CIRAD / MESRU-Economie de la Mécanisation en...
CIRAD / MESRU-Economie
de la Mécanisation en Région Chaude - Montpellier Sept.1988
MAINTENANCE DU MATERIEL AGRICOLE
EN BASSE CASAMANCE
A. FALL
R E S U M E
Dans une conjoncture économique difficile marquke par une absense presque totale de possibi-
lités de renouvellement du parc actuel de matériels utilisés (suppression des différents crédits portant SUT ce type
d’mtmnt), les forgerons villageois arrivent tant bien que mal à éviter l’effondrement de ce patrimoine. Le parc
de matériels de culture attelée connait dans son ensemble de très sérkux problèmes de maintenance (taux élevé
de matériels à réformer), dûs à la vétusté du parc (matériels acquis depuis une quinzaine d’année) et surtout, à
la faiblesse du niveau de technicité de la maJorité des forgerons suivant la typologie effectuée. Ainsi,
l’organisationdelafilièred’approvisionnementenmatièred’oeuvre,la:fournitured’outilsdeforgejustenécessaire
et la formation à. la réparation des pannes les plus frequentes sur le matériel s’offrent comme des possibilités
d’améliorer les services rendus aux paysans. Ceci se fera en étroite relation avec le zonage de laBasse Casamance
en fonction du type de matériels existant au niveau des exploitations agricoles pour tenir compte de la spécificité
des pannes recensées dans chaque zone.
INTRODUCTION
r)anslaconjonctureéconomiquedifficilequetraversel’agncultureenCasamance,marquéed’une
part, par un arrêt des différents crédits sur le matériel de traction animale (P.A et PIDAC) et d’autre part, par le
démarrage des activités de la CNCA en 1986 dans la région, un certain nombre de paysans de la région persévèrent
dans l’utilisation des matériels de culture attelée. En effet, certains matériels, acquis depuis une quinzaine
d’années sont encore présents dans les exploitations. En d’autres termes, le parc de matériels ne s’est pas effondré.
D’une manière g&nérale, les paysans s’accrochent à ces matériels pour les différents avantages procurtk par leur
utilisation : meilleur respect du calendrier cultural, allègement du travail, etc . . .
Les inventaires effectués sur le parc de matériels agricoles et les suivis des op&ations mécanisées
menés sur les différentes parcelles ont montre que le parc est essentiellement composé d’outils manuels et de
matériels a traction animale. Les matériels connaissent des taux d’utilisation très élevés dont une partie assez
importante se trouve en très mauvais état et prête à être réformée (F,4LL, 1985; FALL, 1988).
Dans leur ensemble, les paysans ne connaissent pas bien les différents matériels utilisés. Ils
ignorent I’importance des différentes pièces d’usure et les principaux :réglages à effectuer sur le matériel, pour la
réalisation d’un travail correct. Ils sacritïent souvent la qualité du travail à la rapidité d’exécution de l’opération.
Le parc connaît ainsi de sérieux problèmes de maintenance. Les paysans s’adressent généralement aux forgerons
villageois pour la réparation des différents matériels en panne. L’objectif de ce document est de présenter d’une
part, les différentes pannes
sur le materiel agricole et d’autre part, de passer en revue les différents
circuits de maintenance utilisés par les paysans.
EQUIPEMENT DES EXPLOITATIONS ET ETAT DU PARC DE MATERIELS
EQUIPEMENT D E S E X P L O I T A T I O N S
Comme la Basse Casatnance n’a pas bénéficié dune manière homogène des possibilités offertes
par les systèmes de crédit pour l’équipement adéquat des exploitations agricoles, l’adoption de la traction animale
a suivi une dynamique très lente et différenciée à travers la régia’n. D’ailleurs, la traction animale est une
technologie assez récente dans le milieu parce qu’elle ne remonte réellement qu’aux années ‘70, période pendant
laquelle 60 à 80 p.100 des exploitations équipées actuellement ont acquis leur matériel de traction animale à
travers le crédit du Programme Agricole. Les systèmes de crédit (PA et PIDAC) ont toujours représentés la
principale source d’approvisionnement des exploitations en matériels agricoles (plus de 90 p.100 du parc de
matériels actuellement utilisé). Toutefois. le tdux d’équipement des exploitations est encore faible dans
l’ensemble puisque 36 p.100 des exploitations enquêtées possèdent au moins un matériel de traction animale
(charrue, buttetu-, semoir, houe ou charrette). Ce taux varie dune zorle à l’autre de la Basse Casamance (FALL,
1988). Dans les zones la traction animale est importante, partie Nord de la région, ce taux peut dépasser les
50 p.100 (carte page 9).
A FALL
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us-w I M~~KU-Economie de la Mécanisatio~enRgion
l----Chaude-Montpellier Sept.1988
*
Les équipements de la majorité des
sol? &eest ainsi que dans les zones
sont labourées mécaniquement (FALL, 1985).
un rôle très important dans la conduite des
du milieu (état et dimension des parcelles),
(billonnage des rizikes au Cayendo) ou de
finition du travail effectué par les matériels de labour (enfouibscment des mauvaises herbes au donkotong).
ETAT DU R-C DE MATERIELS DE TRACTION ANIMALE
Types de mat6riels diffus&
j
Le parc de matériels agricoles & traction anima e est assez diversifié en Basse Casamance. Les
charrettes dominent dans l’effectif du parc, suivies der matér’eils de préparation du sol (charrues et butteur-
billonneur), de semis et de sarcla-binage.
1
- Les charrettes bovines constituent larnajorité
es mat6riels de transport (92 p.100). devant les
charrettes asines (6 p.100) et équines (2 p.100).
Les charrettes bovines dites “Grand plateau“ :lSOO kg) sont les plus répandues. Elles sont
construites, pour la plupart, par l’usine de fabrication SIS:CGM /SISMAR (67 p.100) sise à Pour dans la région
de Ri&s. Une autre partie distribuée au début du Progr
:.e Agricole était fabriquée par l’entreprise
MARCHAND(29p.100).
Parlasuite,cesdernièresdevairntdisp
ître progressivement du marché, supplantées
par celles fabriquées de la SISCOMA. Le reste du parc dc matériels de
provient d’autres horizons dont
la République de Gambie (2 p.100).
t
- Les matériels de préparation du sol dominent eb ce qui concerne la culture attelée (charrue et
butteur-billonneur).
. Le bâti ARARA est un matériel polyva em. Il accepte différentes pièces travaillantes
pour l’exécution de plusieurs opérations culturales : corps char-t t. pour la préparation du sol, corps butteur-
billonneurpour le buttage, équipement pattes-d’oie 3 a 5 dents pou:l!e sarcla-binage et souleveuse pour la récolte
de l’arachide. Conçu pour la traction bovine, il peut être utilisé SI 501 léger (sableux) avec la traction asine et
équine. Larépartitiondes équipements est : 26 p.lOOdes bâ1:is ARARA sontéquipés decorps decharrue, 62 p.100
de corps butteur et le reste de dents canadien. Les paysans ass’ i-ilent généralement le multiculteur à la pièce
travaillante d’origine : Par exemple un bâti ARARA avec un corp
charrue restera toujours une charrue.
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A. FAiaL

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Carte al.: Zonage de la la Basse Casamance en fonction du taux (T.E)
et du niveau d’équipement (N.E) des exploitations.
A. Zone li forte pénétration de la traction animale. La charrue est le matériel de culture attelée dominant
(système de culture mandingue).
B. Zone de pénétration moyenne de la traction animah. Le buttcur billoneur est le materiel de culture
attelee dominant(système diola).
C. Zone présentant un fort potentiel pour l’implantation et le développement de la culture attelée (système
diola et mandingue).
D. La cukrre attelée existe dans les villages fondés par des immigrés. Des technologies alternatives
doivent être envisagées (système diold).
Source : FALL., 1988
A. FALL
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ClRAD / MESRU-Economie
de la Mécanisation en
@on Chaude-Montpellier Sept. 1988
. Le Butteur-Billonneur GB
rtien (BBG) est en quelque sorte, la réplique de la
charrue UCF en butteur-billormeur dans laquelle le corps I charrue de I’UCF est simplement remplacé par un
corps butteur-billonneur. II ne possède pas de ce fail:, la pc
valence du bâti ARARA. Le tiglage des ailes des
deux corps butteur est complètement différent: de bu en 1
1. pour le corps ARARA et dans le plan horizontal
pour le BBG.
Le BBG représente 22 p.100 du parc de butteurs-t
mnem.
. Les matériels post-labour slmt col
itués par le semoir Super-Eco, la Houe Sine n9 et
les 9 p- 100 de bâtis ARARA 6quip& de pattes-d’oie (nbre -
1. Le Super Eco est un semoir monorang â traction
bovine, asine ou kquine. Il est équipé d’un certain nombre
ldisques distibuteurs pour différentes graines, lui
conférant une certaine polyvalente (arachide, maïs, mil/sa
ho et riz). Le semoir Super Eko est fabriqu6 par la
SISCOMA/SISMAR.
La Houe Sine n9, fabriquée par la SISCOl
JSISMAR, est en fait un multiculteur qui reçoit,
comme le bâti ARARA, diffkrentes piikes travailltmtes 1
Y différentes op&ations culturales : charrue, pic
fouillew, canadien 3 dents, butteur-billonneur et soulevew
I’arachide. La totalité des houe,s sine n9 recensées
sont éguipées de pattes-d’oie B étançon flexible.
Etat actuel du par c de matériels agricoles
Les matériels connaissent dans leur enseml
un taux d’utilisation élevé (tableau nl).
- Mat&iels utilisés
Une partie de ces outils est en trks mauvais
1: et prête & être réformée : au moins 20 p.100 des
matériels de préparation du sol sont dans cet état. Ils sont gl
ralement sur-utilisés, surtout dans les zones A et
B où des pratiques de prestations de service entre exp!loitatic
!Sont assez courantes. Certaines parties du bâti de
base sont usées. Une des raisons principales de ces formes d
tre estlaméconnaissance
des paysans de ces types
de matériel. Le matériel est t&s mal utilisé sur les parcelles
:le travail effectué est très irr6gulier. Le matériel
est souventvictime
des souches parsemées sur les parcelle,
Failleurs le dessouchage total des parcelles n’est
pas recommandé car eks amoindrissent l’érosion p-u les (
IK de ruissellement.
Les matériels post-labour (semoirs el houe:
te connaissent pas encore ces problèmes d’usure
aigiie. Les taux d’utilisation sont encore faibles, ce qui expl
Le la proportion assez élevée de matériels en bon
état (67 â 74 p.100). Ils sont généralement utilisés SUI de f;
les superficies.
Les matériels de transport, par contre, sont
I; sollicités pendant toute l’année. Ils contribuent
grandement au désenclavement des villages en période de c
nnercialisation et pendant la saison sèche pour le
déplacement des personnes.
TABLEAU nl : Etat du parc de matériels de tractic XI Imimale de la
Basse Casamance en 1987
Charrue
ARAIRA
Se;ko 1 yz ! Charrettes
UCF
et BBG
Utilisé et en
59
57
74
67
58
bon état (%)
-+-
l
I
Utilisé et en
14
19
mauvais état(%)
Non utilisé et
17
14
en bon état (%)
Réformé (%)
Manquants (%)
Source : FALL, 1988
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A .FALL

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de la Mkutisation en RCgion Chaude - Montpellier Sept.1988
- Le mat6rlel en bon état non utiN
Les matériels concernés sont pour la plupart confrontés B des problèmes de maintenance et
d’entretien. Les matériels de transport sont les plus touches. Ces problémes peuvent les immobiliser pendant de
longues périodes.
Les matériels de labour sont aussi concernés, avec l’usure rapide des pikces travaillantes en
relation avec leur taux d’utilisation.
A.u niveau des semoirs, de petites défaillances peuvent aussi bloquer le matériel pendant toute
une campagne.
- ILe matMe réformé
Le matkielréformé celui dont les bâtis de base sontrkellement
atteints pour avoir été sur-utilisés
sur les parcelles. Les outils de préparation du sol sont les plus touchés (5 g 10 p.100). A cela, il faudra ajouter
le matériel en voie d’être réformé c’est a diie le matériel encore utilisii et en mauvais état. Les taux de réformes
pour les matériek les plus utilises du parc sont les suivants :
Charrue UCF
: 24 p.100
Bâti ARARA/Gambien
: 24 p.100
C.harrettes
: 10 p.100
Dans certaines zones (AetB), ce taux peut avoisiner40 à50p.100 pour les outils de préparation
du sol.
Le parc dans son ensemble ne connait pratiquement aucun renouvellement et l’inexistence de
marchés ne permet pas non plus aux matériels de circuler entre les exploitations, entre les villages ou entre les
zones.
LA MAINTENANCE DU MATERIEL AGRICOLE
Alblms FALL
LES DIFFERENTES PANNES ET USURES
-Charrue
Le soc est la pièce travaillsnte qui s’use le plus en milieu paysancette
usure est en corrélation avec
le taux d’utilisation du matériel, surtout dans la zone A. Il est souvent déformé victime des obstacles rencontrés
dans le sol (racines et/ou souches) . La fréquence élevée de l’usure du soc (tableau n2) est le premier effet de la
tendance des paysans a cultiver le maximum de superficies. En effet, dans les conditions actuelles d’utilisation
des charrues, le soc devrait être changé après chaque campagne agricole.
TABLEAU N2 :Principales pannes et/ou usures sur le matérie. de
traction animaie en Basse Casamance
3. Problèmes de roues
X = fréquent ; XX = assez fréquent ; XXX = très fréquent.
Source : F,4LL, A., 1988.
A. FALL
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Le contresep s’use un peu moins sinon autant que le soc. Son taux d’usureenm~me
temps que celui
du talon est souvent fonction de la manière dont le matériel Ls t utilisé (réglage et guidage) sur les parcelles. Son
maintien en bon état est fondamental pour la survie. du ma~.ériel dans le parc. En effet, il protège le sep qui est
la pièce maitresse du corps de charrue.
Le talon fixé sur le contresep est souvent pedo pendant l’utilisation du matériel. Son absence ne
peut pas empêcher la charrue de fonctionner mais son régi age est rendu un peu plus difficile a effectuer.
La roue sur les charrues autant que sur les bt tteurs est généralement débaguees. aprés une B deux
campagnes d’utilisation. Ce phénomène est dû a l’usure de la. bague et aux chocs contre les souches. Une roue
débaguée donne un travail très irr&gulier et augmente les efforts de traction.
- Butteurs
Ils sont utilisés sur les bâtis ARARA comm 8 corps butteur ou sur le bâti type Gambien (réplique
de la charrue UCF en butteur-billonneur).
i
Le bâti ARARA lui-même ne pr&ente pas de problème, sauf au niveau de la roue comme pour
les charrues.
Les corps butteurs ont généralement des pro lemes d’usure au niveau du soc. D’ailleurs, la plupart
des paysans ne savent pas que le soc du butteur AR.4RA est reversible. L’utilisation prolongée du matériel finit
par emlommager le système de fixation par boulon du soc S:U le coeur butteur. Un autre problème se situe au
niveau. du système de réglage des ailes. Pour le butteur ARI ,#A, le réglage des ailes est souvent impossible : les
écrous sont rouillés ou perdus. Pour le butteur gambien, fa casse du système de fixation des ailes est assez
fréquente.
- Semoir Super ECO
L’écrou et le ressort de fixation du disque d stributeur se perdent occasionnellement rendant par
la suite le semoir inutilisable ; le système de fixation de la cloison amovible sur la trémie (vis et écrou à oreille)
est trop fragile. Le semoir est solide dans son ensemble, l
n,: présentant pas de problèmes de casse de pièces.
- Charrettes
La “maladie” des charrettes se situe au niveau du timon. Ce dernier se casse toujours au niveau
du plateau. Les chargements et la position de la charrette el mode non tracté sont les principales raisons de ces
casses fréquentes. Les crevaisons sont toutefois les pannes les plus fréquentes dû àl’état des routes oudes pistes.
h.5 C I R C U I T S D E M A I N T E N A N C E
Les paysans s’adressent généralement
rgerons villageois pour la réparation des différents
matériels. Ces forgerons ont des niveaux de technicité très
Les activités réelles de forge et la fréquence
des pannes enregistrées sur le matériel agricole dans le
n2) permettent de classer les forgerons
en trois catégories ou groupes.
- Typologie des forgerons
Catégorie 1 (Cl):
Ce sont des forgerons villageois traditionncla qui ne confectionnent que des outils manuels. Ils
sont la majorité dans la région, avec 59 p.100 de la population des forgerons. Ils sont aussi bien localisés dans
les zones avec une forte implantation de la traction animale (zones A et B) que dans celles où le système de culture
est essentiellem.ent manuel (zones D). Dans les zones à traction animale, ces forgerons ont des activités à
dominante agricole, comme dans la zone A où ils représei ttnt au moins 48 p.100 des artisans forgerons.
Categorie 2 (C2):
Ces forgerons ont des activités très orientée!. vers lamaintenance des matériels de culture attelée.
Ils ne représentent réellement que 35 p.100 des forgerons r:aensés. Ils sont en majorité localisés dans les zones
A et B. Leur nombre, en fait, augmente avec la progressio:l et l’implantation de la traction animale à travers la
région.
il existe ainsi, une forte corrélation entre les types de réparation réalisée par les forgerons de cette
catégorie et la diffusion géographique des différen,s types d,r matériels à travers les zones à traction animale.

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Les forgerons de la zone A assurent essentiellement la maintenance des charrues (72 p.100 des
charrues répanks) et des quelques matériels post-labour (90 & 100 p.100 des houes et des semoirs repares). Ils
prockdent ?+ des changements de socs et de contre-seps et & la confection de rasettes et de pattes d’oie. Par contre,
ceux de la zone B, sont plutôt spécialisés dans la confection et le remplacement des socs usés des butteur-
billonneurs gambiens (85 p.100 des réparations). Toutefois, ils ne détiennent pas le monopole sur les corps
butteurs ARARA. ‘En effet, ceux de la zone A contribuent Pour 67 p.100 du total des reparations sur ce type de
buttetu.
Cathgorie3 (C3):
Les forgerons de ce groupe réalisent les réparations les plus compliquées sur le matériel agricole.
Ce niveau de maintenance exige souvent une certaine tcchnicit& et la possession d’outils de forge plus
sophistiqués. Les réparations vont jusqu’a la soudure des timons de charrettes qui se cassent souvent, vu leur taux
d’utilisation assez élevé. La charrette est le seul materiel de traction animale utilisé pendant toute l’année.
Ils ne sont pas nombreux Zt réaliser ce type de réparations (2 p.100 des forgerons recensés dans
les villages). Cette situation explique en grande partie le taux de réforme assez elevé de charrettes bovines déjà
ou à réformer, mat&ialist!es dans le milieu par le nombre impressionnant de plateaux de charrettes utilisés a
d’autres fm (séchoirs, banquettes, etc...). Ainsi, le parc actuel de char-reines doit être renouvelé, a concurence de
84 p.100 (FALL, 1988). Les paysans se déplacent alors jusque dans les grands centres urbains, notamment à
BignonaetZiguinc:hor,parcourantquelquesfoisdesdistancesdel’ordrede20850kms,pourréglercesproblémes
de soudure. Car, la majeure partie des forgerons qui ont atteint cc niveau de technicité, par le biais des différents
centres de formation, se retrouve généralement dans les villes où le marché est plus vaste.
- Approvisionnement en matiére Premiere
Les matikes premières les plus utilisées sont :
. Les amortisseurs de camion
Le:s forgerons apprécient dans leur grande majorité leur qualité . Ils les utilisent essentiellement
pour la fabrication des lames des outils manuels et pour la confection de pièces travaillantes sur les matériels de
culture attelée. Ils trouvent ce matériau auprès des mécaniciens localisiis dans les grandes villes comme Bignona
et Ziguinchor ou en Gambie. Ils représentent au moins 43 p.100 du volume de matières premières utilisées
actuellement par ‘les forgerons.
Le mode d’acquisition de ces matériaux est l’achat au comptant. Le prix est souvent fixé, apres
discussion avec le fournisseur, en fonction du nombre et de la longueur des lames. L’estimation du prix faite par
les forgerons est de l’ordre de 1800 frs CFA/kg.
. Fers de construction
Les plus utilises sont les profilés et les fers à béton. Ces fers sont acquis soit auprès des
commerçants (58 p.100) soit par ramassage (28 p.100). L’acquisition auprès des commerçants localisés dans
les grandes villes (Bignona, Ziguinchor) se fait, en général, par achat au comptant et souvent en fonction de 1s
longueur et des dimensions standard. Le prix moyen pour le fer à béton de 6 mm est d’environ 160 frs CF&‘m
.Mathiaux divers
Les autres matériaux utilisés sont de récupération et proviennent de carcasses de voitures, de
chuttes de menu:iseries métalliques et d’ éléments ramassés au hazard. Ce dernier mode d’acquisition est
généralement pratique par les forgerons qui font de petites bricoles sur les matériels domestiques et sur les petits
kquipements de jardinage.
II faut surtout noter le caractère important du flux monétaire dans les modes d’acquisition des
différentes matières d’oeuvre. Les forgerons peuvent ainsi accèder à la matière de bonne qualité si elle est
disponible sur le marché local. En effet, aucun des forgerons rencontrés n’a déploré la qualité intrinséque de cette
matière.
La ville de Bignona assure, actuellement, le ravitaillement en matière d’oeuvre, à la majorité des
forgerons, pour 46 p.100 du volume des ventes, suivi de Ziguinc’hor avec 31 p.100. Cette différence est
principalement bée aux facteurs d‘implantation et de développement de la culture attelée (taux et niveau
A. FALL
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--t--m”-
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d’équipement des exploitations) dans le département de Bignona.
-Facturation des réparations
Il y’a une forte demande en services
la part des paysans pour la fabrication de pièces
travaillantes, l’entretien et lamaintenance du matkiel a
le. La gratuité du service est exclue dans les relations
entre les forgerons et les clients ordinaires. Deux
de paiement sont en vigueur : facturation monétaire
normale ou paiement en nature. C’est la combinai
VRS deux modes de paiement qui est dominante ( 44
p.100). Encore une fois, le paiement en nature tra
nportance que revêt la production agricole pour les
forgerons. A côté de cette combinaison, le paiemc
1 en espèces (40 p.100) est très pratiqué, notamment
dans les zones k traction animale. La ressource m
au niveau de la forge devient importante dans ces
milieux, elle autorise l’achat de matières d’oeuvre
e qualité et permettre de rbgler les probkmes de
maintenance des matériels de culture attelée.
I
Les prix des services rendus varient , SL ‘wtt les zones, c’est g dire, des systemes de culture
considérés (tableau n2), et, en fonction du taux d’utilis ktiion de l’outil ou du matériel dans la conduite des
opérations culturales courantes. C’est ainsi que, la confect)ion de la lame de l’outil diola traditionnel. le cayendo,
est plus chère dans les zones où le système de culture est essentiellement manuelle que dans celles avec culture
attelee.
Source: FALL et NDIAME. 1988
Dans la zone D. le prix de la lame du cayendo est ce 1250 frs CFA (E.T (écart type) 353 F CFA) alors
que dans la zone B, ce prix varie autour de 938 frs CEA (E.l’ 342 F). C’est pratiquement la même chose pour les
matériels detractionanimale.
Lecoûtduchangementdelan~tl~~epièceestplusélevédansleszonesoùcematériel
est le plus utilisé : le remplacement du soc sur le CO~)~S de la charrue UCF est plus cher dans la zone A que dans
la zone B. Il faut noter qu’à l’intérieur d’une même zone, il y’a wre large variante du prix des mêmes réparations
SUT les mêmes matériels. C’est généralement dû au mode de paiement en vigueur (nature-tespèce
ou espèce).
La facturation des clients amis ou parents est,généralement
une combinaison de : gratuite, en
nature et préférentielle. Le paiement en nature peut se matér aliser par des prestations de services au niveau des
parcelles des forgerons pendant la campagne ou simplemer.t, par la cession d’une partie de la production a la
récolte.
DUREE DE VIE DES MATERIELS DANS 1
L’analyse de l’état du parc actuel de matériels
coles, caractérisé par un taux élevé de matériels
a réformer, démontre la faiblesse des forgerons vil1
ur mission d’assurer la maintenance de ce
patrimoine. Les matériels de préparation dusol sont les plus t
:hés, suivies des charrettes. En effet, vuleur taux
élevé d’utilisation, une proportion importante de ces maté
vrait êtrerenouvelée:73p.lOOdescham.tesUCF
et 84 p.100 des charrettes (FALL, 1988). Ces taux de ren
:ment sont en étroite corrélation avec la durée de
86
A. FALL

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vie réelle de ces m atkiels dans le milieu donc en d’autres termes, de la capacité de maintenance et d’entretien des
forgerons. Donc, :Les taux d’utilisation des matériels sur les parcelles, le niveau de connaissance des paysans et
la capacité des forgerons de maintenir le parc sont les facteurs les plus déterminants sur la dur& de vie des
diff&ents matériels. Les matériels de travail du sol sont pour la plupart sur-utilisés dans les zones A et B, pour
atteindre les objectifs de production. Les matériels effectivement nSformt% sont faibles dans l’ensemble (5 à 10
p.100 pour les matériels de préparation du sol) mais une bonne partie est en voie de l’être : 14 p.100 des charrues
UCF, 19 p.100 des butteurs, etc... (tab. nl). Ainsi, si rien n’est fait dans le sens d’améliorer les divers circuits de
maintenance constitues par les forgerons villageois, le parc risquerait de s’effondrer dans les quelques armees B
venir. En effet, les matériels sont utilisés et mal entretenus dans une conjoncture caractirisée
par un défaut
d’approvisio~ement
en pikces de rechange. une absence totale de renouvellement du parc existant et un niveau
de tehnicité très faible des forgerons,
Les durées de vie réelles des makiels les plus utilisés sont les suivantes :
Charrue UCF : 8 ans
ARARA
: 1oarls
Charrettes
: 10 ans
Ceschiffressignifientquedanslesconditions~ellesd’utilisationetdemaintenancedesdiff~ents
matériels en Basse Cssamance, le parc doit être renouvelé à concourence de :
Charrue UCF : 73 p.100
ARARA
: 74 p.100
Charrettes
: 84 p.100
CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS
L,‘état du parc de matériels dépend étroitement de la capacité des différents circuits de
maintenance de réparer les pannes les plus fréquentes. Il est alors fondamental de valoriser les ressources
humaines présentes dans le milieu (forgerons villageois, surtout), nécessaires pour les différentes réparations et
de transformer cette force potentielle en un réseau artisanal opérationnel.
Pour améliorer ia situation actuelle, il est nécessaire de mettre en oeuvre un certain nombre de
mesures d’urgence pour, empécher le parc de s’effondrer complètement et , diminuer la fréquence de certaines
pannes. En effet, les pannes et usures mentionnées peuvent paraz’tm sans importance mais elles peuvent
immobiliser un matériel (17 p.100 des charrues UCF, par exemple) pendant toute une campagne agricole.
Toutefois, il est possible d’apporter des modifications aux matkiels de base pour diminuer la fréquence de
certaines pannes ou plutôt faciliter leurs réparations. On peut signaler entre autres :
- remplacement des socs actuels par des socs en acier “Triplex” de résistance sup&ieure ou par
des socs à bec de canard ;
- utilisation de bois très résistant (ex : Ptérocarpus erinaceus) pour les bagues des roues ;
- articulation du timon de la charrette au niveau du plateau.
Par ailIeurs, pour améliorer les services rendus par les forgerons villageois aux paysans et
maintenir le parc de matériels agricoles en état de fonctionner, il faudrait augm’enter la capacité de réparation des
forgerons de la catégorie C 1 par la formation et la fourniture d’outils de travail performants et de matière d’oeuvre
de bonne qualite. La formation des forgerons devrait nécessairement tenir compte de la spécificité des systèmes
de culture dans lesquels ils évoluent.
L’équipement en outils de forge devrait aussi correspondre aux tâches réelles du forgeron pour
régler efficacement les pannes courantes avec des outils simples et :performants. Pour l’approvisionnement en
matiére d’oeuvre, Il faudra trouver un moyen de mettre à la disposition des forgerons de la matière de bonne
qualité. La résolution de ce problème pourrait passer par la mise sur pied de sociétés mgionales ou mêmes
nationales orientées vers l’importation/ fourniture dematières d’oeuvre aux artisans-forgerons. Les amortisseurs
de camions pourraient bien servir de matières principales. Parallèlement, les membres du réseau pourraient servir
de dépositaires de pièces détachées trop difficiles ou impossibles à fabriquer par les forgerons villageois.
A .FALL
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CIRAD /MESRU-Economie
de la Mécanisation en Région haude-Montpellier Sept.1988
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A . i-AL5