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RE
T.. -
PUBLIQUE DU SENEGAL
DE:LEGATION GENERALE
PRIMATURE
A LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE
/
' LA GENESE DES UNITES EXPERIMENTALES ,'
Texte de l'exposé fait par R. TOURTE: lors de la
sdance d'ouverture du séminaire organisé par 1'ISRA
et le GERDAT à Bambey du 16 au
21 FIai 19'77 sur le
kh&ae.: "Bilan et perspective de Recherches sur le
Développement rural menées
dans les
Unittss Expéri-
mentales".
AoOt 1977
Centre
National de Recherches agronomiques
de
- BAMBEY -
INSTITUT SEkEGALAIS DE RECHERCHES AGRICOLES
(I.S.R.A.)
1.
C ’ e s t c e r t a i n e m e n t à l ’ a n c i e n n e t é , o u à l*&ge+ q u e j e d o i s
l e p r i v i l è g e d e f a i r e c e t t e i n t e r v e n t i o n , c a r l e s u j e t q u e m ’ o n t f i x é
( sans arrière
Pens&e j’espère) les organisateurs est la genèse de
l'idée
et de la demarche que représentent les UE.
Ils
vont @tre gatés car je vais faire remonter
l’idée très
loin,
cinquante ans en arrière.
E n e f f e t ,
l’origine profonde des Unites expérimentales est
indiscutablement dans un long constat de la grave
insuffisance OU
l'extrême lenteur des transferts Recherche-Vulgarisation,
nées d’une
profonde
incomprehension entre chercheurs et vulgarisateurs,
que l’on
semble constamment s’attacher à vouloir séparer, y compris
dans les
structures et le
mode de pensée.
Or9
a u SénQgal, la Recherche
agronomique doit sIhonorer
d'avoir
eu le constant souci de se rapprocher
des préoccupations et
problèmes du Développement, et tracer la genèse
des UE, c’est aussi
refaire l'historique de la RA elle-meme.
Mais comme je ne suis pas inutilement cruel
et nostalgique
à l ’ e x c è s , j1essaierai d'&tre aussi bref
que possible.
La Recherche agronomique
sénégalaise (RAS) dans sa contri-
b u t i o n e t s o n e n g a g e m e n t d a n s l e Developpement, s ’ e s t e n r é a l i t é
placée sur trois plans essentiels :
1
- sur
les plans scientifiques et technique de la conception
et l'élaboration des techniques et systèmes agricoles de
plus en plus
complexes, au fur et A mesure que progressait la
connaissance des
règles
puis des mécanismes fondamentaux de l'agronomie tropicale.
2- sur
le plan de l’adaptation de ses résultats
au milieu
physique,
ce souci a notamment conduit la Recherche à régionaliser
ses implantations et impacts à la suite de véritables
zonages agro-
écologiques des milieux
auxquels elle a été amenée à s’intéresser.
3 - sur le plan de la cohérence
de ses propositions non
seulement entre elles mais avec, d'une part, les structures existantes
d e l a p r o d u c t i o n , ce qui signifie en particulier avec les contraintes
et motivations de l’exploitant de base et, d'autre part, awc les
objectifs supérieurs de production et developpement qui sont & la fois
le départ et la finalité des activités
de la Recherche.
Cette progression
dans trois plans differents S’e:st Qvidem-
ment combinée, avec des priorités variables d'ailleurs,
tou,t au long
d e p l u s d’un d e m i -siécle de recherches qui
ont débuté à Bambey en
1921 et dans lesquelles on peut schématiquement distinguer i5 pgriodes :
1. La période arochidière 1921-40
Bambey a d’abord été la Station edpérimentale de Ilarachide
et s’est essentiellement consacrge à l'amelioration variéta:Le de la
seule culture
de rente et d’exportation.
En même temps étaient cependant abordées :
.
la petite mécanisation équine
. les premières recherches sur les cultures vivrières
(mil, sorgho,
niéb6)
2 - La période de naissance d'une recherche à vocation
sahélo-soudanienne 1938-50 d’abord le Secteur soudanien de 13
Recherche agricole puis.le Centre fédéral de la Recherche agricole
de Bambey.
C'est réellement
pendant cette periode que les chercheurs
prennent toute la mesure des énormes contraintes
physiques, naturelles,
b i o l o g i q u e s d e c e t t e r é g i o n e t d o n t i l c o n v i e n t d e b i e n s e remomorer
les traits les plus significatifs, pour mesurer le
chemin percouru,
la valeur
des efforts consentis et des résultats
obtenus :
- climat à alternance
impitoyable de 3 à 5 mois de
p l u i e s , p l u s o u m o i n s erratiques
et souvent insuffisantes, pour 9
à 7 mois de sécheresse absolue, avec des tempdratures Qlev{Ses
aux
extr@mes
hallucinants,
- sols classés parmi les plus pauvres
dans l’échelle
internationale, - infrastructures
économiques fragmentaires,
insuffi-
santes ou inexistantes,
- populations dominées par la crainte, la misère, la
nature ingrate,
au niveau technologique rudimentaire, enserrées dans
des organisations
socio-politiques d’ante-développement,
- productivité très
faible dd la terre,
4 quintaux/ha
pour le
mil, 6 q/ha pour l'arachide
en moyenne, meis avec de consi-
dérables
fluctuations liées aux aléas
de tous ordres,
qui peuvent aller
jusqu’à. la nullité pure
et simple de la production.
3-
La période
du défi lancé par la recherche
aqronomique
à l'inexorable pauvreté
de cette réqion
sahélo-soudanienne (1950-60).
Ignorant volontairement la
malgdiction jetée par les
.
éUmonts naturels et certains prophètes
de malheur sur cette région,
les chercheurs, appartenant d'ailleurs à différents organismes,
s ’ a t t a q u e n t r é s o l u m e n t a u x f r e i n s l e s p l u s d i r i m a n t s d e l a p r o d u c t i o n
.
agricole.
Tandis que la sglectian de l'arachide se poursuit, créant,
en particulier les premières variétés
connues qui w* résistantes
à la rosette (maladie à
Virus
limitant sévèrement les rendements,
surtout
dans les rggions les plus humides), la connaissance des sols
de l’Ouest africain est améliorée par
de no,mbreuses prospections et
Qtudes
pédologiques, Leur carence
phosphaHc8 très généralisge est
mise en évidence et l’utilisation des phosphates tricalciques
naturels
est proposée.
Les formules de fumure légère de l'arachide et du mil
sont
définies pour les différentes zones climatiques. On peut citer les
formules
compltstes utilisées encore jusqu’en 1970 dans le bassin
arachidier
du Sénégal : arachide : 150 kg/h,a d'engrais 6.20.10 ; mil :
150 kg/ha d'engrais 14.7.7.
T o u t e s c e s amSliorations s o n t e n s u i t e ValOriSéeS
p a r l e
labour profond du sol et l’apport de matière organique.
Les moyens 10s plus accessibles sont recherchés pour
réaliser le travail
du sol en milieu paysan.
C’est ainsi qu’est proposée la culture attelée
bovine avec
l ’ a d a p t a t i o n d e l a chaine d ’ o u t i l s q u i l ’ a c c o m p a g n e : c h a r r u e , s e m o i r s ,
bineuses,
soulcveuses.
Dans le m@me temps,
le format
des boeufs de travail est
amélioré (création
de la race
de Bambey plus lourde et plus apte au
travail)
tandis que l’alimentation de ces a'nimaux est Qtudiée, sin-
gulièrement à partir des produits de la ferme.
Les techniques culturales
(densit6 de semis) et lies
condi-
tions sanitaires de la culture
de l'arachide
(insecticides-fongicides-
protection
des stocks) sont mises au point.
L a c u l t u r e d e s m i l s e t s o r g h o s e s t m a i n t e n a n t l ’ o b j e t d e
recherches
attentives. Introduction,
sélection de variétés productives
adaptées aux différentes
zones écologiques du Sénegal sont entre-
prises
et menées à bien, malgré les difficultés propres
à lia biologie
florale
de ces espèces (mil notamment).
Des études approfondies sont commencées sur les plantes
vivrières secondaires : manioc,
n i é b é (Viqna u n q u i c u l a t a ) dolique
(Dolichos
lablab) et les plantes fourragère,;.
C’est,
e n e f f e t ,
p e n d a n t c e t t e p é r i o d e , q u e l e s 1 5 q/ha,
qui caractérisent
assez bien le plafond de l'agriculture ds subsis-
tance,
s o i t a t t e i n t s e t depassés,
tant pour
l’arachide que pour
les céréales
indigènes,
Les bases de l'intensification, notamment par creation
d’un
“milieu” physique plus favorable à l'expression
des possibilités
de plantes connues ou nouvelles
( d o n c à l a d i v e r s i f i c a t i o n ) , s o n t
ainsi jetées.
4 -
La période
Î960-70 où dépassant l’étude des thèmes
agronomiques et facteurs agrotechniques d'amélioration
de I-3
produc-
tion, la Recherche aqronomiaue s'attaoue aux svstèmes de culture pilis
de production.
Cette période débute pratiquement avec
l’indépendance des
pays africains francophones donc qui voit le CRA devenir la CNRA
sénégalais, et se poursuit jusqu'en 1970 et m&mo encore.
Au cours de cette période, les premières
bases de l’inten-
sification vont f3trc largement
consolidées pour en faire
1c.s fonde-
ments de la "révolution verte"
de la Région tropicale sèche.
L ’ a c c e n t e s t , en particulier, mis sur les cultures de
d i v e r s i f i c a t i o n
: riz
pluvial et irrigué, maYs, cultures fourrageres,
canne à sucre et ce pour toutes
les zones écologiques du S&négal
notamment les régions périphériques du Fleuve, du S$n6gal-Oriental
e t d e l a C a s a m a n c e .
D e s etudes b i o c l i m a t o l o g i q u c s s o n t d é v e l o p p é e s , a b o u t i s s a n t
21 une bonne connaissance des besoins en eau des plantes dans toutes
les régions du Senégal.
D a n s l e d o m a i n e d e l ’ a m é l i o r a t i o n d e s t e c h n i q u e s , l e s
r é s u l t a t s c o n f i r m e n t l e s t r è s f o r t e s a u g m e n t a t i o n d e rendements qui
sont imputables à une amélioration
de la porosité du sol et du
système racinaire des principales cultures.
Le labour de fin de
cycle (labour
à la fin de la saison des pluies), avec enfouissement
des résidus de récolte,
se révèle @tre
une technique particulierement
e f f i c a c e .
Des fumures
fortes sont mises au point pour toutes les
cultures : arachide, mil, sorgho,
maîs, riz
pluvial, riz irrigué.
Pour l'arachide, le mil et le sorgho, elles remplacement progressi-
vement les fumures
faibles précgdemment proposées à la vulgarisation.
Un materie végétal à haute productivité est crée.
Les productions fourragères
sont mises au point dans les
zones
du Centre
et du Sud du SénAgnl afin d'integrer
les productions
animales et vegétales.
Les techniques des cultures du maYs et du riz (tr-nt pluvial
u'irrigué)
sont peu à peu définies dans les rggions péripheriques
9 Casamance et Fleuve).
La protection
des cultures est ameliorée (traitement
insecticide en granulés contres
les borers
du riz
- emploi des hcr-
bicides),
Dans le domaine du machinisme, des appareils modernes de
traction bovine sont étudiés (polyculteur à grand rendement) et les
engins de motorisation
définis, adaptés, voire conçus (batteuse à
mil, par exemple).
Enfin,
les principaux problèmes de la technologie à
13
ferme, du stockage fcmilinl et coopératif, de la conservation des
stoc&s sont traités et, pour la plupart, résolus notamment pour
l'agriculture
paysanne.
Cependant, la plus grande novation de cette période reste
la recherche et la mise au point de nouveaux systèmes technologiques
culturaux, de production, proposables à l'agriculture de l'écologie
sahdlo-soudanienne,
à partir dos résultats disciplinaires et multi-
disciplinaires ci-dessus rapidement évoqués.
Ces systèmes, évalués techniquement et économiquement dans
l'ensemble du réseau
expérimental, testés en milieu paysan, utilisent
encore, en bonne partie, l'énergie animale,
mais l'intervention
de
la motorisation est cependant activement prGparée et expérimentéo,
Ils ont permis de révéler des potentialités insoupçonnées
des terroire sahélo-soudaniens, meme en agriculture pluviale et, a
fortiori,
lorsque la recherche en hydraulique,
simultanément dévelop-
pée, permet de mattriser
mieux le facteur eau (par utilisation
des
eaux de surface et souterraines).
Des rendements élevés,
déjà comparables Q ceux de 1 'agri-
culture moderne
des pays développés, et m@me de l'agriculture indus-
trielle sont obtenus :
35-40 quintaux/ha d'arachide
35-50 quintaux/ha de sorgho et
mil
60-70 quintaux/ha de mass
100 quintaux/ha de riz
par culture.
L a R e c h e r c h e a g r o n o m i q u e , “Bzmbey” n o t a m m e n t , ~VE?C
s e s
c h e r c h e u r s q u i s o n t m a i n t e n a n t u n e q u a r a n t a i n e , p e u v e n t , d è s - l o r s ,
schématiser
l e s p o s s i b i l i t é s a c t u e l l e s d e 1;~ z o n e s a h é l o - s o u d a n i e n n e
p a r
u n e p r o d u c t i v i t é
d e S O q/ha d ‘ é q u i v a l e n t cgréale
p a r m&trc d ’ e a u
r e ç u e ( p l u i e o u i r r i g n t i o n ) ,
ot d e lcrgcs v o i e s
s o n t m a i n t e n a n t
o u v e r t e s à
u n progr&s
t e c h n o l o g i q u e p l u s s o p h i s q u é , e n f a i t à l a
m o d e r n i t é .
E
L e m y t h e d e 1”incxorable pauvret6
d o c e t t e m a l h e u r e u s e
z o n e s a h é l o - s o u d a n i e n n e a v é c u e t l a s v o i e s t e c h n o l o g i q u e s p o u r
1’8carter
s o n t e n f i n c o n n u e s .
5 - L a p é r i o d e
d e transformation des structures aaraires
depuis 1966.
E n réalité,
b i e n a v a n t c e t t e d a t e d e 1 9 6 8 , q u i e s t c e l l e
d u d é m a r r a g e
e f f e c t i f d e s L I E ,
les chercheurs de la Recherche agricole
sgnégalaise récents mâitres
d ’ u n e t e c h n o l o g i e v e u l e n t s e defondre
é n e r g i q u e m e n t d’&trc
d e s t e c h n o c r a t e s bornÉs,
i n c a p a b l e s d e s’inté-
r e s s e r a u x p r o b l è m e s
f o n d a m e n t a u x q u e p e u t /poser l ’ i n s e r t i o n
d e l e u r
t e c h n o l o g i e d a n s un m i l i e u e n dquilibre,
e n v i e i l é q u i l i b r e .
I l s s o n t b i e n c o n s c i e n t s q u e s i l e s
t h è m e s ttlégerstt, o n t
f i n a l e m e n t a s s e z p e u alt0r8 les structures I-t systèmes
d ’ e x p l o i t a t i o n
existants, par contre, les
t h è m e s lourds qu’ils proposent
n e p o u r r o n t
passer
q u ’ a u prix de remises
e n c a u s e f o n d a m e n t a l e s , d ’ é t a b l i s s e m e n t s
d e n o u v e a u x é q u i l i b r e s
d o n t 12 d é f i n i t i o n n o p e u t etrc l a i s s é e à
l’improvisation, à l ’ a v e n t u r e .
L e s i t i n é r a i r e s
, p o u r y p a r v e n i r ,
d o i v e n t etre
c o n n u s e t
b a l i s é s à
l’av2nce.
O r
c e s n o u v e l l e s v o i e s In8 p e u v e n t p l u s @tre
é l a b o r é e s
dzns l e s s e u l e s c o n d i t i o n s sécurisantes
des stations et
s a n s l e s vulgcrisat&urs,
s a n s l e s p a y s a n s e u x m ê m e s .
E t c ’ e s t d è s 1 9 6 3 qu’un
e f f o r t d e r é g i o n a l i s a t i o n
intense
e s t dacidé p a r l e s responsables
d e l a R e c h e r c h a ( e t SAUGER e n tete) :
création des PAPEM, dialogue ouvert avec
des correspondants
paysans.
C’est a u s s i e n 1 9 6 3 q u ’ e s t s o u l i g n é e p o u r l a p r e m i è r e
f o i s d a n s u n r a p p o r t
d e m i s s i o n a u N i g e r
d e R . T O U R T E l a necessité
p o u r l a Recherche d’intervenir s u r
d e s Zone:s r u r a l e s expÉrimentzles
oh d e s a c t i o n s i n t é g r é e s seraient tentées. ‘Les actions, appelées
alors
Actions r4gionales
d e Devcloppement i n t é g r é ( A R D I ) é t a i e n t
proposées
a u p l a n i f i c a t e u r s é n é g a l a i s e n 1 9 6 4 , l o r s
d e l a préperstion
d u I I è m e p l a n ( 1 9 6 5 - 6 9 ) .
Elles n o d e v a i e n t p a s alors etre retenues.
M a i s c e p e n d a n t ,
e l l e s d e v a i o n t v o i r l e j o u r
a n 1 9 6 8 ,
a v a n t
l ’ a c h è v e m e n t d e c e m@me
d e u x i è m e P l a n .
E n e f f e t ,
en 7968 le Président
Léopold Sédar SENGHOR
l a n ç a i t s o n d é f i d e l ’ a n 2 0 0 0 ,
d n t e f i x é e p a r l u i p o u r l ’ e n t r é e
du Sénégal
dans lo sociét8 i n d u s t r i e l l e ( c e q u i c o r r e s p o n d s u i v a n t
d e s b a r è m e s t o u j o u r s t r è s
c o n t e s t a b l e s m o i s b i e n c o m m o d e s 21
u n p r o d u i t
per
copita s u p é r i é u r à 1 5 0 . 0 0 0
F CFA).
L a R e c h e r c h e a g r i c o l e
Fepondait e n é c h o à c e d é f i . p a r
u n e
sorte
d e profession
d e f o i i n t i t u l é a :rtL*2g:riculture s é n é g a l a i s e
p e u t e l l e p r é p a r e r 12 socigté i n d u s t r i e l l e ‘? Une réponse affirmative
d e l a Recharche a g r i c o l e ” ,
r é d i g é e l e I e r J u i l l e t 1 9 6 8 .
6,
C’est cette profession de foi,
que M. le Ministre du
Développement rural,
Habib THIAM faisait sienne immédiatement, qui
constitue, en fait, l'acte de naissance des "I!nités expérimentales”
qui date donc d'AoOt 1:3GO (l'appellation I;E y remplace
donc celle
de ARDI qui avait fait long feu).
Leurs
objectifs sont alors
ainsi décrits dans
le document
déposé :
t1 l- oromouvoir, en vraies qrandeurs et
conditions, des
systbmes intensifs de production, tenant compte :
des potentialités naturelles
(dons de la nature)
des objectifs de développement
des conditions économiques
des rentes de situation
des possibilités des exploitations,
à partir
des références
techniques et économiques obtenues en champs
d’expériences et,
ainsi, prouver leur valeur
dans le milieu d'appli-
cation.
En raison, d’une p a r t , du retard
technique important, en pays
en voie de développement, de la vulgarisation sur
la Reche:rche, ces
systèmes intensifs de production :
- feront
souvent appel à des productions ou facteurs de
production novateurs,
inconnus de l'ensemble des producteurs tradi-
tionnels.
Exemples : labourr d'automne, f u m u r e minerale à ,Fortes
doses,
plantes ou materiel végotal
nouveaux.
En raison, d’autre part,
de l'obtention des resultats de
13 recherche sur
un rythme
qui va s’accélérant, ces systèmes
d'avant
garde :
- devront avoir un caractère
évolutif afin de pouvoir
intégrer
constamment les dernières propositions
de la recherche.
Exemple : modification de la rotation.
2 - DLsfinir,
pour ces systémes
de production, avec
precision
et dans les conditions réelles
d'application, le detail des
attitudes techniques et socio-bconomiquos conseillées
à l'exploitant
(ou au vulgarisateur
qui l'encadre), en fonction de son propre
appareil de production.
Exemple : etablissement de fiche technico-économique de
production (normes caractéristiques
de chaque spéculation pour
chaque
categorie
d'exploitation, propositions
de techniques de production).
3 - Connaetre les contraintes de
divers ordres
(techniques,
économiques, sociaux) du milieu,
les freins à la diffusion du progrès
technique et les motivations susceptibles d’@tre
utilisées pour
briser ces contraintes et freins.
4 - Apprecier les
p o t e n t i a l i t é s réelles
5 - Décrire
le cheminement et les étapes possibles en vue
du passaqe des systèmes traditionnels
aux systèmes intensifs de
p r o d u c t i o n .
P r o c é d e r a u x a d a p t a t i o n s , inflechissements,
rectifications,
s u b s t i t u t i o n s indispensables à l ’ a c c e p t a t i o n p a r l e m i l i e u .
Preciser
a i n s i l a n o t i o n d ’ e x p l o i t a t i o n - t y p e
D é f i n i r
u n e strategie
d e l ’ i n t e r v e n t i o n s d u v u l g a r i s a t e u r
f a c e a u x e x i g e n c e s d e c e m i l i e u .
6 - E n q a q e r l ’ a c t i o n à q r a n d e
é c h e l l e e t l ’ a c c o m p a q n c r
s.;
La
présonke étude
v i s e 3 e x p o s e r
n o s c o n c e p t i o n s sur lc
râble p r é p o n d é r a n t q u i r e v i e n t à l a
Recherche aqronomique dans ce
processus
d ‘amorçage
d ’ u n vdritable
d é v e l o p p e m e n t agricole et proposer
démarche et stratégie de
son intervention.
E l l e s u g g è r e , e n outre,
u n s c h é m a d e transfert
d e s proposi-
tions de la Recherche aux organismes de vulgarisation charges
de
l ’ a c t i o n à g r a n d e
échellat’.
A l ’ i n s t i g a t i o n d u M i n i s t r e ,
l ’ o p é r a t i o n
q u i é t a i t c o n f i é e
à l’IRAT/Sénégal d e v a i t e n e f f e t r e c e v o i r
l ’ a p p u i d e s s e r v i c e s a ri-
coles e t d e la
S A T E C ( S o c i é t é d’Aide T e c h n i q u e e t d e C o o p é r a t i o n
7 ,
alors chargée
du Développement dans l a z o n e r e t e n u e p o u r
l ’ o p é r a t i o n .
Ne : D e p u i s l e d é m a r r a g e
d e l’opGrati.on,
111RAT/SQn6gal a
d i s p a r u pour f a i r e
f a c e à 1’ISRA ( I n s t i t u t Sonégalais
d e R e c h e r c h e s
A g r i c o l e s )
e t l a SODEWA (Societé d e Développr?ment e t d e V u l g a r i s a t i o n
A g r i c o l e )
a r e l a y é
l a S A T E C .
I l e s t e n e f f e t e s s e n t i e l d e s o u l i g n e r
q u e d è s l e deport
l’operation p r o p o s é e p r é v o y a i t
tin s c h é m a d e r e l a i s p a r
l e Développc-
m e n t
( u n i t é s p i l o t e s , u n i t é s d e D ) d e s UE confiees à l a R e c h e r c h e .
Il apparaissait,
e n e f f e t , a u x i n s t i g a t e u r s
q u ’ u n e t e l l e
e x p é r i e n c e d e v a i t permettre
d e sortir
d u d i a l o g u e d e soords
o f f u s q u é s a u q u e l s e l i v r a i e n t
d e p u i s d e s
d é c e n n i e s l e s responsables
d e l a R e c h e r c h e
e t d u Developpement.
Or,
c o m m e n t m i e u x f a v o r i s e r l ’ é t a b l i s s e m e n t d’une d i a l e c -
t i q u e c o n s t r u c t i v e
q u e d’en c h o i s i r l e
l i e u d a n s l e m i l i e u m@me
d ’ a p p l i c a t i o n e n p r é s c n c e d e l ’ i n t é r e s s é
f i n a l , l e p a y s a n e t l ’ é c h e l l e
à u n e d i m e n s i o n c o m p r é h e n s i b l e par les
d e u x p a r t e n a i r e s (intermédiaire
e n t r e l a p a r c e l l e
d e 3h m 2 e t l a r é g i o n d e 1 0 0 . 0 0 0 h a , d o n c a u n i v e a u
d u m i l l i e r d’hectares d e
l a c e n t a i n e d ’ e x p l o i t a t i o n s ) .
I.
Il s’agissait
donc pour le chercheur
de s’exprimer en termes
d e developpcment.
C e c i é t a i t t r è s
n o u v e a u e t t r è s p r é t e n t i e u x p o u r
un chercheur
dont la tour d’ivoire était célèbre, et les réactions
e n r e g i s t r é e s s’nveraient f o r t v a r i a b l e s :
- très favorables auprès des
i n s t a n c e s p o l i t i q u e s r e s p o n -
s a b l e s d e l a r e c h e r c h e
e t d u d é v e l o p p e m e n t a g r i c o l e s
s é n é g a l a i s e t d e
certains spécialistes
d u D é v e l o p p e m e n t , n a t i o n a u x o u i n t e r n a t i o n a u x ,
- f a v o r a b l e s à prudentes, v o i r e r é s e r v é e s a u
s e i n d e l a
Recherche,
l a d i m e n s i o n g é o g r a p h i q u e
e t s c i e n t i f i q u e , l e s l i e u x
d ’ i m p a c t s ,
i n a c c o u t u m é s ,
d e l ’ o p é r a t i o n a y a n t p u f a i r e naetre d e s
i n q u i é t u d e s q u a n t à l a c a p a c i t é
d e l a R e c h e r c h e
à m e n e r d e t e l l e s
a c t i o n s ,
E n outre,
un d a n g e r
d e d i s p e r s i o n d e s e f f o r t s e t m o y e n s
p o u v a i t apparaître,
- réservees, voire hostiles de la part de certains acteurs
de la vulgarisation et du développement,
peu préparés à rencontrer
le Recherche
dans le milieu
d'application, pour y tester et
eynthé-
tiser ses résultats
au niveau de l'exploitation paysanne ou d:ela
communauté rurale. Le vieux principe
do lr: séparation
des tâchss
"Recherche-Production" posoit lc: problème on termes concurrentiels,
voire conflictuels,
- forcées pour la plupart des financiers, mais les
exccp-
tiens,
car il y en a eu, meriteraiant d'etre
nommément signalées.
,.;
Assez porsdoxnlemcnt,
les plus
chauds détracteurs de le
Recherche
isolée dans ses stations et travaillant sans objectif
pratique, ont ét6 les meilleurs
opposants.
La réaction
des paysans, sans doute la plus intéressante
à conna2t:re,
n'a pu se manifester
que plus tard, lorsque l'opération
a Qté lancee.
11 est à signaler que, dès le
départ, la Recherche agrono-
mique, promue
bon gre
mal grQ, animateur
de l'opération
Unités
expérimentales,
a voulu assurer l'information
la plus large sur sa
tentative,
propre,
pensait-elle, a "débloquer" le transfert Recher,:he-
Développement, "grippé"
depuis des décennies.
P, cet
effet était orgonisé, dés Novembre 1968, sous 10
haut patronnage du Ministre
du Développement rural
du Sénégal, par
l'IRAT, un "Colloque sur
les méthodes d'étude des systèmes d'exploi-
tation rurale
plus intensifs, CNRA Bambcy, 26-27-28 Novembre 1968.
Y participaient
de hautes personnalités françaises et
séndgalaises de la Recherche
et du Développement : responsables
politiques, décideurs,
techniciens de l'agriculture, chercheurs,
Qconomistes, géographes, développeurs, financiers.
Y étaient presentes les gr-,nds truits de la démarche de
la Recherche
qui avait conduit au demarrago des LJE
deux mois aupara-
vant :
-"définition des
modeles d'exploitation intensifs
- adaptation régionale
- Qpreuve
en milieu
d'application : les Unites expérimentales"
Quoiqu'il en soit et non obstant certaines reactions
défavorables, la Recherche
considérait ces LIE comme indispensables à
. .
sa logique d'approche
du Développement (au processus intégré de
création - diffusion dont lo professeur
MALASSIS devait magistrale-
ment,
et il le fera
à nouveau tout à l'heure, décrire le
concept).
Deux UE sont créées
en Octobre
1968 et leurs implantations
choisies suivant des criteres
longuement réflechis par .les chercheurs :
- La structure
d'appui choisie est 1-a coopérative, support
deb-asedu développement au Sénégal :
lieu d'approvisionnement et de commercialisation
des intrants et'extrants du secteur rural (Elaboration du 'lprogramme
agricole", repnrtition des
semences, engrais, materiels,..., commer-
cialisation des produits), en relais de
1'ONCAD.
c”.
instrument d'évaluation et de fixation de l'assiette
des actions d'aide à l'agriculture : eredit,
notamment,
p o u r
laque1
la coopérative fournit les bases d'endettement à le BNDS (capacité
d'endettement calculbc sur 10 récolte
précédente) et la garantie
solidaire.
- La région d'impact retenue est le Centre Sud
du pays et
r
plus précisément le Sine-Saloum méridional.
.
‘Cr
Raisons de ce choix :
la région
est probablement celle 21 la cinetique
d'évolution économique agricole
13 plus grande,
l ’ é c o l o g i e y e s t f a v o r a b l e e,t d a n s
u n e o p é r a t i o n
novatrice il
ne'convenait pas de rechercher
la difficulté à tout prix,
l'acquis disponible de la Recherche y était important.
La région est encadrée par
deux Stations régionales (Nioro-du-Rip
et Sinthiou-Plalème).
Un PAPEr'l (Keur Samba) y était
dejà installé.
A partir de
ce PAPEPI,
quelques interventions
d'intensification étaient dirigees
vers des correspondants
paysans par le Groupe
Application de la
Recherche
du CNRA Bambey (G. POCTHIER).
l’intervention
du Developpement y était acti.ve (ServiGss
a g r i c o l e s ,
SATEL) et la diffusion des "thèmes légers”*
bien engagée.
En outre,
des actions à base de thèmes lourds,
notamment culture
attelée bovine, dessouchage,
labour,
Btaient déj& lancees chez quel-
ques paysans par des encadreurs pionniers
de la SATEC dans les secteurs
environnants
(signe d'une ouverture au progrès certaine de la part
des
paysans).
le taux d'occupation des terres
cultivables
n'atteignait
pai la saturation,
afin que la contrainte de terre
ne soit
pas m a j e u r e d è s l e d é p a r t ( e l l e l e d e v i e n d r a ) .
b Bien que situées dans des écologies semblables, les
deux L!E diffèrent
cependant :
par
une proportion
de terres
cultivables plus Qlevée
.
à Thyssé-Kayemoi/Sonkorong
(TKS) quIa Koumbidia (KBD), donc un
‘..
é q u i l i b r e a g r o s y l v o - p a s t o r a l a p r i o r i d i f f é r e n t
+ cf opération Production arachide-mil dont les
bases techniques
sont décrites dans "Le développement de la productivité
de l’ara-
chide 3u Sénégal". R. CARRIERE, RELGARIC, F,, BUUR, 1963. L’Agron.
T r o p . , v o l . X V I I I , nn9, p . 8 6 3 - 8 7 5 .
-qc--
1 ci .
.
p a r u n e repartition e t h n i q u e d i f f é r e n t e :
!
!
!
!
!
Ethnies
!
TKS !
KBD
!
!
!
!
!
!----------------------!--------!-----------!
! O u o l o f s
!
90 y4 ! 53 $ !
! P e u l h s , T o u c o u l e u r s !
lO,u
!
29 $, !
! socés
!
-
! 18 7;’
!
!
!
!
!
* m i n o r i t é i n f l u a n t e
Le”facteur h u m a i n ” é t a i t d o n c , a p r i o r i , c e l u i p a r
l e q u e l
s e d i f f é r e n c i a i e n t l e p l u s l e s d e u x
UE.
Le fondement méthodologique de Z’opBration a Oté des le
départ de nature expérimentale :
d e s i n n o v a t i o n s d é s t a b i l i s a n t e s s o n t
i n t r o d u i t e s d a n s u n m i l i e u “en é q u i l i b r e ” p o u r e n o b s e r v e r l e s
réactions,
l e s tendances, donc la dynamique, :Le mouvement. De ces
reactions o u “feed back” o n t e n t e r a d e deduire
l e s a d a p t a t i o n s ,
remises
en cause technologiques propres à permettre
une véritable
a c c e p t a t i o n d e s n o u v e l l e s t e c h n i q u e s et
e n fait
lrélaboration d e
modèles adaptés au milieu agro-socio-économique.
Les innovations proposées doivent donc couvrir les
aspects
et facteurs
e s s e n t i e l s q u i c o m p o s e n t o u c r é a n t
u n e s i t u a t i o n a g r i c o l e .
E l l e s v o n t , d e c e f a i t , Btre t r è s d i v e r s i f i é e s .
S u r l e
p l a n strict
d e l a t e c h n i q u e a g r i c o l e ,
o n p e u t a i n s i
schématiser
une double nature de l’innovation offerte
aux paysans des
U n i t é s e x p é r i m e n t a l e s :
- u n e p r o p o s i t i o n d e s t h è m e s “ c l a s s i q u e s ” d e s Societés
d e D é v e l o p p e m e n t (variétés,
f u m u r e s , matériel;......)
- une innovation technique à caractère
beaucoup plus
i n t e n s i f e t s u s c e p t i b l e d e remettre
e n c a u s e .les
s y s t è m e s tradi-
t i o n n e l s ,
“1~amé1i0rati0n f o n c i è r e ”
q u e n o u s a l l o n s retrouver gr%ce
à l ’ é l o q u e n c e d e n o s j e u n e s successeurs.
*
MPl. ma prestation
s’achéve i c i , les Unités expérimentales
..:
*
s o n t nees a v e c leurs craintes (c’est la Premiere
f o i s q u e l a R e c h e r c h e
r.
r e v é t u n e t e l l e
d i m e n s i o n ) a v e c l e u r s e s p o i r s , e n p a r t i c u l i e r
c e l u i
.*
visceral d’assurer le transfert
du fameux message de la Recherche
.E.
au Développement, et dans les deux sens.
L e s UE ont-elles réussies ? 8
a n s a p r è s l e u r d é m a r r a g e
tous ceux qui ont eu une responsabilité,
un ri9le dans leur
conception
leurs succés, l e u r s Echecs vous posent très
f r a n c h e m e n t c e t t e q u e s -
t i o n e t a t t e n d e n t v o t r e r é p o n s e a v e c
a n x i é t é c a r d e c e t t e r é p o n s e
d é p e n d r a
e n f a i t l e u r p o u r s u i t e o u l e u r
d i s p a r i t i o n .