voisin sur le Fleuve
Même s,i notre syndrome semble pour le moment circonscrit au Centre CNRA de Bambey, il convient de
rappeler le problème de fl&issement et de dépérissement signalé par Ph. Godon en 98 (communication

ISRA Bambey-Pbtotechnie Amchide /Nouvelle maladie de 1 ‘arachide /José MARTIN, agronome Cimd-Ca / août 1999.
15
personnelle), en culture d’arachide de contre-saison sur la Vallée du Fleuve Sénégal. Pour cet
agropédologue spécialiste du riz, ce dépérissement évoquait une bactériose. Les échantillons prélevés sur le
Fleuve parvinrent à Bambey en mauvais état et ne permirent pas d’avancer dans le diagnostic. Lorsque des
phytopathologistes s’attacheront à résoudre le problème du syndrome de Bambey, il conviendra de ,prévoir
un volet Fleuve auprès des chercheurs Isra-Cirad du Pôle Systèmes Irrigués (PSI) et de l’Isra-Upse qui
disposent de stations d’expérimentation et de production de semences.
Mesures de précaution
Bien que la maladie n’ait pu être identifiée, par bien des aspects elle présente un comportement proche de
celui du flétrissement bactérien dû à P. solanacearum, et il n’est pas exclu qu’il puisse s’agir d’une
nouvelle bactériose. Les moyens de lutte intégrée préconisés contre P. solanacearum semblent pouvoir
s’appliquer à notre cas. Ils sont listes ci-dessous :
arrachage et destruction systématique et soignée (attention aux transports !) des pieds présentant les
premiers symptômes de la maladie,
destruction des débris de fanes après récolte
utilisation d’une céréale en rotation avec l’arachide
solarisation du sol après le labour précédent le semis (avec une bâche en plastique noir), notamment
pour les multiplications de semences rares
utilisation de semences en provenance de sites non infestés
nettoyage des engins agricoles entre chaque parcelle, ainsi que des lames d’iler entre chaque ligne
au moment des sarclages (un seau contenant de l’eau de javel à l’extrémité de chaque ligne suffit
pour rincer l’outil) ; les tuyaux d’arrosage rigides ou flexibles sont à considérer comme engins à
haut pouvoir contaminant dès lors qu’ils sont mobiles
irrigations non agressives à faible débit, pour limiter la contamination par effets splash et par
ruissellement.
En outre:, l’hypothèse d’une contamination directe par l’eau d’irrigation devrait être rapidement mise à
l’épreuve, pour le cas échéant adopter des mesures d’hygiène des bassins de reprise et des conduites d’eau
(vidanges, nettoyages et désinfection).
Enfin, l’attention doit être attirée sur le fàit que des gousses et des graines matures et apparemment saines
peuvent are récoltées sous les derniers plants “grillés” par la maladie. La production de ces plantes doit être
écartée du reste de la production de semences, dans le but d’éviter une possible transmission directe par les
semences. En effet, dans le “Bacterial wilt of groundnut” il est précisé que la bactkriose est transmissible
par les semences, spécialement par des semences fraîchement récoltées (cas des semences produites en
contre-saison par exemple et semées juste après en hivernage) ; cependant, il y est fait mention d’une rapide
perte de viabilité des bactéries lorsque la teneur en eau des graines descend en dessous de 9 %, ce qui est
toujours le cas au Sénégal en saison sèche avec les graines produites en hivernage. Au niveau recherche, il

ISRA Bambey-Phytotechnie Arachide / Nouvelle maladie de l’arachide / José MARTIN, agronome Cirad-Ca ’ août 1999.
16
est important de vérifier si les semences sont réellement et, le cas échéant, dans quelles conditions elles
expriment la maladie. Des plantules saines ayant spontanément poussé à partir de gousses produites par des
plantes tardivement grillées ont certes été observées, mais ce fait à lui seul ne permet pas de conclure à
l’absence de transmission par la graine, entre autres raisons parce que la maladie avait déjà cessé de
progresser sur les plantes de la génération parentale et que les plantules n’ont pu continuer leur
développement faute d’eau.
Conclusion
Les mesures de précaution pourront limiter le mal mais ne parviendront pas à l’éradiquer. Il conviendra
donc de rester particulièrement vigilant au cours de l’hivernage 99 pour surveiller son évolution spatio-
temporelle.
Dans l’espace, il s’agit de suivre à Bambey son éventuelle extension à de nouvelles soles, le degré
d’infestation des parcelles déjà infestées (nombre et dimension des foyers), la localisation et la géométrie des
foyers. En dehors de Bambey, il s’agit de surveiller les multiplications et les essais sur station ou en milieu
paysan ti l’occasion des tournées ordinaires. Concernant les cultures paysannes, il conviendrait de prévoir
des tournées spécifiques dans les environs immédiats de Bambey.
L’hivernage 97 aura vu l’apparition des premiers foyers sur la ferme irriguée, l’hivernage 98 aura vu son
extension à Bambey station avec un inquiétant prolongement en contre-saison 99. L’hivernage 99 devrait
être l’occasion de mobiliser sur ce problème une mission d’expertise à prévoir entre fin août et début
octobre, dans le but d’avancer significativement dans le diagnostic de la maladie et, Le cas échknt, de
proposer un projet de recherche pour y parvenir. Les premières actions d’une tel projet pourraient être
soutenues financièrement par le Programme National de Relance de 1’Arachide.
Références bibliographiques
Eden-Green, S., 1996. Diseases, in Groundnuts. 2nd edn. Pest Control Series, NRI, Ed.,, Natural
Resources Institute, Chatham , United Kingdom : Natural Resources, pp. 33-140
V.K. Mehan, B. S. Liao., Y.J. Tan, A. Robinson-Smith, D. McDonald, and A.C. Haynard, 1994. Bacterial
Wilt of Groundnut. Information Bulletin no 35. International Crops Research Institute for Semi-
Arid Tropics, Patancheru, Andhra Pradesh SO2 324, India. 23 pages.
K.J. Middleton, S. P., S.B. Sharma and D.H. Smith, 1994. Diseases, in The Groundnut Crop. Smartt, J.,
Ed., Chapman & Hall, London, UK, pp. 336
A.C. Hayward and He L. Y., 1997. Diseases caused by Bacteria, in Conpendium of Peanut Diseases,
Second Edition. N. Kolalis-Burelle, D. M. P., R. Rodriguez-Kabana, D.H. Smith, P.
Subrahmanyam, (eds). The American Phytopathological Society, St. Paul, Minnesota 55121-2097,
USA. Page 43.

ISRA Bambey-Phytotechnie
Arachide /Nouvelle maladie de l’amchide /José MARTIN. agronome Cirad-Ca i août 1999.
17
Annexes
c 3 planches de photographies prises par l’auteur au cours des hivernages 97 et 98
c
4 planches de plans schématiques de Bambey :
.
J-ocalisation relative de la ferme irriguée et de la station de Bambey et repères chronologiques
9
Assolements et successions pratiqués sur la ferme irriguée de Bambey
Sole B2 Nord “Axasec”: assolement 98 et localisation des foyers
?
Sole B2 Sud, multiplication de contre-saison 99 : localisation des foyers
?
C I
1 planche avec deux graphes caractérisant synthétiquement les années climatiques 97 et 98 à Bambey

ISR4 CNRA Bambey - F’hytotechnie Arachide / Flétrissement bactérien ? / J. Martin, agronome Cimd, mai 1999 l
1
-
-
-
Cliché 1 & 2 : ferme irriguée hivernage 1997 ; cliché 1: au centre le premier foyer apparu, et au premier plan, un
deuxième foyer ; le cliché 2 montre un autre foyer, variété de type virginia (à gauche) et spanish li droite)
Clichés 3 & 4 : nombreux fo@&f&Ï%iÏ$@e, hivernage 1998, le 2.2 3 ett wbre
CllCheS
& 6. Uegats en Im ae campagne, renne u-nguwz,
niverguage 1998

ISRA CNR.4 Bambey - Phytotechnie Arachide / Flétrissement bactérien ? / J. Martin agonome Cirad, mai 1999 /
II
-
-
--
Clichés 9 à 12 : adventices épargnées dans des foyers où les plants d’arachide ont complètement dépéri
Cliché 13 & 14 : à gauche, gousses mûres prélevées sous des planls d’arachide ayant dépéri tardivement : à
droite, plantule d’arachide issue de la germination spontanée d’une graine portée par une gousse formée par un
plant d’arachide ayant tardivement dépéri.

.[SRA CNRA 13ambey - Phytotechnie Arachide / Flétrissement bactérien ? / J. Martiq agronome Cirad, mai 1999 /
III
-~-~
-_
Clichés 1.5 & 16 : vue de détail en début de saison sèche du front de progression, à la périphérie d’un foyer
Cliché 18 : premiers flétrissements marquant l’apparition d’un nouveau foyer
-.
--

ISRA Bambey-Phytotechnie Arachide /Nouvelle maladie de l’arachide /José MARTIN, agronome G-ad-Ca /août 1999.
Localisatio#n relative de la ferme irriguée et de la station de Bambey
Nord
F:erme irriguée GGP
distance : environ 2 km
pâturages
champs de mil et niébé
sola 62 Nord, allouée à Arasec
sole 52 Sud, contre-saison 99 Upse
msole Dl, sélection arachide 98
Station de Bambey
Domaine du CNRA de Bambey
Repères chronologiques
f e r m e i r r i g u é e 1 9 9 7
f.i. 1998
s t a t i o n 9 8
contresaison 99
p r e m i è r e p l u i e
03-juin
1 @juil
arrivée mousson
14août
O-/-août
retrait mousson
24sept
%Sept
d e r n i è r e p l u i e
1 z-oct
26oct
labour (disques)
7
?
14juil
?
semis
05-juil
24juin
2 4 j u i l
11 -févr
premiers symptômes
2 1 - a o û t
14août
14sept
avril

ISRA Bambe,y-Phytotechnie Arachide / Nouvelle maladie de l’arachide / Jos6 MARTIN, agronome Cirad-Ca /août 1999.
Assolements et successions pratiqués sur la ferme irriguée de Bambey
Ouest
sole sud
sole nord
environ 3000 m2 / sole
b a n d e s u d b a n d e n o r d
b a n d e s u d b a n d e n o r d
Hivernage 97
semis 15juil
u
SUd
?
Contre-saison 99
semis 21 -févr
Sud
( a r a c h i d e
1(j a c h è r e o u s o l n u
0 foyer maladie

ISRA Bambey-Phytotechnie Arachide /Nouvelle maladie de l’arachide /José MARTIN, agronome Cirad-Ca /août 7999.
Sole B2 Nord “Arasec”: assolement 98 et localisation des foyers
29
28
27
26
25
24
23
22
21
20
19
18
17
16
15
14
13
12
I
1 1
1 0

9
8
7
6
5
4
3
1: 2
II
1
IL
0
bande ouest en jachère
bande est en arachide
surface : 210 x 70 mz
surface : 210 x 70 m2
Locallisation précise des foyers 0
foyer principal : PE no 38, 39 et 40
autres foyers : 43, 26, 8, 5, 6
variétés : 57-230, 57-229, 55-437, Fleur 11
autres lignées : 10915-17, 13104-12, 11908-10, 13104-05
plan parcellaire : Arasec, service sélection arachide
Personne ressource
Mor Fall, contractuel Arachide

ISRA Bambey-Phytotechnie Arachide /Nouvelle maladie de l’arachide / José MARTIN, agronome Cirad-Ca /août 1999.
Sole 82 Sud, multiplication de contre-saison 99 : localisation des foyers
bandes
1
2
3
4
5
6
surfaces
1000
3000
1000
4000
1000
3000 m 2
variétés
55-437
Fleur 11
GC 8-35
arachide
contours approximatifs des aires chlorosées
contours approximatifs des foyers de dépérissement

ISRA Eiambey-Phytotechnie
Arachide / Nouvelle maladie de kxachlde I José MARTIN, agronome Cirad-Ca I aoOt 1999
:aractérisation des années climatiques 1997 et 1998 à Bambey
.__-
Pluviositë et évaporation Ëambey 1 YY 1 + i 0%
&-humiditb relative de l’air (minima, ?V+-température (maxima,