* REPUBLIQUE DU SENEGAL DELEGATION GENERALE ...
* REPUBLIQUE DU SENEGAL
DELEGATION GENERALE
PRIMAIRE
A LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE

*
1
DONNEES NOUVELLES SUR L'ECOLOGIE ET LA 3IOLOGIE DE
LA CHENILLE POILUE, AMSACTA MOLONEYI Drc
(Lepidoptera, Arctuidae) AU SENEGAL
1. Volt$nisme et dynamique des Populations
par Mbaye NDOYE
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1
FEURIER 1978
Centre National de Recherches Agronomiques
de Bambey
INSTITUT SENEGALAIS DE RECHERCHES AGRICOLES
(1. S. R. A)
- - . l - _ - ,

1 - INTRODUCTION
La chenille poilue du niebé (Amsacta molonevi) est un ravageur connu
au SBnégal depuis très longtemps. Ses dégats sur l'arachide furent sans doute
ceux signal6s pour
la Premiere fois par RAMBERT (1928). Cet insecte a longtemps
éte considere comme le principal ennemi de l'arachide au SénBgal mais on s'est
rendu compte ces dernières années qu'il pouvait causer des dégats aussi impor-
tants et meme souvent plus graves sur le niebé (Uiqna unquiculata) et sur.18
mil (Pennisetum typhordes). C'est donc un
parasite tr8s polyphage, qui est
surtout dangereux en debut de cycle (RISBEC, 1950 ; Appert, 1957).
Les anndes de déficit hydrique qui se sont succédees depuis 1968
dans le Sahel africain et qui ont abouti & la grande secheresse de 1972 ont
provoqué des modifications écologiques dont les conséquences sur l’écosystème
sahdlien tout entier se font encore sent.ir.
Parmi les conséquences directes sur l'entomofaune on peut noter : le
changement du voltinisme de certaines esp&ces, c'est le cas de M moloneti
que nous allons étudier ; l’élargissement de la game d’hbtos de certaines es-
pèces, c’est le cas de plusieurs espèces du genre Raqhuva Moore (Lepidoptera,
~lelicleptrijnae) qui sont devenues des ravageurs particulièrement dangereux
pour la chandelle de mil (Pennisetum typhoi3des)
; l a r e s t r i c t i o n d e l ’ a i r e d e
rdpartition
de l'espece aux zones les plus favorables à son d6veloppement,
c’est le cas de borer de la tige de mil (Aciqona iqnefusalis) qui a presque dit
paru du nord du pays mais qu*on trouve en grandes quantités dans les rggions
méridionales.
La chenille poilue est bien connue du paysan sénégalais qui lui
donne des noms qui traduisent toujours son aspect poilu. Par exemple en langue
Volof du Cayor-Baol, les larves d'Amsacta moloneyi sont appelses des AWkJAR
alors qu'au NJAMBUR on parle de KAMAR ou KAMARA.
RISBEC (1950) a donn6 une description du cycle et des dégats de
l'insecte au Sénégal. Nous nous proposons ici, d’apporter quelques complé-
ments à ces observations en insistant sur les modifications constatees dans
le développement et
sur certains autres aspects non encore étudiés de la
biologie de cet insecte.

2 - POSITION DU PROBLEME
Le voltinisme d'une espèce est le nombre de genérations qui peuvent
sa succéder dans une période donnée. Le voltinisme est susceptible de varier
dans une m&me espèce
; c e t t e v a r i a t i o n e s t controlée
par; d i v e r s f a c t e u r s q u i
peuvent Btre endogenes, propres à l'espèce (perturbations d’ordre génétique)
ou exngènes (facteurs relevant du milieu ambiant).
L'Qvolution des populations naturelles de l*esp&ce appelle commu-
nément dynamique des populations
'
, qui est très directement li6e au voltinisme,
détermine souvent le caractère de nocivité de l'espéce nuisible. Il faut en
effet,,
une coXncidence parfaite entre le stade nuisible du ravageur et le
stade réceptif de la plante hbte pour que le dégat se produise.
Dans le Sahel africain, au Sbnégal, on rencontre dans l'ordre des
Lépidopteres :

- des espèces polyvotines, par exemple Heliothis armîqera
(Noctuidae), qui n'ont pas d'arr&t de developpement pendant la s=n seche ;
ces espaces sont toutes palyphages ;
- des especes bi ou Crivoltines, par exemple Aciqona iqnefusalis
(Pyralidae) qui entrent en diapause durant toute la saison sèche ; ces espaces
sont aussi le plus souvent polyphages ;
- des espèces monavoltines, p ar exemple Raqhuva albipunctella
(Noctuidae), qui après une seule generatian naturelle entrant en diapause
pendant près de 11 mois, ces espèces sont généralement inféodeesh une soula espèce
botanique.

Il existe également des espèces monov$ji.tines qui & la faveur de
certaines
modifications écologiques deviennent bi ou trivoltines, c’est le cas
d'Amsacta moloneyi (Arctsdae) qui elle est très polyphage.
Ces changements peuvent souvent étre rappartds dans la méme espàce,
aux modifications très perceptibles des conditions écologiques de la région,
alors que les différences observées entre les espéces sont plutdt imputables
a des mecanismes intrins&ques.
RISBEC (1950) puis Appert (1957) ont toujours fait état da l'exis-
tente d'une seule géngration naturelle qui disparait tr&s rapidement. RISBEC
indique en outre qu'on 1938 et 1939 le vol des adultes n'a duré qu'une semaine.
L'insecte observe ensuite une longue période de diapause.
Depuis biont8t une dizaine d'années, une nette réduction de la plu-
viométrie a ét6 Constat&e dans la zone écologique dlévolution d'Amsacta molonayi
Cette baisse est passée par un minimum en 1972 suivie d'un
1Qger redrosscmont
les annees suivantes, comme le montre le tableaL1 1.
Le retour progressif à des conditions pluviam8triques se rapprochwit
de la normale (pluviométrie moyenne annuelle calculée sur les 30 derni8ras
années) a provoqu6 une modification du voltinisme d’Amsacta moloneyi. En effet
les observations faites par VERCAMBRE en 1974 et 1975 indiquaient un etalement
du vol
laissant déjà entrevoir la possibilité d’apparition d'une deuxieme gené-
ration.

Tableau 1 : PluviomQtrie moyenne enregistrée aux différentes
stations d’observation : hauteur d’eau en millim8trc.s.
!
ANNEES
!
Louga
!
Bambey !
Nioro
!
Séfa
!
!
!
I
!
!
t
.

!
1968
!
!
!
212,4
361,8
!-
!
493,5
648,2
,
!
!
1969
!
!
?99,9
!
!
599,0
;
69596
!
1484,2
;
1
1970
l
253,O
I
552,6
,
595,3
;
999,s
,
.
!
1971
;
294,0
!
738,7
!
i
571,6
761,9
;
!
1972
!
156,4
t
377,2
1
!
493,8
I
741,7
i
!
1973
!
289,6
402,l
!
576,8
1002,4
,
!
t
1166,O
;
!
1974
!
381,l
!
471,l
628,7
!
t
1975
!
!
310,z
i
494,2
1015,B
!
!
1409,2
,
!
1976
!
297,4
390,8
!
760,3
1
1071,7
;
;
!
1977
!
167,5
I
37919
,
514,6
i
668,9
- -
i
! Moyenne
!
!
!
1
!
!
i918-1976
!
423,0
!
! Movenne
!
!
!
i921-1975 !
I
644,4
!
!
!
! Moyenne
!
!
!
!
!
! 1 9 3 1 - 1 9 7 5
!
!
!
869,5
!
!
! Moyenna
!
!
!-
!
!
1 1990-1975
i
1223,6
i
i
i
i

<L
‘!

3
3- $TERIEL ET METHODES
Les adultes d!Amsacta molonayi sont très photophiles. Il est donc
aise d’utiliser cette propriété pour suivre leur vol pendant leur période
d ’ a c t i v i t é .
Un piege lumineux constitué d’un demi fOt servant de réservoir
rempli d’eau toepolee au-dessus duquel-une lampe de camping gaz alimenté8
par une bouteille placée sous le FOt, le tout couvert d’un chapeau on tala
qui protège contre la pluie est utilisé. Les insectes attires par la lumiùrc
viennent se noyer dans l’eau.
Un deuxièmo piège, fonctionnant 2 l'électricité (piège Burkard) a
a u s s i é t é u t i l i s é . La source lumineuse est une ampoule ordinaire de 75 Uatts.
Les insectes attirés sont recueillis vivants dans une poche en tulle Form&e
par un entonnoir et qui est places sous la lampe. L'entonnoir empèche les
insectes de ressortir.
Les pièges sont genéralement placés à des endroits ayant un dégage-
m e n t s u f f i s a n t ,
dans un champ d'arachide ou dans unejachère ce qui permet une
attraction sur un rayon important. Aucun piège n’a été place à une distance
inférieure à 30 m de la frondaison.
En 1976, deux pièges lumineux à gaz et un piège électrique ont eté
exploités au Centre National de la Recherche Agronomique (C.N.R.A) de Bambey.
En 1977, trois piogos a gaz et 1 piège électrique ont été utilisés
au CNFiA à! Bambey et en plus un piège à gaz a été placé à Séfa et un à Kioro a u
Sud de Bambey de m0me qu’à Louga et B Sakal plus au
Nord (voire figure 1).
Les pièges ont fonctionné du l0 juin au 15 novembre, chaque jour do
19 heures à 7 heures le lendemain matin. Les insectes captures sont tries au
sexe, chaque matin.
4 - RESULTATS
La figure 2 donne les courbes établies apres dénombrement quotidien
de l’ensemble des papillons capturés par chacun des trois pièges implantés
en 1976.
L'examen de ces courbes permet de constater la présence de deux
périodes de vol des adultes, ce qui traduit l'existence de deux gén&rati’ons.
La Premiere géndration a commenc0 son vol le 17 juillet, soit trois jours
seulement apr&s la première pluie de 11 mm, Ce vol a duré jusqu’au 7 août.
La deuxiéme génération est apparue dès le 17 aoQt et son vol s’est prolonge
Jusqu'au 5 septembre, puis s'est effrité ce qui laisse penser à l'ébauche
d’une 3” génération.
Les captures effectuées en 1977 donnent les courbes des figures 3
et 4 pour les quatre pièges du CNRA à Bambey, courbes de la figure 5 pour les
pièges de Louga et Sakal, et enfin celles de la figure 6 pour les pièges de
Nioro du Rip et Séfa.
On enregistre pour Bambey et les zones situées au Nord la présonco
de deux gén8rations bien distinctes. Les observations faites en 1976 a Bambr.
-

,ikptures
ou pijge à gg-
f\\
~LTule C i,
-( Sole grillogée )
-_L-
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------“---

mmbre d’adulks p a r jout-
-,A Sole Jz)
- -

UNt.
a mm
sukm d’hivernage uu poste de
lu Sole Nord du C. N. R. A.,,

-SAKAï.-
-PL WIllME TY

-
,
Y’4

s e c o n f i r m e n t d o n c d a n s l e u r e n s e m b l e : d é b u t d u v o l 3 h 4 j o u r s apres l a
Premiere p l u i e , Ebauche d ' u n e 3O genération.
A L o u g a e t a S a k a l , u n e premiero p l u ï e t r o p f a i b l e d e m o i n s d e 4mm,
l e 2 j u i n n’a p a s p r o v o q u é l a s o r t i e d e s a d u l t e s . Lrs premieres c a p t u r e s o n t
étt? e f f e c t u é e s l e s 1 4 e t 1 5 juillat d a n s c e s d e u x localites
e t l e v r a i dB-
marrags’a e u l i e u apres l a p l u i e d u 2 6 j u i l l e t ( 1 1 m m à S a k a l e t 7 m m à Lougai
L e v o l e s t a s s e z d i f f u s e t é t a l é d a n s c e s d e u x l o c a l i t é s m a i s à S a k a l q u i a
B t é p l u s arroeé l e s 2 6 e t 2 7 j u i l l e t l e p i c d e v o l apparatt a v e c p l u s d e 300
a d u l t e s l e 4 aoCVz a l o r s qu'a L o u g a o n c a p t u r e à p e i n e 6 0 p a p i l l o n s .
L e d é c a l a g e d e s v o l s c o n s t a t é e n t r e R a m b e y e t L o u g a e s t s a n s a u c u n
d o u t e lie a u r e t a r d d e s p l u i e s d a n s c e t t e d e r n i è r e region. L a Premiere p l u i e
de 1977 B Bambey (40 mm) a été suivie d’une longue période de sécheresse qui
a dure j u s q u ' a u 1 4 aout, c e q u i a B t é tres f a v o r a b l e a u d é v e l o p p e m e n t d e s
l a r v e s q u i c r a i g n e n t u n e f o r t e humidits. L a b o n n e repartition
d e s p l u i e s e n
1 9 7 6 , e n d e p e t i t e s p l u i o s frequontes, p e r m e t t a n t 10 developpement d e l a
v é g é t a t i o n a é g a l e m e n t j o u e u n r61e i m p o r t a n t s u r llévolution d e l ' e s p è c e .
En ce qui concerne les zones au sud de Bambey, aucune capture n'a
6té realisse à S d f a . L e v o l a é t é t r è s f a i b l e a N i o r o ( i l n*a j a m a i s é t é c a p . -
tur6 p l u s d e 5 a d u l t e s p a r n u i t d e p i è g e a g e ) . I l n’y a p l u s q u ’ u n e s a u l e g é n é -
r a t i o n h N i o r o d u R i p e t l e n i v e a u d e p o p u l a t i o n e s t t r è s b a s . L a p l u i e de ,.
d u 3 0 m a i n’a e u a u c u n e f f e t , l e s p r e m i è r e s c a p t u r e s o n t Qté f a i t e s apr&s la
p l u i e d e 1 8 m m l e 1 4 j u i n .
5 - DISCUSSIONS
a > C o n d i t i o n s Bdaphiques
L a p r e s q u e t o t a l i t é d e s s o l s d u SBnégal SQ r a n g e d a n s l a c l a s s e
des sols ferrugineux tropicaux. D u n o r d a u s u d o n Cacracterise d e s s o l s f e r -
r u g i n e u x t r o p i c a u x lessivgs s a b l e u x , t y p e sols “dior” ; a r g i l o - s a b l e u x , typp
s o l s "deck" ; a r g i l e u x , t y p e s o l s b'eiges e t d e s s o l o f e r r a l l i t i q u e s
f a i b l e m e n t
désaturés type sols rouges,
C e s s o l s q u i s o n t p l u s o u m o i n s lessivds, s e d i f f é r e n c i e n t e s s e n -
t i e l l e m e n t p a r l a t e n e u r e n a r g i l e d a n s l e s h o r i z o n s d e s u r f a c e e t p a r l e
gradient de celle-ci dans la couche O-1 m, comme le montra le tableau 2 ci-
dessous extrait de l'étude do CHARREAU et NICOU (1971)
T&I~w 2 2 Teneur en szgile et en sable (exprim&a en $1
pour diffhents sole au SQnBgal.
-.
1
aol beige
sol rouge
I Type de sols
I
!
I
f
1
sol
Dior
1
~03. aeck
I
t
.a .-
I
t
!
t
I &calirrstion
,CNIU hmbey, sole II S :CNRA Bsmbey, sole D
SBfa, route de S6dhiou
SQSE statiml
1
I
!
I
!
! sables fins
,75,3 )4,3 ;TL,8 ;71,2 :66,2 :60,8 ; 60,8;64,1 ;50,0 ;5O,C ;PI,6 :29,q ;%,7 :9,8 ;44,0 ;36,6 ;
!
I
I sables grossiers !20,3 ;2l,O ;21,0 :24,9 j21,4 :22,6 ; 20,6;19,1 ;33,@ ;33,5 ;33,9 ;26,8 ;25,0 ;27,5 ;23,0 ;21,5 j
1
I
!
I
I
1
I
1
!
1
f
1
!
1
!
I
1

5
La phénomène de pria en masse qui caracterise tous ces sols est con-
sscutif a la baisse de la teneur en eau. El10 SO traduit par une compacite ex-
trBms à un point tel que les sols "deck", les sols beiges et les sols rouges
ne sont plus labourables en saison sèche,
alors que les sols "dior" moins ri-
ches en argile peuvent dtre labourés en sec. Ce phenomene reduit l'aeration dos
sols "deck",

beiges et rouges dans de plus grandes proportions que les sols
"dior". De plus, les premièros pluies mouillent plus facilement les SOLS "dinr"
qui sont beaucoup plus perméables.
Les insectes qui passent la saison sèche en diapauso nymphale dans
le sol, construisent des logettes dans les 20 premiers centimètres (Cas d'Rm-
m o l
sactao n o y i ,
cas du groupe Raqhuva) à la fin de leur développement larvaire,
La répartition des captures telle que le montre les figures 2 h 6
amène à faire un parallèle entre les niveaux de populations observées et la
répartition des différents types de sols.
En effet, la zonn de I ouga-Bambey est surtout caractérisée par des
sols farsuginoux.tropicaux lessivés sableux, typa sols "di.pr", argile-sablouX,
typa s:ols "dock" ou sabla-argileux, typc."dock-d&or" alors qtio la zono sud du
SBnkgal est plr3tbt une 20n.c à solebaigos‘ot rouges. On voit nottomont alors,
que le gradicnt d'orgilc ost croissant du nord au sud du pays.
En superposant les courbes de capture et le gradient d'argile
tout se passe comme si les zones du sud du Senegal correspondent aux sols
défavorables au maintien des chrysalides d'Amsacta moloneyi puisque par exomplz
aucun adulte n'a Bte capturé à Séfa. Le mbme phenoméne a et.6 constate chez les
chenilles des chandelles de mil (Raqhuva spp. ) qui passent la saison sèche dans
les mémes conditions que la chenille poiluo.
Il est probable que
1s teneur en argile des sols intervienne b
cBté des autres facteurs du milieu pour déterminer le résultat final observé.
b) Conditions pluviométriques
Appert (1964) puis Bréniere (1967) ont signale l'importance des dYg3ts
d'Amsacta molonayi sur le niebe dans la region de Louga.
En .se reportant au tableau '1 on constate quo la pluviométrie moycnnc
de 1918 B 1976 de Louga est supérieure à la pluviométrie annuelle actuelle do
Bambey. ID'une station à l'autre du nord au sud du Sénégal, tout se passe comme
s'il y avait une translation des isoyètes du nord vers le sud, traduisant le
deficit pluviometrique sur l'ensemble du pays.
~
Si on superpose les courbes de capture des insectes et les graphiqurs
des pluies au niveau de chaque station, Amsacta moloneyi apparaft comme un in-
secte qui préférc des conditions d'une relative aridité (300 à 450 mm/an>.
Il était bien établi que le mois d'août était le moisti'P&Js fiuvbux -ie
l'année, mais ceci n'aplw B'kéfc cas durant les années de grande sécherassa,
ce qui prolonge la periode d'humidité suffisante et non excddentaire pour une
évolution normale de cet insecte.
Les figures 2, 3, 4, 5 et 6 montrent bien que les vols d'adultes no
commencent qu'après la pluie. De la hauteur d'eau tombée et de la nature du sol
depondent l'importance de l'infiltration, donc la profondeur de sol mouillée.

6
De cela depend également 10 démarrage du vol lorsque cette pluie intervient
a u m o i s d e j u i n o u j u i l l e t .

Los adultes volont généralement 3à 4 jours après
la pluis lorsque celle-ci est suffisante. La hauteur d'eau tombée, au moins
jusqu’à un certain niveau, dstermine l ’ i m p o r t a n c e d u v o l d e s a d u l t e s .
Le temps de latente de 3 à 4 jours seulement qui separe la pluie au
début du vol semble indiquer que la diapause vraie des chrysalides peut Otro
lovée par las fortes chaleurs qui SQ font sentir dès le mois d'avril ot que ia
chrysalide evolue onsuite normalement et reste à l'état de quiescenco (repos
facultaéif). Ceci traduirait également le fait qu’une forte humidité est indis-
pensable 21 la supprossion de cette quicsconce.
Il est très possible, dès le mois de mai, de provoquer l*Cmorgcncc
des adultos lorsque las chrysalides sont BlevBesdans des condittorehygromotri-
ques de l'ordre de 90 $ et à la température de 30°C,
c) La lonque,ur du jou&
La pbriode de j’uin à septembre correspond aux jours les plus longs
do l’ann’ee pendant lesquels la plupart dos espèces rompent leur diapauso lar-
vaire, nymphale ou imaginale pour pondre et développer une ou plusieurs gene-
rations avant la fin de la saison favorable des pluies. C'est la période des
températures élevées et d’une nourriture abondanto ce qui permet aux populü-
tions larvaires de se développer normalement. L'action simultanee de COS trois
facteurs et de la temperature joue un r8le essentiel dans l’évolution dc
l’espéce.

d) Répartition qéoqraphique de l’espèce : niveaux de population
Nous n’avons pas pu avoir à notre disposition une importante litte-
rature sur l’écologie de la chenille poilue. ?lais c e t t e e s p è c e e x i s t e e n Indo
où elle se développe en 3 générations par an dans la région de New Delhi
(Saxona H . P . , communication orale, 1976). On 13 retrouve également dans 10s
autres pays du Sahel africain (Fiali, Haute Volta, Nord Nigeria, etc...), mais
son apparition s’emblo RK&fw spectûculoise qu’ou S&Ie.gol. Amsacta moloneyi ost uno
espece des régions tropicales. Uous avons vu que c’est un insecte bien connu
au Sénégal. Le piégeage des adultes on 1976 et 1977 a donné les resultats
du tableau 3.

7
Tableau 3 - Captures totales réalisees en 1976 et 1977 80X
différentes localités
!
!
!Nombre total de pa-!
Sox-ration
!
!
!I Nombre
!pillone capturés
!$ femelles dans popu1at.totaJ.o t
!
!
!
,total d'a- làla 1p
!
LOCALITES
!à la ZQ
!Sur la pd au IQ
!n!J 2Q
!
idultos cap-
!
Igénération! génération!pulation ! pic de
!piç de !
!
prés :
!
,total
!totalc cap!
vol
!
vol
!
annuel;
i
!
!turéc
I
!
!
!
!
I
!
!
I
I
!
1
1
I
t
I
v-m
k
I
!
1
;Louga
1977;
2 083
!
‘1964
;
31
;
12
;
.

!
!
!Sakal
19771
1 805
I
1523
!
lS9
!
17
!
38
!
77
!
!
!
I
!
!
!
!
!
!Bambey
!
!
!
!
!
!
!
!
.Sole gril-(1976!
3 022
!
1487
!
1356
!
17
!
42
!
21
!
!
6 992
!
6454
!
lagée
(1979
498
!
22
!
22
!
5
!
!
I
1
!
!
!
!
!
942
582
20
10
Sole c
y;;
!
!
351 ,
15
!
!
!
!
!
3 187
!
3003
1
158
;
.

22
!
22
!
Y
f
!
1 910
!
6urkard
(1976!
1013
!
895
!
23
!
30
f
25
!
! (solo 32) (1977!
5 117
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1
Ces resultats indiquent ~2 Premiere vue une certaine répartition de la
population sur l'étendue du territoire du Sénégal. Les captures sont trbs fai-
bles ou nulles dans la zone au Sud de Bambey (Nioro du Kip et Séfa), rclativz-
ment très fortes dans la zone de Bambay,
moyenne dans la zone nord (Louga,
Sakal). Nous avons vu que les conditions édaphiques et pluviométriqucs jouent
un r8le essentiel dans cet'te
répartition.
I En se situant au niveau de la zone de Bambcy où los populations de
l'espèce ont été suivies pendant deux années successives, on note un doublemont
effectif des captures au piège lumineux entre 1976 et 1977. Les conditions
d'études n'ayant pas varié entre 1976 et 1977 on est tenté de croire que lrcS-
volution constatée est propre & la population elle-mdme : c'est-à-dire qu'il
y a une augmentation nette do la population de Amsacta moloneyi dans le biotope
considérÉt.
En comparant les captures faites dans les deux ggnérations de 1776,
on constate un certain équilibre. Le potentiel biotique de la population etant
très élevé (jusqu'a 800 oeufs pondus par une seule femelle) on pouvait s'attcn.,
dre à une deuxieme génération plus importante si d'autres facteurs n'intorve-
naiont pas pour limiter la population.

A ce propos, les observations faites sur la population larvaire
muntrent que Amsacta molonoyi est très peu parasité durant les premiers stades
larvaires. Deux espèces de Tachinaires (Sturmia inconspicuella Bar. et une
autre espèce indéterminée) ont été observées sur les larves du dernier stade et
sur les chrysalides. Da plus l'espece subit une forte mortalite dQe a une eep-
ticemie bactericnne au stade prénynphe.
En conditions contr81ees, nous avons determine une mortalitu totalo
de l'ordre de 30 $, ce taux est beaucoup plus faible
en conditions naturellos.
Toutes ces observations amènent a conclura qu!une forte proportion dds
populations do la Premiere génération en 1976 est entreo en diapauso nynphalo.
Ce que confirment les captures de la première génération de 1977, qui ne peu-
vent s'expliquer que par 10 maintien d'une forte population nymphale en dia-
pause. Cette population
est forœz&s do la partie diapausante de la population
de premiore génération et de toute la population de la deuxième géneration qui
est entree normalemont en diapause.
Dans les conditions pluviométriques normales, le mois d'août est
celui qui enregistre la plus fortc moyenne pluviometriquc. Les perturbations
observ6e.s ces dernières années ont souvent ou pour corrolairo une sEchcrcssa
relative au mois d'ao0t.
Risbec (1950) a donne comme date limite d'onfouissomcnt des chcnillüs
agees 10 4 ao0t.
Du fait qu'il n'a observé qu'une génération unique force sst
d'on déduire que les chrysalides qui se forment, entrent immédiatement an
diapause.
Los conditions do sechercsse relative ont donc permis à. une partis
do la population d'avoir un developpement sans diapause.
En reconsidérant la repartition dos captures entre les deux g&néra-
tions de 1977, on constate une forte réduction dos populations pendant la
deuxième génération. Le rapport des populations cet nettement en favour do la
premiere génération. Ceci indique qu'une forte proportion des populations de la
Premiere géneration nymphale est entrée en diapause. Les observations faites
sur la premiere génération larvaire, montrent un net allongement du cycle on
conditions
naturelles. Les larves du BQ stade ne se sont pas nymphosées avant
la pluie du 14 aofft à Bambcy qui a mouillé la terre, leur permettant do s'en-
fouir. Certaines ont ainsi et& la proie à des oiseaux ou à des prédateurs divers.
e) E:fficacité du pieqo et sex-ratio
Les insectes capturés ont Qté 'triés au sexe et l'on s'est rendu
compte, comme le montre le tableau 3 , que le nombre de mdles est toujours tres
nettement supérieur au nombre de femelles. Ce qui veut dire qu'on a un sox-
ratio femelles/population totale, toujours inférieur à 50 $. Le tableau 3
montee m&ne que ce rapport est trop faible, il.atteind au maximum 23 $ sur
la population totale capturée au piège électrique.
Il n’y a pas de très grandes différences entre les pièges mais la
rapport des sexes varia au cours do la capture. Il attoind son mcillcur niveau
aux pics de vol, 021 on a observé une predominance des femelles dans deux cas
au premier pic de vol au Pi&ge place à la ferme irrigude au CNRA de Bambsy avec
51 $ de femelles et au piège placé e Sakal avec 77 $ de femelles au deuxièmo
oit de vol.


3
Différentes hypothèses peuvent 8trc avancées pour expliquer ces faits.
Tout d'abord, on pout penser à une certaine sélectivite doo pi.Cgos,
vis-à-vis des malos. Rien ne peut l’expliquer B priori. Ce qu'on a pu obsorvcr,
c'est qu'au laboratoire,
lorsque les chrysalides diapausantes ou non realisont
leur mue imaginala, ce sont toujours les males qui émargent les premiers, Il
semble également 8tre 10 cas dans la nature. En effet les premiers jours dc
capture, on trouve exclusivemont des males dans les pièges. Les fomolles com-
mencent
à apparaftre en petit nombro à partir du 5O, 6O jour de vol. Lo nomijro
de femelles capturéos augmente ensuite pour passer par un maximum au pic de
vol, mais il n'y a géneralement pas de
rattrapage.
On peut ensuite penser que les femelles capturees constituent dans
le piège et autour du Pi&ge une source dlémission de phéromoncs sexuollcs
agissant en synergie avec la 1umiBre. Il s'ensuit une attraction de malos boau-
coup plus
importante. A ceci peut s'ajouter une attraction moins forto dos
femelles qui, SQ trouvant dans un faible rayon autour de la source lumineuse,
ne viennent plus se faire prondre au piège, En effet le matin au moment de
récolter les insectes capturés, un observe toujours qu'une importanto fraction
dos insectes attires ne sont pas pris au piège. Et dans cette fraction, il y a
une forte proportion de femelles.
Enfin, ces différences peuvent traduire un déséquilibre dos sexes
dans la population naturelle. Dans les élevages en laboratoire la proportion
de males a toujours et6 supérieuro. Ceci n'a pas affecté l'évolution des sou-
ches,sans doute

du fait du potentiel biotique très élevé de l'espece.
6 - RESUME ET CONCLUSIONS
Ces observations montrent très clairement, que sous l’effet d'une
modification des conditions écologiques, notamment sous l'effet d'unc variation
de la pluviométric, Amsacta moloneyi peut évoluer en deux générations dans les
régions centre et centre nord du Senégal. On sait que la mdme especo pout pre-
sentcr trois générations en Inde.
La grande sécheresse qui a ravagé tout le Sahel africain en 1972
semble avoir induit les modifications observées au niveau de la biologie do
llespèce.
La réduction de la pluviométrie sur l'ensemble du territoire natiunal
sénégalais a correspondu en définitive à une translation des isoyètcs du Nord
vers le sud. La légére reprise constaté en 1973- ?974- 1975 semble avoir ét4
plutat favorable Li l'espéce qui a vu ses populations augmenter dans d'impor-
tantes

proportions. Elle a en plus profité des conditions d'une répartition
pluviométriquc très fav,orabla à son développement en 1976 pour évoluer en doux
générations.
Elle porsiste ainsi pondant toute la saison des pluies au lieu do
disparaftre dès le début. Amsacta moloneyi ne supporte pas, à aucun stade do
son développement, une forte hygrometrie persistante.
L'évolution constatée traduit de r6allca capacités d'adaptation do
l'espèce dans son milieu. La polyphagie de la chenille est dans ce contexte
un
atout ma jeu,. Les chonillcs d*Amsacta molonoyi s'alimentent sur 10s mau-
vaises herbes, le niébé, l’arachide, le jeune mil ou les épis selon lû genb-
r a t i o n e t s a d a t e d ’ a p p a r i t i o n .

10
L'induction de la diapause fait intervonir l'état hormonal du sujet
considéré, mais on sait qu'il faut certaines dispositions genétiques pour que
l'état de diapauso s'installe lorsque certaines conditions dtenvironncmont sor;t

remplies. Chez Amsacta moloneyi on observe une diapausc nymphalo qui pormot h
l'insecte de passer la saison seche.
La suppression de cette diapausc est gBnQ-'
raloment suivic d'une période do quiosccnce qui est Qliminéo dèe que reviennent
dos conditions favorables. De l'importance dc la population diapausantc dépond
le potentiel d'infestation de l'espèce. La première génération larvaire étant
la plus dangereuse, ce point revèt une importance particulière.
L'analyse simple des observations effectuées peut amener à conclura
2 l'existence de deux races physiologiques dans les populations d*Amsacta
moloneyi rencontrées au Sertegal. La Premiere serait monovoltino et la seconde
bivoltino. Les conditions Ecologiques

de l'année en cours et des annoos pré=&-
dentos détermineraient leur rapport dans la population totale.
Ces conditions écologiques fixent cependant une limite à ltoxtcnsion
de l'espèce vers le sud trop humide et dont les sols sont peu propices a la
survie des chrysalides pendant la saison seche. L'espèce s'adapta le mieux dans
des zonas É1 climat aride (pluwiométrio annuelle de l'ordre de 300 à 450mm)
lorsque les sols permettent une survie des chrysalides.
Toutes ces donnees permettent de prévoir l'évolution de l'espèce. Si
les cultures de niébé (Vigny ~nouiculata)etde baref (Colocynthis citrullus,
Cucurbitaceaa) sont développées dans la zone de Louga et un peu plus au ijord,
il est très probable que las récoltes puissent etrc anéanties comme en 1970 et
mdme en 1977 si aucune mesure n'est prise, La pluie déclenche la sortie des
adultes lorsque la hau,teur d'eau tombée est suffisante. Un suivi par piogcage
lumineux peut donner une idée relativement bonne du niveau do la population
adulte et partant une idée de la futuro population larvaire.
L'exploitation de certaines données dc la biologie de l'especc por-
mettra sans doute de cerner-tras rap$dement son Evolution dans la.naturo.
S Ll M Pl A R Y
The modifications in the ecological conditions observed in the
sahelian rogion of Afri'ca, fallouitig the severe drought in 1972, had remar-
kable effect on the biology of the hairy caterpillar of co\\poea , Amsacta
moloneyi (Lepid.,ABctiidae). This species knoen ti.'U. nour, as univoltine,
appeared to be biuoltine from the year 1975-1376.
.
The author studied the distribution of,, A. moloneyi which tuas not
homogeneous from north to the sauth of Senagal and noted the importance of
pupal diapause in this species.
The effect of the soi1 condition and rain%bl in Senegal has
also beenawim
on the ethology of the species,,

11
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