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I
:, ,-’
Sknégalaise des Recherches Agricoles et Halieutiques - Vol. 1 - no1 - 1988
NOMBRE DE STADES LARVAIRES
D’ELDANA SACCHARINA WALKER
ET FACTEURS DE VARIATION
PAR
Amadou Bocar BAL”
RESUME
E. succharina est le foreur africain des tiges de la canne a sucre, où il est pmsent
entre les latitudes 15’N et 30”s sur de nombreuses plantes cultivées et sauvages.
Le nombre de stades larvaires duravageurest determiné sur des chenilles élevées
en laboratoire sur milieu artificiel à base de farine de maïs et de germe de blé. De
l’étude il ressort que les chenilles femelles, reconnaissables aux imaginations cuti-
culaires, visibles aux Se et 9e segments ont 6 stades larvaires, alors que les mâles en
ont 5 ou 6 dans les proportions respectives de 63 et 37 %. L’intérêt de la mesure de
la capsule céphalique a été encore mis en évidence ainsi que la difficulté d’inter-
preter les distributions de fréquences dans le cas d’individus à n et n+l stades lar-
vaires.
Par suite de réduction de la qualité du milieu nutritif, des mues surnuméraires
peuvent apparaître. Cette apparition n’est cependant qu’une réponse à ces variations
d’ordre trophique suite aux modifications qu’elles engendrent dans le milieu in-
térieur de la chenille.
Mots clés : Eldana succhurinu, stades larvaires, facteurs trophiques.
SUMMARY
E. succhurinu is the african sugar cane stem borer, where it occurs between lati-
tude 15”N and 30”s on many cultivated and wild plants.
The number of larval instars is determined on larvae reared in the laboratory on
an artificial diet of maize and wheat germ. It appears that the females, recognized
from cuticular pits on the 8th and 9th segments, have 6 instars while males have 5
or 6 at 63 and 37 % respectively. The head capsule measurement and the difficulty
to discuss the frequency distribution of individuals having n and n+l instars are
interesting.
When the quality of the diet is reduced, larvae cari under molt and have more
instars, this is a response to those nutritional variations and me modification these
cari produce in the larval body composition.
Key Words : Eldana succharina, larval instars, trophic factors.
*Chercheur de 1’ISRA - Direction des Recherches sur les Productions végétales

3
RESUMO
E. saccharina é o furador africano dos taules da cana de açucar, onde esti
presente entre as latitudes 1SN e 3O’S, sobre numerosas plantas cultivadas e selva-
gens.
0 nimero de etapas larvares do destruidor é determinado a partir da observaçao
de larvas criadas em labora&io num meio artificial, sustentadas com farinha de
milho verde e germes de trigo. Da observaçêo resulta que as larvas fêmeas, recon-
heciveis nas investigaçks cuticulares, visfveis nos 8’e 9”segmentos, têm 6 etapas
larvares, enquanto que os machos têm 5 ou 6 etapas nas respectivas proporçaés de
63 e 37% . 0 interesse da medida da càpsula cefalica foi demostrado assim como a
dificulda da interpretaçgo das distribuiçks de frequências, quando se trata de iudi-
viduos de n e n + 1 etapas larvares.
Com a reduçgo da qualidade do meio nutritivo, mudas supranumer&ias podem
aparecer. No entanto, tal situaçâio SO é w-na resposta a estas variaçOes de ordem tro-
fica, como consequência das modifïcacks que elas provocam no meio interior da
k-va.
Palavras chaves : Eldana saccharina, etapas larvares, factores &~COS.

INTRODUCTION
Elduna succharinu Wlk. est un lépidoptère de la famille des Pyralidae et de la sous
famille des Galleriinae. L’espèce a été decrite en 1865 par Walker à partir d’échantillons
récoltés en Sierra Leone. L’insecte, essentiellement présent sur le continent africain, entre
les latitudes 15 Net 30 S, se retrouve au-delà du vieux continent. Il a éte signalé en Arabie
Saoudite (BRENIERE, 1976) et dans une île de l’océan Indien (GIRLING, 1978). Sa
répartition géographique et le sens de sa propagation sont indiqués sur la carte.
(D’après GIRLJNG, 1978)
Foreur des tiges de graminées, l’insecte compte de nombreuses plantes-hôtes. Il
semble d’ailleurs que le genre Cyperus soit son hôte originel et que ce n’est que
progressivement qu’il est passé sur les graminées cultivées (ATKINSON, 1980). Suite à
ce passage favorisé par le développement de l’agriculture et les changements qu’il a
occasionnés, il y a eu adaptation de certaines populations à ces cultures et apparition de
“formes” qui leur sont inféodées (GIRLING, 1978). Les plantes-hôtes de l’espike
connues sont indiquées au tableau 1. Malgré cette multitude de plantes-hôtes, c’est sur les
céréales cultivées en général et la canne a sucre en particulier qu’E. succhurinu provoque
des dégâts importants. Sur cette plante, aux dégâts type des foreurs, s’ajoute la réduction
du bix du jus (WAIYAKI, 1974, BETBEDER-MATIBET, 1983). Elevéau laboratoire sur
milieu artificiel, le déve-loppement larvaire dure 24 jours et le sex-ratio exprimé par la
proportion de femelles dans la population totale est de 0,55. Le nombre de stades larvaires
quant à lui est loin d’être précisé. Il varie entre 5 et 8 suivant les auteurs.
Cette étude est une contribution à une meilleure connaissance du nombre de stades lar-
vaires d’E. succhurinu et de ses facteurs de variation. Elle entre dans le cadre de l’étude
de la biologie et l’écologie des ravageurs, indispensable dans la perspective de la lutte
intégrée. L’expérience est pr&&dée d’un rappel sur le sujet et des hypothèses d’expli-
cation compte tenu de l’aspect physiologique.

5
Tableau 1 : Plantes-hBtes d’E. saccharim Wlk.
Familles et espèces
Pays ou ensemble de pays et auteurs
GRAMINAE
Saccharum spp
Afrique. du Sud (DICK, 1945 ; CARNEIGE,
(canne à sucre)
1974 ATKINSON, 1980-a), côte d’ivoire
(COCHEREAU, 1982) Nigeria (HARRIS, 1962 ;
JERATH, 1968), Ouganda (INGRAM 1958),
Tanzanie (TAPLEY, 1954 ;WALKER,1966).
Sorghum vulgare Pers.
Afrique du Sud (CARNEIGE, 1974), Nigeria
(sorgho)
(HARRIS, 1962), Ouganda (INGRAM, 1958,
Sénégal (APPERT,1957), Tanzanie (MILNER,
1967).
Zea mays L.
Côte d’ivoire (COCHEREAU, 1982), Nigeria
(maïs)
(HARRIS, 1962), Ouganda (INGRAM, 1958),
Sénégal (APPERT, 1957).
Oryza sativa L.
BRENIERE (1976), Afrique du Sud
trw
(CARNEIGE, 1974), Nigeria (HARRIS, 1962)
Sénégal (APPERT, 1957)
Pennisetum typhoïdes Rich.
Afrique de l’Ouest (WAIYAKI, 1974-b) Afrique
(mil)
du Sud (CARNEIGE, 1974), Sénégal (APPERT,
1957, NDOYE, 1979)
Bottboellia exalta L.
Nigeria (HARRIS,1962)
Eulesine coracana Caemt.
Nigeria (HARRIS, 1962)
(millet)
CYPERACEAE
Cyperus distans
L.F.
Ouganda (INGRAM,1958)
C. papyrus L.
Ouganda (INGRAM,1958)
(laiche, carex)
C. immensus C.B. cl.
Afrique du Sud (ATKINSON, 1980-a)
Autres Cyperus Spp.
Afrique du Sud (ATKINSON,1980-a ;
CARNEIGE,1974)
AMARANTHACEAE
Amaranthus dubius Mart.
Tanzanie (WAIYAKI, 1968), Afrique du Sud
(CARNEIGE,1974)
A. Spinosus L.
Tanzanie (WAIYAKI, 1968), Afrique du Sud
(CARNEIGE,1974)
EUPHORBIACEAE
Manhiot utilissima Pohl.
Zaïre (LEFEVRE, 1974)
(manioc)

POSITION DU PROBLEME
Le nombre de stades larvaires d’un insecte, déterminé génktiquement, est généra-
lement constant. Suivant les conditions de l’environnement cependant, il peut varier chez
certaines espèces. En effet, la variation de facteurs extrinsèques, parles altérations qu’elle
peut provoquer, est à l’origine suivant les espèces d’une nymphose anticipée ou de mues
surnuméraires. D’aprés CARNEIGE (1974) et GIRLING (1978), les chenilles d’E.
succharina muent 5,6 ou 7 fois et le nombre de stades larvaires varie avec le sexe. Walker
(1966) fait &tat de 5 stades alors que WAIYAKI (1974) et KAUFMANN (1983) en rap-
portent 6 sans Pr&iser de variations liée au sexe. BETBEDER-MATIBET (1977) signale
5 ou 6 stades larvaires en précisant que cette variation n’a d’origine ni sexuelle, ni gén&
tique. ATIUNSON (1980) rapporte enfin que dans de bonnes conditions alimentaires, les
mâles ont 5 stades larvaires et les femelles en ont 6. Il apparaît que la variation du nombre
de stades larvaires chez certaines espkes de lépidoptères est liée à des facteurs d’ordre
trophique. Ceux-ci pourraient agir à deux niveaux :
sur le taux de l’hormone juvénile (JH) : le changement des constituants hémo-
l
lymphatiques et l’altération du milieu intérieur peuvent en effet provoquer une activation
ou une inhibition des JH-estérases (BHASKARAN et JONES, 1980)
sur la nature de la mue : le changement métabolique peut provoquer une accélé-
l
ration de la mue qui interviendrait avant la chute du taux cie JH à un niveau bas (NIJHOUT
et WILLIAMS, 1974) ou à un moment où les cellules kpidermiques sont incompétentes
& synthétiser la cuticule nymphale en repense aux écdystéroïdes (BASKARAN et
.
JONES, 1980).
MATERIEL ET METHODES
Compte tenu des résultats obtenus par BETBEDER-MATIBET (1977) des chenilles
âgées de 1,4,6,8,11, 13,15,18 et 20 jours ont été prélevées. Ainsi, sur un total de 229
chenilles (élevées sur le milieu artificiel indiqué en annexe, àe = 25°C k 1; HR = 75%
+ 5 et photopkriode: 12:12), nous avons mesuré le diamètre de la capsule céphalique
(caps.céph.) et dans la mesure du possible la plus grande largeur de la mandibule (Md.).
Ces mensurations ont été complétées par des élevages individuels suivis au laboratoire
afin de vérifier l’apparition d’un nouveau stade à un âge donné et de préciser ce qui se
passait au delà du quatri&me stade larvaire. On évite ainsi les manipulations et les ouver-
tures fréquentes des boîtes d’élevage dans le cas d’un suivi journalier des élevages indi-
viduels.
L’analyse des résultats a ét& faite sur histogramme et graphiques et par l’utilisation
de la méthode de BHA’ITACHARYA (1967).
RESULTATS ET DISCUSSIONS
Au vu des résultats du tableau II, on est tend de dire que la chenille d’E. saccharina
mue 6 fois. Les chenilles âgées de 1,4,6,8, 11, 13 et 15 jours et plus seraient respec-
tivement au ler, 2ème, 3ème, 4ème, Sème, et @me stade larvaire. En est-il r&llement
ainsi ? La figure 1 permet d’isoler 6 zones correspondant B 6 stades larvaires. La figure
2 sur laquelle les chenilles sont représentées en fonction des deux critères (largeurs caps.
céph. et Md) fait apparaître quant B elle cinq (5) nuages de points. Chaque nuage
correspond thkori-quement ZI un stade larvaire. Un premier nuage n’y apparaît pas du fait
de l’absence de mesures de la largeur de la mandibule sur les chenilles très fragiles âgées
de 1 et 4 jours. Ce nuage de points, ajouté aux cinq de la figure 2 traduirait l’existence de
6 stades larvaires confirmant ainsi le &ultat qui apparaît sur la figure 1. Pour expliquer
la différence de ces résultats avec ceux du tableau II, il faut se reporter à la figure 3
construite à partir de la méthode de BHATTACHARYA. Six (6) droites de pente négative
sont mises en évidence sur cette figure. Chacune de ces droites, si elle s’explique

Tableau 11 : Mensurations sur E. saccharina Wlk. (Récapitulation)
Capsule cé$halique (mm)
Mandibule (mm)
Nombre
de
Age
chenilles
en jours
Min.
MaX.
Moyenne
Min.
MaX.
Moyenne
20
:
0,27
0,32
0,30 f 0,oo
19
0.35
0.50
0,45 zk 0,Ol
20
6
0,50
0,85
473 f 0,02
0,07
or15
0,ll io,OO
19
8
0,65
1,17
1,Ol f 0,05
0,lO
0925
0,17 f 0,Ol
E
11 13
0,96
1,38
1,56
1,98
1,24
1,61 f f 0,05
0,03
0,17
0325
0,37
0,42
0,24
0,34
f
0,Ol
0,Ol
34
15
1,38
234
1,87 f 404
0,30
0,50
0,40 f 0,Ol
33
20 18
1,50
2,16
234
1,92
1,88 f
f 0,03
0,04
0,30 0.32
0,50
0,55
0,42
0,41*f
0,Ol
0,Ol

8
ffectif
1 5
1 0
5
((I/
Largeur de la capsule o$halique ( mm )
Figure 1: Histogramme de fréquence de la largeur de la capsule céphalique
d’E. succharina Wlk.
5 10 x largeur de la mandibule ( mm )
l
1,.___
4 5
1 0
1 5
20
1 0 x largeur de la capsule
céphalique ( mm )

Figure 2 : Distribution de chenilles d%. succhurina Wlk. en fonction de la
largeur de la capsule céphalique et de la largeur de la mandibule
(les lignes continues joignent des couples de points correspondant P des
chenilles suivies depuis le 2ème stade larvaire jusqu’à la nymphose)

9
de classes
Figure 3 : Représentation graphique des différences logarithmiques de fréquences
(y) en fonction des centres (méthode Bhattacharya)
correspond à un stade larvaire. Notons d’ores et déjà qu’une première droite non reprk-
sent& sur cette figure correspond au premier stade larvaire mis en évidence par d’autres
moyens. Cependant, les droites 1 et4 joignent deux (2) points seulement. On peut dès lors
se poser des questions sur leur nature et leur représentation compte tenu du fait que par
deux (2) points distincts, il passe toujours une droite. A ces questions, les réponses sui-
vantes peuvent être données :
. La droite 1 correspond bien au 2ème stade larvaire. Celui-ci mis en évidence par la
figure 1, l’a éte également au cours des élevages individuels. Le suivi de ceux-ci a permis
de noter que toutes les chenilles ont mue une deuxième fois au sixième jour. Les capsules
céphaliques rejetées par ces chenilles ont des dimensions identiques et mesurent 0,42 mm
de large, valeur très proche de celle calculée B partir de la droite de la figure 3 qui est de
0,47 mm (cf tableau IV).
Suite à l’observation de l’effectif résiduel une fois que les effectifs attachés aux
l
distributions gaussiennes des droites 3 et 5 sont calculés, la droite 4 ne semble pas avoir
la même signification que les autres. En effet, l’effectif résiduel n’est pas celui d’une
distribution de GAUSS; ce qui exclut que cette droite corresponde à un stade larvaire.
Ainsi donc, cinq (5) droites de la figure 3 trouvent une explication en relation avec
l’objectif recherché. Ces 5 droites correspondent à 5 stades larvaires auxquels s’ajoute le
premier non représente par une droite. Ce résultat confirme celui des figures 1 et 2.11
apparaît ainsi que 6 stades larvaires différents ont été mis en évidence à partir des chenilles
sur lesquelles les mensurations ont été faites.
La méthode de BHATTACHARYA ayant permis de calculer les largeurs des capsules
céphaliques liées a chaque droite, donc à chaque stade larvaire, les resultats sont portes au
tableau IV. Sur ce tableau sont également présentées les largeurs des capsules cephaliques
des différents stades obtenues suite a une séparation graphique a partir des figures 1 et 2.

10
Bien qu’on ait identifie 6 stades larvaires sur les chenilles d’E. saccharina et compte
tenu des variations dont il est question, on est tenté de se demander si toutes les chenilles
ont effectivement 6 stades larvaires. Ce Chiff?e pourrait correspondre a un maximum.
Nous avons jugé que seul un suivi serré des chenilles jusqu’à la nymphose permettrait de
répondre a cette question. Ce suivi a été effectue sur 137 chenilles et les résultats sont
Tableau III : Distribution de fréquence de la capsule céphalique
d’E. saccharina Wlk. et differences logarithmiques
(Mkthode Bhattacharya)
Cl&W?S
Centre de chssea
Fréquence (y)
02.5 - 034
0,3
20
1 , 3 2 2
- 054
0.35 - 0,h.l
0,4
5
0 , 7 7 8
0,45
op5 - 0,54
OS
1 6
1 , 2 3 0
- 123
0,s - 0,64
U
0
0 , 0 0 0
W
0.65 - 0,74
Os7
9
1 , 0 0 0
1,18
0.75 - 0,84
098
1 4
1 , 1 7 6
0.87
0.85 - 094
0 . 9
1
0,301
0,30
0,95 - 1.04
1.0
3
0,602
0,57
1.05 - 1.14
1.1
1 4
1 , 1 7 6
0,22
1,15 - 1.24
12
8
0 , 9 5 4
- 0,47
1.25 - 1,34
1,3
2
0,480
- 0,63
1.35 - 1,44
1,4
1 2
1 , 1 1 4
- 0,21
1.45 - 1,54
1.5
7
0 , 9 0 3
OP0
1.55 - 1.64
1,6
19
1 , 3 0 0
O,M
1,65 - 1,74
1.7
22
1 , 3 6 0
- 0,16
1.75 - 1,84
138
15
1 , 2 0 4
0.10
1,85 - 1,94
1.9
19
1 , 3 0 0
O,W
1,95 - 2,04
2,ov
19
1 , 3 0 0
- 0.15
205 - 2.14
2,l
1 3
1 , 1 4 6
- 0,37
215 - 2JA
2.2
5
0 , 7 7 8
O,W
225 - 234
2 . 3
6
0 , 8 4 5

1 1
Tableau IV : Valeurs moyennes de la capsule céphalique des
différents stades larvaires d’E. wccharina Wkl.
a - M o y e n n e s o b t e n u e s à p a r t i r
1
b - M o y e n n e s o b t e n u e s a p r è s
S t a d e s
de la kéthode bhattachaha
s é p a r a t i o n g r a p h i q u e
M o y e n n e s
s . d .
I n t e r v a l l e s
M o y e n n e s
I n t e r v a l l e s
I
0.30 *
0,30 *
I I
0,47
( 0,43 . 0,6 )
042 *
Ill
0,76
0,06
( 0,70
0,82)
0 . 7 4
( 0.64 . 0,85 )
I V
1,07
0,13
( 0,94
1,20 )
1,ll
(0,95
1,20)
V
1,68
0,14
(1,54 .
1,82)
1,70
(1,45
1,89)
V I
1,93
0,17
(1,76
2,lO)
2,03
(
& 1W)
* Valeurs vérifiées sur élevage individuel
Tableau V : Pourcentage de nymphes provenant des chenilles ayant eu 5 ou 6
stades larvaires (n : 137)
V
V I
T o t a l
6
27,7
18,l
.43,8
P-
22
5 4
56,2
T o t a l
29,9
70,l
1 0 0

12
portés au tableau V . De ces résultats il ressort que mâles et femelles peuvent avoir 5 ou 6
stades larvaires. Ce résultat, proche de ceux obtenus par BETBEDER-MATIBET (1977)
et ATKINSON (1980) appelle deux (2) remarques :
* le nombre de stades larvaires d’un individu est bien lie au sexe même si ce nombre
ne semble pas avoir une origine génétique.
* le nombre de mâles ayant 6 stades larvaires n’est pas à l’image de quelques indivi-
dus parce qu’il concerne 37 % des chenilles mâles. Un nombre insignifiant de fe-
melles (2 %) ont eu par contre 5 stades larvaires.
Notons que des caractères externes permettent de déterminer le sexe de la chenille d’E.
saccharina. Aux derniers stades, il est en effet très facile de distinguer, sur la face ventrale
de la chenille femelle, au niveau des 8ème et 9ème segments, deux (2) invaginations cuti-
culaires symétriques par rapport à l’axe antéropostérieur. De telles invaginations ont été
décrites par HINKS et BYERS (1973) et par LAVENSEAU (1982) chez de nombreux
lépidopteres. Elles correspondraient aux ébauches ectodenniques des disques génitaux
des adultes.
L’absence de ces invaginations bien distinctes chez E. saccharina permet de carac-
tériser la chenille mâle présentant, au niveau du 9ème segment une modification impaire
de la structure cuticulaire. Une telle modification, difficile à deceler, est liée à l’existence
d’un histoblaste pyriforme qui serait l’ébauche de l’organe d’Herold. Ces 2 caractères
sexuels que nous avons observés sur E. saccharina (photographies 1 et 2) ont été signalés
chez l’espèce par ATKINSON (1980). Faudrait-il malgré le résultat que nous avons
obtenu remettre en cause toute idée de mues surnuméraires chez E. saccharina ? Lors
d’essais de substitution d’éléments du milieu et dans des cas de longue conservation de ce
dernier, nous avons noté l’apparition de sept (7) stades larvaires et plus. Dans certains cas
d’ailleurs, les chenilles ne se sont jamais nymphosées.
Ainsi donc, en cas de défaillance du milieu, il est possible que des chenilles aient des
mues surnuméraires. Ceci ne nous permet cependant pas de conclure à l’existence d’un
7ème stade larvaire au même titre que les Sème et 6ème stades, comme le font CARNEIGE
(1974) et GIRLING (1978).
CONCLUSIONS
L’étude ainsi réalisée a permis de mettre en évidence l’existence chez E. saccharina
de 5 ou 6 stades larvaires. Des observations journalières précises ont seules permis de se
rendre compte de cette différence. De ces mêmes observations, il découle que les femelles
du ravageur ont 6 stades, alors que les mâles en ont 5 ou 6 dans les pourcentages respectifs
de 63 et 37 %.
Il apparaît par ailleurs que la détermination du nombre de stades larvaires par la largeur
de la capsule céphalique, en raison des resultats qu’elle fournit, et de son utilisation rela-
tivement facile comparée au dérangement qu’engendre un suivi journalier d’ailleurs
impossible pour les jeunes stades, reste la meilleure méthode, bien qu’il faille, dans
certains cas, faire appel à des méthodes statistiques peu connues, pour arriver à une réelle
séparation des différents stades larvaires. Le problème posé par celle-ci n’est pas nouveau.
Déjà en 1935, GAINES et CAMPBELL, se référant aux travaux de SATTERTHWAIT
(1933) sur Agrostis ypsilon Rott., rapportaient la difficulté, voire l’impossibilité d’inter-
pétrer les distributions de fréquence de la capsule céphalique dans le cas d’une population
d’individus ayant n et n + 1 stades larvaires.

13
Planche 1
Face ventrale de 9ème segment abdominal
d’ E. saccharina Wlk.
6. chenille femelle

14
Quant au 7ème stade larvaire, signalons qu’en cas de défaillance, même insoupçonnée
du milieu d’élevage, le nombre de stades larvaires peut être tres facilement altéré. Une telle
défaillance peut être à l’origine d’une modification du nombre de stades larvaires, par un
ou plusieurs des mécanismes physiologiques déjà signalés. La subtilité de cette alt&ation
et ses consequences prouvent une sensibilité aux facteurs trophiques, peut être très élevee
d’E. saccharina. Une telle sensibilite expliquerait aussi et surtout les interprétations mul-
tiples dans le nombre de stades larvaires du ravageur,
BIBLIOGRAPHIE
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10 KAUFMANN T. 1983.- Behavioral biology, feeding habits and ecology of three
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11 LAVENSEAUL., 1982. -Determinationofthesexofcaterpillars withoutdissection.
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12 NIJHOUT H.F., 1975. - Dynamic of juvenile hormone action in larva of the tobacco
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1 5
13 NIJHOUT. H.F. & WILLIAMS C.M. 1974. Control of molting and metamorphosis
in tobacco homworm, Munducu setiu : Cessation of juvenil hormone secretion as
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15 SATIERTHWA’IT A.F., 1933.- Larval instars and feedind of the black cutworm,
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16 WAIYAKI J.N., 1974. a-Laboratory observations on the biology of Eldunu succhu-
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Salisbury (cité par GIRLING).

1 6
ANNEXE
COUTS DU MILIEU TEMOIN, DES SUBSTITUTS DE
L’AGAR-AGAR ET DES BOITES D’ELEVAGE
Milieu témoin
Prix HT
- Eau.
600
ml
- Agar-agar..
14
g .
536 F (382,65 F/kg)
- Maïs
112
g
1,04F
- Germe de blé.
28
g
0,75 F
- Levure de biére
30
g
1,40 F
- Acide ascorbique
10
g
3,06F
- Acide sorbique
12
g
0,19 F
- Nipagine
130
g
0,21 F
- Peni-suepto
025
g
1,50 F
Substituts de l’agar-agar (prix du kg H.T.)
.
par 1000 kg
par 10 kg
- Hydrogel@ HWG (= Gelcarin@ HWG)
73 F
109,50 F
- Seagel@ P e t 4
44 F
66,00 F
- Danagel@ BM5
87 F
130,50 F
Boîte d’élevage des chenilles
Environ 2 F/boîte
(livraison par 100 boîtes).
Boîte de nymphose
Environ 20 F/boîte.
La quantité de milieu préparée avec 600 ml d’eau permet de remplir sur 1 cm d’é-
paisseur 6 boîtes d’élevage des chenilles. Chaque boîte de milieu ainsi obtenue peut
assurer l’élevage de 30 chenilles jusqu’à la nymphose. 180 chenilles sont donc éle-
vées avec une dose de milieu. Deux boîtes de nymphose suffisent à contenir l’en-
semble pendant la nymphose.

INSTITUT SENEGALAIS DE
RECHERCHES AGRICOLES
CAHIERS D’INFORMATION
ANALYSE DES ACQUIS
DE LA RECHERCHE
AGRICOLE
SENEGALAISE
ISSN 0850-8798
VOL 2 No2
1988