INSTITUT D¡¯?LEVAGE ET DE M?DECINE VCT?RINAIRE ...
INSTITUT D¡¯?LEVAGE ET DE M?DECINE
VCT?RINAIRE D E S P A Y S T¡¯ROPICAIJX
ET DE
I
M?DECINE V?T?RINAIRE
DES PAYS TROPICAUX
Histopathologie de la rage
chez diverses esp¨¨ces animaks
de l¡¯ouest africain
Incidences cliniques et pathog¨¦niques
par G. THIERY
. 1
Tome XIII Cnouveile s¨¦rie!
N¡±4 - 1 9 6 0
LP VIGOT FR?RES, ?DITEURS
23, rue de l¡¯?cole-de-M¨¦decine, PARIS-VI¡±

Histopathologie de la rage
chez diverses esp¨¨ces animales
de l¡¯ouest africain
Incidences cliniques et pathog¨¦niques
par G. THIERY
Selon les classiques, le virus rabique est unique
serait souhaitable qu¡¯elle soit poursuivie sur
ainsi que la maladie qu¡¯il provoque. Cependant
celles que l¡¯on rencontre en d¡¯autres points du
certaines particularit¨¦s cliniques sur lesquelles
globe.
nous avons d¨¦j¨¤ insist¨¦ (l-2-3) de m¨ºme que des
anomalies histopathologiques observ¨¦es sur les
1. - HISTOPATHOLOGIE G?N?RALE
ganglions de Gasser utilis¨¦s pour le diagnostic
DE LA RAGE
de la rage, nous ont conduit ¨¤ reconsid¨¦rer le
probl¨¨me. Des notions bien ¨¦tablies nous sont
10 La m¨¦ningo-enc¨¦phalomy¨¦lite aigu?
apparues n¡¯¨ºtre l¡¯apanage que de quelques
non purulente de la rage
esp¨¨ces animales, aussi le comportement du
Elle comporte une m¨¦ningite accompagn¨¦e
virus rabique diff¨¨re-t-il selon l¡¯organisme auquel
d¡¯une congestion, d¡¯une p¨¦rivascularite d¡¯inten-
il s¡¯attaque. Le but du pr¨¦sent travail est de mettre
sit¨¦ variable, d¡¯une infiltration cellulaire tissu-
en ¨¦vidence les variations l¨¦sionnelles que pro-
laire, d¡¯une r¨¦action gliale, d¡¯une formation
duit ce virus et ainsi d¡¯expliquer lesfaits cliniques,
d¡¯inclusions cellulaires et d¡¯une d¨¦g¨¦n¨¦rescence
certaines incidences pathog¨¦niques et l¡¯impasse cellulaire. La m¨¦ningite rabique d¡¯intensit¨¦ varia-
dans laquelle semble s¡¯engager la th¨¦rapeutique.
ble est lymphocytaire. Elle s¡¯observe essentiel-
*
*
*
lement dans le,; plis du cervelet et ¨¤ la base du
cerveau, mais aussi dans les sillons de l¡¯enc¨¦phale
Avant de passer en revue les l¨¦sions engen-
et de la moelle.
dr¨¦es, par le virus rabique dans le syst¨¨me ner-
La congestion et l¡¯oed¨¨me p¨¦rivasculaire sont
veux des divers mammif¨¨res, nous allons rappe-
le plus souvent tr¨¨s discrets. Exceptionnellement
ler et, le cas ¨¦ch¨¦ant, pr¨¦ciser l¡¯ensemble des
ils sont compliqu¨¦s de microh¨¦morragie dans
modifications qu¡¯il est susceptible de provoquer.
l¡¯enc¨¦phale et surtout la moelle ¨¦pini¨¨re. Si
Ensuite seulement seront envisag¨¦es leur pr¨¦- l¡¯animal est saign¨¦ au cours de l¡¯agonie, la
sence ¨¦ventuelle et leur intensit¨¦ en fonction de
congestion n¡¯est pas visible. La p¨¦rivascularite
l¡¯esp¨¨ce animale.
est beaucoup plus importante ¨¤ consid¨¦rer. Elle
Avant d¡¯aborder cette ¨¦tude, il convient de
ne peut se produire qu¡¯au niveau des petits
souligner que les faits rapport¨¦s ont ¨¦t¨¦ ¨¦tudi¨¦s
vaisseaux, habituellement art¨¦rioles, pourvus
dans l¡¯ouest africain et plus particuli¨¨rement ¨¤ d¡¯une gaine lyrnphatique. La l¨¦sion est ¨¦bauch¨¦e
Dakar. II n¡¯est pas certain qu¡¯ils soient valables
par une margination des leucocytes, principale-
pour le reste du monde. Par ailleurs, cette ¨¦tude
ment des lymphocytes. Ces derniers apparaissent
est limit¨¦e ¨¤ un certain nombre d¡¯esp¨¨ces ; il
ensuite dans les espaces lymphatiques de VIR-
CHOW-ROBIN et ne d¨¦passent pas la membrane
n¨¦vroglique limitante : ils constituent les man-
Re?u pour publication : novembre 1960
Rev. Elev. Med. v¨¦t. Pays trop. 1960, 13, no 4
chons p¨¦rivasculaires. A un stade plus avanc¨¦,
259

ily a rupture de cette membrane et irruption des
chat, mais nous ne l¡¯avons pas recherch¨¦ chez
cellules qui forment les infiltrats p¨¦rivasculaires.
les autres animaux.
A partir de ceux-ci, les leucocytes peuvent essai-
mer dans le tissu avoisinant et constituer, les
2O La ganglio-n¨¦vrite
- a
infiltrats cellulaires. Les cellules trouv¨¦es dans
cette l¨¦sion sont principalement des lymphocytes
Cette l¨¦sion s¡¯observe au niveau des ganglions
auxquels s¡¯adjoignent quelques histiocytes d¨¦ri-
nerveux et des nerfs tant c¨¦r¨¦brospinaux que
vant de la paroi lymphatique. Ils constituent
sympathiques. Elle consiste en une infiltration
exclusivement l¡¯infiltration p¨¦rivasculaire chez
cellulaire, une satellitose, ¨¦quivalente de la
le cheval. Chez les carnivores, il s¡¯y ajoute
r¨¦action gliale, une formation d¡¯inclusions cellu-
habituellement quelques polynucl¨¦aires neutro-
laires et une n¨¦vrite.
philes, tandis que chez certains murid¨¦s des
L.¡®infiltration cellulaire est de m¨ºme nature que
polynucl¨¦aires ¨¦osinophiles y sont adjoints. La
celle de l¡¯enc¨¦phale. Elle d¨¦bute tr¨¨s nettement
zone de pr¨¦dilection de cette l¨¦sion est g¨¦n¨¦ra-
au niveau des petits vaisseaux sanguins. Dans les
lement la base du cerveau. Mais ¨¤ c?t¨¦ de cette
ganglions sympathiques, elle affecte souvent
infiltration ¨¤ point de d¨¦part p¨¦rivasculaire, on
exclusivement la disposition p¨¦rivasculaire ¨¤ la
peut rencontrer dans tout l¡¯enc¨¦phale, et m¨ºme
mani¨¨re des infiltrats p¨¦rivasculaires du cerveau.
dans la moelle ¨¦pini¨¨re, une infiltration diffuse
La satellitose consiste au d¨¦but en une hyper-
toujours mod¨¦r¨¦e o¨´ les polynucl¨¦aires neutro-
trophie et une multiplication des cellules satel-
philes sont assez abondants. Nous devons encore
lites des neurones. A un stade plus avanc¨¦ cor-
signaler une localisation de la p¨¦rivascularite
respond la neuronophagie dont le stade extr¨ºme
qui n¡¯a, ¨¤ notre connaissance, jamais ¨¦t¨¦ relev¨¦e,
est le nodule de Van Gehuchten et Nelis.
c¡¯est celle que l¡¯on peut rencontrer dans le tissu
Les inclusions cellulaires repr¨¦sentent g¨¦n¨¦-
adipeux entourant la moelle ¨¦pini¨¨re, notam-
ralement des corps de N¨¦gri, parfois des gra-
ment chez les bovid¨¦s.
nulations de Koch et Rissling ou de Manouelian.
La r¨¦action gliale qui touche essentiellement
Leur importance varie avec les ph¨¦nom¨¨nes
la microglie, consiste principalement en une
inflammatoires et les esp¨¨ces animales. Signa-
multiplication et une mobilisation constituant les
lons, afin de n¡¯y pas revenir, que la pr¨¦sence chez
foyers de prolif¨¦ration gliale. Les cellules s¡¯accu-
ceriains animaux (cobaye, murid¨¦s divers, h¨¦ris-
mulent autour des cellules nerveuses (pseudo-
son) de cellules binucl¨¦¨¦es dans les ganglions
neuronophagie) et prennent leur place lorsqu¡¯el-
syn-,pathiques, et plus particuli¨¨rement dans les
les d¨¦g¨¦n¨¨rent (neuronophagie vraie). Elles
ganglions stellaires, ne modifie en rien la r¨¦par-
figurent alors les nodules de Bab¨¨s. De m¨ºme
tition des corps de N¨¦gri dans ces cellules.
que FIELD (4), nous n¡¯avons retrouv¨¦ l¡¯aspect
La n¨¦vrite, lorsqu¡¯elle est perceptible, est tou-
? lamellaire ? des cellules de la microglie d¨¦crit
jours tr¨¨s faible chez les murid¨¦s et les h¨¦rissons
par LOLLADO, puis HORTEGA, que chez le
NOIJS avons not¨¦ la pr¨¦sence d¡¯une nette infiltra-
lapin infect¨¦ par le virus fixe.
tion dans lesgainesexternes des nerfs,sous forme
Les inclusions cellulaires ou corps de N¨¦gri
d¡¯une v¨¦ritable p¨¦rin¨¦vrite tant nerveuse que
peuvent se rencontrer dans les cellules nerveuses
ganglionnaire (fig. 1).
des cornes d¡¯Amman, du cervelet (cellules de
Purkinje) et de tout le syst¨¨me c¨¦r¨¦brospinal.
30 L¨¦sions particuli¨¨res du syst¨¨me nerveux
On peut noter de m¨ºme une pycnose cellulaire
de la vie autonome
avec d¨¦g¨¦n¨¦rescence tigro?de, notamment dans
la corne d¡¯Amman. En outre, les techniques
A ce syst¨¨me, on peut rattacher la m¨¦dullo-
appropri¨¦es mettent en ¨¦vidence une l¨¦sion cons-
surr¨¦nale o¨´ il est possible d¡¯observer une infil-
tante, pr¨¦coce et sp¨¦cifique d¡¯apr¨¨s RAMON Y tration lymphocytaire analogue ¨¤ celle du sys-
CAJAL et GARCIA IZCARA : l¡¯hypertrophie des
t¨¨me nerveux central. Des corps de N¨¦gri, en
neurofibrilles des cellules nerveuses et la (d¨¦sa-
nombre consid¨¦rable parfois, ont ¨¦t¨¦ not¨¦s chez
gr¨¦gation avec dispersion dans le nucl¨¦oplasme
certaines esp¨¨ces animales.
des sph¨¦rules chromatiques du noyau. vous
Le plexus myent¨¦rique gastro-intestinal est le
avons retrouv¨¦ cette l¨¦sion chez le chien et le
si¨¨ge, dans certains cas, d¡¯une discr¨¨te infiltra-
260

Fig. 1. - Ganglion rachidien d¡¯un rat de Gambie : la p¨¦riph¨¦rie du ganglion
situ¨¦ au bas de la photo est form¨¦e par une accumulation importante de cellules
inflammatoires. (Rage des rues ; h¨¦mat¨¦ine-¨¦osine ; X 80).
tion cellulaire ou d¡¯une r¨¦action gliale. Des
II va sans dire ¡®que toutes les l¨¦sions pr¨¦c¨¦dentes
corps de N¨¦gri peuvent ¨ºtre d¨¦cel¨¦s dans les
peuvent se rencontrer chez un m¨ºme animal,
neurones. II nous a ¨¦t¨¦ m¨ºme donn¨¦ de rencon-
tels les murid¨¦s et le chien, mais elles ne montre-
1
trer une infiltration lympho?de et des corps de
ront pas la m¨ºme intensit¨¦ chez toutes les esp¨¨-
N¨¦gri dans le glomus consticus.
ces ; bien plus, certaines peuvent manquer. Aussi
allons-nous les passer en revue chez les divers
40 L¨¦sions des glandes salivaires
mammif¨¨res enrag¨¦s naturellement ou exp¨¦ri-
mentalement qu¡¯r nous avons pu examiner.
Dans les diverses glandes salivaires, m¨ºme
dans les plus petits glandules de la base de la
langue, le virus rabique des rues produit une
II. - HISTOPATHOLOGIE
infiltration cellulaire lympho?de dont le point
COMPAR?E DE LA RAGE
de d¨¦part est encore la p¨¦riph¨¦rie de petites
art¨¦rioles accompagnant les canaux salivaires.
Nous avons ¨¦tudi¨¦ la rage chez les animaux
En r¨¦sum¨¦, on peut trouver, dans tout le
suivants : chien, chacal, chat, cheval, vache,
syst¨¨me nerveux et dans les glandes salivaires,
bouc, porc, lapin, cobaye, rat blanc, rat ¨¤ capu-
des l¨¦sions inflammatoires ayant un point com-
*
chon, rat gris sauvage, rat de gambie, rat pal-
mun : l¡¯atteinte du r¨¦seau lymphatique p¨¦rivas-
miste, souris blanche, souris grise, h¨¦risson. En
culaire se manifestant par une infiltration de
dehors du chien, du chat et du chacal dont la
lymphocytes et, occasionnellement, de polynu-
rage naturelle a servi de base ¨¤ l¡¯¨¦tude, chez
.
cl¨¦aires. Ceci explique le r?le du r¨¦seau lym-
toutes les esp¨¨c¡¯rs il a ¨¦t¨¦ proc¨¦d¨¦ ¨¤ I¡¯inocula-
phatique dans la plupart des viroses neuro-
tion avec de la salive virulente pour le virus des
tropes en g¨¦n¨¦ral et la rage en particulier. La , rues par voie sous-cutan¨¦e ou intra-musculaire
rage appara?t, au d¨¦but, comme une lymphan- ¡¯ et avec une suspension de cortex c¨¦r¨¦bral par
gite nerveuse avec atteinte des neurones et de la I voie intrac¨¦r¨¦brale ou sous-occipitale (chez les
n¨¦vroglie.
/ grands animaux) pour le virus fixe. II sera pr¨¦-
261
18

Fig. 2. - Ganglion cervical sup¨¦rieur d¡¯un chien : l¡¯infiltration par les cel-
lules inflammatoires est localis¨¦e ¨¤ la p¨¦ripl¨¦rie des petits vaisseaux (Rage des
rues ; h¨¦mat¨¦ine-¨¦osine ; X 120).
cis¨¦ ¨¤ propos des diverses esp¨¨ces animales le
Pasteur de Dakar et souche de l¡¯Institut Pasteur
nombre d¡¯animaux d¡¯exp¨¦rience.
de Paris) par voie sous-occipitale ou par voie
Pour chaque observation, les pr¨¦l¨¨vements
sous-cutan¨¦e. Dans ce dernier cas, il s¡¯agissait de
suivants ont ¨¦t¨¦ pratiqu¨¦s : cortex c¨¦r¨¦bral fron-
chiens ?g¨¦s de 3 ¨¤ 6 mois et de 15 chiens t¨¦moins
tal, cortex c¨¦r¨¦bral occipital, base du cerveau
ncrmaux ou affect¨¦s de maladie de Carr¨¦, d¡¯ec-
au niveau des tubercules quadrijumeaux, cornes
z¨¦ma, etc.. Malheureusement la seule obser-
d¡¯Amman, bulbe,cerveletet protub¨¦rance, moelle
vation de toxoplasmose cunine confirm¨¦e que
¨¦pini¨¨re au niveau des renflements cervical et
ncus ayons faite ¨¤ Dakar n¡¯a ¨¦t¨¦ diagnostiqu¨¦e
lombaire et des zones cervicale et dorsale,
qu¡¯¨¤. l¡¯issue d¡¯examens histologiques, alors que
ganglions nerveux sensitifs, ganglions de Gasset-,
le syst¨¨me nerveux avait d¨¦j¨¤ ¨¦t¨¦ d¨¦truit.
ganglions plexiformes lorsqu¡¯ils existent, gan-
La rage naturelle ¨¤ virus des rues produit une
glions rachidiens ¨¤ divers ¨¦tages, ganglions sym-
m¨¦ningite faible chez les jeunes chiens, une p¨¦ri-
pathiques (stellaires, cervicaux sup¨¦rieurs et
vascularit¨¦ faible localis¨¦e, lorsqu¡¯elle existe,
inf¨¦rieurs), paroi de l¡¯estomac et de l¡¯intestin
¨¤ la base du cerceau et dans la moelle ¨¦pini¨¨re,
(pour observation du plexus myent¨¦rique), sur-
une l¨¦g¨¨re r¨¦action gliale chez les jeunes chiens
r¨¦nales, glandes salivaires sous-maxillaires et
accompagn¨¦e de nodules de Bab¨¨s. L¡¯infiltration
parfois parotides. Exceptionnellement le clornus
cellulaire lympho-histiocytaire avec quelques
caroticus a ¨¦t¨¦ l¡¯objet d¡¯examens.
polynucl¨¦aires neutrophiles est constanteet g¨¦n¨¦-
ralement accus¨¦e dans les ganglions sensitifs,
I¡¯J La rage du chien
elle est tr¨¨s fr¨¦quente, mais plus mod¨¦r¨¦e, dans
les ganglions sympathiques avec une disposition
Nous avons ¨¦tudi¨¦ le syst¨¨me nerveux complet
habituellement p¨¦rivasculaire (fig. 2). Les nodu-
de 14 chiens affect¨¦s de rage naturelie, de
les de Van Gehuchten sont constants et toujours
16 chiens enrag¨¦s exp¨¦rimentalement avec le
en assez grand nombre. Parfois plus de deux
virus des rues par diverses voies, de 8 chiens
tiers des cellules ont disparu des ganglions sensi-
ir,ocul¨¦s avec le virus fixe (souche de l¡¯Institut
tifs, mais ils sont beaucoup moins abondants dans
2 6 2

les ganglions sympathiques. On peut les d¨¦celer
20 La rage du chacal
dans le ganglion sympathique de la glande sous-
Nous ne poss¨¦dons qu¡¯une observation com-
maxillaire. L¡¯infiltration lympho¡¯ide de lam¨¦dullo-
pl¨¨te de rage des rues du chacal. Elle se pr¨¦sentait
surr¨¦nale est habituelle, celle des glandes sali-
identique ¨¤ la rage canine classique.
vaires ne se rencontre que dans un tiers des cas,
mais elle peut affecter m¨ºme les plus petits glan-
30 La rage du chat
dules salivaires de la base de la langue. Les corps
de N¨¦gri sont tr¨¨s fr¨¦quemment observ¨¦s en
La rage naturelle n¡¯a ¨¦t¨¦ constat¨¦e que chez
grande abondance (80 p. 100 des cas) dans les
trois animaux, mais nous avons infect¨¦ exp¨¦ri-
cornes d¡¯Amman, moins souvent dans la base
mentalement 12 chats en g¨¦n¨¦ral tr¨¨s jeunes
du cerveau, du cervelet (cellules de Purkinje).
avec le virus des rues et 6 chats avec le virus fixe.
Ils sont plus rares dans le reste de l¡¯enc¨¦phale, et
Le mode d¡¯infection consistant ¨¤ faire plusieurs
exceptionnels dans la moelle ¨¦pini¨¨re. On en
morsures au travers des poils, sur l¡¯animal anes-
trouve quelquefois, mais tr¨¨s peu, dans les gan-
th¨¦si¨¦, ¨¤ l¡¯aide d¡¯une pince tremp¨¦e dans la
glions de Gasset-, les ganglions sympathiques et
salive virulente, n¡¯aboutit que tr¨¨s rarement ¨¤
le plexus myent¨¦rique. Nous en avons observ¨¦
l¡¯infection des sujets r¨¦ceptifs,
une fois dans le glomus caroticus.
Le virus des rues n¡¯engendre qu¡¯une faible
La rage exp¨¦rimentale ¨¤ virus des rues produit
inflammation du syst¨¨me nerveux central sous
des l¨¦sions identiques, mais lors de l¡¯inoculation
forme d¡¯une discr¨¨te m¨¦ringite c¨¦r¨¦belleuse,
intrac¨¦r¨¦brale ou sous-occipitale, la m¨¦ningite
d¡¯une l¨¦g¨¨re p¨¦rivascularite de la base du cer-
est plus accus¨¦e. En outre, par passage par
veau, seulement ¨¦bauch¨¦e dans la moelle. La
voie intra-c¨¦r¨¦brale de virus des rues, la p¨¦ri-
r¨¦action gliale de la base du cerveau, du cerve-
vascularite et l¡¯infiltration leucocytaire s¡¯accu-
let et de la moelle est faible, mais il existe quel-
sent.
ques nodules de Bab¨¨s. L¡¯infiltration lympho-
cytaire avec de rares polynucl¨¦aires neutrophiles
A c?t¨¦ de ces observations o¨´ I¡¯histopathologie
est tr¨¨s mod¨¦r¨¦e ou faible dans les ganglions
est caract¨¦ristique, il en est o¨´ toutes les l¨¦sions
sensitifs et plus r¨¦duite encore lorsqu¡¯elle existe
du syst¨¨me nerveux central peuvent faire d¨¦faut,
dans le syst¨¨me sympathique. II n¡¯y a que tr¨¨s
mais alors persistent toujours celles des divers
peu de nodules de Van Gehuchten. L¡¯infiltration
ganglions nerveux.
leucocytaire de la m¨¦dullo-surr¨¦nale est peu
Soulignons enfin que nous avons ¨¦tudi¨¦ con-
fr¨¦quente, elle est rare dans les glandes sali-
jointement pour le diagnostic de la rage plus de
vaires m¨ºme lorsque la salive est virulente. Les
50 ganglions de Gasser de chiens enrag¨¦s. Jamais
corps de N¨¦gri sont tr¨¨s abondants surtout chez
en cas de rage positive, n¡¯ont manqu¨¦ I¡¯infil-
les jeunes dans les cornes d¡¯Amman, la base du
tration, la neuronophagie et la pr¨¦sence de
cerveau, les cellules de Purkinje du cervelet,
nodules de Van Gehuchten. L¡¯absence de ces
les ganglions de Gasser et les autres ganglions
l¨¦sions semble autoriser, sinon ¨¤ conclure d¡¯une
sensitifs. Ils sont exceptionnels dans le cervelet
mani¨¨re formelle ¨¤ l¡¯absence de rage, ce qui
de chats adultes et ?g¨¦s.
est vraisemblable, du moins ¨¤ observer des
II convient ici encore de signaler l¡¯existence de
mesures plus cl¨¦mentes vis-¨¤-vis des contami-
rage f¨¦line sans la moindre inflammation du
n¨¦s.
syst¨¨me nerveux central. Comme elle est dis-
La rage ¨¤ virus fixe s¡¯accompagne de signes
cr¨¨te dans les ganglions nerveux, le diagnostic
inflammatoires plus marqu¨¦s : m¨¦ningite de la
histologique ne peut ¨ºtre pos¨¦ ou m¨ºme confirm¨¦
base du cerveau, des gros plis du cerveau et des
par leur observation.
sillons du cervelet, p¨¦rivascularite accus¨¦e c¨¦r¨¦-
Le virus fixe produit une m¨¦ningite plus ou
bro-spinale et forte r¨¦action gliale. L¡¯infiltration
moins marqu¨¦e de tout l¡¯enc¨¦phale. Elle est
cellulaire des ganglions sensitifs est plus faible,
surtout prononc¨¦e ¨¤ la base du cerveau et dans
elle affecte rarement les ganglions sympathiques.
les sillons du cervelet. La p¨¦rivascularite est
Les nodules de Van Gehuchten sont nombreux
accus¨¦e dans tout le syst¨¨me c¨¦r¨¦bro-spinal, elle
dans les ganglions sensitifs et tr¨¨s rares dans les
accompagne une forte r¨¦action gliale avec nodu-
ganglions sympathiques.
les de Bab¨¨s. Dans les ganglions sensitifs, I¡¯infil-

--
Fig. 3. - Corne d¡¯Amman d¡¯un cheval : l¡¯infiltration lymphocytaire de la
gaine de Virchow-Robin des art¨¦rioles est parti-¡®ruli¨¨rement bien visible (Virus
fixe ; h¨¦mat¨¦ine-¨¦osine
; X 20).
Fig. 4. - Tissu adipeux entourant la moelle ¨¦pini¨¨re du b?uf : noter
l¡¯existence de nombreux et volumineux manchons d¡¯infiltration p¨¦ri-vasculaire
(Rage ¨¤ virus fixe ; h¨¦mat¨¦ine--¨¦osine
; X 20).
2 6 4

tration lymphocytaire est assez mod¨¦r¨¦e et son
nani¨¨re diffuse mais peu intense. La satellitose
origine p¨¦rivasculaire est nettement perceptible.
;e manifeste par l¡¯hypertrophie des cellules satel-
II existe une l¨¦g¨¨re satellitose avec quelques
ites des neurones. II existe une l¨¦g¨¨re neurono-
nodules de Van Gehuchten. Les ganglions sym-
lhagie d¨¦butante, mais pas de nodules de Van
pathiques sont normaux en g¨¦n¨¦ral ; quelquefois
Sehuchten.
on note une l¨¦g¨¨re p¨¦rivascularite ¨¤ lympho-
Dans les ganglions sympathiques et plus parti-
cytes dans les ganglions cervicaux sup¨¦rieurs.
iuli¨¨rement dans le ganglion stellaire, existe une
+rivascularite ¨¤ lymphocytes assez accus¨¦e, de
40 La rage du cheval
n¨ºme la surr¨¦nale montre une l¨¦g¨¨re infiltra-
Nous n¡¯avons pu ¨¦tudier qu¡¯un seul cheval
tion lymphocytaire.
hors d¡¯?ge inocul¨¦ par voie sous-occipitale avec
Chez cet animal, nous avons observ¨¦ une
le virus fixe. Toutefois nous avons relev¨¦ par / !grande quantit¨¦ d¡¯infiltrats p¨¦rivasculaires dans
deux fois la pr¨¦sence de corps de N¨¦gri dans les
le tissu adipeux entourant la moelle ¨¦pini¨¨re et
cornes d¡¯Amman d¡¯un cheval et d¡¯un ?ne atteints
quelques nerfs (fig. 4).
de rage naturelle.
Le virus fixe entra?ne chez le cheval une inflam-
60 La rage du bouc
mation tr¨¨s prononc¨¦eavec uneinfiltration exclu-
Deux jeunes animaux ont ¨¦t¨¦ inocul¨¦s l¡¯un
sive de lymphocytes. La m¨¦ningite est tr¨¨s nette,
par voie intramusculaire avec le virus des rues,
la p¨¦rivascularite est intense tant pour le cerveau
l¡¯autre par voie sous-occipitale avec le virus
(fig. 3) que pour la moelle ¨¦pini¨¨re. II existe une
fixe. Quatre sujets ?g¨¦s ont ¨¦t¨¦ inocul¨¦s par
l¨¦g¨¨re infiltration lymphocytaire et une forte
voie intramusculaire avec une forte dose de
r¨¦action gliale avec nodules de Bab¨¨s. L¡¯infil-
virus des rues sans provoquer le moindre trou-
tration des ganglions sensitifs est intense ; elle est
ble apr¨¨s plus de 6 mois d¡¯observation chez trois
r¨¦duite et seulement p¨¦rivasculaire dans les gan-
animaux ; le quatri¨¨me est mort de cachexie
glions sympathiques. Les nodules de Van Gehuch-
apr¨¨s 4 mois, malgr¨¦ une alimentation identique
ten sont tr¨¨s peu abondants et rares dans les
et un parasitisme intestinal tr¨¨s r¨¦duit. II n¡¯a pas
ganglions sympathiques. Les surr¨¦nales sont
¨¦t¨¦ d¨¦cel¨¦ de l¨¦sion du syst¨¨me nerveux.
normales. Il n¡¯a pas ¨¦t¨¦ possible de d¨¦celer la
Le virus des rues n¡¯engendre qu¡¯une inflam-
d¨¦g¨¦n¨¦rescence cellulaire qu¡¯engendre le virus
mation relativementdiscr¨¨te sousformede m¨¦nin-
fixe chez le lapin.
gite tr¨¨s faible localis¨¦e au fond de quelques
sillons du cervelet et de p¨¦rivascularite tr¨¨s
50 La rage de la vache
r¨¦duite ; son maximum d¡¯intensit¨¦ se situe dans
Nous n¡¯avons inocul¨¦ qu¡¯une seule vache avec
le bulbe et la moelle ¨¦pini¨¨re lombaire. La r¨¦ac-
le virus fixe, mais nous avons n¨¦anmoins exa-
tion gliale est faible, l¡¯infiltration cellulaire lym-
min¨¦ plusieurs cornes d¡¯Amman de vaches enra-
pho-monocytaire diffuse est peu marqu¨¦e et en
g¨¦es naturellement. Elles renfermaient des corps
foyers ; elle est strictement localis¨¦e au niveau
de N¨¦gri.
du bulbe. Les corps de N¨¦gri n¡¯ont pas ¨¦t¨¦
Chez la vache inocul¨¦e, le virus fixe n¡¯a produit
retrouv¨¦s dans les cornes d¡¯Amman ; ils sont
qu¡¯une inflammation assez mod¨¦r¨¦e : la m¨¦nin-
rares dans les cellules de Purkinje du cervelet.
gite est absente, la p¨¦rivascularite est faible
Sur deux cornes d¡¯Amman de bouc et une de
dans tout le syst¨¨me c¨¦r¨¦bro-spinal, l¡¯infiltration
gazelle envoy¨¦es pour diagnostic, nous avons
cellulaire existe en petits foyers de lymphocytes
d¨¦cel¨¦ d¡¯assez nombreux Corps de N¨¦gri.
avec de rares polynucl¨¦aires neutrophiles, tandis
Les ganglions sensitifs pr¨¦sentent tous une
que l¡¯infiltration diffuse est tr¨¨s discr¨¨te. Les
l¨¦g¨¨re infiltration lymphocytaire et une forte
nodules de Bab¨¨s sont rares, la r¨¦action gliale
satellitose avec de nombreux nodules de Van
est peu marqu¨¦e. Les cornes d¡¯Amman son1
Gehuchten ; les corps de N¨¦gri n¡¯ont ¨¦t¨¦ vus
normales.
que dans quelques ganglions rachidiens.
Les ganglions nerveux sensitifs sont infiltr¨¦s
Les ganglions sympathiques ne pr¨¦sentent
¨¤ la fois de petits foyers de lymphocytes avec
qu¡¯une l¨¦g¨¨re infiltration lymphocytaire localis¨¦e
quelques polynucl¨¦aires neutrophiles et d¡¯une
au ganglion stellaire. La m¨¦dullo-surr¨¦nale est
265

atteinte par une l¨¦g¨¨re infiltration lymphocy-
ph¨¨res c¨¦r¨¦braux. Les cornes d¡¯Amman en
taire.
dehors de la p¨¦rivascularite sont normales.
Dans les glandes sous-maxillaires, rares et
L¡¯infiltration cellulaire diffuse des ganglions
petits foyers de p¨¦rivascularite lymphocytaire
sensitifs est discr¨¨te, de meme que la satellitose,
autour de quelques canaux excr¨¦teurs.
mais les ganglions sympathiques et les surr¨¦-
La rage ¨¤ virus fixe pr¨¦sente, par rapport ¨¤
nales sont normaux. En outre une l¨¦g¨¨re p¨¦ri-
la rage des rues, des signes d¡¯inflammation plus
ntivrite lymphocytaire se rnanifeste.
marqu¨¦e : m¨¦ningite l¨¦g¨¨re de la base du cer-
veau et du cervelet, p¨¦rivascularite tr¨¨s accus¨¦e
80 La rage du lapin
de la base du cerveau et du cortex c¨¦r¨¦bral,
mais discr¨¨te dans la moelle et localis¨¦e seule-
NOUS avons utilis¨¦ 8 lapins pour ¨¦tudier le
ment au niveau du renflement cervical et de la
virus des rues par inoculation par voie sous-
zone dorsale. Les cornes d¡¯Amman sont normales,
cutan¨¦e et intramusculaire et 12 lapins pour le
Dans les ganglions sensitifs, on note une p¨¦ri-
virus fixe.
vascularite nette et une infiltration lymphocytaire
La rage ¨¤ virus des rues chez le lapin ne se
diffuse bien visible dans les ganglions rachidiens
traduit que par une inflarnmation relativement
et plexiformes, mais presque inexistante pour
discr¨¨te de tout le syst¨¨me c¨¦r¨¦brospinal. La
les ganglions de Gasset-. La satellitose est assez
p¨¦rivascularite est faible dans l¡¯enc¨¦phale, mais
accus¨¦e, la neuronophagie est mod¨¦r¨¦e et il
marqu¨¦e dans la moelle ; l¡¯infiltration cellulaire
n¡¯y a que de rares nodules de Van Gehuchten et
de lymphocytes et de quelques polynucl¨¦aires
N¨¦lis. Les divers ganglions sympathiques et la
n¡¯est que tr¨¨s discr¨¨te, de m¨ºme que la r¨¦action
m¨¦dullo-surr¨¦nale sont normaux,
gliale ; les nodules de Bab¨¨s sont rares. Les
corps de N¨¦gri sont habituellement en nombre
70 La rage du porc
mod¨¦r¨¦ et ne se rencontrent gu¨¨re que dans les
cornes d¡¯Amman ; ils peuvent manquer totale-
Nous avons inocul¨¦ deux porcelets ?g¨¦s d¡¯en-
ment. Dans les ganglions sensitifs, l¡¯infiltration
viron 3 mois, l¡¯un avec le virus des rues par voie
lymphocytaire est accus¨¦e, la satellitose et les
intramusculaire, l¡¯autre avec le virus fixe.
nodules de Van Gehuchten et N¨¦lis sont peu
Le virus des rues produit une inflammation
abondants ; les corps de N¨¦gri y sont excep-
prononc¨¦e de tout le syst¨¨me c¨¦r¨¦brospinal, sous
tionnels. Dans les ganglions sympathiques aussi
forme de p¨¦rivascularite accus¨¦e associ¨¦e ¨¤ une
bien cervicaux sup¨¦rieurs que stellaires, la
intense r¨¦action gliale avec nodules de Bab¨¨s et
p¨¦rivascularite est nette, mais les corps de N¨¦gri
l¨¦g¨¨re infiltration lymphocytaire. Parmi les gan-
manquent. Nous n¡¯avons observ¨¦ qu¡¯une fois
glions nerveux sensitifs, les ganglions rachidiens
une infiltration des ganglions du plexus myen-
sont fortement infiltr¨¦s de lymphocytes et de
t¨¦rique intestinal.
quelques polynucl¨¦aires neutrophiles et ¨¦osino-
La rage ¨¤ virus fixe, si elle entra?ne habituelle-
philes, alors que cette infiltration est faible pour
ment des ph¨¦nom¨¨nes inflammatoires accus¨¦s
tous les autres, de m¨ºme que pour les ganglions
(p¨¦rivascularite de tout l¡¯enc¨¦phale et de la
sympathiques. II existe une l¨¦g¨¨re satellitose,
moelle, infiltration lymphocytaire avec quelques
mais les nodules de Van Gehuchten et Nelis sont
polynucl¨¦aires neutrophiles), peut intervenir sur
rares dans les divers ganglions, sauf dans les
un syst¨¨me nerveux o¨´ ces l¨¦sions sont difficiles
ganglions rachidiens o¨´ ils sont cependant peu
¨¤ mettre en ¨¦vidence. La reaction gliale est sou-
fr¨¦quents. On enregistre aussi une infiltration
vent nette ainsi que les nodules de Bab¨¨s. Mais
de la m¨¦dullo-surr¨¦nale. Les corps de N¨¦gri
on ne rencontre que rarement la d¨¦g¨¦n¨¦res-
sont absents des cornes d¡¯Amman et rares dans
cence nucl¨¦aire particuli¨¨re au virus fixe dans la
le bulbe, Nous en avons n¨¦anmoins observ¨¦
couche externe des cornes d¡¯Amman. Elle se
d¡¯assez nombreux dans une corne d¡¯Amrnon de
pr¨¦sente g¨¦n¨¦ralement sur les animaux infect¨¦s
porc affect¨¦ de rage naturelle.
pendant les mois de mai et juin. Ce point parti-
Le virus fixe est responsable d¡¯une inflamma- / culier fera l¡¯objet de la discussion sur les parti-
tion de m¨ºme nature, mais beaucoup plus dis-
cularit¨¦s de la rage. Dans les ganglions sensitifs,
cr¨¨te, puisqu¡¯elle ne si¨¨ge que dans les h¨¦mis-
l¡¯infiltration par les lymphocytes et quelques poly-
2 6 6

nucl¨¦aires neutrophiles est prononc¨¦e, la satel- / notamment les qanqlions de Gasser et la plupart
litose bien visible, mais les nodules de Van
des ganglions rachidiens. L¡¯infiltration cellulaire
Gehuchten et N¨¦lis peu abondants. Le syst¨¨me
je trouve ¨¤ la jonction du ganglion et du nerf.
sympathique et la m¨¦dullo-surr¨¦nale sont nor-
Le syst¨¨me sympat~lique, les m¨¦dullosurr¨¦nales
maux.
et les glandes sali\\,aires sont normaux.
90 La rage du cobaye
100 La rage du rat (genre Raffus)
Nous avons utilis¨¦ 12 cobayes, la moiti¨¦ pour
Nous avons utilisti ¨¤ des ,fins histopathologiques
l¡¯¨¦tude du virus des rues et la moiti¨¦ pour celle
12 rats blancs, 12 rllts ¨¤ capuchon et 12 rats gris
du virus fixe.
sauvages (Rattus rcltfus). La moiti¨¦ des animaux
Le virus des rues ne produit qu¡¯une discr¨¨te
a servi ¨¤ l¡¯¨¦tude du virus fixe et l¡¯autre moiti¨¦
inflammation c¨¦r¨¦brospinale.
La p¨¦rivascularite,
¨¤ celle du virus des rues. Les r¨¦sultats ¨¦tant sen-
lorsqu¡¯elle existe, est tout juste ¨¦bauch¨¦e, I¡¯infil-
siblement identiques, malgr¨¦ une forme clinique
tration de lymphocytes et de quelques polynu-
l¨¦g¨¨rement diff¨¦rente (les rats gris affect¨¦s par
cl¨¦aires neutrophiles est faible dans l¡¯enc¨¦phale
le virus des rues font une rage souvent agressive,
et encore moins prononc¨¦e dans la moelle ¨¦pi-
au contraire des rats blancs et des rats ¨¤ capu-
ni¨¨re. Le plus souvent, seul le renflement cervical
chon), nous avons group¨¦ les observations.
est atteint et le reste est normal ou tr¨¨s faible-
La rage ¨¤ virus Ijes rues ne provoque qu¡¯une
ment l¨¦s¨¦. La m¨¦ningite s¡¯observe de temps en
discr¨¨te inflammation de tout l¡¯enc¨¦phale (p¨¦ri-
temps au niveau du cervelet et m¨ºme de la base
vascularite et infiltration de lymphocytes et poly-
du cerveau. Par contre, les corps de N¨¦gri se
nucl¨¦aires) localis¨¦e ¨¤ la base du cerveau et au
rencontrent habituellement en grande abondance
niveau du bulbe ; par contre, celle-ci est bien
dans les cornes d¡¯Amman et I¡¯hippocampe. On
visible dans toute la moelle ¨¦pini¨¨re ; une m¨¦nin-
les retrouve dans le cortex c¨¦r¨¦bral, dans les
gite c¨¦r¨¦belleuse assez accus¨¦e est presque tou-
cellules de Purkinje du cervelet et plus rares
jours not¨¦e. Les corps de N¨¦gri sont la plupart
dans le bulbe et la moelle ¨¦pini¨¨re. Ils sont
du temps tr¨¨s abondants dans les cornes d¡¯Am-
g¨¦n¨¦ralement plus abondants chez l¡¯adulte que
mon et dans tout II cerveau, l¨¤ o¨´ il n¡¯y a pas
chez le jeune.
de ph¨¦nom¨¨nes inflammatoires. De nombreuses
Les ganglions sensitifs sont infiltr¨¦s de lym-
cellules nerveuses d¨¦g¨¦n¨¦r¨¦es sont pourvues
phocytes et de quelques polynucl¨¦aires neutro-
d¡¯un noyau pyctwique. Les ganglions sensitifs
philes, mais toujours faiblement, ce qui permet
sont ¨¤ peine l¨¦s¨¦s ou normaux. Ils ne renferment
l¡¯apparition d¡¯assez nombreux corps de N¨¦gri.
que quelques lymphocytes et polynucl¨¦aires neu-
La satellitose est ¨¤ peine apparente et les nodules
trophiles, les corps de N¨¦gri sont rares. Au
de Van Gehuchten et N¨¦lis sont rares, Les gan-
contraire, les gan¡¯glions sympathiques pr¨¦sen-
glions sympathiques cervicaux sont g¨¦n¨¦rale-
tent une infiltration notable de polynucl¨¦aires
ment affect¨¦s tandis que les ganglions sympathi-
neutrophiles et de quelques lymphocytes et les
ques lombaires le sont ¨¤ un degr¨¦ plus faible.
corps de N¨¦gri sort abondants lorsque l¡¯infiltra
En outre les corps de N¨¦gri y sont parfois abon-
tion est faible. La m¨¦dullosurr¨¦nale est parfois
dants. La m¨¦dullo-surr¨¦nale est infiltr¨¦e de lym-
infiltr¨¦e de lymphocytes de m¨ºme que la p¨¦ri-
phocytes et les ganglions myent¨¦riques sont
ph¨¦rie de canaux salivaires. Principalement chez
parfois le si¨¨ge d¡¯une infiltration de m¨ºme nature
le rat gris, les ganlglions du plexus myent¨¦rique
ou de corps de N¨¦gri. Les glandes salivaires
peuvent renfermer des corps de N¨¦gri. Assez
montrent la p¨¦rivascularite ¨¤ lymphocytes autour
souvent une p¨¦rinsivrite est mise en ¨¦vidence.
de quelques canaux salivaires.
La rage ¨¤ virus fixe est caract¨¦ris¨¦e par une
Le virus fixe est ¨¤ l¡¯origine g¨¦n¨¦ralement d¡¯une
assez importante infiltration cellulaire de poly-
intense p¨¦rivascularite et infiltration leucocy-
nucl¨¦aires neutrophiles accompagn¨¦s de quel-
taire. La m¨¦ningite c¨¦r¨¦belleuse est tr¨¨s marqu¨¦e,
ques lymphocytes et une p¨¦rivascularite, prin-
elle s¡¯¨¦tend souvent jusqu¡¯¨¤ la base du cerveau.
cipalement dans les cornes d¡¯Amman, la base
La r¨¦action gliale est notable. Les ganglions
de l¡¯enc¨¦phale et le cortex c¨¦r¨¦bral, alors qu¡¯elle
sensitifs sont faiblement atteints ou normaux,
est faible dans la noelle ¨¦pini¨¨re. La m¨¦ningite
267

c¨¦r¨¦belleuse est accus¨¦e plus particuli¨¨rement
pathiques une infiltration de lymphocytes et de
chez le rat gris ; elle peut s¡¯¨¦tendre ¨¤ la base du
polynucl¨¦aires neutrophiles et ¨¦osinophiles. II
cerveau et ¨¤ la zone occipitale du cortex c¨¦i-¨¦bral.
nous a ¨¦t¨¦ possible d¡¯observer ¨¤ plusieurs repri-
La m¨¦ningite m¨¦dullaire est rare. De nombreuses
SS, soit une infiltration l¨¦g¨¨re, soit la pr¨¦sence
cellules pyramidales sont pycnotiques et en voie
de corps de N¨¦gri dans les ganglions des plexus
de d¨¦g¨¦n¨¦rescence. Les ganglions sensitifs pr¨¦-
myent¨¦riques intestinaux ou gastriques. Bien
sentent une infiltration de polynucl¨¦aires et de
plvs, les cellules ent¨¦ro-chromo-argentaffines de
quelques lymphocytes, une l¨¦g¨¨re satellitose et
Kultschitzky peuvent contenir des corps de N¨¦gri.
quelques nodules de Van Gehuchten et N¨¦lis.
Ces derniers peuvent ¨¦galement se rencontrer
Par ordre d¡¯intensit¨¦ d¨¦croissante, ces l¨¦sions se
dcns le glomus caroticus. La m¨¦dullo-surr¨¦nale
rencontrent dans les ganglions plexiformes, les
est habituellement le si¨¨ge d¡¯infiltrats lympho-
ganglions de Gasser et les ganglions rachidiens.
cytaires ; elle peut receler de nombreux corps
Le syst¨¨me sympathique est int¨¦ressant ¨¤ consi-
de N¨¦gri (fig. 5). Les glandes salivaires sont
d¨¦rer car s¡¯il est parfois normal, le plus souvent
g¨¦n¨¦ralement infiltr¨¦es de lymphocytes aux
il pr¨¦sente une infiltration cellulaire de m¨ºme
zones habituelles.
type que celle des ganglions sensitifs. Elle est
Le virus fixe produit une m¨¦ningite intense du
plus particuli¨¨rement marqu¨¦e au voisinage des
cervelet souvent ¨¦tendue il tout l¡¯enc¨¦phale et
art¨¦rioles et s¡¯observe avec pr¨¦dilection dans les
meme ¨¤ une partie de la moelle, et une p¨¦rivas-
ganglions cervicaux sup¨¦rieurs et avec une
cularite g¨¦n¨¦ralement notable dans tout I¡¯enc¨¦-
moindre fr¨¦quence dans les ganglions stellaires ;
phale et discr¨¨te dans la moelle ¨¦pini¨¨re. L¡¯infil-
on rencontre m¨ºme parfois de petits corps de
tration de lymphocytes et de polynucl¨¦aires est
N¨¦gri. Les ganglions du plexus myent¨¦rique, la
surtout localis¨¦e au bulbe. On ne trouve pas de
m¨¦dullo-surr¨¦nale et les glandes salivaires sont
d¨¦g¨¦n¨¦rescence cellulaire du type virus fixe.
normaux. La p¨¦rin¨¦vrife est assez rare.
Les ganglions sensitifs sont le si¨¨ge d¡¯une infil-
tration de lymphocytes, polynucl¨¦aires neutro-
Il0 La rage du rat de Gambie ou Kantchioulis
philes et ¨¦osinophiles g¨¦n¨¦ralement assez mar-
(Cricetamys gambianus)
qu¨¦e, mais plus faible pour les ganglions rachi-
diens et de Gasser que pour les ganglions plexi-
Nous avons inocul¨¦ 6 animaux par voie sous-
formes. La neuronophagie est toujours discr¨¨te.
cutan¨¦e avec le virus des rues et 6 autres avec
Les ganglions sympathiques sont fr¨¦quemment
le virus fixe.
normaux, mais une l¨¦g¨¨re infiltration cellulaire
Le virus des rues n¡¯est responsable que d¡¯une
de m¨ºme type que pour les ganglions sensitifs
inflammation tr¨¨s mod¨¦r¨¦e de l¡¯enc¨¦phale et
peut s¡¯observer dans les ganglions cervicaux
l¨¦g¨¨re de la moelle ¨¦pini¨¨re ¨¤ ses divers etages,
sup¨¦rieurs, et avec une fr¨¦quence moindre dans
sous forme de p¨¦rivascularite et d¡¯infiltration
le ganglion stellaire. La m¨¦dullo-surr¨¦nale, les
de lymphocytes avec de rares polynuclriaires.
ganglions du plexus myent¨¦rique intestinal et les
Les corps de N¨¦gri sont le plus souvent abon-
glandes salivaires sont normaux.
dants tant dans les cornes d¡¯Amman que dans
le reste de l¡¯enc¨¦phale et le cervelet ; ils sont
120 La rage de l¡¯¨¦cureuil fouisseur
rares dans la moelle ¨¦pini¨¨re ; toutefois, ils
ou rat palmiste (Euxerus eryfhropus)
peuvent manquer totalement. Les ganglions ner-
veux sensitifs sont habituellement le si¨¨ge d¡¯une
Nous n¡¯avons ¨¦tudi¨¦ que quatre sujets infect¨¦s
infiltration cellulaire de lymphocytes, polynu-
avec deux virus des rues tr¨¨s n¨¦grig¨¨nes.
cl¨¦aires neutrophiles et de quelques polynucl¨¦-
Le virus des rues ne produit qu¡¯une IPg¨¨re
aires ¨¦osinophiles. Les corps de N¨¦gri sont
m¨¦ningite de la base du cerveau, une discr¨¨te
nombreux dans les zones non infiltr¨¦es. La neuro-
p¨¦rivascularite de cette m¨ºme zone, ainsi que
nophagie est rare. Les ganglions sympatyiques
du bulbe et, dans un cas, de la moelle ¨¦pini¨¨re.
pr¨¦sentent la m¨ºme infiltration cellulaire ctue les
L¡¯infiltration lymphocytaire se rencontre dans
ganglions sensitifs, mais ils sont plus riches en
la moelle, les nodules de Bab¨¨s y sont peu fr¨¦-
corps de N¨¦gri. On note aussi bien ¨¤ la p¨¦riph¨¦-
quents. Les corps de N¨¦gri, par contre, sont
rie des nerfs et des ganglions sensitifs ou sym-
extr¨ºmement abondants dans les cornes d¡¯Am-

Fig. 5. - M¨¦dullo-surr¨¦nale du rat de Gambie : Pr¨¦sence de nombreux
corps de N¨¦gri cytoplasmiques (Rage ¨¤ virus des rues Seilers : X 1.000).
Fig. 6. - Ganglion rachidien d¡¯une souris : les cellules inf!ammatoires qui
infilfrent le fissu nerveux ef constifuenf les nodules de Van Gehuchfen et Nelis sont
essentiellement des polynucl¨¦aires neutrophiles (Virus de la rage des rues ; h¨¦ma-
t¨¦ine-¨¦osine
; X 800).
2 6 9

Fig. 7. - Ganglion du plexus myent¨¦rique de l¡¯intestin gr¨ºle d¡¯une souris.
Noter quatre corps de N¨¦g:i dans une cellule (Virus de la rage des rues ;
Wlet-s apr¨¨s fixation ¨¤ I¡¯alccol ¨¤ 800, x 800.)
mon et tr¨¨s nombreux dans le reste de I¡¯enc¨¦-
e¡± ¨¦galement dans le reste du cerveau et quel-
phale et le cervelet ; ils sont rares dans le bulbe
quefois le cervelet, (ils sont rares dans les neu-
et la moelle ¨¦pini¨¨re. L¡¯infiltration lymphocy-
rones m¨¦dullaires) ; soit une inflammation mar-
taire et de polynucl¨¦aires est discr¨¨te dans les
qu¨¦e s¡¯accompagnant d¡¯un nombre r¨¦duit de
ganglionsnerveuxtantsensitifsquesympathiques;
corps de N¨¦gri. L¡¯inflammation consiste en une
par contre, les corps de N¨¦gri sont d¡¯une rare
leg¨¨re p¨¦rivascularite, une infiltration de lym-
fr¨¦quence dans tous ces ganglions. La m¨¦dullo-
p:iocytes avec quelques polynucl¨¦aires, une r¨¦ac-
surr¨¦nale pr¨¦sente des foyers de lymphocytes
tion gliale et dans la moelle ¨¦pini¨¨re parfois une
et de rares corps de N¨¦gri. On retrouve ceux-ci
¨¦pendymite. La m¨¦ningite est g¨¦n¨¦ralement tr¨¨s
dans les cellules du plexus myent¨¦rique intes-
discr¨¨te lorsqu¡¯elle existe, m¨ºme au niveau du
tinal. Dans les glandes salivaires, l¡¯infiltration
cervelet. Dans les ganglions sensitifs, I¡¯infiltra-
lymphocytaire autour des canaux excr¨¦teurs
tion de lymphocytes et de polynucl¨¦aires neutro-
est discr¨¨te et pr¨¦sente dans deux cas seulement.
philes (fig. 6) et ¨¦osinophiles est discr¨¨te et par-
fois absente, principalement au niveau des gan-
130 La rage de la souris
glions de Gasser ; les corps de N¨¦gri sont rares
et s¡¯observent plut?t dans les ganglions rachi-
Nous avons inocul¨¦ des souris blanches et des
diens. Les ganglions sympathiques ne sont que
souris grises. Les r¨¦sultats sont identiques chez
peu infiltr¨¦s, mais les corps de N¨¦gri s¡¯y ren-
les deux types d¡¯animaux. Nous avons examin¨¦
contrelit d¡¯une mani¨¨re non exceptionnelle. La
12 souris blanches et 6 souris grises inoculties par
p¨¦rin¨¦vrite est mod¨¦r¨¦e, rnais assez fr¨¦quente.
voie sous-cutan¨¦e avec diverses souches de virus
De m¨ºme, on peut d¨¦celer des corps de N¨¦gri
des rues et 18 souris blanches inocul¨¦es par voie
dans les ganglions du plexus myent¨¦rique intes-
intrac¨¦r¨¦brale avec le virus fixe.
/ tinal. L¡¯infiltration lymphocytaire des surr¨¦nales
Le virus des rues, selon les souches, produit :
est exceptionnelle. Les glandes salivaires sont
soit une inflammation mod¨¦r¨¦e et de tr¨¨s nom-
de temps en temps infiltr¨¦es de lymphocytes. II
breux corps de N¨¦gri dans les cornes d¡¯Amman,
l
/
1convient encore de signaler que l¡¯infiltration
2 7 0

cellulaire, aussi bien dans l¡¯enc¨¦phale que dans
N¨¦gri de m¨ºme que quelques cellules ent¨¦ro-
les ganglions nerveux, offre une particularit¨¦ :
chromo-argentaffines. La m¨¦dullo-surr¨¦nalen¡¯est
un certain nombre de leucocytes ont subi la
pas infiltr¨¦e mais renferme quelques corps de
d¨¦g¨¦n¨¦rescence avec pycnose nucl¨¦aire ou cary-
N¨¦gri. Nous avons omis d¡¯examiner les glandes
orrhexis.
salivaires, ce qui est regrettable en raison de
Le virus fixe du lapin produit chez la souris,
leurs particularit¨¦s histologiques (pr¨¦sence d¡¯?lots
lors des premiers passages, une m¨¦ningite plus
de cellules avec des noyaux g¨¦ants apparem-
marqu¨¦e au niveau du cervelet qu¡¯au niveau de
ment polyplo?des).
l¡¯enc¨¦phale avec une p¨¦rivascularite et une
Le virus fixe enfin ne produit qu¡¯une inflam-
infiltration de lymphocytes et polynucl¨¦aires
mation discr¨¨te tant de l¡¯enc¨¦phale et de la
mod¨¦r¨¦es. Apr¨¨s le cinqui¨¨me passage sur sou-
moelle que des divers ganglions nerveux et
ris, la m¨¦ningite diminue d¡¯intensit¨¦ pour dis-
m¨ºme du glomus caroticus. Elle se manifeste
para?tre le plus souvent vers le 10e passage,
par une ¨¦bauche de p¨¦rivascularite et une dis-
tandis que les autres l¨¦sions inflammatoires aug-
cr¨¨te infiltration lymphocytaire. Contrairement
mentent. Dans les cornes d¡¯Amman, on rencon-
¨¤ ce qui se passe chez les autres esp¨¨ces animales
tre environ 2 fois sur 5 en moyenne, des l¨¦sions
examin¨¦es, on rel¨¨ve la pr¨¦sence de quelques
nucl¨¦aires de m¨ºme nature que celles que pro-
corps de N¨¦gri tant dans les cornes d¡¯Amman
duit le virus fixe chez le lapin, mais elles ne sont
que dans l¡¯enc¨¦phale et, dans deux observations,
nombreuses qu¡¯aux mois de mai et juin. Les gan-
dans les divers ganglions nerveux. Une fois,
glions sensitifs sont habituellement l¨¦g¨¨rement
la m¨¦dullo-surr¨¦nale ¨¦tait l¨¦g¨¨rement infiltr¨¦e
infiltr¨¦s de quelques polynucl¨¦aires et lympho-
de lymphocytes.
cytes, la satellitose est discr¨¨te, mais la neuro-
nophagie est rare ainsi que l¡¯infiltration leuco-
III. - CONCLUSIONS
cytaire des ganglions sympathiques. Les surr¨¦-
HISTOPATHOLOGIQUES
nales et les glandes salivaires sont normales.
L¡¯¨¦tude des l¨¦sions qui viennent d¡¯¨ºtre pass¨¦es
140 La rage du h¨¦risson
en revue appelle quelques commentaires concer-
nant leurs particularit¨¦s en fonction de l¡¯esp¨¨ce
Nous avons inocul¨¦ deux h¨¦rissons avec deux
animale et du virus responsable. Les caract¨¨res
souches de virus des rues et trois avec le virus
propres ¨¤ chaque esp¨¨ce permettront alors de
fixe.
pr¨¦ciser les relations de I¡¯histopathologie et de
Le virus des rues, dans un cas, n¡¯a produit
la clinique.
comme seule l¨¦sion qu¡¯une discr¨¨te infiltration
Lorsque l¡¯on compare I¡¯histopathologie de la
des ganglions sensitifs, du glomus caroticus et
rage ¨¤ virus fixe ¨¤ celle de la rage ¨¤ virus des rues,
l¡¯apparition de quelques corps de N¨¦gri dans
l¡¯on est frapp¨¦, quelle que soit l¡¯esp¨¨ce animale,
ceux-ci aussi bien que dans les ganglions sym-
par l¡¯intensit¨¦ plus grande des ph¨¦nom¨¨nes
pathiques. Dans l¡¯autre cas, l¡¯inflammation tr¨¨s
inflammatoires que provoque le virus fixe. Elle
discr¨¨te de tout le syst¨¨me nerveux sous forme
se manifeste principalement par la m¨¦ningite et
d¡¯une ¨¦bauche de p¨¦rivascularite et d¡¯infiltra-
la p¨¦rivascularite du syst¨¨me nerveux central.
tion cellulaire de la base du cerveau et de la
En revanche, l¡¯atteinte du syst¨¨me sympathique
moelle ¨¦pini¨¨re s¡¯accompagne de la formation
par ce virus est r¨¦duite ou absente. Elle est
d¡¯un nombre consid¨¦rable de corps de N¨¦gri
r¨¦duite lorsque le virus des rues affecte fortement
dans les cornes d¡¯Amman, mais ¨¦galement dans
le syst¨¨me sympathique ; elle est absente lors-
tout le reste du syst¨¨me nerveux central. Si les
qu¡¯il n¡¯est que faiblement int¨¦ress¨¦. Cette notion
ganglions plexiformes et de Gasser sont I¨¦g¨¨re-
appelle n¨¦anmoins une r¨¦serve. Est-ce bien le
ment infiltr¨¦s de quelques polynucl¨¦aires, les
virus qui produit cette diff¨¦rence, ou bien est-ce
ganglions rachidiens et les ganglions sympathi-
le mode d¡¯introduction diff¨¦rent qui en est la
ques ne le sont pas. Mais tous ces ganglions rec¨¨-
cause ? Pour tenter de r¨¦soudre cette question,
lent de nombreux corps de N¨¦gri. La neurono-
nous avons inocul¨¦ de jeunes animaux avec le
phagie est tr¨¨s discr¨¨te. Les ganglions du plexus
virus fixe par voie p¨¦riph¨¦rique et le virus des
myent¨¦rique intestinal renferment des corps de
rues par voie intrac¨¦r¨¦brale ou sous-occipitale,
271

Les jeunes animaux sont en effet tr¨¨s sensibles
rats palmistes et des h¨¦rissons, o¨´ l¡¯infiltration
au virus fixe (souche de l¡¯Institut Pasteur de
cellulaire est ¨¤ peine perceptible sont particu-
Dakar ou souche de l¡¯Institut Pasteur de Paris)
IiPrement riches en corps de N¨¦gri volumineux ;
inocul¨¦ tant par voie intramusculaire que sous-
chez le chat, il n¡¯y en a que relativement peu
cutan¨¦e, intradermique, intrap¨¦riton¨¦aleou intra-
en regard d¡¯une infiltration lymphocytaire tr¨¨s
veineuse (5). II est apparu que le virus fixe
mod¨¦r¨¦e ; chez le chien, ils sont rares alors que
inocul¨¦ par voie p¨¦riph¨¦rique produit des l¨¦sions
l¡¯inflammation est accus¨¦e. Bien plus, dans un
moins intenses de tout le cerveau notamrnent la
m¨ºme ganglion nerveux, des corps de N¨¦gri
m¨¦ningite, alors que l¡¯inflammation m¨¦?ullaire
si¨¨geront dans les cellules ¨¦loign¨¦es des zones
reste accus¨¦e. De m¨ºme, le virus des rues inject¨¦
d¡¯infiltration leucocytaire.
par voie intrac¨¦r¨¦brale ou sous-occipitale pro-
L¡¯¨¦tude histochimique montre que I¡¯¨¦labora-
duit une plus grande inflammation m¨¦ning¨¦e et
tion des corps de N¨¦gri entra?ne une l¨¦g¨¨re
¨¦ventuellement de la base du cerveau. II s¡¯agit
consommation des phosphatases alcalines par
apparemment de l¡¯action d¡¯une forte dose de
la cellule ainsi qu¡¯une perte d¡¯acide ribonucl¨¦i-
virus directement plac¨¦ au contact du syst¨¨me
que. L¡¯inflammation trouble la circulation et vicie
nerveux central. Cependant malgr¨¦ ce rectifi-
le m¨¦tabolisme cellulaire d¡¯o¨´ disparition de
catif, le virus fixe produit une plus forte inflam-
cette v¨¦ritable r¨¦action de d¨¦fense. II s¡¯agir bien
mation nerveuse que le virus des rues.
ici de d¨¦fense, car l¡¯on comprendrait mal que
II existe ¨¦galement une relation entre 1~3. viru-
des cellules telles les cellules nerveuses des gan-
lence et l¡¯inflammation. Plus le titre du virus est
glions sympathiques du h¨¦risson, puisse ¨¦laborer
¨¦lev¨¦ et plus les ph¨¦nom¨¨nes inflammatoires
plus d¡¯une vingtaine de corps de N¨¦gri, avec un
(p¨¦rivascularite et infiItrationleucocytaire)seront
noyau parfaitement normal en apparence, si
importants. On peut le contr?ler ais¨¦ment avec
elle ¨¦tait d¨¦g¨¦n¨¦r¨¦e. La d¨¦g¨¦n¨¦rescence ne s¡¯ac-
le virus fixe du lapin pass¨¦ en s¨¦rie chez la
compagnerait que de la formation de rares
souris.
corps cle N¨¦gri et le noyau cellulaire montrerait
On doit encore tenir compte dans I¡¯intewit¨¦ de
des signes de souffrance, ce qui n¡¯est pas. Toute-
l¡¯inflammation de la p¨¦riode de l¡¯ann¨¦e et de
fo s la cellule qui renferme de nombreux¡¯ corps
l¡¯?ge du sujet. Les ph¨¦nom¨¨nes inflammatoires
de N¨¦gri n¡¯a plus un m¨¦tabolisme normal (ses
sont plus marqu¨¦s vers les mois de d¨¦cembre,
r¨¦serves en ribonucl¨¦oprot¨¦ines sont ¨¦puis¨¦es)
janvier et f¨¦vrier que dans le reste de l¡¯ann¨¦e ;
et l¡¯on verra l¡¯importance clinique de ce fait.
ils le sont ¨¦galement chez le jeune par rapport
Si nous avons insist¨¦ sur l¡¯opposition de la
au vieux, mais ici il existe de nombreuses excep-
fo-mation des corps de N¨¦gri et des ph¨¦nom¨¨nes
tions. De m¨ºme les l¨¦sions nucl¨¦aires de type
in.¡®lammatoires,
c¡¯est en raison de l¡¯importance
virus fixe, caract¨¦ristiques chez le lapin, ne se
diagnostique de cette constatation. L¡±¨¦tude des
rencontrent qu¡¯aux mois de mai et juin. C¡¯est
gc.nglions de Gasser a ¨¦t¨¦ recommand¨¦e pour le
d¡¯ailleurs ¨¤ cette ¨¦poque que le titre de virulence
diagnostic histologique de la rage. On doit,
du virus est le plus ¨¦lev¨¦. II en est de m¨ºme chez
selon les animaux, en tirer des renseignements
la souris. Ceci montre la difficult¨¦ d¡¯ideqtifica-
de valeur diff¨¦rente. Chez le chien, la recherche
tion de ce virus ¨¤ certaines p¨¦riodes de l¡¯ann¨¦e.
des corps de N¨¦gri n¡¯a que peu d¡¯int¨¦r¨ºt ; au
On doit rapprocher ces notions des variations
contraire, la pr¨¦sence d¡¯une forte infiltration
tissulaires que produit le climat de la r¨¦gion de
leucocytaire associ¨¦e ¨¤ lu pr¨¦sence de nodules
Dakar (6).
de Van Gehuchten et N¨¦lis assez nombreux,
Si l¡¯on examine I¡¯histopathologie propre au
confirme la rage m¨ºme en l¡¯absence de corps de
virus des rues, on remarque une opposition entre
N¨¦gri, dans les cornes d¡¯Amman. Tout au plus,
la formation des corps de N¨¦gri et les ph¨¦no-
peut-on p¨¦cher par exc¨¨s si l¡¯on tient compte de
m¨¨nes inflammatoires, c¡¯est-¨¤-dire que lec corps
la discr¨¨te infiltration lympho?de et de la tr¨¨s
de N¨¦gri ne sont abondants que lorsque I¡¯inflam-
faible neuronophagie que peut produire la mala-
mation est mod¨¦r¨¦e, Cette notion est d¨¦j¨¤ bien
die de Carr¨¦. Dans ces cas, il convient de conclure
sensible chez le chien, mais elle appara?t encore
¨¤ la suspicion. II ne faudrait pas tenir un sembla-
plus nette dans la pathologie compar¨¦e. En effet,
ble raisonnement pour le chat, chez qui I¡¯inflam-
les ganglions nerveux des rats de C-nmhie, des
mation est toujours discr¨¨te : ici la recherche des
212
.

corps de N¨¦gri s¡¯impose et joue le r?le majeur i chesse en y-qlobulines non sp¨¦cifiques, permet
pour le diagnostic. Ne poss¨¨dant pas suffisam-
de concevo/r?a raison de la rksistance ¨¤ la rage
ment d¡¯observations pour les autres esp¨¨ces,
des chiens ?g¨¦s de plus de 2 ans, comme le
nous n¡¯osons donner des indications certaines ;
montre les statistiques que nous avons publi¨¦es
toutefois chez les rongeurs et le h¨¦risson, la
ant¨¦rieurement (1-2-3).
recherche des corps de N¨¦gri doit fournir plus
Ajoutons ¨¦galement que des affections autres
de renseignements que l¡¯¨¦tude des cornes d¡¯Am-
que les viroses sont susceptibles de produire les
mon. II appara?t ainsi tr¨¨s souhaitable que le
l¨¦sions inflammatoires des ganglions nerveux.
diagnostic histologique de la rage soit bas¨¦ sur
Apr¨¨s gu¨¦rison, elles donnent une r¨¦sistance
l¡¯¨¦tude simultan¨¦e des cornes d¡¯Amman et des
naturelle ¨¤ la rage. C¡¯est le cas de nombreuses
ganglions de Gasser dont le pr¨¦l¨¨vement n¡¯offre
rickettsioses, des trypanosomiases. Ceci permet
aucune difficult¨¦.
de comprendre pourquoi les 4 boucs ?g¨¦s que
On vient de voir que les l¨¦sions inflammatoires
nous avons inocul¨¦s avec une grosse dose de
non sp¨¦cifiques produites par le virus rabique
virus des rues, ont r¨¦sist¨¦ ¨¤ la rage. En effet, leur
varient en fonction de l¡¯esp¨¨ce animale. II s¡¯agit
s¨¦rum agglutinait, comme l¡¯a constat¨¦ GIROUD,
l¨¤ d¡¯un caract¨¨re propre ¨¤ chaque esp¨¨ce, quel
plusieurs esp¨¨ces de rickettsies,
que soit le virus neurotrope en cause. En effet,
L¡¯histopathologie compar¨¦e apporte encore
on retrouve dans chaque esp¨¨ce animale, ¨¤
une notion capitale pour envisager un trairement
l¡¯intensit¨¦ pr¨¨s, les m¨ºme l¨¦sions aux m¨ºmes
de la rage d¨¦clar¨¦e. Si l¡¯on compare, en effet,
endroits, quel que soit le virus neurotrope uti-
les l¨¦sions que produit le virus des rues chez le
lis¨¦. Par exemple, chez le porc, dans la rage
h¨¦risson, le rat de Gambie et le rat palmiste,
comme dans la maladie de Teschen et m¨ºme la
on constate une grande parent¨¦ histopathologi-
peste porcine africaine, des l¨¦sions m¨¦dullaires
que. Or la temp¨¦rature interne de ces animaux
identiques dominent, mais en outre les ganglions
est tr¨¨s diff¨¦rente ; elle varie de 330 C chez le
rachidiens eux aussi sont l¨¦s¨¦s de la m¨ºme ma-
h¨¦risson ¨¤ 360 C chez le rat de Gambie et 370 ¨¤
ni¨¨re. On pourrait ¨¤ loisir multiplier les exem-
380 C chez le rat palmiste. La temp¨¦rature interne
ples. Cette notion est tr¨¨s importante, car elle
ne semble pas avoir beaucoup modifi¨¦ l¡¯intensit¨¦
permet de comprendre la r¨¦sistance naturelle
des l¨¦sions.
des animaux ¨¤ la rage et r¨¦ciproquement ¨¤
Nous avons inocul¨¦ deux jeunes chiens de la
d¡¯autres viroses. Cette conception a fait l¡¯objet
m¨ºme port¨¦e. Chez l¡¯un la rage a ¨¦volu¨¦ nor-
d¡¯un r¨¦cent travail (7). Rappelons simplement,
malement ; chez l¡¯autre, une hibernation a main-
pour le cas du chien, qu¡¯un sujet gu¨¦ri de maladie
tenu la temp¨¦rature interne aux environs de
de Carr¨¦ conserve des s¨¦quelles au niveau des
340 C. La maladie a dur¨¦ 36 heures de plus.
cellules nerveuses que le virus rabique serait
Malheureusement les l¨¦sions ¨¦taient plus accu-
susceptible d¡¯atteindre. D¨¨s lors l¡¯animal est
s¨¦es chez I¡¯hibern¨¦. A quoi donc a servi I¡¯hiber-
r¨¦fractaire ¨¤ l¡¯infection, m¨ºme par une grosse
nation qui permet une survie prolong¨¦e et une
dose de virus. Et pourtant tous les essais d¡¯immu-
autost¨¦rilisation, puisque les l¨¦sions seront si
nisation crois¨¦e avec le virus de Carr¨¦, nous
accus¨¦es que l¡¯organisme ne sera plus viable
ont montr¨¦ l¡¯absence de parent¨¦ entre ces deux
dans les conditions naturelles ?
virus. La r¨¦sistance ne correspond pas ¨¤ une
II ne semble pas que l¡¯on doive gu¨¦rir la rage
immunit¨¦ au sens propre du mot, mais ¨¤ une
naturelle en cherchant ¨¤ produire I¡¯autost¨¦ri-
modification des cellules et de la substance fon-
lisation de l¡¯organisme. Nous avons en effet
damentale qui leur sert d¡¯interm¨¦diaire de m¨¦ta-
not¨¦ une relation ¨¦troite entre le degr¨¦ de viru-
bolisme. Nous ne voulons pas parler de carence
lence des tissus et l¡¯intensit¨¦ des ph¨¦nom¨¨nes
en une substance n¨¦cessaire au virus, car si
inflammatoires. C¡¯est pourquoi nous nous som-
l¡¯animal r¨¦siste par inoculation par voie p¨¦ri-
mes demand¨¦ si les leucocytes n¡¯auraient pas
ph¨¦rique, il peut parfois contracter la rage par
une action destructive directe vis-¨¤-vis du virus
voie intrac¨¦r¨¦brale avec le virus des rues et,
rabique. Pour contr?ler ce point de vue, nous
plus encore, avec le virus fixe qui permet I¡¯injec-
avons mis en incubation ¨¤ l¡¯¨¦tuve ¨¤ 370 C un
tien d¡¯une plus grande quantit¨¦ de virus.
broyat de ganglion lymphatique de bceuf avec
Cette r¨¦sistance, alli¨¦e ¨¤ une plus grande ri-
soit de la salive virulente, soit une ¨¦mulsion de
273

tissu nerveux. Les t¨¦moins ¨¦taient form¨¦s avec
pharynx appelle une mention particuli¨¨re, car
du s¨¦rum physiologique ou avec un broyat cel-
si I¡¯apraxie existe, due ¨¤ la neuronophagie des
lulaire tu¨¦ par cong¨¦lations et d¨¦cong¨¦lations
ganglions de Gasser et plexiformes, elle n¡¯est
r¨¦p¨¦t¨¦es. II n¡¯a pas ¨¦t¨¦ possible de noter la
pas toujours seule en cause. En effet, l¡¯animal
moindre action neutralisante de la suspension
peut fort bien ne plus manger, non par apraxie,
de lymphocytes. II est donc probable ou que I¡¯in-
mais parce que la sensation de faim a disparu.
filtration lymphocytaire agit conjointement avec
C¡¯est ici le trouble du syst¨¨me sympathique qui
la r¨¦action gliale, ou que cette infiltration n¡¯est
est en cause, notamment au niveau des ganglions
que le t¨¦moin du ph¨¦nom¨¨ne.
stellaires et ¨¦ventuellement du plexus myent¨¦-
Avant d¡¯en terminer avec I¡¯histopathologie,
rique gastro-intestinal. Nous avons, en effet,
rappelons que les virus en g¨¦n¨¦ral produisent
observ¨¦ ¨¤ plusieurs reprises, notamment dans
dans les cellules les modifications suivantes :
un cas extr¨ºme, un chien qui n¡¯avait pas mang¨¦
d¨¦g¨¦n¨¦rescence particuli¨¨re, formation d¡¯inclu-
depuis quatre jours et dont l¡¯estomac renfermait
sions cellulaires et formation de plasmodes. Le
son dernier repas non dig¨¦r¨¦, mais non putr¨¦fi¨¦
virus rabique lui aussi engendre ces transfor-
en raison du pH tr¨¨s acide qui avait persist¨¦. II
mations. Les plasmodes sont rares et g¨¦n¨¦rale-
sernble que le syndrome gastro-intestinal soit
ment difficiles ¨¤ observer, mais nous en avons
sous la d¨¦pendance lui aussi des l¨¦sions du sys-
identifi¨¦s avec certitude dans les ganglions ra-
t¨¨me sympathique.
chidiens, notamment chez la souris.
L¡¯observation suivante illustre d¡¯une mani¨¨re
Nous avons ant¨¦rieurement (l-2-3) signal¨¦ la
particuli¨¨rement nette les relations de la cli-
pr¨¦sence d¡¯inclusions cellulaires cytoplasmiques
nique et de I¡¯histopathologie. Nous avons ino-
dans l¡¯¨¦pith¨¦lium amygdalien de chiens enrag¨¦s.
cul¨¦, par voie sous-occipitale, un chien ?g¨¦ avec
A la suite des nouvelles observations qui sont
le virus des rues. Aucun signe clinique n¡¯appa-
rapport¨¦es ci-dessus, nous pensons qu¡¯il s¡¯agit
ra?t. L¡¯¨¦tude histologique du syst¨¨me nerveux de
d¡¯inclusions dues ¨¤ un virus associ¨¦ comme le
cet animal, abattu apr¨¨s un mois et demi sans
virus de la rhino-amygdalite contagieuse du
qu¡¯il ait manifest¨¦ le moindre trouble, r¨¦v¨¨le
chien, car nous ne les avons pas retrouv¨¦s chez
la pr¨¦sence d¡¯une p¨¦rivascularite accus¨¦e de tout
d¡¯autres esp¨¨ces animales.
l¡¯enc¨¦phale et mod¨¦r¨¦e de la moelle ¨¦pini¨¨re,
ainsi que des corps de Negri dans les cornes
IV. - RELATIONS DE L¡¯HISTOPATHOLOGIE
d¡¯Amman. Par contre, tous les ganglions ner-
ET DE LA SYMPTOMATOLOGIE
veux sensitifs et sympathiques ¨¦taient normaux.
Cette observation, si elle permet de confirmer
Nous avons ant¨¦rieurement (l-2-3) d¨¦crit les
les raisons de la r¨¦sistance du chien ¨¤ la rage (7)
caract¨¨res de la rage canine et insist¨¦ sur la
montre ¨¦galement que les signes cliniques sont
nature de la pseudoparalysie qui n¡¯est, en rcialit¨¦,
bien SOIJS la d¨¦pendance de l¡¯atteinte ganglion-
qu¡¯une apraxie. Les pr¨¦sentes observations con-
naire. Ce chien, dont le syst¨¨me nerveux ¨¦tait
firment ce point de vue et permettent de prhciser
virulent, constituait un porteur sain dont Andral
le lien qui unit le signe clinique et la l¨¦sion. En
et S¨¦ri¨¦ (8) a d¨¦j¨¤ montr¨¦ l¡¯existence.
effet, tant que les ganglions rachidiens sont sim-
Chez le chat, on observe au contraire, et sur-
plement infiltr¨¦s de leucocytes, il n¡¯y a aucun
tout chez le jeune chat, un syndrome c¨¦r¨¦belleux
signe clinique ou, tout au plus, une l¨¦g¨¨re fai-
vrai d? ¨¤ la m¨¦ningite c¨¦r¨¦belleuse et parfois ¨¤
blesse des membres. Au contraire, d¨¨s que la
une d¨¦g¨¦n¨¦rescence vraie tr¨¨s nette des cellules
neuronophagie s¡¯installe, I¡¯apraxie appara?t et
de PIJrkinje. Elle se traduit par I¡¯hypotonie mus-
son intensit¨¦ correspond au nombres de nodules
culaire ou l¡¯asth¨¦nie. On peut ais¨¦ment recon-
de Van Gehuchten. II s¡¯agit bien d¡¯une apraxie,
na?tre l¡¯ataxie et m¨ºme le tremblement au mo-
car l¡¯animal couch¨¦ ne peut se porter sur ses
ment de la contraction musc.ulaire. L¡¯apraxie se
membres, mais il est capable de les agiter m¨ºme
rercontre tr¨¨s nette lorsquel¡¯animal veut manger,
violemment. Lors de l¡¯autopsie de l¡¯animal abattu
mais ne sait plus. Elle s¡¯observe bien aux stades
en p¨¦riode agonique, le pincement des nerfs
de d¨¦but. Elle est due, comme chez le chien, aux
sciatiques produit la contraction des muscles cor-
l¨¦sions des ganglions de Gasser et plexiformes.
respondants. La paralysie des m?choires et du
Les l¨¦sions du syst¨¨me de la vie de relation se
214
t

traduisent par de la mydriase lors de l¡¯infection
nerveux et non de la moelle. L¡¯atteinte de deux
par le virus des rues, alors que le syst¨¨me sym-
ganglions homologues peut ¨ºtre d¡¯intensit¨¦ dif-
pathique non l¨¦s¨¦ pendant l¡¯infection par le virus
f¨¦rente, mais cette faible variation ne se traduit
fixe n¡¯entra?ne pas ce trouble visuel.
pas cliniquement avant la mort.
Quant ¨¤ l¡¯agressivit¨¦ chez les carnivores, elle
Mentionnons encore que, chez le chien affect¨¦
ne se manifeste que lorsque les l¨¦sions de la base
de rage naturelle tu¨¦ dans les premiers stades de
du cerveau et, plus particuli¨¨rement, de la zone
la maladie, les ganglions de Gasser sont plus
supra-optique sont marqu¨¦es mais presque exclu-
l¨¦s¨¦s que les ganglions plexiformes et cervicaux
sives. La m¨¦ningite de la base du cerveau para?t
sup¨¦rieurs, ce qui para?t indiquer la pr¨¦cocit¨¦
jouer un r?le notable ¨¤ ce moment, apparem-
de leur affection et correspond ¨¤ l¡¯apparition,
ment par la compression locale qu¡¯elle provoque.
en g¨¦n¨¦ral pr¨¦coce, des sympt?mes bucco-pha-
L¡¯hypertension du liquide c¨¦phalo-rachidien c¨¦-
ryng¨¦s.
r¨¦bral para?t entra?ner l¡¯agressivit¨¦ par le m¨ºme
Les consid¨¦rations pr¨¦c¨¦dentes s¡¯appliquent
m¨¦canisme.
aux quelques observations que nous avons pu
II convient, ici, d¡¯ouvrir une parenth¨¨se. En
faire chez le cheval, la vache, le bouc et le porc.
effet, nous avons constat¨¦ que l¡¯inoculation exp¨¦-
Nous avons relev¨¦ une v¨¦ritable apraxie de tout
rimentale ne produit que des troubles de type
le syst¨¨me musculaire sans le moindre signe de
paralytique, tandis que la maladie naturelle peut
paralysie vraie ou d¡¯agressivit¨¦.
entra?ner une agressivit¨¦ g¨¦n¨¦ralement transi-
Au contraire, chez certains rongeurs, rat blanc
toire et fugace. Cette agressivit¨¦ n¡¯appara?t pra-
et souris blanche, on trouve une paralysie effec-
tiquement jamais lors d¡¯injection intrac¨¦r¨¦brale
tive. Elle est sous la d¨¦pendance d¡¯une v¨¦ritable
de virus des rues. Cependant, nous avons pu la
my¨¦lite, alors que les ganglions rachidiens ne
d¨¦terminer avec des doses particuli¨¨rement fai-
sont que peu l¨¦s¨¦s et surtout ne renferment que
bles de virus. Tout se passe comme si I¡¯envahis-
de rares images de neuronophagie.Cesanimaux,
sement rapide du syst¨¨me nerveux par le virus
dont les ganglions de Gasser sont normaux, ou
rabique, entra?nant la formation de l¨¦sions pr¨¦-
¨¤ peine infiltr¨¦s, n¡¯ont aucune paralysie du
coces g¨¦n¨¦ralis¨¦es des ganglions nerveux, emp¨º-
pharynx. Ils mangent jusqu¡¯¨¤ l¡¯extr¨ºme limite.
chait l¡¯ext¨¦riorisation de l¡¯agressivit¨¦ ; au con-
Chez le lapin, au contraire des rats et souris,
traire, une dose faible, surtout si elle suit la
les signes cliniques sont sous la d¨¦pendance
voie p¨¦riph¨¦rique, produit d¡¯abord la multipli-
simultan¨¦e de l¡¯atteinte des ganglions rachidiens
cation locale du virus responsable de ces trou-
(apraxie) et du cervelet (ataxie, asth¨¦nie accu-
bles. Rappelons ¨¤ ce sujet qu¡¯¨¤ la suite de I¡¯injec-
s¨¦e).
tion intrac¨¦r¨¦brale d¡¯une dose infime d¡¯un colo-
Chez le rat de Gambie et le rat palmiste, les
rant on constate sa diss¨¦mination par le liquide
sympt?mes sont tr¨¨s discrets. Les animaux sont
c¨¦phalo-rachidien jusqu¡¯au bout de la moelle en
agit¨¦s, hyperesth¨¦si¨¦s, perdent le sommeil et
une dizaine de minutes, ainsi que nous l¡¯avons
cessent de manger ; puis se manifeste une fai-
constat¨¦ ¨¤ maintes reprises. L¡¯injection intra-
blesse du train post¨¦rieur. Parmi ces sympt?mes,
c¨¦r¨¦brale aboutit ¨¤ l¡¯inondation quasi-instanta-
on peut rattacher la perte de l¡¯app¨¦tit aux trou-
n¨¦e de tout le syst¨¨me c¨¦r¨¦bro-spinal.
bles gastriques sous la d¨¦pendance de l¡¯atteinte
S¡¯il a ¨¦t¨¦ possible, chez les carnivores, de
du syst¨¨me sympathique. La faiblesse des mem-
rattacher les l¨¦sions que nous venons de mention-
bres peut traduire l¡¯asth¨¦nie d¡¯un syndrome c¨¦r¨¦-
ner, aux sympt?mes, nous n¡¯avons pu trouver
belleux, mais aussi l¡¯insuffisance fonctionnelle
un lien ¨¤ la variation de certaines l¨¦sions m¨¦dul-
de cellules particuli¨¨rement riches en corps de
laires. En effet, surtout chez le chat, mais ¨¦gale-
N¨¦gri.
ment chez le chien, l¡¯intensit¨¦ de la p¨¦rivascu-
Chez le h¨¦risson, le m¨ºme probl¨¨me se pose.
larik et de la r¨¦action gliale varie selon les
En dehors de l¡¯arr¨ºt de la nutrition, l¡¯animal
sections. II existe des foyersinflammatoires r¨¦par-
manifeste exclusivement de l¡¯agitation, la perte
tis tout au long de lamoelle¨¦pini¨¨re. Ils ne parais-
du sommeil, la suppression fr¨¦quente du r¨¦flexe
sent pas correspondre ¨¤ une localisation p¨¦riph¨¦-
de ? mise en boule ? lors du toucher. L¡¯asth¨¦nie
rique de troubles nerveux. La liaison du symp-
et les troubles de la marche ne s¡¯observent que
t?me et de la l¨¦sion se fait au niveau des ganglions
dans les stades ultimes de la maladie. Dans ces
215
.

conditions, il est difficile de rattacher les symp-
d¡¯¨¦volution de la rage qui plaide en faveur de
;
t?mes aux l¨¦sions, Notons n¨¦anmoins que le
cette conception.
h¨¦risson, dont tout le syst¨¨me nerveux central
Disons, d¨¨s ¨¤ pr¨¦sent, que le rat de Gambie
¨¦tait histologiquement normal, est mort sans
s¡¯est r¨¦v¨¦l¨¦ plus sensible a la rage des rues que
.-
avoir pr¨¦sent¨¦ d¡¯autre trouble qu¡¯une dispari-
la souris, par voie sous-cutan¨¦e. A dose propor-
tion du sommeil et tardivement de l¡¯app¨¦tit.
tionnelle ¨¦quivalente mais faible de virus, le rat
On arrive ainsi naturellement ¨¤ se poser une
de Gambie adulte contracte la rage alors que Ja
question importante, bien que non encore r¨¦so-
souris blanche adulte r¨¦siste. En outre, lors
lue : quelle est la cause derni¨¨re de la mort
c¡¯inoculation simultan¨¦e avec le m¨ºme virus des
dans la rage ? Nous mettons ¨¤ part les circons-
rues de rats palmistes et de rats de Gambie de
tances accidentelles telles que la mort par bron-
m¨ºme ?ge approximatif, par voie intrac¨¦r¨¦brale
cho-pneumonie gangr¨¦neuse de fausse d¨¦gluti-
et sous-cutan¨¦e, on constate l¡¯¨¦volution et la
_
tion, au cours d¡¯une crise d¡¯¨¦pilepsie, etc. . En
mort dans un d¨¦lai analogue. Par contre, I¡¯injec-
effet, des animaux dont le syst¨¨me nerveux cen-
tion intramusculaire produit une ¨¦volution plus
tral est normal meurent de rage ; de m¨ºme chez
pr¨¦coce alors qu¡¯elle est retard¨¦e lors d¡¯injection
+
les h¨¦rissons comme chez les rats palmistes et
intradermique. Ces anomalies paraissent s¡¯ex-
les rats de Gambie, l¡¯inflammation est tr¨¨s dis-
pliquer par l¡¯atteinte primitive du syst¨¨me sym-
cr¨¨te et la pr¨¦sence de corps de N¨¦gri dans les
pathique comme le laissait pr¨¦voir I¡¯histopatho-
cellules diminue simplement leur fonctionne-
logie. Le virus inject¨¦ dans les muscles de la
ment ; bien plus, lors de rage ¨¤ virus fixe, ils
goutti¨¨re vert¨¦brale parvient plus vite aux gan-
n¡¯existent pas et la mort est pratiquement in¨¦luc-
glions stellaires proches que le virus inject¨¦ par
table. Doit-on parler comme certains de toxine
voie intrac¨¦r¨¦brale. Ce dernier a un plus long
rabique (9) ? II ne le semble pas. La d¨¦nutrition
trajet ¨¤ faire pour atteindre l¡¯un quelconque des
joue-t-elle un r?le, puisque l¡¯animal enrag¨¦ ne
ganglions sympathiques, m¨ºme en tenant compte
mange plus et n¡¯est plus capable de dig¨¦rer dans
de la rapide dispersion du virus dans tout le
la plupart des cas ? Ceci d¡¯autant plus que la
liquide c¨¦phalo-rachidien. Ces diff¨¦rences ne
rage consomptive ne s¡¯accompagne souvent
s¡¯expliquent pas si l¡¯on fait appel uniquement ¨¤
d¡¯aucune l¨¦sion histologiquement d¨¦celable en
la diffusion par le syst¨¨me lymphatique et le
dehors de la d¨¦g¨¦n¨¦rescence de quelques cel-
sang. D¡¯ailleurs les observations de BOECKER et
i
lules de l¡¯enc¨¦phale.
KRAUSE sont criticables en ce que la dose de
virus inocul¨¦e est ¨¦norme par rapport ¨¤ celle
V . - INCIDENCES SUR LA PATHOG?NIE de l¡¯infection naturelle. La dilution du virus par
a
DE LA RAGE
le cheminement lymphatique, puis sanguin, per-
met-elle dans ces conditions l¡¯infection du sys-
II a ¨¦t¨¦ admis pendant longtemps que le virus
t¨¦me nerveux ?
gagne le syst¨¨me nerveux central par le chemi-
D¨¨s lors, se trouve naturellement expliqu¨¦e la
nement danx les cylindraxes des nerfs. R¨¦cem-
modification du virus par passage sur des esp¨¨-
ment BOECKER et KRAUSE (10) ont montr¨¦
ces diff¨¦rentes. Le tropisme du virus pour le
chez la souris le r?le du syst¨¨me lymphatique des
s:jst¨¨me sympathique acquis apr¨¨s quelques pas-
nerfs, Nous avons insist¨¦ ci-dessus sur l¡¯atteinte
sages sur le h¨¦risson, par exemple, apportera
du syst¨¨me lymphatique nerveux. La l¨¦sion du
un retard ¨¤ l¡¯¨¦volution normale de la rage chez
r¨¦seau lymphatique est manifeste en g¨¦n¨¦ral
le cobaye ou la souris. II semble que l¡¯on doive
chez les carnivores, les ¨¦quid¨¦s, suid¨¦s, rumi-
de m¨ºme rechercher ¨¤ l¡¯aide de I¡¯histopathologie
nants, lapins, etc.. . mais elle est ¨¤ peine ¨¦bau-
le tropisme particulier du virus rabique chez la
ch¨¦e chez le rat de Gambie, le rat palmiste et
chauve-souris.
le h¨¦risson. Chez ces derniers animaux, I¡¯affec-
L¡¯histopathologie fait de m¨ºme ressortir la
tion du syst¨¨me sympathique para?t dominer la
diff¨¦rence de comportement du virus fixe par
sc¨¨ne. Faut-il donc admettre un transport diff¨¦-
rapport au virus desrues. L.evirus des ruesaffecte
rent du virus chez eux ? En ce qui concerne le
plus ou moins intens¨¦ment le syst¨¨me sympa-
virus des rues, nous avons effectivement not¨¦
thique, alors que le virus fixe ne le l¨¨se prati-
des variations dans la dur¨¦e d¡¯incubation et
quement pas et lorsque ce fait se produit, c¡¯est
216
t

assez tardivement. Les passages par voie intra-
se sont constitu¨¦es en 48 heures, alors que fe
c¨¦r¨¦brale ont modifi¨¦ le tropisme du virus chez
virus ¨¦tait pr¨¦sent dans le syst¨¨me nerveux au
le lapin, mais que l¡¯on passe le virus fixe chez la
moment de l¡¯injection d¨¦cha?nante. Son titre ¨¦tait
¡°.
souris et son comportementse trouvetransform¨¦ ;
tr¨¨s faible, car habituellement on ne peut le
il reprend une grande virulence par voie p¨¦ri-
mettre en ¨¦vidence par passage sur souris.
ph¨¦rique. Notons toutefois que le virus rabique
L¡¯histopathologie classique ne permet pas de
I
fixe tue normalement les souris dans une notable
pr¨¦ciser sous quelle forme le virus se trouve dans
proportion par toutes les voies p¨¦riph¨¦riques
la rage latente, mais on doit rapprocher ces
m¨ºme les voies intradermique, intrac¨¦r¨¦brale et
observations de celles de la r¨¦sistance naturelle
intrap¨¦riton¨¦ale. Ce m¨ºme virus tue le lapin
¨¤ la rage. Le virus para?t se trouver dans la
d¨¦j¨¤ partiellement immunis¨¦ par voie sous-cuta-
substance fondamentale p¨¦ricellulaire, c¡¯est ce
n¨¦e. Le fait de passer le virus fixe du lapin par
que fait supposer le r?le d¡¯une agression quelle
le cerveau du chien suffit ¨¤ accentuer chez la
qu¡¯elle soit (1). En effet, au cours des agressions,
souris les caract¨¨res de la d¨¦g¨¦n¨¦rescence nu-
il y a excr¨¦tion de corticost¨¦ro?des et d¨¦polym¨¦-
s
cl¨¦aire dits de ?type virus fixe ?. Tout ceci
risation de la substance fondamentale, d¡¯o¨´ sup-
montre bien, comme l¡¯a si justement soulign¨¦
pression de la barri¨¨re au virus rabique, comme
encore r¨¦cemment RAMON (Il), que le virus est
nous l¡¯avons mis en ¨¦vidence (7). Toutefois chez
susceptible de modifier ses caract¨¨res. II semble
un certain nombre de sujets, le virus est d¨¦truit
que le tropisme pour une partie ou l¡¯autre du
par l¡¯organisme avant que ces conditions de
syst¨¨me nerveux joue un grand r?le dans ces
r¨¦ceptivit¨¦ ne se produisent. C¡¯est ce qui explique
variations.
le r?le de la cortisone, lorsqu¡¯on l¡¯emploie chez
Que peut enfin apporter I¡¯histopathologie au
des sujets ?g¨¦s, alors qu¡¯utilisant de tr¨¨s jeunes
probl¨¨me de la rage latente (12) ? L¡¯¨¦tude en est
souris, son r?le ne peut ¨ºtre mis en ¨¦vidence ;
tr¨¨s d¨¦licate, car il est difficile de dire a priori
de m¨ºme, la folliculine agit sur la substance
si un animai fera une rage latente ; c¡¯est-¨¤-dire
fondamentale et nous avons signal¨¦ son action (13)
si l¡¯incubation sera particuli¨¨rement longue.
il y a plusieurs ann¨¦es sans en comprendre, ¨¤
N¨¦anmoins l¡¯emploi de tr¨¨s faible dose de virus
l¡¯¨¦poque, le m¨¦canisme. REMLINGER (14) insis-
ou l¡¯emploi du virus fixe par voie p¨¦riph¨¦rique
tait encore r¨¦cemment sur les causes susceptibles
permet d¡¯apporter quelques pr¨¦cisions. Avant
de rompre l¡¯¨¦quilibre de l¡¯organisme dans les
d¡¯aborder l¡¯¨¦tude histologique, rappelons en
mois qui suivent la vaccination. Dans tous les cas,
quoi consiste cette vari¨¦t¨¦ d¡¯infection. Chez le
il s¡¯agit d¡¯une v¨¦ritable agression.
c
chien et le chat, une inoculation sous-cutan¨¦e de
Le cas du porteur sain de rage, que nous avons
virus fixe vivant n¡¯entra?ne aucun trouble chez
relat¨¦ ci-dessus ¨¤ propos des relations de I¡¯his-
certains sujets, alors que les autres meurent. La
topathologie et de la symptomatologie, ¨¦claire
r¨¦inoculation par cette voie, ou par une autre,
sous un jour nouveau la pathog¨¦nie de la rage.
entra?ne, en g¨¦n¨¦ral dans les 48 heures, un
En effet, le virus peut vivre dans le syst¨¨me ner-
syndrome rabique vrai mortel. C¡¯est de cette
veux central et cr¨¦er les l¨¦sions importantes,
mani¨¨re que se sont produits ¨¤ plusieurs reprises
mais l¡¯absence d¡¯atteinte des ganglions nerveux
les accidents de vaccination de chiens particu-
ne permet pas ¨¤ la forme clinique de se manifes-
li¨¨rement jeunes avec un vaccin tout juste att¨¦-
ter. S¡¯il y a vir¨¦mie, le virus pourra ¨ºtre excr¨¦t¨¦
nu¨¦. L¡¯¨¦tude du syst¨¨me nerveux montre les
par la salive m¨ºme en l¡¯absence de rage clinique.
l¨¦sions classiques du virus fixe. Or sans la der-
II semble que l¡¯on doive rattacher les observa-
ni¨¨re inoculation l¡¯animal aurait v¨¦cu norma-
tions d¡¯ANORAL (8) ¨¤ ce type d¡¯infection inap-
lement sans faire de rage comme le montre un
parente, une agression pourra un jour ou l¡¯autre
nombre suffisant d¡¯observations. Le contr?le du
faire sortir le virus sous forme de maladie cli-
cerveau de nombreuses souris ayant r¨¦sist¨¦ ¨¤
nique.
la rage ¨¤ virus fixe inocul¨¦ par voie sous-cuta-
CONCLUSION
n¨¦e ne montre aucune l¨¦sion, alors que la r¨¦in-
fection produit chez quelques-unes dans les
L¡¯histopathologie compar¨¦e de la rage montre
48 heures des l¨¦sions typiques. On peut admettre
que, bien qu¡¯un seul virus soit en cause, les for-
que, dans de semblables observations, les l¨¦sions
mes cliniques diff¨¦rentes sont sous la d¨¦pendance
277
.
19

de l¨¦sions particuli¨¨res ¨¤ chaque esp¨¨ce ani-
3. THIERY (G.). - Particularit¨¦s de la rage
male. Toutefois on ne doit pas perdre de vue
dans l¡¯Ouest Africain. Bull. Epiz. Dis. Afr.,
que certaines l¨¦sions du syst¨¨me nerveux central
1959, 7, 265-86.
(la p¨¦rivascularite notamment) ne produisent pas
4. FIELD (E. J,), - Microglial reaction in rabic
de signes cliniques, au moins chez le chien, mais
infection of the mouse and rabbit. J, camp.
¨¦galement chez le porc si l¡¯on compare l¡¯atteinte
Path., 1954, 64, 273-6.
du syst¨¨me nerveux chez cet animal, identique
lors de rage et de peste porcine africaine ; cette
5. LEPINE (P.) et ATANASIU (P,). - Sur la
derni¨¨re n¡¯entra?ne habituellement aucun trou-
virulence par voie sous-cutan¨¦e du virus
ble nerveux.
fixe (Souche Pasteur) chez la souris, le
Nous avons soulign¨¦ le peu d¡¯int¨¦r¨ºt de la
hamster, le cobaye et le lapin. Soc. Fr.
th¨¦rapeutique actuellement pr¨¦conis¨¦e pour la
Microbiol., 1951, 8 1, 213-7, et Rev. m¨¦d., 1951,
rage d¨¦clar¨¦e et qui consiste ¨¤ prolonger la
59,1070-3.
survie du malade afin de cr¨¦er l¡¯autost¨¦rilisation.
6. THIERY (G.). - Etude des variations tissu-
Cette derni¨¨re s¡¯accompagne dans la plupart des
laires saisonni¨¨res de quelques esp¨¨ces ani-
cas, de l¨¦sions telles que l¡¯organisme ne sera
males vivant dans la r¨¦gion de Dakar. Rev.
plus viable. Nous avons, pour notre part, com-
Elev. M¨¦d. v¨¦t. Pays frop., 1959, 12, 273-92.
menc¨¦ une s¨¦rie d¡¯exp¨¦riences pleines de pro-
7. THIERY (G.). - Nature de la r¨¦sistance
messes sur le traitement de la rage d¨¦clar¨¦e,
naturelle ¨¤ la rage. Sous presse.
mais bas¨¦e sur un principe totalement diff¨¦rent.
II s¡¯agit, puisque le virus ne peut ¨ºtre neutralis¨¦
8. ANDRAL (L.) et SERIE (CH.). - Etudes exp¨¦-
par un s¨¦rum actif lorsqu¡¯il est ¨¤ l¡¯int¨¦rieur des
rimentales sur la rage en Ethiopie. Ann.
cellules nerveuses, de l¡¯obliger ¨¤ sortir ¨¤ l¡¯aide
Inst. Pasteur, 1957, 93, 475-88.
de crises d¡¯¨¦pilepsie artificielles. L¡¯organisme
9. NIKOLITSCH (M.). -- Die Tollwutkrankheit
impr¨¦gn¨¦ de s¨¦rum antirabique peut d¨¨s lors
des Menschen ist eine hoche Intoxikation
neutraliser le virus. Malheureusement ce traite-
des vegetativen Nervensystem. Arch. Hyg.
ment ne peut ¨ºtre mis en ceuvre que lorsque le
Bakferiol. Dtsch., 1 9 5 8 , 142, 198-205.
diagnostic clinique de la maladie est fait, c¡¯est-¨¤-
¡®10. BOECKER (E.) et KRAUSE (W. W.). -
dire ¨¤ une ¨¦poque o¨´ d¨¦j¨¤ un nombre notable
Nouvelles donn¨¦es concernant la patho-
de cellules nerveuses est l¨¦s¨¦ irr¨¦m¨¦diable-
g¨¦nie de la rage et leurs cons¨¦quences dans
ment. Nos premiers animaux gu¨¦ris de rage,
le titrage des vaccins. Ier CongrPs intern. Patk.
c¡¯est-¨¤-dire st¨¦rilis¨¦s quant ¨¤ ce virus, finissent
infect. Lyon, 24-26 mai 1956, Edition Minerva
par mourir des s¨¦quelles nerveusesou de rechutes.
Medica (Torino).
II est ¨¤ souhaiter que des am¨¦liorations de la
technique que nous utilisons actuellement soient
11. RAMON (G.). -Consid¨¦rations sur le mo&
unjourcapablesdevaincre cette terrible maladie.
d¡¯action du virus-vaccin pastorien contre
la rage et sur le m¨¦canisme de l¡¯immunit¨¦
Laborafoire Central de /¡®Elevage
antirabique. Off: fnfern. Epiz., 1954, 41,
? G. CURASSON ?
971-90.
Directeur : P. MORNE J.
12. PLACIDI (L.). - Note sur l¡¯incubation pro-
long¨¦e ou latente du virus rabique. Cas de
la souche Flury. Observation et discussion.
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C. R. Acad. Sci., 1956, 242, 945-7.
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de la vaccination antirabique. Off;ce inter-n.
Elev. M¨¦d. v¨¦t. Pays trop., 1959, 12, 27-42.
Epiz., 1954, 41, 1055, 74.
2 7 8

SUMMARY
Histopathology of rabies in various animal hosts in West Africa.Clinical and pathogenic observations,
The author recalls and where necessary details the variables of rabies virus and then passes
*
in review on the nervous system lesions which cari occur in 14 different mammalian species. In
whichever species is involved however, fixed virus provokes more intensive inflammatory pheno-
mena than street virus and a reduced involvement of the sympathetic nervous system. With street
virus it is noted that there is direct opposition between the formation of Negri bodies and the signs
of inflammation. The route of administration of virus, its virulence, the period of the year, the age
and species of the animal, are all factors which may determine the inflammatory reaction of nervous
tissue. The author has tried to correlate the lesions noted with the observed symptoms.
Referring to pathogenesis, studies have been made on the progression of the virus in the body
and the difference in behaviour between fixed and street virus and the problem of latent rabies.
R E S U M E N
Histopathologia de la rabia sobre diversas especies animales del ceste africano. Incidencias clinicas
y patol0gicas.
El autor Ilama la atencion sobre el conjunto de modificaciones
que el virus de la rabia es capaz
de provocar.
Nos muestra luego las lesiones que ocasiona en el sistema nervioso de catorce especies de mami-
feros. Cualquiera que sea la especie considerada, el virus fijo provoca unos fenomenos inflamatorios
mas intensos (meningitis, focos perivasculares en cerebro) que el virus de calle. Con el virus de calle
se observa una oposicion entre la formation de corpuscules de Negri y 10s fenomenos inflamatorios.
La via de inoculation, la virulencia, la edad y la especie del animal influyen sobre inflamacion
nerviosa. El autor ensaya relacionar las lesiones observadas con 10s sintomas presentados.
Desde el punto de vista de la patogenia, estudia el camino del virus en el organismo, el diferente
comportamiento del virus fijo con relation al de calle y et problema de la rabia latente.
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