4 3 9 Med. Fac. Landbouww. Univ. Gent, 59/2a, 1994 ...
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Med. Fac. Landbouww. Univ. Gent, 59/2a, 1994
EFFET DE LA FERTILISATiON MINERALE AZOTEE DU RIZ (ORYZA
SATIVA L.) SUR LA RESISTANCE DES GRAINES A SITOTROGA CEREA-
LELLA OLIV. (LEPIDOPTERA: GELECHIIDAE) AU SENEGAL
D. SECK” ** & C. CASPAR**
* Institut Sénégalais de Recherches Agricoles BP 3120 Dakar (SENEGAL)
** UER de Zoologie générale et appliquée
1
Faculté des Sciences Agronomiques. 2 - Passage des Déportés
B-5030 Gembloux (Belgique)
Mots clés : résistance variétale, Oryza sativa L., Sitotroga cerealeta Ohv., azote
RESUME
Le Sénégal pro’duit environ 150 000 tonnes de riz par an, soit à peine 25 % de sa demande
intérieure actuellement estimée à plus de 600 000 tonnes. Pour combler ce déficit, I’Etat sénégalais
vise I’intensifïcation de la culture dans le sud du pays, grâce à l’utilisation de variétés améliorées
et l’application de fortes doses d’azote minéral. Le riz stocké est attaqué par plusieurs espèces
d’insectes parmi lesquelles Sitotroga cerealella est de loin la plus nuisible au Sénégal. Nous avons
évalué la résistance du riz B S. cerealella, par l’infestation artificielle de grains de trente variétés
cultivées dans trois conditions et recevant une fertilisation minérale azotée de 0 à 150 unités.
L’observation de la descendance des insectes montre des différences significatives entre variétés et,
sur le groupe des variétés à cycle court, une progéniture plus importante aux fortes doses d’azote.
INTRODUCTION
Au Sénégal, la riziculture occupe 72 000 ha, à raison de 15 000 ha dans les périmètres irrigués
de la vallée du Fleuve Sénégal et 57 000 ha en culture pluviale au sud en Casamance (h4BODJ,
1990). La production totale représente 146 000 tonnes, soit B peine 25 % des besoins de la
population sénégalaise.
Pour combler ce déficit, le gouvernement sénégalais vise I’autosuffrsance en riz grâce à une
intensification de la culture basée sur l’utilisation de variétés améliorées, le contrôle des déprédateurs
et la satisfaction des besoins azotés de la plante. Les doses recommandées par la recherche varient
ainsi de 80 à 100 unités d’azote à l’hectare.
L
Si plusieurs auteurs ont observé l’aggravation de certaines maladies du riz suite à l’application
de fortes doses d’azote (MEIODJ, 1989; OU, 1985), très peu de travaux rapportent l’effet de l’azote
t sur l’incidence des insectes ravageurs du riz stocké.
Les grains de riz sont attaqués par plusieurs espèces d’insectes dont les principales sont Sitophilm
otyae L., Rhizopetihu dominicu (F.) et Sitotroga cerealella (Oliv.). Ce dernier s’avère être le plus
nuisible au Sénégal ou il cause d’importants dégâts sur les particules entreposées dans les greniers
traditionnels.
La femelle de S. cereafellu pond à la surface ou entre les grains. A l’éclosion, la larve pénètre
dans la graine et se nourrit au détriment de celle-ci. Elle passe par quatre stades larvaires, se
nymphose puis donne un adulte qui émerge par un trou circulaire caractéristique des dégâts de
l’insecte.
Au cours des dernières armées, les nombreux inconvénients liés à la protection chimique des
denrées ont favorisé le développement de méthodes alternatives parmi lesquelles la résistance
variétale est l’une des voies les plus indiquées dans les pays en développement.
-
-

4 4 0
Dans ce travail, nous rapportors les résultats de l’évaluation de la sensibilité à S. cerealellu des
graines de diverses variétés de riz cultivées dans des conditions environnementales et dc fertilisation
minérale azotce variables.
MATERIEL ET METHODE
Les graines testées ont été fournies par le programme de recherche: sur le riz pluvial e submergé
de I’ISRA. Elles proviennent de variétés locales et améliorées, cultivées dans deu : localités
(DJIBELOR et OULAMPANE) et quatre types de parcelles recevant une fertilisatio
minérale
azotée de 0 à 150 unités à l’hectare.
A maturité, les différentes parcelles sont récoltées séparément. Les: panicules sont enst Ite battues
et un échantillon de riz paddy prélevé de chaque traitement est conservé dans des sacs en ute placés
à l’intérieur de magasins à la température ambiante. L’évaluation des traitements est r :alisée par
l’infestation artificielle de sous-échantillons de grains. 10 g de riz de chaque traitement I lacés dans
des boîtes de pétri de diamètre 10 cm sont infestés en trois répétitions avec 5 cou Iles de S.
âgés de 24 heures. Les boîtes sont ensuite placées dans des étuves à 30 a~ t et 70 %
d’humidite relative.
Les insectes utilisés proviennent d’une souche de S. cerealel@ originaire de la régio
de Nioro
du Rip (Sénégal) et élevée pcndan~ plusieurs générations sur des grains de riz paddy. Aprè
:
10 jours,
les &ltes t.o&s morts r+nt retirés. Les boîtes sont laissées dans les mêmes conditions expc :imentales
jùsq~~‘~l~.&&gè@ce de la descen&ce Fl qui débute 25 jours’~tp&s l’i,nfestation. 1 e nombre
journalier d’adultes sortis de chaque objet est ‘noté pendant 3 semaines.
II
RESIJ@{TS ET DISCUSSION
L’obser@o.n des résultats du table.au 1 montre que le nombre cl’émergences de S. cereuZefIu
varie de l,l.l adultes sur la variété BG 267-4 à 3,lS pour la variete 1,RAT 10. ‘En. fo,netion
ie la dose
d’azote; le. nombre d’émergencesvarie de 2,16 à 2,5:3 individus, contre 285 adultes pour
,. -ii.... :.;._
es graines
,. .
des pa$élleS non fertilisées.
cerealelln
le la dose
fertilisées,
ia et varie
.
L’observation des résultats du tableau, 3 montre que le nombre d’émergences de 5. cerealella
varié de’&’ i&ectes pour la”v&igite IKGNG PAO ;B 6,58 individus ~@it~la variété ‘KAI 1661:En
fonction duniveau de fertili&ipn, ‘le nombre d’adultes émergés augmente avec la dose d’azote et
passe’de 3,73’à-4,67 individus contre 2,lO insectes pour les graines des p’arceiles non 1 :rtilisées.
Ces résultats sont en accord avec ceux de plusieurs r&teurs. rapportant des
lifférences
signifïcatives’de~ sensibilité variétale chez les graines de riz (COGBURN; .1977;‘CLEMl
NT et al.,
1988). Ils s’accordent aussi avec les travaux de COGBURN et al. ,.(19X@, .indiqua t un effet
significatif de la.fertilisation azotée sur la sensibilite des graines de riz à l’attaque de ‘S. cerealella.
La résistance des graines de riz aux insectes des denrées stockées e:st attribuée à plusiet r:s facteurs
liés notamment aux propriétés physiques du grain, au niveau d’aedhérence et à I’ém chéité d.es
glumelles (CLEMENT et al., 1988). Ce dernier fac.teur explique la grande sensibilité o servée sur
la variété IRAT 10, qui présente un taux très élevé: de grains à glunielles ouvertes (CL MENT et
al., 1988).

4 4 1
Tableau 1 - Sensibilité a Si~ofroga cerealelfa des graines de 10 variétés de riz de plateau en fonction de la fumure
amtte (DJIBELOR)
Nombre d’adultes F, émergés
Variétés
Dose d’azote (en unités / ha)
Moyennes
0
50
100
150
IRAT 10
1,17
4,00
4,33
3,lO
SE 302 G
5,47
1,33
2,87
2,73
IR 930-450
2,30
3,40
3,lO
3,47
IRAT 112
4,60
0,70
2,77
3,53
IRAT 114
4,20
2,53
0,70
2,93
PEKING
3,lO
1,93
2,07
2,83
DJ 8-341
1,so
2,13
2,60
2,87
BARAFITA
2,13
1,lO
2,30
1,90
LOCALE
1,40
2,97
2,00
0,70
BG 267-4
2,30
2,47
2,43
1,23
Moyennes
2,85 a
2,26 a
2,52 a
2,53 a
IL54
Dans une même ligne et une même colonne, les moyennes suivies par les mêmes lettres ne sont pas
significativement différentes au niveau 0,OS (Test de Duncann)
Tableau 2 - Sensibilité ii Sifotrogu cerealeh des &es de 10 vari&ks de riz de nappe en fonction de la fumure azotée
(DJIBELOR)
Nombre d’adultes F, émergés
Dose d’azote (en unités / ha)
Moyennes
variétés
1
0
50
100
150
PEKING
9,33
8,33
8,33
0,33
6,58 a
DJ 12-519
5,33
4,00
0,33
6,00
3,92 b
BARAFITA
0,67
0,33
4,33
3,33
2,17 c
IKONG PAO
2,67
4,00
0,33
0,oo
1,75 cd
TOX 728-l
0,oo
0,67
2,00
0,67
0,83 cde
IR 34
0,oo
0,oo
2,00
l,oo
0,75 cde
IR 54
0,oo
2,33
0,33
0,oo
0,67 cde
IR 934-450- 1
0,33
0,67
0,oo
0,oo
0,25 de
DJ 1 l-509
0,oo
0,oo
0,33
0,33
0,17 de
IRAT 133
0,oo
0,oo
0,oo
0,oo
0,OO e
Movennes
1.83 a
2,03 a
1,80 a
1,17 a
1,71
Dans une même ligne et une même colonne, les moyennes suivies par les mêmes lettres ne sont pas
significativement différentes au niveau 0,OS (Test de Duncann)

4 3 2
leau 3 _ SensibilitC à Sirorroga cerealella des g-aines de 10 variétés de riz à cycle COUT~ en fonction de la fumure
(OULAMPANE)
Nombre d’adultes F, émergés
T--1
Dose d’azote (en unités / ha)
- Moyennes
0
50
-
-
100
150 -
O,G7
11,67
12,00
2,00
6,58 a
0,67
3,OO
8,00
10,oo
5,42 ab
3,67
8,6’?
3,33
3,33
4,75 abc
3,00
3,67
4,00
7,67
4,58 abc
$33
0,oo
11,33
0,oo
4,17 abc
3,67
0,oo
3,33
8,67
3,92 abc
0,oo
3,011
0,oo
833
2,83 bc
3,33
4,67
0,67
2,00
2,67 bc
0,oo
1,oo
5,00
2,33
2,08 bc
0,67
1,67
l,oo
2,33
1,42 c
2,lO b
3,73 ab
4,87 a
I
4,67 a
3,84
~-I
une même ligne et une même colonne, les moyennes suivies par les mêmes lettres ne sont pas
njficativement différentes au niveau O,O5 (Test de Duncann)
‘analyse de la sensibilité des grains en fonction de la dose d’azote ne met en évidence des
nces signitjcatives que pour le groupe des variétés à cycle court. Sur ces dernières, il apparaît
nombre d’insectes émergés est significativement plus élevé sur les graines ayant reçu les plus
doses d’azote (tableau 3).
Dans le cas des.autres variétés, il est difficile d’avancer des relations de: cause à effet entre ‘la
d’azote appliquée et la réponse des grains 9 l’attaque de S. cerealetla. Cette observation
orde avec les résultats de COGBURN, ef al., 1980.
NOS r@$ats montrent des différences significatives de sensibilité variétale des grains, de ri? a
et une tendan? d’augmentation du nombre de la progéniture observée. en, fonction de
ependant d’être prudent. dans I.‘interprét$ion de tels résultats, quant à
&use à, effet entre l’application de fortes doses d’azote et la sensibilité des gr
des grains en fonction des différentes situations etudiées montre par is
ifs voire contradictoires, en accord avec plusieurs autres travaux me es
t
ans ce travail ainsi que les perspectives d’intensification de la culture d.u
surveillance du comportement des variétés cultivées vi -à-
!
Dans ce cadre, il sera utile d’analyser la composition des grains dans le but de tenter de me1/t.re
évidence les facteurs chimiques explicatifs de la réponse des variétés en fonction des doses
emerciemenfs - Les auteurs remercient Monsieur Y. MBODJ pour la fourniture des vari tés
d;
stées, Monsieur B. SIDIBE pour son assistance technique, Monsieur (7. WONVKLE pou4 la
cture et Mademoiselle A. Van MEENSEL pour la dactylographie du manuscrit
/
/


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REFERENCES
CLEMENT, CI., DALLARD, J., POISSON, C., SAUPI IANOR, B. (1988). Les facteurs de résistance
du paddy aux insectes des stocks. 1 - L’influence de l’ouverture des glumclles. L’agronomie
Tropicale, 43 (1 ), 47-58.
COGBURN, R. R. (1977). Resistance to Angoumois Grain Math in some Varieties of Rough Rice
from the USDA Wortd Collection. J. Econ. Entomol., 70 (G), 753-754.
COGBURN, R. R., BOLLICH, C. N., JOHNSTON, T. F-I. & MCILRATH, W. 0. (1950).
Environmental Influences on Resistance to Sitotroga cerealellu in varieties of Rough Rice.
Environ. Entomol., 9, 689-693.
MBODJ, Y. (1989). La lutte intégrée contre les maladies du riz en Casamance, au Sénégal. Thése
de doctorat. Faculté des Sciences agronomiques, UCL Belgique. 238 p.
MBODJ, Y. (1990). Les maladies du riz en Casamance au Sénégal: lutte intégrée. Deuxiéme
séminaire sur la lutte intégrée contre les ennemis des cultures vivriéres dans te Sahel. Etamako,
Mali : 4-9 Janvier 1990.
OU, S. M. (1985). Rice diseases. CAB - Publ., London. 380 p.
SUMMARY
Rice production in Senegal is about 150,000 tons / year, which represent only 25 % of the local
needs actualty estimated to about 300,000 tons / year. TO caver this gap, the senegalese govemment
decided to intensify the rice cultivation in the south of the country, using performed varieties by
plant breeding and high nitrogen fertilization levels. Stored rice is attacked by many insect species.
Among them Sitotroga cerealella is the most damaging in Senegal. We have evaluated the rice
resistance to S. cereuleflu, by artificial infestation of seeds which have been cultivated in three
environmental conditions and under nitrogen fertilisation levels from 0 to 150 unity. The observation
of the offspring data indicate significant differences between varietiesand, for the group of varieties
with short cycle, a more important progeny with the higher nitrogen level.