REPUBLIQUE DU SENEGAL MINISTERE DE L’AGRICULTURE...
REPUBLIQUE DU SENEGAL
MINISTERE DE L’AGRICULTURE
mInstitut Sknégalais
cN.R.k
De Recherches Agricoles
Centre National de la Recherche Agronomique
Par
Dr. Mamadou BALDE
Mr. Abdoulaye DIOP
Mars2000
Bureau : ISRA-CNRA, Centre National de la Recherche Agronomique B.P. 53 Bambey
4 (221) 973 6 0 50/51/54 Fax (221) 973 6 0 5 2 - E-mail : Isracnra@telecomplus.sn
Code NINEA 0120 2 1 2

Durant la campagne 1999/2000, le service de recherche en
Entomologie a réalisé dans l’ensemble 5 activités dans le

domaine des cultures légumineuses et céréalières.
Parmi ces activités, trois étaient menées dans le cadre d’une
collaborat.ion
avec les services de physiologie et de
pédologie. Un des thèmes abordés au niveau du programme
propre au service était accès sur le test de produits à base de
neem qui entre dans le cadre de la recherche de solution

alternative: à l’utilisation des insecticides de synthèse qui soit
efficace, moins coûteuse et respectueuse de l’environnement.
L’autre activité qui concerne la recherche d’optimisation de la

protection phytosanitaire de la culture du niébé, a été menée
pour la deuxième année.

En dehors de ces activités, s’ajoutent d’autres menées dans le
domaine de la formation des étudiants de l%cole .Nationa.le
des Cadre:s Ruraux (ENCR) de Bambey par la vacation et la
supervision de mémoire de fin d’études.

Une collaboration est en cours entre le service et le
département de biologie végétale, plus précisément avec le
service de biochimie dans le domaine de l’identification ‘des
substances actives contenues dans le neem (AzadiracM-a
indica).

Les résultats de ces activités scientifiques font l’objet de ce

PROJET CRSPINIEBE
Recherche entomologique
Sur
LA CULTURE DU NIEBE

Dans le cadre de la stratégie paysanne de sécurisation de la production vivrièse, la
diversification joue un rôle très important. Dans les pays de la zone soudano-
sahélienne ou une baisse de la pluviométrie est souvent observée, la culture du
niébé peut susciter une grande importance à cause de sa précocité et de sa relative
tolérance à la sécheresse. Cependant, les insectes ravageurs des cultures et des
denrées stockées constituent en dehors du manque d’organisation de la filière, une
des principales contraintes à la promotion de cette culture dans certains pays comme
le Sénégal.
Pour la protection de la culture, l’utilisation des insecticides de synthèse prédomine
toujours à cause de leur efficacité. Actuellement, cette pratique est de plus en plus
contestée dans le monde à cause surtout de ses effets nocifs sur la santé humaine
et animale et sur l’environnement. A cela s’ajoute le fait que ces produits deviennent
de plus en plus inaccessibles pour la majorité des paysans dans les pays en
développement du fait de l’augmentation constante des prix.
Dans le cadre de la recherche de solution alternative, l’utilisation de produits à base
de «neem» (Azadirachfa Mica) est devenue dans certains domaines agricoles
comme le maraîchage une pratique émergeante au Sénégal, rnalgré l’existence de
quelques difficultés relatives à la maîtrise des techniques de dosage, d’application,
de fabrication ai,nsi que de conservation de ces produits. L’intérêt pour cette espèce
est motivé par son caractère cosmopolite (disponibilité dans beaucoup de pays) et la
possibilité d’obtenir des extraits avec des moyens simples et peu coûteux.
II faut par ailleurs signaler l’existence au Sénégal de peu de recherches sur
l’utilisation de tels produits pour la protection de la culture du niébé. D’où
l’importance de cette étude qui marque le début d’un programme d’études dans le
domaine entomologique sur l’utilisation de manière générale de produits à base de
plantes à effets insecticides comme moyen de protection phytosanitaire.

1. OBJECTIF
L’objectif de l’essai est de trouver des doses optimales d’huile et d’extraits aqueux de
graines de neem pour une protection efficace et efficiente du niébé contre les
principaux insectes ravageurs de la culture du niébé, en particulier contre les thrips
qui constituent la principale contrainte à la production.
1. 2. LOCALISATION
Les essais ont été menés en station à NIORO à cause de la présence d’une .forte
pression parasitaire dans cette zone.
1.3. DISPOSITIF EXPERMENTAL ET CONDUITE DE LA CULTURE
Un dispositif factoriel en SPLITT SPLOT à quatre (4) répétitions a été utilisé pour
comparer les produits à différentes doses. Indépendamment de la dose, les
différents produits à base de Neem ont été comparés à un insecticide chimique de
synthèse, notamment le DECIS à la dose vulgarisée de 15 g. m.a./ha. L’huile et
l’extrait aqueux représentaient les parcelles principales. Dans l’ensemble, 7 niveaux
de traitement (doses) par produit qui constituaient les parcelles secondaires ont eté
testés. La dimension d’une parcelle élémentaire comportant 10 lignes était de Il,25
m2 (43 m x 2.,5 m). Lors de la récolte, seules les données des 4 lignes centrales ont
été prises en compte dans l’évaluation pour réduire l’effet de la dérive des produits
sur les parcelles contiguës.
Pour une meilleure évaluation de ces produits, la variété 18-275 appelée « Mouride »
a été utilisée a cause de sa particulière sensibilité à l’attaque des insectes ravageurs.
Le semis a été effectué en humide le 30 juillet 1999 après labour, hersage et apport
d’engrais minéral (NPK) à raison de 150 kg/ha.
Compte tenu du niveau d’enherbement dans cette zone, trois opérations de binages
ont été effectuées durant la phase de développement végétatif.

3
1.4. PREPARATION DES SOLUTIONS
Pour l’obtention de la poudre de neem qui avait servi de matière première pour la
préparation de I’huile et de la solution aqueuse, des graines mûres (couleur Jaune) et
de bonne qualité ont été utilisées. Après séchage à l’abri des rayons solaires, les
graines ont été décortiquées avec précaution. Pour avoir une poudre fine
indispensable pour une meilleure extraction des matières actives, les amandes ont
été broyées à l’aide d’un petit moulin de laboratoire.
Pour les différentes solutions aqueuses, la quantité de poudre correspondante a été
laissée en macération dans un volume d’eau pour permettre une meilleure extraction
des matières actives. L’huile quant à elle, a été extraite à partir de cette poudre à
l’aide d’une presse à huile de fabrication locale. Lors du traitement, aussi bien le
filtrat que I’huile ont été mélangés à chaque fois avec une certaine quantité d’eau
savonneuse.
1.5. PROGRAMME DE TRAITEMENT
Pour des raisons techniques, le traitement a débuté une semaine après l’apparition
des premières fleurs. Dans l’ensemble 4 applications espacées d’une semaine ont
été réalisées pour couvrir toute la phase allant de la floraison à la maturation des
gousses. A cause de la sensibilité de ces produits naturels aux rayons solaires, le
traitement était effectué le soir à l’aide d’un pulvérisateur à dos à pression constante
muni d’une buse de turbulence. Pour des raisons pratiques, l’application des
différents produits (DECIS, Extrait, Huile) a été réalisée à l’aide de trois appareils.
1.6. ANALYSE STATISTIQUE
Le traitement statistique des données a été effectué par «MSTAT.C » (version
française) et la comparaison des moyennes par le test de « PPDS » (Plus Pet:ite
Différence Significative).

2.1. SITUATION CLIMATIQUE ET PHYTOSANITAIRE
La situation climatique influence beaucoup l’interaction insecte - plante hôte. A cet
effet, des relevés pluviométriques, de température et d’humidité relative sont faits
chaque annëe en collaboration avec le service de météorologie de Nioro.
L’hivernage était caractérisé durant cette campagne par une bonne pluviométrie
aussi bien sur le plan quantitatif que sur le plan de la répartition dans le temps.
Jusqu’à la date de la récolte (17 octobre), le cumul pluviomëtrique s’élevait à 979
mm. Avec un cumul de 383 mm et 26 jours de pluies, le mois d’août était de loin la
période la plus humide. Les mois d’août et septembre étaient caractérisés par une
humidité relative particulièrement élevée, variant en moyenne entre 92 et 100 %: Sur
le plan de la répartition des pluies, aucune poche de sécheresse significative n’a eté
observée depuis la date de semis.
Sur le plan phytosanitaire, ces conditions ont favorisé un développement très
important de Ea population des thrips. En effet, ces insectes qui détruisent les fleurs
sont particulièrement sensibles à l’humidité de l’air. Leur importance numérique a été
déterminée par dissection au laboratoire des fleurs prélevées. Compte tenu des
fortes précipitations, les jassides (Empoasca SP.) n’ont eu cette année qu’une faible
incidence. Un,e présence des mylabres qui s’attaquent également aux fleurs a etë
notée durant toute la phase de floraison. Leur incidence était toutefois sans
importance. Parmi toutes les espèces identifiées au Sénégal, Decapofoma affinis
était la plus représentée. Durant la phase de fructification, une faible présence des
punaises comme Anoplocnemis curvipes (Heferopfera : Coreidae) qui provoque
l’avortement des jeunes gousses et Acanfhomia horida (Hefempfera : Coreidae) qui
sucent les gousses en maturité a été observée.
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5
2.2. INFLUENCE DU TRAITEMENT SUR LES THRIPS
L’évaluation de la population des thrips ainsi que son évolution a été faite sur la base
de prélèvement de fleurs dans chaque parcelle. Le nombre de thrips larves et
adultes était déterminé par dissection et observation au microscope de ces fleurs.
Dans l’ensemble, 4 prélèvements espacés d’une semaine ont été effectués avant
chaque application de produit.
2. 2. 1. Evolution de la population des thrips
Cette évaluation a porté surtout sur la comparaison de l’effet des produits pour toutes
les doses confondues (Fig. 1). Pour une meilleure lecture de cette figure qui illustre
l’évolution de la population des thrips, le témoin sans protection, l’extrait aqueux,
I’huile et le DEXIS sont symbolisés respectivement par TO, E, H et D.
+TO
+H
-a-E
*D
2 0
0
OQIOQI
16/091
231091
011101
DATE DE PRELEVEMENT
Figure 1 : Evolution de la population des thrips en fonction du produit
A partir de la 3ème semaine après le début des observations, les résultats montrent
une tendance à la baisse de la population des thrips qui était particulièrement

6
remarquable au niveau des parcelles traitées à I’huile et au DECIS. Ce phénomène
serait liée à la réduction de la production de fleurs au profit de celle des gousses. En
effet’ deux semaines avant la récolte, les observations relatives à la production de
pédoncules, fleurs et de gousses effectuées sur 5 plantes choisies au hasard
n’avaient pratiquement montré aucune fleur au niveau des parcelles traitées avec du
DECIS, contrairement à la formation de pédoncules et de gousses qui progressait.
Sur le plan de l’efficacité, le produit de synthèse (DECIS) présentait de loin le
meilleur pouvoir de contrôle sur les thrips. Tous les produits à base de neem ont
montré également une certaine différence avec le témoin sans protection. Cette
différence prenait d’autant plus de l’importance que la pression des thrips
augmentait. L.a comparaison entre l’extrait et I’huile de neem n’a révélé par contre
aucune différence significative, même si I’huile semblait montrer une plus faible
capacité de contrôle des thrips.
2. 2. 2. Population totale des thrips
On entend par population totale, l’ensemble des individus obtenus au niveau des 4
prélèvements. Quelque soit la nature du produit à base de neem, l’analyse st.atistique
montre une différence significative entre les doses. Comme l’illustre la figure 2,
l’importance numérique des thrips diminuait de manière significative avec
l’augmentation de la dose. Pour tous les produits confondus (extrait, huile), le
nombre de thrips par fleur était en moyenne de 128 au niveau des parcelles ayant
reçu la plus faible dose (1). Ce nombre n’était par contre que de 81 thrips en
moyenne au niveau de la plus forte dose (6)’ soit une différence de 36’7 % entre ces
deux types de traitement. D’ailleurs, l’analyse statistique montre l’existence d’une
corrélation hautement significative entre le niveau de protection et la population des
thrips (r = - 0,90).
A l’instar de ce qui a été observé au niveau de l’évolution, aucune différence
significative n’existait entre l’extrait et I’huile, indépendamment de la dose. Par
ailleurs, l’analyse n’a révélé aucune différence significative entre la dose la plus forte
et la précédente (5). Ce résultat semble mettre en évidence l’existence d’une
certaine tendance à la stabilité.

7
180
160
C]H /
140
E/
120
100
80
60
40
20
0
TO 1
2
3
4 5 6
D
DOSES
Figure 2 : Effet du traitement sur le développement de la population des thrips
2.3. IMPACT DU TRAITEMENT SUR LA PRODUCTION
La production concerne les gousses et les graines en tenant compte également de
leur qualité. Ce paramètre est très important pour l’évaluation de l’effet d’une mesure
de protection phytosanitaire de la culture du niébé, compte tenu de l’existence de
relations étroites entre cette production et la présence de certaines espèces comme
les thrips, les mylabres et les punaises.
2. 3. 1. Production de gousses
L’influence du traitement sur la production de gousses a été déterminé en comptant
l’ensemble des gousses récoltées dans chaque parcelle. II faut rappeler que seules
les données des 4 lignes centrales avaient été analysées.
L’analyse des résultats montre que la production totale de gousses dépendait de
manière significative de la dose testée, quelque soit le produit. Comme l’indique en
effet la figure 3, les parcelles traitées aux plus fortes doses avaient plus de gousses
que celles protégées avec des doses relativement faibles.

8
Dans tous les cas, la protection à l’aide de produits à base de Neem a fait preuve
d’efficacité, même si celle-ci était de loin plus faible que celle du DECIS. Pour tous
ces produits confondus, la différence de production avec l’insecticide de synthèse
était en moyenne de 74,3%. Cette grande différence serait probablement liée en
partie aux possibilités de lessivage des produits de neem suite aux importantes
pluies tombées immédiatement après presque chaque traitement.
l-0
1
2
3
4
5
6
D
TRAITEMENT
Figure 3 : Influence du traitement sur la production totale de gousses
L’examen de la qualité des gousses qui se base sur la malformation et le degré
d’avortement (pratiquement sans graine) montre les mêmes tendances que celles
observées au niveau de la production totale. Le nombre de gousses avortées était en
effet plus élevé chez les parcelles sans protection que chez celles traitées au DECIS
et à forte dose produit de neem. Pour tous les produits de neem confondus, la
différence par exemple entre la plus forte dose (6) et le témoin sans traitement (TO)
était en moyenne de 36,4 %. Ces résultats montrent que les solutions à base de
neem sont à mesure de contrôler également les insectes piqueur-suceurs des
gousses. La comparaison faite entre les deux types de produits de neem n’a révélé
aucune tendance claire quant à leur différence. D’une manière générale, le
pourcentage de gousses avortées variait en moyenne entre 10 (DECIS) et 40 %
m.

9
2. 3. 2. Production de graines
Pour déterminer la production en graines, seules les gousses saines étaient prises
en compte. Vue l’importance de la qualité des graines selon la destination de la
production (consommation personnelle, marché local, exportation, semences), les
graines ont été séparées en trois groupes selon la taille à l’aide de tamis de
différentes mailles.
Concernant le poids total pour l’ensemble des trois catégories de graines, les
résultats montrent là aussi des différences significatives entre les doses. La
comparaison entre l’extrait et I’huile n’a révélé aucune différence significative, même
si le traitement à l’extrait aqueux était légèrement meilleur. D’une manière générale,
la production au niveau des parcelles traitées au DECIS était de loin plus élevée que
celle constatée au niveau des parcelles protégées avec des produits à base de neem
(Fig. 4). La production ne variait en moyenne pour les produits de neem qu’entre 2 et
7 g par pied, contre 37 g au niveau du traitement au DECIS.
4 0
- - -
-6 35
CIE
V
; 3 0
IIH
.-
1
a
3ii! 2 5
.-
g 2 0
0
TO
1
2
3
4
5
6
D
DOSES
Figure 4 : Influence du traitement sur la production de graines
L’examen de la qualité de la production sur la base de la taille des graines montre
une certaine différence entre les traitements (Fig. 5). Quelque soit la qualité de la
gousse, toutes les graines n’avaient pas la même dimension. La production de
graines de taille normale était proportionnelle à l’efficacité de la mesure de

10
protection. Ceci confirme non seulement l’efficacité des produits à base de neem,
mais montre que les insectes sont à mesure également de contribuer à la réduction
de la taille des graines. Les résultats n’ont montré par contre aucune différence
significative entre l’extrait et I’huile de neem de même qu’entre les doses testées,
même si les plus fortes dominaient légèrement.
-_??SèmeLlEi 2ème??hère
J
DOSES
6
D
Figure 5 : Effet du traitement sur la qualité de la production
2. 3. 2. 1. Qualité des graines
Cette analyse a porté sur deux paramètres d’évaluation: le poids de 100 graines
(PCGr) et le nombre de graines non infestées par le champignon de la pourriture des
gousses (Choanephora SP.). Ces dernières étaient considérées comme des graines
saines. Pour le poids de 100 graines, l’analyse statistique ne révèle pas de différence
significative entre les produits à base neem, contrairement à ce qui a été constaté
entre ces derniers et le DECIS. Concernant la comparaison entre les doses, aucune
tendance claire ne se dégageait, quelque soit le produit. L’examen de l’état sanitaire
des graines montre un important dégât au niveau des parcelles ayant reçu les plus
faibles doses, à cause probablement des fortes pluies tombées cette année durant
toute la phase de fructification du niébé. Le nombre de graines saines variait en

I l
moyenne entre 46 et 66 % au niveau des parcelles traitées au neem et s’élevait: à 86
% pour le traitement au DECIS.
2. 3. 2. 2. Rendement potentiel en graines
A travers ce paramètre, les résultats montrent de manière beaucoup plus nette la
supériorité du traitement au DECIS sur celui des produits de neem (Fig. 6). En effet,
la différence de rendement entre le produit de synthèse et le neem à la plus forte
dose s’élevait à 82,3 % en moyenne.
5000
4500
z 4000
1 3500
.z 3ooo
g 2500
0
TO
1
2
3
4
5
6
D
DOSES
Figure 6 : Effet du traitement sur le rendement potentiel
Sur le plan de l’efficacité des doses, les résultats montrent les mêmes tendances que
celles observées au niveau de certains critères. D’une manière générale, le
traitement avec l’extrait aqueux avait occasionné une meilleure production que celui
de I’huile, même si la différence n’était pas significative. Cela pourrait s’expliquer
entre autre par le fait que l’extrait dégageait beaucoup d’odeur lors de son
application et qui aurait probablement un plus grand pouvoir répulsif que I’huile.

12
Malgré les possibilités de lessivage des produits suite à de fortes pluies tombées
immédiatement après presque chaque traitement, l’extrait et l’huile ont tous confirmé
leur capacité de protéger la culture du niébé contre les insectes ravageurs. La
comparaison faite par ailleurs entre ces deux produis de neem n’a révélé aucune
différence significative.
Quelque soit le produit considéré, la dose optimale recherchée ne semble pas
encore être atteinte, même s’il y a une certaine tendance à la stabilité.
En terme de perspectives, cet essai sera reconduit en jouant sur la date de semis
pour éviter co’incidence entre la période de traitement et celle des fortes et
fréquentes précipitations qui provoquent les phénomènes de lessivage du produit.
Pour atteindre la dose optimale, les concentrations utilisées seront revues à la
hausse, tout en tenant compte du temps de macération et de la quantité d’eau
nécessaire pour une meilleure diffusion des substances actives.
Sur le plan du dispositif expérimental, il sera procédé à une augmentation de la
dimension parcellaire pour réduire l’influence du produit sur les parcelles contiguës.
C’est d’autant plus important que la solution aqueuse de neem dégageait une très
forte odeur lors du traitement.

PROJET CRSP/NIEBE
Recherche entomologique
Sur
LA CULTURE DU NIEBE

PROJET PEDUNE
Recherche entomologique
Sur
LA CULTURE DU MIL

1 .l. EXPERIMENTATION
L’essai a été implanté en station à Bambey et Nioro qui ont des conditions
climatiques tout à fait différentes. Un dispositif factoriel en SPLIT PLOT à 4
répétitions a été utilisé. Pour réduire l’influence du traitement chimique sur les
parcelles contiguës, seules les 4 lignes centrales de chaque parcelle élémentaire
composée de 10 lignes avaient été prises en compte dans l’analyse des données.
Le décalage entre les dates de semis était fonction de la longueur du cycle
hivernal dans chaque site. Ainsi, compte tenu des observations faites l’année
précédente sur le déroulement de l’hivernage, 3 et 4 dates espacées d’environ 15
jours’ ont été respectivement retenues pour Bambey et Nioro. Pour des raisons
d’ordre technique liées à la mise à temps des parcelles , les essais ont débuté avec
un certain retard par rapport à l’installation de l’hivernage. Le premier, deuxièrne et
troisième semis ont été effectués à Bambey respectivement le 12/07, 30107 et
13/08/1999. Dans le site de Nioro, ces opérations ont eu lieu le 15/07, 29/07, ‘13/08
et 27/08.
Lors du premier semis, un labour suivi d’un hersage a été effectué pour
l’ensemble des parcelles. Vu le niveau enherbement assez important cette année, le
semis et l’apport d’engrais se faisaient chaque fois après un binage des parcelles.
Du point de vu du matériel végétal, des différents niveaux de protection
insecticide et de la matière active utilisée, les mêmes éléments de la l’année
précédente ont été reconduits (Cf. Rapport analytique de 1998199).
Pour évaluer l’effet de la protection chimique aussi bien sur les insectes
nuisibles que sur la production, des observations ont porté sur la population des
thrips à travers des prélèvements de fleurs effectués chaque semaine avant le
traitement et sur la formation de fleurs, pédoncules et de gousses par pied.

15
1.3. PARAMETRES ANALYSES
Nombre de gousses produites
Nombre de gousses saines
pourcentage de graines pourries
Pourcentage de graines piquées par les punaises
Pourcentage de graines attaquées par les bruches au champ
Poids de 100 graines
Pourcentage de germination
Rendement potentiel
1.2. ANALYSE DES DONNEES
L’analyse statistique des données a été réalisé à l’aide de la version française du
logiciel ct MSTAT.C ». La différence entre les moyennes a été déterminée avec le
test de PPDS (plus pefife cM&ence significative) au seuil de P = 5 %.

2.1. SITTJATION DE LA POPULATION DES THRIPS
2.1.1. EfFet de la date de semis sur l’évolution des thrips
Indépendamment du niveau de protection chimique de la culture, la population
des thrips prenait de l’importance jusqu’à la 3ème date de semis qui a eu lieu en mi-
août, Ce phénomène était particulièrement remarquable au niveau du site de Nioro
où la différence entre la première et troisième date s’élevait à 78,8 contre 52,8 % à
Bambey (Fig. 1).
Figure 1 : Effet de la date de semis sur la population des thrips
La relative faible pression des thrips à la première date de semis serait lié au
fait que la floraison avait coïncidé dans tous les deux sites à une période de fortes et
fréquentes précipitations qui peuvent entraîner non seulement le lessivage du produit
chimique, mais provoquer également la chute des thrips. La floraison pour la, 3ème
date avait eu lieu quant à elle quand les pluies étaient devenues relativement faibles
avec cependant une humidité relative très élevée. De telles conditions sont

17
particulkrement favorables au développement de la population de cette espèce.
C’est l’importance de cette humidité qui justifie en partie la différence de pression
parasitaire observée entre les deux sites. En effet, la population des thrips à Nioro
était en moyenne de 58,5 % plus élevée que celle observée à Bambey, site dans
lequel l’humidité étaient moins importante.
2.1.2. Influence de la protection chimique sur les thrips
Concernant l’impact du traitement chimique sur le développement de la
population des thrips, l’analyse montre des différences significatives au niveau de
toutes les dates de semis, indépendamment du site (Fig. 2, 3). D’une manière
générale, la population de cette espèce était plus importante au niveau des parcelles
sans protection (NO), quelque soit le site ou la date de semis. Ceci confirme
l’efficacité de ce traitement chimique, malgré le risque de lessivage qui était
relativernent élevé cette année. Ainsi, la différence entre les parcelles sans
protection et celles ayant reçu qu’un seul traitement (NI) était en moyenne de 56 %
dans, tous les sites. Cette efficacité du traitement était d’autant plus importante que la
population des thrips était élevée. En effet, les observations faites par exemple à
Nioro montrent des différences entre NO et NI de 49 % au niveau de la première
date (DSI), contre 67 % au niveau de la DS3. Ceci confirme la nécessité d’avoir une
forte pression parasitaire pour un test efficace d’un produit chimique.
A l’instar de ce qui a été observé l’année précédente, les résultats confirment
que l’efficacité de la protection était non seulement proportionnelle au nombre
d’applications chimiques, mais qu’elle dépendait également de la période à laquelle
ce traitement a été effectué durant la phase de floraison. Comme l’illustrent les deux
figures 1 et 2 ci-dessous, les traitements précoces avaient d’une manière générale
une meilleure maîtrise de la population des thrips que les applications tardives, Ainsi,
l’observation faite par exemple à la troisième date de semis à Nioro montre que le
nombre de thrips obtenus au niveau du traitement N6 pour l’ensemble des
prélevernents était de 44’5 % supérieur à celui de N2 qui a pourtant reçu le même
nombre d’applications chimiques. Ces mêmes tendances ont été observées au
niveau de toutes les dates pour ce site. En effet, la différence entre ces deux niveaux
de protection était respectivement de 30 ; 63 et 31 % pour DSI , DS2 et DS3.

18
NO NI N2 N3 N4 N5 N6 N7
Figure 2 : Effet du traitement sur la population des thrips à Bambey
1400
-+DSl
- DS2
-+- DS3
* DS4
-
0 l-
NO NI N2 N3 N4 N5 N6 N7
Figure 3 : Effet du traitement sur la population des thrips à Nioro

19
2.2. PRODUCTION
2.2.1. Formation de gousses
Pour évaluer l’influence du niveau de protection chimique en fonction de la
période de semis sur la production de gousses, le nombre total de gousses produites
par pied a été déterminé par comptage après la récolte. Pour tenir compte de la
qualité (de la production, les gousses saines ont été séparées de celles avortées
caractérisées par une absence de graines et une malformation.
P, l’image des observations faites sur les thrips, l’évaluation de la production
de gousses révèle dans tous les deux sites des différences significatives aussi bien
entre les dates de semis qu’entre les différents niveaux de protection chimique.
Comme le montre la figure 4, la production de gousses était dans l’ensemble plus
importante à Bambey qu’à Nioro, même si cette domination diminuait avec le retard
du semis. En effet, la différence entre ces sites était respectivement de 42 ; 19 et 0
% au niveau de DSI, DS2 et DS3.
30
DSI
DS2
DS3
DS4
Figure 4 : Effet de la date de semis sur la production selon le site

20
C;oncernant l’effet de la date de semis, la production était plus élevée à la
première date, suivie de la deuxième, la troisième ayant le plus faible nombre de
gousses. Cette tendance inverse à celle observée sur les thrips montre l’effet négatif
de ces insectes sur la culture du niébé. Pour l’impact du traitement, ce sont
également les mêmes tendances observées au niveau des thrips que l’on retrouve.
En effet, les parcelles ayant reçu un traitement tardif avaient d’une manière générale
la plus faible production de gousses (Fig. 5).
30
-+DSl
--=-DS2
--A--DS3
-e--DS4
-_-~
NO NI N2 N3 N4 N5 N6 N7
F:igure 5 : Effet du traitement sur la production de gousses à Nioro
Au niveau des deux dernières dates de semis (DS3, DS4), les résultats
mettent particulièrement en évidence toute l’importance que revêt la protection
chimique durant la phase de fructification du niébé. En effet, la différence de
production entre les parcelles sans traitement (NO) et celles ayant subies une seule
application (NI) s’élevait respectivement à 69,2 et 100 % au niveau de ces deux
dates, contrairement à 34 et 354 % pour la première et deuxième date de semis.
Ceci pourrait s’expliquer par l’importance durant cette période des insectes piqueur-
suceurs dont l’action combinée à celle du stress hydrique favorise la chute des
jeunes gousses.
.--m-----s.
--
.K.

21
D~U point de vu de la qualité des gousses, le pourcentage de gousses saines
diminuait d’une manière générale avec le retard du semis, indépendamment du site
et du niveau de protection chimique. Ce phénomène était particulièrement
remarquable à Nioro à cause probablement de l’existence d’une plus forte pression
parasitaire. Ainsi, pour tous les traitements confondus, la différence sur ce plan entre
la premilère et la troisième date de semis s’élevait en moyenne à 50 % à Nioro contre
21,6 % à Bambey. Concernant l’effet du traitement sur la qualité des gousses,
aucune tendance ne se dégageait. D’ailleurs, des différences significatives n’étaient
visibles qu’au niveau des dernières dates de semis.
2.2.2. Production de graines
II faut préciser que pour ce paramètre, seules les graines issues des gousses
saines ont été prises en compte. Sur ce plan également, la production baissait
généralement avec le retard du semis, exception faite de la dernière date à Nioro où
la production dépassait celle obtenue à la troisième date (Fig. 6).
DSI
DS2
DS3
DS4
Figure 6 : Influence de la date de semis sur la production de graines

22
Comme l’illustre également cette figure ci-dessus, le poids moyen de graines
par plante était plus important à Bambey qu’à Nioro, même si la différence n’était pas
significative. Concernant l’impact de la protection chimique, les mêmes tendances
relatives à son effet sur les thrips et les gousses ont été observées. En effet, la
production était plus élevée au niveau des parcelles ayant reçues trois applications
chimiques (N7 et N5), indépendamment de la date de semis et du site.
2.23. Qualité de la production
L’évaluation de la production sur le plan de la qualité a porté sur I’infestation
primaire des graines au champ par les bruches, la piqûre des graines due aux
punaises, l’attaque des graines par le champignon de la pourriture des gousses
(Choanephora sp) et le pouvoir germinatif.
2.2.3.1. Influence de la protection sur l’attaque des bruches
D(ans cette évaluation, le nombre de trous trouvés dans une graine a été
également déterminé pour avoir une idée sur la sévérité de l’attaque des bruches au
champ. !Sur ce plan, le maximum que l’on a pu trouver par graine était de 4 trous. Ce
qui a permis de classer les graines 5 catégories selon le nombre de trous allant de 0
à 4.
Les observations montrent que la majeur partie des graines infestées
n’avaient qu’un seul trou et que l’action des bruches était plus importante à la
troisiéme date de semis, indépendamment du traitement et du site. D’ailleurs, les
observat,ions faites à Nioro montrent que des graines présentant trois ou quatre trous
n’ont éte identifiées qu’au niveau de cette date (Fig. 7). D’une manière générale,
l’infestatiion du niébé par les bruches augmentait légèrement avec le retard du semis.
II faut préciser que dans cette figure les chiffres 1 à 4 qui représentent la légende
indiquent le nombre de trous observés sur une graine.
Concernant l’effet du traitement et de la localité, les résultats montrent que le
niveau cle protection n’avait pratiquement aucune influence significative sur l’action
des bruches.

23
Cela pourrait être lié au fait que toutes les applications chimiques ont été
effectuées bien avant la maturité physiologique des gousses, période a partir de la
quelle cette espèce attaque le niébé au champ.
18 -,----
L 4
E 2
2 0
DSI
DS2
DS3
DS4
Figure 7 : Niveau d’infestation des graines au champ par les bruches à Nioro
Par ailleurs, les résultats montrent que l’action des bruches était relativement
plus importante à Nioro qu’à Bambey. En effet, le nombre de graines sans infestation
était en moyenne de 93’7 % à Bambey pour toutes les dates de semis confondues,
contre 85’6 % à Nioro.
2.2.3.2. Impact de la protection sur l’attaque des insectes piqueur-suceurs
A l’instar de ce qui a été fait avec les bruches, le degré d’infestation des
graines au champ par les insectes piqueur-suceurs tel que Acanthomia horrida a été
classé en 6 catégories (pourcentage de graines sans attaque, très faiblement,
faiblement, moyennement, fortement et très fortement attaquées).
Comme l’illustre la figure 8, la majorité des graines attaquées l’étaient
faiblement à moyennement, indépendamment de la date de semis et de la localité.
Le pourcentage d’infestation était d’une manière générale plus important au niveau
de la troisième date de semis. En effet, le nombre de graines sans piqûre au niveau
de cette date était de 21’7 % à Nioro et 35,6 % à Bambey, contre 86 % à la DSI
dans tous les deux sites.

24
CI DS3
?? DS4
1
2
3
4
5
NIVEAU D’INFESTATION
Figure 8 : Effet des insectes piqueur-suceurs sur les graines a Nioro
La comparaison entre les deux sites montre que l’effet des punaises était
légèrement plus marqué à Nioro, surtout au niveau des dernières dates de semis.
Dans l’ensemble, l’action des punaises était relativement importante cette année
dans les deux sites, car elle pouvait atteindre 78 % pour certaines dates de semis.
Par rapport au traitement, l’analyse des résultats montre un effet positif de la
protection chimique sur la préservation de la qualité des graines. Les parcelles ayant
subies plus de traitement ou ayant été protégées plus précocement avaient un
pourcentage plus élevé de graines sans piqûre. Ce phénomène était particulièrement
remarqiuable au niveau de la troisième date de semis à Nioro. En effet, la différence
entre NI et NO s’élevait respectivement à 94,2 et 87,7 % au niveau de DS3 et DS2,
tandis qu’elle n’était que de 6 % à la première date de semis.
* c
e-.-p---
.-

25
2.2.3.3. Situation de la pourriture des graines
Dans le cas d’une maturité des gousses durant une période de haute humidité
relative, celles ci sont souvent infestées par certains types de champignons comme
le Choanephora qui provoque leur pourriture. D’ailleurs, l’identification des differents
pathogenes est en voix dans le cadre d’une collaboration entre services.
Les résultats montrent qu’avec une différence de 45 %, la moisissure était
plus importante à Nioro qu’à Bambey à cause probablement de la différence
d’humidité relative entre les deux sites. D’ailleurs, il ressort de la figure 9 que
l’importance de I’infestation diminuait avec le retard du semis. En effet, la formation
des gousses des premières dates de semis avait coïncidé avec la période de fortes
précipitations.
40 I
CI
$ 3!j
-t--r-t -
1
:$ 3 0
E 2 5
.g
CI Nioro
2()
L.
Bambey
hi
ip 15
-cl
DSI
DS2
DS3
DS4
Figure 9 : Impact de la moisissure sur les graines selon la date de semis
C:oncernant l’influence de la protection chimique sur la moisissure, aucune
tend’ance ne se dégageait du fait effectivement que ce produit n’est pas un fongicide.
Son action ne peut être que de manière indirecte à travers la protection contre les
insectes piqueur-suceurs dont les piqûres favorisent I’infestation des graines par les
agents pathogènes. D’ailleurs, l’examen de la contamination des graines piquées par
la moisissure montre une corrélation étroite entre piqûre et contamination (Fig. 10).
.-
- - - _
~--.--
----
- - ._._
~..
---

. - . .
.~
I
.._
--..._

26
Indépendamment du site, les dernières dates de semis avaient d’une manière
générale le plus haut pourcentage de graines piquées qui sont contaminées.
?? Nioro
/
???????? i
DSI
DS2
DS3
DS4
Figure 10 : Effet de la piqûre des insectes sur la contamination
Cela met en évidence toute l’importance que revêtent les insectes piqueur-
suceurs qui réduisent la qualité des graines non seulement par le retrait de
subst.ances nutritives, mais également par le fait qu’ils favorisent la pourriture. Sur ce
plan, le traitement chimique n’avait eu pratiquement aucune incidence du fait que
l’intervention chimique avait eu lieu avant le développement des graines.

2 7
Ces essais qui ont été menés pour la deuxième année consécutive ont permis
de confirmer de manière générale les principales tendances constatées l’année
précédente:
L’évaluation de la population des thrips montre que l’efficacité de la protection
chimiique dépend non seulement du nombre et de la période du traitement, mais
aussi de la date de semis. Sur ce plan, l’efficacité de la mesure de protection était
plus remarquable au niveau des traitements précoces et à la troisième date de semis
(DS3).
Durant cette campagne, les observations faites au niveau des parcelles
n’ayant reçu aucune protection chimique montrent que la population des thrips était
significativement plus élevée à la DS3 que chez les autres, indépendamment du site.
Cette situation a conduit à une plus forte perte en terme de prod.uction de gousses
au niveau de ces parcelles.
Du point de l’influence de la date sur la production, le premier semis effectué
en début Juillet semble être la meilleure période de semis. En effet, la formation de
gousses y était la plus importante à cause de la faible pression des thrips liée au
phénomène de lessivage de ces insectes par les fortes pluies.
Au niveau des parcelles sans protection aucune présence de gousses n’a été
presque observée aux dernières dates de semis (DS3, DS4) qui présentaient
d’ailleurs la plus faible production. Ceci serait dû en partie à l’apparition du stress
hydrique suite à une baisse des pluies durant la phase de production. A cela s’ajoute
l’action des insectes piqueur-suceurs dont l’apparition avec la diminution des pluies
était particulièrement remarquable.
Ces observations relatives à la production semble mettre en évidence la limite
de la production du niébé dans ces différentes zones agro-écologiques qui se
trouerait en fin Juillet ou début Août selon le site.

28
E:n perspective, des études économiques seront entreprises afin de pouvoir
tirer des conclusions sur le choix du niveau de protection chimique.
Après ces quelques années de recherche sur la problématique de
l’optimisation de la protection chimique de la culture du niébé, une synthèse des
travaux sera effectuée.

PROJET CRSP/NIEBE
Recherche entomologique
Sur
LA CULTURE DU NIEBE

29
1. - INTRODUCTION
Dans le cadre de la collaboration avec le service de recherche en physiologie,
des observations entomologiques ont été effectuées sur l’essai relatif à la
sénescence monocarpique retardée chez le niébé. D’après le chercheur responsable
de cette étude, certaines variétés de niébé peuvent garder verte leur feuillage sur
une longue période après la première récolte , si les conditions pluviométriques le
permettent et avoir ainsi un second pic de production. L’importance de ces
observations entomologiques réside dans le fait que les thrips qui provoquent
I’avorternent des fleurs pourraient perturber la sénescence monocarpique du niébé.
En effet, il a été observé que la sénescence précoce des feuilles a généralement lieu
chez: des plantes avec une plus grande production.
2.- METHODOLOGIE
Dans l’ensemble, le test a été effectué sur 4 lignées (9-l ; 9-l-l ; 9-l-2 ; 10-2)
et 2 variétés (Mouride et 8517). Pour des raisons pratiques de représentation
graphique, ces entrées ont été symbolisées respectivement par Ll, L2, L3, L4, VI et
V2. La variété 8517 (V2) a été considérée comme témoin de sénescence
monocarpique retardée, tandis que la Mouride (VI) servait de témoin local déjà
vulgarisée au Sénégal.
L’essai a été implanté à la station de Bambey durant l’hivernage avec deux
dispositifs en Blocs de FISCHER à 4 répétitions dont l’un en condition pluviale stricte
(Essai 1) et l’autre sous pluie également mais avec complément d’irrigation à la
demande jusqu’à la fin du cycle (Essai 2).
Les observations entomologiques avaient porté sur la population des thrips.
Pour ce faire, trois prélèvements de fleurs ont été. réalisés dans chaque parcelle
avant chaque intervention chimique afin d’en déterminer le nombre au laboratoire.
Dans l’ensemble deux traitements espacés d’une semaine ont été effectlués. II faut
rappeler que toutes les parcelles avaient reçu une protection insecticide cette année

30
3.- RESULTATS
C;ontrairement à la situation de l’année précédente, la population des thrips
était relativement importante cette année à Bambey. En effet, la population de cette
espece s’élevait à 60 thrips en moyenne par fleur, alors que le maximum était de 20
individus l’année dernière.
La comparaison entre les entrees montre que la variété 8517 (V2) était de loin
la plus attaquée par les thrips, tandis que la lignée Ll avait la plus faible population
(Fig. 1). En effet, la population des thrips observée avant le début des traitements
chimiques était en moyenne de 125 thrips par fleur cher la variété V2, contre 16,7
pour la lignée Ll ; soit une différence de 86,6 % entre ces deux entrées.
200
L.
2 180
ü 160
g 140
‘5; 120
k
g 100
80
;;
60
$
40
2:
20
0
Figure 1 : Niveau de population totale de thrips
Par ailleurs, la population des thrips au niveau des entrées V2, L3 et L4 était
significativement plus importante que celle constatée au niveau de la Mouride (VI )
considérée toujours comme témoin de sensibilité à cet insecte. Ces résultats
confirment ceux obtenus l’année précédente sur ce plan. Par ailleurs, la comparaison
entre les parcelles irriguées et celles sous condition pluviale stricte n’a montré cette
année aucune différence significative sur le plan de la population totale des thrips,
même si une différence significative apparaissait au troisième prélèvement (Fig. 2).
En effet, pour toutes les entrées confondues, la population des thrips observée au

31
niveau du troisième prélèvement était en moyenne de 16,3 individus par fleur dans le
premier essai, contre 351 au niveau du dernier essai. Ce manque de différence
significative pourrait être lié aux perturbations intervenues au niveau du programme
d’irrigation pour des raisons techniques. En effet, il devait exister une différence plus
marquée entre ces deux essais, à cause de l’existence d’un microclimat au niveau
des Iparcelles irriguées qui favorise le développement de la population des thrips.
-.
2 60
-.
LL.
vn 50
.cc
2 40
CI Essai 1
-is 30
w Essai 2
E 26
g 10
Ier


PRELEVEMENT
Figure 2 : Evolution de la population moyenne des thrips
4. CONCLUSION
Ces résultats confirment d’une manière générale ceux des années
précédentes. En effet, cette étude a permis de mettre en évidence l’existence de
lignées ou variétés de loin plus sensibles aux thrips (9-l-2 ; 1 O-2 ; 8517) que la
Mouride (VI) considérée toujours comme témoin de sensibilité à ce ravageur. Ces
varietés éventuellement servir de témoins dans les programmes de criblage à la
résistance aux thrips. Par ailleurs, la lignée 9-l était significativement la moins
attaquée par cette espèce. II serait intéressant toujours dans le cadre de ces
programmes de criblage de la comparer avec la TVX-3236 ou la Mélakh qui’sont
actuellement considérées au Sénégal comme étant les plus résistantes aux thrips.
Elle pourrait également faire l’objet de test dans des conditions de forte pression
parasitaire telles qu’elles existent à Nioro.

PROJET PEDUNE
Recherche entomologique
Sur
LA CULTURE DU NIEBE

32
1. INTRODUCTION
Le niébé est une importante légumineuse à graines qui prend de plus en plus
de I’ilmportance en Afrique soudano-sahélienne. Compte tenu cependant de l’état de
pauvretil et de la dégradation des sols et des moyens financiers réduits des paysans
pour utiliser de l’engrais minéral industriel, il est indispensable de réfléchir sur des
méthodes alternatives de fertilisation, notamment sur les possibilités de valorisation
des ressources naturelles tels que les phosphates naturels et certains déchets
industriels comme le phosphogypse pour améliorer leur statut physico-chimique.
C’est dans ce cadre que le chercheur pédologue en collaboration avec le service
d’entomologie a reconduit cette étude dans les conditions d’une protection et sans
protection insecticide pour bien évaluer la réaction de la culture du niébé à la fumure
naturelle. Les résultats du suivi entomologique font l’objet de ce présent rapport.
2. METHODOLOGIE
L’essai a été réalisée cette année sur une seule variété, notamment la
Mouride à cause de sa sensibilité aux insectes nuisibles. La fertilisation a été
réalisée avec trois types de fumure comparés à un témoin sans fumure (FI). II s’agit
de 50 % de phosphate associés à 50 % de phosphogypse (F2); 25 % de phosphate
associés à 75 % de phosphogypse (F3) et l’engrais minéral NPK à la dose de 150
kg/ha (F4). Pour le suivi entomologique, les observations ont porté sur les thrips qui
constituent une des principales contraintes à la production du niébé. Pour cela,
quatre prélèvements de fleurs espaces d’une semaine ont été effectués avant
chaque traitement, D’ailleurs ces applications chimiques ont été réalisées à 50 %
floraison et 50 % formation de gousses.
3. RESULTATS
Comparé à ce qui a été constaté l’année dernière, la population des thrips
était relativement très importante, situation liée probablement à la bonne pIuviométrie
tombée dans la zone de Bambey cette année. En effet, le nombre total de thrips
observé au niveau des parcelles sans protection chimique s’élevait pour l’ensemble
des prélèvements à 312,6 individus en moyenne par fleur.

33
Ces résultats montrent en même temps la nécessité du traitement insecticide
pour le contrôle des thrips. Indépendamment du type de fertilisation, le nombre de
thrips au niveau du traitement était de 63,8 % inférieur à celui des parcelles sans
traitement. Comme l’illustre par ailleurs la figure ci-dessous, la compar’aison faite
entre les types de fertilisation montre des différences significatives sur le plan de
l’importance de la population des thrips au niveau des parcelles sans protection.
0
F I
F 2
F 3
F4
Figure 1 : Importance des thrips selon le type de fertilisation
Dans l’ensemble, la population de cette espèce était plus faible au niveau de
la fertilisation minérale (F4), même si sa différence avec la fumure F2 n’est pas
significative. Ces résultats semble mettre en évidence l’importance de la fumure
minérale pour le renforcement de la tolérance de la culture à certains déprédateurs.
Quelque soit le type de fumure, l’apport d’engrais a contribué de manière générale à
la réduction plus ou moins de la population des thrips par rapport aux parcelles sans
fertilisation.
Les mêmes tendances observées au niveau des thrips l’ont été également au
niveau de la production de gousses. Avec une différence de 51,9 %, la production de
gousses par pied était significativement plus faible au niveau des parcelles sans
protection chimique. Comme le montre le tableau ci-dessous, la comparaison entre

34
les differents types de fertilisation n’a révélé aucune différence significative à ce
niveau, contrairement au traitement chimique.
Tableau : Effet de la fertilisation sur le niveau et la qualité de la production.
Type de fumure
1 Nombre de gousses/Pied Nombre de gousses saines (%) ,
TO
Tl
TO
Tl
-
-
FI
82
16’7 bc
52,8
73,8
F 2
7’7
20’1 a
555
71’8
/
F3
916
16,l c
58’8
71’2
F4
9’2
19,3 ab
-
-
Moyenne
897
18,l
:5::
12iog
::;:
_
cv (%)
3,20
NB : Les chiffres ayant les mêmes lettres alphabétiques sur une colonne ne sont pas
différents significativement (PC 0,05)
A cause de l’influence des thrips sur la formation des gousses par la chute des
fleurs qu’ils provoquent, l’effet de la fertilisation sur la production du niébé a été
masqué par celui de la pression parasitaire sur cette culture. En essayant de réduire
l’influence des insectes, la culture a pu réellement valoriser l’effet bénéfique de la
fertilisation. C’est ce qui explique cette différence de production entre les différents
types de fumure.
Pour évaluer l’importance des autres insectes, particulièrement les insectes
piqueur--suceurs des gousses qui occasionnent l’avortement des gousses ou la
réduction de la qualité des graines, le pourcentage de gousses saines a été
déterminé par comptage après !a récolte. Comme le montre le tableau, les résultats
n’ont révélé sur ce plan aucune différence significative entre les types de fertilisation,
quelque soit le niveau de protection insecticide (traitement ou sans traitement). Cela
illustre le manque d’influente de ces types de fertilisation sur ces insectes. Seule
l’importance du traitement chimique effectué surtout au moment de la formation des
gousses s’est confirmée encore à travers ce paramètre. En effet, la différence de
23,4 % entre les parcelles sans protection et celles avec traitement chimique en
faveur de la dernière était significative.

35
4. CONCLUSION
Ces résultats confirment d’une manière générale ceux de l’année précédente
relatifs au manque d’influente de ces types de fertilisation sur la population des
thrips, même si la fumure minérale (NPK) semblait montrer sur ce plan un certain
intérêt.
Compte tenu de l’influence négative des insectes ravageurs sur la culture,
l’importance de la fertilisation ne peut se manifester que dans le cas d’une bonne
couverture phytosanitaire. Ce qui met en évidence toute l’importance que revêt la
protection chimique pour une meilleure expression du potentiel de production de la
culture du niébé dans certaines conditions agro-climatiques.

PROJET CERAAS
Recherche entomologique
Sur
LA CULTURE DU MIL

36
1. INTRODUCTION
Dans le cadre de la recherche de nouvelles variétés de mil plus performantes
et plus adaptées aux nouvelles conditions pédo-climatiques, un certain nombre de
varietés ont été collectées en milieu paysan à travers des prospections. Parmi ces
varietés, 10 dont la variété IBV 8004 prise comme témoin font depuis 1997 l’objet de
caractérisation à l’adaptation à la sécheresse par le chercheur physiologiste. Dans le
cadre d’une collaboration, un suivi entomologique est fait chaque année pour évaluer
leur sensibilité aux principaux insectes ravageurs. Les résultats obtenus cette année
font l’objet de ce présent rapport.
2. METHODOLOGIE
L’essai a été réalisé en station à Bambey dans un dispositif de FISMER
randomisé à 3 répétitions. A l’intérieur de chaque parcelle, 5 poquets ont été choisis
sur chaque diagonale pour effectuer les observations qui ont porté uniquement sur la
chenille mineuse des épis (Heliocheilus albipuncfella) et le foreur de tiges (Coniesfa
ignefusalis) qui contribuent de manière significative à la baisse des rendements du
mil. II faut cependant préciser que la présence de Heliocheilus était négligeable,
compte tenu du retard du semis et du déroulement de l’hivernage cette année. Par
conséquent, l’accent du suivi a été mis sur le foreur de tiges (Coniesfa).
Pour l’évaluation du comportement des différentes entrées, les paramètres
relatifs au pourcentage de tiges infestées par les larves de Coniesta et nombre de
larves par tige ont été pris en compte.
Pour des raisons pratiques de représentation graphique des résultats, les
variétés testées (PLS 94, PLS 107, PLS 112, PLS 115, PLS 129, PLS 144, PLS 170,
PLS 172, PLS 176 et IBV 8004) sont symbolisées respectivement par : VI, V2, V3,
V4, V5, V6, V7, V8, V9 et VIO.

:37
3. RESULTATS
Comme précisé ci-haut, aucune chandelle ne présentait des symptômes
d’attaque par la chenille mineuse des épis. C’est ce qui a empêché à ce que
certaines observations soient effectuées sur les chandelles. Ce phénomène serait lié
aux fortes précipitations tombées probablement durant la période de floraison qui
entraînent le lessivage des œufs et des jeunes larves. II y a le fait également que
cette espèce s’est illustrée cette année par une faible apparition que l’on pouvait
constatée à travers le piège lumineux.
3. 1. Incidence de Coniesfa
L’incidence reflète le pourcentage de tiges attaquées dans chaque parcelle.
Elle donne également une idée sur la distribution spatiale des dégâts dus au
ravageur. Pour évaluer la situation de ce ravageur, la présence des larves dans les
tiges a été déterminée par dissection. L’analyse statistique des résultats montre des
différences significatives entre les variétés sur le plan de l’incidence du ravageur
(Fig. 1). Dans l’ensemble, l’attaque du foreur était relativement moindre cette année,
malgré l’importance des pluies favorables au développement de cette espèce. En
effet, l’incidence variait en moyenne entre 31 et 50 % à l’image de ce qui a été
constaté l’année précédente.
Du point de vu de leur sensibilité à cette espèce, l’analyse de variante montre
deux grands groupes parmi ces entrées. Le premier groupe composé des entrées
VI, V4, V5, V7 et V9 dont l’incidence variait en moyenne entre 43,9 (V5) et 49’9 %
(V7) et le deuxième groupe formé de V2, V6, V3 et de IBV8004 (VIO) qui étaient
significativement moins attaquées, particulièrement la variété VI avec seulement
31’4 % d’incidence.
3.2. Sévérité de I’infestation
Ce paramètre désigne le nombre de larves trouvées dans une tige, indépendamment
qu’elles soient au stade de diapause ou chrysalide. Les résultats montrent une tres
faible attaque sur ce plan qui ne variait en moyenne qu’entre 1,7 (VI 0) et 2’8 larves

38
(VI)., malgré l’importance cette année de la capture au piège lumineux. Cela pourrait
être lié au retard du semis qui aurait empêché une coïncidence entre la phase
sensible de la culture et la pullulation maximum de l’insecte. Comme l’illustre la
figure 2, l’analyse de variante n’a révélé aucune différence significative entre les
variétés.
VI V2 V3 V4 V5 V6 V7 V8 V9 VI0
Figure 1 : Incidence de Coniesta selon la variété
VI V2 V3 V4 V5 V6 V7 V8 V9 VI0
Figure 2 : Sévérité de l’attaque du foreur des tiges selon la variété

39
3. CONCLUSION
Ces observations ont permis de confirmer en partie les résultats de l’année
précédente. Ceci est particulièrement valable pour l’incidence dont le niveau
correspondait à celui de l’année dernière. En effet, il y avait des différences
sig,nificatives sur ce plan entre les variétés et que les entrées V2, V6 et à moindre
mesure VI 0 s’étaient montrées moins sensibles que les autres.
Concernant la sévérité, c’est la IBV8004 (VIO) qui a confirmé encore son rôle
de témoin de résistance, malgré le manque de différence significative avec les
autres. Les variétés V4, V5, V6 et V9 semblent présenter également un intérêt sur ce
plan.