INSTITUT D¡¯GLEVAGE ET DE M ?DECINE ...
INSTITUT D¡¯GLEVAGE
ET DE M ?DECINE
V ?T ?RINAIRE DES PAYS TROPICAUX
REVUE D¡¯ ?LEVAGE
ET DE
M ?DECINE V ?T ?RINAIRE
DES PAYS TROPICAUX
La rickettsiose g¨¦n¨¦rale bovine
au S¨¦n¨¦gal
par M. RIOCHE
Tome XIX : nouvelle sers)
NO 4 - 1966
- - V I G O
-~ T FR ?RES, ?DITEURS
23, rue de l¡¯ ?cole-de-M¨¦decine, PARIS-VI _
Rev. Elev. M¨¦d. V¨¦t. Pays frop., 1966, 19, 4 (485 - 494).
La rickettsiose g¨¦n¨¦rale bovine
au S¨¦n¨¦gal
par M. R/OCHE
R ?SUM ?
L¡¯existence de la rickettsiose g¨¦n¨¦rale bovine est signal¨¦e au S¨¦n¨¦gal. Les
travaux d¨¦j¨¤ effectu¨¦s dans divers pays sur cette affection sont rappel¨¦s. Les
sympt ?mes et l¨¦sions sont d¨¦crits. La pr¨¦sence de Rickeffsia bovis dans le sang et
certaines anomalies leucocytaires ? presque pathognomoniques ? permettent
le diagnostic de la maladie. Le seul traitement efficace consiste en injections
d¡¯aur¨¦omycine par la voie veineuse ¨¤ la dose de 4 ¨¤ 5 mg/kg/jour pendant
4 ¨¤ 5 jours. Le r ?le d¡¯Amb/yoma
variegofum dans la transmission de la maladie
est d¨¦montr¨¦.
Alors qu¡¯elle ¨¦tait d¨¦j¨¤ connue dans plusieurs
R ?PARTITION G ?OGRAPHIQUE
pays d¡¯Afrique, la rickettsiose g¨¦n¨¦rale bovine ¨¤
Rickeftsia bovis (DONATIEN et LESTOQUARD,
En raison de son observation r¨¦cente, la
1936) est d¡¯observation r¨¦cente au S¨¦n¨¦gal.
r¨¦partition des foyers de rickettsiose g¨¦n¨¦rale
Plusieurs cas de cette maladie ont ¨¦t¨¦ en effet
bovine au S¨¦n¨¦gal n¡¯est pas encore connue.
identifi¨¦s dans la r¨¦gion du Cap Vert au cours
Jusqu¡¯¨¤ pr¨¦sent, elle n¡¯est signal¨¦e que dans la
de la saison des pluies 1965.
r¨¦gion du Cap Vert.
Rickeftsio bovis a ¨¦t¨¦ d¨¦crite pour la premi¨¨re
Le premier cas clinique est observ¨¦ ¨¤ San-
fois par DONATIEN et LESTOQUARD (1936)
galkam le 17 ao ?t 1965. II s¡¯agit d¡¯une vache
en Alg¨¦rie. Par la suite, G. DE KOCK, VAN
z¨¦bu de race sahiwal. Cet animal fait partie
HEERDEN, R. DU TOIT et W. 0. NEITZ la
d¡¯un lot de 12 z¨¦bus de m¨ºme race import¨¦s de
signalent en Afrique du Sud en 1937.
Tunisie le 13 juillet 1965 en vue d¡¯une am¨¦liora-
Puis, DONATIEN et LESTOQUARD repren-
tion par croisement des races locales.
nent leurs travaux et concluent que cette ricket-
Cette vache meurt le 15 ao ?t.
tsie, fr¨¦quente en Alg¨¦rie, d¨¦termine une maladie
Puis les cas se succ¨¨dent durant les mois
b¨¦nigne, jamais mortelle (1937, 1938 et 1940).
d¡¯ao ?t et de septembre.
Si en Alg¨¦rie les bovins sont peu sensibles ¨¤
Sont ainsi identifi¨¦s :
l¡¯infection ¨¤ Rickeffsio bovis, il n¡¯en n¡¯est pas de
- un cas mortel le 21 ao ?t,
m¨ºme dans d¡¯autres r¨¦gions. En effet, MAL-
- un cas le 22 ao ?t,
BRANT, BAYROU et RAPIN en 1939, au Tchad
- un cas le 24 ao ?t,
et au Congo-Brazzaville, puis GIRARD et
- un cas le 31 ao ?t,
ROUSSELOT en 1945 au Soudan, d¨¦crivent une
- trois cas dont un mortel le 13 septembre,
affection grave d¨¦termin¨¦e par ce protozoaire.
- deux cas le 16 septembre.
FINELLE en 1958 signale une mortalit¨¦ de 25 p.
100 en R¨¦publique Centrafricaine.
Donc, sur les douze animaux formant ce lot,
Dans le cas pr¨¦sent, c¡¯est sous une forme
dix contractent la maladie et chaque fois Ric-
identique, souvent mortelle, que nous l¡¯avons
keffsia bovis est identifi¨¦e dans les pr¨¦l¨¨vements
observ¨¦e au S¨¦n¨¦gal, chez des bovins import¨¦s.
effectu¨¦s.
4 8 5
Un cas mortel est ensuite observ¨¦ le 20 sep-
8 jours avec des sympt ?mes de paralysie (**),
tembre, dans un ¨¦levage de S¨¦bikotane, sur
le dernier, atteint de graves troubles intestinaux,
une vache jersiaise n¡¯ayant jamais eu de con-
ne r¨¦siste que 5 jours (cas de S¨¦bikotane).
tact avec les z¨¦bus sahiwal.
Enfin, au mois d¡¯octobre, ¨¤ Sangalkam, un
b) Sympf ?mes.
veau ndama, ?g¨¦ de 3 mois et maintenu en
Bien que dans plusieurs cas le traitement ait
stabulation depuis sa naissance, est envoy¨¦ au
provoqu¨¦ une gu¨¦rison rapide, la pr¨¦sence
p ?turage afin de savoir s¡¯il serait atteint de
de certains sympt ?mes est constante.
rickettsiose naturelle, ceci dans le but de v¨¦rifier
Au d¨¦but de la maladie, l¡¯animal est triste
si les z¨¦bus pakistanais avaient ¨¦t¨¦ contamin¨¦s
et abattu. II se tient debout, immobile, la t¨ºte
sur place. Apr¨¨s quelques temps, Rickeffsia bois
basse, ou couch¨¦, indiff¨¦rent ¨¤ ce qui l¡¯entoure.
est identifi¨¦e pendant plusieurs jours dans le
II ne mange pas et ne rumine plus. La temp¨¦ra-
sang de l¡¯animal.
ture oscille entre 39O et 41 OC. La respiration est
acc¨¦l¨¦r¨¦e et dyspn¨¦ique (cl l¡¯auscultation, le
Esp¨¨ces sensibles.
murmure v¨¦siculaire est perceptible) et la
Nous n¡¯avons observ¨¦ la maladie naturelle
percussion r¨¦v¨¨le des zones de matit¨¦, en g¨¦n¨¦ral
que sur des bovins. DONATIEN et LESTO-
bilat¨¦rales et localis¨¦es aux r¨¦gions sup¨¦rieures.
QUARD (1936) ont d¨¦montr¨¦ qu¡¯on pouvait
La toux, quand elle existe, est s¨¨che et quinteuse.
transmettre exp¨¦rimentalement R. bovis au
Le rythme cardiaque est acc¨¦l¨¦r¨¦. Dans toutes
mouton qui ne pr¨¦sente qu¡¯une hyperthermie
les formes cliniques, les excr¨¦ments sont diar-
passag¨¨re. Ceci a ¨¦t¨¦ confirm¨¦ par ROUSSELOT
rh¨¦iques.
(1953).
A c ?t¨¦ de ces sympt ?mes qui sont constants,
Nous avons tent¨¦ de transmettre la maladie
existent assez souvent des signes nerveux. Ils
¨¤ la ch¨¨vre par inoculation intraveineuse de
peuvent ¨ºtre relativement b¨¦nins et dispara ?tre
15 ml de sang d¡¯un bovin infect¨¦. L¡¯animal n¡¯a
apr¨¨s la gu¨¦rison : paralysie du larynx (cornage)
pr¨¦sent¨¦ pendant les deux mois d¡¯observation
ou signes d¡¯hyper-excitabilit¨¦.
aucun sympt ?me et aucune rickettsie n¡¯a pu
Cependant,chez certains animaux,ces derniers
¨ºtre mise en ¨¦vidence dans le sang circulant.
peuvent ¨ºtre graves. Deux cas ont ¨¦t¨¦ observ¨¦s :
Par ailleurs, des inoculations de sang ¨¤ la
souris (par la voie intra-p¨¦riton¨¦ale) et au cobaye
Premier cas : taureau sahiwal (¨¦volution surai-
(par lesvoies intra-p¨¦riton¨¦aleet intra-cardiaque)
gu ? en 12 heures).
ont ¨¦t¨¦ pareillement n¨¦gatives.
Phases d¡¯excitation et de somnolence. Crises
¨¦pileptiformes avec chute sur le sol, yeux r¨¦vul-
s¨¦s, salivation et mouvements de galop. Apr¨¨s
? V O L U T I O N E T SYMPT ?MES
la crise, ¨¦tat d¡¯h¨¦b¨¦tude puis relever p¨¦nible
suivi d¡¯une p¨¦riode de somnolence avec t¨ºte
Les sympt ?mes et l¡¯¨¦volution de la maladie
appuy¨¦e contre le mur et tremblements muscu-
n¡¯ont pu ¨ºtre ¨¦tudi¨¦s de fa ?on compl¨¨te que chez
laires g¨¦n¨¦ralis¨¦s. La mort survient au cours
quelques animaux.
d¡¯une crise ¨¦pileptiforme.
Deuxi¨¨me cas : vache z¨¦bu sahiwal (¨¦volution
a ) Evolufion.
aigu ? en 8 jours).
Dans la forme suraigu ?, deux animaux meu-
D¨¨s le d¨¦but de la maladie, lever et d¨¦place-
rent en 12 heures environ et la mort est pr¨¦-
ments difficiles ; membres post¨¦rieurs raidis
c¨¦d¨¦e chez l¡¯un par des sympt ?mes nerveux
(sans doute par g¨ºne articulaire) donnant ¨¤ la
spectaculaires (*). Chez trois animaux, la mala-
d¨¦marche une allure titubante. L¡¯animal bute
die ¨¦volue en 5 ¨¤ 8 jours (forme aigu ?). Un
fr¨¦quemment. Au bout de deux jours,decubitus
animal gu¨¦rit en 5 jours apr¨¨s un traitement
sternal, station debout p¨¦nible. Le cinqui¨¨me
¨¤ l¡¯aur¨¦omycine, un autre meurt au bout de
jour, decubitus lat¨¦ral, station debout impossible.
(*) Premier cas clinique (d¨¦crit plus loin).
(**) Deuxi¨¨me cas clinique (d¨¦crit plus loin).
486
Paralysie apparente avec de courts moments
placards h¨¦morragiques tr¨¨s nombreux sur la
d¡¯excitation (esquisse de mouvements de galop).
pie-m¨¨re de la moelle lombosacr¨¦e et de la
msensibilit¨¦ cutan¨¦e des membres et de la
queue de cheval (photos 1, 2, 3 et 4).
croupe. Disparition du r¨¦flexe pupillaire. Opis-
thotonos permanent. D¨¨s le quatri¨¨me jour,
AGENT CAUSAL
b
signe de l¡¯oreille (GIRARD et ROUSSELOT,
1945). Temp¨¦rature oscillant entre 38,s et 39,SOC.
L¡¯examen des frottis de sang p¨¦riph¨¦rique
L¡¯¨¦volution se termine par la mort de l¡¯animal.
et des frottis par apposition de rate, poumon,
rein, foie, ganglions lymphatiques, color¨¦s par la
m¨¦thode de May-Grunwald-Giemsa, permet
L ?SIONS
de mettre en ¨¦vidence Rickettsio bovis soit dans
les monocytes, soit dans les macrophages (Pho-
Les muscles peauciers et le conjonctif sous-
tos 5, 6 et 7).
cutan¨¦ sont le si¨¨ge d¡¯une congestion intense
qui peut s¡¯¨¦tendre ¨¤ toutes les s¨¦reuses. Hydro-
1. Sang p¨¦riph¨¦rique.
p¨¦ricarde constant, s¨¦rofibrineux, parfois h¨¦mor-
Toutes les inclusions observ¨¦es pr¨¦sentent la
ragique. Epanchements citrins dans les cavit¨¦s
morphologie d¨¦j¨¤ d¨¦crite par de nombreux
pleurales et p¨¦riton¨¦ale.
auteurs (DONATIEN et LESTOQUARD, 1936,
L¨¦sions h¨¦morragiques constantes dont les
1937, 1940) (GIRARD et ROUSSELOT, 1945)
plus caract¨¦ristiques si¨¨gent sur le myocarde
(ROUSSELOT, 1953).
et les troncs art¨¨riels. Ce sont des p¨¦t¨¦chies et
suffusions sanguines (myocarde) et des placards
a) Corps inifial.
h¨¦morragiques, le plus souvent ¨¤ la base de
Taille comprise entre 2 ?t.8 @. Sa coloration
l¡¯art¨¨re pulmonaire ou le long de l¡¯aorte thoraci-
varie du lilas clair au violet fonc¨¦. Lorsqu¡¯il est
que. L¨¦sions h¨¦morragiques fr¨¦quentes au
gros, le corps initial para ?t souvent form¨¦ de
niveau de la rate, du p¨¦ricarde, des poumons et
plusieurs masses sombres noy¨¦es dans une
de la pl¨¨vre.
gangue de couleur plus claire. II refoule souvent
Congestion active et ced¨¨me aigu du poumon,
le noyau en donnant l¡¯impression d¡¯¨ºtre log¨¦
avec parfois oed¨¨me p¨¦rilobulaire important
dans une encoche de celui-ci. Son contour est en
donnant un aspect en mosa ?que diff¨¦rent cepen-
g¨¦n¨¦ral r¨¦gulier et arrondi mais peut ¨ºtre
dant de celui observ¨¦ dans la p¨¦ripneumonie
irr¨¦gulier.
bovine.
En principe, on ne trouve qu¡¯une seule inclu-
sion par cellule mais il n¡¯est pas rare d¡¯en obser-
Autres l¨¦sions :
ver plusieurs, de taille variable. Les corps ini-
-
tiaux sont souvent situ¨¦s dans une vacuole et
foie congestionn¨¦ et friable,
- rate r¨¦actionnelle
(granuleuse au toucher),
paraissent de ce fait entour¨¦s d¡¯un halo clair.
- ganglions lymphatiques toujours hyper-
b) Mordu.
trophi¨¦s et succulents, parfois congestionn¨¦s,
- congestion r¨¦nale.
C¡¯est un corps initial en voie de fragmentation
qui se colore par le May-Grunwald-Giemsa en
rose lilas ou en gris mauve. Elle est ronde et
L¨¦sions nerveuses :
d¡¯aspect granuleux. Comme le corps initial,
Congestion plus ou moins intense des m¨¦nin-
elle est souvent situ¨¦e dans une vacuole du
ges. Chez une vache sahiwal (2e cas clinique
cytoplasme. Sa taille varie dans les m¨ºmes
:
d¨¦crit), congestion intense de la pie-m¨¨re qui
proportions que celle du corps initial et comme
est tr¨¨s ¨¦paissie et porte sur sa face externe de
lui, elle peut refouler la membrane nucl¨¦aire,
tr¨¨s nombreux nodules blanchatres
de la gros-
seur d¡¯une t¨ºte d¡¯¨¦pingle, diss¨¦min¨¦s sur toute la
c) Corps ¨¦l¨¦menfaire.
m¨¦ninge,
mais particuli¨¨rement abondants au
Ils sont de petite taille (0,2 ¨¤ 0,8 p) et en
niveau du bulbe, de la face inf¨¦rieure du tronc
g¨¦n¨¦ral de coloration lilas. Leur situation! ¨¤ la
c¨¦r¨¦bral et de la moelle ¨¦pini¨¨re. P¨¦t¨¦chies et
limite de la visibilit¨¦ les rend difficiles ¨¤ ¨¦tudier
REVUE D¡¯ ?LEVAGE
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Photo no 5. - Rickettsio bovis : sang p¨¦riph¨¦rique.
Au centre, monocyte contenant un amas de corps ¨¦l¨¦mentaires.
Clich¨¦s GR ?TILLAT (2) ef RIOCHE (M.)
Photo no ¡®6. - Rickeffsio bovis : sang p¨¦riph¨¦rique.
Photo no 7. - Rickettsio bovis : frottis de poumon.
Monocyte contenant des corps initiaux
Macrophage contenant quatre corps initiaux (¨¤ droite
et quelques corps ¨¦l¨¦mentaires (en haut).
du noyau) et une morula (au-dessus du noyau).
sauf lorsqu¡¯ils sont group¨¦s en amas ou situ¨¦s
2. Organes divers.
isol¨¦ment dans de petites vacuoles. Leur mor-
Si les pr¨¦l¨¨vements sont faits d¨¨s la mort de
phologie est cocco ?de ou cocco-bacillaire.
l¡¯animal, il est possible de faire des frottis de
La pr¨¦sence de Rickettsia bovis dans le sang
sang et d¡¯y identifier le parasite. Dans le cas
*
s¡¯accompagne de l¨¦sions sanguines.
contraire, et de toute fa ?on, on trouve les rickett-
Tous les auteurs qui ont ¨¦tudi¨¦ les rickettsioses
sies dans les frottis des divers organes. Les plus
des monocytes mentionnent l¡¯existence d¡¯une
riches sont les poumons, puis les reins, le foie et la
monocytose. La proportion des monocytes est
rate. Les Ricksettsia se trouvent soit dans les
augment¨¦e et le taux de ces cellules peut d¨¦pas-
monocytes du sang de ces organes, soit dans les
ser 20 p, 100. ROUSSELOT (1953) insiste sur la
macrophages.
valeur diagnostique de cette augmentation ; mais
II faut insister sur le fait qu¡¯on ne trouve jamais
la monocytose seule ne suffit pas. En effet, la
Rickeffsia bovis dans les cellules r¨¦ticulo-endo-
formule leucocytaire des bovins varie sensible-
th¨¦liales de la tunique interne des vaisseaux
ment d¡¯un jour ¨¤ l¡¯autre et l¡¯on peut parfois
sanguins.
observer une monocytose moyenne en l¡¯absence
de rickettsiose.
DIAGNOSTIC
Dans la rickettsiose g¨¦n¨¦rale bovine, la mono-
cytose est accompagn¨¦e d¡¯un ensemble d¡¯autres
Les sympt ?mes d¨¦crits ne permettent pas de
modifications qui constituent avec elle un tableau
poser le diagnostic avec certitude mais seulement
presque pathognomonique.
de suspecter la maladie. Seul l¡¯examen des
En effet, outre qu¡¯il y a augmentation de leur
frottis de sang permet de le confirmer. II en est de
pourcentage, la plupart des monocytes ont un
m¨ºme pour le diagnostic n¨¦cropsique.
cytoplasme fortement vacuolaire (dans ces
vacuoles on observe souvent des masses gris ?-
tres ¨¤ contours indistincts, d¨¦j¨¤ d¨¦crites par
DIAGNOSTIC DIFF ?RENTIEL
DONATIEN et LESTOQUARD, 1936, 1937 ;
on peut aussi y voir des corps ¨¦l¨¦mentaires).
II doit se faire avec la heart-water. En effet,
Souvent, le noyau, bien qu¡¯il conserve sa struc-
les sympt ?mes et l¨¦sions de la rickettsiose g¨¦n¨¦-
ture habituelle, a des contours plus ou moins
rale bovine sont assez voisins de ceux de la
tourment¨¦s ou un aspect ? d¨¦chiquet¨¦ ?.
heart-water. Cependant, ¨¤ l¡¯autopsie, l¡¯oed¨¨me
On trouve aussi des cellules ou des formes
p¨¦rilobulaire observ¨¦ ne semble pas avoir ¨¦t¨¦
cellulaires dont la pr¨¦sence dans le sang circu-
d¨¦crit dans la heart-water. II en est de m¨ºme de
lant est anormale : nombreuses cellules jeunes,
la congestion du tissu conjonctif sous-cutan¨¦ et
macrophages, cellules en mitose.
des muscles peauciers car, selon CURASSON
Enfin, il y a rar¨¦faction et m¨ºme souvent dis-
(1943), elle n¡¯existerait pas dans la heart-water
parition des ¨¦osinophiles, anomalie signal¨¦e
o¨´, au contraire ? . . . on a souvent l¡¯impression
par DONATIEN et LESTOQUARD (1936) dans
d¡¯un animal saign¨¦ pour la boucherie ?.
la rickettsiose canine ¨¤ Rickeftsia canis. II semble
Toutefois, le diagnostic ne peut ¨ºtre pos¨¦ avec
d¡¯ailleurs qu¡¯il s¡¯agisse d¡¯une ¨¦osinop¨¦nie r¨¦elle
certitude que par l¡¯examen des pr¨¦l¨¨vements
car les ¨¦osinophiles sont rares ou absents dans
effectu¨¦s et la mise en ¨¦vidence de l¡¯agent causal.
les frottis d¡¯organes h¨¦matopo ?¨¦tiques
des ani-
Dans la rickettsiose g¨¦n¨¦rale bovine, Rickeffsia
maux atteints.
bovis est identifi¨¦e dans les monocytes du sang
II est important d¡¯insister sur ces modifications
circulant ou des organes ; elle ne l¡¯est jamais
de l¡¯image sanguine car ce sont elles qu¡¯on remar-
dans les cellules de I¡¯endothelium vasculaire.
que en premier lieu ¨¤ l¡¯examen d¡¯un frottis de
A l¡¯inverse, Cowdria (Rickeffsia) ruminantium
sang et que ces l¨¦sions sont toujours tr¨¨s visibles
s¡¯observe dans les cellules r¨¦ticule-endoth¨¦liales
alors que, m¨ºme dans les formes graves, les
de la tunique interne des vaisseaux ,et jamais
rickettsies peuvent ¨ºtre rares et r¨¦clamer un
dans le sang circulant.
examen minutieux. L¡¯observation de ces ano-
Non seulement nous avons identifie Rickettsia
.
malies permettra souvent de poser un diagnostic
bovis dans tous les cas, mais nous avons aussi
pr¨¦coce, m¨ºme en l¡¯absence de Rickettsio.
recherch¨¦ syst¨¦matiquement ¨¤ mettre en ¨¦vidence
.m
491
Cowdria ruminontium sur le cadavre. L¡¯examen
constatons que les deux premiers cas apparais-
des frottis effectu¨¦s (endoth¨¦lium de la veine
sent apr¨¨s une sortie malencontreuse au p ?turage
jugulaire, frottis de plexus choro ?de et calques
d¡¯o¨´ les animaux reviennent parasit¨¦s par des
de cerveau fra ?chement pr¨¦lev¨¦s) ont ¨¦t¨¦ n¨¦ga-
tiques (surtout des Amblyommo variegofum).
tifs. Ceci a permis aussi d¡¯infirmer l¡¯existence
Par la suite, bien qu¡¯ils ne soient plus sortis
possible d¡¯une infection mixte ¨¤ Rickettsia bovis
et qu¡¯ils soient soumis r¨¦guli¨¨rement ¨¤ un
et ¨¤ Cowdria ruminaniium.
traitement ixodicide, les animaux h¨¦bergent
quelques tiques vraisemblablement introduites
dans l¡¯¨¦table avec le fourrage vert dont on les
PRONOSTIC
nourrit. Tous les animaux atteints sont parasit¨¦s
par ces arthropodes.
Le pronostic de l¡¯affection est s¨¦rieux puisque
sur 14 cas identifi¨¦s, 4 ont ¨¦t¨¦ mortels.
A la suite de ces observations, nous constatons
Par ailleurs, la morbidit¨¦ est ¨¦lev¨¦e, au moins
la contamination naturelle au p ?turage d¡¯un
chez le b¨¦tail import¨¦, puisque sur 12 z¨¦bus
veau ndama ¨¤ Sangalkam (cf. R¨¦partition
import¨¦s, 10 contractent la maladie parmi les-
g¨¦ographique). Une semaine apr¨¨s sa mise au
quels 3 meurent (2 de forme suraigu ? et 1 de
p ?turage, il pr¨¦sente une hyperthermie pendant
forme aigu ?) et 7 (dont 5 pr¨¦sentent une forme
48 heures (39,9 OC le Ier jour, 39,6 OC le second)
grave d¡¯embl¨¦e) gu¨¦rissent en 3 ¨¤ 7 jours apr¨¨s
sans autre sympt ?me morbide. D¨¨s le premier
un traitement par l¡¯aur¨¦omycine.
jour d¡¯hyperthermie, des examens quotidiens
d¡¯¨¦talements de sang sont pratiqu¨¦s et ¨¤ partir
du 9¡± jour, Ricketfsia bovis est identifi¨¦e dans
MODE DE CONTAMINATION
ces pr¨¦l¨¨vements.
Les rickettsies persistent
pendant 6 jours puis disparaissent. Ce veau
Pour expliquer l¡¯apparition de cette maladie
fait donc une forme inapparente de la maladie
non encore signal¨¦e au S¨¦n¨¦gal, on ne peut
qui serait pass¨¦e inaper ?ue s¡¯il n¡¯avait ¨¦t¨¦ soumis
retenir l¡¯hypoth¨¨se selon laquelle les z¨¦bus
¨¤ une surveillance particuli¨¨re. Ce fait prouve
pakistanais, d¨¦j¨¤ pr¨¦munis avant leur importa-
cependant la r¨¦alit¨¦ de la contamination sur
tion, avaient fait un acc¨¨s parasitaire d¨¦clench¨¦
place.
par les agressions dues au voyage et ¨¤ I¡¯acclima-
D¡¯autre part, un broyat de tiques est inocul¨¦
tement.
¨¤ deux bovins de race locale. R¨¦alis¨¦ avec des
En effet :
Amblyomma variegafum r¨¦colt¨¦s sur des bovins
de race locale, p ?turant dans la r¨¦gion de
a) Rickettsia bovis n¡¯a jamais ¨¦t¨¦ signal¨¦e en
Thi¨¨s, ce broyat est mis en suspension dans du
Tunisie, ¨¤ notre connaissance.
milieu HBSS (Hank¡¯s balanced salted solution)
b) Si la crise d¡¯acclimatement avait provoqu¨¦
pour culture de tissus et inocul¨¦ (sans antibiotique)
un tel acc¨¨s parasitaire, tous les animaux
sous la peau des deux animaux. Respectivement,
auraient ¨¦t¨¦ malades en m¨ºme temps, ¨¤ peu
16 et 29 jours apr¨¨s l¡¯inoculation, Rickeffsio bois
de jours d¡¯intervalle et peu apr¨¨s leur arriv¨¦e au
est identifi¨¦e dans les frottis de sang de ces
S¨¦n¨¦gal. Or ici, non seulement le premier cas
bovins, persiste quelques jours puis dispara ?t.
est apparu plus d¡¯un mois apr¨¨s l¡¯importation
La pr¨¦sence des rickettsies s¡¯accompagne des
des z¨¦bus (et ceux-ci ¨¦taient alors acclimat¨¦s
modifications sanguines d¨¦j¨¤ d¨¦crites. Ces ani-
ainsi qu¡¯en t¨¦moignait leur bon ¨¦tat g¨¦n¨¦ral)
maux font une forme inapparente de la maladie
mais encore la r¨¦partition dans le temps des
car en dehors d¡¯une l¨¦g¨¨re baisse d¡¯¨¦tat, ils ne
cas de rickettsiose s¡¯¨¦tale sur une p¨¦riode
pr¨¦sentent aucun sympt ?me morbide.
sup¨¦rieure ¨¤ un mois.
Cette exp¨¦rimentation permet de d¨¦montrer
L¡¯origine de cette affection ne peut donc ¨ºtre
la transmission de Rickeffsio bovis par Amblyommo
qu¡¯autochtone. Les faits suivants le confirment.
voriegafum et d¡¯¨¦tablir que la r¨¦gion de Thi¨¨s
Chez les z¨¦bus sahiwal normalement mainte-
est un foyer de rickettsiose g¨¦n¨¦rale bovine.
nus en stabulation libre (l¡¯enclos dans lequel
II faut donc conclure ¨¤ l¡¯existence de la rickett-
ils ¨¦voluent ¨¦tant d¨¦pourvu d¡¯lxodes) nous
siose g¨¦n¨¦rale bovine au S¨¦n¨¦gal et que cette
492
maladie se montre particuli¨¨rement grave chez
au moins une fois par semaine et, en plus de ce
les z¨¦bus pakistanais, animaux neufs et peut-
traitement, de maintenir les bovins r¨¦cemment
¨ºtre particuli¨¨rement sensibles ¨¤ cette affection.
import¨¦s en stabulation permanente.
CONCLUSION
TRANSMISSION TRANSPLACENTAIRE
C¡¯est la premi¨¨re fois, ¨¤ notre connaissance,
Une des vaches mortes de rickettsiose ¨¦tant
que la rickettsiose g¨¦n¨¦rale bovine est signal¨¦e
en gestation, nous avons fait l¡¯autopsie du fcetus
au S¨¦n¨¦gal. Cette observation porte ¨¤ deux, le
et examin¨¦ des frottis de sang et des calques
nombre de rickettsioses des monocytes identifi¨¦es
d¡¯organes. Le fcetus, ?g¨¦ de trois mois, ¨¦tait
dans ce pays, puisque, en 1941, CURASSON y
indemne de l¨¦sions et la recherche des rickettsies
signale l¡¯existence de la rickettsiose g¨¦n¨¦rale
est rest¨¦e n¨¦gative. Cependant, l¡¯¨¦tude de ce cas
ovine ¨¤ Rickeftsia ovina (LESTOQUARD et
unique ne permet pas de tirer de conclusion sur
DONATIEN, 1936).
la transmission ou la non-transmission de cette
Dans ce pays, comme dans toutes les r¨¦gions
rickettsie par la voie placentaire.
tropicales, Ricketfsia bovis est r¨¦ellement patho-
g¨¨ne alors que DONATIEN et LESTOQUARD,
1940, constatent qu¡¯en Alg¨¦rie, elle ne provoque
TRAITEMENT
que des maladies b¨¦nignes. CURASSON (1942)
avait fait la m¨ºme remarque au sujet du r ?le
Parmi les traitements essay¨¦s, l¡¯utilisation de
pathog¨¨ne de Rickeffsia ovina. Aussi nous pensons
l¡¯association p¨¦nicilline-streptomycine (3 mil-
que, suivant ROUSSELOT (1953), il faut ? . . .
lions U. I. - 3 g/jour) ou de la t¨¦tracycline en
accorder ¨¤ ces affections d¨¦crites comme inap-
injection intramusculaire s¡¯est toujours sold¨¦e
parentes en Alg¨¦rie une pathog¨¦nicit¨¦ sp¨¦ciale
par des ¨¦checs.
lorsqu¡¯elles interviennent en pays tropical ?.
Seule l¡¯aur¨¦omycine par la voie intraveineuse,
Dans les quelques cas que nous avons observ¨¦s,
¨¤ la dose journali¨¨re de 4 ¨¤ 5 mg/kg et pendant
c¡¯est surtout pour le b¨¦tail r¨¦cemment import¨¦
4 ¨¤ 5 jours, a permis d¡¯assurer une gu¨¦rison
que cette rickettsiose a ¨¦t¨¦ tr¨¨s grave. Nous
rapide des animaux. Mais son efficacit¨¦ semble
ne disposons pas encore d¡¯observations cliniques
illusoire dans les formes suraigu ?s.
concernant la maladie naturelle s¨¦vissant sur le
A ce traitement sp¨¦cifique est ajout¨¦ une
b¨¦tail de race locale pour pouvoir juger de sa
th¨¦rapeutique symptomatique (tonicardiaque).
gravit¨¦ ¨¦ventuelle pour le cheptel s¨¦n¨¦galais.
Insfifuf #Elevage et de M¨¦decine
PROPHYLAXIE
v¨¦t¨¦rinaire des Pays Tropicaux
Maisons-Alforf
La seule prophylaxie actuellement possible
Laboratoire national de /¡®Elevage
est la lutte contre les tiques. II est n¨¦cessaire de
et de Recherches v¨¦t¨¦rinaires
traiter les animaux ¨¤ l¡¯aide d¡¯un produit acaricide
Dakar-Hann
S U M M A R Y
Bovine Rickettsiosis in Senegal
Bovine Rickettsiosis hos been recorded in Senegal. The work which has been
carried out on this disease in some various countries is reported. The clinical
signs and lesions are described. Diagnose of the disease is made through the
evidence of R. bovis in the blood of infected animais and the presence in it of
some abnormal leucocytes which are nearly characteristic of the disease. The
only effective treatment consists
in Aureomycine. Intraveinous injections at the
dose of 4 to 5 mg/kg/ day during 4 or 5 days.
The part played by Amblyommo
voriegofum in the transmission of the disease
has been established.
493
RESUME N
La Rickettsiosis general bovina en Senegal
Se nofa la existencia de la Rickettsiosis general bovina en Senegal. Se pasan
en revista 10s trabajos ya efectuados en varios paises concerniendo a esta
enfermedad. Las sintomas y las lesiones se describen. La presencia de Rickeitsio
bovis en la sangre y algunas anomalias leucocitarias ? casi patognomhicas
?
permiien diagnosticar la enfermedad. Las inyecciones de aureomicina por via
venosa en la dosis de 4 a 5 mg/kg/dia durante 4 o 5 dias son el solo iratamiento
activa. Se demuestra el pape1 de Amblyommo
voriegofum en la transmisibn de la
enfermedad.
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(tome 1), Vigof fr¨¨res,1953, 152 p.
Imprim¨¦ en France. - Imn JOUVE. 12. Rue de Tournon. Paris U-3¡¯)
ET DE M ?DECINE
V ?T ?RINAIRE DES PAYS TROPICAUX
REVUE D¡¯ ?LEVAGE
ET DE
M ?DECINE V ?T ?RINAIRE
DES PAYS TROPICAUX
La rickettsiose g¨¦n¨¦rale bovine
au S¨¦n¨¦gal
par M. RIOCHE
Tome XIX : nouvelle sers)
NO 4 - 1966
- - V I G O
-~ T FR ?RES, ?DITEURS
23, rue de l¡¯ ?cole-de-M¨¦decine, PARIS-VI _
Rev. Elev. M¨¦d. V¨¦t. Pays frop., 1966, 19, 4 (485 - 494).
La rickettsiose g¨¦n¨¦rale bovine
au S¨¦n¨¦gal
par M. R/OCHE
R ?SUM ?
L¡¯existence de la rickettsiose g¨¦n¨¦rale bovine est signal¨¦e au S¨¦n¨¦gal. Les
travaux d¨¦j¨¤ effectu¨¦s dans divers pays sur cette affection sont rappel¨¦s. Les
sympt ?mes et l¨¦sions sont d¨¦crits. La pr¨¦sence de Rickeffsia bovis dans le sang et
certaines anomalies leucocytaires ? presque pathognomoniques ? permettent
le diagnostic de la maladie. Le seul traitement efficace consiste en injections
d¡¯aur¨¦omycine par la voie veineuse ¨¤ la dose de 4 ¨¤ 5 mg/kg/jour pendant
4 ¨¤ 5 jours. Le r ?le d¡¯Amb/yoma
variegofum dans la transmission de la maladie
est d¨¦montr¨¦.
Alors qu¡¯elle ¨¦tait d¨¦j¨¤ connue dans plusieurs
R ?PARTITION G ?OGRAPHIQUE
pays d¡¯Afrique, la rickettsiose g¨¦n¨¦rale bovine ¨¤
Rickeftsia bovis (DONATIEN et LESTOQUARD,
En raison de son observation r¨¦cente, la
1936) est d¡¯observation r¨¦cente au S¨¦n¨¦gal.
r¨¦partition des foyers de rickettsiose g¨¦n¨¦rale
Plusieurs cas de cette maladie ont ¨¦t¨¦ en effet
bovine au S¨¦n¨¦gal n¡¯est pas encore connue.
identifi¨¦s dans la r¨¦gion du Cap Vert au cours
Jusqu¡¯¨¤ pr¨¦sent, elle n¡¯est signal¨¦e que dans la
de la saison des pluies 1965.
r¨¦gion du Cap Vert.
Rickeftsio bovis a ¨¦t¨¦ d¨¦crite pour la premi¨¨re
Le premier cas clinique est observ¨¦ ¨¤ San-
fois par DONATIEN et LESTOQUARD (1936)
galkam le 17 ao ?t 1965. II s¡¯agit d¡¯une vache
en Alg¨¦rie. Par la suite, G. DE KOCK, VAN
z¨¦bu de race sahiwal. Cet animal fait partie
HEERDEN, R. DU TOIT et W. 0. NEITZ la
d¡¯un lot de 12 z¨¦bus de m¨ºme race import¨¦s de
signalent en Afrique du Sud en 1937.
Tunisie le 13 juillet 1965 en vue d¡¯une am¨¦liora-
Puis, DONATIEN et LESTOQUARD repren-
tion par croisement des races locales.
nent leurs travaux et concluent que cette ricket-
Cette vache meurt le 15 ao ?t.
tsie, fr¨¦quente en Alg¨¦rie, d¨¦termine une maladie
Puis les cas se succ¨¨dent durant les mois
b¨¦nigne, jamais mortelle (1937, 1938 et 1940).
d¡¯ao ?t et de septembre.
Si en Alg¨¦rie les bovins sont peu sensibles ¨¤
Sont ainsi identifi¨¦s :
l¡¯infection ¨¤ Rickeffsio bovis, il n¡¯en n¡¯est pas de
- un cas mortel le 21 ao ?t,
m¨ºme dans d¡¯autres r¨¦gions. En effet, MAL-
- un cas le 22 ao ?t,
BRANT, BAYROU et RAPIN en 1939, au Tchad
- un cas le 24 ao ?t,
et au Congo-Brazzaville, puis GIRARD et
- un cas le 31 ao ?t,
ROUSSELOT en 1945 au Soudan, d¨¦crivent une
- trois cas dont un mortel le 13 septembre,
affection grave d¨¦termin¨¦e par ce protozoaire.
- deux cas le 16 septembre.
FINELLE en 1958 signale une mortalit¨¦ de 25 p.
100 en R¨¦publique Centrafricaine.
Donc, sur les douze animaux formant ce lot,
Dans le cas pr¨¦sent, c¡¯est sous une forme
dix contractent la maladie et chaque fois Ric-
identique, souvent mortelle, que nous l¡¯avons
keffsia bovis est identifi¨¦e dans les pr¨¦l¨¨vements
observ¨¦e au S¨¦n¨¦gal, chez des bovins import¨¦s.
effectu¨¦s.
4 8 5
Un cas mortel est ensuite observ¨¦ le 20 sep-
8 jours avec des sympt ?mes de paralysie (**),
tembre, dans un ¨¦levage de S¨¦bikotane, sur
le dernier, atteint de graves troubles intestinaux,
une vache jersiaise n¡¯ayant jamais eu de con-
ne r¨¦siste que 5 jours (cas de S¨¦bikotane).
tact avec les z¨¦bus sahiwal.
Enfin, au mois d¡¯octobre, ¨¤ Sangalkam, un
b) Sympf ?mes.
veau ndama, ?g¨¦ de 3 mois et maintenu en
Bien que dans plusieurs cas le traitement ait
stabulation depuis sa naissance, est envoy¨¦ au
provoqu¨¦ une gu¨¦rison rapide, la pr¨¦sence
p ?turage afin de savoir s¡¯il serait atteint de
de certains sympt ?mes est constante.
rickettsiose naturelle, ceci dans le but de v¨¦rifier
Au d¨¦but de la maladie, l¡¯animal est triste
si les z¨¦bus pakistanais avaient ¨¦t¨¦ contamin¨¦s
et abattu. II se tient debout, immobile, la t¨ºte
sur place. Apr¨¨s quelques temps, Rickeffsia bois
basse, ou couch¨¦, indiff¨¦rent ¨¤ ce qui l¡¯entoure.
est identifi¨¦e pendant plusieurs jours dans le
II ne mange pas et ne rumine plus. La temp¨¦ra-
sang de l¡¯animal.
ture oscille entre 39O et 41 OC. La respiration est
acc¨¦l¨¦r¨¦e et dyspn¨¦ique (cl l¡¯auscultation, le
Esp¨¨ces sensibles.
murmure v¨¦siculaire est perceptible) et la
Nous n¡¯avons observ¨¦ la maladie naturelle
percussion r¨¦v¨¨le des zones de matit¨¦, en g¨¦n¨¦ral
que sur des bovins. DONATIEN et LESTO-
bilat¨¦rales et localis¨¦es aux r¨¦gions sup¨¦rieures.
QUARD (1936) ont d¨¦montr¨¦ qu¡¯on pouvait
La toux, quand elle existe, est s¨¨che et quinteuse.
transmettre exp¨¦rimentalement R. bovis au
Le rythme cardiaque est acc¨¦l¨¦r¨¦. Dans toutes
mouton qui ne pr¨¦sente qu¡¯une hyperthermie
les formes cliniques, les excr¨¦ments sont diar-
passag¨¨re. Ceci a ¨¦t¨¦ confirm¨¦ par ROUSSELOT
rh¨¦iques.
(1953).
A c ?t¨¦ de ces sympt ?mes qui sont constants,
Nous avons tent¨¦ de transmettre la maladie
existent assez souvent des signes nerveux. Ils
¨¤ la ch¨¨vre par inoculation intraveineuse de
peuvent ¨ºtre relativement b¨¦nins et dispara ?tre
15 ml de sang d¡¯un bovin infect¨¦. L¡¯animal n¡¯a
apr¨¨s la gu¨¦rison : paralysie du larynx (cornage)
pr¨¦sent¨¦ pendant les deux mois d¡¯observation
ou signes d¡¯hyper-excitabilit¨¦.
aucun sympt ?me et aucune rickettsie n¡¯a pu
Cependant,chez certains animaux,ces derniers
¨ºtre mise en ¨¦vidence dans le sang circulant.
peuvent ¨ºtre graves. Deux cas ont ¨¦t¨¦ observ¨¦s :
Par ailleurs, des inoculations de sang ¨¤ la
souris (par la voie intra-p¨¦riton¨¦ale) et au cobaye
Premier cas : taureau sahiwal (¨¦volution surai-
(par lesvoies intra-p¨¦riton¨¦aleet intra-cardiaque)
gu ? en 12 heures).
ont ¨¦t¨¦ pareillement n¨¦gatives.
Phases d¡¯excitation et de somnolence. Crises
¨¦pileptiformes avec chute sur le sol, yeux r¨¦vul-
s¨¦s, salivation et mouvements de galop. Apr¨¨s
? V O L U T I O N E T SYMPT ?MES
la crise, ¨¦tat d¡¯h¨¦b¨¦tude puis relever p¨¦nible
suivi d¡¯une p¨¦riode de somnolence avec t¨ºte
Les sympt ?mes et l¡¯¨¦volution de la maladie
appuy¨¦e contre le mur et tremblements muscu-
n¡¯ont pu ¨ºtre ¨¦tudi¨¦s de fa ?on compl¨¨te que chez
laires g¨¦n¨¦ralis¨¦s. La mort survient au cours
quelques animaux.
d¡¯une crise ¨¦pileptiforme.
Deuxi¨¨me cas : vache z¨¦bu sahiwal (¨¦volution
a ) Evolufion.
aigu ? en 8 jours).
Dans la forme suraigu ?, deux animaux meu-
D¨¨s le d¨¦but de la maladie, lever et d¨¦place-
rent en 12 heures environ et la mort est pr¨¦-
ments difficiles ; membres post¨¦rieurs raidis
c¨¦d¨¦e chez l¡¯un par des sympt ?mes nerveux
(sans doute par g¨ºne articulaire) donnant ¨¤ la
spectaculaires (*). Chez trois animaux, la mala-
d¨¦marche une allure titubante. L¡¯animal bute
die ¨¦volue en 5 ¨¤ 8 jours (forme aigu ?). Un
fr¨¦quemment. Au bout de deux jours,decubitus
animal gu¨¦rit en 5 jours apr¨¨s un traitement
sternal, station debout p¨¦nible. Le cinqui¨¨me
¨¤ l¡¯aur¨¦omycine, un autre meurt au bout de
jour, decubitus lat¨¦ral, station debout impossible.
(*) Premier cas clinique (d¨¦crit plus loin).
(**) Deuxi¨¨me cas clinique (d¨¦crit plus loin).
486
Paralysie apparente avec de courts moments
placards h¨¦morragiques tr¨¨s nombreux sur la
d¡¯excitation (esquisse de mouvements de galop).
pie-m¨¨re de la moelle lombosacr¨¦e et de la
msensibilit¨¦ cutan¨¦e des membres et de la
queue de cheval (photos 1, 2, 3 et 4).
croupe. Disparition du r¨¦flexe pupillaire. Opis-
thotonos permanent. D¨¨s le quatri¨¨me jour,
AGENT CAUSAL
b
signe de l¡¯oreille (GIRARD et ROUSSELOT,
1945). Temp¨¦rature oscillant entre 38,s et 39,SOC.
L¡¯examen des frottis de sang p¨¦riph¨¦rique
L¡¯¨¦volution se termine par la mort de l¡¯animal.
et des frottis par apposition de rate, poumon,
rein, foie, ganglions lymphatiques, color¨¦s par la
m¨¦thode de May-Grunwald-Giemsa, permet
L ?SIONS
de mettre en ¨¦vidence Rickettsio bovis soit dans
les monocytes, soit dans les macrophages (Pho-
Les muscles peauciers et le conjonctif sous-
tos 5, 6 et 7).
cutan¨¦ sont le si¨¨ge d¡¯une congestion intense
qui peut s¡¯¨¦tendre ¨¤ toutes les s¨¦reuses. Hydro-
1. Sang p¨¦riph¨¦rique.
p¨¦ricarde constant, s¨¦rofibrineux, parfois h¨¦mor-
Toutes les inclusions observ¨¦es pr¨¦sentent la
ragique. Epanchements citrins dans les cavit¨¦s
morphologie d¨¦j¨¤ d¨¦crite par de nombreux
pleurales et p¨¦riton¨¦ale.
auteurs (DONATIEN et LESTOQUARD, 1936,
L¨¦sions h¨¦morragiques constantes dont les
1937, 1940) (GIRARD et ROUSSELOT, 1945)
plus caract¨¦ristiques si¨¨gent sur le myocarde
(ROUSSELOT, 1953).
et les troncs art¨¨riels. Ce sont des p¨¦t¨¦chies et
suffusions sanguines (myocarde) et des placards
a) Corps inifial.
h¨¦morragiques, le plus souvent ¨¤ la base de
Taille comprise entre 2 ?t.8 @. Sa coloration
l¡¯art¨¨re pulmonaire ou le long de l¡¯aorte thoraci-
varie du lilas clair au violet fonc¨¦. Lorsqu¡¯il est
que. L¨¦sions h¨¦morragiques fr¨¦quentes au
gros, le corps initial para ?t souvent form¨¦ de
niveau de la rate, du p¨¦ricarde, des poumons et
plusieurs masses sombres noy¨¦es dans une
de la pl¨¨vre.
gangue de couleur plus claire. II refoule souvent
Congestion active et ced¨¨me aigu du poumon,
le noyau en donnant l¡¯impression d¡¯¨ºtre log¨¦
avec parfois oed¨¨me p¨¦rilobulaire important
dans une encoche de celui-ci. Son contour est en
donnant un aspect en mosa ?que diff¨¦rent cepen-
g¨¦n¨¦ral r¨¦gulier et arrondi mais peut ¨ºtre
dant de celui observ¨¦ dans la p¨¦ripneumonie
irr¨¦gulier.
bovine.
En principe, on ne trouve qu¡¯une seule inclu-
sion par cellule mais il n¡¯est pas rare d¡¯en obser-
Autres l¨¦sions :
ver plusieurs, de taille variable. Les corps ini-
-
tiaux sont souvent situ¨¦s dans une vacuole et
foie congestionn¨¦ et friable,
- rate r¨¦actionnelle
(granuleuse au toucher),
paraissent de ce fait entour¨¦s d¡¯un halo clair.
- ganglions lymphatiques toujours hyper-
b) Mordu.
trophi¨¦s et succulents, parfois congestionn¨¦s,
- congestion r¨¦nale.
C¡¯est un corps initial en voie de fragmentation
qui se colore par le May-Grunwald-Giemsa en
rose lilas ou en gris mauve. Elle est ronde et
L¨¦sions nerveuses :
d¡¯aspect granuleux. Comme le corps initial,
Congestion plus ou moins intense des m¨¦nin-
elle est souvent situ¨¦e dans une vacuole du
ges. Chez une vache sahiwal (2e cas clinique
cytoplasme. Sa taille varie dans les m¨ºmes
:
d¨¦crit), congestion intense de la pie-m¨¨re qui
proportions que celle du corps initial et comme
est tr¨¨s ¨¦paissie et porte sur sa face externe de
lui, elle peut refouler la membrane nucl¨¦aire,
tr¨¨s nombreux nodules blanchatres
de la gros-
seur d¡¯une t¨ºte d¡¯¨¦pingle, diss¨¦min¨¦s sur toute la
c) Corps ¨¦l¨¦menfaire.
m¨¦ninge,
mais particuli¨¨rement abondants au
Ils sont de petite taille (0,2 ¨¤ 0,8 p) et en
niveau du bulbe, de la face inf¨¦rieure du tronc
g¨¦n¨¦ral de coloration lilas. Leur situation! ¨¤ la
c¨¦r¨¦bral et de la moelle ¨¦pini¨¨re. P¨¦t¨¦chies et
limite de la visibilit¨¦ les rend difficiles ¨¤ ¨¦tudier
REVUE D¡¯ ?LEVAGE
4
488
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la
.aqinq
Photo no 5. - Rickettsio bovis : sang p¨¦riph¨¦rique.
Au centre, monocyte contenant un amas de corps ¨¦l¨¦mentaires.
Clich¨¦s GR ?TILLAT (2) ef RIOCHE (M.)
Photo no ¡®6. - Rickeffsio bovis : sang p¨¦riph¨¦rique.
Photo no 7. - Rickettsio bovis : frottis de poumon.
Monocyte contenant des corps initiaux
Macrophage contenant quatre corps initiaux (¨¤ droite
et quelques corps ¨¦l¨¦mentaires (en haut).
du noyau) et une morula (au-dessus du noyau).
sauf lorsqu¡¯ils sont group¨¦s en amas ou situ¨¦s
2. Organes divers.
isol¨¦ment dans de petites vacuoles. Leur mor-
Si les pr¨¦l¨¨vements sont faits d¨¨s la mort de
phologie est cocco ?de ou cocco-bacillaire.
l¡¯animal, il est possible de faire des frottis de
La pr¨¦sence de Rickettsia bovis dans le sang
sang et d¡¯y identifier le parasite. Dans le cas
*
s¡¯accompagne de l¨¦sions sanguines.
contraire, et de toute fa ?on, on trouve les rickett-
Tous les auteurs qui ont ¨¦tudi¨¦ les rickettsioses
sies dans les frottis des divers organes. Les plus
des monocytes mentionnent l¡¯existence d¡¯une
riches sont les poumons, puis les reins, le foie et la
monocytose. La proportion des monocytes est
rate. Les Ricksettsia se trouvent soit dans les
augment¨¦e et le taux de ces cellules peut d¨¦pas-
monocytes du sang de ces organes, soit dans les
ser 20 p, 100. ROUSSELOT (1953) insiste sur la
macrophages.
valeur diagnostique de cette augmentation ; mais
II faut insister sur le fait qu¡¯on ne trouve jamais
la monocytose seule ne suffit pas. En effet, la
Rickeffsia bovis dans les cellules r¨¦ticulo-endo-
formule leucocytaire des bovins varie sensible-
th¨¦liales de la tunique interne des vaisseaux
ment d¡¯un jour ¨¤ l¡¯autre et l¡¯on peut parfois
sanguins.
observer une monocytose moyenne en l¡¯absence
de rickettsiose.
DIAGNOSTIC
Dans la rickettsiose g¨¦n¨¦rale bovine, la mono-
cytose est accompagn¨¦e d¡¯un ensemble d¡¯autres
Les sympt ?mes d¨¦crits ne permettent pas de
modifications qui constituent avec elle un tableau
poser le diagnostic avec certitude mais seulement
presque pathognomonique.
de suspecter la maladie. Seul l¡¯examen des
En effet, outre qu¡¯il y a augmentation de leur
frottis de sang permet de le confirmer. II en est de
pourcentage, la plupart des monocytes ont un
m¨ºme pour le diagnostic n¨¦cropsique.
cytoplasme fortement vacuolaire (dans ces
vacuoles on observe souvent des masses gris ?-
tres ¨¤ contours indistincts, d¨¦j¨¤ d¨¦crites par
DIAGNOSTIC DIFF ?RENTIEL
DONATIEN et LESTOQUARD, 1936, 1937 ;
on peut aussi y voir des corps ¨¦l¨¦mentaires).
II doit se faire avec la heart-water. En effet,
Souvent, le noyau, bien qu¡¯il conserve sa struc-
les sympt ?mes et l¨¦sions de la rickettsiose g¨¦n¨¦-
ture habituelle, a des contours plus ou moins
rale bovine sont assez voisins de ceux de la
tourment¨¦s ou un aspect ? d¨¦chiquet¨¦ ?.
heart-water. Cependant, ¨¤ l¡¯autopsie, l¡¯oed¨¨me
On trouve aussi des cellules ou des formes
p¨¦rilobulaire observ¨¦ ne semble pas avoir ¨¦t¨¦
cellulaires dont la pr¨¦sence dans le sang circu-
d¨¦crit dans la heart-water. II en est de m¨ºme de
lant est anormale : nombreuses cellules jeunes,
la congestion du tissu conjonctif sous-cutan¨¦ et
macrophages, cellules en mitose.
des muscles peauciers car, selon CURASSON
Enfin, il y a rar¨¦faction et m¨ºme souvent dis-
(1943), elle n¡¯existerait pas dans la heart-water
parition des ¨¦osinophiles, anomalie signal¨¦e
o¨´, au contraire ? . . . on a souvent l¡¯impression
par DONATIEN et LESTOQUARD (1936) dans
d¡¯un animal saign¨¦ pour la boucherie ?.
la rickettsiose canine ¨¤ Rickeftsia canis. II semble
Toutefois, le diagnostic ne peut ¨ºtre pos¨¦ avec
d¡¯ailleurs qu¡¯il s¡¯agisse d¡¯une ¨¦osinop¨¦nie r¨¦elle
certitude que par l¡¯examen des pr¨¦l¨¨vements
car les ¨¦osinophiles sont rares ou absents dans
effectu¨¦s et la mise en ¨¦vidence de l¡¯agent causal.
les frottis d¡¯organes h¨¦matopo ?¨¦tiques
des ani-
Dans la rickettsiose g¨¦n¨¦rale bovine, Rickeffsia
maux atteints.
bovis est identifi¨¦e dans les monocytes du sang
II est important d¡¯insister sur ces modifications
circulant ou des organes ; elle ne l¡¯est jamais
de l¡¯image sanguine car ce sont elles qu¡¯on remar-
dans les cellules de I¡¯endothelium vasculaire.
que en premier lieu ¨¤ l¡¯examen d¡¯un frottis de
A l¡¯inverse, Cowdria (Rickeffsia) ruminantium
sang et que ces l¨¦sions sont toujours tr¨¨s visibles
s¡¯observe dans les cellules r¨¦ticule-endoth¨¦liales
alors que, m¨ºme dans les formes graves, les
de la tunique interne des vaisseaux ,et jamais
rickettsies peuvent ¨ºtre rares et r¨¦clamer un
dans le sang circulant.
examen minutieux. L¡¯observation de ces ano-
Non seulement nous avons identifie Rickettsia
.
malies permettra souvent de poser un diagnostic
bovis dans tous les cas, mais nous avons aussi
pr¨¦coce, m¨ºme en l¡¯absence de Rickettsio.
recherch¨¦ syst¨¦matiquement ¨¤ mettre en ¨¦vidence
.m
491
Cowdria ruminontium sur le cadavre. L¡¯examen
constatons que les deux premiers cas apparais-
des frottis effectu¨¦s (endoth¨¦lium de la veine
sent apr¨¨s une sortie malencontreuse au p ?turage
jugulaire, frottis de plexus choro ?de et calques
d¡¯o¨´ les animaux reviennent parasit¨¦s par des
de cerveau fra ?chement pr¨¦lev¨¦s) ont ¨¦t¨¦ n¨¦ga-
tiques (surtout des Amblyommo variegofum).
tifs. Ceci a permis aussi d¡¯infirmer l¡¯existence
Par la suite, bien qu¡¯ils ne soient plus sortis
possible d¡¯une infection mixte ¨¤ Rickettsia bovis
et qu¡¯ils soient soumis r¨¦guli¨¨rement ¨¤ un
et ¨¤ Cowdria ruminaniium.
traitement ixodicide, les animaux h¨¦bergent
quelques tiques vraisemblablement introduites
dans l¡¯¨¦table avec le fourrage vert dont on les
PRONOSTIC
nourrit. Tous les animaux atteints sont parasit¨¦s
par ces arthropodes.
Le pronostic de l¡¯affection est s¨¦rieux puisque
sur 14 cas identifi¨¦s, 4 ont ¨¦t¨¦ mortels.
A la suite de ces observations, nous constatons
Par ailleurs, la morbidit¨¦ est ¨¦lev¨¦e, au moins
la contamination naturelle au p ?turage d¡¯un
chez le b¨¦tail import¨¦, puisque sur 12 z¨¦bus
veau ndama ¨¤ Sangalkam (cf. R¨¦partition
import¨¦s, 10 contractent la maladie parmi les-
g¨¦ographique). Une semaine apr¨¨s sa mise au
quels 3 meurent (2 de forme suraigu ? et 1 de
p ?turage, il pr¨¦sente une hyperthermie pendant
forme aigu ?) et 7 (dont 5 pr¨¦sentent une forme
48 heures (39,9 OC le Ier jour, 39,6 OC le second)
grave d¡¯embl¨¦e) gu¨¦rissent en 3 ¨¤ 7 jours apr¨¨s
sans autre sympt ?me morbide. D¨¨s le premier
un traitement par l¡¯aur¨¦omycine.
jour d¡¯hyperthermie, des examens quotidiens
d¡¯¨¦talements de sang sont pratiqu¨¦s et ¨¤ partir
du 9¡± jour, Ricketfsia bovis est identifi¨¦e dans
MODE DE CONTAMINATION
ces pr¨¦l¨¨vements.
Les rickettsies persistent
pendant 6 jours puis disparaissent. Ce veau
Pour expliquer l¡¯apparition de cette maladie
fait donc une forme inapparente de la maladie
non encore signal¨¦e au S¨¦n¨¦gal, on ne peut
qui serait pass¨¦e inaper ?ue s¡¯il n¡¯avait ¨¦t¨¦ soumis
retenir l¡¯hypoth¨¨se selon laquelle les z¨¦bus
¨¤ une surveillance particuli¨¨re. Ce fait prouve
pakistanais, d¨¦j¨¤ pr¨¦munis avant leur importa-
cependant la r¨¦alit¨¦ de la contamination sur
tion, avaient fait un acc¨¨s parasitaire d¨¦clench¨¦
place.
par les agressions dues au voyage et ¨¤ I¡¯acclima-
D¡¯autre part, un broyat de tiques est inocul¨¦
tement.
¨¤ deux bovins de race locale. R¨¦alis¨¦ avec des
En effet :
Amblyomma variegafum r¨¦colt¨¦s sur des bovins
de race locale, p ?turant dans la r¨¦gion de
a) Rickettsia bovis n¡¯a jamais ¨¦t¨¦ signal¨¦e en
Thi¨¨s, ce broyat est mis en suspension dans du
Tunisie, ¨¤ notre connaissance.
milieu HBSS (Hank¡¯s balanced salted solution)
b) Si la crise d¡¯acclimatement avait provoqu¨¦
pour culture de tissus et inocul¨¦ (sans antibiotique)
un tel acc¨¨s parasitaire, tous les animaux
sous la peau des deux animaux. Respectivement,
auraient ¨¦t¨¦ malades en m¨ºme temps, ¨¤ peu
16 et 29 jours apr¨¨s l¡¯inoculation, Rickeffsio bois
de jours d¡¯intervalle et peu apr¨¨s leur arriv¨¦e au
est identifi¨¦e dans les frottis de sang de ces
S¨¦n¨¦gal. Or ici, non seulement le premier cas
bovins, persiste quelques jours puis dispara ?t.
est apparu plus d¡¯un mois apr¨¨s l¡¯importation
La pr¨¦sence des rickettsies s¡¯accompagne des
des z¨¦bus (et ceux-ci ¨¦taient alors acclimat¨¦s
modifications sanguines d¨¦j¨¤ d¨¦crites. Ces ani-
ainsi qu¡¯en t¨¦moignait leur bon ¨¦tat g¨¦n¨¦ral)
maux font une forme inapparente de la maladie
mais encore la r¨¦partition dans le temps des
car en dehors d¡¯une l¨¦g¨¨re baisse d¡¯¨¦tat, ils ne
cas de rickettsiose s¡¯¨¦tale sur une p¨¦riode
pr¨¦sentent aucun sympt ?me morbide.
sup¨¦rieure ¨¤ un mois.
Cette exp¨¦rimentation permet de d¨¦montrer
L¡¯origine de cette affection ne peut donc ¨ºtre
la transmission de Rickeffsio bovis par Amblyommo
qu¡¯autochtone. Les faits suivants le confirment.
voriegafum et d¡¯¨¦tablir que la r¨¦gion de Thi¨¨s
Chez les z¨¦bus sahiwal normalement mainte-
est un foyer de rickettsiose g¨¦n¨¦rale bovine.
nus en stabulation libre (l¡¯enclos dans lequel
II faut donc conclure ¨¤ l¡¯existence de la rickett-
ils ¨¦voluent ¨¦tant d¨¦pourvu d¡¯lxodes) nous
siose g¨¦n¨¦rale bovine au S¨¦n¨¦gal et que cette
492
maladie se montre particuli¨¨rement grave chez
au moins une fois par semaine et, en plus de ce
les z¨¦bus pakistanais, animaux neufs et peut-
traitement, de maintenir les bovins r¨¦cemment
¨ºtre particuli¨¨rement sensibles ¨¤ cette affection.
import¨¦s en stabulation permanente.
CONCLUSION
TRANSMISSION TRANSPLACENTAIRE
C¡¯est la premi¨¨re fois, ¨¤ notre connaissance,
Une des vaches mortes de rickettsiose ¨¦tant
que la rickettsiose g¨¦n¨¦rale bovine est signal¨¦e
en gestation, nous avons fait l¡¯autopsie du fcetus
au S¨¦n¨¦gal. Cette observation porte ¨¤ deux, le
et examin¨¦ des frottis de sang et des calques
nombre de rickettsioses des monocytes identifi¨¦es
d¡¯organes. Le fcetus, ?g¨¦ de trois mois, ¨¦tait
dans ce pays, puisque, en 1941, CURASSON y
indemne de l¨¦sions et la recherche des rickettsies
signale l¡¯existence de la rickettsiose g¨¦n¨¦rale
est rest¨¦e n¨¦gative. Cependant, l¡¯¨¦tude de ce cas
ovine ¨¤ Rickeftsia ovina (LESTOQUARD et
unique ne permet pas de tirer de conclusion sur
DONATIEN, 1936).
la transmission ou la non-transmission de cette
Dans ce pays, comme dans toutes les r¨¦gions
rickettsie par la voie placentaire.
tropicales, Ricketfsia bovis est r¨¦ellement patho-
g¨¨ne alors que DONATIEN et LESTOQUARD,
1940, constatent qu¡¯en Alg¨¦rie, elle ne provoque
TRAITEMENT
que des maladies b¨¦nignes. CURASSON (1942)
avait fait la m¨ºme remarque au sujet du r ?le
Parmi les traitements essay¨¦s, l¡¯utilisation de
pathog¨¨ne de Rickeffsia ovina. Aussi nous pensons
l¡¯association p¨¦nicilline-streptomycine (3 mil-
que, suivant ROUSSELOT (1953), il faut ? . . .
lions U. I. - 3 g/jour) ou de la t¨¦tracycline en
accorder ¨¤ ces affections d¨¦crites comme inap-
injection intramusculaire s¡¯est toujours sold¨¦e
parentes en Alg¨¦rie une pathog¨¦nicit¨¦ sp¨¦ciale
par des ¨¦checs.
lorsqu¡¯elles interviennent en pays tropical ?.
Seule l¡¯aur¨¦omycine par la voie intraveineuse,
Dans les quelques cas que nous avons observ¨¦s,
¨¤ la dose journali¨¨re de 4 ¨¤ 5 mg/kg et pendant
c¡¯est surtout pour le b¨¦tail r¨¦cemment import¨¦
4 ¨¤ 5 jours, a permis d¡¯assurer une gu¨¦rison
que cette rickettsiose a ¨¦t¨¦ tr¨¨s grave. Nous
rapide des animaux. Mais son efficacit¨¦ semble
ne disposons pas encore d¡¯observations cliniques
illusoire dans les formes suraigu ?s.
concernant la maladie naturelle s¨¦vissant sur le
A ce traitement sp¨¦cifique est ajout¨¦ une
b¨¦tail de race locale pour pouvoir juger de sa
th¨¦rapeutique symptomatique (tonicardiaque).
gravit¨¦ ¨¦ventuelle pour le cheptel s¨¦n¨¦galais.
Insfifuf #Elevage et de M¨¦decine
PROPHYLAXIE
v¨¦t¨¦rinaire des Pays Tropicaux
Maisons-Alforf
La seule prophylaxie actuellement possible
Laboratoire national de /¡®Elevage
est la lutte contre les tiques. II est n¨¦cessaire de
et de Recherches v¨¦t¨¦rinaires
traiter les animaux ¨¤ l¡¯aide d¡¯un produit acaricide
Dakar-Hann
S U M M A R Y
Bovine Rickettsiosis in Senegal
Bovine Rickettsiosis hos been recorded in Senegal. The work which has been
carried out on this disease in some various countries is reported. The clinical
signs and lesions are described. Diagnose of the disease is made through the
evidence of R. bovis in the blood of infected animais and the presence in it of
some abnormal leucocytes which are nearly characteristic of the disease. The
only effective treatment consists
in Aureomycine. Intraveinous injections at the
dose of 4 to 5 mg/kg/ day during 4 or 5 days.
The part played by Amblyommo
voriegofum in the transmission of the disease
has been established.
493
RESUME N
La Rickettsiosis general bovina en Senegal
Se nofa la existencia de la Rickettsiosis general bovina en Senegal. Se pasan
en revista 10s trabajos ya efectuados en varios paises concerniendo a esta
enfermedad. Las sintomas y las lesiones se describen. La presencia de Rickeitsio
bovis en la sangre y algunas anomalias leucocitarias ? casi patognomhicas
?
permiien diagnosticar la enfermedad. Las inyecciones de aureomicina por via
venosa en la dosis de 4 a 5 mg/kg/dia durante 4 o 5 dias son el solo iratamiento
activa. Se demuestra el pape1 de Amblyommo
voriegofum en la transmisibn de la
enfermedad.
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