REPUBLIQUE DU SENEGAL MINISTERE DE L’AGRICULTURE...
REPUBLIQUE DU SENEGAL
MINISTERE DE L’AGRICULTURE
Institut Sénégalais
De Recherches Agricoles
Centre National de la Recherche Agronomiique
RAPPORT ANALYTIQUE DES
ACTIVITES
1997/98
Par
Dr. Mamadou BALDE
Mr. Abdoulaye DIOP
Février 1998
Bureau : ISRA-CNRA - Centre National de Recherches Agronomiques - B.P. 53 Bambey
%# (221) 973 60 50/51/54 - Fax (2.21) 973 60 52 - Code NINEA : 0120 212

CONVENTIOl’+l ISRA/NESTEC-ABIDJAN
Recherches entomologiques
Sur
LA CUL’TURE DU NIEBE

15
CONCLUSION GENERALE
-___-__ -_--.---_-.-- ._-_ _..-. _-._-
Cel:te étude sur l’optimisation de la protection chimique de la culture du niébé
mené en rnilieu paysan a permis de tirer un certain nombre de conclusions.
Même si l’objectif de l’essai était d’optimiser le traitement phytosanitaire de la
culture du niébé contre les insectes des fleurs et des gousses, en particulier contre
les thrips et les punaises, l’attaque des pucerons Aphis çraccivora intervenue lors
d’une longue poche de sécheresse a permis de confirmer la résistance de la variété
Mélakh à cette espèce. En effet, aucun pied présentant des pucerons n’a été
observé lors de l’évaluation de I’infestation.
Le suivi de la dynamique des populations des thrips montre que la pression
de cette espèce était généralement faible, même si elle était plus importante que
celle observée l’année précédente dans le site. Malgré cette situation, le traitement
insecticide a montré une certaine efficacité à contrôler la population des thrips. La
population de cette espèce était en effet significativement plus importante au niveau
des parcelles témoins qu’au niveau de celles protégées. Cependant, seul un
traitement en début floraison s’avère nécessaire pour le contrôle des thrips, vue
l’absence de différence significative entre les traitements chimiques.
Les, résultats montrent par ailleurs que la variété Mélakh présente une
certaine résistance également aux thrips. Ce qui confirme non seulement les
observations faites l’année précédente, mais également des résultats antérieurs
obtenus dans le cadre de criblage à la résistance variétale.
L’avortement des gousses était plus important au niveau des parcelles
témoins qu’au niveau de celles ayant reçu le traitement chimique, malgré la
presence relativement faible de punaises. Sur ce plan, il n’existait aucune différence
variétale significative.
L’analyse de la production montre d’une manière générale que les variétés
&igées étaient potentiellement plus performantes que celles rampantes. L’es
résultats semblent par ailleurs mettre en évidence l’existence d’une corrélation
négative entre la population des thrips et le niveau des rendements, malgré le faible
niveau de pression parasitaire.
-_
Indépendamment du niveau de traitement, le suivi effectué sur la sortie des
t,ruches n’a montré aucun impact de la protection chimique. Par contre, une
différence variétale semble exister sur ce plan. En effet, les variétés Bambey 21 et
!Jlougne avaient jusqu’à cette date moins de bruches émergées que les autres.

16
L’évaluation économique de ce programme de protection chimique de la
‘culture du niébé montre que dans cette zone caractérisée par une faible pression
oarasitaire, qu’un deuxième traitement durant la floraison n’était rentable que chez la
,dariété Ndiambour. Par contre, le troisième traitement qui était destiné pour la
protection des gousses a été bénéfique pour toutes les variétés. Le niveau de
rentabilité de la protection chimique était dans l’ensemble relativement faible,
comparée a ce qui se passe dans les zones agro-écologiques plus humides où la
pression parasitaire est généralement plus forte.
Sur la base de tous ces résultats, une application insecticide en début de
iloraison peut s’avérer nécessaire dans cette zone agro-écologique pour toutes les
variétés en dehors de la Mélakh, même si cette recommandation dépendra de
l’objectif de production et du risque relatif au bénéfice attendu que le producteur
s’est fixé.
.-.
-
-
-

Grâce à sa tolérance à la sécheresse et à son cycle relativement court, la
culture du niébé prend de plus en plus de l’importance au Sénégal, particulièrement
dans la zone Nord du Bassin arachidier ou le niébé est devenu presque l’aliment de
base des populations rurales depuis l’avènement de la sécheresse des années 70.
Cependant, cette culture fait l’objet d’attaque de la part de plusieurs
déprédateurs (insectes, phanérogames, maladies cryptogamiques et virales) qui
constituent à côté des difficultés de stockage et de l’absence d’une filière organisée,
une des principales contraintes à sa prodwtion.
Pour améliorer son utilisation dans l’alimentation humaine, le niébé fait
actuellement l’objet de transformation industrielle par les industries agro-
alimentaires. Dans le cadre de la collaboration entre I’ISRA et AFRIRECO de la
firme NESTEC, quatre variétés mises aiu point par le Centre National de Recherches
Agronomiques (CNRA) ont été identifiées comme ayant de bonnes qualités
crganoleptiques et nutritionnelles. II s’agit des variétés BAMBEY 21, MOUGNE,
NDIAMBOUR et MELAKH qui portent un intérêt tout particulier pour cette firme. Les
enquêtes menées en milieu paysan montrent que MOUGNE et MELAKH sont des
variétés particulièrement appréciées par les populations en milieu rural.
Sous financement AFRIRECO, un essai d’optimisation de la protection
chimique en fonction de la variété a été entrepris en milieu paysan l’année dernière.
L’objectif de la reconduiie de cet essai dont les résultats font l’objet de ce rapport,
etait de confirmer ou d’infirmer les résultats obtenus l’année précédente.

2
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I
11.1. OBJECTIF
Compte tenu de l’intérêt porté par les paysans de la zone nord et centre nord
du bassin arachidier pour ces variétés, l’objectif de l’essai était de déterminer leur
comportement par rapport à une protection chimique des fleurs et des gousses.
1!.2. CONDUITE DE L’ESSAI
1.2.1. Localisation
L’essai a été reconduit pour la deuxième fois sur le même site de GATT avec
le même paysan. Ce village situé à quelques kilomètres de la station de
I’ISRAICNRA de Bambey, fait partie non seulement des principaux sites ayant connu
les essais « Mini-kit », mais se trouve également dans la zone de production du
niébé. A l’instar de ce qui a été fait l’année précédente, cet essai a été placé sous
l’entière responsabilité de l’équipe de recherche, le paysan ne mettant à la
clisposlttion que le champ. C’est pour dire que même l’entretien des parcelles a été
effectué par l’équipe de recherche pour éviter les manquements constatés l’année
précédente dans ce domaine.
1.2.2. Dispositif expérimental
Pour la réalisation de cet objectif, un dispositif en SPLIT PLOT à 4 répétitions
a été utilisé dans lequel la variété constituait le facteur principal et le traitement
chimique le facteur secondaire. Chaque yarcelle élémentaire était constituée de 6
lignes soit un total de 24 lignes par variété. Pour mettre chaque variété dans les
conditions optimales de développement, le semis a été effectué selon les
recommandations de l’agronomie.
1.2.3. Entretien et programme de traitement
Pour permettre un bon développement des jeunes plantes, de l’engrais NPK
(13-20-10) à raison de 150 kg/ha a été apporté après grattage. Pour que débute la
floraison en même temps, les variétés rampantes et érigées ont été semées
respeotivement le 10 et 23 Juillet. Ces semis ont été r&alisés en humide après des
pluies respectives de 72 et 9 mm tombées à la veille. II faut nier par ailleurs que ia
semence utilisée n’avait pas subi de traite,ment.
Après chaque semis, un sarclage a été effectué immédiatement pour enlever
non seulement les mauvaises herbes, mais pour empêcher également aux oiseaux
.-
-

3
et rongeurs de déterrer les graines. Le deuxième binage a été effectué le 9 Août,
soit 30 jours après le premier semis.
Compte tenu de l’influence des thrips sur l’avortement des fleurs et de celie
des insectes piqueur-suceurs (punaises) sur la qualité des gousses et des graines,
un accent tout particulier a été mis sur la protection de la culture durant la floraison
et la formation des gousses. Ainsi, le programme de protection comprenait les
différents niveaux de traitement suivants:
« Témoin sans protection chimique
o Tl : un seul traitement en début floraison
o T2 : deux traitements espacés d’une semaine durant la floraison
(8 T3 : trois traitements dont un durant la phase de formation des gousses.
Le premier traitement insecticide a été réalisé le 21 Août sur les variétés
rampantes qui étaient les seules à avoir débuté avec la floraison. La première et
deuxième application insecticide qui devait avoir lieu une semaine plus tard
respectivement pour les variétés érigées et rampantes, a été reculée de deux
semaines, car les variétés Bambey 21 et Mélakh n’avaient pas encore de fleurs et
qu’aucune évolution de la floraison n’a été constatée au niveau des autres variétés.
Ce retard serait lié à l’effet de la reprise des précipitations après une longue poche
de sécheresse durant la phase du développement végétatif.
II faut préciser que le DECIS (Deltaméthrine) qui est un produit vulgarisé au
Sénégal et particulièrement efficace contre les thrips, a été utilisé dans ce
programme de protection chimique.
‘1.2.4. Critères d’évaluation et analyse statistique
Vue l’importance d’une correcte estimation de la rentabilité d’une protection
insecticide dans cette zone agro-écologique, les paramètres suivants ont été pris en
compte :
(8 Nombre de thrips par fleur ;
(1 Nombre de gousses formées par pied ;
a+ Nombre de gousses avortées par pied
a+ Le poids de graines par parcelle utile ;
-
_-
-
43 Le rendement réel et potentiel à l’hectare ;
e+ Le taux d’infestation primaire du niébé au champ par les bruches ,
o Gain et rentabilité marginale de la protection chimique

Compte tenu du caractère déhiscent de la variété Bambey 21, la récolte a été
effectuée au fur et à mesure que les gousses atteignaient la maturité physiologique
pour éviter leur éclatement. Dans l’ensemble, deux récoltes ont été faites,
indépendamment de la variété. II faut signaler cependant que la maturité des
c’ousses é,tait plus rapide chez les variétés érigées que chez les autres.
L’analyse statistique des données a été effectuée à l’aide du logiciel
MSTAT.C. La comparaison des moyennes entre les traitements ou variétés a été
faite avec le « Student-Neuman-Keul’s Multiple Range Test ». Pour cette analyse,
seules les données obtenues sur les deux lignes centrales de chaque parcelle ont
eté prises en compte.
-.-
-
.-
-

5
2.1. SITUATION CLIMATIQUE ET PHYTOSANITAIRE
Pour avoir une idée précise sur la situation climatique qui influence le
développement non seulement de la culture, mais également celui de I’entomofaune
nuisible, des observations ont été faites sur l’évolution de la pluviométrie avec
l’appui du service de bioclimatologie du Centre National de Recherches
Agronomiques (CNRA) de Bambey.
L’hivernage qui a débuté cette année le 8 Juin dans la zone, a connu des
précipitations particulièrement irrégulières durant la première phase allant jusqu’à la
deuxième décade du mois d’Août. En effet, la fréquence des pluies était inférieure à
9 jours durant cette phase, tandis qu’elle atteignait le maximum de 13 jours de pluies
el Août (Fig. 1).
Juin
Juillet
Août
Septembre
PERIODE
Figure 1 : Histogramme de la fréquence des précipitations
Comme le montre la figure 2, les précipitations étaient plus importantes
-.
durant le mois d’Août (175 mm), suivi du mois de Septembre avec environ 107 mm
-
-de pluie. Ce qui représente respectivement,8 et 26,2 % du cumul pluviométrique
total obtenu cette année.
-

6
Cet hivernage a été en plus caractérisé par une mauvaise répartition des
pluies qui avait engendré une longue poche de sécheresse d’environ deux
semaines. Cette situation de stress hydrique a eu une incidence négative sur le
développement de la culture. En effet, un retard du début de la floraison a été
observé au niveau des variétés semées tardivement (Bambey 21, Mélakh) ainsi
qu’un arrêt momentané de la floraison des variétés semées tôt en faveur d’un
cléveloppement végétatif relativement important.
200
100
-1
JLlifl
Juillet
Août
Septembre
PERIODE
Figure 2 : Histogramme de I’évo~lution des précipitations
Sur le plan phytosanitaire, ces conditions climatiques ont eu également des
tmplications sur la situation parasitaire. C’est ainsi qu’une infestation plus ou moins
importante de la culture par les pucerons Aphis craccivora a été observée en début
Septembre suite à une poche de sécheresse plus ou moins prolongée. Cette attaque
ravorisée effectivement p Jr l’irrégularité et la faitr ‘esse des précipitations Stait
Farticulièrement importante au niveau des parcelles de la variété Mougne. II faut
préciser que l’apparition de cette espèce a été déjà constatée le 21 Août sur
certaines variétés, mais sans aucune importance. Pour tous les traitements
confondus, l’incidence (pourcentage de plantes présentant des pucerons) s’élevait
en moyenne à 30 (Mougne) et 18 % (Bambey 21), contre 8 et 0 % respectivement au
niveau des variétés Ndiambour et Melakh. Ces résultats confirment le caractère
tolérant de la variété Mélakh à cette espèce de ravageur.
-

7
35.2. INFLUENCE DU TRAITEMENT SUR LES THRIPS
Pour évaluer l’impact des thrips sur la production de gousses par l’avortement
cles fleurs qu’ils provoquent, des prelèvements de fleurs au niveau de chaque
parcelle ont été effectués toutes les semaines avant l’application de l’insecticide.
Ces fleurs avaient fait l’objet d’analyse à l’aide d’un microscope au laboratoire pour
ciéterminer le nombre de thrips.
Le comptage des thrips effectué montre dans l’ensemble une faible pression
parasitaire, même si elle était relativement plus importante que celle observée
l’année precédente dans ce même site. Indépendamment de la variété, la population
des thrips au niveau des parcelles témoins (TO) était pour l’ensemble des
prélèvements inférieure à 66 individus en moyenne par fleur. Ce phénomène
plourrait s’expliquer en partie par la faiblesse et l’irrégularité des précipitations
constatées cette année dans la zone. Malgré cette faible pression, une différence
significative existait aussi bien entre les traitements qu’entre les variétés (Fig. 3).
Avec une moyenne de 143 thrips pour tous les traitements confondus, la variété
Mélakh avait la plus faible population, contrairement à la variété Mougne qui était
avec une moyenne de 45’8 thrips la plus attaquée, soit une différence de 68’4 %.
Ces resultats confirment ainsi la relative résistance de la Mélakh aux thrips
constatée dans le cadre d’un criblage de plusieurs variétés contre cette espèce de
ravageur.
7
VI
v2
v3
V4
VARIETE
Figure 3 Influence du traitement et de la variété sur la population des thrips
Concernant la réduction de la population des thrips, toutes les parcelles ayant
reçu une protection chimique avaient montré une différence significative avec les
parcelles témoins. Cette différence était cependant relativement faible entre les
traitements chimiques, du fait de cette faible pression parasitaire Ce phénomène
était particulièrement remarquable entre les deux derniers niveaux de traitement
chimique (T2, T3). L’absence de différence significative entre ces derniers niveaux
de protection pourrait être liée au fait que la troisième application insecticide
correspondait à la protection des gousses au moment où la floraison tirait à sa fin.

8
Pour avoir une idée précise sur la dynamique de population des thrips, des
prélèvements ont été effectués aussi longtemps que des fleurs existaient sur les
parcelles. Les résultats confirment tout d’abord que la période de floraison était
beaucoup plus étalée chez les variétés rampantes que chez les variétés érigées. En
effet, quatre prélèvements ont pu être réalisés au niveau des variétés rampantes.
Comme le montre la figure 4 relative à l’évolution de la population des thrips
en fonction du traitement, le maximum d’individus a été collecté au troisième
prélèvement. Du point de vue de la vitesse de croissance de la population, le
nombre de thrips avait augmenté de manière remarquable entre les deux premiers
prélèvements, indépendamment du traitement et de la variété. Cette différence qui
dépendait du niveau de traitement variait entre 73 (T3) et 86 % (TO), tandis que cet
accroissement de population entre la deuxième et troisième date de prélèvement ne
s’élevait qu’à 12 et 38 % respectivement au niveau de ces mêmes traitements. La
baisse de population des thrips observée au niveau des parcelles témoins serait liée
à la diminution progressive du nombre de fleurs. Ce qui semble mettre en évidence
l’existence d’une corrélation entre l’évolution de la population des thrips avec celle
des fleurs.
J
OL
Vl
v 2
v 3
V4
VARIET’ES
Figure 4 : Evolution de la population des thrips
21.3. EFFET DU TRAITEMENT SUR LA PRODUCTION DU NIEBE
2.3.1. Influence du traitement sur la production de gousses
Pour une meilleure appréciation de l’impact des thrips et des insectes
pliqueur-suceurs sur la culture, seul le nombre de gousses saines par pied a été jugé
LItile de faire l’objet d’analyse. En effet, la considération du nombre total de gousses
r3ellement produites par parcelle pourrait être source d’erreur, vue la différence
souvent énorme entre les parcelles en terme de nombre de pieds récoltés. Sur ce

9
plan, la variété Bambey 21 présentait le plus faible taux de germination, à cause de
la mauvaise qualité et du manque de traitement de la semence utilisée.
Comme l’illustre la figure 5, la production de gousses était significativement
plus importante chez les parcelles protégées. Cependant, aucune différence n’a été
constatée entre les traitements chimiques, exception faite de ce qui s’observe chez
les variétés rampantes où la production de gousses dominait largement au niveau
des parcelles ayant reçu le troisième traitement (T3). Ces résultats semblent mettre
en évidence la nécessité d’un seul traitement chimique dans cette zone écologique
du fait de la pression des thrips relativement faible.
1
ITO
mT1
LiBT2
UT3

7
0-
/
I
V I
w2
v3
v4
VARIETE
Figure 5 : Niveau de production de gousses
La comparaison entre les variétés montre que la production de gousses était
significativement plus importante chez les variétés érigées que chez les rampantes
au niveau des parcelles témoins. Par contre, aucune différence significative
n’existait entre les variétés au niveau des parcelles protégées. Ceci serait
probablement lié à une plus grande sensibilité des variétés Mougne et Ndiambour
aux insectes des fleurs.
Pour avoir une idée sur l’action des insectes piqueur-suceurs, le nombre de
gousses « avortées » a été déterminé après la récolte. II s’agit des gousses qui
n’avaient presque pas de graines normales. Comme l’indique la figure 6, le
traitement avait réduit de manière significative l’avortement des gousses au niveau
de certaines variétés telles que Bambey 21 et Mougne. Cette réduction était
particulièrement importante au niveau des parcelles ayant subi le troisième
traitement. Les variétés Ndiambour et Mélakh semblent avoir une plus grande
sensibilité aux punaises, même si le nombre r’elativement important de gousses
avortées au niveau de T3 chez la Ndiambour ne se justifie pas.

10
25
0
WI
v2
v3
v 4
VARIETE
Figure 6 : Influence du traitement sur l’avortement des gousses
2.3.2. Influence de la protection sur le rendement
Compte tenu du fait que le poids de 100 graines peut être à l’origine d’une
différence variétale sur la production du niébé, ce critère a été pris en compte dans
l’analyse des composantes du rendement. Les résultats de l’analyse statistique
montrent que le traitement chimique n’avait aucune incidence sur le poids de 100
graines, contrairement à ce que montre la comparaison entre les variétés. Comme
l’illustre la figure 7, les variétés Mélakh et Ndiambour avaient significativement le
plaids de 100 graines le plus important. Ce dernier variait en effet entre 13,5
(IWougne) et 17 g (Mélakh) en moyenne pour tous les traitements confondus, soit
Lne différence de 20,6 % entre ces deux variétés.
0
TO
Tl
T2
T3
TRAITEMENT
Figure 7 : Poids de 100 graines

Il
Concernant le rendement en graines, les mêmes tendances relatrves à
l’influence de la protection chimique sur la production de gousses ont été
constatées. Compte tenu de la différence sur le nombre de pieds récoltés constatée
entre les variétés, l’analyse a mis l’accent sur le rendement potentiel pour avoir une
dée beaucoup plus précise sur l’influence de la protection chimique.
Comme le montre le tableau ci-dessous, les variétés érigées ont été
potentiellement plus performantes que les variétés rampantes, indépendamment du
niveau de traitement. Pour tous les traitements confondus, les rendements potentiels
:S’élevaient à 2246 et 2874 kg/ha respectivement chez les variétés Bambey 21 et
Mélakh, contre 1258,2 et 1088,5 kg/ha respectivement pour les variétés Mougne et
IVdiambour. La suprématie de la variété Mélakh sur les autres s’explique en partie
par son poids de 100 graines beaucoup plus élevé.
Tableau : Rendement réel et potentiel (kg/ha)
Trait 1
V I
I
v2
I
v3
I
v4
réel
/
potent. 1 réel / potent. 1 réel 1 potent. / réel 1 potent.
TO / 326,l / I%l,3 / 582,9 1 7’18,7 / 491,9 / 624 / 2125,1 / 2579,7
Tl
/ 433,3 / 2164,l 1 961,3 1 1026 1 811,8 / 982 j 2222,7 / 2777,8
T2
1
632,2 1 2325,5 1 1431,3 1 1470,l j 984,2 / 1
1
0
0

/ 2594,4 / 2888,9
T3
755,9
2941,6
1773,l
1817,8 1565,8 1 6 4 7 . 9 2969,3 3250,6
-
-
Moy.
j 536,9
2245,6
1187,2
1296,&&
‘Otent. = Potentiel
L’analyse des données obtenues au niveau des différentes parcelles montre
une différence hautement significative entre celles traitées et non protégées, pour
tous les traitements chimiques confondus. L’importance de la différence entre le
témoin’ et le traitement chimique dépendait cependant de la variété. En effet, la
figure 8 rnontre que la différence de rendement entre les parcelles TO et Tl s’élevait
a 36,5 % au niveau de la variété Ndiambour, tandis qu’elle ne représentait que 7 %
pour la Mélakh. Ces résultats semblent mettre en évidence l’existence d’une
corrélation entre la pression parasitaire des thrips et la baisse de production.
-
-
__
.--

12
40
ô 30
b
z
z 20
Ei
ii
ii 10
0
VI
v 2
v 3
v 4
VARIETES
Figure 8 :: Différence de rendement potentiel entre les traitements
i!.4. INFESTATION DU NIEBE AU CHAMP PAR LES BRUCHES
Dans l’objectif de déterminer l’effet de la protection chimique des gousses sur
le niveau d’attaque du niébé au champ par les bruches (Callosobruchus maculafus),
des prélèvements de gousses ont été faits dans chaque parcelle. Après décorticage
$1 la main, les graines étaient placées dans de petites boîtes qui se ferment
hermétiquement pour observer la sortit3 des bruches adultes. Pour cela, 100 graines
É!taient placées dans chaque boite. Le dispositif a été mis en place le 13 Octobre et
les premières sorties de bruches ont été observées le 29 du même mois. II faut
préciser que le nombre de graines trouées ainsi que le nombre de sorties par graine
seront examinés à la fin de l’essai. Les résultats obtenus jusqu’à la date du 19
Décembre montrent une différence entre les variétés relative au nombre total de
bruches (Fig. 9).
n
,
VI
v 2
v 3
V4
VARIETE
Figure 9 : Niveau d’infestation dies bruches

13
D’une manière générale, la variété Ndiambour était la plus infestéeisuivie de
la Mélakh avec une différence entre elles de 22,9 % pour tous les traitements
confondus. Avec 232 bruches en moyenne, la variété Mougne avait la plus faible
infestation, soit une différence de 72,~5 % avec Ndiambour. Contrairement aux
résultats de l’année précédente, le niveau d’infestation des bruches ne dépendait
que de la variété, mais pas du niveau de traitement. Sur le plan de l’efficacité du
traitement chimique à protéger les gausses contre les bruches, les résultats n’ont
r,évélé aucune tendance nette. En effet, le nombre d’individus était parfois plus faible
chez les parcelles témoins que chez celtes ayant reçu l’application insecticide. Ce
phénomène était particulièrement remarquable au niveau de Bambey 21 et
Ndiambour. Ces résultats semblent mettre en évidence l’inefficacité du DECIS à
contrôler les bruches au champ, meme s’il est encore prématuré de tirer une
conclusion du fait que la sortie des bruches n’est pas encore terminée.
2.5. EVALUATION ECONOMIQUE DE LA PROTECTION
Le niébé prend actuellement de l’importance au Sénégal comme culture de
r,ente. De ce fait une évaluation économique d’un programme de protection chimique
s’avère nécessaire en vue de faire des recommandations judicieuses envers les
producteurs. C’est dans ce cadre que cette tentative a été entreprise. Compte tenu
cependant des difficultés liées à la déterrnination exacte des coûts d’opportunité en
rnilieu paysan tels que ceux relatifs à l’entretien des parcelles, à la récolte et au
battage qui demandent un suivi plus rapproché, l’analyse économique n’a été faite
que sur la base de la dépense en produit phytosanitaire et en main-d’oeuvre
temporaire pour le traitement. Toutes les (autres charges étaient considérées comme
partout égales à elles mêmes. Pour cela, le prix unitaire du DECIS était fixé à 12000
I-CFA le litre et le coût de rémunération de la main-d’oeuvre temporaire a été fixé au
taux horaire de I’ISRA (226,52 FCFA). Après évaluation du temps de travail
nécessaire pour traiter un hectare, cette main-d’oeuvre est revenue à une somme de
‘Il33 FCFA. Ce qui donne des coûts de protection de 13133 FCFA par hectare, car
la dose de produit utilisée étdit de 1 litre à l’hectare. E,l accord avec le paysan, :e
prix d’achat du niébé au producteur a été fixé à 150 FCFA le kilogramme. En effet,
toute la récolte du paysan contractuel devait être rachetée par I’ISRA.
Dans cette évaluation, les critères relatifs au Bénéfice net, Bénéfice marginal
et au Taux Marginal de Rentabilité (TMR) ont été particulièrement pris en compte
pour une meilleure appréciation des limites économiques de la protection
phytosanitaire de la culture du niébé en milieu paysan. Comme le montrent la figure
‘10 et l’annexe, le niveau de rentabilité dépendait du nombre d’applications
insecticides effectuées sur la parcelle. La rentabilité d’un niveau de traitement a été
déterminée par rapport au traitement inférieur immédiat. Ainsi, la rentabilité de T2 a
eté calculée sur la base de la dÎffZ%enoe de Gain marginal entre T2 et Tl.
--.’
_
-
-

14
600
500
400
MT1 -TO
l-----l
mT2-Tl
300
w T3-T2
200
100
0
VI
v2
v3
VARIETES
Figure 10 : Rentabilité potentielle de la protection en fonction de la variété
D’une manière générale, seuls
l e s t r a i t e m e n t s Tl e t T 3 é t a i e n t
oconomiquement rentables. Cette rentabilité variait en moyenne entre 126 (Mélakh)
et 560 % (Bambey 21) pour le premier traitement et entre 149 (Mougne) et 302
%.(Bambey 21) pour le T3. Exception faite de la variété Mougne, la rentabilité du
deuxième traiternent (T2) était largement inférieure à 100 %. Ce qui correspondait à
une perte relativement importante. Ces résultats montrent tout d’abord qu’un
deuxième traitement de fleurs n’était pas nécessaire, excepté pour la variété
Mougne qui répondait bien à une deuxième application. Compte tenu de l’action plus
ou moins importante des punaises, un traitement des gousses a été relativement
bénéfique pour toutes les variétés.
Sur le plan du comportement varietal, les résultats montrent d’une manière
générale que la Mélakh avait significativement le plus faible niveau de rentabilité de
la protection chimique, à cause probablement de sa résistance aux pucerons et de
sa relative tolérance aux thrips. Par contre, la variété Bambey 21 qui est très
sensible aux insectes, semble bien répondre à un traitement insecticide effectué
surtout en début floraison.

1 7
Annexe: Rentabilité réelle et potentielle de la protection en fonction de la variété
I
Trait. 1
1
Coût 1 Revenu 1

1 Revenu 2 1 Gain 1 1
Gain 2
l G M 1 I G M 2 ITMRIPW
\\ I TMR2(%)
\\ 1
I,
TV
G
48 915
232 695
48 915
232 695
-
-
Tl
13133
64 995
324 615
51 862
311 482
2 947
78 787
22.4
599.9
!
T2
26266
94 830
348 825
68 56~1
322 559
16 702
11 077 [
63,6
42.2
T3
39399
113 385
441 240
73 98t5
401 841
5 422
79 282
20.7
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I
Tl
13133
144 195
153 900
131 062
1

140
1
(
767 43 626 32 962 1
332.2
251
T2
26266
214 695
220 515
188 42-9
I
I
194 249
1
57 367 1 53 482 1

218.4
1I ----263.6~~---~-~ 1
f3
39399
265965
272670
226 566
38 137 39022
.
1 233
271
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1
145,2
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G
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-- -r\\r-l
I
I-
.
93 buu
Tl
13133
121 770
147 300
108 637
134 167
34 852
40 567
265.4
308.9
I -----
T2
26266
147 630
165 GO0
121 36.4
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138 734
12 727
4 567
48.5
' 17.4
i
T3
39399
234 870
247 185
195 471
1 69052 1
282,2
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1 318765
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386 955
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-
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13133
333 405
416
---
670
---
320 2; 2
403 537
1 507
16 582
11.5
126.3
T2
26266
389 160
433 335
362 894
I
407 069
42 622
3 532
162.3
I
13.5
191
43102
41 122
164,l
T3
39399
445 395
487 590
405 996 (
448
1
1
1
15&,6
NB : 1 : Réel 2:
;
Potentiel ; G M : Gain Marginal ; TMR : Taux Marginal de Rentabilité
I!
Les coûts de traitement s'élèvent en à : Tl : 13133 ; T2 : 26.266 et T3 : 39.399 FCFA.

PROJET CRSP-Niébé
Recherches entomologiques
Sur
LA CULTURE DU NIEBE

18
I N.TRODUCTI:QN
Le niébé est une importante légumineuse à graines que l’on retrouve dans
tous les continents. Grâce à son cycle relative ment court et à sa relative tolérance
C’IU stress hydrique, le niébé qui a une valeur nutritive assez considérable est devenu
c!epuis l’avènement de la sécheresse dles années 70 la principale légumineuse
vivrière en Afrique soudano-sahélienne particulièrement caractérisée par de
fréquents déficits pluviométriques. Cependant, cette culture fait l’objet d’attaque de
plusieurs déprédateurs pouvant selon la physionomie de l’hivernage occasionner
des pertes de rendement souvent con$idérables dans certaines zones écologiques.
Pour lutter contre ces ennemis, l’utilisation de produits insecticides selon l’objectif de
production s’avère souvent indispensable pour une meilleure expression du
potentiel génétique de production de la culture. En effet, la méthode chimique de
contrôle permet une meilleure protection de la culture grâce à sa capacité
d’élimination rapide et massive des déprédateurs.
Les nombreuses études éco-toxicologiques menées à travers le monde
montrent cependant que l’utilisation abusive de ces produits de synthèse peut avoir
des consé~quences négatives aussi bien sur la santé humaine et animale que sur
l’environnement en agissant sur certains organismes non cibles (insectes
p3llinisateurs, ennemis naturels des insectes nuisibles, poissons, micro-organismes
aquatiques et terrestres, oiseaux). En plus de ces aspects, une application
irrationnelle peut développer chez 1’espèc.e ciblée la résistance à la matière active
utilisée Malgré ces problèmes, la protection chimique de la culture du niébé pour
ule bonne production demeurera encore une réalité aussi longtemps que des
variétés résistantes ne seront pas disponibles. Ceci est d’autant plus vrai que les
technologies basées sur la lutte biologique ne sont pas encore à la portée des
p,-oducteurs et que l’utilisation des substances de plantes à effets insecticides
nkcessite des améliorations.
Com?te tenu de ces problètr-?s relatifs à l’utilisation t’es insecticides de
synthèse, il s’avère indispensable de trouver des voies et moyens d’optimiser la
protection chimique pour une meilleure prise en compte non seulement des
problèmes écologiques, mais également de la réalité socio-économique de nos
producteurs caractérisés par un pouvoir d’achat particulièrement faible. C’est dans
ce cadre que cette étude a été entreprise et dont les résultats ont déjà fait l’objet
d’exploitation sous forme de mémoire de filn d’études au niveau de I’Ecole Nationale
des Cadres Ruraux (ENCR).

‘1.1. OBJECTIF
Comme énoncé en introduction, la sensibilité du niébé est telle qu’il est
pratiquement impossible d’en produire dans certaines zones écologiques sans une
protection insecticide efficace. Des essais antérieurs réalisés en station à Bambey et
Nioro ont permis d’avoir une idée sur le nombre de traitements nécessaires pour la
culture du niébé dans chacune de ces zones agro-écologiques. L’objectif de cet
essai était de mieux préciser la période à laquelle ces traitements doivent être
effectués pour une meilleure rentabilité de la protection chimique.
1,.2. CONDUITE DE L’ESSAI
1.2.1, Localisation
Les essais ont été menés en station à Bambey et Ntoro. Le choix de Bambey
qui se situe dans le Centre-Nord du Bassin arachidier se justifie par le fait que ce
site fait partie des principales zones de production du niébé au Sénégal, tandis que
1s zone de Nioro (Sud Bassin arachidier) lest particulièrement adaptée pour les tests
de produits chimiques et de criblage a la résistance variétale du niébé à cause de
I existence d’une forte pression entomalogique dans cette zone.
1.2.2. Dispositif expérimental
Compte tenu de l’état d’hétérogenéité du terrain, en particulier dans la station
cle Bambey, un dispositif en Bloc Complet Randomisé (BCR) à 4 répétitions a été
utilisé. Pour réduire l’influence du traitement chimique sur les parcelles contiguës,
une allée de 2 m a été IaissYe aussi bien entre les b:>cs qu’entre les parcelles.
Chaque parcelle élémentaire était composée de 10 lignes comportant chacune 11
paquets. La distance entre les lignes et celle entre poquets était respectivement de
50 et 25 cm, soit une dimension parcellaire de 1’1,25 m2. Pour augmenter la chance
cl’avoir une forte pression parasitaire, l’essai a été isolé par une jachère.
1.2.3. Matériel végétal et conduite de la culture
La variété Mouride (E-275) a été utilisée à cause de la particulière sensibilité
aux insectes qui la caractérise. Dans tous les deux sites, le semis a été effectué en
humide après labour, hersage et apport d’engrais minéral NPK (6-20-10) à raison de
150 kg/ha. Pour la station de Niowe semis a été réalisé le 3 Juillet, tandis qu’il l’a-
._
eté le 10 Juillet à Bambey ; soit une différence d’une semaine entre les deux sites.
-
.--

20
1.2.5. Programme de traitement
Le DECIS dont la substance active est la Deltaméthrine, a été utilisé dans
‘cet essai comme produit de traitement. Cet insecticide d’origine britannique
appartient à la famille chimique des pyréthrino’ides de synthèse. II agit par contact et
ngestion sur de nombreux insectes nuisibles à des doses très faibles avec une
oersistance d’action de l’ordre de 3 à 4 semaines. Dans cet essai, le produit a été
.,rtilisé à la dose de 15 g.m.a./ha recommandée au Sénégal. Le programme de
orotection avait débuté dès l’apparition des premières fleurs avec un maximum de
deux applications durant la floraison et une sur les gousses selon l’objectif fixé. C’est
ainsi que les différents niveaux de traitement suivants ont été retenus :
,e NO : sans traitement chimique
,B NI : Un seul traitement en début floraison
a N2 : Deux traitements (NI + 7 jours)
o N3 : Un seul traitement effectué 7 jour-$ après début floraison
e N4 : Trois traitements (N2 + 7 jours) paur la protection des gousses
D N5 : Trois traitements (N2 + II jours)
?? N6 : Trois traitements (N2 + 15 jours)
1.2.6. Paramètres d’évaluation ei: analyse statistique
Pour déterminer l’effet de la protection chimique sur la dynamique des
populations des thrips, des prélèvements de fleurs ont été effectués toutes les
semaines à Bambey et tous les 4 jours à Nioro. L’analyse des fleurs a été faite au
laboratoire à l’aide d’un microscope pour dénombrer les larves et adultes de thrips.
Des observations avaient porté également sur d’autres espèces nuisibles, mëme si
aucune appréciation quantitative n’a été faite. Ce qui a permis d’avoir une idée sur
l’importance -t la diversité de I’entomafwne de la culture du niébé cette année dans
ces deux zones agro-écologiques. Dans l’objectif d’une évaluation de l’impact du
programrne de protection proposé, les autres paramètres suivants ont été pris en
compte :
?
Nombre total de gousses formées par pied
e Nombre de gousses saines et avortées
?? Poids de 100 graines
?? Poids de fane
?? Rendement réel et potentiel
=-
~.
-
?? Rentabilité réelle et potentielle du traitement
L’analyse statistique des données a été faite à l’aide du logiciel « MSTAT C »,
version française et la comparaison des moyennes avec le « Student-Neuman-
Keul’s Multiple Range Test ».
_-
--

21
RÉSULTATS kT DISCUSSlCTNS
Il
Z’.l. SITUATION CLIMATIQUE ET PHYTCBANITAIRE
Pour avoir une idée précise sur la situation pluviométrique qui influence non
seulement le développement de la culture, mais également celui de I’entomofaune
nuisible, des observations ont été effectuées sur l’évolution des conditions
climatiques dans les deux sites en collaboration avec le service de bioclimatologie
ciu Centre National de Recherches Agronomiques (CNRA) de Bambey et le service
oe météorologie de Nioro.
Avec un décalage d’un mois entre les deux sites, le début de l’hivernage était
plus précoce à Nioro qu’à Bambey. indépendamment du site, les précipitations ont
été dans l’ensemble très irrégulières durant la première phase allant jusqu’à la
deuxième décade du mois d’Août. En effet, la fréquence des pluies était inférieure à
91 jours durant cette phase, tandis qu’elle atteignait le maximum de 13 jours en Août
pour la zone de Bambey et 19 en Septembre dans celle de Nioro. Comme le montre
la figure 1, les précipitations étaient plus importantes à Nioro qu’à Bambey. En effet,
la différence de cumul pluviométrique s’élevait à 32,8 % entre les deux sites.
250
Ê
E.
z
200
E
iii
150
$
a
100
+
50
3
0
0
Mai
Juin
Juilkt
Août
Septembre
PERIODE
Figure 1 : Evolution de la pluviométrie en fonction du site
Par ailleurs, l’hivernage a été caractérisé par une mauvaise répartition des
plluies qui a engendré une longue poche de sécheresse de deux semaines à
EIambey et un mois à Nioro. Cette situation de stress hydrique a eu une incidence
rségative sur le développement de la culture. En effet, un retard de 9 jours a été
constaté sur le début de la floraison. Le déroulement de la floraison a connu aussi
Line certaine perturbation suite à une reprise des précipitations qui furent régulières
et importantes à partir de la deuxième décade du mois d’Août. Cette perturbation

22
:;‘était manifestée par un arrêt momentané de la floraison en faveur d’un
développement végétatif particulièrement important.
Sur le plan phytosanitaire, ces conditions climatiques avaient eu également
‘des implications sur la situation parasitaire dans toutes les deux zones. C’est ainsi
‘que la culture avait subi une attaque sévlère de la part des jassides (Empoasca SP.)
qui contribuent de manière significative à la réduction du potentiel photosynthétique
de la plante par la destruction du parenchyme. Au début de la fructification, une
nfestation relativement importante de la culture par les pucerons (Aphis craccivora)
a été constatée à Bambey. Cette attaque était particulièrement favorisée par
‘irrégularité et la faiblesse des précipitations dans cette localité. En plus des thrips,
d’autres insectes ravageurs des fleurs tels que les mylabres Decapotoma affinis et
My/abris senegalensis (Coleoptera : Meloi’dae) s’attaquaient particulièrement aux
Détales et ovaires. Leur pression était généralement plus importante à Nioro. Une
.Forte apparition des punaises des gousses (insectes piqueur-suceurs) tels que
Clavigralla horrida et Anoplocnemis curvipes (Heteroptera : Coreidae) a été
observée durant la phase de fructification. L’attaque précoce et sévère des gousses
oar ces insectes avait occasionné une part importante de ce que nous avons appelé
(( gousse avortée », c’est à dire des gousses dépourvues de graines normales.
L’activité de ces punaises combinée avec la forte humidité relative, avait également
favorisé la pénétration et le développernent du champignon de la pourriture des
gousses (Choanephora SP.) dans la zone de Nioro. Ceci avait eu comme
conséquence une dégradation considérable de la qualité des graines.
2.2. INFLUENCE DU TRAITEMENT SUR. LA POPULATION DES THRIPS
Sur le plan de la dynamique des populations des thrips, l’analyse statistique
montre dans toutes les deux zones des différences significatives entre les
traitements, montrant ainsi l’efficacité du traitement insecticide à contrôler ce
ravageur. Ces différences étaient beauc,oup plus marquées à Nioro qu’à Bambey.
D’une manière qénérale, l’importance cle la population des Thrips dépendait du
nombre de traitements (Fig. 2). Cette population s’élevait à environ 67 Thrips en
moyenne à Nioro pour l’ensemble des prélèvements effectués au niveau des
parcelles témoins, contre 54,6 ; 42,5 et 33,3 thrips au niveau de celles ayant reçu
respectivement 1, 2 et 3 applications. II f,aut préciser que pour une meilleure lecture
de cette figure, le nombre 1 représente la moyenne des traitements NI et N3, tandis
que 3 représente celle de N4, N5 et N6.
Du point de vue de l’évolution de la population de thrips, deux différentes
phases pouvaient être constatées dans toutes les deux localités. L’analyse effectuée
pour le site de Nioro montre que la première phase allant du 18 Août au 3
Septembre était caractérisée par une évolution relativement faible dela population
des thrips. Durant cette p&iode, le nombre total de thrips ne représentait qu’environ
31 % de l’ensemble des individus collectés sur les parcelles témoins, tandis qu’avec
69,4 ‘J/O, la deuxième phase se caractérisait par un développement rapide de la
population. D’une manière générale, les mêrnes tendances ont été également
observées au niveau des parcelles ayant reçu des traitements, même si les
populations étaient significativement moins importantes. -

23
Par ailleurs, l’efficacité du traitement dépendait également de la période du
traitement. Ainsi, le traitement précoce (NI) a 6té relativement plus efficace que
l’intervention tardive (N3) effectuée deux semaines après le début de la floraison.
18i8
22l8
2618
3018
319
7/!3
Ill9
1519
2219
Date de pr&h3merrt
Figure 2 : Evolution de la population des thrips à Nioro
Sur le plan de l’importance des thrips en fonction de la zone écologique, les
rckultats montrent une dominante assez remarquable du site de Nioro sur celui de
Eiambey. Pour tous les traitements confondus, la population des thrips obtenue à
Nioro était 10 fois supérieure à celle de Bambey (Fig. 3). Ceci serait liée en partie à
la différence de conditions pluviométriques favorables au développement de la
population de ce ravageur.
70
60
3
g
50
x.
-t
5
40
4s
30
L
f
2
20
10
0
NO NI N2 NJ N4 N5

Traitement
Figure 3 : Comparaison de la population totale de thrips entre les deux sites

24
Du point de vue de la structure de la population des thrips, le suivi effectué
sur les parcelles sans protection chimique montre une dominante de la population
arvaire durant toute la période allant du début de la floraison au 30 Août, avant
l3’être dépassé par celle des adultes {Fig. 4). En effet, au fur et à mesure que les
larves bouclaient leur cycle, la population des adultes se renforçait pour dominer en
fin de compte celle des larves durant les deux premières semaines du mois de
Septembre.
a-
0
120
8
r
5
100
-i+ Capje
\\\\\\\\
El
-+-adulte
\\\\\\
1818
2218
2618
3018
319
719
III9
1519
2219
Date de prélèvement
Figure 4 : Evolution des larves et adultes dans les parcelles témoins à Nioro
L’analyse de cette courbe semble mettre en évidence l’apparition d’une
troisième génération à partir de la troisième semaine de Septembre. Sur la base de
ces résultats l’idée de la durée moyenne d’une génération de 16 jours peut d’être
émise. Ce qui confirme les études réalisées par LEW!IS (1973) sur la biologie des
thrips qui démontre les possibilités de chevauchement de plusieurs générations
annuelles avec unt longueur de cycle de “0 à 18 jours selon les conditions
climatiques.
2.3. INFLUENCE DE LA PROTECTION SUR LA PRODUCTION
2.3.1. Influence du traitement sur le nombre de gousses récoltées
Pour avoir une idée précise sur l’impact de la protection sur la production de
gousses, toutes les gousses ont été rdcoltées indépendamment de leur qualité.
=L
-
Comme le montre la figure 5, le nombre total de gousses récoltées dépendait
en grande partie du nombre de traitements effectués, même si cette dépendance
était relativement peu marquée à Bambey, compte tenu probablement de la faible
pression des thrips. La différence n’etait pas importante à Bambey entre les
traitements, contrairement à la situation de Nioro. Ainsi, la différence entre NO et N4

25
par exemple s’elevait à 66 % à Nioro, tandis qu’elle ne représentait que 21 % à
Ejambey.
/
:
0
N O
Nl
Ni2 N3 N4
N5
16
Traitement
Figure 5 : Nombre total de gousses récoltées par pied
L’importance du traitement précoce (début floraison) pour le contrôle des
illsectes trouve encore une confirmation a travers ce critère. En effet, le nombre de
gousses récoltées à Nioro dans les parcelles traitées en début floraison (NI) était de
fi2,4 % supérieur à celui des parcelles N3. II faut noter que ce dernier traitement
avait un comportement presque identique à celui du témoin (NO).
La comparaison entre les deux sites sur le plan du nombre total de gousses
récoltées ne relève de différence significative qu’au niveau des traitements NO et
N3, toutefois en faveur de Bambey. Ce qui montre l’influence négative de la forte
pression parasitaire à Nioro sur la prodiuction du niébé.
Par rapport à la qualité de la production, il a été constaté l’existence d’un
nombre relativement assez important de gousses avortées en fonction de la zone
kologique et du nombre de traitements effectués (Fig. 6). Sur ce plan, le traitement
chimique n’avait qu’une faible influence dans le site de Bambey, contrairement à
celui de Nioro. D’une manière génerale, l’avortement des gousses était plus
important à Nioro qu’à Bambey. Ceci serait lié en partie à la différence de pression
ces punaises observée cette année dans les deux localités., Ces résultats mettent en
ésvidence toute l’importance que revêt la protection chimique du niébé dans les
zones humides durant la période de formation des gousses. Par ailleurs, le nombre
ce gousses avortées observé au niveau des parcelles N3 était identique à celui des
parcelles sans protection. Cela prouve qu’un traitement tardif des fleurs a le même
effet qu’un manque de protection chimique.
m-m---
I-

26
I
I---T---B
NO NI N2 N3 N4
N5 N6
TRAITEMÎENT
Figure 6 : Influence du traitement sur l’avortement des gousses
Concernant la qualité des graines produites, une analyse avait porté sur le
poids de 100 graines et le pourcentage de graines saines. Cette évaluation a permis
d’avoir une idée beaucoup plus précise sur l’impact réel du champignon de la
pourriture des gousses (Choanephora SP.) dans ces zones agro-écologiques.
L’analyse statistique révèle à Nioro des différences hautement significatives
entre les traitements (Fig. 7). Le pourcentage de graines saines variait dans ce site
entre 355 (NO) et 60,3 % (N5). D’une manière générale, une différence de 27,4 %
en moyenne existait entre le groupe des parcelles N4, N5 et N6 et celui des
parcelles NO, NI, N2 et N3. Ce phénomène pourrait résulter de l’action des
punaises qui facilitent généralement la pénétration du champignon à travers leurs
piqûres. En effet, le premier groupe de parcelles avaient reçu moins de traitement de
gousses. Par contre, aucune différence significative n’a été observée à Bambey
entre les traitements, du fait probablement de la faible pression des insectes
piqueur-suceurs des gousses.
Concernant le poids de 100 graines, l’analyse statistique n’a révélé aucune
différence significative entre les traitements aussi bien à Nioro qu’à Bambey. La
comparaison entre les sites montre cependant un effet de la zone agro-écologique
sur ce critère. En effet, le poids de 100 graines était de 13 g en moyenne à Nioro et
de 15,12 g à Bambey, soit une différence de 14 % entre les deux sites pour tous les
traitements confondus.

2 7
/‘1
100
0
NO NI
N2 N3 N4
N5
N6
Traitement
Figure 7 Impact de la protection sur la qualité des graines
2.3.2. Effet de la protection sur le rendement en graines
L’analyse statistique n’a révélé une influence significative de la protection
chimique que dans la zone de Nioro, avec un niveau de rendement dépendant en
général du nombre de traitements (Tab 1). Ces rendements étaient particulièrement
faibles au niveau des parcelles NO et N3 qui avaient des valeurs presque identiques.
L.e manque de différence notable entre les traitements à Bambey provient
probablement de l’absence dans ce site dl’une bonne pression aussi bien des thrips
que des punaises.
Tableau 1 : Impact du traitement sur le rendement potentiel en graines
Traitement
I
NIORO
I
BAMBEY
I
N O
I
734 a
I
3314
I
2267 b
I
3334
I
3710
3208
--i
I
M4
3623 c
4 2 0 9 -1
I
I
nr5
3584 c
4075
NB : Les valeurs ayant la même lettre alphabétique sur une colonne ne sont pas
significativement différentes (P<O,O5).

2 8
La comparaison entre les sites montre que la production était en général plus
importante à Bambey qu’à Nioro, malgré le manque de différence sur la production
de gousses entre eux au niveau des parcelles protégées. En effet, la différence de
rendement réel entre ces deux zones s’élevait à 49 % en moyenne pour tous les
traitements confondus. Avec une moyenne de 1378 kg/ha, les rendements réels
variaient à Nioro entre 459 (N3) et 2261 kg/ha (N4). Dans le site de Bambey, cette
moyenne s’élevait à 2718 kg/ha et les rendements réels variaient entre 2247 (NO) et
3396 kg/ha (N6).
2.3.3. Influence du traitement chimique sur le rendement en fane
Des observations faites durant la récolte avaient montré sur le plan
morphologique une différence entre les plantes traitées et celles sans protection
chimique. En effet, les premières avaient commencé a présenter à cette période le
jaunissement d’une bonne partie du feuillage, ,tandis que les plantes non traitées
gardaient encore la coloration verte des feuilles. Sur la base de ce constat, il a été
jugé important de quantifier l’impact du traitement chimique en déterminant le poids
de fane après récolte. Comme l’illustre la figure 8, une différence hautement
significative existait aussi bien entre les deux zones agro-écologiques qu’entre les
traitements, même si cette différence était moins marquée à Bambey.
NO
Nl N2
IN3 N4
N5 N6
TRAI-I-EMENT
Figure 8 : Influence du traitement sur le poids de fane
D’une manière générale, le poids de fane était plus important chez les
-
parcelles ayant reçu moins de traitements insecticides, en particulier chez les .--
parcelles sans protection (NO) et chez celles ayant reçu un traitement tardif. La
--
comparaison faite sur ce plan entre les deux zones montre que le poids de fane était
de loin plus important à Nioro qu’à Bambey, indépendamment du niveau de
protection. En effet, ce poids par pied s’élevait en moyenne à 389 g dans la zone de
Nroro, contre 64 g à Bambey, soit une différence de 83,6 %.

29
L’existence à Nioro d’une corrélation négative ( r = -0,39) significative entre le
Inombre de gousses- récoltées et le poids de fane par pied laisse entrevoir une
nfluence de la production sur le poids de la fane. Cependant, une étude
spprofondie en collaboration avec des physiologistes s’avère indispensable pour
déterminer l’influence réelle du produit chimique sur ce phénomène observé.
Z.3. EVALUATION ECONOMIQUE DE LA PROTECTION
Compte tenu du fait que le niébé commence à prendre de l’importance
lcomme culture de rente, une évaluation économique d’un programme de protection
‘chimique s’avère nécessaire en vue de faire des recommandations judicieuses en
vers les producteurs. C’est dans ce cadre que cette étude relative à la rentabilité
des traitements effectués a été entreprise. Pour faire l’évaluation, seuls les coûts
afférents à la protection phytosanitaire ont été pris en compte. Ces derniers étaient
composés des dépenses en main-d’œuvre temporaire pour l’exécution du traitement
st des coûts du produit. Les autres charges étaient considérées comme étant partout
ailleurs égales à elles-mêmes. Le taux horaire moyen de I’ISRA fixé à 22652 FCFA
a été pris en compte pour le calcul économique. Sur cette base, le coût de la main-
j’œuvre a été estimé à 1133 FCFA par hectare. Le DECIS (Deltaméthrine) qui a été
Jtilisé a été acheté à 12000 FCFA le litre. Ainsi, le coût global d’une application
insecticide est revenu à 13133 FCFA à l’hectare Pour les besoins de l’évaluation
de la rentabilité, le prix de vente du niebé a été fixé à 200 FCFA le kilogramme.
Cette valeur est la moyenne annuelle au niveau des principales zones de production
du niébé. Dans cette évaluation, le taux marginal de rentabilité (TMR) a été
particulièrement pris en compte pour une meilleure appréciation des limites
économiques de la protection phytosanitaire de la culture du niébé en fonction de la
zone agro-écologique.
A l’instar du rendement, les résultats de cette analyse économique montrent
que le niveau de rentabilité dépendait non seulement du nombre, mais également de
la période de traitement. ‘ndépendamment de la zore agro-écologique, le trait?ment.
tardif (N3) n’avait montré en effet aucune rentabilité réelle ou potentielle. Dans le
site de Nioro par exemple, la différence de rentabilité réelle entre les parcelles de
NI et celles ayant reçu 2 à 3 traitements insecticides était respectivement de 36 et
50 % en moyenne.
Concernant la rentabilité de la protection des gousses, les résultats obtenus à
Nioro montrent un léger avantage du traitement précoce (N4) par rapport aux autres,
même si sa différence avec le niveau N5 n’était pas toujours substantielle. Ce qun
confirme l’importance d’une intervention précoce aussi bien pour la protection des
fleurs que celle des gousses.
La comparaison faite entZ les deux zones montre une différence de-
rentabilité de la protection insecticide (Fig. 9). Indépendamment du nombre de
traiternents, la rentabilité était effectivement plus importante dans le site de Nioro
que dans celui de Bambey.

.
Cette étude d’optimisation de la protection insecticide de la culture du niébé
dans les deux zones agro-écologiques ont permis de tirer un certain nombre de
conclusions et de formuler des perspectives en terme de recherches.
Le suivi de la dynamique de population des thrips montre que la population
de ce ravageur était plus importante dans la zone de Nioro qui était caractérisée par
de bonnes conditions climatiques favorables au développement de l’insecte. Cette
étude a permis par ailleurs de mettre en évidence l’existence d’une interaction entre
l’évolution de la population des thrips et celie des fleurs. Cette pratique peut
permettre de déterminer la période optimale de traitement par une meilleure
connaissance du niveau de sensibilité maximum atteint par ce ravageur. Cette étude
effectuée à Nioro sur la dynamique des populations a permis par ailleurs de mettre
en évidence l’existence de trois générations annuelles d’une longueur de cycle de
16 jours en moyenne.
L’analyse de la production de gousses a permis de montrer l’influence
négative des insectes piqueur-suceurs sur la qualité de la récolte. A cela s’ajoute
l’action du champignon Choanephora dont la pénétration et le d6veloppement
étaient favorisés par la piqûre des punaises. D’où l’importance de la protection du
niébé durant la période de formation des gousses pour une production de graines de
meilleure qualité.
Indépendamment du paramètre considéré, cette étude montre qu’un
traitement insecticide en début floraison et durant la période de fructification pour la
protection des jeunes gousses semble être le programme phytosanitaire le plus
effectif pour la protection de la culture du niébé.
Sur le plan perspective de recherches, il s’avère indispensable d’apporter de
la lur%k-e sur le fait que les plantes ayant subit des traitements Insecticides
perdaient plus rapidement les feuilles que celles non traitées malgré identification
d’une corrélation négative entre la production de fane et celle de graines. Cette
étude a permis par ailleurs de mettre en evidence l’importance du champignon de la
pourriture des gousses dans les conditions d’une forte humidité relative. II s’avère
donc important d’identifier une date optimale de semis pour que période de maturité
des gousses coïncide avec celle d’une faible pression parasitaire de la maladie.
Dans le cadre de l’approfondissement des connaissances sur la biologie des
thrips, le suivi effectué sur l’évolution de la structure de la population a permis de
mettre en évidence dans la zone de Nioro le chevauchement de plusieurs
générations annuelles.
-
-
-
-

CONVENTION
ESTICIDE/SUMITOMO
Recherches entomologiques
Sur
LA CULTURE DU NIEBE

Le niébé [Vigna unguiculata (L) Walp.] est une importante légumineuse à
graines de la famille des Fabaceae. Grâce à son cycle relativement court et sa
relative tolérance au stress hydrique, le niébé, qui a une valeur nutritive assez
considérable, est devenu depuis l’avènement cle la sécheresse des années 70 la
principale légumineuse vivrière en Afrique soudano-sahélienne, particulièrement
caractérisée par des déficits pluviométriques assez fréquents.
Au Sénégal, cette culture vient avec environ 6 % des superficies emblavées,
en troisiéme position après l’arachide et le mil. Cependant, son importance varie
d’une zone écologique à l’autre selon les conditions pluviométriques et les habitudes
alimentaires des populations. Dans les zones Nord et Centre-Nord du bassin
arachidier, le niébé peut constituer selon la physionomie de l’hivernage la seule
alternative de production agricole. Cette #culture prend effectivement de plus en plus
de l’importance dans ces zones. D’après les résultats de la réunion du Comité
Régional de Développement (CRD) tenue le 19 Novembre 1997 à Diourbel, la
oroduction du niébé a augmenté de 52 % durant, ces 5 dernières années. D’ailleurs,
Jne hausse de 6 et 85 % respectivement des rendements et de la production du
liébé est prévue cette année dans cette région par rapport à l’année précédente.
Seci est lié surtout au retard et à l’irrégularité des pluies observées au Sénégal
[durant cette campagne.
Cette culture fait cependant l’objet d’attaques de la part de plusieurs
déprédateurs parmi lesquels les insectes ravageurs tels que les thrips, les pucerons
I:Aphis craccivora). la chenille poilue du niébé (Amsacta moloney;) et les punaises
des gousses (Clavigralla sp. et Anoplocnemis curvipes) jouent un rôle prépondérant
et constituent ainsi à côté des problemes de stockage, une des principales
contraintes à la production du niébé dans certaines zones agro-écologiques dans
resquelles une production du niébé sans protection chimique est quasi impossible.
IDans ce domaine, de nombreux tests de produits chimiques et de doses sont menés
dans le but non seulement de diversification des substances utilisées pour éviter le
phénomène de résistance des insectes ciblés, mais de rechercher des molécules
chimiques et doses plus efficaces et respectueuses de l’environnement écologique.
‘d“‘est dans ce cadre que s’inscrit cet essai de test de nouveaux produits
SUMIALPHA et l’association SUMIALPHAIDIlV4ETHOATE
proposés par la firme
:WMITOMO.
-
-

33
,l .l. OBJECTIF
Le niébé est particulièrement sensible à l’attaque des thrips qui constitue
dans
certaines
zones
particulièrement
humides la principale contrainte
entomologique. C’est pour cette raison que l’accent a été mis sur cette espèce tout
en tenant compte de l’importance des insectes piqueur-suceurs des gousses.
L’objectif de cet essai était de comparer l’efficacité non seulement des nouvelles
:;ubstances proposées entre elles à contrbler ces déprédateurs, mais à les comparer
&galement avec le DECIS et le DIMETHOATE qui sont vulgarisés au Sénégal.
‘1.2. CONDUITE DE I’ESSAI
12.1. Localisation
Les essais ont été menés en statiion à BAMBEY et NIORO. Le choix de la
station de Bambey qui se situe dans le C;entre-Nord du Bassin arachidier se justifie
par le fait que ce site fait partie des principales zones de production du niébé au
!%négal, tandis que la zone de Nioro (Sud Bassin arachidier) est particulièrement
adaptée pour les tests d’efficacité de produits chimiques et de criblage à la
résistance variétale du niébé à cause de l’existence d’une forte pression
entomologique dans cette zone.
12.2. Dispositif expérimental
Un dispositif en blocs complets randomisés (BCR) à 4 répétitions a été utilisé
pour comparer les différentes doses. La dimension des parcelles élémentaires était
de II ,25 m* (4,s m x 2,5 m) avec une distance de 2 m aussi bien entre les parcelles
qu’entre les blocs pour réduire l’influence du traitement sur les parcelles contiguës.
Le nombre de lignes était fixé à 10 par parcelle afin de pouvoir prendre en compte
dans les analyses statistiques que les données des 6 lignes centrales.
1.23. Matériel végétal et conduite de la culture
La variété IS-275 appelée « Mouride », particulièrement sensible aux thrips
et aux punaises a été utitis& pour augmenter la pression parasitaire. En e#et, une
forte pression des insectes est indispensable pour l’évaluation correcte dë
l’efficacité d’un programme de protection chimique, Dans tous les deux sites, le
semis a été effectué en humide après labour, hersage et apport d’engrais minéral
NPK (6-20-10) à raison de 150 kg/ha. Le semis a été réalisé le 3 juillet à Nioro et le
‘10 du même-mois à Bambey, soit une différence d’une sem@nes entre les deux
localités du fait de la précocité des pluies à Nioro.
-

34
Pour cep qui concerne le pragramme de traitement phytosanitaire, trois
applications insecticides ont été réalisées dans l’ensemble. Les deux premiers
traitements ont été effectués au début de la floraison et une semaine après pour le
controle des thrips qui occasionnent l’avortement des fleurs. Le troisième a éte
réalisé durant la formation des gousses pour le contrôle des insectes piqueur-
suceurs des gousses. Les produits SUMIALPHA et SUMIALPHIVDIMETHOATE ont
été testes chacun à trois doses, contrairement au DECIS et au DIMETHOATE qui
l’ont été chacun à la dose recommandée. C’est ainsi que les traitements suivants ont
été retenus :
eTO : Témoin sans traitement chimique
?????: Dose inférieure de SUMIALPHA
.‘T2 : Dose recommandée (20 g.m.a./ha) de SUMIALPHA
?? T3 : Dose supérieure de SUMIALPHA
??T4 : Dose inférieure de SUMIALPHA/DlMETHOATE
?? T5 : Dose recommandée (20/300 g.m.a./ha) de SLJMIALPHA/DYMETHOATE
?? T6 : Dose supérieure de SUMIALPHAIDIMETHOATE
??T7 : 15 g.m.a./ha (DECIS)
OTE : 300 g.m.a./ha (DIMETHOATE)
1.2.4. Paramètres quantitatifs et analyse statistique.
Dans l’objectif d’évaluer l’efficacité de la protection insecticide de la culture du
niébé par les différents produits propusés, les paramètres suivcnts ont été pris en
compte :
?? Nombre de thrips par fleur ;
e Nombre de gousses formées par pied ;
?? Nombre de gousses avortées et .saines ;
?? Poids de 100 graines ;
?? Rendement potentie! engraines
-
L’analyse statistique des données a été effectuée à l’aide du logiciel de
statistique x MSTAT.C ». La comparaison entre les traitements a été faite avec le
« Student-Neuman-Keul ’ s Multiple Range Test ».
-
-
-
..-

35
1
If. RESUL
TS ET DISCUSSSONS
2 vi. SITUATION CLIMATIQUE ET PHYTOSANITAIRE
Pour avoir une idée précise sur la situation pluviométrique qui influence non
seulement le développement de la culture, mais également celui de I’entomofaune
nuisible, des observations ont été effectuées sur l’évolution des conditions
climatiques dans les deux sites en collaboration avec le service de bioclimatologie
du Centre National de Recherches Agronomiques (CNRA) de Bambey et le service
de météorologie de Nioro.
Avec un décalage d’un mois entre les deux sites, le début de l’hivernage était
plus précoce à Nioro qu’à Bambey. Durant la première phase allant jusqu’à la
deuxième décade du mois d’Août, les precipitations ont été dans l’ensemble très
in-égulières, indépendamment du site. E:n effet, la fréquence des pluies était
irférieure à 9 jours durant cette phase, tandis qu’elle atteignait le maximum de 13
jours de pluies en Août pour la zone de Bambey et de 19 en Septembre dans celle
de Nioro. Comme le montre la figure 1, les précipitations étaient plus importantes à
Nioro qu’à Bambey. En effet, la différence de cumul pluviométrique s’élevait à 32,8
o/o entre les deux sites.
M a i
Juin
Juillet
Août
Septembre
PERIODE
Figure 1 Evolution de la pluviométrie en fonction du site
Par ailleurs, l’hivernage a été caractérisé par une mauvaise répartition des
pluies qui a engendré une longue poche de sécheresse de deux semaines à
Bambey et un mois à Nioro. Cette situation de stress hydrique a eu une incidence
négative sur le développement de la culture. En effet, un retard de 9 jours a été
constaté sur le début de la floraison. Le déroulement de la floraison a connu aussi
Line certaine perturbation suite à une reprise des précipitat,ions qui furent régulières

36
et importantes à partir de la deuxième décade du mois d’Août. Cette perturbation
citait caractérisée par un arrêt momentané de la floraison en faveur d’un
développement végétatif particulièrement important.
Sur le plan phytosanitaire, ces conditions climatiques observées cette année
ont eu également des implications sur la situation parasitaire dans les deux zones.
C’est ainsi que durant la poche de sécheresse apparue bien avant le début de la
iloraison, la culture avait fait l’objet d’attaque sévère de la part des jassides
cEmpoasca SP.) qui contribuent de manike significative à la réduction du potentiel
photosynthétique de la plante par la destruction du parenchyme. Au début de la
lructification, une infestation relativement importante de la culture par les pucerons
(Aphis craccivora) a été constatée à Bambey. Cette attaque était particulièrement
iavorisée par l’irrégularité et la faiblesse des précipitations dans cette localité. En
plus des thrips, d’autres insectes ravageurs des fleurs avaient fait également leur
apparition durant la floraison. Ainsi, les mylabres Decapotoma afh’s et My/abris
senegalensis (Coleoptera : Meloi’dae) s’attaquaient particulièrement aux pétales et
ovaires. Leur pression était généralement plus importante à Nioro. Une forte
apparition des punaises des gousses (insectes piqueur-suceurs) tels que Cfavigralla
corrida
et Anoplocnemis curvipes (Heferopfera : Coreidae) a été observée durant la
phase de fructification. L’attaque précoce et sévère des gousses par ces insectes
peut occasionner effectivement des pertes de qualité caractérisée par ce que nous
avons appelé « gousse avortée », c’est 21 dire des gousses dépourvues de graines
normales.
Avec l’humidité assez élevée dans la zone de Nioro, l’activité de ces punaises
avait également favorisé la pénétratian et le développement du champignon de la
pourriture des gousses et des graines (Choanephora SP.) qui avait entraîné une
dégradation de la qualité des graines particulièrement marquée dans ce site. D’où
l’importance de la protection de la culture durant la phase de fructification.
2.1. INFLUENCE DES PRODUITS SUR L,A POPULATION DES THRIPS
2.I.l. Importance de la papulation totale des thrips
Les observations ont porté particulièrement sur l’évolution de la population
des thrips en fonction du traitement sur la base de prélèvements de fleurs qui ont
Gté analysées à l’aide d’un microscope au laboratoire. Ces prélèvements de fleurs
effectués avant chaque traitement ont montré non seulement une différence de
lpresston entre les deux sites, mais également sur le plan de l’efficacité de la
protection chimique en fonction de la zone agro-écologique. La différence sur le plan
du niveau de population des thrips entre les parcelles traitées et les parcelles
,:émoins était significative dans tous les deux sites, indépendamment du produit et
_
l-fe la dose utilisés. Cette-différence était cependant plus marquée d%% IaGone de
Nioro que dans celle de Bambey du fait de la faible pression des thrips dans cette
dernière localité. En effet, la population de cette espèce au niveau des parcelles
sans protection était de 72,7 thrips en moyenne par fleur à Nioro, contre seulement
27,9 à Bambey, soit une différence d’environ 61,6 % entre les deux sites.
.._
-

3 7
Comme l’illustre la figure 2, l’analyse relative aux possibilités de contrôle de
la population des thrips n’a révélé aucune différence significative aussi bien entre
les produits qu’entre les doses, indépendamment de la zone.
TO
Tl T2 T3 T4
T5 T6
T7 T8
TRAITEMENT
Figure 2 : Influence du traitement sur la population des thrips
La comparaison faite entre Sumialpha et Sumialpha/Diméthoate montre
cependant que la population des thrips dans le site de Nioro était légèrement
S#upérieure au niveau des parcelles ayant subi le traitement au Sumiatpha seul. En
effet, la moyenne des trois doses confondues de Sumialpha s’élevait à 38,8 thrips
par fleur, tandis que celle de l’association Sumialpha/Diméthoate était de 31,6
individus, soit une différence de 18,6 %. Ces memes tendances ont été observées
egalement à Bambey (16,7 %), malgré l’existence d’une faible pression des thrips
clans ce site. Ces résultats montrent qlue l’association Sumialpha/Diméthoate serait
relativement plus efficace que le Sumiialpha pour le contrôle de ce ravageur. Cette
clifférence aurait certainement pu être plus marquée si la pression de cette espèce
etait plus importante durant la période du traitement insecticide. En effet, le premier
et deuxième traitement pour la protection des fleurs avaient eu lieu respectivement
le 19 et 26 Août 1997 au moment où la population des thrips était au plus bas
niveau. II faut signaler par ailleurs que les précipitations étaient plus fortes et
fréquentes durant cette période de traitement insecticide. Ce qui pourrait réduire
l’efficacité des produits par le phénomène de lessivage. Concernant les témoins
DECIS et Diméthoate, les résultats montrent que la population des thrips à Nioro
etait légèrement plus faible au niveau des parcelles traitées au Diméthoate qu’au
niveau des autres parcelles protégées, même si aucune différence significative
n’existait entre cette substance et les nouveaux produits.
-
I-P

.3 8
2.1.2. Evolution de la population des thrips
Dans la perspective de recherche d’une période optimale d’intervention
chimique au cours de la floraison et de la fructification, l’observation de l’évolution
de la population des thrips effectuée particulièrement au niveau des parcelles sans
protection chimique a montré deux phases dis,tinctes. Comme le montre la figure 3,
la première phase caractérisée par un très faible développement de la population
des thrips s’étalait presque sur plus de trois’ semaines. Durant cette période, la
population des fleurs formées était également très faible. C’est ce qui explique
probablement ce niveau très bas de la population des thrips observé durant cette
première phase. En effet, des études parallèles menées dans ces deux sites ont
montré l’existence d’une corrélation hautement significative entre la population des
thrips et celle des fleurs. La deuxième phase qui s’étalait du début Septembre au
début de la récolte était caractérisée à Nioro par l’apparition d’une forte population
des thrips même au niveau des parcelles qui avaient subi un traitement insecticide.
Cette période correspondait à une forte production de fleurs suite à une réduction
des précipitations en début Septembre. Dans l’ensemble, la période de floraison a
duré plus de 5 semaines cette année, alors que cette variété est caractérisée
généralement par des périodes d’environ trois semaines de floraison Cette situation
est liée à la situation climatique de cette année qui aurait perturbé le cours normal
du développement végétatif en allongeant la phase de floraison/fructification.
D’arlleurs, la date prévue pour le traitement des gousses a été reculée d’une
semaine, compte tenu de cette situation afin de pouvoir protéger le maximum de
jeunes gousses contre l’attaque des punaises.
6 0 / y - - - -
-
-
-
1
DATE DE PRELEVEME:NT
Figure 3 : Evolution de la population des thrips dans les parcelles témoins
I . . .
- -
-
-
-

3 9
2.2. IMPACT DU TRAITEMENT SUR LA PRODUCTION
2.2. 1. Production totale de gousses
Pour avoir une idée précise sur l’impact des produits testés sur la production,
toutes les gousses ont été récoltées,
indépendamment de leur qualité.
C:ontrairement à ce qui a été observé au niveau de la population des thrips, aucune
différence significative n’a été constatée entre les deux sites pour la production
totale de gousses, exception faite de ce qui se passe au niveau des parcelles
tkmoins (Fig. 4). Compte tenu de la différence de pression parasitaire existante
e’ntre les deux sites, la production de gousses dans les parcelles non traitées était
F~~US importante à Bambey qu”à Nioro. Ce qui confirme l’efficacité de toutes les
substances testées, indépendamment de la dose utilisée.
A [‘instar de ce qui a été observé sur la population des thrips, l’analyse
statistique n’a révélé aucune différence significative entre les traitements chimiques,
même si la valeur atteinte au niveau de T’l (dose faible de Sumialpha) dominait sur
les autres. Ce phénomène serait certainement lié à une erreur de comptage des
gousses récoltées. Cette hypothèse est d’autant plus probable que cette tendance
ne se reflète pas au niveau des autres critères.
TO
Tl T2 T3
T4
T5 T6 T7 T8
TRAITEMENT
Figure 4: Influence du traitement sur la production de gousses

4 0
2. 2. 2. Influence du traitement sur la qualité de la production
Compte tenu de l’importance des insectes piqueur-suceurs et de l’action du
champignon de la pourriture des gousses dont la pénétration est particulièrement
favorisée par la piqûre des punaises, il nous a semblé important de voir si les
produits proposés pouvaient également avoir un contrôle sur ces insectes. Pour
cela, le nombre de gousses «avortees» a été pris en compte comme critère
cl’évaluation.
Dans tous les deux sites, l’analyse statistique n’a révélé aucune différence
significative entre les produits, indépendamment de la dose, même si cet avortement
cles gousses était relativement moins important à Bambey qu’à Nioro à cause de la
forte pression des punaises constatée dans cette dernière zone. La différence entre
c,es deux sites au niveau des parcelles non traitée s’élevait en moyenne à 80,4 % %.
8 0
6 0
4 0
2 0
0
TO Tl
T2 T3 T4
T5
T8 T7 T8
TRAITEMENT
Figure 5 : Influence du traitement sur l’avortement des gousses
Sur le plan de l’impact sur la qualité des graines, l’évaluation a porté
seulement sur le poids de 100 graines qui peut influencer d’une certaine manière le
rendement en graines. L’examen de la figure 6 montre que le traitement chimique
n’a aucune influence directe sur ce critère. En effet, aucune différence significative
n’existait entre les traitements, indépendamment du site et des doses utilisées. Dans
l’ensemble, les graines produites à Bambey avaient un poids légèrement plus
important que celles de Nioro à cause probablement de l’action négative des
punaises et du champignon de la pourriture des gousses. Le poids de 100 graines
etait de en moyenne 15,5 g à Bambey, contre 13,3 g à Nioro, soit une différence de
‘14,2 % entre les deux zones.

41
18
3 16
z 14
$ 12
(3 10
'
0

8 6
2
B
4
2
0
TO
Tl
T2 T3 T4
T5 T6 T7 T8
TRAITEMENT
Figure 6 : Influence du traitement sur le poids de 100 graines
2.2. 3. Impact de la protection sur le rendement en graines
Les résultats montrent que les rendements étaient généralement plus élevés
CI Bambey qu’à Nioro, malgré l’absence de différence significative sur le plan de la
production de gousses entre les deux sites. Comme le montre la figure 7, cette
différence était particulièrement marquée au niveau des parcelles témoins sans
protection chimique. En effet, les rendements à l’hectare de ces parcelles s’élevaient
a 2174,5 kg, contre 609,5 kg, soit une différence de 72 % en moyenne. Ceci montre
ainsi toute l’importance que revêt ta différence de pression parasitaire entre les deux
zones. Par ailleurs, une influence significative de la protection chimique sur le
rendement en graines n’a pu être constatee que dans le site de Nioro, le manque de
différence notable à Bambey provenant essentiellement de l’absence d’une bonne
pression des thrips et des insectes piqueur-suceurs.
La dominante de la zone de Bambey en terme de rendement en graines peut
etre due non seulement à l’avortement plus important des gousses, mais également
a la dégradation plus accentuée de la qualité des graines produites à Nioro par
l’action du champignon de la pourriture des gousses qui y aurait trouvé dans cette
zone des conditions plus favorables pour son développement, Même si cette
dégradation n’a pas fait l’objet d’une évaluation quantitative, la part de graines
pourries était plus élevée à Nioro qu’à Bambey. En effet, cette pourriture peut
contribuer à une réduction du poids des graines.

42
3500
3000
2580
2000
1500
1000
500
0
Figure 7 : Influence du traitement sur le rendement potentiel en graines
A l’instar de ce qui a été observé sur les thrips et sur la production totale de
gousses, aucune différence significative n’a été constatée entre les différentes
substances chimiques testées, indépendamment de la dose et du site. Aucun produit
n’avait une dominante sur les autres, même si les rendements en graines au niveau
des parcelles traitées au Diméthoate seul étaient légèrement inférieurs que ceux
obtenus au niveaux des parcelles protêgées par les autres produits (voir annexe 3).

Les résultats de ce test oqt permis ,tout d’abord de mettre en tividence
l’efficacité de tous les produits à contrôler non seulement la population des insectes
ravageurs des fleurs, en particulier des thrips, mais également celle des insectes
piqueur-suceurs des gousses, indépendamment de la dose utilisée.
Cette étude n’a révélé cependant aucune différence significative aussi bien
entre les substances testées qu’entre les doses. Aucune explication ne peut pour le
moment être donnée, compte tenu du déroulement de l’hivernage caractérisé par
une irrégularité des précipitations assez prononcée cette année. Cependant,
l’hypothèse de l’influence négative de la faible pression parasitaire observée durant
la période du traitement des fleurs sur l’efficacité des produits peut être avancée.
Par ailleurs, l’absence de l’effet dose pourrait être liée à l’écart relativement faible
entre les différentes doses proposées pour chaque produit.
La comparaison entre les deux sites sur le plan de l’efficacité des produits a
permis par ailleurs de mettre en évidence toute l’importance que revêt la nécessité
d’une forte pression parasitaire pour une évaluation correcte d’un programme de
traitement phytosanitaire ou d’un produit chimique.
En terme de perspectives de recherche, il serait intéressant de reconduire
cet essai en se proposant de ne te$ter SUMIALPHA et SUMIALPHNDIMETHOATE
qu’aux seules doses recommandées par la firme qui sont respectivement (de 20 et
201300 g.m.a./ha. Ceci s’avère indispensable pour mieux faire ressortir l’existence
ou non d’une différence entre les substances chimiques testées. Pour cela, un
dispositif en blocs complets randomisés (BCR) sera utilisé. L’autre possibilité
consiste à ne comparer que les nouveaux produits proposés par la firme aux
différentes doses qui ont été testées cette année en utilisant un dispositif en SPLIT-
PLOT pour une merrleure évaluation de I’efficalGité de ces nouvelles substances.
Compte tenu de l’objectif majeur fixé dans le cadre de recherche de nouvelles
molécules chimiques efficaces et respectueuses de l’environnement écologique et
socio-économique, ces tests seront par ailleurs accompagnés en deuxième année
d’une analyse économique dans la perspective de faciliter le choix des producteurs
pour tel ou tel produit de traitement.
-
.

.,..,.......:.:::: ..:.::::.
:I_‘.’
::
ANNEXE
::
--.
-
-
-

45
Annexe 1 : Influence du traitement $ur la population des thrips par fleur
FTRAITEMENT
NIORO
BAMBEY
-
TO
768 a
IOa
Tl
40,2 b
5 b
-
-- - - -
T2
367 b
54 b
--~
T3
38,2 b
3,5 b ~--
T4
33,2 b
3 b
-
-
-
T5
30 b
4,3 b
T6
30,3 b
3,l b
T7
38,9 b
2,2 b -
-
-
T8
25,7 b
4,l b
-
-
~ - - - -
MOYENNE
39,1
435
~-----
c v
17,39 %
38,56 %
CV = Coefficient de variation (%)
Annexe 2 : Influence du traitement sur la production de gousses par pied
Trait.
NIORO
BAMBEY
~-
~.-
GoSaines
GoAvortées
Total
GoSaines
GoAvortées
Total
~-
TO
8,5
a
3,2
Il,7 a
26,4
1,5
28
~-
T l
45
b
-
-
-
616
51,4 b
30,5
3
33,5
T2
28,8 b
5,4
34,2 b
31,4
2,5
33,9 -
T3
29,4 b
414
33,8 b
28,5
211
30,6
T4
28 b
5
33 b
33,6
1,7
-.?Q-
T5
27 b
4,4
31,4 b
31,2
1,8
33
--_-
T6
31,4 b
518
372 b
31,5
23
34 1
--L--
T7
28,9 b
3,5
32,4 b
26,3
1,6
28
--.-.
T8
22,5 b
4,2
26,7 b
30,8
2
32 8
- - -
‘.-.
- - -
Moy.
- 27,7
497
324
30
-- 2,l
32,1-.
\\ cv 1
50,35 %
43 %
17,8 %
37,71 %
17,37 %
:
44,539 %
Gines = Gousses saines ; Go Avortées = Gousses avortées
Les chiffres ayant les mêmes lettres alphabbtiques sur la même colonne ne sont
significativement différents (Pc 0,05).
-

46
Annexe 3 : Influence du pkduit sur le rendement potentiel
BAMBEY
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
- - - -
Pgraines = Poids de graines ; Rdt = Rendement
Les valeurs ayant la même lettre alphabétique sur
même colonne n e sont pas
signrficativement différentes (Pc 0,05).
-

COLLABORATION ,PHYSIOLOGIE/ENTOMOLOGIE
Recheruhes entomologiques
Sur
LE NIEBE

Grâce à sa tolérance à la secheresse et à son cycle relativement court, la
culture du niébé prend de I’importahce au Sénégal, en particulier dans les zones
Nord et Centre - Nord du Bassin arachidier où le niébé est devenu presque l’aliment
de base des populations dans certaines parties depuis l’avènement de la
sécheresse des années 70. Lorsque les conditions pluviométriques le permettent,
certaines variétés peuvent maintenir leur feuillage verte durant une longue période
après la première récolte et avoir ai,nsi deux pics de production. Cette particularité
appelée «sénescence monocarpique retardée», fait actuellement l’objet d’études
à Bambey par le chercheur en Physiologie pour voir si cette zone est favorable à
l’expression de cette caractéristique.
Cependant, cette culture fa,it l’objet d’attaque de la part de plusieurs
déprédateurs dont les insectes semblent être la contrainte majeure à sa production
dans certaines zones agro-écologioues. Compte tenu du fait que ces insectes
peuven2 avoir des implications sur les possibilités potentielles d’expression de cette
sénescence, cet essai conduit par ‘le service de recherche en physiologie a été
réalisé en collaboration avec ceux de I’Entomologie et de la Phytopathologie. Les
résultats des observations entomologiques réalisées de la levée à la maturité font
l’objet de ce présent rapport.
1. MATERIELS ET METHODE
Pour vérifier l’expression de la sénescence retardée du niébé dans cette
zone, 4 lignées avancées (Ll, L2, L3, L4) et 2 variétés (8517 et Mouride) avaient été
testées, La variété 8517 (V5) a été considérée comme témoin de sénescence
monocarpique retardée, tandis que la Mouride (V6) servait de témoin local, du fait
qu’elle soit vulgarisée au Sénégal.
L.e Sem;is a été réalisé le 19 Juillet en humide, après une forte pluie de 72 mm
dans un dispositif expérimental en Bloc Complet Randomisé (BCR) à quatre
répétitions. II faut noter qu’une irrégularité des précipitations relativement longue
s’étalant jusqu’à la deuxième décade du mois d’Août a été observée après cette
pluie importa~nte de Juillet. Ceci :a occasionné l’apparition d’une espèce de
Coléoptère (Rhynipfia SP.) dont les larves qui vivent dans le sol se nourrissaient
des racines, provoquant ainsi la mort des jeunes plantes. Durant la phase de
floraison/fructification du niébé, une forte invasion des pucerons de l’espèce Aphis
craccivora a été observée. Campte tenu de l’importance du niveau d’infestation,
deux traitements chimiques avec du Diméthoate ont été effectués pour protéger la
culture.
L.es observations entomologiques avaient porté sur l’incidence des thrips, des
pucerons et de Rhyniptia. Pour les thrips, 5 b’outons floraux ont été prélevés dans
chaque parcelle avant le traitement insecticide pour en déterminer le nombre

48
d’individus à l’aide du microscope. Pour les autres insectes, l’évaluation a été faite
sur la base du nombre de pieds attaques.
II. RESULTATS ET ~iscussioti
2.1. Importance des thrips
L’importance des thrips réside d’ans le fait qu’ils peuvent entraîner des pertes
cle rendement en gousses très importantes à cause de l’avortement des fleurs
occasionné. En ce sens, cette espèce peut perturber de manière directe ou indirecte
la sénescence monocarpique retardee du niébé. C’est dans ce cadre que le
comportement des variétés testées vis à vis des thrips a été pris en compte.
Malgré sa faible pression parasitaire cette année, les résultats de l’analyse
statistique montrent une différence significative entre le témoin local (Mouride) et les
autres entrées. En effet, la populations des thrips par fleur au niveau de la variété
Mouride était en moyenne de 7 individus, tandis que ce chiffre ne s’élevait en
moyenne qu’à un thrips chez la varieté 8517 qui était la plus sensible, soît une
clifférence de 85,7 % entre ces deux temoins. Comme l’illustre la figure ci-dessous,
aucune différence significative n’existait entre les autres 5 entrées. D’une manière
générale, ces lignées ont manifesté une certaine résistance aux thrips, avec des
valeurs variant qu’entre 1 (Ll, V5) et 2 thrips par fleur (L2). II serait intéressant du
point de vue entomologique de tester ces lignées dans des conditions d’une forte
pression parasitaire pour confirmer leur résistance aux thrips.
‘-------Y
L l
L2
L3
L4
V5
V 6
VARIE-l/ES
Figure : Comportement de différentes variétés vis à vis des thrips

49
2.2. Niveau d’infestation du n[ébé par les autres ravageurs
2.2.1. Aphis craccivora
Les pucerons
sont des insectes piqueur-suceurs qui
apparaissent
généralement lors des poches de sécheresse comme ce fut le cas cette année.
L’importance entomologique de ce I-avageur réside dans le fait qu’il peut provoquer
non seulement la mal formation del jeunes gousses à travers le retrait de substrat,
mais transmettre également la vira e.
Pour avoir- une idée sur sor incidence selon la variété, le nombre de plantes
présentant des pucerons a été dét rminé sans tenir toute fois compte de la sévérité
(nombre de pucerons par plante pour des raisons techniques. Sur la base du
nombre potentiel de pieds qui étc
de 72 par parcelle, l’analyse statistique révële
des différences significatives entr
les variétés. Comme le montre le Tableau ci-
dessous, l’incidence du ravageur :tait particulièrement important au niveau de la
lignée L2, contrairement à ce qui i été observé sur la lignée Ll où l’incidence était
la plus faible. D’une manière géni ale, cette incidence était relativement faible, car
elle variait en moyenne entre 4, 1 (Ll ) et 43,4 % (L2). Dans l’ensemble, les
parcelles témoins étaient relativen ?nt moins infestées, exception faite de la lignée
Ll qui avait la plus faible incidence des pucerons. II serait intéressant de tester cette
lignée dans le cadre d’un criblage I Iriétal contre cette espèce.
Tableau : Incidence en pourcentac : de A. craccivora et de Rhyniptia
VARIETE
PUCERONS
RHYNIPTIA
-
-
-
-
~--
Ll
4,51 a
3,47
~~
L2
43,40 b
4,51
-~
-
-
-
L3
13,89 ab
521
-~
-
~-
L4
34,72 ab
7,29
~.~
-
-
V5 (8515)
10,1 ab
6,94
~~
-
V6 (Mouride)
6,68 ab
10,l
~--
-
-~-.-
Moyenne
19,21
6,25
Les valeurs ayant les mêmes lettres ai habétiques ne sont pas significativement différentes
a P = 0,05.
-
----_
-
-
-
.-
.-
__

2.2.2. Rhynipfia sp.

Pour déterminer l’incidence de ce ravageur, le nombre total de plantes mortes
par parcelle a été compté tous les ]Ours. II faut toutefois noter la disparition de cette
espèce avec la reprise des précipitations qui étaient devenues plus régulières.
Comme le montre le tableau ci-dessus, son incidence était particulièrement
faible ne variant qu’entre 3,5 (Ll) et ‘lO,l % (V6). D’ailleurs, la différence entre les
variétés n’était pas significative, ,m$me si les dégâts étaient relativement plus
importants pour la variété Mouride. II faut noter que cette espèce qui attaque
généralement le mil, a été déjà signalée sur la culture du niébé dans cette station. II
serait intéressant de faire un suivi rkgulier de l’apparition de cette espèce sur la
culture du niébé pour voir si le mil comme précédent cultural n’a pas une influence
sur son apparition sur la culture duiniébé.

51
~
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
Ces essais de criblage à la sénescence retardée du niébé ont permis d’avoir
en même temps des informations sur l’existence de lignées relativement tolérantes
aux thrips. il s’agit des entrées L-l, 112, L3, L4, et V5 dont le niveau de population
variait entre 1 et 2 thrips par fleur, Compte tenu de la faiblesse de la pression
parasitaire observée cette année,’ il serait important de tester ces lignées dans des
conditions beaucoup plus favorables pour le criblage à la résistance aux thrips.
En terme de perspective d’action de recherche, des expériences menées
dans le domaine de la protection chimique par le service d’Entomologie ont permis
de mettre en évidence I’existencq : d’une corrélation entre la production et la perte
précoce du feuillage chez la nié1 lé. II a été constaté également que le traitement
chimique sembler favoriser le vie!illissement accéléré des feuilles Dans ce cas il
s’avère indispensable de prendreen compte ces observations pour une meilleure
identification des causes réelles de la sénescence monocarpique des variétés
testées.
-.
-
-

CONVE~NTION ROCAFREMI
Recherches entomologiques
Sur
LA C;ULTURE DU MIL

52
INTRODUCTION
Depuis l’avènement de la secheresse des années 70, le mil occupe au
Sénégal une place très importante parmi les céréales vivrières. Cette culture
représente en effet 71 % des superficies totales emblavées en céréales. Cependant,
les rendements sont généralement très faibles, atteignant rarement 600 kg/ha dans
les conditions paysannes de Producti~on. A côté du déficit pluviométrique, de l’état de
pauvreté des sols, de I’inadaptabilite du matériel végétal aux nouvelles conditions
pédo-climatiques et la faible utiliisation des nouvelles technologies par les
producteurs, les nombreux déprédateurs contribuent de manière significative à cette
performance en milieu paysan. Parmi ces ennemis du mil, les insectes ravageurs
tels que la chenille mineuse des épis (Heliocheilus albipuncfella) et le foreur des
tiges (Coniesfa ignefusalis) occupent une place toute particulière.
Compte tenu des problèmes d’ordre économiques et environnementaux liés à
l’utilisation des produits chimiques dle synthèse pour le contrôle des déprédateurs,
une approche intégrée de protection s’impose. Dans le cadre des activités du
Réseau Ouest et Centre Africain de Recherches sur le Mil (ROCAFREMI), des
groupes de recherches pluridisciplinaires travaillant sur le mil ont été constitués
dans les différents pays membres duo réseau. Au Sénégal, un essai faisant intervenir
l’agronomie, la phytopathologie, I’entomologie et la socio-économie a été mis en
place en milieu paysan dans le Centre Nord du Bassin arachidier qui constitue au
Sénégal une des principales zones de production du mil. II faut souligner que cette
activité a été menée en collaboration avec des partenaires au développement.
Le suivi entomologique intervenu pour des raisons techniques un peu tard au
cours du développement de la culture avait porté sur l’évaluation du niveau
d’infestation du mil par la chenille mineuse des épis. Les résultats obtenus sur ce
plan font l’objet de ce rapport.
~
1. METHODOLOGIE
Comme il est indiqué en intro 8uction, l’essai a été implanté en milieu paysan,
1
exactement à Bambey Sérère qui es village situé à proximité du Centre National de
Recherches Agronomiques (CNRA) ‘de Bambey. Pour cela 6 partenaires paysans
ont été choisis : Bassirou GNING (1) Djib THIAW (2) Gorgui NGOM (3), Demba
GNING (4), Aliou GNING (5) et Mbaye GNING (6). Au niveau de chaque paysan, 5
parcelles de 100 m2 (10 m x 10 m) devaient faire l’objet de suivi sur I’infestation de la
culture par différents déprédateurs’ (Striga, insectes nuisibles, mildiou et autres
maladies cryptogamiques). Un des objectifs majeurs de ce suivi était d’avoir une
idée sur la situation parasitaire du mil en milieu paysan afin d’envisager des
solutions. Le choix de ces parcelles avait eu lieu quelques jours après la levée dans
un dispositif aléatoire à randomisation complète dans chaque champ. II faut noter
que chaque paysan avait semé une variété locale qu’ils appellent « Souna locale »
et que le semis n’a pas été effectué en même temps par tous les paysans. Les
paysans Mbaye GNING, Aliou GN’ING, Demba GNING et Djib THIAW avaient

53
procédé à un semis à sec avant l’arrivée des premières pluies, tandis que le semis
des autres avaient eu lieu en humide une semaine plus tard avec la tombée des
premières pluies utiles, Malgré cetje différence, la maturité du mil avait eu lieu
durant la même période.
Pour le suivi entomologique, fi poquets ont été choisis sur la diagonale dans
chaque parcelle. Pour déterminer l’incidence du ravageur sur le champ ainsi que la
sévérité de l’attaque, les observation+ avaient porté sur les paramètres suivants :
?? Nombre de plantes attaquées dan$ un poquet
?? Nombre de larves par épi
?? Nombre de galeries vides par épi ~
II. RESULTATS ET DISCU$SION
Les observations relatives à l’attaque du mil par la chenille mineuse des épis
ont été faites avec un léger retard. En effet, ce suivi avait eu lieu les 7 et 8 Octobre
1997, soit environ 42 jours après le début de l’épiaison. A cette période, les larves
étaient déjà en nymphose dans le sol. Ainsi, seules les galeries vides ne pouvaient
faire l’objet de comptage.
2.1. Incidence de Heliocheilus
L’incidence exprimée en pourcentage a été déterminée sur la base du rapport
entre le nombre de plantes attaquees et celui de plantes observées. Comme le
montre le tableau 1, l’analyse statistique n’a révélé dans ce domaine aucune
différence significative aussi bien entre les champs qu’entre les différentes parcelles
choisies à l’intérieure d’une exploitation. L’incidence était dans l’ensemble assez
élevée, variant entre 86,7 et 98,8 % en moyenne d’un paysan à l’autre et entre 94 et
99,3 % au entre les parcelles. Ce qui rnontre une distribution spatiale relativement
homogène et une forte présence du ravageur cette année dans ce village.
2.2. Sévérité de I’ïnfestatïon
Pour avoir une idée beaucoup plus précise sur l’importance des dégâts, la
prise en compte de la sévérité s’avère indispensable. Sur ce plan, la détermination
de la longueur linéaire des galeries est la plus judicieuse. Cependant, seul le
nombre de galeries avait pu être déterminé. La sévérité est définie comme étant le
nombre de larves par épi.
Sur ce plan, les résultats n’ont montré aucune différence significative entre
les parcelles au sein d’une exploitation. En effet, le nombre de larves par épi variait
ente 3,6 et 3,9 en moyenne pour @tes les parcelles confondues. Ces résultats
confirment le caractère homogène de la dispersion spatiale du ravageur à l’intérieur
du champ. Comme l’illustre la figure ,l, des différences significatives existaient entre
les champs, contrairement à ce qui $‘observait au niveau des parcelles. En effet, la

54
sévérité variait en moyenne entre 2~,6 et 6,3 larves par épi (Tab. 1). Le test de
« Student-Neuman-Keul’s Multiple Range » a montré que le champ de Aliou GNING
était le plus sévèrement infesté par ‘Heliocheilus. Par contre, le champ de Gorgui
NGOM avait subi le moins d’attaque, même si sa différence avec certains n’était pas
significative. Les observations relatives à I’infestation du mildiou faites le 27 Août
par le service de phytopathologie montre une certaine différence de développement
du mil entre les différents Champ$ paysans. En effet, le mil au niveau des
exploitations de Demba, Aliou, Mbaye et Djib était au stade grains patteux, tandis
que celui des autres se trouvait au stade floraison.
Tableau 1: Importance de Heliochei/& dans les différents champs paysans
PAYSAN
(%)
INCIDENCE
SEVERITE
l
Bassirou GNING
~
86,5
2,7 a
Djib THIAW
9379
3,2 ab
Gorgui GNING
94,1
2,6 a
Demba GNING
96
4,5 b
Aliou GNING
~ 979
6,3 c
Mbaye GNING
(

98,8
3,8 ab
Moyenne
94,5
33
cv (%)
93
26,7
NB : Les valeurs suivies des mêmes I$ttres alphabétiques ne sont pas significativement
différentes (P= 5 %).
1
2
‘3
4
5
6
PAYSAN
Figure : Sévérité de I’attasque de Heliocheilus en fonction du paysan

55
C,e retard lié certainement à ~la différence de semis et à l’action négative
probable de certains déprédateurs ($triga, mildiou), avait eu une certaine influence
sur l’attaque de H. albipuncfella. Aussi bien pour l’incidence que pour la sévérité,
I’infestation était relativement plus importante au niveau des parcelles semées à
sec. La différence entre les deux types de sernis pour tous les champs confondus
était en moyenne de 6,6 et 40,s % ~respectivement pour l’incidence et la sévérité.
Cette situation peut être en partie due à une coïncidence entre le stade sensible de
la culture et l’apparition maximum: des adultes de Heliocheilus. En effet, les
premières émergences des adultes ont été observées cette année le 23 Juillet, avec
une forte pullulation durant toute la période allant du 26 Août au 11 Septembre (Fig.
2). Pour vérifier cette hypothèse, il siavere indispensable de commencer le suivi de
I’infestation dès le début de la floraison.
15.7
25.7
4.8
15.8 ~25.8
4.9
15.9
25.9
5.10
20.10
:DATE D’EMERGENCE
Figure 2 : Fluctuation des adultes de Heliocheilus albipuncfella
2.3. Impact du ravageur sur la prodluction
Dans le but d’avoir une idée sur un eventuel impact du ravageur sur la
production, le poids total des épis et des grains après battage avaient fait l’objet
d’analyse statistique. Les résultats mentionnés dans le tableau 2 montrent tout
d’abord une différence Significative~ entre les exploitations, indépendamment du
critère consideré. D’une maniere $énérale, aucune tendance ne se dégageait
concernant l’influence de la date de semis et celui du ravageur sur la production,
même si le rendement en grains du semis en humide (semis tardif) était légèrement
plus important que celui du semis à sec. La différence entre ces deux modes de
semis s’élevait en effet à 8,3 %.

56
L’analyse de régression n’a révélé par ailleurs aucune corrélation entre le
niveau de production et la sévérité de l’attaque. Cependant, la comparaison entre la
sévérité et le rapport poids de grains sur poids des épis a montré tout de même une
corrélation négative, même si celle-ci n’était pas significative. Cela montre que
l’attaque de Heliocheilus aurait une certaine contribution à la différence de
rendement existante entre les différenites exploitations choisies dans ce villag’e.
Cependant, il s’avère indispensable d’avoir des témoins de référence pour une
meilleure évaluation des pertes réelles dues à ce déprédateur.
Tableau 2 : Niveau de production dans les différents champs paysans
NB : Les valeurs ayant les mêmes lettr@ alphabétiques sur la même colonne ne sont pas
significativement différentes (Pc 5 %).
~

CONCLUSION ET PERSPECTIVES
Ce suivi effectué dans différents champs ont permis d’avoir une idée sur
l’importance de la chenille mineuse cette année en milieu paysan, même si les
pertes de production dues à ce ralvageur n’ont pas pu être cernées pour des raisons
techniques. Pour ce faire, il est necessaire d’envisager des témoins de référence.
l
Par ailleurs, la différence constatée entre les exploitations pourrait être due
non seulement aux effets synerg/ques de Weliocheilus et des autres déprédateurs
(maladies et striga), mais également à l’existence d’éventuelle différence variétale.
Au prochain essai, il est prévu de faire sur le plan entomologique un suivi
rapproché du semis à la maturité~sur les prrncipaux insectes ennemis de la culture
du mil.
-
-
-
-
-

Collaboratiofl physioloclie/entomologie
Recherches entomologiques
~
Sur
Ld culture du mil

Le mil occupe au Séndgal, particulièrement dans la zone du bassin
arachidier, une place très importante. En effet, cette culture représente environ 71 %
des superficies
emblavées en céréale. Cependant, les rendements sont
généralement très faibles, atteipnant rarement 600 kg/ha dans les conditions
paysannes de production. A côté pu déficit pluviométrique, de l’état de pauvreté des
sols et de l’inadaptabilité aux npuvelles conditions pédo-climatiques du matériel
végétal utilisé, les insectes ralageurs tels que la chenille mineuse des épis
(Helrocheilus albipuncfella), les ~
foreurs de tige (Coniesfa ignefusalis) et les
cantharides (Psalydollita SP.) peuvent contribuer de manière significative à la baisse
des rendements. Dans le cadt-& de la recherche de nouvelles variétés plus
performantes et plus adaptées #ux nouvelles conditions climatiques, un certain
nombre de variétés ont été colle$ées en milieu paysan à travers des prospections
menées dans certaines zones agro-écologiques par le service de sélection du
CNRA de Bambey. Après un t/est effectué en 1996 sur des caractéristiques
agronomiques, 10 entrées dont 14 variété témoin (IBV 8004) ont été choisies cette
année par le chercheur physidlogiste pour faire l’objet d’une caractérisation
physiologique à l’adaptation à la sécheresse. Ce travail a été mené en collaboration
avec les services d’entomologie Ft de phytopathologie pour déterminer en même
temps leur comportement vis à Vis~ des principaux déprédateurs. C’est dans ce cadre
qu’entrent les observations entpmologiques effectuées cette année dont les
résultats font l’objet de ce rapport. ~
1. METHODOLOGIE
L’essai a été réalisé en siation à Bambey dans un dispositif de FISHER
randomisé à 3 répétitions. Touted les entrées étaient semées en même temps en
humide après la première pluie utile. Le suivi entomologique a été effectué sur 5
poquets choisis sur la diagonale’ de chaque parcelle. Les espèces Heliocheilus
albipuncfella
et Coniesfa ignefusaiis ont été particulièrement ciblées. Pour évaluer
l’incidence de la chenille mineuse des épis au champ ainsi que la sévérité de
l’attaque, les observations avaient iporté sur les paramètres suivants :
?? Nombre de chandelles attaquée6
?? Nombre de larves par Chandelle~
?? Nombre de galeries vides par clandelle
mcernant l’incidence et la $évérité du foreur des;figes, lenombre de plantes
attaquées ainsi que le nombre des larves ont été déterminés après dissection des
tiges. Compte tenu du fait que de; observations n’ont pas été faites durant toute la
phase du développement végétatif, le nombre de larves actives et en diapause ainsi
que le nombre de chrysalides vides ont été pris en compte pour avoir une idée sur ie
.-
nombre de générations formées.
-_
-
-

59
II. RESULTATS ET DISCiJSSION
2.1. Importance de la populations de Heliocheilus
Pour évaluer l’importance cie ce ravageur, seuls les paramètres incidence et
sévérité ont été considérés. Les resultats montrent que l’incidence exprimée par le
pourcentage d’épis infestés n’était; pas très important. Avec une moyenne d’environ
53 %, elle variait entre 41 (V5) et 70 % (V3, V9). L’analyse statistique montre par
ailleurs que la différence entre les variétés n’était pas significative, même si les
entrées V3 et V9 avait la plus grande incidence (Tab. 1). L’absence de différence
significative entre les parcelles montre par ailleurs une certaine homogénéité de la
dispersion spatiale du ravageur au champ. Ce qui confirme les résultats antérieurs
relatifs à l’étude du comportement de cette espèce.
Pour avoir une idée beaucoup plus précise sur l’importance des dégâts, la
prise en compte de la sévérité s’avère indispensable. Sur ce plan, la longueur
linéaire des galeries qui semble êt~re le critère le plus judicieux, a été aussi pris en
compte pour une meilleure évaluation de l’impact réel de cette espèce sur la
production du mil. II s’agit de la longueur de toutes les galeries causées par les
chenilles sur un épi.
Tableau 1 : Impact de Heliocheilus Iet de Cokes-ta
o y e n n e -_-
--~
NB : Les valeurs ayant les mêmes l~ettres alphabétiques sur la colonne ne sont pas
significativement différentes (P = O,OS).~
-
.-

60
Comme l’illustre la figure ciddessous, les variétés V6 et V5 étaient
significativement moins infestées, tandis que VI et VI0 avaient les dégâts les plus
irnportants. Ainsi, la différence entre les entrées V6 et VI s’élevait à 68 %. D’une
manière générale, la longueur linéaire Ides galeries était proportionnelle au nombre
de larves par épi. La sévérité définie comme étant le nombre de larves par
chandelle, variait en moyenne entre 2 (V6) et 4,9 larves (VI ). Contrairement à ce qui
a été constaté pour l’incidence, des oifférences significatives existaient entre les
variétés.
Pour évaluer la contribution de ce ravageur sur les pertes de rendement, une
comparaison a été faite entre la longueur linéaire des galeries et le poids de 1000
graines. L’analyse statistique n’a révelé sur ce plan aucune corrélation entre les
deux paramètres, malgré l’existence d’une différence significative entre les variétés
pour ces deux critères, comme le montrent les tableaux 1 et 2.
VI
v2
v3
v4 v5
~

V6
v7
V8
V9
V I 0
VARIkTES
Figure 1 : Longueur linéaire des galeries en fonction de la variété
2.2. Importance de Coniesfa
:
Compte tenu de la faible pression constatée d’ailleurs à travers la capture au
piège lumineux, l’incidence et la sévérifé de cette espèce étaient encore plus faibles
que celle’s de Heliocheilus.. Son incidence variait entre 26 (V7, V3, VIO) et 43 %
(‘V8, V2), tandis que la sévérité évoluait entre 1,5 (VI 0, V6, V5) et 2,5 larves par tige
(VS). Indépendamment du critère considéré, il n’existait aucune différence
S#ignificative entre les variétés. C’est ~
ce qui explique probablement en partie le
manque de différence significative entre les variétés pour la production de graines.
L’étude comparative faite entre; le poids de 1000 graines et le nombre de
larves par tiges montre une corrélation négative (r = -0,21) entre ces deux
paramètres, même si elle n’était pas significative à cause certainement de la faible
pression parasitaire. Ceci montre toute l’importance de la contribution que ce
ravageur peut avoir dans la réductron du poids des graines à cause de la
perturbation physiologique qu’il occasionne au niveau de la plante.

GI
Sur le plan du comporten
ni: biologique de l’insecte, l’apparition de deux
générations distinctes de ce forer
des tiges a été observée. Cela se justifie par la
présence de chrysalides vides
Idiquant la sortie des adultes de la première
génération. La première génératic
s’élevait à 7,9 individus en moyenne pour toutes
les variétés confondues, tandis ql
le nombre de larves présentes qui constituent la
deuxième génération était de 1
8 larves, soit une différence de 558 %. Ces
résultats confirment les observatic ts faites sur la dynamique de population de cette
espèce à l’aide du piège luminew lepuis quelques années, à savoir la réduction du
nombre de générations annuelle? ti deux. Ceci est lié en partie à la baisse de la
pluviométrie et de la longueur d
cycle hivernal depuis plus d’une décennie. En
effet, le développement des popul
ions de ce ravageur est particulièrement favorisé
par les conditions d’une haute hur dité relative.
Tableau 2 : Effet des insectes sur I production
-
VARIETE
Poids de c Gris par épi (g)
Poids de 1000 graines (g)
~~
V-l
1 ,:34
7,23 a
v2
$80
6,93 a
7,87 ab
:-+-Y I ,05
6,97 a
-
-
-
j,72
6,90 b
-
-
-
~
-
_
i,33
7,13 a
VI0
l,36
8,37 b
-.~
-
-
-
~
-
_
Moyenne
‘,19
7,20
:
CV
I! 35 %
6,44 %
IVB : L.es valeurs ayant les mêmes ettres alphabétiques sur la colonne ne sont pas
significativement différentes (P = 0,05

-’ +
62
~
~
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
Ces essais de caractérisation menés dans le cadre d’une approche
pluridisciplinaire ont permis d’obtenir les principaux résultats suivants :
Malgré la pression parasitaire des deux espèces relativement faible cette
année, les variétés V6 (PLS 144) et V5 (PL.S 129) semblent montrer une certaine
résistance aussi bien à la chenille mineuse des épis qu’au foreur des tiges. En effet,
la différence entre la variété V6 et les autres était significative. Cette variété peut
être intéressante en ce sens qu’elle présente également des qualités agronomiques
importantes. En effet, elle fait part@ des trois entrées qui avaient le poids de grains
par épi le plus élevé et un importarit poids de 1000 graines.
Par ailleurs, toutes les variétés testées étaient relativement moins sensibles à
l’attaque de Heliocheilus que la variété IBV 8004 (témoin de résistance), exception
faite de la variété VI (PLS 94) qui était la plus sensible. Dans ce cadre, il serait
intéressant de voir si ces variétés ne sont pas plus précoces que la IBV 8004 qui
doit relativement sa résistance à sa précocité.
L’existence d’une corrélatio’ négative non significative entre le nombre de
larves de Coniesta et le poids d”e 1000 graines montre tout de même que ce
ravageur peut contribuer à la perte non seulement de talles fertiles , mais également
à la réduction du poids des graines, dans le cas d’une forte pression parasitaire.