ETUDE D E L ’ INFESTATIDN I N I T I A L E D E...
ETUDE D E L ’ INFESTATIDN I N I T I A L E D E Sitotrow =c~?-~+!:~Q o~iv.
EN F O N C T ’ O N D E L A L O C A L I S A T I O N D
- E S- C H- A M-P S - D E - M I L-
I l'ennisetum typhoïdes)
dans 2 conditions de culture du mil et 3 localités du Sénégal.
D a n s t o u t e s l e s c o n d i t i o n s , les épis ont et6 attaqués dès la récolte mais les degâts
sont dix fois plus importants sur les épis des champs de case que sur ceux des champs eloignés des
villages
E n c o n c l u s i o n , l’auteur pose la problématique de la conservation des semences de mil
e n m i l i e u p a y s a n l i é e d ’ u n e p a r t à cette infestation, d’autre part à la methode de conservation des
é p i s e n g r e n i e r s t r a d i t i o n n e l s .
+
MOTS CLES :
Infestation au champ. Sitotroga cereaZeZZa, mil (Pennisetum typhofdes),
semences.
I>I-NTRGDUCTION:
Le mil constitue la base de l'alimentation en milieu rural senégalais,
où il est cultive depuis trés longtemps sous deux formes : la culture en champs
de case a proximité des habitations et celle en champs éloignés a plusieurs kilo-
metzes du village.
Apres la récolte, la production est parfois battue et conservée en sacs,
mais ie plus souvent elle est stockee sous forme d'épis entiers dans des greniers
traditionnels où le principal ravageur est Sitotrogcr cerealezza oliv (Alucite).
L'infestation initiale a lieu dans le grenier a partir des résidu:; de
recolte mais aussi a;l champ avant la récolte ou pendant le sechage. Ce demie,:
dure de deux a trois mois.
L'infestation au champ de S.cereaiella a été étudiée en Europe sur le
M a ï s (Stockel,
1967), en Asie sur le riz (Ganesalingham et Krishnarajah, 1979) ec
en Amérique sur le blé (King, 1918 ; Koone, 1952) mais jusqu'ici, aucune étude n'a
eté menee dans ce sens en Afrique sur le m.il (Pennisetum typholdes).
De plus, la plupart de ces études ont mis en évidence la réalité de l'infestation
au champ du ravageur, sans riellement l'évaluer en termes de dégâts ou de perte.
Le but de cette étude est de vérifier et éventuellement, de quantifier
l'infestation initiale du mil, en fonction de la position dzs champs par rapport aux
villages.
- - - - - - - - -
* L a b o r a t o i r e d’ento:nologie
d e XLor-c~ d\\l Rip
ISRA B P 199 KAOLACK, S E N E G A L .

2) MATERIELS ET METHODES :
--_-~---
L'étude a été menée dans trois localités situees a une soixantaine de kilo-
métresl'une de l'autre :
- Diamaguéne (département de Nioro)
- Sokone (département de Fatick)
- Gossas (departement de Gossas).
Dans chaque site, on a choisi un champ de case et un champ éloigné appartenant au
même paysan, trente (30) jours aprés le semis.
A la récolte du mil, un &chantillon
moyen de quarante (40) épis a été pré;
levé de chaque champ et ramene au laboratoire oh ils sont étiquetés. Ensuite, ils
sont protegés contre l'infestation extérieure dans des bonnets a charpente métallique
recouverts avec du tissu en coton léger. Apres une incubation de trente (30) jours
a la température moyenne de 30" C pour laisser émerger l'infestation en cours, les
dégâts de S. cerealeiza ont éte evalués en comptant le nombre moyen de trous de sor-
tie d'alucites par unité de surface d'épi. Ce dénombrement est effectué par chandel-
le, sur trois rondelles de cinq (5) centimétres situées respectivement à la base, au
milieu et au sommet de l'épi.
L'évaluation des degâts ainsi obtenus est exprimée en nombre de grains attaques par
centimetre carre d'épi (nga/cm2) (SECK, 1984).
RESULTATS :
3) TABLEAU 1 : Infestation au champ des épis du mil par Sitotroga cerealelh oliv.
(Lépidoptére Gelechiidae) au Sénégal.
I
l
l
I
[ N o m b r e d e g r a i n s attaquEis p a r 1 0 0 c m 2 1
I
Conditions de culture [
I
Moyenne
l
l
Ï-
l
l
l
(Diamaguène ! S o k o n e
1 Gossas
I
/
I
-
-
i
-
-
-l
-
-
+
-
-
-
-
(Champ de 2ase
I
18.0
l
18,3
l
19.3
I
18.5 a
l
I
I
-
/
‘Champ Bloigné
0 . 0
I
/
593
/
1,8
b
I
Les résultats (tableau 1) démontrent la réalité de l'infestation au champ de
S. cerealella sur le mil au Sénegal.
Il apparait que les champs de case de toutes les loc%lités ont eté attaques,
contrairement aux champs éloignés qui ne l'ont eté que dans un cas sur trois (a Gossas).
L'infestation moyenne des trois I.ocalités a teté de 0,2 ga/cm2 pour les champs de case
et de 0,02 ga/cm2 pour les champs éloignés, soit dix fois moins, dans ie cas de ces
derniers .

- 3 -
L'infestation moyenne par site a éte de 0,lO ga/cm2 a Gossas, 0,12 ga/cm2
à Sokone, et 0,09 ga/cm2 a Diamaguene.
L'analyse de variante des données a révélé une différence-hautement signifi-
cative entre l'infestation initiale des champs de case et celle des champs éloignes,
avec une interaction localite/type de champ non significative.
Par contre la différence d'infestation entre les trois sites a éte non signi-
ficative.
4) DISCUSSION2 :
Ces résultats confirment sur le mil l'infestation au champ de l'alucite. 11s
s'accordent ainsi et complétent les donnees précédemment obtenues sur le riz ( Gana-
salingham et Krishnarajah, 1979) et sur le mais (Stockel, 1967).
Par contre,la plus grande infestation des champs de mil de case par rapport
aux champs éloignés constitue une observation différente de celle de (Ganasalingham
et al, 1979) sur le riz, ou la position des champs par rapport aux habitations n'a-
vait aucune incidence sur l'infestation initiale de S.cereaZelZa,ce qui peut se com-
prendre compte tenu de la rapidité d'écoulement des stocks liées a la pratique de
plusieurs cycles de culture par an dans les conditions du Sud-Est asiatique.
Dans le cas du mil, la différence Observ&e s'explique au contraire par une
longue durée de stockage et par la conception des greniers.
En effet, le mil constitue la base de l'alimentation en milieu rural où il est sto-
cke pratiquement toute l'année dans des greniers en matiéres végetales, à paroi en
"Guer" tissé ; le "Guer" etant une Combretaceae vivace des jachéres et des terres
incultes.
Ainsi, se maintient en permanence une population du gelechiide dont le pic
se situe pendant la saison des pluies, entre juillet et septembre suivant les an-
nées. Les parois des greniers n'étant pas étanches, les adultes émergeant des épis
stockes peuvent sortir et aller vers les épis voisins dans les champs de case.
Pour le seul cas de champ éloigné contaminé, deux hypothéses peuvent être
avancées mais l'une comme l'autre méritent des investigations.
La premier-e est que la direction du vent ait pu permettre a quelques adultes de mi-
grer des greniers les plus proches vers le champ situé a plus ou moins deux kilo-
mètres.
La seconde est l'existence de graminees sauvages hôtes, permettant la conservation
et la multiplication primaire de l'alucite (Candardel et Stgckel, 1972).
Il faut noter que si le niveau maximum des dégâts observes (0,2 ga/cm2) pa-
rait relativement faible , ce chiffre est inferieur a celui de 1,4 a 2,releve lors
d'observations prec&dente.s (non publiées) sur des épis de champs de case, trois sf!-
maints apres la récolte.

- 4 -
5) ~CLUSIO~ :
Le mil constitue une source importante de nourriture pour les populations
rurales du Senégal où la culture occupe annuellement une superficie de plus d'un
million d'ha pour une production nationale moyenne d'environ 530.000 T. (DIENG, 1986).
Les meilleurs rendements sont obtenus sur les champs de case (Cattin, 1986)
recevant une importante fumure organique, contrairement aux champs éloignés sur les-
q u e l s , aussi bien les rendements que la qualité des epis sont plutôt médiocres. Ce
dernier aspect explique l'attitude des paysans de prélever leurs semences parmi les
épis des champs de case qui, des la récolte, sont dix fois plus attaqués par S.cerea-
i.elZa.
C'est avec ce niveau d'infestation initiale que les futures semences sont
stockées en épis entiers de sept (7) à neuf (9) mois, forme malheureusement tres fa-
vorable au développement de l'insecte (SECK, 1983).
Ainsi se trouve posée la problématique de la conservation des semences de mil
en milieu paysan, liée d'une part a leur mode traditionnel de sélection et de stockage,
d'autre part a la plus grande infestation initiale de Sitotroga sur ces épis et a la
possibilité pour le ravageur placé dans des conditions particulièrement favorables,
se développer au détriment des graines.
B
- I- B- L-I O G R A P H I E :
Candardel, H et Stockel, J (1972 Recherches par élevage en insectarium et par piégeage sexuel sur le cycle
annuel de l'alucite des céréales Sitotroga cereazezla Oliv. Gelec:lii-
dae et sur le rôle des cultures de blé et de maïs dans le maintien de
l’espèce en agriculture (France).
Ann. Ecol. anim. 4 (3) : 311-333.
Cattin, M.B etal (19861 Les unites expérimentales du Senégal-ISRA-CIRAD-FAC-
500 p
Dieng, A.5 (19861 I n d i c a t e u r s é c o n o m i q u e s s u r les Statistiques agricoles, 26 p.
G a n e s a l i n g h a m , V . K a n d K r i s h n a r a j a h . S . R . (19721 Infestation of Sitotroga cerealetta (olivier) under
field conditions and storages in Northern Sri Lanka. Cey-
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King, J.L (1918) Notes on the biology of the Angoumois grain moth fsitOtPOga cerealezza OLIV.1
J . E c o n . E n t 1 0 (1) : 8 7 - 9 3 .
~oone, H. (19521 Maturity of corn and life history of the Angoumois grain moth .
K a n s . E n t . S o c . J . 2 5 : 1 0 3 - 1 0 5 .
Seck, 0 ( 1 9 8 3 )
Etude d’un ravageur des céreales Sitot~ c~k~k oliv (Lep. Gelechiidael en milieu
paysan au Sénégal. Faculté des Sciences Agronomiques de 1’Etat. Gembloux Belgique. 121 p.
Seck, D (19841 Rapport annuel (programme stockage profil des pertes) ISRA, Projet CILSS de lutte integrée.
10 p.
S t o c k e l , J (1967) P r o b l è m e s p o s e s p a r l’alucite d e s céreales dans le Sud Du&t
Rev. Zool. Agric et appl . 4-6 : 33-44.
Stockel, J (1971) Utilisation du piégeage sexuel pour l’étude du déplacement de l’alucite SitOtPOga ce-
rea&lla oliv (Lep.Gelechiidae) vers les cultures de maïs __ Ent-Ex.app. 14 : 39-W.